samedi 29 novembre 2008

20 000 lieus sous les mers



En 1868, plusieurs bateaux sont coulés par un monstre mystérieux, selon les témoignages de quelques rescapés, et les marins refusent maintenant d'embarquer. Bloqués à San Francisco, le professeur Arronax, spécialiste de la faune sous-marine, et son fidèle Conseil acceptent de participer à la mission d'enquête de l'armée américaine. Ils embarquent à bord du « Lincoln » en compagnie de Ned Land, un harponneur, afin d'élucider les mystérieuses disparitions et éventuellement tuer le monstre.

De la grande aventure avec des attaques de cannibales, des batailles de navires, des îles tropicales et des monstres marins. Sur le papier ça sonne bien. Normal, il s'agit de l'adaptation du célèbre livre de Jules Verne!

En revanche à l'écran, c'est moins bien...

D'abord la mise en scène de Richard Fleisher est très plate. Comparés à ses autres films (notamment Les Vikings), les plans sont rarement inspirés.
La caméra bouge rarement ce qui donne parfois l'impression de regarder un vieux téléfilm.
La musique de Paul Smith est beaucoup trop théâtrale est souligne rarement l'action comme il faudrait.

Lors des scènes d'action le montage est tel que les acteurs et le danger ne sont jamais dans le même plan!
Lors de la séquence où le requin attaque, seul un plan nous permet de le voir avec les scaphandriers (des cascadeurs vus de dos...) et quant à la scène des cannibales, Kirk Douglas et les indigènes ne sont jamais sur la même image...
Comment, dans ce cas, nous demander d'avoir peur pour les héros?

Passons aux acteurs maintenant.
James Mason joue un capitaine Nemo solitaire et torturé mais libre et au dessus des lois.
Pourtant hormis la scène du repas, on retrouve rarement cette fougue que l'acteur sait transmettre à ses personnages. Loin de l'interprétation enthousiasmante du professeur Lidenbrook dans Voyage au centre de la Terre (du même Jules Verne), il incarne un Nemo plus dépressif que passionné.

Peter Lorre joue un second rôle crispant de maniérisme.
Quant à Kirk Douglas, il incarne le personnage que le spectateur est censé apprécier pour s'identifier à lui.
Dès le départ où il se promène fièrement avec une femme à chaque bras et commence à faire le beau parleur dans la foule, il n'est pas très engageant.
Par la suite, il joue le parfait imbécile avec un manque total de savoir vivre. On est bien loin du fier Spartacus!

Sincèrement, le personnage que j'ai le plus apprécié de tout le film c'est Esméralda, l'otarie....

J'ai eu le regret de ne pouvoir voir le film qu'en version française et elle est désatreuse! Les dialogues vont de banal à insipides.
Les acteurs parlent souvent pour expliquer ce que l'on voit déjà à l'écran.
Bref, on regrette parfois le temps du muet.

En revanche, s'il y a bien une chose que le film a de réussi, c'est les effets spéciaux. 2 oscars, un pour les décors, un pour les effets eux mêmes.

Les décors d'abord c'est surtout le Nautilus. Le fameux sous marin de Nemo fut construit en grandeur nature (60 m de long sur 6 mètres de large).
L'intérieur est bardé d'engrenages et de passerelles métalliques mais aussi de somptueuses pièces de décoration.
C'est vraiment un enchantement que de voir l'énorme iris central s'entrouvrir pour laisser apparaître la faune sous marine.

Vu de l'extérieur, le Nautilus ressemble à un crustacé géant avec une carapace mais il faut voir les scènes où, lancé à toute vitesse à la surface de l'eau, il se jette contre un navire pour le faire exploser. L'avant est alors illuminé par une lueur spectrale qui lui donne l'air de venir d'un autre monde.
On a réellement l'impression qu'il s'agit d'un monstre des profondeurs sorti tout droit des récits d'un vieux marin.

En parlant de monstre marin, le film est célèbre pour la fameuse scène de l'attaque de la pieuvre géante.
C'est le spécialiste des effets spéciaux Ub Iwerks (on lui doit les scènes d'animation de Mary Poppins) qui dirigea l'animation de la pieuvre.
Elle fut entièrement constituée de caoutchouc monté sur des armatures d'acier à ressorts.

C'est incroyable, dès la seconde où elle apparaît à l'écran, le film change brutalement de style.
La mise en scène devient incroyablement prenante et la musique à elle seule rend la scène terrifiante.
Constamment filmée sous une pluie torrentielle, on subit un sentiment de claustrophobie puissant.
Le simple fait de voir une des tentacules pénétrer dans le sous marin accentue l'impression de n'être à l'abri nulle part.
Malgré son âge, la réalisation amène la scène au firmament des meilleures séquences où l'humain est confronté à un monstre géant.

Les quelques minutes que durent la scène sont absolument bluffantes! Rien que pour ce passage le film se doit d'être vu!
Malheureusement une fois la scène passée, le film redevient plat et ennuyeux...


Si par moments on est littéralement captivés par ce qui se passe à l'écran, les deux heures ne semblent jamais finir.
Enorme succès en son temps, le film a bien vieilli et ne tient pas la comparaison face à un pirate des Caraibes.
Honnêtement, c'est le genre de film sur lequel il mériterait qu'on s'attarde pour en faire un remake.

Note : *

Aladdin




L'histoire d'Aladdin et de la lampe merveilleuse a été adaptée des dizaines de fois, en papier comme à l'écran.
Qu'est ce qui rend le dessin animé unique comparé aux autres?

Après tout les personnages sont les stéréotypes évidents de ce type de conte de fée.
Le héros est naif mais courageux, la princesse est un modèle d'innocence et le méchant veut épouser la fille destinée au héros. Rien de bien nouveau de ce côté là.

On pourrait croire que la représentation simpliste du sultan change des grands monarques que l'on représente souvent régnant en maître sur leur cité mais au fond il est lui aussi très archétypal. Bedonnant et débonnaire, c'est un grand enfant.
Il rappelle le calife de Iznogoud dans la BD éponyme ou encore celui du Voleur de Bagdad ( la scène où il enfourche le tapis volant fait écho au cheval mécanique du film).

Si le dessin animé est aussi réussi je pense que c'est du avant tout au talent des animateurs de Disney.

Que l'on s'attache aux personnages principaux, rien de plus normal.
Aladdin est un beau garçon séduisant et charmeur et Jasmine est la douceur incarnée.
Son visage est juste parfait. On se noie dans ses grands yeux noisette et ses lèvres, sensuelles sans être charnues, encadrent un sourire ravageur mais innocent...

Habitués des Disney, les animaux sont aussi humanisés par leurs expressions ou sont doués du don de parole (Yago le perroquet). Pour eux aussi, on est pris d'affection.

Mais tous ces personnages, aussi différents soient-ils, ont au moins une chose en commun : un visage.
Comment pourrait-on transmettre des émotions (!) à un tapis (!!).
Impossible de transmettre des émotions à travers quelque chose sans visage? Pas pour Disney en tout cas!
Les mouvements du tapis magique sont inspirés des films muets, autrement dit ils parviennent à communiquer les sentiments de ce second couteau atypique sans avoir à utiliser les expressions du visage. Il faut le voir pour le croire!
C'est la même technique que Pixar utilisera bien plus tard avec le fameux logo de la lampe sautillante.

Tous les personnages sont excellents. Chacun à bénéficié d'une attention particulière et ils sont tout sauf ternes et ennuyeux ; mais la palme revient, comme tout le monde s'en doute, au génie.

Pied de nez aux 1001 nuits, l'histoire ne nous est pas comptée par un vieux sage ou une ravissante jeune femme mais par un charlatan qui essaie de vendre ses babioles au spectateur.
Il s'adresse à la caméra et intéragie même avec elle.
Dès le début, nous avons les indices que le film va se jouer des codes du genre.
L'aventure se révèlera plus burlesque que dramatique.
Et le personnage du génie se devait de confirmer cette voie.

Robin Williams prête sa voix multiforme à l'un des personnages Disney les plus incongrus et les plus extravagants de l'histoire du dessin animé. Ses scènes sont un enchantement visuel d'inventivé.
C'est un vrai plaisir que de le voir se dédoubler, se métamorphoser en n'importe quoi (de l'abeille au sous marin!) et de le voir prendre des visages différents à chaque expression.

La réalisation est brillante et très travaillée.
La caméra embarquée lors des scènes de vol fait son petit effet.
Mais c'est la bande son qu'il faut saluer. Dans les deux langues, les doublages sont parfaits.

Le film doit beaucoup à Alan Menken.
Compositeur pour de nombreux Disney, il est titulaire de nombreux oscars pour ses merveilleuses musiques et chansons et encore une fois, le charme opère.
Contrairement aux comédies musicales qui en font beaucoup trop, chez Disney on sait utiliser les chansons à bon escient, sans ralentir ou plomber le rythme.

Le talent de Menken s'exprime aussi à travers les paroles, romantiques sans être mièvres.
Menken nous offre une magnifique ballade au clair de lune (A whole new world/Ce rêve bleu) qui restera longtemps dans les mémoires et plusieurs morceaux très entraînants.
Participation de la foule pour la présentation d'Aladdin ou accents jazzy pour celle du génie, il sait exprimer la personnalité des héros à travers ses compositions.

Je tiens encore une fois à applaudir les traducteurs français qui ont le mérite de recomposer totalement les paroles des chansons (rimes obligent) tout en gardant le sens des originales.

Aladdin nous plonge dans un véritable conte, fait de magie et d'aventure où les trésors enfouis depuis des millénaires cotoient les sorciers maléfiques et où l'humour absurde se mêle aux personnages les plus excentriques.

Un formidable dessin animé pour toutes les générations.
C'est ça la magie Disney!

Note : ***

Jumanji



Jumanji est un mystérieux jeu de plateau où chaque lancer de dé peut être le dernier.
A chaque tour, des dangers de toutes sortes, directement sortis d'une jungle imaginaire, guettent les joueurs et le seul moyen de s'en sortir et de finir le jeu...

Grand succès commercial, Jumanji vaut avant tout pour ses effets spéciaux novateurs (pour l'époque).
Nous sommes en 1995 et les images de synthèse sont en plein essor.
Après le Terminator en métal liquide et les dinosaures grincheux, Jumanji tente de passer un cap et de recréer par ordinateur les premiers animaux à fourrure. A l'époque le film a fait sensation mais aujourd' hui il a pris un sérieux coup de vieux. Les singes sont crédibles mais pas très ressemblants et la peau des autres mammifères manque de texture.

Cependant, les effets spéciaux du film ne reposent pas que sur les images de synthèse.
Les plantes animatroniques et le tremblement de terre final sont absolument remarquables, tout comme le lion mécanique dont la tête est incroyablement réaliste.

Les images de synthèse ne sont pas parfaites mais leur intéraction avec le décor leur donne une sacrée crédibilité : un éléphant écrase une voiture, les singes dans la cuisine mettent un bazar pas possible et certains conduisent même une moto.

Bien que les effets spéciaux soient les stars du film, les acteurs ne se contentent pas de hurler devant un fond vert en faisant semblant d'avoir peur.

Les 4 personnages principaux sont tous attachants et bien interprétés.

Les enfants ne sont jamais insupportables et sont joués avec conviction, notamment par la toute jeune Kirsten Dunst (Spiderman, Virgin Suicides). Quant aux rôles plus adultes, ils sont menés par un Robin Williams survolté et une Bonnie Hunt rigolote et décalée.

L'alchimie entre eux est très réussie et Williams montre une fois de plus la diversité de son jeu d'acteur. Après avoir courru dans tous les sens vêtu comme un Robinson des îles, il parvient à être émouvant quand il part à la recherche de ses parents.

En second rôle burlesque, l'acteur David Alan Grier, qui joue l'officier de police malchanceux, est tout simplement excellent ( quand il hurle de peur, on a l'impression qu'il va pleurer! Je suis mort de rire à chaque fois.).

Techniquement la photographie et certains plans sont vraiment travaillés mais le montage est parfois trop approximatif.
La musique de James Horner est jolie sans être exceptionnelle.
Par à coups, on peut reconnaître les mélodies de Willow ou encore Braveheart.

Soyons clairs, Jumanji est avant tout destiné aux enfants.
Joe Johnston est un habitué des créatures de tous poils qui envahissent notre univers (les Gremlins) mais il laisse tomber l'humour noir de ses précédents films pour un comique de situation plus adapté aux plus petits.
Heureusement, le film baigne dans un second degré constant et certains gags restent hilarants, même pour les adultes.


Jumanji est donc une comédie familliale bien huilée, combinée à un film d'aventure passionnant que l'on apprecie plus ou moins selon son âge (mental?).

Note : **

Hana- Bi




Le policier Nishi abandonne sa mission et son coéquipier Horibe pour courir au chevet de sa femme condamnée par une grave maladie. Horibe blessé dans une fusillade, reste paralysé.
Rongé par la culpabilité, Nishi quitte la police et entreprend un voyage vers le mont Fuji avec sa femme. La sérénité de leur idylle va être perturbée par l’arrivée de yakusas vengeurs…


Le 7ème film de Kitano.
Takeshi de son prénom, Beat de son nom de scène, Kitano est un artiste accompli.
Acteur, humoriste, animateur télé, peintre, il est aussi réalisateur et l’une des figures les plus connues du Japon.

Je le trouve génial en tant qu’acteur ( Furyo, Battle Royale) mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir un de ses films.

Il prend place devant et derrière la caméra, occupe les postes de scénariste, monteur et touche également à la direction artistique. Autant dire que ce film, c’est son bébé.
Aussi bon acteur que réalisateur, il soigne autant la direction de ses acteurs que le visuel du film.



Si je ne me trome pas, en japonais « Hana-bi » signifie feu d’artifice.

Le film est-il spectaculaire ? Pas au sens où on l’entend…

Le seul feu d’artifice du film est une parfaite métaphore du reste de l’œuvre.
L’attente évidente que quelque chose de magnifique va arriver est écartée par un évènement inattendu (la mèche s’éteint) avant de nous surprendre par son dénouement tragi-comique.

Le film est un enchantement visuel constant par la précision de ses cadrages et son montage audacieux (il passe du film à la peinture sans prévenir).

Au minimalisme de sa mise en scène, Kitano oppose la beauté des paysages (les cerisiers en fleurs, la plage vide de toute présence…) et un souci extrême du détail.
Son utilisation prononcée des couleurs rappelle le Paris Texas de Wim Venders.

Mais c’est à la palette d’émotions ressenties que l’on pourrait rapprocher le titre.

Kitano est un clown, un clown triste.
Son film navigue sur la corde raide entre rires et larmes sans jamais recourir à l’un ou l’autre.
On est passionné par ce qui se passe à l’écran mais on est trop choqué pour rire de bon cœur et bien qu’émouvantes, les séquences plus lacrymales sont compensées par une approche comique de la situation.

Malgré la noirceur du scénario, Kitano ne sombre jamais dans le mélodrame.
Les scènes entre sa femme et lui sont parmi les plus charmantes vues au cinéma. La maladie dont elle est atteinte l’emportera au bout du compte et ils le savent tous les deux.
Alors ils profitent de ces moments de sérénité partagée, des derniers rayons de soleil.

Ils sont fous amoureux l’un de l’autre, ça crève les yeux. Mais ils ne se parlent pas. Pas besoin d’en rajouter, la mise en scène se suffit à elle-même.

En parfait observateur des relations humaines, Kitano joue sur les silences gênés pour exprimer ce qui ne peut être dit.
Son personnage est un ancien policier traumatisé par la perte de sa fille et qui doit veiller sur sa femme gravement malade. Il ne parle pratiquement jamais mais son air d’éternel chien battu en dit long sur son passé.

Les phrases qu’il dit sont pour la plupart sans importance, leur seule utilité est de casser l’image de la simple présence qui erre. Le faire parler le rend plus humain, tout simplement.


Mais « Hana » signifie aussi fleur. Pourquoi une fleur ? Symbole de l’épanouissement des personnages, de la fin de la vie (les fleurs se fanent) ? De l’éclatement des couleurs ?

Pour ma part, il m’est difficile de saisir le sens métaphorique de leur utilisation mais impossible de nier la qualité artistique que cela apporte au film.

Les fleurs sont un élément essentiel à la compréhension du film.
Ce sont d’abord les représentations mentales d’un peintre handicapé.
Toutes ses émotions passent à travers ses œuvres :

De la renaissance professionnelle (les animaux à la tête fleurie), à la folie (les branches menaçantes qui encerclent un homme vu de dos) et ce jusqu’ au désespoir final ( un paysage morne et enneigé, silhouettes à peine visibles dans le fond et en gros « Suicide » écrit en rouge sang…).

Peints par Kitano lui-même, ces tableaux sont aussi enfantins dans leur représentation que lourds de sens.

C’est ensuite le parallèle entre deux histoires (la rédemption à travers le voyage ou à travers la peinture). C’est enfin le symbole poétique d’une vie qui se termine mais à laquelle on s’accroche tant bien que mal : la femme de Kitano donne de l’eau à des fleurs mortes…

Une image vaut tous les mots, Kitano l’a bien compris.


Imprévisible, voilà bien le mot qui définirait Kitano.

Impossible de prévoir la fin d’une scène et encore moins quelle sera la prochaine.
La mise en scène calme et épurée contraste avec l’ultra violence des scènes d’action.
Cette brutalité extrême a souvent catégorisé Kitano comme un réalisateur qui se complait dans la violence gratuite.
Pour Kitano, le monde balance entre le bien et le mal, il ne peut y avoir l’un sans l’autre.
La tendresse qui émane du film n’aurait pas le même impact si elle n’était opposée à ces fusillades horribles et sanglantes.

En parlant d’ultra violence, on pourrait rapprocher le film (de très loin) avec Pulp Fiction. Comme dans le film culte de Tarantino, l’intrigue ne suit pas un cours linéaire.

La chronologie des évènements n’est pas respectée et les scènes se mélangent constamment. Mais au lieu de donner des indices explicites au spectateur sur la temporalité, Kitano se contente de nous laisser réfléchir par nous même. C’est tout à son honneur car au lieu de nous perdre en route, il nous permet de faire le rapprochement des causes et de leurs terribles conséquences.
Le film n’en est que plus poignant!


En esthète de l’image, Kitano livre un portait tragique d’une vie brisée contrebalancée par un humour pince sans rire dont il a le secret.
Plus qu’un film, Hana-Bi est une œuvre d’art.
Lion d’or au festival de Venise 1997

Note : ***

L'Aventure c'est l'aventure





Bon Dieu! je vais avoir du mal à parler de ce film!
L'histoire est tellement riche que je ne sais pas par quoi commencer...

Pour bien comprendre le film, il est nécessaire de le replacer dans son contexte.
1968, la jeunesse sort dans la rue pour faire valoir ses droits. C'est le début d'une époque où règne l'anarchie.
Anarchie représentée dans le film par des braquages de banque et des voitures incendiées.

En 1972 (dans le film), Paris est le théâtre d'un festival de hold up, de crimes et de revendications. Même les prostituées se réunissent pour que l'on valorise leur profession. Elles déclenchent une grève générale pour leur indépendance.

Rien ne va plus dans le monde de la pègre. Si les banques restent faciles à piller, on n'y trouve plus d'argent. Jacques, Lino, Simon, Aldo et Charlot, des truands à la petite semaine, se réunissent pour trouver une solution.

Après discussions, la solution s'offre à eux. Ils sont démodés et doivent revoir leurs méthodes.
Ils décident alors de se lancer dans la politique...
Ca y est le mot est lâché mais entendons nous bien il ne s'agit pas d'un film politique mais d'un film d'aventure, une comédie burlesque dont les personnages seraient des cousins éloignés des Pieds nickelés, plus près des frères Marx que de l'autre Marx...

Dans une des meilleures scènes du film, le groupe se paye des leçons accélérées de politique et font défiler des représentants de tous les partis pour finalement arriver à une conclusion : ils n'ont rien compris!

« Et c'est justement parce que vous avez compris que vous n'avez rien compris que vous allez rester au dessus de cette confusion et gagner beaucoup de fric! » dit Simon.

En d'autres termes, pourquoi s'attacher à un parti alors qu'on peut choisir les services du plus offrant ?
Nantis de leur culture politique toute neuve, nos cinq zigotos vont donc rapidement passer aux travaux pratiques en multipliant les enlèvements, à commencer par une star du show biz : Johnny Hallyday.

Le chanteur joue son propre rôle et interprète la chanson titre.

Après ce coup fameux, ils partent ensuite pour l'Amérique du Sud où ils enlèvent le chef d'un groupe révolutionnaire pour l'échanger contre un gros tas de billets (pour chaque camp intéressé par sa capture) avant de prendre des vacances au soleil...

Bon voilà pour une partie du scénario. L'histoire est à la fois très linéaire et très compliquée puisque les personnages secondaires sont nombreux et que l'on change souvent de décor.

Techniquement le film est plutôt travaillé et Lelouch use et abuse des mouvements de caméra. Notamment des zooms arrières qui semblent être sa marque de fabrique. Il utilise souvent cette technique pour planter le décor. Par exemple, la première image de l'Amérique du Sud est un plat de pâtes... La caméra fixe le plat avant de reculer progressivement. On voit alors le groupe attablé en train de manger, puis la caméra recule encore et on découvre enfin qu'ils sont dans les ruines d'un ancien temple. En un seul plan, tout est dit.

En revanche, la majorité des scènes sont filmées en plans fixes ou plans continus.
Que ce soit des dialogues ou de l'action, notre attention est focalisée sur ce qui se passe comme si on était avec les personnages.

Je disais action car même si le film n'est pas un film d'action, de temps à autres, on assiste à des explosions ou des cascades de voitures.
Une fois encore, Lelouch filme en seul plan et c'est d'autant plus impressionnant de voir la cascade se dérouler directement sous nos yeux, sans effet de montage ou quoi que ce soit...

Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans les acteurs. Cette bande de joyeux drilles magouilleurs est interprétée entre autres par Aldo Maccionne, Charles Denner, Jacques Brel et surtout Lino Ventura.

Ce dernier est bien connu pour ses rôles de grosse brute au grand coeur, que ce soit dans un polar noir ou dans les films de Lautner (Les tontons flingueurs, Les Barbouzes). Ici, il n'échappe pas à la règle, Lino (oui son personnage s'apelle Lino et celui de Jacques Brel s'apelle Jacques...au moins c'est facile à retenir) est donc le bougon du groupe, celui qui marmone dans sa barbe ou vocifère à tout va pour montrer son mécontentement.

Lino c'est autant une présence qu'une voix. Habitué aux dialogues léchés, il articule chaque syllabe avec l'expression tordante qui va avec. Si les dialogues n'atteignent pas ceux d'Audiard, ils sont aussi drôles qu'intelligent.

Et, fait plutôt rare, ils marient le français avec d'autres langues, si bien que l'on peut entendre les acteurs s'exprimer français, italien, anglais (la scène est excellente) et même un peu espagnol.

Loin d'êtres mauvais, les autres acteurs ne lui arrivent pas à la cheville. Le seul qui peut lui tenir tête c'est Charles Denner. Son personnage remue les bras comme un chef d'orchestre et il prononce ses dialogues de façon parfaitement convaincante.


L'Aventure... est un vieux film français dans le bon sens du terme.
A savoir avec de bons dialogues et de bons acteurs. L'histoire est aussi farfelue qu'originale et la réalisation tient la route. D'un sujet plutôt sérieux (politique et anarchie), Lelouch propose une comédie passionnante doublée d'un bon film d'aventure.
C'est quoi, l'aventure? Ben, l'aventure c'est...l'aventure.

Note : ***

Breakdown



Jeff et Amy ont décidé de changer de vie et laissent Boston derrière eux pour aller s'installer à San Diego. Leur voiture tombe en panne, en plein désert. Par chance un camionneur propose à Amy de l'amener au restaurant le plus proche pour chercher du secours. Ayant finalement réussi à localiser la panne, Jeff pense retrouver sa femme dans ce bar au milieu de nulle part. Mais personne ne semble avoir vu ni Amy ni le mystérieux camion...


Difficile de parler plus longtemps du scénario sans rien dévoiler, je me contenterai donc de parler du film lui même.

La première moitié du film est une leçon de cinéma.
Tout en subtilité et sans artifice, Mostow fais monter la tension à son maximum en multipliant les fausses pistes jusqu'à la seconde partie où le film dévoile son scénario machiavélique et enchaîne des cascades dantesques dignes de Mad Max.

Tout comme avec U 571 (moins avec Terminator 3...), Mostow se montre en orfèvre du suspense étouffant!
Ce cauchemar routier nous emporte corps et âme et nous tient en haleine jusqu'à la dernière seconde. Le film dure à peine 1h30 et évite toute scène inutile.
Une fois le décor planté, plus question de prendre une bière au frigo ou d'aller aux toilettes.
Pour ma part, j'ai été scotché à l'écran tout le long!

Pas de tête connue au casting excepté le toujours génial Kurt Russel.
Russel joue les monsieur tout le monde. Son personnage est terriblement humain.
Il n'est pas l'invincible Snake Plissken qui fait tout pêter autour de lui et quand il doit s'armer avec ce qu'il trouve, aucune chance de le voir jouer les Jason Bourne.

Son comportement crédible et intelligent (on se dit souvent qu'on ferait la même chose à sa place) rend les situations d'autant plus effrayantes qu'il est facile de s'identifier à lui.

Malgré le petit budget dont il dispose, Mostow a su tirer profit du moindre centime pour porter sa vison à l'écran.
C'est bien connu : quand on n'a pas de sous, on a des idées. Et des idées, Mostow en regorge.
La photographie, les cadrages, la musique, les plans... tous confèrent au génie.
Moitié thriller moitié film d'action, le film bénéficie d'une réalisation exemplaire.

Breakdown se situe au croisement d'un Duel pour ses courses poursuites haletantes au milieu du désert et de Délivrance pour sa violence physique et psychologique sans concession.

Hormis quelques facilités scénaristiques dans sa seconde moitié, Mostow réalise son premier film avec une maîtrise rare.

Note : ***

Angles d’attaque




Espagne. Le président des Etats-Unis donne un discours sur une place importante.
La scène est filmée par une équipe de journalistes de CNN.
Depuis la régie, on s’occupe de contrôler les caméras qui passent à l’antenne.
Sur les écrans, les opérateurs remarquent un garde du corps qui avait montré son sens du sacrifice en prenant une balle pour sauver le président. Espérons que cela ne se reproduira pas. Pas de soucis, les tireurs sont en alerte et la sécurité contrôle le périmètre. Aucune chance que…
Coup de feu ! Le président est à terre ! La foule hurle et s’enfuie dans tous les sens.
Une journaliste en pleurs essaie de décrire le chaos qui règne désormais.
C’est à ce moment qu’une bombe explose… depuis le fourgon relai de CNN, on aperçoit le corps de la journaliste étendu parmi les débris…

Et là, on remonte le temps en passant la séquence en accéléré.
Il est tant de voir la scène à travers les yeux d’un nouveau personnage…

Autant le dire tout de suite. Le film ne vaut que pour cette originalité.
Evidemment, au fur et à mesure que le film avance, le spectateur en saura un peu plus sur l’intrigue, plus compliquée qu’il n’y paraît.
La « simple » tentative d’assassinat se muera en dangereux complot international.

L’histoire racontée à travers différents points de vue n’en est pas à son premier essai.
Rashômon de Kurosawa et Usual Suspects de Brian Singer avaient déjà brillé au firmament des classiques du cinéma en utilisant cette technique.
Mais, chacun possédait un excellent sens de la mise en scène et ne se contentait pas de se reposer sur un scénario décousu.

Ce que ne fait pas le réalisateur Pete Davis.
Je suis persuadé qu’il a commencé avec des séries télé. L’image est plus brouillonne qu’autre chose, les couleurs flashent sans rien apporter, les cadrages sont assez approximatifs et aucun plan n’est assez réussi pour retenir l’attention.
Balancer la caméra à droite à gauche et multiplier les plans d’une même scène n’est pas synonyme de mise en scène dynamique.

Quant aux fameux retours en arrières, ils sont toujours annoncés de la même façon :
une scène se déroule sans accroc quand brusquement un évènement inattendu perturbe la narration et paf, l’écran se fige et les images se mettent à défiler en arrière.
Le système est efficace puisqu’il entretient la tension mais il finit par devenir le leitmotiv du film.
Au final, on n’attend plus de savoir ce qui va se passer puisqu’on le sait mais comment les personnages vont réagir à la situation.

Cette succession de rebondissements qui donne envie au spectateur d’en savoir plus rappelle fortement l’écran noir des mangas qui entrecoupe une scène importante ou le « à suivre » des séries télé.
Mais là, c’est un film. Il doit être vu d’un bloc pas en saynètes.
Bref, la réalisation en fait trop et on a parfois l’impression de suivre un mauvais épisode de 24h Chrono…

A force d’essayer d’en faire le plus possible, le réalisateur s’empêtre dans une réalisation des plus banales.
A la rigueur si le film n’avait pas été si avare en action on aurait pu lui pardonner mais ce n’est pas le cas. On assiste à une dizaine d’explosions durant le film mais c’est toujours la même, vue sous des angles différents.
Filmée sans inventivité avec 15 caméras, la course poursuite finale n’arrive jamais au niveau de celles de Rock ou des Bad Boys. Même en France on est capable de faire mieux (Taxi, Le Boulet, Le Transporteur…)

Le scénario est plus intéressant que ce qu’il paraît mais repose sur l’éternelle attaque terroriste. Après l’attaque du 11 septembre, le cinéma Hollywoodien avait décrété qu’aucun rapport au désastre ne serait toléré sur les écrans. On efface donc les plans des tours jumelles filmés avant leur destruction (Spiderman perd la scène de l’hélicoptère coincé entre les 2 tours dans une toile géante) et on repousse les sorties des films de guerre (Echec au box office pour le Windtalkers de John Woo)…

Aujourd’hui, les films sur la guerre en Irak fleurissent et les méchants sont forcément du Maghreb ou du Moyen Orient. Le cinéma est le défouloir des nations, ce qui ne peut être fait en vrai, faisons le à l’écran ! Et donc encore une fois, c’est le type de peau basané qui va s’en prendre plein la tronche pour la glorification des Etats Unis.

Beaucoup de morts à l’écran mais pas de sang à l’horizon. Les taches rouges sur les chemises blanches, ça fait tache justement. Après tout c’est un divertissement, on n’est pas obligé de faire dans le réaliste.
Oui après tout pourquoi pas.

Pourquoi ne pas passer une heure à essayer de nous présenter une situation avec tous les détails pour qu’elle soit le plus crédible possible avant de sombrer dans le ridicule en suivant les péripéties de héros surhumains qui vont triompher sans mal des vilains terroristes.

Le flic espagnol se fait renverser par deux voitures sans interrompre sa course, le super agent parvient à neutraliser à lui tout seul une dizaine de gardes de la sécurité et même le badaud du coin n’hésite pas à se jeter sur la route pour sauver une petite fille.
Mais la palme revient au garde du corps qui après s’être fait écraser contre un mur, dans sa voiture, par un camion, casse le pare brise et repart comme en 40.
Et bien sûr prendre une balle dans l’épaule ne l’empêchera pas de vider son chargeur sur les derniers méchants du film (qui forcément visent comme des pieds)…

Ah, là, là, ils sont vraiment trop forts ces américains !

Malgré un très bon casting (Sigourney Weaver, Dennis Quaid, Forest Whitaker pour ne citer qu’eux !), les rôles ne sont que les stéréotypes évidents de ce genre de production aseptisée.

La réalisation combine ce qui se fait de plus pénible aujourd’hui (montage hachée, peu de travail visuel, beaucoup de bruit pour rien) et le scénario, qui aurait pu devenir un modèle du genre, reste au niveau des pâquerettes.

Les retours en arrière ne sauvent pas une mise en scène sans inventivité.
La première fois que l’on voit la scène principale, c’est impressionnant, au bout de 10 fois ça l’est moins.
Le film se regarde et s’oublie aussitôt. Encore quelques millions de dollars de budget partis en fumée. Quel gâchis !

Note : *

vendredi 21 novembre 2008

Stripes (les bleus)





Lorsque le même jour John Winger perd son emploi, sa voiture, son appartement et sa petite amie, il décide d'aller signer chez l'Oncle Sam
Sa mission : défendre le monde libre et surtout courir les filles!

Stripes est un film de Ivan Reitman mais c'est surtout un film de Bill Murray : l'immense comédien connu pour ses rôles inoubliables de Ghostbusters, Un jour sans fin, Lost in Translation...
Ivan Reitman aimait dire de lui qu'il est « l'acteur blanc le plus drôle du cinéma américain », je suis d'accord...

Murray est hilarant dans ce film. Il pratique l'insubordination comme d'autres savent chanter, le personnage lui vient naturellement.
Ses répliques comme ses mimiques sont vraiment excellentes et il est impossible de savoir ce qui était écrit dans le script et ce qu'il a improvisé.

Son comparse à l'écran c'est Harold Ramis. Ils sont amis depuis toujours.
Il a travaillé avec Bill Murray sur plusieurs films, soit en tant que réalisateur (Caddyshack, Un jour sans fin) soit en tant qu'acteur (Ghostbusters). En tant qu'acteur il est plutôt drôle. C'est l'intello du duo il a toujours des idées loufoques.
Physiquement sa coiffure affro des 70s le rend ridicule mais il n'hésite pas à prendre un air idiot pour en rajouter dans la comédie (la scène où il singe John Candy ou celle ou il parle à Reynolds dans la gare).
Cependant, il reste le plus souvent sobre, voire impassible ce qui contrebalance parfaitement avec les expressions délirantes de Bill Murray.
La mayonnaise prend directement une fois qu'on les voie ensemble.
Ils s'apprécient et leur amitié se ressent à l'écran.

Le reste du casting rassemble des vétérans de l'écran (Warren Oates) et des petits nouveaux qui feront rapidement leur chemin (John Candy, Judge Reinholds, John Laroquette..)

Oates joue le sévère sergent instructeur, personnage inhérent des films qui se déroulent dans les camps militaires. Tout comme les dans les Full Metal Jacket et autres Jarhead, il passe son temps à crier des ordres incompréhensibles et à se faire respecter par les nouvelles recrues. Warren Oates a joué dans de nombreux westerns dont La Horde Sauvage de Sam Peckinpah.
Autant dire qu'il a de la bouteille. Sa présence imposante et son charisme le font immediatement rentrer dans la peau du personnage.

Du côté des nouvelles recrues, j'ai eu le plaisir de découvrir un tout jeune Judge Reynholds, (Le flic de Beverly Hills) pour qui c'est la première apparition au cinéma, un étonnant John Laroquette (qui mate les jeunes filles sous la douche et joue au petit soldat dans son bureau) et surtout John Candy.

Candy etait un acteur formidable. C'était vraiment une personne adorable et chaque fois que je le vois à l'écran, j'ai le sourire. C'était quelqu'un de chaleureux, avec un grand sens de l'humour et un rire communicatif. La scène où il se bat dans la boue contre des strip teaseuses est un grand moment...

En parlant de strip tease, c'est intéressant de savoir qu'à l'époque où le film a été tourné, la nudité était moins censurée qu'aujourd'hui. Voilà, je crois que j'en ai dit assez...^^


L'humour du film est très difficile à définir. On rit, c'est sûr, mais on ne sait pas trop pourquoi.
En fait les scènes sont tellement déjantées qu'il est impossible de rester de marbre.
On ne s'étonne même plus quand Bill Murray fait semblant de faire cuire une jolie fille sur une cuisinière...technique de séduction plutôt inhabituelle...

L'histoire se déroule de façon très classique : découverte des personnages, entrée à l'armée, mésaventures et bien évidemment à la fin tout le monde est reçu.
Sauf que justement le film ne s'arrête pas là. Sans trop en dire, la suite de l'intrigue comprend une virée en Italie, l'armée Tchécoslovaque et surtout un van touristique aussi armé que la Batmobile!

Malgré le petit budget dont dispose le réalisateur, l'équipe technique fait un très bon boulot.
La musique signée Elmer Bernstein (la grande évasion, les 7 mercenaires) est aussi héroique que comique et la photographie, suffisament travaillée.

On peut regretter que la mise en scène soit un peu plate mais le film à tellement de bonnes idées qu'on n'y prête pas vraiment attention.
Dans un autre film, ça l'aurait descendu mais ici ce sont les acteurs qui mènent le jeu.
Bill Murray en tête...

Le film est à son effigie, imprévisible et empreint de ce grain de folie qui manque à la plupart des comédies d'aujourd'hui.

En 2h de film, de temps en temps on sent un ventre vide qui se présente mais on rit tellement dans la séquence suivante que c'est vite oublié.
Les 40 premières minutes possèdent des répliques parmi les plus drôles que j'ai entendu depuis longtemps!

Une comédie déjantée, un film culte.

Note : ***

Dick Tracy




Un détective tenace au coeur tendre lutte contre une bande de voyous sans scrupules.

Dans l'histoire du polar en bande dessinée adaptée au cinéma, Sin City a fait date pour sa photographie noir et blanc sublime et ses cadrages directement sortis de l'oeuvre de Frank Miller.

Avant lui, Qui veut la peau de Roger Rabbit mettait en scène de vrais acteurs avec des personnages de dessin animé dans des décors tout droits sortis de l'imaginaire de Chuck Jones.

Dick Tracy franchit une nouvelle étape dans la représentation d'une adaptation crédible à l'écran.

Warren Beatty adapte les aventures du célèbre détective Dick Tracy au cinéma.

Tracy c'est un peu le Judge Dredd des années 20, il incarne l'ordre et la justice et suit la loi à la lettre sans se préoccuper des conséquences.
Mais il est tiraillé entre son devoir et les sentiments qu'il éprouve pour son amie Tess (Glenne Headly, rayonnante). A chaque fois qu'il tente de lui faire sa déclaration, il est constamment interrompu par sa montre radio pour aller sauver la veuve et l'orphelin.

En parlant d'orphelin, il va en croiser un, Kid, avec qui il fera équipe malgré lui.
Joué par un tout jeune mais charismatique Charlie Cosmo (le fils de Robin Williams dans Hook), Kid est une sorte de gavroche des rues, débrouillard et assoiffé d'action.

Le reste du casting reprend les figures classiques du film de gangster à savoir la femme fatale et les fripouilles en tout genre qui essaient de mettre la main sur la ville.

Celle qui tente de pervertir le héros en montrant ses longues jambes athlétiques, c'est la chanteuse Madonna. En émule de Marylin Monroe elle joue (agréablement) de son corps pour éveiller les sens du mâle qui la repousse. Ses tenues aguicheuses et ses moues coquines l'élèvent en véritable fantasme de sensualité.
Et pour ne rien gâcher, elle chante.

Les airs de chansons de cabaret apportent beaucoup à l'ambiance du film.
Le montage utilise d'ailleurs habilement ces chansons pour faire passer un message à travers une série d'évènement sans autre son que la musique.
Musique de Danny Elfman, héroique et passionnée à souhait, qui rappelle souvent celle composée pour Batman.
Un excellent travail.

Quant aux méchants de l'histoire ils sont très originaux.
Pour accentuer le côté BD, Beatty a l'idée d'opposer Tracy à une série de bandits grotesques et difformes. Les maquillages portés par les acteurs sont très réussis et chaque personnage possède une particularité physique qui le distingue.

Mention spéciale à Dustin Hoffman qui interprête un truand qui s'exprime en marmonant des paroles incompréhensibles (un peu comme Benicio del Toro dans Usual Suspect, mais en moins classe...).



Le leader de cette bande d'affreux c'est Al Pacino alias Big Boy.
Ironiquement, Pacino avait déjà joué le même rôle dans les Parrains mais dans un registre beaucoup plus sérieux.
Ici il s'amuse. Il en fait des tonnes mais c'est pour que son personnage est l'air aussi niais que son visage nous le laisse suggérer.
Bien qu'on reconnaisse difficilement l'acteur sous son maquillage, sa performance est appréciable (il sera nominé aux ascars).


Maquillages comme costumes sont magnifiques. Les visages déformés, associés à des vêtements (très style « Les Incorruptibles ») aux couleurs éclatantes, assurent une crédibilité idéale à cette adaptation live.

Mais si le film regorge de personnages, le héros (ou plutôt l'héroine) du film c'est la ville.
Beatty doit nous convaincre que son film se passe dans une ville réaliste mais qui n'existe que dans les bandes dessinées. Dur.

L'action prend place dans une caricature du Chicago époque prohibition.
Les plus belles scènes se déroulent de nuit où l'immensité des décors prend toute son ampleur.

La technique du matte painting (procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor en y laissant des espaces vides, dans lesquels une ou plusieurs scènes filmées sont incorporées ce qui permet d'étendre à l'infini les arrières-plans sans avoir à construire des décors pharaoniques) fait des merveilles.Et un oscar, un!

Les immeubles gigantesques, éclairés par des néons de boîtes de cabaret, s'étendent à perte de vue, alors qu'au loin une lune, éternellement ronde, éclaire un port aux bateaux majestueux.
Chaque batiment a fait les frais d'une attention particulière et pas un pan de mur n'est laissé au hasard.
Loin des quartiers gris et poisseux que l'on retrouve dans les polars, la ville du film, resplendissante de couleurs chaudes, est sublimée par une photographie d'une splendeur inégalée.

Honnêtement les décors du film offrent des plans parmi les plus beaux jamais vus sur un écran!

Le film aurait gagné à rajouter un peu d'action (les fusillades sont remarquables, j'en veux plus!) et à écourter certains dialogues mais quelle importance...
Doté d'une esthétique incroyable qui combine avec brio les éléments classiques d'un polar noir et l'excentricité des comics américains, Dick Tracy est un grand spectacle à ne pas manquer.

Note : ***

Sunshine




En cette année 2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l'extinction de l'espèce humaine.

Le vaisseau spatial ICARUS II avec à son bord un équipage de 7 hommes et femmes dirigé par le Capitaine Kaneda est le dernier espoir de l'humanité. Leur mission : faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l'activité solaire.



Après s'être essayé à la comédie et au film d'horreur, Danny Boyle se lance dans la science fiction.

Aux premiers abords, l'histoire semble classique : on envoie un groupe d'astronautes dans l'espace pour sauver la planète.

Un erzats d'Armageddon?
Le film s'avère beaucoup plus crédible dans les situations et les comportements.
Il se focalise d'ailleurs plus sur les différents personnages que ne le fait Michael Bay.

Un petits meurtres entre amis dans l'espace, alors?
Si effectivement les thèmes de l'amitié et de la trahison sont au centre de l'intrigue, le film n'a rien de drôle.

Tout de même pas un nouveau 2001?
Certains plans de vols dans l'espace et les murs blancs immaculés rapellent effectivement le chef d'oeuvre de Kubrick mais le film est largement moins philosophique et profite des effets spéciaux dernière génération pour nous en mettre plein la vue.

Bon alors quoi? Un mélange entre 28 jours plus tard et Alien?
Boyle récupère le beau Cillian Murphy de son précédent film et en garde la même technique (gros plans angoissants, images quasi subliminales, montage alterné des explosions, caméra qui s'affole lors de certaines scènes) mais si monstre il y a, il n'est en aucun cas au coeur de l'histoire.

Et Michelle Yeoh, elle dérouille le monstre à coup de kung fu au moins?
Si Boyle a choisi l'actrice c'est plus pour son jeu que pour ses capacités martiales.
Il lui permet d' exprimer enfin son talent de comédienne.

Difficile donc de catégoriser le film de Boyle.

La réalisation est exemplaire, les acteurs sont bons et le scénario, brillamment exploité.
Film indépendant à budget réduit, il n'a rien d'un blockbuster.
Loin des stéréotypes hollywoodiens, les personnages sont profondément humains et n'agissent jamais de manière déraisonnée (personne ne va soudain décider de prendre le contrôle de la mission ou d'essayer de fuir comme un lâche...).
Ils ont un sens du sacrifice comme on l'a rarement vu dans ce type de film.

D'un profond pessimisme et pourtant rempli d'espoir, Sunshine et surprenant de bout en bout.
Le film n'est jamais ce que l'on croit et se réinvente à chaque scène.

Encore une belle réussite du réalisateur!
On se lève tous pour Danny!^^

Note : ***

L'Arnaque




A Chicago, dans les années 30, deux escrocs sont prêts à tout pour venger la mort d'un de leurs amis. Ils décident de monter une vaste escroquerie en tenant tête à un gangster new-yorkais, auteur du crime.

Après le succès de Butch Cassidy et le Kid, le réalisateur George Roy Hill retrouve Robert Redford et Paul Newman.

Redford est monté sur le devant de la scène avec Butch Cassidy et le Kid, avant il n'était pas très connu. Il interprête un filou charismatique et un peu trop sûr de lui.
Etonnament, il est aussi doué pour le jeu lui même que dans les scènes plus physiques : pris en chasse par des tireurs, il court comme le vent, bondit par dessus les ponts et les cages d'escaliers.
Pavant la voie à Kevin Costner, il interprête ses cascades et donne de sa personne lors des scènes de bagarre.
Il connaitra plus tard la gloire en tant qu'acteur (Out of Africa, les Hommes du Président) comme en tant que réalisateur (L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux).

Redford est aussi beau que bon acteur. Le film a littéralement lancé sa carrière et il reçoit une nomination à l'oscar pour son rôle.

Newman en avait lui même plaisanté.
« Ecrira-t-on sur ma pierre tombale : Ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus bruns? »
Classé parmi les 50 hommes les plus beaux du monde par le magazine People dans les années 60/70, il aura toujours refusé de se laisser enfermer dans les emplois de beaux gosses sans saveur auxquels aurait pu le condamner son physique de jeune premier. Décédé récemment à la suite d'un cancer, il aura ouvert la voie à d'autres acteurs-metteurs en scène de talent.

Plutôt classe dans le film, il n'hésite pas à casser son image quand son rôle le demande.
En se mettant dans la peau d'un flambeur alcoolique, il jure et rote avec une joie non dissimulée.
La scène de poker est d'ailleurs un des meilleurs moments du film. Hill dira qu'il s'agit « d'un des plus grands moments de comédie. Je défie n'importe quel acteur de mieux la jouer! ».

Effectivement, la scène est remarquable en tout point.
Moi qui ne connais rien au poker, je n'ai pas quitté l'écran des yeux, captivé par la performance des acteurs.

Hill a un don pour transformer deux magouilleurs de la pire espèce en favoris du public. Les deux personnages principaux sont immédiatement attachants.
Newman et Redford se renvoient la balle avec plaisir et font preuve d'un esprit de camaraderie visible à l'écran.

Face à eux se dresse un Robert Shaw imposant. Surtout connu du grand public pour son rôle dans les Dents de la Mer, il incarne un dur à cuire extrêmement méfiant. Le personnage est exécrable, l'acteur est excellent. Il porte un lourd poids sur ses épaules puisque sans trop en dire il doit exprimer le danger qu'il représente pour les deux larrons.
Rien qu'en le voyant on comprend qu'il ne s'agit pas d'un benêt qu'on peut rouler à la première occasion.

Les autres acteurs sont moins connus mais tout aussi bons.
Chaque personnage a son petit rôle à jouer dans la grande arnaque qui se prépare.
Et ce qui est génial c'est que la plupart joue double jeu, on est donc constamment pris par surprise par ce que l'on imaginait mais qui se révèle être l'inverse.

Le film est bourré de rebondissements incroyables ; le scénario mérite vraiment son oscar!

La mise en scène de Hill est exemplaire.
Il recrée parfaitement les années 30 avec ses vieilles voitures rondelettes, ses ruelles à la fois colorées et sordides (oscar meilleurs décors), son ambiance film de gangsters et ses costumes d'époque.

Hill maîtrise la caméra à merveille et signe des travelling arrières vertigineux (gros plan sur un visage et soudain c'est toute une place qui s'offre à nos yeux) et des effets de reflets audacieux (un personnage regarde dans la rue à travers une vitre et par une mise au point de l'image on découvre qu'il est lui même observé depuis un batiment de l'autre côté de la rue).

Il est intéressant de noter que malgré la complexité du scénario, le film se déroule de façon totalement linéaire. L'intrigue se divise en plusieurs actes chacun annoncé par un carton intitulé.
On a l'impression qu'une vraie pièce de théâtre se déroule devant nous.
Pour accentuer le côté « je fais un film réaliste mais je montre que c'est bien un film », Hill change parfois de scène en utilisant des clapets qui brisent ou rétrécissent l'image (George Lucas le fait beaucoup dans les Star Wars, pour donner une idée).

Mais c'est surtout la musique qu'il faut saluer.
Hommage aux films muets, elle est aussi théâtrale que le reste de la réalisation.

Le compositeur Marvin Hamlisch (oscarisé) reprend l' air de piano obsédant de Scott Joplin et l'adapte au thème principal du film. Croyez moi, une fois qu'on a entendu ce morceau, c'est quasiment impossible de le sortir de la tête.
Il va vous hanter^^

Avec ses 7 oscars (film, réalisateur, costumes, décors, montage, musique et scénario) et ses 3 autres nominations (son, photographie et acteur pour Redford), L'Arnaque et un sommet de la comédie policière américaine.
Un grand classique du cinéma qui n'a pas pris une ride!

Note : ****

vendredi 14 novembre 2008

Les fils de l'homme



La civilisation est sur le point de s'écrouler. Aucune naissance depuis 18 ans à travers le Monde. L'Angleterre est la dernière civilisation intacte du fait de son insularité et qu'elle s'est totalement coupée du reste de l'Europe qui subit de terribles guerres civiles.


Des affiches peu attrayantes, un scénario qui oscille autant sur le drame psychologique que sur le film d'action futuriste (donc difficile à cerner), des acteurs connus mais sans statut de vrais stars (Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine)...

A cause d'une campagne marketing de mauvaise qualité, le film est passé quasiment innaperçu à sa sortie en salles.

Un tort immense au vu de sa qualité!

Alfonso Cuaron (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban) réalise un des films les plus impressionnants de l'année 2006.
Nominé aux oscars pour son scénario, son montage et sa photographie, il nous plonge au coeur d'une Angleterre futuriste où la guerre civile fait rage.
Et quand je dis au coeur, je dis qu'on est coincé en plein milieu de la zone de tir!

Cuaron filme caméra à l'épaule comme s'il s'agissait d'un documentaire.
Cette impression de réalité est palpable tout le long du film, on s'y croirait!

Il faut absolument voir le film pour ses plans séquences à couper le souffle!

Les impacts sur les murs se font de plus en plus proche, au loin des soldats s'écroulent.
On baisse la tête sous les balles et on court comme des dératés avant de se jeter à terre et de se planquer derrière un morceau de mur.
Abris provisoire car un tank vient juste de le faire sauter. On continue à zigzaguer entre les balles et on se réfugie dans un immeuble. On monte les escaliers et on traverse un couloir. Dehors les tirs continuent et depuis la rue, certains soldats commencent à tirer à travers le couloir...
et toujours pas le moindre plan de coupe à l'horizon!
Avec un clavier et une souris, j'aurais eu l'impression de jouer à Call of Duty 4!

Certains passages du film sont de véritables tours de forces logistiques!
On est emporté corps et âme et l'on suit les personages dans un état de fébrilité extrême.

Les personnages sont eux aussi très crédibles.
Loin de simples stéréotypes hollywoodiens, ils ont des sentiments, rient, racontent des histoires drôles, pleurent, vivent et meurent....
Car le film est tout sauf manichéen, personne n'est tout noir ou tout blanc et les balles n'emporteront pas que les « méchants »...

En raison de sa violence extrêmement réaliste, le film est à reserver à un public averti.

Surprenant, inventif, crédible, intelligent... les adjectifs manquent.
Si l'on aime le cinéma, il est impossible de passer à côté.

Note : ***

Furyo




Un film sur l'amitié et l'homosexualité sous jacente entre des prisonnierss anglais et les officiers japonais qui les gardent.

Avec un sujet aussi sérieux et délicat, Oshima avait fort à faire pour ne pas tomber dans le pathétisme facile et le mélodrame.

Le film dépeint l'affrontement de deux cultures à travers le face à face de Sakamoto (voix rauque, visage grave) et David Bowie.

Comme dans son autre film The Man who fell on Earth, Bowie captive l'attention à chaque apparition.
Son physique d'une beauté peu commune et son regard pénétrant lui donnent un charisme impressionnant.

Mais ce sont les personnages secondaires qui tirent vraiment leur épingle du jeu.
Le britannique Lawrence et le japonais Hara passent leur temps à disserter sur les conditions dans lesquelles ils vivent. Ennemis par nature, ils deviennent pourtant très proches.

Lawrence est le seul anglais à parler japonais, forcément ça aide dans les relations.
L'acteur Tom Conti fait une prestation remarquable et parle japonais avec aisance.
Face à lui, le pas encore connu Takeshi Kitano s'accapare l'écran avec une facilité déconcertante. On ressent déjà à travers son personnage, l'illuminé burlesque qui fera sa célébrité.
Les prémisces d'un grand acteur!

Le réalisateur Nagisa Oshima est surtout connu pour son film érotique extrêmement controversé L'empire des sens.
Il le sait et en profite pour y glisser un clin d'oeil dans le film (Bowie dit que la femme dont Lawrence rêve a du « la » couper pour crier aussi fort.)^^

Il prouve avec ce film qu'il est un grand réalisateur.
La photographie, comme les cadrages sont vraiment soignés et la musique composée par Ryuichi Sakamoto (qui joue l'officier Yonoi) est magnifique.
Le grand intérêt du film et de voir les anglais parler japonais et vice versa.
L'échange des cultures...

Les sentiments ne se déchaînent pas à l'écran, officiers comme prisonniers se doivent de rester sérieux pour se faire respecter. Il en va de leur vie.
La soumission est d'ailleurs un thème important dans le film.
Jamais, l'action ne prend le pas sur l'histoire.
Sur deux heures, Oshima prend le temps d'installer ses personnages et les relations qui les unissent.

Porté par des acteurs remarquables et adroitement réalisé, Furyo est un film qui déborde d'énergie tout en restant sobre.
Poignant!

Note : ***

Silverado



Emmett a été condamné pour avoir tué un membre du clan des McKendrick qui sème la terreur dans sa région. Une fois libéré, il retourne dans sa ville, Silverado, avec le projet de se venger du clan. En chemin, il fait évader son jeune frère, condamné à mort, et secourt deux hommes, Padden et Mal qui se joignent à lui.


Un western bourré de stars et réalisé par le scénariste de l'Empire contre attaque, ça fleurait bon le navet genre « je mise tout sur les acteurs et le reste on verra ».
Encore une fois, j'ai eu tort...

Lawrence Kasdan rassemble un grand nombre de stars mais qui sont à l'époque de simples petits nouveaux : Kevin Kline n'avait pas encore gagné son oscar pour un poisson nommé wanda,
Kevin Costner n'était pas encore la star de Robin des bois et de Danse avec les loups,
Danny Glover n'avait pas encore fait équipe avec Mel Gibson,
Jeff Goldblum n'avait pas encore fait La Mouche et Jurassik Park...
et je pourrais continuer longtemps.

Le casting est exceptionnel.
Kasdan n'a donc pas misé sur la popularité des acteurs mais sur leur talent!

Le film a été réalisé à une époque où le western était tombé en désuétude depuis longtemps. Mais Kasdan rêvait d'en faire un.

Au lieu de « remaké » un grand classique (c'est la mode aujourd'hui!), il décide d'écrire un scénario original.

Original mais pas nouveau.
On a donc une histoire d'amitié classique, des hors la loi, un shérif véreux, des fusillades en pleine ville, des chevauchées dans des décors splendides, une musique héroique, des éleveurs de bétails, des noirs que l'on méprise, des bagarres dans les saloons des plans larges en veux tu en voilà et bien sûr l'inévitable duel final.


Sans être exceptionnelle, la réalisation n'est pas laissée pour compte.

La photographie rend justice aux décors et aux grands espaces, les plans sont parfois superbes (les 4 héros qui chevauchent bride abattue), le montage n'est jamais trop rapide, on a droit à de belles séquences de fusillade à la fin...
La musique est parfaitement dans le ton avec un thème principal qui déborde d'héroisme.
La première scène est un régal et nous donne de suite le sentiment de participer à une grande aventure!

Les dialogues sont souvent drôles et les acteurs se mettent facilement dans la peau de leur personnage.
Mention spéciale à Costner qui joue les excités de la gachette avec un plaisir évident et Linda Hunt, petite par la taille mais grande par le talent!

Certains personnages secondaires sont sacrifiés (Arquette et Goldblum) au profit de l'histoire et lors des scènes tristes la musique en fait trop (on frôle la caricature pour la scène du bandeau :)
mais ça n'a au final peu d'importance.


Conscient de tout ce qui a été fait, Kasdan reprend les principaux ingrédients du western et les mélange alègrement.
On a parfois l'impression qu'avec autant d'éléments pris en compte, le scénario va nous perdre en route mais par une ligne directrice classique (les gentils s'unissent contre le méchant), Kasdan s'en sort parfaitement.

Sans renouveler le genre, Silverado est quasiment exempt de reproches.
Faire un western sans aucune tête d'affiche au moment où le genre est tombé aux oubliettes, le pari était risqué mais Kasdan a relevé le défi avec brio!

Note : ***

Chicken Run




Les poules se la jouent Grande Evasion!

Nick Park et Peter Lord, responsables des aventures de Wallace et Gromit sont des prodiges de l'animation en pâte à modeler. A l'heure où les images de synthèse et la 3D dominent les écrans, ils nous livrent une petite merveille d'animation à l'ancienne.

Une poule c'est bête et franchement peu gracieux.
Comment parvenir à les rendre attachantes à l'écran?
D'abord leur donner un regard débile fait de deux petites billes collées l'une à l'autre et surtout des dents.

Le jour où les poules auront des dents, elles sauront parler!
Ce jour est arrrivé et ce nouvel appendice facial leur donne des têtes absolument irrésistibles.
Les différentes expressions par lesquelles elles passent sont justes hilarantes :)

A partir de là, il ne reste plus qu'à trouver des doubleurs confirmés pour leur donner vie et le tour est joué.
En VO, les poules ont au choix un accent anglais, américain (Mel Gibson) voire écossais (incompréhensible pour le commun des mortels!^^) et les dialogues jouent beaucoup là dessus.
En français, c'est la crème des acteurs comiques qui se prête au jeu (Valérie Lemercier, Gerard Depardieu, Josiane Balsko, Claude Pieplu...)

L'animation est incroyable.
Dès les premières secondes, on est porté par l'histoire et on ne fait même pas attention qu'il s'agit d'animation image par image. Un travail d'esthète!

La mise en scène est également travaillée à l'extrême et les plans sont dignes d'un vrai film (mise au point sur un personnage, contre plongées, montage brillant, travellings avant ou arrière...).
La pâte à modeler ne limite jamais les effets de caméra.
Les réalisateurs réussissent même à créer de véritables plans séquence comportant des dizaines de personnages en mouvement.

La musique est très réussie. John Powell et Harry Gregson Williams, élevés au grain par Hans Zimmer, composent une bande son héroique à souhait.

Le scénario regorge de rebondissement et nous entraîne de surprises en surprises.
De temps en temps de savoureuses références aux films d'aventure font leur apparition ( La grande évasion évidemment mais aussi Indiana Jones et le temple maudit..)

Les personnages, poulets ou autres, sont tous formidables.
Entre le vieux militaire grincheux, le coq frimeur et beau parleur, l'intrépide poulette rêveuse, le duo de rats démarcheurs ou encore le pauvre fermier simplet battu par sa femme, les créateurs s'en sont donné à coeur joie pour imaginer les héros les plus loufoques de l'animation.
Un vrai bonheur!

Hilarant, d'une inventivité incroyable et maîtrisé de bout en bout, Chicken Run est un sommet de l'animation image par image.
Vous ne regarderez plus un poulailler de la même façon!^^

Note : ***

Ca tourne à Manhattan





Une journée de tournage comme une autre...

"On n'est pas au cinéma" , "arrête de te croire dans un film!"
Oui mais si le film devenait la réalité et la réalité devenait le film?

Le film débute sur des plans en noir et blanc, grain à l'image.
On sent le cinéma amateur à petit budget façon Clerks de Kevin Smith.
On nous présente sommairement le réalisateur, les actrices, le caméraman et le chef opérateur. C'est plutôt bien filmé pour de l'amateur avec belle lumière et profondeur de champ.
Le réalisateur lance quelques conseils sur le tas, et Moteur, Action!

Et là surprise, le film qu'ils tournent est en couleurs alors que la réalité filmée est en noir et blanc...(même moi je m'y perds!).

Passé cette excellente surprise, le réalisateur (le vrai) s'amuse en mettant des micros dans le cadre, en foirant les prises de sons, la netteté de l'image...
Le réalisateur (le faux) de plus en plus exaspéré finit littéralement par piquer une crise en insultant toute son équipe sous pretexte qu'un bip bip intenpestif l'empêche de tourner.

Et boum! Deuxième surprise, le bruit gênant en question n'est autre que son réveil! Il est dans son lit et la réalité est cette fois en couleur.

Plus tard, le film (le faux) mettra en scène une scène de rêve beaucoup moins réaliste ...

Et voilà, le réalisateur passe son temps à nous lancer sur une fausse piste avant de brutalement renverser la donne.

Malgré son aspect minimaliste assumé le film (le vrai) regorge de qualités.
Pour commencer la réalisation est bluffante au sens propre, elle nous fait pénétrer différents univers à travers celui du cinéma.

La mise en abime du film dans le film a été exploitée plusieurs fois au cinéma (Séquences et conséquences, Inland Empire et Muholland Drive et même Boogie Nights avec l'univers du porno.) mais au lieu de simplement présenter les déboires d'une équipe de cinéma ou de plonger dans l'horreur de l'illusion qui s'incruste dans la réalité, le réalisateur (Tom DiCillo) joue sur la technicité de la création cinématographique.

Il s'accapare l'image en jouant sur les stéréotypes visuels.

La scène où le couple se déclare son amour est tournée dans un magnifique noir et blanc épuré des années 50 alors que lorsque une actrice, larmoyante, annonce à sa mère que son père la battait, les couleurs se font plus vives pour ressembler à une série télé pour ménagères en manque d'affection comme on en voit tous les jours.

Mais quand la réalité du tournage prend le pas sur le film (le faux), c' est à exploser de rire!

La vie sentimentale se mêle à la vie professionnelle, ce qui nous donne droit à des situations incongrues comme la séquence ou l'acteur censé joué le tombeur romantique se fait salement insulter par l'actrice qui lui donne la réplique au lieu de réciter son texte, et lui de jouer son rôle comme si de rien n'était.
L'équipe technique est constituée de bras cassés et les petites contrariétés de chacun ne font qu'augmenter la température interne du pauvre metteur en scène.

Le casting est absolument génial.
Les acteurs doivent jouer une équipe de cinéma et donc pour la plupart jouer leur propre rôle à l'écran.
Les vrais acteurs sont aussi bons que leurs avatars sont mauvais.
Chacun est impressionnant de naturel et forme une joyeuse bande des personnages typiques que l'on trouve sur un plateau de cinéma.

J'ai voulu voir le film avant tout parce que j'adore Steve Buscemi.

Habitué aux personnages décalés, un peu en dehors de la réalité (Armageddon, Fargo, The Big Lebowski, Big Fish et tant d'autres), il incarne un réalisateur indépendant qui essaie tant bien que mal de garder le contrôle sur son film.

Sa prestation est juste parfaite. Il passe de la douceur à la folie en quelques secondes.
Mais malgré l' exaspération grandissante de son personnage, il n'essaie jamais d'en faire trop.
Son réalisateur n'est pas une caricature, c'est un être humain compréhensif avec de vraies émotions et de vrais problèmes à résoudre.
Alors après avoir hurlé sa rage à qui voulait l'entendre, il se remet calmement à réfléchir pour trouver une solution.
L'oeil rivé sur ses acteurs, on sent la passion le submerger quand, au bout d'innombrables prises, il réussit enfin à filmer la scène tant désirée.

A la fin de la journée, tous ces tracas et prises de becs s'oublient et s'effacent à travers le regard des personnages lors de la magnifique et émouvante scène de la prise de son silencieuse. Mais demain, tout recommencera...


L'envers des coulisses nous est présenté de manière aussi ingénieuse que réaliste et porté par des acteurs incroyables de simplicité.
Tom Dicillo (scénario et réalisation) réussit une comédie décapante mais juste sur l'univers du cinéma.
Son monde du cinéma est celui des relations humaines.
La personnalité et les sentiments des membres de l'équipe technique transparait sur le plateau.
Le cinéma, c'est aussi la vie de tous les jours...

Un vrai bonheur pour les cinéphiles de tous poils!

Note : ***

samedi 8 novembre 2008

Black Rain



Deux policiers new-yorkais témoins d'un meurtre, capturent le Yakuza après une lutte acharnée. Chargés de l'escorter au Japon, ils se retrouvent plongés au coeur de la puissante et dangereuse mafia d'Osaka...

Une trouvaille à bas prix parmi dans d'autres.
Fan de Ridley Scott, j' en avais déjà entendu parler mais je n'avais pas encore eu l'occasion de le voir.

La première chose qui frappe en voyant le film c'est la qualité de l'image.
Avant de surprendre tout le monde avec Speed ( et enchaîner les navets par la suite...), Jan de Bont a longtemps été un des meilleurs directeurs de la photographie.
Il a participé à certains des plus grands films des années 80/90 dont Piège de Cristal, Basic Instinct et La chair et le sang. Bref, une pointure!

Ici, il choisit de donner des couleurs chaudes pour représenter des quartiers inquiétants de froideur.
Cette utilisation inhabituelle de la palette artistique crée une ambiance malsaine et glauque qui perturbe le spectateur.

La mégalopole japonaise vu par Ridley Scott rappelle énormément le Los Angeles futuriste de Blade Runner
Tout comme dans Blade Runner, Scott crée un univers rempli de détails qui ne participent pas directement à l'action mais contribuent à son atmosphère.

Il appelle sa méthode le "layering / saupoudrage".
Les rues nocturnes et pluvieuses du Japon accumulent badauds et marchands, néons clignotants, véhicules et vitrines flashy.
L'image est constamment embrumée par des jets de vapeur. Ce sens constant du détail joue pour beaucoup dans l'esthétique du film.

Au niveau du casting, les seconds rôles sont très réussis. J'ai eu plaisir à revoir la ravissante Kate Capshaw ( Indiana Jones et le temple maudit et plus récemment Mme Spielberg) et Andy Garcia (fabuleux dans les Incorruptibles).
Les acteurs japonais sont aussi très bons mais je ne les connais pas suffisamment pour en dire plus.

Même si on ne voit pas Kate souvent, elle prouve qu'elle est une actrice qui sait jouer de sa présence et le jeune et fougueux policier campé par Garcia est si attachant qu'on sait qu'il ne passera pas la première heure de film....

Mais le héros du film c'est Michael Douglas.
Cheveux longs rejetés à l'arière, lunette de soleils, cigarette au bec et pas rasé depuis trois jours, il fait plus penser à un loubard qu'à un flic de New York. C'est bien simple : un bandeau sur l'oeil, il devient Snake Plissken!
Son interprétation est sans faille.
Dirigée d'une main de maître par Scott, il prouve qu'il sait changer de jeu (Basic Instinct, la Guerre des Roses, A la poursuite du Diamant Vert...) avec aisance.

Le film a été nominé 2 fois aux oscars pour son ambiance sonore.
Le montage son est effectivement très efficace et sait mettre en valeur la magnifique musique de Hans Zimmer.

En 1989, Zimmer n'est pas encore "Mr je compose tous les les blockbusters du moment" même s'il a déjà une nomination pour Rain Man ce qui prouve sa qualité en temps que compositeur.
Sa musique est vraiment particulière.
On l'associe souvent à son rythme percutant et ses envolées héroiques ; on oublie qu'il sait aussi jouer sur des tons beaucoup plus doux ( Beyond Rangoon, La ligne Rouge, True Romance pour ne citer que ceux là). Pour Black Rain il compose une mélodie orientale et n'hésite pas à rajouter quelques percussions quand l'action se fait sentir.

Du bon boulot donc qui préfigure pour la suite de sa carrière.

Avec une équipe aussi brillante, le film aurait pu atteindre les cimes du thriller policier, pourtant quelque chose cloche.

Après un départ en fanfare, on plonge de surprise en surprise ; découverte de Osaka, rebondissements innatendus, complicité américano-japonaise, adaptation tant bien que mal au mode de vie nippon des deux compères...mais une heure de visionnage plus tard, le film passe par un long passage à vide.
La seconde heure se perd progressivement dans des tunnels de dialogues qui ne mènent à rien et dont la moitié est en japonais non sous titré...
Comme Douglas, on avance péniblement de fausse piste en deception et on attend avec impatience que le niveau du film remonte.

Lorsque le lecteur dvd indique qu'il ne reste plus que 20 minutes de film, on se doute que l' inévitable fusillade finale va pointer le bout de son nez et le plan où Michael reçoit un fusil confirme l'idée.

Alors voilà le dénouement arrive avec son flot pétaradant de cartouches qui volent et des scènes d'une violence aussi brève que fulgurante ( et montée avec les pieds !).
Scott se lâche complètement avec duel à moto entre le gentil et le méchant et baston dans la boue ( j'ai la forte impression que John Woo a vu le film avant de faire Mission Impossible 2...)

Etonnamment alors que l'ambiance générale est plutôt glauque et réaliste, le film s' achève dans des scènes d'action ridicules dignes d'un van damme des mauvais jours. Bizarre.
Peut être que les producteurs ont trouvé le film trop tendu, trop sobre et qu'ils ont voulu donner au public son lot de violence pour relâcher la pression.
Va savoir.


Ridley Scott est à lui seul une pan entier du cinéma américain : science fiction avec Alien et Blade Runner, guerre avec la chute du faucon noir, péplum moderne avec Gladiator ou encore policier à l'ancienne avec American Gangster, il a pondu un bon nombre de chefs d'oeuvres.
Mais on ne peut pas récolter les lauriers à chaque fois.

Décidément quand Hollywood s'essaie au policier à la japonaise ( ratage avec Soleil Levant),c'est pas une réussite...
Malgré toutes les qualités techniques et artistiques, le manque flagrant de rythme plombe le film misérablement.
Il reste à voir pour la performance inégalée de Michael Douglas, son ambiance travaillée et quelques plans excellents et inspirés.


Note : *

vendredi 7 novembre 2008

Soldier



Dans un futur apocalyptique où les soldats sont sélectionnés et entraînés dès leur plus jeune âge à devenir des machines de combat sans pitié.
Vétéran de nombreuses guerres intergalactiques, Todd est un de ces soldats que rien n'arrête. Jusqu'au jour où une nouvelle génération de soldat biogénétiques fait son apparition. Suite à un combat avec ces nouvelles machines de guerre, Todd est laissé pour mort.



C'est généralement quand on n' attend rien d'un film que l'on est le plus surpris.
Honnêtement, je ne voulais le voir que pour la prestation de Kurt Russel (que j'adore!) mais je dois avouer que je ne m'attendais pas à un si bon film.

Russel se la joue Schwarzie dans Terminator, dépourvu de sentiments, le visage figé sans expression, il parvient sans problème à nous convaincre qu'il est une machine de guerre impitoyable.
Mais le charisme de l'acteur fait que l'on s'attache à lui. Ses beaux yeux bleus emplis de tristesse nous font ressentir le dur passé de son personnage.

Aux côtés de Russel, la ravissante Connie Nielsen (Gladiator) apporte du charme à l'aventure sans pour autant que l'on ait droit aux sempiternelles scènes de sexe gratuites et inutiles.
Sean Pertwee et Jake Busey font des seconds rôles passionnants. Habitué des films d'action (Point Break) et de la science fiction (Predator 2), Busey se retrouve encore une fois dans la peau du mentor.
Ses proverbes ridicules apportent un second degré appréciable.

Comme je l'ai déjà dit dans ma critique de Death Race, Paul Anderson ne fait pas des films très profonds mais il n'est pas aussi mauvais que Uwe Boll non plus.

Anderson a un sens du rythme incontestable.
Bien que le montage soit parfois trop haché (à de rares moments) pour bien comprendre ce qui se passe, certains plans sont vraiment superbes et il sait tirer profit des effets sonores pour nous en mettre plein les oreilles.

La réalisation oscille entre le bon film de SF (les plans de Kurt Russel arrivant sur la planète, le design des véhicules) et la série B classique (les explosions sont les ¾ du temps au ralenti et la caméra s'attarde parfois caricaturalement sur les larmes d'un acteur ou les flammes en arrière plan).
Mais après tout, le film ne se targue pas d'être plus qu'une bonne série B.

Anderson pioche à droite à gauche dans les grands classiques :

Un soldat transformé en tueur professionnel (Universal Soldier) se retrouve parachuté sur une planète désertique (Stargate) où il sera recueilli par des humains habitant dans des grottes (Dune).
Il va essayer de retrouver l'usage des sentiments (Robocop) tout en luttant contre les militaires venus nettoyer la zone de toute présence (Total Recall) dont il va se débarasser en alternant l'armement le plus sophistiqué (Predator) et les techniques de combat les plus rudimentaires (Rambo).

On se souvient qu'il est le réalisateur de Mortal Kombat quand Jason Scott Lee imite Liu Kang^^ lors de l'inévitable baston finale.

Malgré toutes ces références, le scénario de David Webb Peoples (Blade Runner) est plus sombre qu'il n'y paraît et le film contient des scènes d'une violence innatendue.

Souvent impressionnant, le film nous livre une vision brutale d'un futur apocalyptique où la survie du plus fort est devenue la règle.

Aidé par des effets spéciaux convaincants (sauf la fin...) et des combats implacables, Anderson surprend et livre probablement son meilleur film à ce jour.

Je n'aurai jamais cru mettre 3 étoiles à un film de Paul Anderson un jour mais c'est chose faite...

Note : ***

Beowulf




Un guerrier viking légendaire se dresse contre un monstre féroce qui terrorise la population d'un village.

Ce qui est interessant avec ce genre de scénario, c'est que les possibilités laissées au réalisateur pour imposer sa vision sont incroyables.
C'est étonnant que l'histoire n'est pas été adaptée plus souvent à l'écran...
Peut être que les studios avaient peur de ne pas arriver au niveau du chef d'oeuvre de Christophe Lambert (LOL!)

C'est désormais chose faite avec le nouveau film de Robert Zemeckis.
Depuis quelques temps, le prodige des années 80 (les Retour vers le futur, Roger Rabbit, A la poursuite du diamant vert...), s'entraîne à faire progresser la 3D réaliste à l'écran.

Son Beowulf est donc filmé avec des acteurs réels mais reproduit par ordinateur dans des avatars de pixels. On reconnaît facilement les acteurs mais le procédé n'est pas encore parfait.

Pourquoi utiliser cette technique me direz vous?
Parce que la vision du réalisateur dépasse les moyens utilisables dans la réalité.

Les différentes créatures auraient coûté une fortune en images de synthèse intégrées.
Le héros chevauche un dragon, transperce des monstres marins et combat à poil^^
La caméra virevolte dans tous les sens et Zemeckis se paie même le luxe d'un travelling arrière à travers le paysage qu'une caméra ordianire n'aurait jamais pu accomplir.

Après avoir lu de nombreuses critiques négatives, j'avais de gros à prioris sur ce film.
D'autant que je voyais mal comment Zemeckis allait passer d'une guimauve pour enfants avec des Tom Hanks partout (le Pôle Express) à une légende nordique flamboyante et cruelle.

Peut être que le fait que les images ne soient pas réelles ai rassuré les producteurs en se disant que de la 3D ne choquerait jamais un jeune public. Grand bien leur fasse car Zemeckis se lâche dans des combats durs et sanglants.

Le film n'atteint pas l'ultraviolence graphique d'un 300 ou les combats sanglants du 13ème guerrier mais de la part d'un réalisateur habitué aux films tous publics, je suis surpris de l'influence du jeu God of War sur certaines scènes.

Le film bénéficie d'un très bon casting. Anthony Hopkins, Angelina Jolie et John Malkovich et Brendan Gleeson sont pltôt bons mais c'est l'incarnation de Beowulf qu'il s'agit de saluer.
Ray Winstone entre parfaitement dans la peau de Beowulf.

Techniquement le film est plutôt réussi.
Passé un quart d'heure, on s'habitue vite à ces faux vrais acteurs et on se laisse porter par l'histoire.

Pour la musique, Zemeckis retrouve son ami de longue date Alan Silvestri qui reprend la plupart des thèmes de Van Helsing et donne une sacré force à cette épopée guerrière.

Malgré un manque de rythme, Zemeckis est convaincu du succès de son film et la fin trace directement la route pour une suite potentielle.
Ca lui laisse du temps pour améliorer sa technique!

Note : **

Death Race



Victime d'une macination et accusé à tort du meurtre de sa femme, un ancien champion automobile est incarcéré dans une prison de haute sécurité. Le deal: la liberté contre sa participation à une course à la mort.

« Now that's entertainement! »

Cette phrase prononcée par un mécano dans le film résume parfaitement le nouveau film de Paul Anderson.
Spécialiste en adaptation de jeu vidéo (Mortal Kombat, Resident Evil, Alien VS Predator), ses films sont de purs divertissemensts pour ados sans une once d'originalité.
Ici, c'est la même chose.

Remake du classique La course de la mort de l'an 2000, Death Race ne vaut que pour les courses justement.
Le scénario étant réduit à peau de chagrin, les dialogues sonnent souvent creux.
C'est simple, entre les courses on s'ennuie.

Tout est fait pour flatter le mâle qui est en nous.
Véhicules madmaxiens, canons en short moulants, personnages dopés à la testostérone, amitiés viriles, couses démentes et violentes et bande son métal.

Les acteurs sont convaincants dans l'ensemble.
Jason Statham prouve une fois de plus que body building et jeu d'acteur ne sont pas incompatibles et la belle Joan Allen (Peggy Sue s'est marié, Volte Face) montre qu'elle sait aussi jouer les ordures de la pire espèce. Sinon, j'ai été content de revoir Robin Shu, crâne rasé pour l'occasion, (qui avait déjà travaillé avec Anderson dans Mortal Kombat) mais dont le rôle est plus qu'insignifiant...

Dans le genre des jeux futuristes où l'on combat pour la survie, ne cherchez pas les scènes choquantes d'un Running Man.
Dans le genre des courses poursuites effrénées entre véhicules armés jusqu'aux dents ne cherchez pas la beauté visuelle d'un Mad Max 2.
Et dans la représentation d'un monde futuriste pourri jusqu'à la moelle où les détenus sont des condamnés à mort, ne cherchez pas la noirceur d'un New York 1997.

Paul Anderson se contente de filmer ses courses dans un environnement grisâtre.
Les plans se succèdent à une vitesse folle, le montage MTViesque n'arrange pas les choses et la plupart des concurrents ne font que de la figuration.
Pourtant tout cela n'empêche pas le bonhomme de parvenir à un résultat plutôt convaincant.

C'est que à défaut d'avoir du talent pour filmer, Anderson a le sens du rythme.
Les plans rapides font parfois place à de superbes ralentis, et la succession de gros plans sur les acteurs ou les impacts de balles sur la carosserie laissent une grande place aux plans larges où l'on voit plusieurs véhicules à l'écran.
Quant à la musique, elle est toujours utilisée à bon escient.

Au final, on prend vraiment son pied durant ces courses violentes et spectaculaires.
Idéal pour une soirée « cerveau off », le film ne restera pas dans les annales mais reste agréable à regarder.

Note : **

Eden Lake




Un couple profite d'un week end pour aller se ballader en forêt et se fait attaquer par un groupe d'adolescents.

Après les tronçonneurs fous, les dégénérés des collines qui ont des yeux, les fanas des puzzles mortels et les bourreaux de l'Europe de l'Est, le film nous présente les jeunes adolescents comme les futures menaces pour les touristes imprudents.

Autant couper court : je n'ai pas accroché du tout.
Le film est loin d'être une bouse monumentale pourtant alors qu'est ce qui cloche?
Tout simplement le manque d'originalité.

Le réalisateur a la bonne idée de nous laisser profiter du couple avant qu'il ne leur arrive des bricoles. Moments fugaces mais appréciables et joués avec conviction (l'actrice principale est très belle et plus d'être bonne actrice) mais sans aucun autre intérêt que de nous présenter les personnages.

Ce que je ne supporte pas dans le film d'horreur (ou le survival comme c'est le cas ici) c'est les « faux effets de peur ».
Vous savez bien, la musique se fait de plus en plus forte, la caméra fixe un recoin sombre et tout d'un coup... un chat bondit devant la pauvre blonde apeurée.

A défaut d'avoir des idées, on va effrayer le spectateur avec ce genre d'effet à 2 balles juste pour le maintenir sous pression.
Et vas y que le mari surgit dans la tente sans prévenir, et vas y que je fais arriver un camionneur en arrière plan pour effrayer l'actrice principale, et vas y que je passe soudain d'un plan du lac à un chien qui aboie brusquement.

Je suis allé voir le film avec un pote et à chaque fois, il bondissait de son siège.
Apparement sur certaines personnes ça marche, pas sur moi...

Bref des effets faciles en continu jusqu'à ce que l'histoire se mette réellement en place.
Quid du scénario? Pourquoi tant de haine contre ces pauvres touristes? Parce que le monsieur il a tué le chien des ados pour se défendre...et donc forcément les méchants ados ils vont tout faire pour venger le chien. Waow, ça c'est du scénar!

Les ados sont crédibles, il faut reconnaître. C'est surtout le fait qu'ils filment leurs actes avec des portables qui les rend sadiques.

En revanche les incohérences ne manquent pas.
Perdus au milieu de la forêt, les acteurs attendent la moitié du film avant de décider de ramasser un morceau de bois pour se défendre, un type coincé par une branche dans une voiture n'a même pas l'idée de reculer son siège pour pouvoir sortir, l'actrice principale se cache à plusieurs reprises in extremis et à chaque fois les méchants ados ont l'opportunité de la trouver mais changent de direction au dernier moment (un classique du genre!).

Heureusement dans la seconde partie, l'actrice va se montrer un peu moins cruche et arrête de fuir pour affronter ses opposants. Surprenant? Pas vraiment.
La dernière demi heure est un concentré de plagiat du film The Descent ( ça c'est un film qui met le trouillomètre à zéro et si effet gratuit il y a c'est pour mieux surprendre par la suite!) même effets de lumières, même sauvagerie chez les personnages mais en beaucoup moins inspiré et surtout beaucoup moins gore.


Oui, le film évite au moins la surenchère d'hémoglobine si chère au genre mais alors pourquoi une interdiction aux moins de 16 ans? Le film choque?
Un des acteurs montre son pénis à l'écran et psychologiquement la violence est impressionnante. Visuellement par contre, la plupart des coups sont montrés rapidement voire hors champ. A part un gros plan assez horrible sur une coupure faite au cutter, le film n'a rien de vraiment effrayant.

Très (trop!) classique, le film se rattrappe avec une fin innatendue. Mais bon c'est déjà la fin...

Par rapport à l'ennui ressenti je mettrai * mais en admettant que je n'ai pas vu The Descent je rehausse la note pour la réalisation correcte et le jeu crédible des acteurs.

Note : **

La ligue des Gentlemen Extraordinaires




Adaptation live du comic, LXG raconte les aventures de 7 hommes et femmes aux capacités hors du commun qui s'unissent pour combattre un diabolique adversaire, le Fantôme, qui s'apprête à saboter une conférence réunissant les plus grands chefs d'Etat.

Chacun de ces héros est une figure classique de la littérature (l'aventurier Alan Quatermain de Conan Doyle, la vampire Mina Harker de Bram Stoker, l'homme invisible de Wells, Dr Jekkyl de Stevenson, le Capitaine Nemo de Jules Verne, le mystérieux Dorian Gray de Oscar Wilde et enfin Tom Sawyer de Mark Twain.


Imaginez la scène :

C'est le grand Nord. Une forteresse d'acier se dresse au milieu de la neige d'un blanc immaculé. Un garde patrouille. Soudain son arme lui échappe des mains, voltige dans les airs avant de se précipiter sur lui toute crosse dehors. Deux, trois coups dans la machoîre, le garde s'effondre. L'homme invisible s'excuse de frapper aussi fort. A ce moment, une nuée de chauves souris se métamorphose en une femme sublime et une montagne de muscles qui grince des dents la rejoint. Ils vont passer à l'attaque de la forteresse...

Honnêtement quand j'ai vu cette scène, je me suis rendu compte à quel point le potentiel de ce film était grand!!!

Dire que j'avais envie d'aimer le film est un euphémisme. Avec autant de personnages charismatiques à l'écran, il aurait pu devenir le meilleur film de super héros qu'on ait jamais vu!

La déception est d'autant plus grande quand on voit le résultat.
Je ne sais pas exactement ce qui ne tourne pas rond dans la réalisation mais les exemples sont nombreux : des décors de studio en carton pâte, des flammes en images de synthèse qui otent toute crédibilité aux explosions, des maquettes trop visibles, des blocs de polystyrène qui nous font (pas du tout) croire à des pans de murs qui s'écroulent, de la neige en polystyrène...techniquement le film est un festival de n'importe quoi!

Venise s'écroule mais on a l'impression de voir la vidéo d'un vieux jeu de Playstation! C'est dingue, j'avais pas vu d'effets de destruction aussi minables depuis le chateau de Beowulf (le film culte avec Christophe Lambert, mais là c'était pas Playstation, c'est carrément Super Nes XD)

Les acteurs dans l'ensemble ne sont pas mauvais mais ils n'arrivent pas à tirer grand chose de leurs personnages.
Deux exceptions tout de même : le personnage de Hyde, grosse brute violente qui ne demande qu'un peu d'amour^^ plus poussé que ce à quoi je m'attendais et surtout l'homme invisible interprété par le trop rare Tony Curran (Gladiator, Le 13ème Guerrier, Underworld Evolution).

Quelle ironie que le meilleur acteur soit le seul qu'on ne voit pas l'écran XD

Le réalisateur Stephen Norrigton, responsable du très bon Blade (stylisé et violent), nous livre un spectacle édulcoré où la seule tâche de sang est beaucoup trop claire pour qu'on y croit.

Pour son film, Norrington voulait un éclairage monochrome et non pas de "couleurs vives et chatoyantes" comme la plupart des adaptations BD pour ancrer son film dans une veine réaliste. Ok après tout c'est lui le patron.
Mais quand au final, les couleurs sont tellement fades qu'elles empêchent l'ambiance de s'installer, je me jetterais volontier sur un Hellboy et ses... "couleurs vives et chatoyantes".

Où sont passées les scènes impressionnantes de Blade où le montage collait parfaitement à l'action? Ici le moindre combat est mitraillé de 50 plans différents et on a peine à suivre ce qui se passe. C'est encore plus dommage quand on voit les mouvements de sabre de Nemo ou les coups de griffe de Mina ; on se dit que les acteurs ont du passer du temps à s'entraîner...

La bande son n'est pas en reste. Les coups de feu se ressemblent tous et les explosions n'ont aucune pêche. Quant à la musique de Trevor Jones (Le Dernier des Mohicans!!) elle est trop classique pour qu'on y prête vraiment attention.

Alors un ratage complet?
Le film a autant divisé le public que la presse spécialisé. D'une part, certains trouvent le film spectaculaire et apprécient son côté "pop corn" et d'autre part certains l'élèvent au rang de film culte tant le choc des images atteint le Nirvana du ridicule...
A vous de choisir votre camp! ^^


Note : *