jeudi 28 mai 2009

Jusqu'en Enfer


Christine Brown, spécialiste en crédit immobilier, vit à Los Angeles avec son petit ami, le Professeur Clay Dalton. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où la mystérieuse Mme Ganush débarque à la banque et la supplie de lui accorder un crédit supplémentaire pour sa maison. Christine hésite entre la compassion et la pression de son patron, Mr Hicks, qui la voudrait plus ferme avant de lui octroyer une promotion. Fatalement, Christine choisit sa carrière, même si sa décision met Mme Ganush à la rue. Pour se venger, la vieille femme jette la malédiction du Lamia sur Christine, transformant sa vie en un véritable cauchemar...





Après avoir fait planer l'homme araignée dans la stratosphère du box office pendant 3 épisodes, Sam Raimi effectue un retour aux sources et replonge avec délice dans l'horreur burlesque, genre qui l'avait fait connaître avec la trilogie des "Evil Dead". Le scénario de "Jusqu' en Enfer" est d'ailleurs assez similaire à celui de la fameuse trilogie puisque dans les deux cas on y parle de sorcellerie, de possessions démoniaques et de malédictions. Rien d'étonnant puisque le-dit scénario a été en réalité écrit juste après "L'Armée des Ténèbres".
Alors "Jusqu' en Enfer", un "Evil Dead 4" potentiel?



Si on devait comparer "Jusqu' en Enfer" à l'un des "Evil Dead" ce serait bien le tout premier : c'est le seul où l'horreur pure se marie avec la comédie, les autres épisodes demeurant largement plus drôles qu'effrayants. En effet, "Jusqu' en Enfer" fait peur. Et faire peur aujourd'hui n'est plus à la portée de n'importe qui, la preuve avec tous ces slashers et remakes horrifiques sans saveur ni originalité que l'on voit deferler sans relâche sur nos écrans...
Mais Sam Raimi n'est pas tombé de la dernière pluie et connait parfaitement les règles du jeu.

Pas besoin de verser des héctolitres de sang pour faire sursauter le spectateur, une porte qui grince suffit amplement. Une porte bien grosse qui grince de plus en plus fort, accompagnée par des hurlements stridents à vous glacer le sang, des fenêtres qui volent en éclat, des sons de l'au delà qui font trembler les murs et sur lesquels se dessinent des ombres menaçantes. Le tout qui survient brusquement après un silence de pierre tombale avant de disparaître aussi sec, là oui ça fait peur !



Honnêtement, la recette n'est pas nouvelle et Raimi ne fait que reprendre ce qui marchait si bien dans les "Evil Dead". Après tout pourquoi montrer un esprit maléfique et limiter l'imagination du public alors qu'une simple caméra en vue subjective et une déferlante d'effets sonores jouent un bien meilleur rôle?
C'est donc un film à l'ancienne que Raimi nous a concocté mais qui dit ancien ne veut pas forcément dire dépassé.
Raimi le sait bien et (se) joue des codes du genre avec délectation, notamment dans le domaine du gothique : héroine apeurée, maison hantée, vieille batisse délabrée, sortilèges, démons et esprits frappeurs (qui pour le coup donnent de sacrées baffes !), cimetière... On ressort les vieilles ficelles sans aucune honte mais c'est pour mieux les mettre au goût du jour car si l'héroine est apeurée elle n'est sûrement pas sans défense et ce n'est pas un manoir délabré qui est la proie d'esprits vengeurs mais une maison de banlieue flambant neuve.

Toujours dans l'idée de continuité entre l'ancien et le nouveau, on ne peut qu'apprécier le générique tout en gravures animées qui nous remémore les vieux "Dracula", quant au jeu des ombres sur les murs, elles renvoient directement au "Nosferatu" de Murnau, un incontournable du gothique.





Ce qui impressionne le plus dans "Jusqu' en Enfer" c'est la qualité de sa réalisation. D'abord un grand bravo aux décorateurs qui ont accompli un travail remarquable tant sur le mobilier que sur les décors en général (dont la superbe salle d'invocation).

La musique de Christopher Young, sans être exceptionnelle, met directement dans l'ambiance grace à une utilisation prononcée d'instruments à cordes, de choeurs inquiétants et de sonorités stridentes.
Tout le contraire de la photographie, chatoyante, et du montage qui créent une impression de "vie de tout les jours" et ne donne que rarement des indices sur ce qui va se passer. C'est d'ailleurs cette voie que va suivre Raimi tout au long du film ne laissant jamais entrevoir quand et comment se manifestera la prochaine attaque. Dans les faits il joue surtout sur les silences prolongés avant de nous plonger dans un vacarme aussi violent que soudain, sans oublier une remarquable mise en scène des effets chocs, qui ne surviennent à l'écran qu'au tout dernier moment.
Sincèrement, ça marche. Si certains réalisateurs emploient cette méthode à tort et à travers sans aucun effet de style, Raimi jouit d'un timing parfait entre les silences et les bruitages et a le chic pour nous prendre au dépourvu et nous faire littéralement bondir de notre siège. Pacemakers déconseillés...

En revanche en matière d'horreur pure, hormis le jeu du "1, 2, 3....BOOOOOOH!" cité ci-dessus, on devra se contenter de quelques maquillages plutôt réussis (rhaa les lentilles de Flor de Maria Chahua!!) et de jets de liquides peu ragoûtants. C'est peu...




Côté humour maintenant. Que ceux qui n'ont pas cru qu'ils allaient éclater (littéralement) de rire en regardant les "Evil Dead" sortent de la salle, ce film n'est pas fait pour eux. Libéré de toute pression commerciale (le film n'a rien d'un blockbuster à la "Spiderman"), Raimi s'en donne à coeur joie dans le trash hilarant qui lui va si bien. "Jusqu' en Enfer" possède donc une facette cartoonesque aussi innatendue que jouissive (la règle en travers de la gorge, l'enclume accrochée à la corde...) qui rappelle les meilleurs moments des aventures loufoques de ce fameux Ash. Même si les scènes poilantes se comptent-hélas-sur les doigts de la main, le film nous fait profiter d'éclats de rires bien sentis.




Les "Evil Dead" c'était aussi un casting de légende et quid de celui (ou celle pour l'occasion) qui a la lourde tache de succeder au génialissime Bruce Campbell? Bah de toute façon, faire mieux que lui relève du miracle...
Pourtant le casting de "Jusqu' en Enfer" recèle bien des surprises. Dans la peau de l'héroine on trouve Alison Lohman, la révélation de "Les Associés" de Ridley Scott, une jeune actrice aussi belle que douée et qui dépense une énergie considérable pour rendre son personnage convaincant.
Son petit ami est joué par Justin Long qui, je persiste à dire, est certainement l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Spécialisé dans les seconds couteaux qui détendent l'atmosphère ("Die hard 4", "Admis à tout prix", "Dodgeball"), ses expressions sont souvent très drôles et il est parfait quand il s'agit de balancer des vannes. Bien que très limité, il apporte charisme et crédibilité à un personnage qui n'est là que pour mettre l'héroine en valeur.
Le couple gagnant du mois, donc.

Sans oublier un David Paymer ("Séquences et Conséquences", "Get Shorty"), génialement détestable dans la peau d'un directeur de banque sans scrupules et Lorna Raver qui volerait presque la vedette derrière son maquillage pourrissant et son oeil de verre.



Mais malgré toutes ses qualités, force est d'avouer que le film n'atteint pas les cimes des "Evil Dead". Si durant la première partie, on va de surprise en surprise en enchaînant des scènes jubilatoires, la seconde moitié manque de punch. Le réalisateur assure le spectacle mais on ne peut s'empêcher de se dire qu'il aurait pu aller bien plus loin. Comparé à "Evil Dead 2" par exemple, le film reste bien trop sage. Un peu de folie aurait été salutaire d'autant que Raimi disposait de moyens largement suffisants pour donner libre cours à son imagination débordante. Si certaines scènes sont de véritables joyaux, d'autres ne font que ralentir le rythme du film. Le dîner chez les parents a déjà été vu et archi-vu et se révèle au final sans intérêt pour la suite de l'intrigue, de même que le contexte économique, qui n'est traité qu'en surface.

Quant à la fin, annoncée par le titre, elle survient, abrupte et sans concession, alors que l'on s'attend à ce que le film nous révèle l'apothéose tant attendue mais qui ne viendra jamais. Peut-être qu'un petit épilogue? Mais non, déjà le générique défile et nous de rester sur notre faim...





A une époque où les films d'horreur ne jurent que par la surenchère de gore et de violence gratuite, "Jusqu' en Enfer" apparaît comme une bouchée de fraîcheur. Admirablement filmé et joué par des acteurs talentueux et charismatiques, le film aligne les clichés du genre pour mieux les déformer dans la bonne humeur. On sent que le réalisateur surdoué Sam Raimi a pris un plaisir fou à sortir du carcan des méga-productions hollywoodiennes pour retrouver ses délires d'éternel ado accro aux sensations fortes.
Malheureusement, le film s'embourbe un peu dans sa seconde partie faute d'un rythme en dents de scie et de scènes qui se dispersent où qui s'éternisent.
Pas la révolution tant attendue (la presse en chante les louanges...) mais un bon petit film d'horreur "old school" qui vous fera autant rire que bondir.
Attention l'abus de pop corn est dangereux pour la moquette.


Note : **

samedi 16 mai 2009

Tango et Cash


Ils sont flics et se détestent. A eux deux, ils ont mis à l'ombre la moitié des criminels de Los Angeles. L'autre moitié va tout faire pour s'en débarasser...
Accusés de meurtre, ils vont devoir travailler ensemble et tout mettre en oeuvre pour retrouver l'auteur du complot.




« Tango et Cash » est un buddy movie : un film, souvent policier, basé sur les relations animées de deux personnages antagonistes. La recette n'est pas nouvelle et a donné naissance à de très bons duos d'acteur (« L'arme Fatale », « Rush Hour », « Shangaï Kid », « Men In Black »...).
En revanche, si ces films soignent plus ou moins bien leur scénario, « Tango et Cash » ne prend même pas cette peine. L'histoire est d'une nullité affligeante : elle regroupe les plus beaux clichés du genre, cède souvent à la facilité et regorge d'incohérences.
Pour arranger les choses, les personnages ne sont que de simples stéréotypes sans originalité ; mention spéciale au vilain méchant qui passe son temps à caresser ses souris (genre Dr No et son chat...).

« Tango et Cash » est-il un mauvais film pour autant?
Aux premiers abords, il en a tout l'air, mais...

Mais rapidement, on voit que ce que le film propose c'est « action. Good old American action » comme ils disent.
Autrement dit, si la caricature est de mise ce n'est pas innocent puisque le plus grand intérêt du film réside dans une série de cascades aussi spectaculaires que gratuites et moults explosions qui ne s'imposent pas.

Durant les premières 10 minutes, un des héros se moque d'un soviétique et l'autre torture un asiatique. On ne peut pas dire que la subtilité soit le point fort du film...
On se dit que ce genre de scène est peut être justement l'occasion de critiquer la politique xénophobe et patriotique qui concerne généralement les films d'action.
Dans ce cas, « Tango et Cash » ne se prendrait pas au sérieux et aurait des intentions parodiques, n'hésitant pas forcer les situations grotesques dans le seul but de pointer du doigt les énormités de ses prédecesseurs (« Rambo, c'est qu'une pédale! »).

Malheureusement, la mise en scène ne laisse aucun indice prouvant que le film n'est pas juste complètement idiot. Malgré un « OK allons y! » en phrase d'accroche et des dialogues souvent très drôles, le film est parfois trop violent et noir pour que l'on le prenne comme une parodie.

Alors que reste t'il?
La réalisation et les acteurs.

La réalisation oscille entre le bon (les dix premières minutes et quelques plans de temps en temps) et le moins bon (peut être pas tout le reste mais toute la partie de l'évasion est vraiment lourde et inutilement choquante). Le montage n'est pas mauvais dans l'ensemble mais ne parvient que rarement à mettre en valeur les scènes d'action.
En revanche, la musique dynamique de Harold Faltermayer (« Le Flic de Beverly Hills », « Top Gun ») parvient à apporter le rythme dont la mise en scène manque.

Les scènes d'action surprennent par leur envergure (la scène finale avec la voiture blindée) mais déçoivent par le manque d'inventivité des plans.
Tout casser pour tout casser d'accord, mais faut savoir un minimum tenir une caméra.
Dans l'ensemble, on a vu beaucoup mieux.


Il reste donc les acteurs.

Si les personnages sont, comme je l'ai déjà dit, de simples caricatures (rien que leurs noms ; Tango : le mec classe et élégant/ Cash, le type fonceur qui cogne avant et pose les questions après).
Mais les acteurs, Silvester Stalonne et Kurt Russel, sont deux stars aguerries du film d'action qu'on ne présente plus.

Ceux qui me lisent savent que je ne cache pas mon admiration pour Kurt Russel et ici je ne vais pas dire qu'il joue mal parce que ce n'est pas vrai. Cash n'est certes pas sa meilleure performance, néanmoins il parvient à le rendre à la fois attachant et amusant. On ne lui en demande pas plus.
De son côté, Stalonne délaisse les Rocky et autres Rambo pour faire ce que la plupart considère comme sa plus mauvaise facette : la comédie.
Dans le jeu comme dans la tenue vestimentaire, il reprend à la lettre son personnage très propre sur lui de « Arrête ou ma mère va tirer ». De ce fait, si vous l'avez aimé dans ce film, vous l'aimerez aussi dans celui là, sinon ben vous pouvez d'ore et déjà laisser tomber...

Par contre, Jack Palance (oscarisé pour « La vie, l'amour les vaches ») fait vraiment le minimum syndical dans la peau du méchant de service, se contentant de cabotiner à tout va et de cracher sa haine contre les héros du titre. Pathétique.

La complicité à l'écran des deux acteurs principaux fait malgré tout plaisir à voir et certaines de leurs répliques sont vraiment hilarantes.


« Tango et Cash », un duo de choc pour un film grotesque et stéréotypé dont le plus gros défaut reste de ne jamais montrer si c'est bien son intention...
Il vaut avant tout pour ses dialogues débiles (pour le coup, c'est volontaire) et pour le « couple » Stalonne/Russel qui s'amusent visiblement beaucoup.

Note : **

Sans plus attendre




Alors qu’il ne leur reste que quelques mois à vivre Edward Cole et Carter Chambers, deux hommes atteints d’un cancer, partent à l’aventure après avoir dressé une liste de leurs rêves inaccomplis.





7,6 sur l'échelle de IMDB! Autant dire que "Sans plus attendre" est un grand film. Ou pas.
Oui parce qu'avec un casting réunissant deux monstres sacrés du cinéma, Morgan Freeman et Jack Nicholson, on était en droit d'attendre d'eux autre chose que ces cabotinages lourdingues et ce manque de crédibilité.
Si leur face à face réserve quelques surprises, ils ne parviennent jamais à se faire oublier derrière leur personnage. Tout au long du film, on ne voit que les interprètes et non les interprétations...

Pourtant, leur personnalité respective leur donnait du grain à moudre et chacun avait de quoi faire pour modeler son personnage. Mais non.
Nicholson en fait des tonnes en excentrique acariatre et Freeman joue, comme toujours, le côté posé du duo et ne parvient même pas à utiliser les connaissances de Chambers (un vrai puit de science!) à bon escient.
Si ce n'est à deux trois reprises pour critiquer le goût d'un café ou pour parler de la montagne, il se contente de suivre la version américaine des "Chiffres et des Lettres" en pompant la scène de "Un jour sans fin".

Bref, on avance en terrain connu et on attend fébrilement qu'une zeste d'originalité pointe le bout de son nez.
Après tout, on se dit qu'une fois sortis de cette chambre d'hôpital, filmée aussi platement qu'un épisode des "Feux de l'amour", le film va enfin démarrer et qu'on va prendre plaisir à voir ces deux légendes s'éclater comme en 40 en faisant les choses les plus délirantes possibles. Ou pas.

Tatouages, tour du monde, saut en parachute, c'est bien joli tout ça mais le scénario tourne rapidement en rond faute de ne pas savoir donner aux scènes une ampleur suffisante et surtout de ne pas savoir s'en servir pour faire avancer le schmilblic.
On y parle de rites égyptiens, de palais construits par amour, de familles brisées, de boîtes de conserve, de l'Hymalaya mais au fond le film ne parvient jamais à sortir du lot.

Mais si le scénario tombe aussi à plat c'est certainement dù au relâchement excessif du réalisateur Rob Reiner. Où diable est passé sa faculté à saisir la moindre parcelle de dialogue savoureux ("Quand Harry rencontre Sally")?
Pourquoi ne parvient-il jamais à cerner ses personnages aussi bien qu'avant ("Stand by Me")?
Pourquoi sa mise en scène manque autant de fantaisie ("Princess Bride") et ne ressemble plus qu'à un vulgaire téléfilm?
Des questions qui resteront sans réponse mais qui gâchent le film à coup sûr...

Le film aligne les plus beaux clichés du cinéma américain : l'éternelle scène où les deux personnages sont mis en comparaison (chancun dans son milieu quotidien) fait dans la facilité en alternant couleurs chaudes et repas copieux pour la famille recomposée et couleurs froides pour le pauvre type, enfermé dans sa solitude, qui pleure en regardant la rue... Une idée vieille comme le monde qui, à force de ne pas se renouveler, fait plus rire qu'autre chose.


Le tour du monde se résume en une série de plans-carte postale dont l'ambiance sonore est à pleurer de rire.
Que l'on entende "The lion sleeps tonight" pour illustrer leur safari en Afrique passe encore mais que, en 2007, Rob Reiner ose encore représenter la France par des joueurs de pétanque sur un air d'Edith Piaf, ça en devient ridicule!
Quant à la fameuse scène de la course automobile, si les couleurs sont éclatantes, elle n'en reste pas moins molassone et, au final, complètement inutile.

Pourtant, on ne peut pas dire que le film soit si insupportable que ça.
Si les acteurs jouent de manière convenue, ça reste un plaisir que de voir ces 2 stars se donner la réplique. Et si le scénario est au mieux conventionnel, au pire d'une platitude effarante, il comporte quelques (rares) bons moments.


Un film très classique, pas spécialement mauvais mais avec Nicholson et Freeman devant la caméra et Rob Reiner derrière, "Sans plus attendre" aurait pu être largement plus réussi.

Note : *

Natural City



2080. Commando d'une unité d'élite chargée d'éliminer les cyborgs défectueux ou rebelles, R tombe amoureux de l'une d'entre eux, la belle Ria. Si sous trois jours, R ne peut pas greffer la puce mémoire de Ria dans un nouveau corps, elle mourra.
Il fait alors appel au Dr Giro, qui prétend connaître le moyen de prolonger la vie au-delà de ses limites. Mais, dans son ombre, se profile la silouhette de Cype, un cyborg de combat en quête d'immortalité...





Si le synopsis vous semble familier, rien de plus normal. « Natural City » est en effet un condensé des chefs d'oeuvre de la science fiction moderne, en même temps qu'un hommage à ces derniers.
Le film fourmille de références dont, en autres, une introduction mettant en scène une femme nue (« Ghost in the Shell »), un héros taciturne, une histoire d'amour entre un humain et une androïde, des voitures de police volantes et une ville futuriste constamment sous la pluie (« Blade Runner ») et des combats câblés filmés au ralenti (« Matrix »). Sans oublier une esthétique manga très prononcée.

En revanche, contrairement à ses prédecesseurs, « Natural City » n'a rien d'un grand classique de la SF et ce pour plusieurs raisons.

Scénaristiques, avant tout.
Complexe, le scénario n'en est pas moins original et captivant et repousse, une fois de plus, les limites entre l'homme et la machine.
Mais si l'intrigue se révèle travaillée et riche en rebondissements, elle n'empêche pas l'ennui de poindre au delà de la première demi heure. « Natural City » met en scène des personnages tristes et torturés mais parvient rarement à les rendre intéressants d'autant que les performances des acteurs ne sont pas transcendantes...
Hormis le héros, volontairement antipathique, les protagonistes demeurent de simples silouhettes sur lesquelles on ne sait pas grand chose.

On a parfois l'impression qu'à force de nous balader à droite à gauche sans faire avancer le scénario, le réalisateur a voulu rallonger son film artificiellement. C'est d'ailleurs dommage vu qu'en étant plus concis, il aurait gagné en clarté et donc en intérêt.


La seconde raison, elle, est purement visuelle. « Natural City » bénéficie d'effets spéciaux exemplaires ( et récompensés au cours de nombreux festivals) mais peine à les mettre en valeur.
Si les vaisseaux spatiaux et autres paysages de synthèse étonnent par leur crédibilité, les scènes d'action décoivent par leur manque de précision.
Le film multiplie les combats matrixiens, usant et abusant de ralentis qui se veulent esthétiques. Malheureusement la rapidité du montage empêche constamment de voir ce qui se passe à l'écran : les plans défilent à une vitesse fulgurante et seuls les effets sonores nous permettent de décortiquer les affrontements.

Dès lors, la surenchère dans les mouvements acrobatiques et les effets de destruction laissent de marbre puisque on n'a même pas le temps d'en profiter.
Sans oublier que la plupart des personnages portent une armure, semblable à celles de « Final Fantasy » qui ne permet pas de les distinguer (ils enlèvent d'ailleurs leur casque dans les moments importants...) et que le filtre bleuté du film les laisse souvent dans la pénombre.

Pire, malgré leur effet stroboscopique désagréable, les scènes d'action brillent par leur rareté. Passé l'introduction, il faudra attendre facilement une bonne heure pour que les personnages ressortent leur pétoire.
Les deux heures semblent alors parfois s'éterniser même si la fin rattrape le coup.


« Natural City » aurait pu être un nouveau fleuron du cinéma sud-corréen, au même titre que « Old Boy » ou « Memories of Murder ». Ce n'est pas le cas.
Il n'en reste pas moins un film de SF spectaculaire, bourré d'effets spéciaux, même si paradoxalement son scénario reste plus accrocheur que sa mise en scène.

Note : **

Butch Cassidy et le Kid



Deux pilleurs de train, dont les exploits mettent à fleur de peau les nerfs de leurs victimes, s'enfuient en Bolivie. Après une courte tentative de vie sédentaire, ils reprennent leurs activités.






En 1969, le trio gagnant de "l'Arnaque" (Robert Redford, Paul Newman et le réalisateur George Roy Hill) faisait déjà des merveilles dans ce western semi parodique.

Soleil de plomb, chevauchées épiques dans des étendues sauvages, prostituées au grand coeur, attaques de train, poursuites entre les bandits et les forces de l'ordre, fusillades...le film n'a rien à envier aux westerns de la grande époque mais ce qui fait sa particularité c'est la manière dont l'histoire est tournée.

Pour mieux le comprendre, un petit résumé historique s'impose...
Dans les années 40, l'entrée en guerre des Etats Unis correspond à une période de récession des westerns. Dans ce monde ravagé, le manichéisme typique des westerns américains n'est pas à sa place et le beau cow boy sans reproche ne convient plus.
Le public demande des héros ambigus, de plus en plus proches des méchants du film.

La guerre du Vietnam n'arrangera pas les choses. Les réflexions grandissantes sur la toute puissance des Etats Unis remettent en cause l'idéologie Hollywoodienne et le peuple refuse de suivre aveuglement les idées toutes faites du gouvernement.
Les erreurs du passé commencent à refaire surface, notamment le sort réservé aux indiens.
L'esthétique entière du Western s'en retrouve alors bouleversée et toute une série de films sera tournée pour réhabiliter les indiens, dont le point culminant sera "Little Big Man" d'Arthur Penn en 1970 (et bien sûr "Danse avec les loups" de Kevin Costner, mais pas avant les années 90...).

A la fin des années 60, le western tel qu'on le connaissait s'est donc éteint.


Bref, conscient des enjeux politiques et sociaux de son pays au moment où il tourne son film, George Roy Hill choisit judicieusement de ne pas tourner un western classique et se permet même d'innover en la matière.
Ainsi, le film sera bourré de clins d'oeil au genre. Dès les premières images, le ton est donné :

Le générique d'introduction du film est un petit court métrage tourné comme au temps du muet, faisant directement référence au premier western jamais réalisé : un film d'une dizaine de minutes dantant de 1903 nommé "The Great Train Robbery".
De plus, le réalisateur s'amuse parfois à intercaler de vrais photos d'époque au cours du film et va même jusqu'à filmer la première scène entièrement en sépia, ce qui lui permet de vieillir artificiellement le film.
Le sépia rappelle evidemment les premières photographies de l'époque où les procédés de coloration n'étaient pas encore inventés. Cette première scène met donc tout de suite dans le bain.

Heureusement malgré tout (le sépia ça lasse...), le réalisateur revient vite à nos vieilles bonnes couleurs traditionnelles et les exploite avec panache. La photographie remportera d'ailleurs un oscar.
Autant dire que les paysages sont magnifiques, rendus avec talent par une palette de couleurs éclatantes et des plans de toute beauté. On sent l'influence des plus grands (John Ford, Howard Hawks) mais pourtant Hill ajoute ce petit plus qui fait toute la différence.

S'il choisit de donner au film un aspect un peu vieillot, il décide aussi de le faire entrer dans la modernité. Combiner les deux n'était pas chose facile mais le réalisateur a relevé le défi avec brio. Aux couleurs jaunies et aux références westerniennes classiques évidentes, il ajoute des travellings avant ou arrière impressionnants qui lui permettent de suivre à la fois les poursuivants et les poursuivis, une musique contemporaine et surtout il soigne la qualité de la narration.

Si le film est aussi réussi, c'est avant tout pour le talent de conteur de Hill.
Primo, il n'utilise jamais la musique à outrance pour prévenir d'un danger imminent et on est souvent pris hors garde, secundo on n'en sait jamais plus que les personnages (la longue scène de la milice qui les poursuit est un grand moment de suspense) et tercio, il fait tout pour qu'on s'attache à eux.
Car plus qu'un western "Butch Cassidy et le Kid" est, comme son nom l'indique, un "buddy movie" et se concentre sur les aventures du célèbre duo.

Le problème majeur est justement lié à l'intérêt du duo car si la mayonnaise ne prend pas entre les acteurs, c'est tout le film qui part en fumée...
Heureusement le réalisateur a plus d'un tour dans son sac et si l'histoire est plutôt sérieuse, voire dramatique, l'ambiance, elle, est à la déconnade : des deux malfrats, pilleurs de banques et de trains à leurs heures perdues, le film en fait des compères chamailleurs qui prêtent plus à sourire qu'à frémir.

Le Butch Cassidy de Paul Newman est un gentleman charmeur et plutôt grande gueule et qui n'a "jamais tiré sur quelqu'un" et Redford, qui joue son premier grand rôle à l'écran, est sidérant de tension contrôlée.
Le Kid qu'il interprète est un as de la gachette, prêt à affronter n'importe qui, mais qui au fond est aussi râleur que son copain.
Leurs caractères totalement opposés se font évidemment complémentaires et leur amitié se ressent à chaque instant.

Le duo "Newman-Redford" fonctionne à merveille!
La complicité des deux acteurs transparait dans chaque scène et on n'a aucun mal à voir qu'il s'amusent comme des fous.
Quoi qu'il arrive, ils jouent avec plaisir les types décontractés et leur numéro sera repris comme modèle par de nombreux "buddy movie" qui suivront.

Sans oublier qu'ils effectuent eux-mêmes leurs propres cascades (pour la plupart bien sûr) ce qui donne au film une vraie crédibilité : voir Redford de face sur le toît d'un train en plan rapproché reste nettement plus impressionnant que de voir une "vulgaire" doublure de dos, en plan large...
On a vraiment envie d'être en leur compagnie et c'est ce qui fait grande force du film.

De son côté le réalisateur ne chôme pas.
Non content de filmer l'une des explosions les plus saisissantes de l'histoire du cinéma(!), il se permet d'alterner de pures scènes de comédie (la scène du vélo) avec des séquences d'une gravité palpable et grace au travail effectué sur le son et le montage, ses fusillades n'ont rien à envier à celles de Peckimpah ("La Horde Sauvage").
Quant au dernier plan du film, il est entré dans la légende...


Seul petit regret : la musique.
Se voulant moderne à l'époque, Hill a utilisé des chansons des années 70. Aujourd'hui, la bande son remet malheureusement le film dans son époque et le vieillit (dans le mauvais sens du terme cette fois). La chanson "Raindrops keep falling on my head", bien que récompensée par un oscar, n'a plus autant d'impact à l'heure actuelle et la musique de Burt Bacharach, dont la mélodie se réfère parfois aux films muets, elle aussi détentrice d'un oscar, donne au film un coup de vieux considérable.
Néanmoins, le film comportant moins de vingt minutes de musique, ce léger défaut s'oublie très vite et ne fait aucun tort au film lui même.


Pour les puristes et les historiens, le scénario s'avère parfois inexact (la fin notamment) mais honnêtement on s'en fiche...
Classé sur IMDB parmi les 150 meilleurs films de tous les temps, "Butch Cassidy et le Kid" reste une référence, tant en matière de western, que de comédie.

La réalisation (nominée aux oscars) recherchée de George Roy Hill apporte dynamisme et vitalité à la mise en scène, le scénario (oscarisé) passionnant fait la part belle à des dialogues savoureux et les acteurs sont tout simplement parfaits.
Que dire de plus?

Note : ****














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samedi 9 mai 2009

L' Emprise des Ténèbres





Un anthropologue de l'université de Harvard est envoyé à Haïti pour récupérer une poudre étrange qui aurait le pouvoir de ressusciter les morts.




A première vue, on pourrait se dire : « oh non, encore un film de zombies! » et on aurait tort. « L'emprise des ténèbres » n'est pas un film de zombies, c'est un film sur le vaudou. Et le « sur » est important car le film se focalise réellement sur les procédés mystérieux et les rituels sanglants de cette pratique ancestrale.

Comparés à la déferlante zombiesque que l'on connait, rares sont les films qui abordent le thème du mort-vivant sous l'angle de la magie vaudou et encore plus rares sont ceux qui le mettent en scène de manière si réaliste.
En effet, bien loin du film d'horreur hollywoodien classique, « L'emprise des ténèbres » surprend par son approche quasi-documentaire.
Tiré du roman « The Serpent and the Rainbow » de Wade Davis, il s'inspire des faits réels vécus par l'auteur et tente de les retranscrire à l'écran de façon la plus authentique possible.

De ce fait, le film reste captivant et réussit à nous prendre souvent au dépourvu, nous plongeant dans une terreur sans nom, d'autant plus prenante qu'elle reste crédible.
« L'emprise des ténèbres » conserve toujours un pied dans le pragmatisme tout en s'enfonçant toujours plus dans le surnaturel.
Cette lutte acharnée entre science et magie, symbolisée par le héros, un Bill Pullman (« Casper », « Independence Day ») à deux doigts de la syncope, évite au film de sombrer dans le n'importe quoi, trop rapidement.
Aussi, si le film parle de zombie, on n'en verra pas plus de deux ou trois à l'écran, à contrario on en apprendra davantage sur le procédé de « zombification », ce qui est plutôt rare, il faut le reconnaître.


Le personnage de Bill Pullman oscille constamment entre le rêve et la réalité et aucun de ces domaines ne lui semble bienveillant. En ce qui concerne le « monde réel », il doit faire face à la forte oppression instaurée par le dictateur au pouvoir, sans oublier qu'il est le seul blanc dans une contrée où la peau d'ébène est de rigueur...

En rapport au monde onirique maintenant ; au cours de ses perégrinations, il devient rapidement victime de violentes crises d'hallucinations : les meubles se mettent à bouger, les morts se lèvent de leur tombe...
Mais est ce vraiment un rêve?
Souvent on est en droit de se le demander vu la manière réaliste dont ils sont mis en scène. Pas étonnant quand on sait que c'est Wes Craven qui tient la caméra.

Wes Craven ; le maître du slasher (la trilogie « Scream », « La colline a des yeux...) et le papa de Freddy Krueger.
Or comme avec l'homme au pull over le plus célèbre du cinéma fantastique, Craven prend un malin plaisir à ne pas montrer de différences, qu'il s'agisse de la réalité ou du rêve (ou plutôt du cauchemar). Ainsi, on ne se rend compte que l'on s'est fait avoir seulement au moment où le personnage se réveille en sueur.
Il est trop fort ce Wes!

Oui mais, le problème c'est que les deux, trois premières fois on marche, on tombe dans le panneau, mais au bout de la cinquième, ce n'est plus un cri que l'on pousse, c'est un baillement...
Mais à partir de là, le scénario prend une autre tournure et les cauchemars deviennent un élément clé du scénario. L'occasion de les découvrir sous un autre angle.

Comme toujours chez Craven, les effets spéciaux sont assez réussis et remarquablement bien employés, même si plus de 20 ans plus tard -1987- on distingue parfois un peu trop les masques en caoutchouc.
En revanche, on peut regretter une fin typiquement américaine qui sombre malheureusement dans la surenchère.


Pour autant, « L'emprise des ténèbres » demeure un film effrayant.
La réalisation joue sur l'authenticité et la bande son utilise à merveille les battements de coeur et les rythmes obsédants de Brad Fiedel (« Terminator »!).
Le mélange « géo-politique, magie noire et carthésianisme convaincu » crée une ambiance particulière et surtout inattendue pour un film de ce genre.


Certains films de Wes Craven ont installé la réputation du maître au détriment d'autres de ses oeuvres dont personne n'a entendu parler.
« L'emprise des ténèbres » est l'un de ces films méconnus mais qui méritent une seconde chance.
En dépit d'un rythme en dents de scie et d'une fin ringarde, le film passionne par son approche réaliste de la magie vaudou et par la qualité de sa mise en scène. Perturbant mais prenant!

Note : **

Pour un garçon




Séduisant trentenaire, Will est un dragueur oisif et heureux de l'être. Adepte des aventures sans lendemain, il trouve un nouveau moyen de multiplier ses conquêtes : fréquenter les réunions de mères célibataires en s'inventant un fils imaginaire. Ce qui va l'amener à rencontrer Marcus, un gamin de 12 ans un peu spécial...





Encore une comédie romantique avec Hugh Grant dans le rôle principal...

Chris et Paul Weitz, les réalisateurs et scénaristes du film, sont responsable de la comédie à succès American Pie.
Entre eux et l'acteur, la relation semble assez inquiétante aux premiers abords.
Que vont ils bien pouvoir nous concocter?
Entre un film drôle mais délibéremment terre à terre composé de blagues lourdingues et d'allusions sexuelles à tout bout de champ et un tombeur spécialisé dans les rôles de dragueur sans foi ni loi, le résultat est à craindre. Les deux univers ne semblent pas si évidents à relier...

Avec autant d'appréhension, on ne peut être que soulagé en voyant le résultat. Car non seulement, le film est réussi mais il s'embarque sur des sentiers battus dont on n' attendait rien.


Son succès vient avant tout d'un scénario aussi surprenant qu'intelligent. Le film est tiré du best seller de Nick Hornby qui raconte l'histoire de ce fringuant jeune coq londonien qui collectionne les conquêtes et qui, le reste du temps, ne glande rien.
On attendait Hugh Grant dans le rôle qui le suit depuis le début de sa carrière ( "4 marriages et 1 enterrement", "Le journal de Bridget Jones", "Coup de foudre à Notting Hill"...) : playboy de ses dames, irrésistible et narcissique.
Pourtant, il décide de casser le moule pour s'aventurer dans un genre qu'on ne lui connaissait pas : le type superficiel, l'enveloppe vide qui ne se soucie que de son petit confort personnel.
Bien évidemment il reste toujours aussi macho et séduisant, mais à son personnage de charmeur invétéré, il ajoute un air décontracté et des attitudes je-m'en-foutiste qui le rendent génialement détestable.

De plus, le ton profond de sa voix off « so british » nous accompagne tout le long du film reflétant ses pensées ironiques (il dit oui alors qu'il pense non), ses commentaires déplacés qu'il préfère garder pour lui et un cynisme à l'épreuve des balles.
De même pour la voix de Marcus, joué par le débutant Nicholas Hoult.

C'est toujours risqué de confier un premier rôle à un enfant surtout vu que le public doit le supporter jusqu'à la fin du film. Ni insupportable par ses gamineries, ni mauvais acteur, Hoult se révèle un excellent choix de casting. Il est totalement crédible dans la peau de ce pauvre gosse martyrisé à l'école, élevé seul par sa mère, sorte de hippie dépressive constamment au bord de la crise de nerfs (Toni Colette, remarquable).

Et si le titre s'appelle« Pour un garçon », il y a bien deux garçons dans le film.
En célibataire endurci et fier de l'être, Will n'est pas plus mature que Marcus, il n'a aucun sens des responsabilités.
N'ayant nul besoin de travailler, il passe son temps vautré sur le canapé à regarder « Des chiffres et des lettres », à jouer au billard et à mater des films en fumant un joint.
Ironiquement, c'est d'ailleurs en regardant "Frankenstein", qu'il va se rendre à quel point sa vie est plate et qu'il aurait bien besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer. C'est alors que Marcus débarque dans sa vie...

Il y a des gens qui adorent les gosses. Quand ils voient un petit bout de chou, ils accourent vers lui et lui font faire l'avion ou lui font des grimaces. Will, non.
Alors que faire quand Marcus décide inopinément de s'installer chez lui?
Sans trop en dire, les relations que ces deux là entretiennent sont du genre plutôt excentriques et tous deux vont mener un sacré numéro d'acteur.



Il n'y a qu'à observer la jaquette du DVD pour se rendre compte que le film a été vendu comme une énième comédie romantique, légère et sans prétention.
C'est le grand réalisateur/acteur comique Mel Brooks qui disait : « Les meilleures comédies sont toujours celles qui traitent des sujets les plus graves ». Et dans ce film, c'est le cas.
Bien que l'on rigole souvent, le scénario traite malgré tout de sujets très sérieux, comme le rejet social, la pauvreté, l'indifférence ou encore le suicide.
Chaque personnage dans le film traverse une mauvaise passe.

Ce genre de film est très difficile à réaliser car il faut constamment jongler entre la drôlerie et le pathétique. Le danger est justement d'en faire et trop et de tomber d'un coté ou de l'autre de la barrière.
Mais les frères Weitz s'en sortent avec une élégance dont on ne les savait pas capables. Le film est donc sincère et émouvant et certains moments sont réellement poignants. On peut même affirmer que la tristesse nous relie plus facilement aux personnages et permet de faire ressortir la comédie.

Moments de comédie, qui jouent autant sur les dialogues que sur la réalisation elle même. En tant que metteurs en scène expérimentés, les frères Weitz s'autorisent des arrêts sur images (pile aux moments opportuns) et des mouvements de caméra inattendus (renversés, tête en bas).


On pourra reprocher quelques longueurs ici et là mais le scénario réussit à fusionner des scènes d'un humour détonnant à une sensiblité touchante sans jamais sombrer dans l'excès.
Un regard nouveau, tendre et lucide sur la vie des célibataires.
Une belle surprise.


Note : ***

Teeth



Dawn est une adolescente qui essaie tant bien que mal de contenir sa sexualité naissante en étant une des membres les plus actives du club de chasteté de son lycée. Etrangère à son propre corps, la prude découvre que son vagin a la particularité d'avoir des dents...




-Bonjour je m'appelle Dawn et je suis contre le sexe pré-marital.
Hier j'ai été tenté par un garçon mais j'ai résisté car je suis pure.
-BONJOUR DAWN.
-On applaudi Dawn qui vient de nous rejoindre. N'oubliez pas : la pureté avant tout!


J'avais lu d'assez bonnes critiques du film et le sujet ne m'a pas laissé indifférent.
Ouvertement sexué et sexuel, le scénario osé avait largement de quoi proposer un film intelligent et mordant (c'est le cas de le dire) sur l'abstinence et les relations sexuelles dans le monde des ados.
Les films de vampire ont toujours été reconnus comme des métaphores sur les maladies sanguines ou le Sida. Les vampires symbolisent avant tout la débaucherie et la luxure réprimées par la société et ses valeurs conservatrices. Il est donc normal, qu'ils soient présentés comme des monstres sanguinaires et pervers et dont seule la foi en Dieu peut en venir à bout.

De même, ce vagin muni de canines représente à la fois la peur de perdre sa virginité pour les filles, et l'angoisse de la castration pour les garçons.
Le film fait souvent référence à la mythologie et aux divinités antiques, comme la gorgone, sans oublier les nombreuses allusions à la religion catholique et au puritanisme.
Autrement dit, le film partait avec un grand de nombre de notions qu'il aurait été passionnant d'exploiter.

Je parle au conditionnel car dans la pratique, ces idées ne sont que jetées à droite à gauche sans lien logique et ne sont jamais mises en relation de manière convaincante.
A propos du scénario lui même, on passe son temps à se demander où le réalisateur veut en venir.


8 minutes 33 secondes! C'est le temps que j'ai tenu (générique compris) avant d'être sûr à 100% de la note que j'allais mettre au film. J'aurais pu arrêter là, je n'aurais rien manqué et je me serais éviter un paquet de crises de nerf!
Mais quand je regarde un film, quoi qu'il arrive, je fais l'effort de le « regarder » jusqu'au bout. Au pire je m'endors.
J'ai survécu à « Camping » et à « D War », ce n'est pas ce film qui va me faire peur.
Je dois être un peu maso sur les bords...

« Teeth » est donc un film d'horreur. Ou pas.
Ah oui, ça commence mal je ne vous le fais pas dire...
Imaginez un film de monstre où on ne voit JAMAIS le monstre et vous aurez déjà une vague idée de la mise en scène.

Rappelez vous « The Big Lebowski » et la tirade de Julianne Moore sur le vagin : il paraît que la plupart des hommes n'osent même pas prononcer le mot.
Le film le confirme lors de la scène où le professeur d'éducation sexuelle se met à bafouiller lorsqu'il s'agit de dire le mot.
Mais le réalisateur, fait encore mieux : il n'ose même pas le montrer!
Voir un gros plan d'un vagin avec des dents en plastique ou en images de synthèse n'a en soit aucun intérêt, certes, mais vu que le film repose essentiellement sur la « créature », si elle n'apparait pas à l'écran comment voulez vous qu'on ait peur, même un minimum?

Ingénieux le réalisateur a une idée géniale. Il va suggérer les attaques du « monstre » par la musique. Audacieux, en effet. Il est évident que le TATATAAAAN crispant qui retentit au cours de chaque séquence choc (si on peut aller jusqu'à les appeler comme ça) nous fera bondir d'effroi à coup sûr...
Mais le pire dans tout ça c'est la cruelle absence de suspense du début à la fin.
Le monstre n'attaque que lorsqu'il se sent menacé. Ou plutôt quand Dawn se sent menacée : pendant la pénétration, quoi.

Pour un film qui se veut subversif et choquant, le réalisateur n'ose même pas montrer les organes (reproducteurs) pendant l'acte. On assiste donc à des scènes de sexe digne du film érotique du dimanche soir, où absolument RIEN n'est visible à l'écran (une paire de sein en tout et pour tout!). Tout d'un coup l'insoutenable TATATAAN se fait entendre et les acteurs de pousser des cris hystériques jusqu'à ce qu'un morceau de pénis ensanglanté tombe sur le sol.
Une fois, ça nous la coupe, trois fois ça nous les casse!

Au passage, je n'ai jamais eu l'occasion de vérifier mais je me dis que si on coupe le pénis d'un homme pendant qu'il est en érection, il doit certainement se vider d'un minimum de sang.
Ma théorie n'est pas fondée mais impossible de croire une seconde à ces demeurés qui restent là à s'apitoyer sur leur triste sort, grimaçant à peine de douleur...

Bref aucune originalité dans la mise en scène et pas le moindre suspense à l'horizon. On sait que le type va avoir la queue coupée au bout du compte mais on nous oblige malgré tout à supporter les amourettes ridicules des personnages, les premiers émois et l'acte lui même.

Ah, vous pouvez aller passer faire le repassage, aller boire un coup, fumer une clope sans mettre le film en pause, vous ne raterez rien. En 1h, le-scénario-n'avance-pas-d'un-iota!
S'il est censé faire peur c'est complètement raté. Même les effets de castration sont plus glauques qu'effrayants.


« Teeth » est sans conteste un film pour ados. S'il ne rempli pas son rôle de film d'horreur, peut être s'en sort-il mieux dans la genre de la comédie romantique.

- Comédie? Certainement pas. Si le film est (TRES rarement) drôle, c'est malgré lui.
- Romantique? Alors là, oui et pas qu'un peu. L'amour et le sexe sont évidemment le sujet principal du film. On s'embrasse goûlument, on se dit des mots doux, on s'enlace tendrement à la lumière des bougies...
Non romantique, n'est pas le mot exact. Mièvre! Ca, ça colle déjà plus à l'ambiance. Et débile aussi.

L'héroine, nunuche et crétine, milite fermement contre le sexe pré-marital.
Ca on le sait. Mais alors pourquoi elle se tape 3 mecs au cours du film?
Elle a beau prévenir ses partenaires de sa dentition particulière, c'est pas grave, ils rentrent leur engin sans se soucier du reste.
Au passage, magnifique représentation des fidèles adhérents à la lutte de Dawn, tout droit sortis d'une secte...

Quant aux personnages eux mêmes, ils font les frais des plus beaux clichés du moment.
Les mecs c'est tous des salauds c'est bien connu. Et puis on sait tous qu'ils ne pensent qu'à une chose...
Dans le film du moins c'est le cas. Entre tentative de viol, chandelles et verre de champagne ou carrément inceste, tous les moyens sont bons pour profiter du corps de Dawn.
Mais le plus beau, c'est quand même le frère de Dawn, caricature Hénorme du métalleux de base.
Les personnes qui écoutent du métal sont tous des pauvres cons violents et misogynes, bien entendu. On n'hésite pas à lâcher son molosse sur son père et à faire ch...enquiquiner sa soeur sous pretexte qu'elle refuse de céder à nos avances.
C'est peut être écrit dans la Bible et tout le monde y croit, allez savoir...

Si la mise en scène est plate, que dis-je, molassonne, le réalisateur filme en utilisant une lumière crue et fade à la fois qui donne litéralement envie de vomir.
Et s'il paraît que les jeux vidéos rendent violents, je peux vous assurer en tout cas que les acteurs, insupportables dès les premières secondes, donnent des envies de meurtre!


J'ai déjà vu des mauvais films mais « Teeth » est une surprise à part entière .
Le film réussit l'exploit d'ennuyer ET d'énerver. Sans scénario, sans talent et sans intérêt il permet en plus « d'apprécier » de superbes clichés de société et possède certains des morceaux de musique les plus exaspérants qu'il m'a été donné d'écouter dans un film. Chapeau!

Peut être que le film s'adresse plus aux filles et qu'elles se reconnaitront dans le personnage de Dawn. Peut être pas. Plus de 15 ans, passez votre chemin.

« Pegguy, Tu sais ce que c'est qu'un sexe d'homme. Ne t'en approche pas! » ( dialogue tiré de "Pegguy Sue s'est mariée")
Vous aussi, restez loin de cette...chose!

Note : 0

Metal Hurlant




Loch-Nar, l'esprit du mal, sème la peur, la destruction et la mort chez les hommes assoiffés de pouvoir...




« Metal Hurlant » (« Heavy Metal » en anglais) est avant tout un magazine de comic books apparu au début des années 80, mélangeant avidement les tendances anti-conformistes de l'époque, « Sex, drugs et rock n' roll », dans un univers allant de la fantasy à la science fiction.
Les rédacteurs et illustrateurs du magazine faisaient partie du baby boom, la génération d'après guerre. Avides de nouveautés et de sensations fortes, ils se sentaient prêts à aller plus loin que la normale, à transgresser les limites : violence, gore, érotisme le tout baignant dans un humour absurde et cynique.

Dans une certaine mesure, on peut comparer la revue «Heavy Metal » à notre « Hara Kiri » national, qui aura fait couler lui aussi beaucoup d'encre.
Le dessin animé « Métal Hurlant » est donc un concentré de cette culture iconoclaste et fière de l'être.


Dans le monde de l'animation gouverné alors par la toute puissante firme Disney, « Metal Hurlant » fait figure d'ovni. Une oeuvre on ne peut plus audacieuse pour son époque.
Son scénario minimaliste est en fait divisé en une série d'histoires courtes qui n'ont de relation entre elles que le Loch-Nar : une grosse boule verte censée représenter l'incarnation du mal.
Chacune de ces histoires est une oeuvre unique, tant au niveau des graphismes que de l'animation elle même.
La grande qualité de « Metal Hurlant » c'est qu'on ne sait jamais ce qui va se passer, quelle sera la prochaine histoire et à quoi elle ressemblera.
C'est l'occasion de vivre une expérience totalement différente à chaque fois.

Parmi les 6 histoires que composent le film, chacun aura sa favorite mais toutes rivalisent de style et d'imagination : chacune possède son ambiance et son idendité propre.
« Harry Canyon », l'histoire d'un chauffeur de taxi dans un New York futuriste, fait penser à la fois aux vieux polars et aux films de science fiction d'anticipation.
« Taarna «  est un « Nausicaa » sous acide, quant à « Den », c'est la représentation par excellence du fantasme masculin (un jeune geek se retrouve projeté dans une autre dimension dans la peau d'un éphèbe courtisé par les plus belles femmes et devient le sauveur du monde).

La séquence d'introduction est un émerveillement tant les graphismes sont bluffants et chaque histoire, mise en scène avec une imagination folle, possède son lot de références évidents.
Certaines jouent uniquement sur un humour débridé et absurde : « So beautiful, so dangerous » et son vaisseau spatial en forme de smiley géant ou « Captain Stern » et sa course effrénée dans une station orbitale.
D'autres sont plus atmosphériques comme « B-17 », digne d'un épisode des « Histoires Fantastiques ».
Les paysages désertiques de « Tarnaa » sortent tout droit d'une oeuvre de Miyazaki ou de Moebius et les gros plans sur les visages rappellent les westerns spaghetti de Sergio Leone.

Quand au New York de « Harry Canyon » si l'on pensera tout de suite à « Blade Runner » et sa ville-poubelle, il faut savoir que « Blade Runner » n'est sorti qu'en 1982, après « Metal Hurlant » (1981) donc.
On peut se demander si Ridley Scott n'était pas lui même un grand fan du magazine « Heavy Metal »...


Techniquement, c'est du grand art. Si certains illustrateurs font dans le dessin classique, d'autres choisissent une esthétique plus fouillée et laissent délibéremment apparaître leurs traits. On a parfois réellement l'impression de voir une BD prendre vie sous nos yeux.
L'utilisation de la caméra multiplane permet de créer des images avec une profondeur de champ saisissante et si le dessin occupe la majorité de l'écran, les rares effets spéciaux qui interviennent sont absolument magnifiques.
Pas étonnant quand on sait que l'un des responsables est John Bruno, qui travaillera par la suite sur plusieurs films de James Cameron.





Question : Quel est le point commun entre «Ghostbusters » et « Heavy Metal »?

Réponse : Ivan Reitman, réalisateur du premier et producteur du second.
Non seulement, il a réuni l'argent pour que le film se fasse mais il a fait entrer quelques connaissances sur le projet.
A l'époque de la création du film, Ivan Reitman n'a pas encore connu le succès de « Ghostbusters ». Il est en train de tourner « Stripes », une gentille comédie sur l'armée avec le déjà irremplaçable Bill Murray.

Travailler sur les deux films à la fois lui permet de trouver des doubleurs plus facilement.
Il récupère donc Harold Ramis et John Candy de « Stripes » et utilise leur voix dans « Metal Hurlant ».
Les acteurs sont parfaitement convaincants.
Si les voix françaises sombrent parfois dans la caricature facile, les doubleurs originaux insufflent une vraie passion à leurs personnages.

Reitman qui travaille déjà sur « Stripes » avec le célèbre compositeur Elmer Bernstein, l'engage pour s'occuper de la musique de « Metal Hurlant ».
Conscient de l'importance de son rôle, Bernstein ne se repose pas sur ses lauriers (plusieurs nominations aux oscars) et crée une bande son exceptionnelle dont les envolées héroiques frolent parfois la caricature (le thème de Den, volontairement exagéré), parfois le génie (la musique du segment de Tarnaa s'approche autant de « Dark Crystal » que de « Conan le barbare »).


Mais « Heavy Metal », comme son nom l'indique, c'est aussi l'un des rassemblements les plus importants des groupes de hard rock/métal des années 70, chacun composant un morceau inédit pour le dessin animé. Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Trust, Nazareth...les amateurs seront aux anges!
Musique contestataire par excellence, non seulement le rock sied à merveille à l'ambiance outrageusement décalée de l'oeuvre mais réussit à augmenter l'impact de la vision des dessinateurs.

Portées par les morceaux endiablés, le dessin animé semble devenir un immense concert illustré par les plus grands illustrateurs de science fiction de l'époque.
On se laisse transporter avec plaisir dans ces mondes parallèles, ces contes de fée pour adultes.
Tant et si bien que quand Loch Nar annonce que la dernière histoire approche, on a le même sentiment que quand un groupe qu'on apprécie nous dit qu'il va chanter sa dernière chanson : on n'a pas vu le temps passer et on aimerait que ça dure encore longtemps...




A tenir éloigné des enfants, « Metal Hurlant » n'est pas un dessin animé comme les autres, c'est le reflet d'une époque désireuse de briser ses chaînes. Déjà vieux de plus de 20 ans, « Metal Hurlant » a ses défauts mais on ne pourra pas reprocher à ses créateurs d'avoir fait preuve de sincérité.
Chacun est resté fidèle à ses convictions sans chercher à plaire au plus grand nombre.

Une oeuvre culte mais qui divise forcément. Certains lui reprocheront ses graphismes d'un autre âge et son scénario ringard, d'autres découvriront une oeuvre fabuleuse et dépaysante comme jamais.

A une époque où les films animés par ordinateur se multiplient, c'est l'occasion d'admirer le travail à l'ancienne et le talent d'une équipe peu ordinaire qui a su capter l'essence même des comic books.
Presque 30 ans après sa sortie, le film surprend encore par ses qualités visuelles et sonores, son humour irrévérencieux et surtout sa liberté de ton.
Une superbe réussite!

Note : ****

samedi 2 mai 2009

Le Monde Perdu



Quatre ans ont passé depuis le désastre de Jurassic Park. Sur Isla Sorna, une île déserte avoisinant celle d'Isla Nublar, vivent d'autres dinosaures. Afin de renflouer la compagnie InGen, Peter Ludlow, neveu de John Hammond et homme d'affaires cupide, projette de monter une expédition qui ramènerait des dinosaures herbivores. Ces derniers peupleraient un nouveau parc dans la ville de San Diégo. Soucieux de préserver l'île, Hammond, récemment démis de la présidence d'Ingen, sollicite Ian Malcolm, rescapé de Jurassic Park, pour qu'il prenne la tête d'une équipe qui étudierait le comportement des dinosaures dans leur environnement. Sur place, les deux groupes vont d'abord s'affronter avant de s'unir face au danger majeur que représente la faune de l'île...



1993, Steven Spielberg explose le box office en mettant en scène les dinosaures les plus réalistes jamais vus sur un écran.
1996, il remet le couvert!

« Le Monde Perdu » est donc la suite du film « Jurassic Park » mais c'est aussi l'adaptation du roman homonyme du célèbre écrivain Michael Crichton, lui même suite directe de son premier roman (toujours « Jurassic Park »)...vous suivez?


Soyons honnêtes, le premier film, brillantissime, se suffisait à lui même.
Le seul intérêt de cette séquelle est d'engranger un max de pognon avant que la série ne s'essouffle. Autant éviter tout suspense et couper court à la conclusion évidente qui s'impose : oui, « Le Monde Perdu » est inférieur au premier film. Voilà c'est dit.
Même le grand Spielberg ne peut pas toujours réussir son coup. Le film est-il mauvais pour autant? Loin de là!

Si « Jurassic Park » reste un modèle du genre aussi bien au niveau de la tension de certaines scènes, que de la maîtrise de la narration, « Le Monde Perdu » est plus une série B à gros budget qui s'assume.


Spielberg, qui n'a rien tourné depuis 3 ans, apprend donc que Crichton se lance dans la suite de son best seller et décide de travailler en coordination avec lui afin de le mettre en scène une fois terminé.
Il a conscience de l'attente grandissante du public et sait que chacun dans sa tête a déjà fait son propre film (c'est le cas de le dire).
Ne pouvant pas satisfaire tout le monde, il prend en compte de garder les ingrédients essentiels qui ont fait le succès du premier opus tout en intensifiant l'humour, l'action, les dinosaures...bref ce qui fait l'intérêt d'une suite.

On retrouve donc le personnage de Ian Malcolm, joué par le trop rare Jeff Goldblum, en route pour un second tour de manège, avec en prime sa petite amie ( rayonnante Julianne Moore), sa fille et deux ou trois autres casse-croûtes en sursis.
Parmi eux, on appréciera les débuts de Vince Vaugh, dans un registre plutôt inattendu.
Quand on pense que par la suite il deviendra le partenaire de Owen Wilson et Ben Stiller dans d'innombrables comédies...

Du côté des seconds rôles, on est aussi bien gâtés : si le riche excentrique John Hammond (Richard Attemborough) fait une amusante mais courte apparition, Peter Stormare et l'excellent Pete Postlewaite se prêtent admirablement à l'aventure. Postlewaite est vraiment charismatique et il arrive sans peine à voler la vedette aux plus connus. Quant à la fameuse scène avec Stormare elle met assez mal à l'aise : vous ne regarderez plus un poulet de la même façon...

Voilà tout ce petit monde lâché en pleine cambrousse avec plein de machoîres acérées qui leur en veulent. Et ce sera tout pour le scénario.
Si avec son roman de plusieurs centaines de pages, Crichton peut se permettre d'étoffer les situations, Spielberg n'a que deux heures devant lui et il doit remplir son cahier des charges, tant au niveau de l'action que des effets spéciaux. L'histoire vient donc au second plan : avec autant de personnages à l'écran, impossible de travailler la personnalité de chacun alors on dispose quelques signes distinctifs ici et là pour tenter de les différencier.



Mais trève de bavardage, les stars du film se sont les dinosaures non?
Si dans « Jurassic Park », ces derniers étaient incroyablement réalistes, ici on passe au cap supérieur. Non seulement les images de synthèses ou l'animatronique les rendent terriblement convaincants mais les effets sonores (leurs cris entre autres) leur crée une « personalité » unique. On est loin du gloubiboulga de synthèse de Peter Jackson ("King Kong") où tout le monde se ressemble plus ou moins...

Mais ce qui surprend le plus c'est leur intéraction avec le décor et les acteurs. L'équipe technique de Michael Lantieri, Stan Winston et Dennis Murren a accompli un boulot absolument stupéfiant.
« Le Monde Perdu » offre en plus une bonne dizaine de nouvelles espèces de « reptiles sauriens » : les Stegosaures, Triceratops et autres Compsognatus prennent littéralement vie devant nos yeux!

En parlant de l'équipe technique, il faut signaler que Spielberg travaille avec les mêmes personnes depuis un bout de temps. C'est donc sans surprise que l'on retrouve entre autres Janus Zaminski à la photographie, Michael Khan au montage, John Williams à la musique (qui nous gratifie d'une bien belle ambiance safari) et David Koepp au scénario.
On ne s'étonne même plus de l'impeccable travail effectué par la fine équipe, tant au niveau visuel que sonore. Seul le scénario pêche parfois par excès de zèle...



Pour parler du film lui même maintenant, pour l'apprécier il faut le prendre comme une grosse série B qui ne se prend pas au sérieux. « Le Monde Perdu » est en effet un savant mélange de frisson et d'humour qui n'a qu'un but (à part remporter le pactole) nous faire passer un bon moment.
Spielberg dit : « Ma grande priorité a toujours été le public. Pour « Le Monde Perdu » j'ai avant tout voulu plaire au public ».

Ian Malcolm devient donc un émule d'Indiana Jones et de ses fameuses « one-liners » (qu'on peut traduire par « répliques qui tuent »!). Malcolm est constamment en train de râler et de faire son cynique, il n'a qu'une envie c'est se tirer de là le plus vite possible et il le fait explicitement savoir.
Jeff Goldblum est visiblement ravi de retrouver son personnage et nous de rire aux éclats chaque fois qu'il lui arrive une tuile.


Parce que le suspense a beau être présent, voire pesant (la scène du ravin), on a rarement peur pour les héros vu qu'ils peuvent distancer un T-Rex à la course et traverser des fenêtres comme si elles étaient en sucre glace.
Et puis chaque fois qu'un type se fait croquer, la scène est toujours un poil comique (le type qui va pisser, celui qui reste collé sous la semelle du T-Rex, l'autre qui reste là à crier pendant qu'un Vélociraptor s'apprête à lui bondir dessus, l'idiot du village et son serpent...).

Le film joue d'ailleurs sur une ironie assez sadique dont le personnage d'Eddie Carr fait les frais : le pauvre type aura tous les malheurs su monde à sauver ses amis avant de se faire bouffer misérablement dans sa voiture (voiture-Carr, humour) sous prétexte que le minuscule bout qui dépasse de son fusil s'est coincé dans un filet et qu'il ne peut pas l'utiliser à bon escient. C'est vraiment pas de bol...

Bref, Spielberg prend bien soin de relâcher l'ambiance avant de rentrer dans le vif du sujet.



En revanche, il multiplie avec un bonheur non dissimulé les séquences d'action pure, comme la magnifique chasse dans la plaine ou l'attaque dans le camp où l'on apprend que les jeeps ça vole vachement plus haut qu'on pense...
Sans oublier la célèbre séquence à San Diego!

Là, Spielberg est dans tous ses états et multiplie les références faciles mais toujours réjouissantes : si le titre « « Le Monde Perdu » est certainement un hommage au roman de Sir Arthur Conan Doyle, le T-Rex qui hurle dans la nuit est un clin d'oeil évident à « King Kong ». Et que dire de ce plan où des hommes d'affaires japonais détalent dans les rues en criant face à la caméra comme dans les vieux « Godzilla »...
La scène avec le bus est géniale et Spielberg ne sauve même pas le chien à la fin!

Bref Spielberg, en grand enfant, s'amuse et ne cherche qu'à nous faire prendre notre pied.



Vu comme ça on pardonne les rares fautes de goût (LA scène de gymnastique et le coup de « Maman il y a un dinosaure dans le jardin ») et les incohérences dues à une mauvaise adaptation du roman par faute de temps ou de moyens
(dans le roman on comprend que les membres de l'équipage ont été tués par des raptors embarqués, dans le film on nous fait gober que le T-Rex, du haut de ses 6 mètres, s'est faufilé dans la cabine de contrôle, a croqué tout le monde en prenant bien soin de laisser une main accrochée bien en évidence au gouvernail avant de retourner tranquillement à l'arrière afin de mieux digérer...).



Si « Le Monde Perdu » ne satisfera pas toutes les attentes, il faut reconnaître qu'il est bien joué , souvent très bien filmé et qu'il bénéficie d'effets spéciaux hors pairs.
Site B, série B. C'est ce qu'il faut se dire. En comprenant ça, on voit le film sous un autre angle et on prend un vrai plaisir à suivre les aventures de Malcolm le cynique et de ses joyeux compagnons.

Note : ***

Mulan




Mulan est une jeune chinoise, fille unique d'une famille noble. Lorsque la guerre éclate avec les Huns, menés par Shan Yu, une homme est réquisitionné dans chaque famille pour défendre le pays. Afin d'éviter à son père malade de partir au combat, Mulan décide de prendre sa place en se faisant passer pour un homme.
Si l'on découvre sa véritable identité, sa famille sera déshonorée et elle, exécutée...




Inspiré d'un poème chinois, "Mulan" est le 54ème long métrage d'animation de Disney. Si les traditions chinoises jouent un rôle important avec notamment des thèmes comme l'honneur, le sacrifice de soi et la place des femmes dans la société, "Mulan" porte définitivement la patte Disney.
Sur la même lancée que "Hercules" sorti un an plus tôt, le film s'approprie le sérieux de la culture et de la mythologie chinoise pour arroser le tout d'un humour irrévérencieux très appréciable : le père de Mulan se retrouve à prier entouré de poules qui picorent et le dragon protecteur de la famille devient un lézard de poche aussi bavard que maladroit.

Mulan est une fille aussi charmante que raffinée et c'est d'autant plus drôle de la voir se transformer en vrai goujat quand elle se fait enrôler dans l'armée. Elle fait connaissance avec de vrais idiots, bagarreurs mais loyaux, et surtout avec le beau Shang, capitaine des troupes.
De son entraînement laborieux jusqu'au dénouement sans surprise, on prend plaisir à suivre ses aventures, d'autant que Mushu et le criquet porte bonheur qui l'accompagnent font office de partenaires de choc. Si ce dernier ne parle pas, Mushu lui ne s'en prive pas pour donner son avis sur tout et surtout pour donner des conseils plus ou moins avantageux pour Mulan.
Doublé avec brio en français par José Garcia et en anglais par Eddy Murphy, le personnage de Mushu est une boîte à rire sur pattes et chacune de ses interventions donne l'occasion de se poiler un bon coup.


Comme souvent chez Disney, le méchant subit une attention particulière et Shan Yu possède un design parfait. Mélange idéal entre un Conan asiatique et un vampire assoiffé de sang, son visage est aussi effrayant que charismatique. Son rôle est résumé à celui de simple brute mais son apparence seule suffit à déclencher l'engouement. Dommage qu'il n'apparaisse pas plus souvent à l'écran...


La réalisation n'est pas en reste est s'offre même une scène de bataille aussi impressionnante que brève : la charge dans la montagne, savant mélange de 3D et de dessin traditionnel, est certainement le morceau de bravoure du film.


Bien que l'ambiance soit souvent à la légèreté, l'émotion est bien présente, véhiculée par une mise en scène inspirée et une musique magnifique.
Comme tous les classiques de Disney, "Mulan" contient son lot de chansons plus ou moins entraînantes dont "I'll make a man out of you" et le final ("True to your heart") en sont le point d'orgue.

Quant à la musique, pas de Alan Menken ("Aladdin", "la Petite Sirène") ou de Hans Zimmer ("Le Roi Lion") sous la main mais Jerry Goldsmith fera l'affaire.
Avec plus de 100 musiques de film à son actif, Goldsmith reste l'un des compositions les plus célèbres du cinéma.
Majestueuse, épique et dépaysante, la musique de "Mulan" vient rejoindre la vingtaine de nominations aus oscars qu'il a reçu durant sa carrière.




Héros (héroïne, pour l'occasion) naïf, épreuves à surmonter, chansons, histoire d'amour, morale facile, émotions, combat final entre le bien et le mal et bien sûr humour : le cahier des charges Disney est respecté à la lettre.
"Mulan" n'atteint pas les cimes d'un "Roi Lion" mais reste un très bon dessin animé pour petits et grands. Un divertissement de qualité.

Note : ***

Boulevard de la mort



Stuntman Mike sillonne les routes en tuant les femmes qu'il trouve sur son chemin. Pour cela il a une méthode bien particulière : il se sert uniquement de sa voiture.




Le nouveau film de Quentin Tarantino.
Les grands fans de « Pulp Fiction » et de « Kill Bill » seront probablement déçus de la part de l'enfant terrible du cinéma qui revient moins en forme que d'habitude.
Mais il faut connaître l'histoire du film pour mieux le comprendre.

Au départ Quentin Tarantino et Robert Rodriguez avaient l'intention de faire chacun un film rendant hommage aux sérials des années 70, des films violents et gores, sans scénario ou presque, avec pour personnages principaux des loubards charismatiques ou des bombes à grosse poitrine.
Leur projet prend forme et s'appelle « Grindhouse ».
Le segment réalisé par Rodriguez est « Planet Terror » et celui de Tarantino s'appelle « Boulevard de la mort ».
Chaque film ne dure qu'une heure et va donc a l'essentiel, se concentrant sur l'action pure.

Malheureusement, en passant par la case "commercialisation européenne", les réalisateurs décident d'exploiter chaque film séparément : chacun tourne alors des scènes supplémentaires pour atteindre une durée minimale d'1h30, voire 2h en ce qui concerne le segment de Tarantino.

1 heure supplémentaire de quoi? De dialogues interminables entre poufs vulgaires qui s'éclatent à énumérer leur conquêtes amoureuses et les positions qu'elles aimeraient essayer. Les scènes arrivent comme un cheveu sur la soupe et monopolisent quasiment la moitié du film.
Ces dialogues ne renforcent même pas la personnalité des héroines et ne rajoute certainement pas de l'intérêt au scénario déjà minimaliste...

Voilà pour le gros point noir du film.


Passé cette déception, on retrouve un Tarantino pur jus qui se fait plaisir avant tout.

« Boulevard de la mort » est pour ainsi dire un pot pourri de toute la culture Tarantinesque, en particulier, donc, les sérials des années 70.
Les héroines sortent tout droit d'un film de Russ Meyer, les poursuites automobiles tiennent autant de « Mad Max » que de « 60 secondes chrono » et la fin est directement tirée de « Faster Pussycat Kill Kill ».

Mais le pire c'est que Tarantino cite ouvertement les films auxquels il emprunte : entre les filles qui en parlent autour d'une bière, les innombrables affiches sur les murs et les plans remarquablement bien choisis, le film est truffé de références pour cinéphiles avertis.

Le film (la pellicule) lui même fait l'objet d'un soin particulier puisque l'image est parfois traversée par des rayures comme sur les vieux films et on a parfois l'impression qu'il manque un morceau de la pellicule. Tout ceci est évidemment volontaire : Tarantino cherche à mettre le public dans les mêmes conditions qu'il était lui, ado, lorsqu'il se gargarisait de séries B.


Tarantino ne s'arrête pas là. Le casting est à lui tout seul une mine d'or pour les connaisseurs.
Parmi les actrices, il récupère Rose Mc Gowan (« Planet Terror ») et Rosario Dawson (« Sin City ») , toutes deux égéries des films de son ami Rodriguez.

Et en parlant d'ami, qui c'est qu'on croise dans ce bar reculé? Eli Roth!
Qui est Eli Roth? C'est tout simplement le nouveau protégé de Tarantino à qui on doit « Cabin Fever » et « Hostel ». Roth n'est pas vraiment bon acteur mais ce qui compte c'est qu'il fasse une apparition dans le film de son pote.
Tout comme Tarantino lui même qui incarne...un amateur de cinéma!

Quand à Stuntman Mike, il n'est pas interprété par n'importe qui.
C'est l'acteur fétiche du maître du fantastique, John Carpenter, Kurt Russel lui même qui lui prête ses traits burinés.
L'acteur a été une grande star du film d'action pendant un certain temps mais il est pratiquement inconnu de la nouvelle génération.
En le voyant jouer cet ancien cascadeur de cinéma que personne ne reconnaît, impossible de ne pas faire la comparaison avec la carrière de l'acteur lui même.

Je l'ai déjà dit des dizaines de fois mais Kurt Russel est un de mes acteurs préférés. Il pourrait jouer une brosse à dents que j'irais quand même voir son film!
Il fait enfin son grand retour au cinéma et il est comme toujours impeccable.
On sent qu'il est HEU-REUX comme tout d'être là et on prend un plaisir indicible à le voir écraser sadiquement des pauvres décérébrées sans défense.


De la part de Tarantino, la réalisation ne surprend même pas. Léchée, soignée jusque dans les moindres détails que ce soit visuellement ou dans la bande son, le réalisateur effectue un vrai travail d'orfèvre. Chaque plan est une leçon de cinéma, chaque scène est une référence.
En tant que cinéphile boulimique, Tarantino s'amuse à partager son enthousiasme avec le public. S'il multiplie les citations et références aux films de sa jeunesse, il en profite également pour placer des clins d'oeil à ses propres films comme autant d' « inside jokes » que l'on doit reconnaître.
Par exemple, la voiture des filles dans la seconde partie est jaune avec une rayure noire. C'est évidemment une référence à la tenue d'Uma Thurman dans « Kill Bill » (qui est elle même une référence à celle de Bruce Lee).
Quant à la sonnerie du portable, elle ne vous rappelle pas un certain sifflotement bien connu?



Voilà, il y a donc deux façons de voir « Boulevard de la mort ».
La première c'est de regarder le film tel quel en profitant d'une mise en scène parfois viscérale, de la performance sans fausse note de Kurt Russel, tout en râlant sur le trop plein de dialogues parasites.

La seconde c'est de reconnaître le film comme un hommage sincère à un genre disparu, mis en scène par un réalisateur remarquablement inspiré qui prend plaisir à nous faire partager sa passion dévorante.... tout en râlant sur le trop plein de dialogues parasites.

Note : **

Géant




Au Texas dans les années 50, Bick Benedict et sa soeur Luz règnent en souverains absolus sur un immense ranch. Bick y installe Leslie, la fille d'une famille aristocratique rencontrée en Virginie, qu'il épouse sous le regard hostile de Luz et des Texans...




"Géant" c'est d'abord l'histoire parallèle entre une jeune femme de Virginie, Leslie, qui vient s'installer au Texas avec son mari Bick, propriétaire d'un ranch gigantesque et un pauvre cow boy simple d'esprit, Jeff, qui fait soudainement fortune.
Dans le film, Le Texas c'est du bétail et de la poussière à perte de vue. Un soleil accablant et une chaleur étouffante du matin au soir, rien à voir avec la fraicheur de la végétation luxuriante du domaine de Virginie.
Les hommes ne vivent que pour leurs troupeaux et se transmettent leur ranch de père en fils depuis des générations.

Mais le Texas c'est aussi le poids des traditions auxquelles on n'échappe pas, un racisme exacerbé et des mentalités bornées.
Chez eux, qu'ils le veuillent ou non, les fils doivent succèder à leur père et le rôle des femmes se limite à plaire à leur mari et à élever les enfants.
Quant au racisme, ce sont les Mexicains qui en font les frais. Ces "wetbacks" (littéralement "dos-mouillé", ils traversent la frontière à la nage pour pouvoir rejoindre les Etats Unis à la recherche de travail) sont traités comme des moins que rien. La plupart vivent dans la misère et sont emportés par la maladie dans l'indifférence générale.

A peine arrivée, Leslie va donc se retrouver confrontée à ces hommes butés et intolérants dont son mari fait partie intégrante.
Malgré tous les reproches qu'on lui fait, elle finira par donner quelques coups de pied bien placés dans la fourmilière et en femme fière et non-conformiste elle va décider d'améliorer la qualité de vie de ces immigrés, notamment en leur fournissant l'aide d'un médecin.


Entre conflits homme-femme, choc des génrations et rivalité économique, Bick subit de nombreux bouleversements moraux dans sa vie mais c'est ce qui le fera évoluer au cours du film : sa femme comme ses enfants lui font réaliser à quel point ses idées toutes faites sont étriquées.
Lorsque ses enfants naissent, il va se rendre compte que la tradition ne va pas être simple à leur faire accepter.
Son fils ne veut pas prendre la succession du ranch mais devenir médecin, quant à Leslie, elle se lie d'amitié avec les Mexicains et un cow boy qui travaillait pour Bick.

C'est là que débute la seconde histoire : celle de Jett Rink, un cow boy simplet qui par le coup du destin se voit devenir milliardaire suite à la découverte de pétrole sur son terrain.
C'est alors que les rôles s'inversent : Bick perd sa notoriété et le respect de sa famille tandis que Rink monte à la tête d'un gigantesque empire financier.
Mais les deux hommes se rendront compte que l'argent ne fait pas le bonheur....



Penchant nous un peu sur le titre. Géant. Qui est le géant du film?

Dans la première moitié du film; le géant c'est Bick qui possède un ranch de plusieurs milliers d'hectares et dont la fortune colossale le place à la tête de sa communauté. Mais dans la seconde moitié, il laisse malgré lui sa place à Jeff.
Au départ, Jeff ne cherche qu'à s'installer à son compte sur un petit terrain dont il a hérité mais le pétrole qui jaillit de son puit le propulse au rang des plus grandes fortunes. "From rags to riches" comme disent les Américains : du bas de l'échelle sociale il a gravi les échelons et a fait sa fortune.

Pourtant sentimentalement, aucun des hommes n'atteindra son but : à la fin de sa vie, Bick se considèrera comme un raté et Jeff sombrera dans l'alcoolisme et la dépression.

"Giant", ça peut vouloir dire géant OU géante et dans le film Leslie correspond bien au titre : dans un pays aux traditions bien ancrées, elle fera son possible pour faire évoluer les comportements. Elle militera pour des meilleures conditions de vie, en ce qui concerne les Mexicains, et pour son indépendance en tant que femme.

Les personnages sont donc "bigger than life" et chacun mériterait de s'approprier le titre.
Mais les géants sont autant les personnages que leurs interprêtes...

Si Rock Hudson (Bick) joue le rôle principal avec talent, il n'arrive pas à la cheville de James Dean.
Après "A l'Est d'Eden" et "La Fureur de Vivre", Dean crève une fois de plus l'écran dans la peau de Jeff Rink. Dean est considéré comme des plus grands acteurs ayant jamais existé et la personnalité qu'il insuffle à son personnage est juste extraordinaire.
Aussi sensuel que naif dans la première heure, son personnage se changera en un erzats d'un Howard Hugues excentrique, à la limite de la folie.
On ne le découvre pas à l'écran avant une bonne demi heure de film mais une fois qu'il y est, il nous fait oublier tout ce qu'il s'est passé avant.
Comparé aux autres personnages, on ne le voit pas beaucoup mais chacune de ses apparitions est un pur moment de cinéma et malgré sa courte présence, il sera nominé à l'oscar du meilleur acteur.
Sa performance à l'écran reste au delà des mots...

Malheureusement pour ce géant du cinéma, ce sera son dernier rôle : il trouvera la mort dans un accident de voiture avant la fin du tournage .


L'actrice principale est jouée par Elizabeth Taylor, considérée à l'époque comme une
des plus belles femmes du monde.
Formidable d'authenticité à n'importe quelle époque de la vie de son personnage, elle illumine le film de sa beauté.
Ses rares scènes avec James Dean sont mémorables.

Enfin, on découvre également un tout jeune Dennis Hopper qui deviendra par la suite, comme tout le monde le sait, un géant du cinéma américain ("Apocalypse Now", "Easy Rider", "Blue Velvet", "Speed"...).


Superproduction de 14 millions de dollars, le film lui même est un monument.
Il fut le plus gros succès de l'année 1956 pour la compagnie Warner.
Le film remporta l'oscar du meilleur réalisateur et 9 autres nominations dont meilleur film, meilleure musique, meilleurs costumes, meilleurs décors et surtout plusieurs meilleurs rôles et seconds rôles.

La réalisation de George Stevens parvient sans mal à se faire intimiste (les scènes de couple), solennelle(l'enterrement) et surtout grandiose (Rick qui mesure son terrain, les scènes avec le bétail...). Les décors sans fins, filmés sous un ciel majestueux, captivent par leurs couleurs éclatantes.
Portée par une musique prestigieuse et élégamment montée, la mise en scène joue sur les lumières et les caches pour se faire délicieusement poétique.



Malgré une durée intimidante (3h15 quand même!), le film est passionnnant par son histoire avant tout puis par les thèmes qu'il aborde mais il permet surtout d'apprécier les performances légendaires d'acteurs qui ne le sont pas moins .
Géant, le film l'est assurément!

Note : ****