samedi 8 novembre 2008

Black Rain



Deux policiers new-yorkais témoins d'un meurtre, capturent le Yakuza après une lutte acharnée. Chargés de l'escorter au Japon, ils se retrouvent plongés au coeur de la puissante et dangereuse mafia d'Osaka...

Une trouvaille à bas prix parmi dans d'autres.
Fan de Ridley Scott, j' en avais déjà entendu parler mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le voir.

La première chose qui frappe en voyant le film c'est la qualité de l'image.
Avant de surprendre tout le monde avec Speed ( et enchaîner les navets par la suite...), Jan de Bont a longtemps été un des meilleurs directeurs de la photographie.
Il a participé à certains des plus grands films des années 80/90 dont Piège de Cristal, Basic Instinct et La chair et le sang. Bref, une pointure!

Ici, il choisit de donner des couleurs chaudes pour représenter des quartiers inquiétants de froideur.
Cette utilisation inhabituelle de la palette artistique crée une ambiance malsaine et glauque qui perturbe le spectateur.

La mégalopole japonaise vu par Ridley Scott rappelle énormément le Los Angeles futuriste de Blade Runner
Tout comme dans Blade Runner, Scott crée un univers rempli de détails qui ne participent pas directement à l'action mais contribuent à son atmosphère.

Il appelle sa méthode le "layering / saupoudrage".
Les rues nocturnes et pluvieuses du Japon accumulent badauds et marchands, néons clignotants, véhicules et vitrines flashy.
L'image est constamment embrumée par des jets de vapeur. Ce sens constant du détail joue pour beaucoup dans l'esthétique du film.

Au niveau du casting, les seconds rôles sont très réussis. J'ai eu plaisir à revoir la ravissante Kate Capshaw ( Indiana Jones et le temple maudit et plus récemment Mme Spielberg) et Andy Garcia (fabuleux dans les Incorruptibles).
Les acteurs japonais sont aussi très bons mais je ne les connais pas suffisamment pour en dire plus.

Même si on ne voit pas Kate souvent, elle prouve qu'elle est une actrice qui sait jouer de sa présence et le jeune et fougueux policier campé par Garcia est si attachant qu'on sait qu'il ne passera pas la première heure de film....

Mais le héros du film c'est Michael Douglas.
Cheveux longs rejetés à l'arière, lunette de soleils, cigarette au bec et pas rasé depuis trois jours, il fait plus penser à un loubard qu'à un flic de New York. C'est bien simple : un bandeau sur l'oeil, il devient Snake Plissken!
Son interprétation est sans faille.
Dirigée d'une main de maître par Scott, il prouve qu'il sait changer de jeu (Basic Instinct, la Guerre des Roses, A la poursuite du Diamant Vert...) avec aisance.

Le film a été nominé 2 fois aux oscars pour son ambiance sonore.
Le montage son est effectivement très efficace et sait mettre en valeur la magnifique musique de Hans Zimmer.

En 1989, Zimmer n'est pas encore "Mr je compose tous les les blockbusters du moment" même s'il a déjà une nomination pour Rain Man ce qui prouve sa qualité en temps que compositeur.
Sa musique est vraiment particulière.
On l'associe souvent à son rythme percutant et ses envolées héroiques ; on oublie qu'il sait aussi jouer sur des tons beaucoup plus doux ( Beyond Rangoon, La ligne Rouge, True Romance pour ne citer que ceux là). Pour Black Rain il compose une mélodie orientale et n'hésite pas à rajouter quelques percussions quand l'action se fait sentir.

Du bon boulot donc qui préfigure pour la suite de sa carrière.

Avec une équipe aussi brillante, le film aurait pu atteindre les cimes du thriller policier, pourtant quelque chose cloche.

Après un départ en fanfare, on plonge de surprise en surprise ; découverte de Osaka, rebondissements innatendus, complicité américano-japonaise, adaptation tant bien que mal au mode de vie nippon des deux compères...mais une heure de visionnage plus tard, le film passe par un long passage à vide.
La seconde heure se perd progressivement dans des tunnels de dialogues qui ne mènent à rien et dont la moitié est en japonais non sous titré...
Comme Douglas, on avance péniblement de fausse piste en deception et on attend avec impatience que le niveau du film remonte.

Lorsque le lecteur dvd indique qu'il ne reste plus que 20 minutes de film, on se doute que l' inévitable fusillade finale va pointer le bout de son nez et le plan où Michael reçoit un fusil confirme l'idée.

Alors voilà le dénouement arrive avec son flot pétaradant de cartouches qui volent et des scènes d'une violence aussi brève que fulgurante ( et montée avec les pieds !).
Scott se lâche complètement avec duel à moto entre le gentil et le méchant et baston dans la boue ( j'ai la forte impression que John Woo a vu le film avant de faire Mission Impossible 2...)

Etonnamment alors que l'ambiance générale est plutôt glauque et réaliste, le film s' achève dans des scènes d'action ridicules dignes d'un van damme des mauvais jours. Bizarre.
Peut être que les producteurs ont trouvé le film trop tendu, trop sobre et qu'ils ont voulu donner au public son lot de violence pour relâcher la pression.
Va savoir.


Ridley Scott est à lui seul une pan entier du cinéma américain : science fiction avec Alien et Blade Runner, guerre avec la chute du faucon noir, péplum moderne avec Gladiator ou encore policier à l'ancienne avec American Gangster, il a pondu un bon nombre de chefs d'oeuvres.
Mais on ne peut pas récolter les lauriers à chaque fois.

Décidément quand Hollywood s'essaie au policier à la japonaise ( ratage avec Soleil Levant),c'est pas une réussite...
Malgré toutes les qualités techniques et artistiques, le manque flagrant de rythme plombe le film misérablement.
Il reste à voir pour la performance inégalée de Michael Douglas, son ambiance travaillée et quelques plans excellents et inspirés.


Note : *