samedi 24 octobre 2009

Mort ou Vif




Comme chaque année, les plus fines gachettes de l'Ouest se retrouvent à Rédemption pour un tournoi de duels récompensé par une énorme somme d'argent. Redoutable tireur et régnant sur la ville en tyran, Herod a toujours été le vainqueur. Mais cette fois, une jeune femme venue de nulle part s'inscrit pour le défier...



Sam Raimi est un nom bien connu des amateurs de cinéma fantastique : il est, entre autres, l'auteur de la trilogie cultissime « Evil Dead », des célèbres aventures de Spiderman et du récent « Jusqu'en Enfer ». Mais on oublie souvent qu'au cours de sa prolifique carrière, Raimi ne s'est pas seulement cantonné à ce seul genre de film. Parmi ses films moins connus, on peut par exemple citer « Un Plan Simple », brillant polar noir qui a fait les grands jours du festival de Cognac (qui récompense les films policiers) ou encore le western « Mort ou Vif ».

Lors de sa sortie en salle, « Mort ou Vif » n'a pas eu le succès escompté.
Sam Raimi vient juste de finir le dernier volet des « Evil Dead » qui le hisse au sommet des réalisateurs de films d'horreur et le public, qui attendait sûrement de lui une nouvelle aventure débridé d'Ash et pas un « vulgaire » western, a littéralement boudé le film.

De plus, le genre du western classique s'étant éteint dans les années 70, « Mort ou Vif » ne sort pas dans des conditions idéales et est précédé d'une réputation assez défavorable. Sans compter que la presse elle-même fustige le long métrage, achevant d'un coup sec sa carrière. Aujourd'hui encore sa mauvaise réputation perdure et les gens continuent de critiquer le film, parfois même sans l'avoir jamais vu...

Mais dans une vie de cinéphile on découvre que les films les moins connus des grands cinéastes sont loin d'être les pires et si l'on parvient à faire fi des « on dit » et à trouver une copie décente d'un de ces films (même en dvd, il faut souvent chercher jusque dans les zones 1...), il n'est pas rare de dépoussiérer de véritables chefs d'oeuvre qui croupissent au fond d'une oubliette : « 1941 » de Spielberg, « Les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin » de Carpenter ou encore « Mort ou Vif » de Raimi.


« Mort ou Vif » est donc un western.
Mais un western très différent de ce qui a été fait auparavant.
Il est d'ailleurs certainement l'un des seuls à mélanger à la fois les éléments du western américain classique avec ceux du western spaghetti.
Du premier, il reprend surtout l'ambiance et les décors, à savoir : les contrées désertiques, la fameuse ville fantôme au milieu de nulle part ou encore les duels sur fond de soleil couchant.
Au second, il emprunte plus au style visuel, en rendant par ailleurs hommage aux films de Sergio Leone : les plans extrêmes sur les différentes parties du corps, les sales gueules patibulaires, les splendides panoramas (extraordinaire photographie de Dante Spinotti !), la tension des duels qui ne cesse d'augmenter avant le coup de feu fatidique...

Quant à la musique, si chère au genre (américain comme italien) on la doit ici à Alan Silvestri, le génie responsable des BO de « Retour vers le futur », « A la poursuite du diamant vert » ou encore « Le Retour de la Momie ».
Les mélodies se fondent à merveille avec les images, soulignant la concentration des participants et nous offrant un magnifique thème héroique comme on n'en avait pas entendu depuis des lustres.


Mais Raimi n'est pas qu' un simple « faiseur de film » commercial et possède un style visuel qui lui est propre. Un style à la fois cartoonesque et terriblement expressif. Car il faut savoir que chez Raimi plus que chez la plupart des autres réalisateurs, l'émotion passe instinctivement par l'image.
Tout comme dans la bande dessinée ou le roman graphique, le plan parle pour lui même.
En ce sens Raimi multiplie les effets visuels (sur-impression, montage alterné qui s'accélère, plans volontairement mal cadrés, zooms extrêmes, ralentis superbes, effet de profondeur et j'en passe...). Chaque plan est une image de BD, cadrée de manière surprenante mais toujours adéquate quand il s'agit de faire transparaître le ressenti des personnages.

Sans oublier que Raimi se permet quelques ajouts ici et là d'une violence quasi-surréaliste qui ne sont pas sans rappeler les excès graphiques des « Evil Dead ».
On citera par exemple un balle de révolver qui traverse un crâne (la caméra voit alors à travers) ou encore un participant projeté plusieurs mètres en arrière par un coup de feu dans l'oeil. Il y a bien plus mais ce serait un crime de gâcher la surprise...
C'est certainement ce côté « complètement dingue mais j'assume » qui a du refroidir la presse qui devait s'attendre à un western plus...routinier.


Néanmoins en dehors de sa réalisation éclatante, le film bénéficie aussi d'un atout superbe : son casting.
Fermez les yeux et imaginez : Sharon Stone, Gene Hackman, Russel Crowe et Leonardo di Caprio dans le même film! Vous l'avez rêvé, Sam Raimi l'a fait.
Et là où généralement les films « à gros casting » se font littéralement bouffer par les acteurs, « Mort ou Vif » emploie chacun d'eux intelligemment sans jamais perdre de vue qu'ils ne sont là que pour illustrer un scénario passionnant.
Scénario qui allie habilement noirceur, cynisme (rien que dans le titre original, « The Quick and the Dead »...) et humour bien placé.

J'entends d'ici les railleries :
« Sharon Stone, la sex symbol des années 90 (depuis le sulfureux « Basic Instinct ») dans un western ?
Elle doit sûrement jouer l'habituelle prostituée au grand coeur qui a des vues sur le héros, qui lui doit probablement être incarné par Russel Crowe... »
Et bien je dis : faux, faux et archi faux !

D'abord en 95, Russel Crowe n'est pas encore Mister Gladiator et n'est qu'un acteur relégué au second plan parmi tant d'autres. S'il est déjà cette statue grecque surmontée de deux yeux profonds et mélancoliques, il a ici un rôle à contre emploi, à savoir qu'il ne joue pas les héros virils mais un prêtre dépressif en quête de rédemption (d'où le nom de la ville ?) qui passe son temps à être enchaîné et battu et qui ne se relèvera pour de bon que lors du dernier acte.

Ensuite, aussi étrange que cela puisse paraître, Sharon Stone est bien le personnage principal du film. Oui, Raimi change carrément les fondements du western en faisant du héros une héroine.
Dans le film la comédienne est admirable.
Loin de baser son interprétation sur ses formes évocatrices, elle réussit à incarner son personnage avec force et crédibilité. Elle se fond dans la peau du personnage et exprime avec sincérité chaque syllabe qu'elle prononce. Une grande actrice, assurément.

Fidèle à lui même, Gene Hackman (« French Connection », « Ennemi d'Etat », « USS Alabama ») réalise lui aussi une performance exemplaire dans le rôle de Herod.
A la fois sévère et cruel, il nous fait ressentir toute la perversité latente du personnage et au fur à mesure que l'on en apprend davantage sur le personnage de Sharon Stone, on en vient à le détester de plus en plus.
Un simple rôle de méchant mais joué par un acteur hautement charismatique.


Enfin, Di Caprio (« Titanic », « Gangs of New York ») prouve une fois de plus que, bien dirigé, il peut s'avérer un acteur épatant. C'est ce qu'il fait ici en jouant un jeune coq arrogant mais inexpérimenté qui finira par mordre la poussière par excès de confiance en lui...


Les acteurs sont tous excellents et, à l'image de la mise en scène, rien n'est laissé au hasard dans le casting : les acteurs sont tous choisis avec parcimonie, jusque dans les rôles de moindre importance.
De ce fait on croisera, même pour un bref instant, d'autres comédiens talentueux comme Gary Sinise (« Snake Eyes », « Forrest Gump ») ou Lance Henriksen (« Aliens », « Aux Frontières de l'Aube »).





En changeant complètement de registre après le succès mérité des « Evil Dead », Sam Raimi réalise un western hors du commun et subit les foudres du public et de la presse.
Critiqué pour sa mise en scène débridée et espéré par le public comme un nouveau film d'horreur trash, « Mort ou Vif » est considéré comme le vilain petit canard pondu par le réalisateur. Est-il mauvais pour autant?
La réponse est simple : NON!
Non seulement la mise en scène tant critiquée fait partie intégrante du style du réalisateur et instaure au film une ambiance visuelle unique mais il bénéficie en plus d'un casting de rêve et d'un scénario qui reprend à la fois les codes spécifiques du western pour mieux les transgresser.

Avec le recul, « Mort ou Vif » reste probablement l'un des meilleurs westerns modernes et mérite assurément d'être reconnu à sa juste valeur.

Note : ***

The Descent : part 2





Rescapée de l'expédition spéléologique de " The Descent ", Sarah émerge seule des grottes des Appalaches, traumatisée par les événements. 24 heures plus tard, le shérif local l'oblige à redescendre sous terre afin de guider l'équipe de secours qui cherche désespérément ses cinq amies disparues.



En 2005, l’un des meilleurs films d’horreur de ces dix dernières années déboulait sans prévenir sur les écrans.
« The Descent » de Neil Marshall (« Dog Soldiers », « Doomsday ») n’aura pas eu l’effet d’une bombe comme « Saw » et ses confrères mais, acclamé par le public et la critique, il aura marqué à vif les cinéphiles chanceux d’avoir pu découvrir le film dans les salles.

En effet, plus que tout autre film d’horreur classique, « The Descent » ne peut dévoiler tout son potentiel qu’à deux conditions : plongé dans le noir et le son à fond.
Filmés en lumière naturelle et uniquement éclairés par leur lampes torches ou frontales, les acteurs du film sont littéralement avalés par les ténèbres, sans aucun repère visuel.
De plus, les « crawlers » (cousins éloignés de Gollum) du film, aveugles, ne pouvant par conséquent se repérer qu’au son, le silence demeure la meilleure arme pour pouvoir leur échapper. Chaque bruit, aussi infime soit-il, entraîne alors une tension presque insoutenable pour le spectateur. Enfin, dans le silence absolu, le rauquement guttural des crawlers hérisserait le poil à plus d’un.


A l’opposé des films basés principalement sur la torture et le gore à outrance (« Saw », « Hostel »…), « The Descent » privilégiait un climat de claustrophobie intense qui prenait littéralement aux tripes. Et au lieu de proposer des ados en chaleur stéréotypés, Neil Marshall avait eu la brillante idée de mettre en scène des victimes potentielles exclusivement féminines.
Et aucun cliché, aucune vulgarité ou remarque mysogine ne venait alors entacher ce tableau prometteur.
« The Descent » présentait des femmes crédibles, au caractère profond, et surtout pleines de ressources.
Sans concession et d’une violence extrême, le film de Neil Marshall nous offrait alors un spectacle terrifiant et déprimant, secondé par une atmosphère étouffante et des scènes d’une sauvagerie rarement vue dans ce genre de production.
En deux mots : un must !



2009, « The Descent : part 2 » débarque sans prévenir.
Une suite, inutile en soit, qui à défaut de créer une énième franchise (rappelons que « saucisse » sort bientôt…), ne cherchera qu’à engranger un peu plus de pognon sur le dos des fans du premier film.
D’autant que c’est un réalisateur débutant qui prend les commandes (Jon Harris est avant tout un monteur réputé).
On ne compte plus les « sequels » à séquelles, mises en scènes par des incapables désireux de redorer le blason d’une franchise, tellement minables qu’on préfère dire qu’elles n’ont jamais existé.
En clair, « The Descent : part 2 » ne partait pas sous les meilleurs auspices.
Et pourtant…



Objectif d’une suite : faire mieux que le précédent.
Généralement, en reprenant les éléments qui ont fait le succès de l’opus originel.
De ce fait, « The Descent : part 2 » suit les consignes à la lettre sans broncher : les acteurs sont plongés dans le noir, dans une grotte, éclairés par les moyens du bord et la violence y est toujours aussi écœurante.
Hormis le fait que le casting exclusivement féminin du premier film laisse place à une mixité plus conventionnelle, « The Descent : part 2 » ressemble trait pour trait à son prédécesseur.
Et finalement, quand de nombreuses suites prennent des libertés impardonnables vis-à-vis du film d'origine, on se dit que ce n’est pas une mauvaise chose.
Les amateurs du film seront donc en terrain connu.


Il n’est pas nécessaire d’avoir vu « The Descent » premier du nom pour comprendre l’histoire mais c’est un avantage évident vu que « part 2 » abonde en références : flash backs, redécouverte des lieux, reprise du thème principal, reproduction des effets de mise en scène…
D’ailleurs les fans du premier opus apprécieront de retrouver la belle Sarah, toujours aussi impressionnante dans sa bestialité et sa capacité à se sortir de situations inextricables.
Bien loin d’une « vulgaire » Lara Croft invincible, son instinct de survie la rapprocherait plutôt de la Sarah Connor (tiens, elles ont le même prénom en plus, coïncidence ?...) des premiers « Terminator ».
Un personnage remarquablement bien écrit et interprété avec force et charisme par Shauna MacDonald, une actrice à suivre.


Evidemment, la plupart des nouveaux personnages, gibier en devenir, passeront à trépas dans d’atroces souffrances et des geysers d’hémoglobine mais on n’en attendait pas moins d’eux.
Visiblement complexé par la violence extrême du premier film, Jon Harris nous livre des scènes d’une cruauté rare.
Pour survivre tous les moyens sont bons, et comme dans le premier «The Descent », les personnages, au départ sans défense, vont se muer en véritables machines à tuer, allant jusqu’à dépasser leurs assaillants dans des élans d’une sauvagerie primale et primitive.

Les actes de violence du film sont d’autant plus choquants qu’ils sont réalisés avec les moyens du bord. Et à plusieurs mètres sous terre, c’est bien ce qui manque le plus…
La seule arme à feu du film se révélant vite inutile, le spectateur aura le « plaisir » d’assister à de vraies joyeusetés comme des trépanations à coup de perceuse ou de piolet dans la tête, des compressions faciales à l’aide de gros rochers, voire de jolis piercings grâce à un mousqueton acéré. Même une inoffensive épingle à cheveux peut servir en dernier recours…
Des passages volontairement répugnants qui soulèvent le cœur ; un régal pour les amateurs de gore. Les autres prévoiront un seau ou un petit sac pour ne pas tâcher les sièges…



Si « The Descent : part 2 » est quasiment une copie conforme du premier film, le scénario part souvent dans des situations inattendues et prévoit de sacrés rebondissements. De plus, là où certaines suites prennent place plusieurs mois, voire années, après le premier opus, « The Descent : part 2 » reprend directement là où le premier s’arrête, assurant ainsi une parfaite continuité entre les évènements. Une idée astucieuse, rarement exploitée par le genre.



Malgré toutes ses qualités, « The Descent : part 2 » n’est pas exempt de défauts. Principalement : des personnages moins travaillés que dans le premier opus et surtout certaines scènes d’action filmés avec une caméra trop saccadée, ce qui empêche d’apprécier pleinement la qualité des maquillages des crawlers et les effets sanguinolents.
Sans oublier quelques passages se voulant drôles mais qui frisent le mauvais goût (la mare de mer...d’excréments) et les (trop) nombreux effets de surprise faciles (« je suis caché dans le noir et je bondis vers la caméra, BOUH !)
La fin elle-même, totalement inattendue, (bien malin qui la devinera à l’avance…) sera sujet à controverse selon si on l’apprécie ou pas.

Mais ces défauts n’occultent en rien ce que le film réussit parfaitement.
D’autant qu’une œuvre de cette trempe est plutôt rare…



Digne successeur du premier film, « The Descent : part 2 » est une vraie surprise.
Alors qu’on pouvait s’attendre à une séquelle opportuniste et bâclée, il s’avère non seulement parfaitement cohérent avec le premier opus mais reprend les éléments essentiels qui ont fait son succès : violence barbare empreinte d’un gore repoussant, personnages vulnérables mais capables de tout et atmosphère étouffante. A ceci, s’ajoute un scénario aussi noir et retors que la caverne où est tourné le film.
Même si quelques défauts se font sentir et en dépit de l’effet de surprise du premier ; « The Descent : part 2 » est un film d’horreur supérieur à la moyenne, autant qu’une suite honorable.

A voir au cinéma si possible.

Note : ***

samedi 17 octobre 2009

Hook



Peter Banning alias Peter Pan est devenu un brillant avocat d'affaires qui a tout oublié de ses merveilleuses aventures. Mais le terrible capitaine Crochet, lui, n'a rien oublié. Pour enfin, regler leur compte, il enlève une nuit les enfants de Peter. Et C'est en compagnie de la fée Clochette que Peter s'envole à nouveau pour le Pays Imaginaire.




Et si Peter Pan avait grandi?
Un point de départ au potentiel infini pour quelque scénariste digne de ce nom : la perte de l'innocence, le passage de l'enfance à l'âge adulte, l'imagination infantile corrompue par le monde du travail, la descendence, les valeurs et les promesses oubliées, la famille, le retour en enfance, la liberté de faire ce qu'il nous plait... Des thèmes innombrables qu'il serait difficile de caser dans un seul long métrage.
C'est pourtant le défi que s'est lancé le grand Steven Spielberg.

Spielberg ,déjà à l'époque, était mondialement connu pour ses « Dents de la mer », « E.T. » ou encore « Rencontres du 3ème type » mais si le nom du cinéaste est bel et bien associé à de gros succès commerciaux dans l'imaginaire collectif, peu savent qu'il a également subi de lourds échecs dans sa prolifique carrière.
« Always » et « Sugarland Express » figurent parmi ses films les moins connus et « 1941 », pourtant trépidant et loufoque à souhait, a été un flop si grand que le titre du film est encore aujourd'hui passé sous silence dans sa filmographie.
Mais si ces films n'ont pas rencontré leur public lors de leur sortie en salles, cela n'enlève en rien à leur qualité.

« Hook » se range dans cette catégorie.
En effet, en voulant en raconter le plus possible (voir liste ci dessus), les sentiments prennent malheureusement le pas sur l'action et apportent un rythme inégal à certains scènes. De la part de celui qui a donné vie au célèbre Indiana Jones, le public était en droit d'attendre un film d'aventures héroique digne de ce nom et pas à un long métrage intimiste dans la lignée de « La Couleur Pourpre »...


Ceci étant dit, est-ce que « Hook » est un mauvais film?
Aucunement, si l'on sait à quoi s'attendre.
Si les sentiments prennent effectivement le dessus, on est bien loin d'un mélodrame de bas étage auquel on aurait pu s'attendre. Spielberg, dont le sujet de prédilection a toujours été la famille recomposée (re-regardez ses films, vous verrez...) et en particulier les rapports adultes/enfants, semble ici exorciser de lointains souvenirs. Il donne tout ce qu'il a dans les relations entre les différents membres de la famille Banning et fait ressortir en chacun une véritable puissance dans les émotions.
Sincérité, vraisemblance et tendresse sont les mots d'ordre au cours de ces séquences réellement touchantes, qui vont parfois jusqu'au lacrymal.

Mais à trop donner dans un aspect du film, on en oublie les autres.
A commencer par la reconstition du Pays Imaginaire où se déroule le majeure partie du film.
Pour donner vie au monde inventé par J.M. Barrie, Spielberg s'est entouré d'un nombre impressionnants d'artisans en tout genre qui ont su créer des décors grandioses à la fois vastes et réalistes, et en même temps volontairement dotés d'un aspect carton pâte qui les rend plus enfantins.
A observer la ville ou le bâteau pirate, fourmillant de détails, on reconnaît là un vrai travail d'orfèvre.
Dommage que la caméra ne parvienne que rarement à les mettre en valeur...

A l'opposé, le décor des enfants perdus, vulgaire circuit de skateboard perdu au milieu des arbres, où trône un terrain de basket, est moins proche de la cachette naturelle décrite dans l'histoire originelle que d'un hangar à ciel ouvert où se réuniraient des collégiens en mal de sensation fortes.
C'est d'ailleurs l'impression que l'on a lorsqu'on découvre ces « enfants perdus » pour la première fois. Heureusement cette impression sera vite effacée par leur personnalité attachante et le talent des jeunes comédiens qui les interprètent.



En revanche, peu d'action dans le film donc. Même la bataille finale, aussi spectaculaire et inventive soit elle, est vite expédiée. Cependant on ne s'ennuie pas pour autant car ce qui fait le charme du film, c'est le soin apporté à la réalisation elle même. Malgré les décors démesurés, ce sont les innombrables trouvailles visuelles qui retiennent le plus notre attention.
Et pas des moindres, comme celle de donner l'impression que des acteurs s'envolent (attachés à des câbles invisibles le plus souvent) où qu'ils ont la taille d'une petite cuillère. Des effets spéciaux omniprésents et à la pointe de la technologie (à l'époque), aussi saisissants que discrets.

Impossible de parler des qualités du film sans mentionner un John Williams au meilleur de sa forme qui assure presque le spectacle à lui tout seul.
« Hook » est sans conteste l'une de ses meilleures musiques de film. En plus d'un thème principal qui fleure bon l'héroisme et les duels épiques, il nous livre des mélodies intimistes oniriques et poignantes.
Sa B.O. s'avère tellement efficace qu'il en reprendra un passage quand il composera celle de « L'Attaque des Clones »...


Et pourtant loin des batailles rangées et des effets spéciaux, presque écrasés par les décors incommensurables, ce sont bien les acteurs qui sont au centre du film.
Le casting est d'ailleurs d'une qualité exemplaire puisque parmi les rôles principaux, pas moins de quatre acteurs ont été nominés, voires oscarisés durant leur carrière. Synonyme de qualité.

Si Robin Williams se sent parfois mal à l'aise à jongler entre plusieurs personnalités, il met toute son énergie au service d'un personnage volontairement grotesque. Quant à Julia Roberts, elle illumine le film de son sourire malicieux.
Sous le chapeau d'apparât et la longue moustache lissée du Capitaine Crochet, Dustin Hoffman vole presque la vedette aux autres comédiens : cabotin et excentrique à souhait, il laisse son sérieux au vestiaire en n'oubliant jamais qu'il tourne un film pour enfants avant tout. Sa performance lui vaudra une nomination aux Golden Globes.
A ses côtés, on trouve un Bob Hoskins égal à lui même : formidable.
Reprenant le caractère facétieux des personnages du dessin animé, les deux acteurs s'en donnent à coeur joie entre situations absurdes et jeux de mots vaseux. L'alchimie entre eux est parfaite.

On apprécie également la courte présence de Maggie Smith, qui fait de Wendy une vieille femme charmante dont les yeux mélancoliques feraient fondre un rocher.
Sans oublier la toute jeunette Amber Scott, qui joue la fille de Banning, au talent étonnant. Assurément, une actrice née!



Malgré quelques combats sympathiques qui prennent place dans des décors grandioses, si vous vous attendez à un grand film d'aventure avec combats dantesques à la clé, passez votre chemin. Vous serez certainement déçu.
Plus que le grand spectacle, « Hook » met l'accent sur des dialogues savoureux et des scènes empreintes d'une certaine nostalgie.
Plus que sur la grande épopée, le film se concentre sur les valeurs familiales.
Et ce, avec une justesse rare pour un film destiné au grand public.

Réalisé par un géant du cinéma et porté par un quatuor d'acteurs impeccables, le film bénéficie surtout de dialogues cocasses et d'une musique exceptionnelle.
En dépit d'un rythme inégal et d'une impression de « fourre-tout émotionnel » qui rend certaines scènes bancales, « Hook » demeure un bon film pour petits et grands enfants...

Pour les non anglophiles, la VF est également d'excellente qualité.

Note : ***

District 9



Il y a 30 ans, des extraterrestres entrèrent en contact avec la Terre... Les humains avaient tout imaginé, sauf ce qui s'est produit. Les extraterrestres n'étaient venus ni nous attaquer, ni nous offrir un savoir supérieur. Ces visiteurs d'au-delà des étoiles étaient des réfugiés, les derniers survivants de leur monde. Ils furent temporairement installés dans le District 9, en Afrique du Sud, pendant que les nations du monde se querellaient pour savoir quoi en faire...



Pas de nom connu derrière la caméra, pas plus que dans le casting.
Pas de blockbuster pyrotechnique michaelbayien à l'horizon. Et ce n'est même pas un film américain.
Il est fort probable que « District 9 » ne rencontrera pas de gros succès en salles. Et c'est vraiment regrettable tant ce film risque de laisser une trace indélébile dans le cinéma de SF anticipative.

Depuis les années 50 avec « La Guerre des Mondes » et autres productions pharaoniques made in Hollywood, le cinéma de science fiction a toujours été un moyen de mettre en scène les peurs de son époque pour mieux les exorciser. Ainsi, des communistes slaves aux immigrés clandestins, les étrangers ont souvent pris la forme d'envahisseurs tentaculaires baveux et destructeurs sur grand écran.
La peur de l'autre, de l'inconnu a toujours été un sujet phare pour le cinéma de SF.
D'ailleurs, il faut savoir que « étranger » en anglais peut se traduire « foreigner » mais aussi « alien »...

L'Histoire nous l'a maintes fois confirmé, le cinéma reste le meilleur moyen de faire passer un message. Mais pour que le message passe, il faut y mettre la forme.
Si l'on s'intéresse aux documentaires sociaux on s'aperçoit que ceux qui présentent de manière brute la pauvreté et le malheur des gens font rarement recette. Il n'y a qu'à voir tous ceux qui fleurissent sur les écrans en ce moment alors que le cinéma n'a jamais été aussi engagé, et qui repartent bredouilles.
En revanche, Michael Moore fait un triomphe par son style tragicomique et décalé des évènements qu'il décrit.


Plus proche du sujet, « Men In Black » met en scène des extraterrestres immigrés dont la plupart ne cherche qu'à mener une vie bien rangée, sans faire de vague. L'allusion est subtile mais fonctionne. D'autant que, dissimulée derrière une bonne couche d'effets spéciaux et de comédie, elle atteint le spectateur et lui permet de saisir le deuxième niveau de lecture du film.
De même, la répression des libertés, contrôlée par un gouvernement totalitaire et de plus déshumanisé, fait partie intégrante du cinéma de SF, et ce depuis 1928 avec la sortie de « Metropolis » de Fritz Lang.
Aujourd'hui les exemples pullulent : « Minority Report », « The Island », « I Robot » « Robocop »...pour ne citer qu'eux.


La métaphore et le symbolisme resteront donc toujours les moyens les plus efficaces pour faire passer un message politique ou social sur grand écran.


Enfin, ces dernières années, l'explosion de la télé-réalité et des sites de vidéos interposées (Youtube pour le plus connu) a changé la donne en matière de réalisation cinématographique, en ce sens que de plus en plus de cinéastes cherchent à placer le public directement au coeur de l'action comme s'il faisait partie intégrante de l'histoire.
D'où la multiplication (voire la surenchère) de films tournés caméra à l'épaule ou de façon plus extrême tournés comme un vulgaire film amateur. Je fais évidemment référence à « Cloverfield » qui a fait date en parvenant à créer une impression de réalité saisissante grace à sa mise en scène immersive.





Ce préambule à la façon de « L'histoire du cinéma de SF pour les Nuls »,s'avére indispensable pour comprendre en quoi « District 9 » est un film exceptionnel, en ce sens qu'il n'est rien d'autre que la synthèse de tout ce que le cinéma de SF a pu nous offrir.
Non pas qu'il réinvente le genre (aujourd'hui, qui pourrait s'ennorgueiller d'une telle chose?) mais il s'approprie tout ce qui a été cité précédemment avec une virtuosité sans précédent.

La mise en scène du film est une surprise à elle seule.
En effet, « District 9 » commence comme un documentaire télévisé, avec interviews et séquences filmées par des journalistes et diffusées à l'antenne.
L'introduction du film pourrait n'être qu'un « simple » reportage sur un bidonville quelconque à ceci près que les habitants qui y logent viennent d'une planète différente de la notre.

Tout comme dans « Men in Black », les extraterrestres résidant sur Terre sont pris en charge par un service d'immigration.
Mais cette fois pas de second degré pour faire passer la pillule : sans fausse note, suivant pas à pas le travail méticuleux d'un groupe responsable de ce service, le réalisateur met l'accent sur l'horreur et la cruauté de la situation. Sans l'once d'une émotion, le fonctionnaire chargé de l'expulsion des Crevettes (comme on les appelle dans le film) annonce gaiement à chacun qu'il lui reste quelques heures pour faire ses bagages afin d'être gratuitement relogé dans une tente loin d'ici pour le bien de la population terrienne.
Et ceux qui font la forte tête auront le plaisir d'observer de très très près le canon de fusil d'une armoire à glace au vocabulaire plus que limité...
Le choix est vite fait.


Encore plus que dans « Cloverfield », l'impression de réalité est absolument bluffante.
D'autant que les Crevettes, mélange improbable entre un Predator et la mouche de Cronenberg, sont d'une crédibilité à toute épreuve. En utilisant la technique de la motion capture où un acteur est recouvert de capteurs pour que l'ordinateur reconnaisse ses mouvements avant de les retranscrire sur une créature numérique, comme avec Gollum dans « le Seigneur des Anneaux » (Peter Jackson a d'ailleurs produit le film), ils s'intègrent parfaitement au décor. De plus, leurs yeux surprennent par leur sensibilité et leur insufflent un sentiment de vie fascinant. La technologie de pointe mise au service de l'émotion...


En prenant conscience que les extraterrestres du film ont bien leur équivalent réel, impossible de ne pas être envahi par une terreur intense, parfois insoutenable, à la vue du traitement inhumain auquel on les soumet. Le pire étant peut être la scène où le fonctionnaire s'amuse en débranchant la projéniture d'une Crevette...
Mais « District 9 » ne se contente pas de dénoncer les abus politiques vis à vis de l'immigration.
Des violences interraciales, à la prostitution en passant par le cannibalisme et ses croyances ou encore le profit des grands vendeurs d'armes...c'est toute la panoplie de la cruauté humaine qui est passée au crible.


Le film échappe à un manichéisme de base : noir ou blanc, l'homme est un salaud. Point.
Et ce n'est pas le « héros » de l'histoire qui nous prouvera le contraire. Même quand le système en qui il croyait tant (figure récurrente de la SF : « Minority Report » et les autres ; voir plus haut) se retourne contre lui, ce n'est que par pur égocentrisme qu'il cherchera de l'aide dans l'autre camp.
Un sale type antipathique auquel on a du mal à s'attacher et qui dénote totalement du sauveur de l'humanité auquel on nous a habitué.

A l'opposé de « Cloverfield », les acteurs, de parfaits inconnus, sont tous excellents et campent des personnages ordinaires tout à fait crédibles (là où les protagonistes de « Cloverfield », étaient justes niais et mal joués...)



De toute façon dans « District 9 », tout le monde en prend pour son grade : les militaires zélés « tirent d'abord et posent les questions ensuite », bam!
Les travailleurs « ne peuvent pas penser par eux même », re bam!
Sans compter les expériences génétiques tenues secrètes ou encore la manipulation de la foule par les médias : le film nous assène coup sur coup des séquences d'une noirceur rare pour ce genre de film et nous montre à quel point notre monde est pourri de l'intérieur...

Ainsi grace à une mise en scène singuliere et immersive et une représentation terrifiante de notre société moderne, les vingt premières minutes du film sont justes hypnotisantes. On reste scotché à l'écran sans pouvoir détourner le regard. Une véritable prouesse!



Par la suite, le film adoptera une voie plus conventionnelle avec des scènes d'action pures filmées caméra à l'épaule. Mais ce, sans pour autant tomber dans la violence spectacle basique.
Même si, comparées au passages en mode documentaire, ces scènes manquent parfois de précision, il faut reconnaître que le réalisateur a mis le paquet pour satisfaire les amateurs. Les effets provoqués par les explosions sont remarquables, les armes extraterrestres font littéralement éclater les corps et les balles fusent en tous sens. Des affrontements brutaux et sans concession, soulignés par une musique primitive et des percussions asourdissantes.

Regorgeant de petites trouvailles visuelles, ces séquences sont loin d'êtres gratuites.
Non seulement, elles font partie intégrante d'un scénario riche en rebondissements mais permettent au réalisateur (et au spectateur) de souffler un peu après une première partie particulièrement éprouvante pour les nerfs.
Le rendu de l'action est généralement impeccable et se termine en apothéose avec un impressionnant robot, digne successeur du ED-209 de « Robocop ».




Autant film de SF ambitieux à grand spectacle que métaphore sur les conditions des immigrés face à un gouvernement impitoyable, « District 9 » réussit son coup sur les deux tableaux.
Incroyablement généreux, brillant sous tous rapports et doté d'une cruauté rare pour un film de genre, c'est une oeuvre époustouflante qui bénéficie en plus d'un scénario travaillé et imprévisible.
L'un des meilleurs films de SF jamais réalisé doublé d'un véritable choc visuel et moral.

Note : ****

samedi 10 octobre 2009

Persepolis



Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.




Comme beaucoup, je n'avais jamais entendu parler de Marjane Satrapi avant la sortie de « Persepolis ».
Peu après, je me suis intéressé à la BD qui a inspiré le film et il faut avouer que rarement adaptation aura été aussi fidèle à son support d'origine.
Comme la BD, le film met en scène des personnages au design simpliste, rappelant le coup de crayon d' Hergé (« Tintin » pour les incultes...), enveloppés dans un noir et blanc fascinant.


Le film, comme la BD, retrace la vie peu commune de Marjane Satrapi depuis son enfance en Iran jusqu'à son arrivée en France.
C'est le récit autobiographique d'une petite fille dont les idéaux et les croyances disparaissent peu à peu sous les décombres et les discours fanatiques.
C'est aussi l'histoire d'une jeune iranienne obligée de quitter sa terre natale pour échapper à la guerre.
Mais c'est en même temps une page de l'histoire, que peu d'entre nous connaissent réellement, racontée par une jeune femme anti-conformiste et moderne qui ne cherche qu'à s'épanouir.


Prenant comme toile de fond la révolution islamiste, « Persepolis » montre comment la guerre et le fanatisme religieux ont bouleversé et asservi une société entière.
La grande force du film c'est qu'il ne dénonce jamais. Il se contente de montrer.
Et de ce fait il fait preuve d'un talent de narration hors du commun.
Tout ce que l'on apprend passe au travers du personnage principal.
Entre les histoires de tonton, les conversations surprises entre papa et maman ou les grands discours à la télé ou à l'école, les informations se mêlent et se bousculent dans la tête de la jeune Satrapi (comme dans la notre), mais on n'en sait jamais plus que son personnage.

Le film lui même est un enchantement visuel de tous les instants.
Il alterne élégamment des moments de pure poésie avec des scènes d'une horreur sans nom, mises en scène de manière étonnament subtiles.

Lorsqu'un flash back nous explique la montée du Chah au pouvoir, c'est par un amusant théâtre de marionnettes façon « L'histoire d'Iran pour les nuls », mais lorsque l'armée ou la foule sont représentées, c'est par de simples silhouettes déshumanisées qui font écho aux vieux films expressionnistes des années 20, dont le célèbre « Metropolis » de Fritz Lang.
On retrouve également ces références à l'expressionisme avec les fondus enchaînés ou avec ces images qui apparaissent soudainement sur un fond entièrement noir.
Et en parlant d'art, difficile de passer à côté de séquences surréalistes dont celle où Marjane saute littéralement d'appartement en appartement et celle de l'histoire de l'oncle, qui prend ses sources dans l'esthétisme gothique.


Mais le film ne renie pas non plus ses origines de BD et surprend avec un missile en vue subjective, comme avec la représentation des visages (voire des corps)des personnages déformés à l'extrême lorsque la situation devient grotesque.
Pas plus qu'il ne s'enferme dans un visuel élitiste : entre les coups de canon et les insultes misogynes, on prend plaisir à reconnaître les caricatures de « Godzilla », « Sissi l'impératrice » ou encore « Terminator 2 », sans oublier la bande son accompagnée des tubes d' « Iron Maiden » et le fameux montage reprenant le « Eye of the Tiger » de « Rocky III ».
Un grand fourre-tout de culture populaire qui ancre le film dans un réalisme évident.



Dans la même veine que la narration et le visuel, les dialogues surprennent autant qu'ils réjouissent.
Si vous croyiez amener les petits n'enfants voir un dessin animé mignon tout plein, reprenez-vous et laissez les bien sagement s'abrutir devant les émissions protéiformes et sagement édulcorées que nous proposent la télévision française...
Biens penseurs de bonne famille et grenouilles de bénitier en tout genre, restez chez vous!

Ici pas de demi-mesure pour satisfaire un public cul-serré et facilement outragé : les « conasse », « fils de pute » et autres « pauvre salope » pleuvent de tous les côtés, et il faut avouer qu'au début ça surprend.
Heureusement, Marjane Satrapi prend le soin de mettre des mots du dictionnaire entre deux insultes (ce qui évite l'écoeurement comme avec ces jeunes de la téci dans le trop sur-estimé « L'Esquive »...).


Les insultes et autres interjections grossières font partie du quotidien et Marjane a eu les meilleures raisons du monde de s'en servir.
Si certains doubleurs manquent de conviction (mais on a du mal à savoir si c'est intentionnel ou pas...), les dialogues sonnent vrais et c'est bien là le plus important.
Le monde dépeint par Satrapi n'en est que plus crédible et cohérent, et puis, avouez, comment résister à cette grand-mère loufoque et à son franc-parler?



Du côté historique, on peut se pencher sur la question du vrai ou faux mais je ne pense pas que Marjane Satrapi ait beaucoup romancé son histoire pour seul pretexte que l'on s'appitoie sur son sort. Mais après tout, ce n'est qu'une oeuvre de fiction.
On sent que « Persepolis » est avant tout une façon pour elle d'exorciser ses démons et de se libérer de son passé.
Son histoire est dure, parfois cruelle, souvent triste et il lui fallait bien ça pour continuer à aller de l'avant sans renier ses origines.
Elle en profite d'ailleurs pour régler quelques comptes au passage et nous ouvrir les yeux sur un conflit qui nous semble bien familier mais dont on sait en réalité bien peu.




La révélation française de l'année dernière est aussi un dessin animé magique, une histoire drôle et poignante et un pamphlet cynique sur le fanatisme religieux, l'intolérance et le regard européen sur un conflit qui le dépasse totalement.
Servie par des personnages remarquables de vérité, mis en scène avec un talent sans égal dans un noir et blanc épuré de toute beauté, « Persepolis » est l'un des plus beaux films d'animation jamais porté sur un écran!

De par son esthétique déroutant et son ambiance adulte unique, « Persepolis » est une oeuvre majeure qui fera date.
Le cinéma français n'est pas mort mais il fallait une jeune iranienne pour nous le prouver...

Note : ****

New York 1997




En 1997, Manhattan est devenu une immense prison ghetto.
Victime d'un attentat, l'avion du président des Etats Unis s'écrase en plein dans la ville. Snake, un dangereux criminel, est chargé de partir à sa recherche en échange de sa grâce. Parachuté en plein coeur de Manhattan, il dispose de 24 heures, au bout desquelles une micro-bombe greffée sur son cerveau explosera...




Après le terrifiant film d'horreur « The Fog », John Carpenter change totalement de registre pour s'adonner à la science fiction d'anticipation.
Plus qu'un thriller, « New York 1997 » est un grand film d'aventure, mis en scène avec justesse et intelligence.

Pour ce film, Carpenter a pris un gros risque car, en adoptant un sujet de base qui nécessite un budget important, il doit parvenir à ses fins avec des moyens bien plus réduits. Adepte de la débrouille et du système D, le cinéaste réussit malgré tout à réaliser un film cohérent et visuellement crédible avec un peu de jugeotte et un formidable travail de mise en scène.

Par exemple, n'ayant pas l'argent suffisant pour filmer un crash d'avion, il se contente de nous le montrer par l'intermédiaire d'un écran d'ordinateur.
Les mêmes écrans serviront par la suite à représenter les vues aériennes de New York alors qu'un planeur survole la ville.
En économisant ainsi sur ces scènes en apparence plus coûteuses, Carpenter peut se permettre d'utiliser son budget autrement, notamment au niveau des décors.

Et ce n'est pas peu dire que les environnements de « New York 1997 » sont parmi les plus impressionnants jamais vus au cinéma. La Grosse Pomme n'est plus qu'un bidonville géant où s'entassent détritus et carcasses de voitures.
La nuit, les quartiers délabrés ne sont plus éclairés que par les flammes laissées par quelque cocktail molotov. Les résidents qui s'y trouvent ne sont que des loubards ghettoisés, sans état d'âme, assoiffés de sang et de violence.
Leurs seuls plaisirs, en dehors du sexe et des drogues, reste le théâtre, pour les rares illuminés qui l'apprécient encore, et les combats de gladiateurs.

Et pour le coup, Carpenter s'amuse à recréer l'ambiance nerveuse de la Rome antique en la transposant dans un monde futuriste, ce qui n'enlève en rien à la sauvagerie des combats.
Avec l'aide de son célèbre directeur de la photo, Dean Cundey, Carpenter élabore des images sophistiquées, sublimées par des éclairages menaçants et une ambiance malsaine à souhait.
Grand maître du suspense, il joue habilement sur les zones d'ombre et les silences angoissants afin de maintenir une tension constante. Le danger de cet univers carcéral dans lequel on se retrouve plongé est tangible et plus qu'un simple décor, la grande cité en ruines acquiert une vraie personnalité jusqu'à se placer au même niveau que les protagonistes.


Protagonistes joués une fois n'est pas coutume par des habitués de Carpenter, dont Donald Pleasance ("Halloween", « Prince des Ténèbres ») dans la peau d'un président hautain et antipathique et la belle Adrienne Barbeau (« The Fog »), au caractère bien trempé. Parmi les nouveaux venus, le film fait la part belle à Isaac Hayes, imposant leader des prisonniers et Lee Van Cleef (« Le bon, la brute et le truand ») en comissaire déloyal et sournois.

Mais le vrai héros du film c'est bien sûr Snake Pliskin interprété par le toujours génial Kurt Russel, qui joue l'un de ses premiers grands rôles.
Russel, qui reste certainement l'acteur fétiche de Carpenter (au moins quatre films ensemble à leur actif), campe ici l'un des personnages les plus connus et les plus charismatiques du réalisateur. Charisme rehaussé par les remarquables compositions de Carpenter, qui signe, avec le thème principal du film, l'une de ses meilleures mélodies.

Pliskin n'est pas un héros américain classique comme on se l'imagine.
Il n'a rien du flic chargé de la protection du président : c'est un criminel qui ne cherche qu'à obtenir sa liberté. Il n'est mû par aucun élan patriotique mais doit accomplir sa mission afin de survivre à une mort programmée par ses commanditaires eux mêmes...
Instinctif et brutal, il ne possède pas non plus cette morale typique des grands héros hollywoodiens et pour lui, quiconque se met en travers de sa route est une cible à abattre. C'est donc bien à un anti-héros peu commun et anticonformiste à qui l'on a affaire.

Ce hors-la-loi légendaire (sa réputation le précède) deviendra par la suite une importante source d'influence pour bon nombre de cinéastes et même le japonais Hideo Kojima, l'illustre créateur du jeu vidéo « Metal Gear Solid », reprendra le personnage en hommage au film. Preuve que le talent de Carpenter ne connait pas de frontières...


Une fois n'est pas coutume, malgré ces indéniables qualités, « New York 1997 » est un four à sa sortie. Le public américain n'appréciant pas d'être si ouvertement critiqué, cette version cynique et satirique de la société mise en scène par Carpenter est loin d'être au goût de tous. De plus, le film sortant à l'époque du scandale du Watergate, l'image que l'on y fait du président est loin d'être flatteuse, ce qui n'encourage pas le public à aller voir le film...
C'est souvent ça le problème avec Carpenter : des films excellents mais qui sortent à une période qui ne correspond pas aux attentes du public et qui se soldent par des échecs commerciaux.


Le film a beau avoir vieilli, il n'en reste pas moins d'actualité : un avion, une tour, un crash...
Et si les sceptiques considèrent que la date des évènements (1997) n'est désormais plus crédible du tout, pensez simplement à Kubrick et à son « 2001, l'Odyssée de l'Espace ».


Partant avec un scénario basique et un budget minimaliste, Carpenter parvient à créer des décors post apocalytiques sidérants de réalisme, sublimés par une mise en scène brut de décoffrage pour nous livrer l'un de ses films les plus marquants visuellement.
Le personnage de Snake Pliskin deviendra au fil du temps une icône du cinéma de genre et « New York 1997 » demeure le seul film dans la carrière de Carpenter qui connaîtra une suite.


Note : ***

dimanche 4 octobre 2009

A Bittersweet Life




Sunwoo est le bras droit d’un redoutable chef de gang. Après avoir trahi sa confiance, il est torturé pour obtenir des excuses. Mais il parvient à échapper à ses tortionnaires et décide de supprimer un par un les hommes de main de son gang pour terminer par son propre patron…



De par son aspect film d’action simpliste, un synopsis pareil peut prêter à sourire.
On voit déjà Van Damme ou Seagal dans le rôle principal.
Mais parfois un scénario peu développé peut aboutir à un très bon film si les idées et la mise en scène suivent. D’ailleurs, quand on y réfléchit, le scénario n’est pas sans rappeler le « Kill Bill » de Tarantino. Et plus que vers le nanar grotesque, c’est bien à ce dernier que « A Bittersweet Life » fait penser.
De l’univers de Mister « Pulp Fiction », le film emprunte un bon nombre de personnages hauts en couleurs, des angles de caméra aussi soignés qu’atypiques et surtout une ultraviolence à la fois élégante et spectaculaire.

Cependant si la référence au maître est facile, elle n’en est pas pour autant évidente. En effet, « A Bittersweet Life » n’est pas un film américain mais coréen ; les ressemblances ne sont donc peut être que fortuites.
Quoi qu’il en soit, les deux films peuvent se targuer de figurer parmi les meilleurs du genre.



« A Bittersweet Life » a été réalisé par Kim Jee Woon, découvert dans nos contrées avec le conte horrifique « 2 Sœurs » et plus récemment avec « Le Bon, la Brute, le Cinglé », son western oriental totalement barré.
Il est difficile de faire un rapprochement entre « A Bittersweet Life » et le reste de sa filmographie tant chacune de ses œuvres se fait différente de la précédente, tant par son ambiance que par sa mise en scène.
Seuls demeurent une caméra omnisciente, dotée d’un formidable champ de déplacement et une esthétique incroyablement léchée, mise en valeur ici par une photographie monochrome de toute beauté.


Impossible de parler du film sans faire le point sur le personnage principal : dans la peau de ce bad guy archétypal, Byung Hun Lee est éblouissant de charisme.
Sa prestation racée et classieuse le classe haut la main parmi les plus beaux gangsters du cinéma.
SunWoo a un visage d’ange et un regard d’acier à les faire toutes tomber.
Sous la menace, il reste monolithique et sûr de lui, confiant dans ses capacités physiques et son rang haut placé dans la mafia. Il est intouchable et il le sait. Mais il sait aussi que la moindre faute de sa part sera sa dernière, et c’est pourtant son épée de Damoclès au dessus de la tête, qu’il déçoit la confiance de ses pairs…
Mannequin de cire sans émotion, il commet hélas la faute au nom de celle pour qui son cœur bat. Dès lors, il prend conscience de sa vulnérabilité : quand sa belle gueule se fait démolir, traîné dans la boue, il suppliera ses agresseurs de l’épargner…
Misérable, meurtri, brisé tant psychologiquement que physiquement, le héros du film n’en est pas un. C’est un monstre dans lequel surnage une parcelle d’humanité.
Cette humanité l’ayant trahie, il n’a plus rien à perdre et c’est tel un ange exterminateur qu’il va rendre coup pour coup.


Intervient alors l’argument principal du film : l’action.
Etonnamment, elle n’est pas si présente que ça dans le film.
En revanche, chaque passage de baston ou de fusillade est une superbe réussite.
Premièrement parce que les combats s’affranchissent des cadors du genre : pas de ralentis à la John Woo, pas d’explosions, pas de câbles (ou très peu), mais des affrontements violents, réalistes et incroyablement brutaux où l’on utilise tout ce qui nous tombe sous la main pour battre son adversaire, que ce soit une brique, une planche enflammée ou une portière de voiture…

Le réalisme des fusillades rappelle le cinéma de Scorcese, mais « A Bittersweet Life » s’inspire visiblement plus de « Old Boy » de Park Chan Wook : même filtre décoloré, même utilisation de la musique classique pour souligner les émotions, même humour noir et même cruauté dans l’action. Mais ici, si humour il y a, il est totalement dérisoire face au destin tragique des protagonistes.
Chaque note humoristique est rapidement contrebalancée par des images d’une férocité sans concession. Mourir n’est jamais drôle.


Chose rare dans ce genre de film ; autant que l’action pure, l’histoire retient vraiment l’attention du spectateur. Ou plutôt la narration. Pratiquement exempt d’ellipses, le montage du film ne nous épargne rien, ne cache rien.
La voix off que l’on retrouve à la fin du film nous indique clairement que SunWoo ne pouvait pas échapper à son destin et que la voie à suivre était la seule.
Loin du romantisme exacerbé qui fait la force des films de John Woo, « A Bittersweet Life » est constamment marqué par une sensibilité et une poésie visuelle qui lui donnent un charme peu commun.




Polar de vengeance violent et stylisé, ce film montre une fois de plus que les cinéastes coréens son capables de damer le pion à n’importe quel blockbuster américain.
La mise en scène harmonieuse et léchée de Kim Jee Woon et le charisme de Byung Hun Lee font de « A Bittersweet Life » une œuvre réellement passionnante.
Et même si la froideur extrême de l’ensemble ne parvient pas à véhiculer toute l’émotion qu’il faudrait au film, la violence des règlements de compte et l’aspect tragique de l’histoire satisfera n’importe quel amateur de Chan Wook ou de Tarantino.
« Une vie douce amère » est une excellente surprise.

Note : ***

The Buddy Holly Story




Buddy Holly débute sur la scène de la patinoire de Ludbrock au Texas. Mais qui voudrait d’un rocker binoclard comme lui ? Même ses producteurs l’incitent à chanter de la country sirupeuse plutôt qu’un rock’n roll déchaîné.
Pourtant, le miracle s’est produit : à Nashville, dans une salle réservée aux Noirs, Buddy Holly remporte un succès considérable. Le premier…




Aujourd’hui, si l’on parle du rock’n roll des années 50 en Amérique, des noms tels que Jerry lee Lewis, Johnny Cash ou encore le King Presley viennent automatiquement à l’esprit. Celui de Buddy Holly moins. Pourtant, Charles Hardin Holley n’est rien de moins que l’un des pionniers du rock’n roll, dont la force créatrice et les innovations musicales auront inspiré des groupes au rayonnement planétaire, à savoir Les Beatles et les Rolling Stones.
Pourquoi alors le nom de Buddy Holly n’est-il pas aussi populaire que ses confrères ?

Eh bien, en réalité, il l’est. D’ailleurs, bon nombre de musiciens lui rendent hommage dans leurs chansons (dont le magnifique « American Pie" de Don McLean).
Mais c’est sa très courte carrière et sa médiatisation moins prononcée que d’autres artistes qui l’ont rendu méconnu du grand public.
Ce film donne l’occasion de se rattraper en (re)découvrant un artiste au talent aussi immense que sa carrière fut brève.


Au cinéma, le biopic (film biographique) n’est jamais sans danger.
Premièrement, comme il est impossible de raconter une existence entière en deux heures de film, le réalisateur et le scénariste doivent procéder à des choix cruciaux à propos de ce qui va être retranscrit à l’écran et ce qui ne va pas l’être.
Deuxièmement, retracer la biographie de quelqu’un de manière la plus exacte possible ajoute le risque de changer le film en « simple » documentaire.
De même que privilégier le jeu des acteurs sans se soucier de la mise en scène apportera hélas un côté monotone et poussif qui portera un coup fatal au film, éclipsant par là même toutes ses qualités.

Steve Rash, le réalisateur de « The Buddy Holly Story », évite avec adresse ces trois obstacles et nous offre un grand moment de cinéma.
En se concentrant uniquement sur la carrière du groupe, il nous plonge directement au cœur du sujet sans passer par une présentation des protagonistes qui n’aurait fait que ralentir le film.
De même, le film se termine à la mort du chanteur. Pas d’épilogue, pas d’enterrement funèbre, rien.
Le scénario a le mérite d’être aussi concis que bien construit et ne part jamais dans des divagations inutiles. L’alchimie entre les acteurs est palpable et les situations ne semblent jamais téléphonées. Quant aux dialogues, ils sonnent vrais, supportent de réelles émotions et sont souvent particulièrement drôles, ce qui rend les personnages terriblement attachants.
On accroche d’autant plus à l’histoire et on prend un réel plaisir à suivre les pérégrinations du groupe. Rien à redire.


En revanche, ceux qui auront à redire sont ceux qui remarqueront toutes les incohérences du film, comparées à la vie réelle de l’artiste. Mais il ne faut pas oublier que « The Buddy Holly Story » est un film avant d’être un documentaire, et donc par nature une fiction. Que certains détails sans importance réelle aient changés ne gênent en rien à la compréhension du film et le fait que d’autres éléments aient été modifiés pour rendre certaines scènes plus captivantes sur grand écran ne peut engendrer qu’un retour positif.
Comme on dit : « quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende ».


Le quatrième piège du biopic réside évidemment dans l’interprétation.
Un acteur trop consciencieux risquera de passer un temps fou à observer puis à reproduire chaque mimique, chaque geste de la personne qu’il incarne pour une meilleure authenticité. Le résultat sera celui d’une poupée de cire, sans âme, figée dans ses expressions comme dans ses mouvements.
En revanche un acteur plus informel se contentera d’appliquer à sa gestuelle une certaine ressemblance à son modèle sans pour autant réussir à se cacher derrière son interprétation.

Il faut donc un travail considérable à un comédien pour parvenir à un juste milieu entre une totale personnification de son modèle et une certaine marge de liberté dans son interprétation.
C’est l’exploit que l’acteur Gary Busey relève avec un talent indéniable.
Eternel second rôle d’excellents films d’action (« Point Break », « Predator 2 », « Soldier »), son large sourire psychotique l’a souvent cantonné dans la peau de méchants tueurs, comme dans « l’Arme Fatale ».
C’est d’autant plus étonnant que Busey a débuté sa carrière au cinéma derrière le visage angélique de Buddy Holly...
En tant que Buddy il est juste parfait. Non seulement il imite à merveille le personnage qu’il incarne mais dans le film c’est lui-même qui chante et joue de la guitare.
L’acteur, méconnaissable derrière ses culs de bouteille, s’est investi dans son rôle à 100% et sa prestation enfiévrée lui vaudra une nomination aux oscars en tant que meilleur acteur.

Le reste du casting est lui aussi exemplaire.
Aux côtés de Busey, on trouve Don Stroud et Charles Martin Smith (« American Graffiti ») qui jouent les amis et partenaires de Buddy Holly. Tout comme les autres acteurs qui interprètent des musiciens dans le film, les deux comédiens jouent et chantent réellement lors des concerts et répétitions.
Les séquences musicales sont donc d’un réalisme à toute épreuve.

En parlant de la musique, elle joue évidemment un rôle primordial dans le film et ce n’est pas moins d’une douzaine de morceaux que l’on aura le plaisir d’écouter, tout en admirant la formidable prestation de Gary Busey.
Les chansons vont du romantique « True Love Ways » à l’entêtant « That’ll be the day », en passant par le guilleret « Every Day » et c’est un bonheur sans cesse renouvelé que de voir l’acteur disparaître derrière sa performance.
Si Busey ne sera « que » nominé, la musique du film, elle, remportera un oscar bien mérité.


Mais il arrive toujours un moment où le film doit s’arrêter.
Le temps s’est écoulé sans se faire voir et c’est déjà la fin du concert, et de l’histoire par la même occasion. Ici, la fin apparaît brutale, sans concession.
Le choc est d’autant plus rude que la vie de l’artiste s’est réellement achevée de manière aussi violente et abrupte.
Et c’est les yeux embués de larmes que l’on regarde le générique défiler en maudissant « the day the music died »…



« The Buddy Holly Story » retrace -plus ou moins- fidèlement la carrière d’un des plus grands rockers de son temps. En évitant l’écueil de la biographie monotone et froide, le réalisateur nous livre de superbes séquences riches en émotions, rythmées par des titres inoubliables. Le sourire aux lèvres, la larme à l’œil et la musique dans le cœur, on reste pantois devant la performance d’un Gary Busey qui n’a jamais été meilleur de toute sa carrière.
Un jeune musicien est mort. Une légende est née.

Note : ****