vendredi 21 novembre 2008

Dick Tracy




Un détective tenace au coeur tendre lutte contre une bande de voyous sans scrupules.

Dans l'histoire du polar en bande dessinée adaptée au cinéma, Sin City a fait date pour sa photographie noir et blanc sublime et ses cadrages directement sortis de l'oeuvre de Frank Miller.

Avant lui, Qui veut la peau de Roger Rabbit mettait en scène de vrais acteurs avec des personnages de dessin animé dans des décors tout droits sortis de l'imaginaire de Chuck Jones.

Dick Tracy franchit une nouvelle étape dans la représentation d'une adaptation crédible à l'écran.

Warren Beatty adapte les aventures du célèbre détective Dick Tracy au cinéma.

Tracy c'est un peu le Judge Dredd des années 20, il incarne l'ordre et la justice et suit la loi à la lettre sans se préoccuper des conséquences.
Mais il est tiraillé entre son devoir et les sentiments qu'il éprouve pour son amie Tess (Glenne Headly, rayonnante). A chaque fois qu'il tente de lui faire sa déclaration, il est constamment interrompu par sa montre radio pour aller sauver la veuve et l'orphelin.

En parlant d'orphelin, il va en croiser un, Kid, avec qui il fera équipe malgré lui.
Joué par un tout jeune mais charismatique Charlie Cosmo (le fils de Robin Williams dans Hook), Kid est une sorte de gavroche des rues, débrouillard et assoiffé d'action.

Le reste du casting reprend les figures classiques du film de gangster à savoir la femme fatale et les fripouilles en tout genre qui essaient de mettre la main sur la ville.

Celle qui tente de pervertir le héros en montrant ses longues jambes athlétiques, c'est la chanteuse Madonna. En émule de Marylin Monroe elle joue (agréablement) de son corps pour éveiller les sens du mâle qui la repousse. Ses tenues aguicheuses et ses moues coquines l'élèvent en véritable fantasme de sensualité.
Et pour ne rien gâcher, elle chante.

Les airs de chansons de cabaret apportent beaucoup à l'ambiance du film.
Le montage utilise d'ailleurs habilement ces chansons pour faire passer un message à travers une série d'évènement sans autre son que la musique.
Musique de Danny Elfman, héroique et passionnée à souhait, qui rappelle souvent celle composée pour Batman.
Un excellent travail.

Quant aux méchants de l'histoire ils sont très originaux.
Pour accentuer le côté BD, Beatty a l'idée d'opposer Tracy à une série de bandits grotesques et difformes. Les maquillages portés par les acteurs sont très réussis et chaque personnage possède une particularité physique qui le distingue.

Mention spéciale à Dustin Hoffman qui interprête un truand qui s'exprime en marmonant des paroles incompréhensibles (un peu comme Benicio del Toro dans Usual Suspect, mais en moins classe...).



Le leader de cette bande d'affreux c'est Al Pacino alias Big Boy.
Ironiquement, Pacino avait déjà joué le même rôle dans les Parrains mais dans un registre beaucoup plus sérieux.
Ici il s'amuse. Il en fait des tonnes mais c'est pour que son personnage est l'air aussi niais que son visage nous le laisse suggérer.
Bien qu'on reconnaisse difficilement l'acteur sous son maquillage, sa performance est appréciable (il sera nominé aux ascars).


Maquillages comme costumes sont magnifiques. Les visages déformés, associés à des vêtements (très style « Les Incorruptibles ») aux couleurs éclatantes, assurent une crédibilité idéale à cette adaptation live.

Mais si le film regorge de personnages, le héros (ou plutôt l'héroine) du film c'est la ville.
Beatty doit nous convaincre que son film se passe dans une ville réaliste mais qui n'existe que dans les bandes dessinées. Dur.

L'action prend place dans une caricature du Chicago époque prohibition.
Les plus belles scènes se déroulent de nuit où l'immensité des décors prend toute son ampleur.

La technique du matte painting (procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor en y laissant des espaces vides, dans lesquels une ou plusieurs scènes filmées sont incorporées ce qui permet d'étendre à l'infini les arrières-plans sans avoir à construire des décors pharaoniques) fait des merveilles.Et un oscar, un!

Les immeubles gigantesques, éclairés par des néons de boîtes de cabaret, s'étendent à perte de vue, alors qu'au loin une lune, éternellement ronde, éclaire un port aux bateaux majestueux.
Chaque batiment a fait les frais d'une attention particulière et pas un pan de mur n'est laissé au hasard.
Loin des quartiers gris et poisseux que l'on retrouve dans les polars, la ville du film, resplendissante de couleurs chaudes, est sublimée par une photographie d'une splendeur inégalée.

Honnêtement les décors du film offrent des plans parmi les plus beaux jamais vus sur un écran!

Le film aurait gagné à rajouter un peu d'action (les fusillades sont remarquables, j'en veux plus!) et à écourter certains dialogues mais quelle importance...
Doté d'une esthétique incroyable qui combine avec brio les éléments classiques d'un polar noir et l'excentricité des comics américains, Dick Tracy est un grand spectacle à ne pas manquer.

Note : ***

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