mardi 16 septembre 2008

Ed Wood



La carrière d'Ed Wood, surnommé « plus mauvais réalisateur de tous les temps » vu par l'un des plus grands réalisateurs de son temps...Tim Burton.
Le film est peut être donc une sorte de mise en abîme.

Hormis l'insipide Planète des Singes, chacun de ses films est un bijou d'inventivité et de poésie macabre! Qu'en est est il de celui la?
Primo, le réalisateur retrouve des acteurs qu'il a l'habitude de diriger: Johnny Depp (Edward aux mains d'argent) prête sa fougue à Ed Wood, Sarah Jessica Parker (Mars Attack) joue sa copine et Jeffrey Jones (Bettlejuice) prend les traits d'un magicien-charlatan. Viennent s'ajouter Bill Murray, habitué du fantastique depuis SOS Fantômes (un de mes films cultes!) dans le rôle d'un homme qui aimerait changer de sexe et Martin Landau (que je ne connaissais pas par contre).

En revanche, Tim ne choisit pas Danny Elfman pour la musique comme à son habitude mais Howard Shore (pas encore mondialement connu, il travaillait avec un autre maître du fantastique : David Cronemberg) ce qui n'enlève rien à sa qualité. Simple anecdote.
Le film lui même est tourné en noir et blanc pour mieux coller à l'atmosphère ce qui donne une très belle photographie.

Ed Wood est donc un jeune réalisateur ambitieux à la recherche d'un projet mais qui se frotte aux problèmes de la production spécialisée dans les nanars de série Z.
Malgré tout, Ed réussit à monter sa propre équipe et il prend même le risque d'engager celui qui fut le plus grand Dracula à l'écran (avec Cristopher Lee... et Leslie Nielsen; non là je déconne^^) : Bela Lugosi.
L'acteur quasiment tombé en désuétude n'est plus qu'un vieilard reclus qui se shoote. Le personnage est joué par Martin Landau qui s'approprie le rôle avec une justesse impressionnante (il aurait été facile de sombrer dans le pathos) et je crois bien qu'il a d'ailleurs reçu l'oscar du meilleur second rôle.

On assiste ensuite à la découverte de la vraie personnalité d'Ed ( il aime se travestir), au tournage rocambolesque d'un nanar avec à la clé l'excellente scène de la pieuvre sous marine, la destruction d'Hollywood par des soucoupes de papier qui sont en train de crâmer... mais aussi des scènes plus intimistes comme la dispute d'Ed et de sa petite amie, la dernière scène tournée avec Bela et surtout l'apparition éclair d' Orson Welles (Citizen Kane, meilleur film de tous les temps?) joué par Vincent d'Onofrio (Men in Black, Full Metal Jacket).
Bouleversant de simplicité, l'acteur se donne de toute sa présence dans un scène pourtant très courte (mais esssentielle).

Loin des autres films de Tim Burton où le fantastique est roi, ici il n'est qu'un voile pour peindre la tranche de vie de son personnage ancré dans une réalité qui ne lui correspond pas et qui le rejette (les Baptistes et leur morale conservatrice pour qui se travestir choquerait Dieu) ce qui en fait un film plus sérieux mais en même temps aussi plus proche de nous.
Note: ***

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