samedi 17 janvier 2009

The Big Lebowski




Jeffrey Lebowski, dit le « Duc » est un glandeur fini qui fume de l'herbe et boit de la vodka-lait.
Il passe sa vie au bowling avec ses deux potes. Un jour, deux malfrats viennent chez lui et en le prenant pour un autre, le tabassent. L'un d'eux urine sur son tapis..
Le Duc part alors en chasse pour qu'on le dédommage.


J'ai du mal à définir l'humour dans les films des frères Cohen.
Leurs films se suivent et ne se ressemblent pas. De même, on peut aimer certains de leurs films et en détester d'autres.

J'ai beaucoup aimé "Arizona Junior" et "Blood Simple" mais j'ai rapidement décroché sur "Miller's Crossing". Quant à "Fargo" (leur triomphe), autant j'ai apprécié les qualités techniques du film autant les subtilités parodiques du scénario m'ont complètement échappé...

Je ne suis donc pas le mieux placé pour parler de leur cinéma si particulier.
En revanche, j'ai appris une chose sur les dialogues : ils ne valent rien en français!

Je me souviens parfaitement de la première fois que j'ai vu "The Big Lebowski".

Mes parents avaient loué le film en français ( le dvd n'existait pas encore).
Donc le film commence, et une voix off nous présente le personnage du Duc.
Au bout d'un moment, deux voyous entrent chez lui et l'un deux urine sur son tapis.
De tout le film, c'était la seule scène dont je me souvenais, parce qu'après le scénario tourne en rond et multiplie des dialogues sans aucun sens qui essaient d'être originaux.
Au bout de 20 vingt minutes, j'étais parti...

A l'époque je devais avoir 12 ans, pas étonnant que je n'ai rien compris.
En fait le film m'était passé complètement au dessus de la tête!
L'humour, adulte, est décalé au possible et réside majoritairement au niveau des dialogues.
Quant au scénario, il est en béton! D'une simplicité effarante mais en même temps tellement surprenant. C'est que ce qui compte dans le film ce n'est pas le scénario mais les personnages eux mêmes.

Et c'est là que je dis que la version française est nulle.
Non pas qu'elle soit baclée ou que les doubleurs ne soient pas convaincants mais elle est incomparable à la VO.

D'abord le « Duc », ca veut dire quoi « Duc »? C'est quelqu'un de haut placé, un aristo qui a la belle vie? Quand on voit le Duc s'acheter une brique de lait habillé en pyjamas, le titre ne colle pas une seconde.

En fait, « Duc » en français c'est juste le meilleur mot que la société de doublage a du trouvé pour que la synchronisation labiale (les mouvements des lèvres) entre les deux langues puisse se faire facilement. Le mot d'origine étant : Dude.
Et là, ça change tout parce Dude dans la langue de Shakespeare, c'est le mec coooooool, qui se prend pas la tête, relaaax quoi. T'as un problème, tu vas le voir et il te fait « T'inquiète pas man, tiens prends une taffe ».
Voilà, là déjà on colle plus au personnage!

Ce ridicule mot de 4 lettres résume pourtant à lui seul tout le film : l'attitude du Dude façe à ce qui lui arrive. Car être Le Dude, c'est pas juster s'affubler d'un sobriquet ridicule, c'est avoir la classe! Mais la classe dans la déchéance...
Les cheveux longs pas coiffés, l'air du type qui vient de sortir du lit, c'est le parfait glandeur.


Le Dude, c'est Jeff Bridges et le rôle lui colle littéralement à la peau.

Le Dude ne s'assoie pas, il se vautre. Pas besoin de sermonner le Dude, il n'écoute pas.
Et quand le Dude se sent menacé, il met ses lunettes de soleil.
Honnêtement, il faut voir Bridges mettre ses lunettes alors qu'un policier se moque de lui. Il reste là, bien caché derrière ses oeillères avec la parfaite tête du mec qui se dit «  Cause toujours toquard, j'écoute même pas! »

Le Dude passe sa vie au bowling avec ses potes Walter (John Goodman), un ancien du Vietnam un poil lunatique, et Donny, un simplet avec une tête à claque (Steve Buscemi).

Le Dude a une petite vie pépère et il y tient. Alors quand on vient souiller son tapis, c'est tout son petit monde qui s'écroule.

A partir de là le scénario part dans tous les sens et le Dude fera la connaissance de personnalités assez dérangées.
On y croise un vieux grincheux en fauteuil roulant, une peintre nymphomane, une bande de kidnappeurs au fort accent germanique, un joueur de bowling exhibitionniste qui s'appelle Jésus, un cow boy qui s'adresse à la caméra et un commissaire de police qui se croit dans "Full Metal Jacket". Et j'en oublie...

Le scénario tourne en rond sans vraiment avancer. Et pourtant c'est ce qui fait sa richesse car il permet d'enchaîner des dialogues truculents comme on en n'avait pas vu depuis Tarantino et ses "Pulp Fiction" et autres "Reservoir Dogs".

Ridicules en français, les dialogues originaux sont extraordinaires.
Les frères Cohen utilisent à merveille les différences subtiles de tons et d'accentuation propres à la langue anglaise, qui même avec les meilleurs efforts du monde sont impossible à reproduire dans notre langue.

Difficile de décrire ce que l'on ressent mais les acteurs font tous un formidable travail d'élocution. Chaque mot, chaque phrase est dite d'une telle façon que les conversations les plus banales deviennent jubilatoires.

Les Cohen jouent d'ailleurs habilement sur le comique de répétition : il n'est pas rare qu'un personnage répète la même phrase plusieurs fois. Mais chaque fois, la phrase a un sens légèrement différent et c'est ce qui fait le sel de ces têtes à têtes.

Le film bénéficie d'un casting en or!

Hormis Jeff Bridges dans le rôle principal on retrouve des habitués des Cohen notamment -le toujours formidable- Steve Buscemi et Peter Stormare (le duo vedette de "Fargo") et John Goodman ("O Brother", "Miller's Crossing", "Arizona Junior").
Ce dernier est le parfait compagnon du Dude.
Contrairement à lui, c'est une boule de nerfs permanente qui menace à tout moment d'exploser.

Dans le cinéma américain, on représente souvent les anciens du Vietnam comme des personnes solitaires, dans l'impossibilité de s'adapter au mode de vie qu'ils ont su préserver. Ici les frères Cohen se lancent dans la caricature puisque ce vétéran considère carrément une partie de bowling comme une question de vie ou de mort.
Il y a des règles à suivre! Le bowling n'est plus un loisir, c'est une raison de vivre...
Goodman est absolument parfait dans ce rôle, probablement le meilleur de sa carrière.


Du côté des nouveaux on trouve entre autre un Phillip Seymour Hoffman qui redouble d'autodérisison dans le rire forcé et une Julianne Moore aussi obsène que troublante.

Je pourrais aussi parler des scènes de rêve surréalistes où le Dude vole au dessus de la cité de Los Angeles tel un Superman en peignoir ou se fait poursuivre par une boule de bowling géante.
Ou encore de la narration elle même qui mèle les images d'une botte de foin emportée par le vent à la voix rocailleuse de Sam Elliot, sorti tout droit d'un western.
Ou encore de la bande son étonnante qui rivalise avec celle de "Pulp Fiction".

Bref, "The Big Lebowski" est beaucoup plus complet et travaillé qu'il n'y paraît aux premiers abords. Cette histoire ridicule d'un type à côté de ses pompes qui cherche juste à récupérer son tapis va au final se transformer en quête épique et intelligente.

Servi par des dialogues percutants et interprété avec brio par des acteurs au meilleur de leur forme, le film est une comédie loufoque, enjouée et réjouissante.
Les frères Cohen y sont au sommet de leur art!

A partir d'un scénario où un homme sans histoire se retrouve mêlé à une intrigue qui le dépasse à la suite d'un quiproquo, Hitchcock avait créé un chef d'oeuvre.
Dans des circonstances différentes, les frères Cohen en créent un autre...

Note : ****

Hollow Man




Que ce soit à travers la littérature ou le cinéma, le mythe de l'homme invisible a fait part à de nombreuses interprétations et représentations.
Même, John Carpenter, le maître du cinéma fantastique a essayé d'imposer sa vision.

L'An 2000 marque le retour du scientifique et de ses expériences extraordinaires sur les écrans. Et qui de mieux qu'un savant fou pour en diriger un autre?

Le cinéaste Paul Verhoven est connu de tous les amateurs de science fiction.
De "Starship Troopers" à "Total Recall", en passant par le légendaire "Robocop", il a donné vie à certains des meilleurs films du genre.

Mais Verhoven n'est pas n'importe quel réalisateur de commande. Le « Hollandais Violent » sature ses films d'ultraviolence sanglante et de sexualité crue.
Chacun de ses films, sujet à controverse, est une mine d'or pour la censure Hollywoodienne bien pensante!

Pour ce film il retrouve ses vieux copains, à savoir : le monteur Marc Goldblatt, le compositeur Jerry Goldsmith et le responsable de la photographie Jost Vacano.
Autant dire qu'avec un tel palmarès à leur actif, chacun connait le mode de fonctionnement de chacun. Autrement dit, rien à redire sur la musique, la lumière ou le montage. Un excellent travail.

Dans ce genre de film, les héros ne sont pas les acteurs mais les effets spéciaux.
Les images de synthèse modernes nous permettent d'aller bien au delà de la chemise qui flotte dans les airs et de la tasse à café qui se soulève suspendue à un fil de pêche.

Pour ceux qui suivent des cours d'anatomie, vous allez être ravis!
Voir Kevin Bacon disparaître progressivement suite à l'injection du sérum d'invisibilité donne lieu à des séquences extraordinaires de réalisme.
Elaborées au départ pour le film "La Momie" de Stephen Sommers, la technique de re création d'un corps humain étapes par étapes prend ici toute son ampleur.
La peau, les tissus, les organes, les nerfs, les os... tout est montré à l'image sans aucune retenue. S'en est presque écoeurant...

Comprenant que la technologie moderne lui autorise tous ses excès les plus fous, Verhoven n'hésite pas à mettre en scène sa créature à travers le plus d'éléments possibles (eau, fumée, sang, feu, vapeur...).
Et nous de prendre une claque visuelle à chaque fois!

Cependant, Verhoven ne se laisse pas aller dans le tout numérique sans faire l'effort de le mettre un minimum en valeur.

Il a très bien compris qu'un effet spécial n'est que plus crédible s'il est ajouté sans plan de coupe. Un plan on voit l'acteur, hop un autre on voit l'effet. Non, ça ne marche pas comme ça ici.
Les images de synthèses sont parfaitement intégrées dans la mise en scène.
Elles prennent la place de l'acteur sans que l'on s'en aperçoive réellement.

Un grand nombre de scènes montre Kevin Bacon sans visage recouvert d'un simple drap, ce qui lui donne une apparence fantomatique très esthétique.
En parlant d'esthétique, difficile de surpasser la scène où le latex liquide qu'on lui verse sur la tête prend peu à peu la forme de son visage...



L'effet pour l'effet n'a pas cours ici. Si le film contient plus de 500 plans avec effets spéciaux, ils sont tous utilisés pour le bien de l'histoire.

Le personnage joué par Kevin Bacon, Sebastian, est un génie de la génétique légèrement égocentrique.
Lorsque il dit « You're not God...I am », il s'amuse mais enivré par ses nouvelles facultés, il va vite découvrir que jouer à Dieu peut être au final très agréable...

« Que feriez vous si vous étiez invisibles? »
Chaque personnage à sa propre théorie, Sebastian, lui, est bien tenté de profiter des jolies filles sans défense.

Sa découverte des pouvoirs s'accompagne d'une montée en puissance de sa perversité latente. Et à partir de ce moment, on retrouve le Paul Verhoven des beaux jours.
Sexe, gore et violence forment un mélange délirant allant parfois jusqu'au malaise.

Le viol (suggéré) de la voisine (ravissante Rhona Mitra) sur laquelle Sebastian fantasme depuis toujours sera suivi de scènes de meutres plus terrifiantes les unes que les autres.

Le style éblouissant de Verhoven se conjugue parfaitement avec une bande son métal et la musique atmosphérique de Goldsmith. Lors de certaines scènes la caméra bouge comme s'il s'agissait du personnage et la musique suit ses mouvements comme pour exprimer ses pensées.

Mais si le film ne lésine pas sur le rouge, tout n'est pas rose au niveau du scénario.

Les effets spéciaux sont au top, en revanche le niveau des acteurs n'est pas aussi élevé.
Hormis un Kevin Bacon inquiétant à souhait, le reste du casting fait pâle figure.
Le duo de tête, composé de Elisabeth Shue (Jennifer dans "Retour vers le futur") et du body buildé Josh Brolin, ne parvient pas à réellement retenir l'attention.

Non pas que les acteurs soient mauvais mais leurs personnages manquent de personnalité.
Pareil pour le reste de l'équipe, réduits à quelques stéréotypes qui débitent des dialogues sans saveur.

Je regrette que le scénario n'est pas accordé plus d'attention à la crédibilité de certaines scènes. Comment ça se fait que les personnages principaux soient toujours aussi résistants quand la situation l'exige?
Qu'ils se prennent un coup de pied de biche dans l'estomac ou qu'ils se fassent déchirer l'épaule par un ascenseur, ils ne semblent jamais ressentir la douleur plus longtemps que le suspense le demande...

Ces incohérences ne gâchent heureusement pas un final typiquement Hollywoodien hautement spectaculaire. L'inévitable explosion finale est une des plus belles jamais vu au cinéma!

Après comparaison, les anciens films de Verhoven vont beaucoup plus loin en terme de violence ("Total Recall") et de sexe ("La chair et le sang", "Basic Instinct") mais les effets spéciaux valent à eux seuls le détour.

Avec des personnages et des dialogues plus fouillés, le film n'en aurait été que meilleur mais il contient son lot de scènes choc.

Hollow Man s'affirme comme une série B à gros budget et l'on prend plaisir à admirer cet étalage d'érotisme et de gore.
Un plaisir coupable...

Note : **

Affliction



Wade Whitehouse est un officier de police dans une petite ville du New Hampshire.
Un jour un de ses amis est engagé pour emmener à la chasse un leader syndical.
Lorsqu'on apprend que ce dernier s'est tué accidentellement, les soupçons se mettent à germer dans l'esprit de Wade, qui décide de mener sa propre enquête.



En voyant la jaquette du film, j'ai tout de suite pensé au "Fargo" des frères Coehn et à "Un Plan Simple" de Sam Raimi.

Les polars qui se passent sous la neige sont souvent parodiques, empreints d'humour noir mais ici j'ai fait fausse route : le film est on ne peut plus sérieux.
Affliction : synonyme de misère et de désespoir.
Avec un titre pareil, on ne risque pas de rigoler beaucoup...

Le réalisateur, Paul Schrader, est connu pour son film "Hardcore" où un père entre dans un réseau de prostitution à la recherche de sa fille. Il est également responsable des scénario de "Taxi Driver" et "Raging Bull" de Scorsese. Autant dire que ce type n'est pas le mieux placé pour raconter une histoire où le soleil brille et où tout le monde il est gentil.

Le film n'est pas un film policier classique : pas de héros, pas de méchant, que des salauds...
Schrader s'intéresse plus au côté obscur des personnages qu'à l'action et s'acharne à montrer les tréfonds de l'âme humaine.

Ses héros sont des hommes ordinaires dont la vie se met soudainement à basculer.
Tout comme DeNiro dans "Taxi Driver", Wade est un homme bon par nature mais son passé tourmenté l'empêche de mener la vie qu'il souhaite.

Wade est joué par un Nick Nolte ("48 heures", "Clean") remarquable.
Ce père de famille divorcé et à côté de la plaque n'est pas une mauvaise personne.
Il a des problèmes comme l'on en a tous et n'aspire qu'à mener une vie simple et être heureux.
Mais on se rend compte qu'il vit dans l'illusion.
En la personne de Maggie (Sissy Spacek, inoubliable "Carrie") il pense avoir trouvé une femme avec qui se remarier et cherche désespéremment à faire réviser son divorce pour récupérer sa fille, sans comprendre qu'elle ne veut pas de lui...

L'acteur donne le meilleur de lui même (nomination à l'oscar). Le rôle du vieux grincheux au grand coeur lui va comme un gant mais il arrive à nous angoisser lorsque son personnage sombre peu à peu dans la folie.

Le pauvre homme est vraiment accablé mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
On apprend qu'enfant il se faisait battre par son père, alcoolique et pervers, et chaque coup dur le plonge un peu plus dans la peur de marcher sur ses traces.
Lorsque ce père indigne ressurgi dans sa vie c'est le début de la descente aux enfers pour cet homme en quête de rédemption...

Le personnage du père est joué par James Coburn.
Durant sa longue carrière, Coburn a excellé dans les rôles des brutes hargneuses et des soldats anarchistes ( "les 7 Mercenaires", "Croix de fer", "Il était une fois la révolution"...). Malheureusement, depuis que le western et le film de guerre sont tombés en désuétude, il est resté cantonné aux petits rôles ("Professeur Foldingue", "Hudson Hawk", "Sister Act 2"...).

Je l'ai toujours admiré et dans ce film il me bluffe une fois de plus.
Son personnage est détestable dès le premier plan. Vieil homme sadique élevé à la dure, il n'a de respect pour personne et se noie corps et âme dans l'alcool.


Pourtant aussi abominable qu'il soit on ne peux s'empêcher de se sentir triste pour lui. S'il est devenu comme ça, ce n'est pas sa faute mais c'est du à l'éducation sévère qu'il a du recevoir.
Bien qu'il n'apparaisse pas souvent à l'écran, sa présence est magnétique.
Lors des flash back maladroitement filmés à la caméra super 8 (comme s'il s'agissait d'un film de vacances), il se révèle aussi odieux qu'effrayant.

Une des plus belles interprétations qu'il n'ait jamais donné (oscar meilleur second rôle).

Si le film est avant tout une enquête policière, avec ses indices disséminés à droite à gauche, c'est cette relation père/fils qui est au coeur du film.
La violence à la fois omniprésente et implicite passe par les rapports qu'entretiennent Coburn et Nolte. Ils se détestent mais ils ont quelque chose en commun : les liens du sang.

Le premier regrette et rejette ce que son fils est devenu et ce dernier n'a que trop peur de finir comme lui. Le seul qui s'en sort bien dans l'affaire c'est le second fils joué par Willem Dafoe.

Remarqué dans "Platoon" ou "Mississippi Burning", il est révélé au grand public dans le "Spiderman" de Sam Raimi.
Très bon acteur, dans le film il est à la fois la voix de la raison (la voix off qui explique les événements qui se déroulent) et l'allumette qui mettra le feu aux poudres...

Paul Schrader réalise un film mélancolique et dur où la blancheur immaculée des paysages contraste avec la noirceur de l'âme des personnages.

Note : ***

La chèvre




La malchance ça existe. Il y a des gens qui sont nés avec comme d'autres viennent au monde avec les yeux bleus. Marie Bens compte parmi ces individus.
Lorsqu'elle disparaît en Amérique du Sud son père engage, sur les conseils d'un psychologue d'entreprise, un type aussi malchanceux qu'elle, François Perrin, et un détective privé, Campana, pour lui servir d'ange gardien.

Francis Veber est un des scénaristes/réalisateurs les plus connus du cinéma français.
Dans ses films, on retrouve toujours un personnage récurrent : François Pignon. Pignon c'est le pauvre type, héros malgré lui d'une situation qui le dépasse complètement.
Il aura été tour à tour emmerdeur, con, dépressif, suicidaire et homosexuel.
Mais en marge de Pignon, il y a eu le personnage de Perrin : malchanceux noitoire et porte-poisse permanant.

C'est autour de ce personnage que tourne le film ou plutôt autour des situations qui se créent à travers lui et des relations qu'il entretient avec Campana.

Si Perrin est un imbécile heureux qui ne s'étonne de rien, Campana lui c'est le sceptique à l'esprit cartésien, résolument convaincu que « ça n'existe pas la malchance! ».

Si les plus grandes comédies françaises (voire les comédies en général) reposent sur un duo complémentaire, aux personnalités diamétralement opposées, le couple Perrin/Campana rejoint fièrement les indétronables Bourvil/De Funès et autres Blier/Ventura.

Mais le plus dur reste de dénicher des acteurs dignes de ce nom pour les incarner.
A l'époque Pierre Richard vient de tourner son premier film avec Veber « Le Jouet » et il est engagé pour jouer Perrin. Quant à Ventura, désigné au départ pour jouer Campana il sera remplacé par Depardieu qui fait ses premiers pas dans la comédie.

L'alchimie entre les deux acteurs est totale et leur complicité à l'écran fonctionne à merveille.
Le scénario fonctionne sur le principe éculé mais toujours efficace de deux personnages contrastés qui ne s'entendent pas mais qui doivent se supporter pour résoudre une problématique.

On se retrouve donc avec un fil de fer roux qui se prend pour un dur à cuire et une armoire à glace au grand coeur obligés de faire équipe pour le meilleur et surtout pour le pire.

Le pire parce que non seulement la malchance ça existe mais en plus ça se transmet, selon le principe des vases communicants! Si au départ Campana s'amuse à faire des tests sur Perrin à ses dépends pour vérifier sa théorie, son esprit rationnel va être confronté à l'inexplicable quand il va lui même se retrouver victime d'un effrayant manque de bol.

La performance de Depardieu est jouissive. Face aux évènements, il ne sait pas comment réagir et ne peut s'empêcher de jeter un regard incrédule chaque fois qu'un pépin pointe le bout de son nez.

Alors que Perrin demeure enthousiaste en toute circonstance (à force de prendre une tuile sur le coin de la figure il n'y fait même plus attention), lui va basculer petit à petit dans la quatrième dimension où les lois de la nature ne sont plus régies par des règles qu'il peut concevoir.
Depardieu joue très bien la peur. A son visage terrorisé on sent tout de suite que Campana n'est pas dans son élément et quand il casse son lacet, c'est comme s'il sentait sa fin prochaine arriver.



Quant à Pierre Richard, il se sert de son physique particulier et de son sens du comique impeccable pour créer ce personnage rêveur et constamment hors du coup. De ce pauvre bougre, il émane une véritable poésie et une chaleur humaine qui le rendent si attachant. Rien qu'en le voyant apparaître à l'écran on sourit d'avance à ce qui va lui arriver.

Ce côté loufoque malgré lui le suivra dans la suite de sa carrière. Il deviendra entre autres le fameux « grand blond avec une chaussure noire » et refera équipe avec Depardieu dans plusieurs films dont « Les Fugitifs » et « les Compères », tous deux de Veber.

Son personnage a vraiment marqué les mémoires si bien que « Pierre Richard » est pratiquement devenu synonyme de maladroit ou de malchanceux. Si, si...

Les acteurs sont donc fabuleux, voilà c'est dit.

Le scénario ne cherche pas à être profond. Même si on n'échappe pas à l'éternelle scène où le pauvre type se rend compte qu'il a été manipulé, ici tout est fait pour rigoler.
Déjà entre Perrin et Campana ça part mal : c'est le plus petit qui prend les commandes et qui donne les ordres.
C'est David qui se prend pour Goliath et Goliath, ça lui plait pas trop...

Evidemment chacune de ses suggestions est pire que la précédente et les deux compères vont rapidement tomber sur un vrai sac d'embrouilles.
Entre mexicains mafieux, sables mouvants et panne d'essence en pleine jungle amazonienne ils vont en voir de toutes les couleurs.

Mais c'est pas grave parce que Perrin se mèle parfaitement à la population locale et parle anglais couramment : « You, I cherche one amigo of me, you peut être connaitre » et la carrure imposante de Depardieu autorise tous les excès à son Campana qui défonce les portes à coups de pieds et les têtes à coups de boule.

Au passage, j'imagine la tête du responsable du casting quand il a appris qu'il devait rechercher un Mexicain avec des narines suffisamment larges pour que Depardieu puisse y passer les doigts (!).

Sans atteindre le niveau d'un Audiard de la grande époque, les dialogues s'en tirent avec les honneurs avec des répliques connues de tous : « J'avais une vie un peu plate avant de vous rencontrer Perrin... ».

Mais le gros problème du film c'est la mise en scène. A la base, Veber n'est pas un réalisateur.
Et s'il a amélioré son style dans ses films plus récents, sur "La Chèvre" il en est autrement.

Veber dit de lui «: Je suis un auteur qui réalise », il reste donc plus attentif à l'histoire qu' à la réalisation elle même.
Un bon film commence par un bon scénario et de bons acteurs, après le reste c'est accessoire.
Sauf que parfois, ça peut gâcher certaines scènes.

La plupart des scènes du film sont des moments de comédie et c'est ce que Veber sait filmer le mieux. Chaque ligne de dialogue est mise en valeur par des plans travaillés, parfaitement cadrés au niveau des visages des acteurs. On ne perd pas une miette des dialogues truculents!

De même Veber a très bien compris que ce qui rendait le film drôle ce n'est pas Perrin, c'est Perrin à travers le regard de Campana.
Selon la situation, l'expression sur le visage de Depardieu donne un point de vue supplémentaire à une scène et participe indéniablement à l'humour qui en découle (il prend un air innocent alors que Pierre Richard se ramasse une baffe par sa faute...).


En revanche, quand il s'agit de filmer des scènes un peu plus mouvementées, comme les bagarres ou les scènes de poursuite, la simplicité et la platitude de la mise en scène se font cruellement sentir. Les séquences manquent d'ampleur. Et je ne parle pas de la musique de Vladimir Cosma (excellent musicien soit dit en passant) qui accentue chaque apparition du méchant par un « Touh touh touh, Touh, touh, tooouhm » qui résonne comme un « attention danger »caricatural.


A l'époque le film a été un énorme succès et a littéralement propulsé la carrière des deux acteurs sur orbite.
Aujourd'hui les dialogues restent excellents et les acteurs sont toujours aussi formidables mais la froideur de la réalisation rebute parfois, sans pour autant plomber le film n'exagérons rien.

Note : **

Chiens de Paille



David, mathématicien réservé, fuit les Etas Unis avec sa femme Amy pour venir habiter dans le calme et paisible arrière pays anglais. Mais quand il engage une équipe locale pour réparer sa grange, celle ci commence à harceler le couple. Au début David ne fait rien, jusqu'au jour où ils le poussent à bout...

Le film le plus connu de Sam Peckinpah est sans aucun doute "La Horde Sauvage" : un western crépusculaire où la violence atteignait son paroxysme.
Visuellement, ses fusillades sont aussi belles que choquantes. Réglées au millimètre près, elles combinent effets sonores saisissants et montage saccadé où elles sont mises en scène au travers de ralentis éblouissants.

Nul doute que Peckinpah a inspiré les ballets corégraphiés de John Woo et indirectement, les ¾ des cinéastes américains d'aujourd'hui.

Violence. La violence aujourd'hui est devenue presque banale, il n' y a qu'à voir les infos ou lire les journaux. Et c'est encore plus vrai au cinéma.
Il y a 10 ans, un film interdit aux moins de 12 ans est devenu moins choquant que les séries policières qu'on nous inflige quotidiennement.

Et puis, d'un autre côté il y a ces producteurs qui pour gagner toujours plus, réduisent la violence de leurs films pour qu'elle soit regardable par un plus jeune public (quitte à dénaturer une oeuvre...).

Mais la violence, c'est comme le sexe : ça fait vendre.
Il suffit d'observer les scores au box office de films tels que "Saw" et "Hostel" pour s'en rendre compte.
Plus c'est gore, plus on va loin dans l'interdit, plus les gens ont envie de voir les films.
On en est arrivé à un tel niveau de surenchère qu'on n'y fait même plus attention...

Et je râle, je râle mais je suis le premier concerné.
La moitié de ma vidéothèque est constituée de films violents. Mais j'aime les films violents! Je préfère 100 fois plus revoir un bon John Woo pour la énième fois que de me taper la rediffusion de Camping.

Exemple idiot mais qui exprime mon raisonnement.


Mais pourquoi je parle de tout ça d'abord?
Parce que il arrive parfois que des films utilisent la violence pour mieux nous faire réfléchir dessus.
Ces films ce sont des grands classiques comme "Orange Mecanique" et "Full Metal Jacket" de Stanley Kubrick et des films comme "Chiens de Paille".

Parce que dans "Chiens de Paille", de la violence il y en a, et pas qu'un peu!
Et devant cette déferlante de fureur et de sauvagerie, le spectateur de s'interroger : « Comment en est on arrivé là? ».

C'est que, avant le final proprement hallucinant, il s'est déroulé plus d'une heure et demi de film sans qu'aucun coup de feu fratricide ne soit tiré.

Tout commence alors que le couple pricipal vient d'arriver dans la petite bourgade.
Dès le départ le malaise s'installe. L'image est poisseuse et terne, les couleurs sont fades. On ne sait pas exactement pourquoi mais on sent que quelque chose ne tourne pas rond. On fait rapidement connaissance avec les habitants du village. Des gens en apparence sans problèmes, bien qu'un peu trop portés sur la bibine.



Pourtant, on va rapidement se rendre compte qu'ils ne sont pas si innocents que ça.
Tout ce qui les intéresse c'est le sexe et la violence.
En guise de présentation, ils n'hésitent pas à demander pourquoi les Etats Unis sont si barbares.
« Et vous avez déjà vu des bléssés, et vous avez déjà tiré sur quelqu'un...? »
Plutôt dérangeants (et dérangés ) ces types là. Et ce n'est rien comparé à celui qui fétichise la petite culotte de l'épouse...

Bref si le climat est brumeux, leur intentions le sont tout autant.

Tout au long du film, Peckinpah nous confronte à la violence sous des formes diverses et variées.

Lorsque David (tout jeune Dustin Hoffman) part à la chasse on lui demande ironiquement de vérifier si son fusil n'est pas chargé (« C'est plus sûr »).
Mais quand il abat une volaille, il reste muet devant son acte et préfère laisser l'oiseau sur place plutôt que le ramener en trophée. Le volatile méritait-il de mourir?
Cette question fait le rapprochement avec le funeste dénouement qui s'approche.

Car oui, qui méritait de mourir dans le film? C'est facile de dire à quelqu'un qu'on va le tuer dans un excès de colère, de là à passer à l'acte il y a tout un fossé.

Après tout hormis les torts et travers de chacun, tout le monde n'avait que des intentions louables à la fin.
Les hommes du village voulaient retrouver leur fille et interroger l'homme avec qui on l'avait vue pour la dernière fois.
David ne cherchait qu'à le protéger car il se sentait responsable de l'accident qu'il avait causé (sans savoir que l'homme est en réalité le meurtrier de la fille) et enfin Amy, se fichant éperdumment des conséquences, voulait s'en débarraser pour que tout le monde puisse s'en retourner en paix.
Sans compter que le meurtrier lui même a été invité à sortir par la fille et n'est donc pas entièrement responsable...

Et dans tout ça le réalisateur de brouiller toujours plus les pistes en lançant haut et fort un « Aucun royaume n'a été plus meutrier que celui du Christ! ».
Il est donc déstabilisant de chercher à justifier la violence du film.

Les jeunes du village sont aussi portés sur le sexe disais-je.
Et dans une scène monstrueuse, ils iront jusqu'à violer Amy. Acte de la plus haute cruauté mais qui était annoncé dès le départ.

La toute première image d'Amy dans le film est un gros plan sur son pull sous lequel pointe ses seins : elle ne porte pas de soutien gorge.
Quand par la suite, elle va jusqu'à se déshabiller devant les hommes qui réparent la grange pour prendre son bain, elle montre des tendances presques exhibitionnistes.
Elle s'offusque que ces hommes la regardent mais elle fait tout pour.
Alors peut on dire que : « Elle l'a bien cherché? »

Peckinpah nous plonge en plein coeur d'un dilemme moral entre ce que l'on souhaite voir arriver et ce qui se passe réellement, avec les conséquences tragiques que cela entraîne (traumatisme psychologique du viol et le point de non retour lors d'un final implacable).



Jusqu'où peut on pousser un homme?
Que doit faire un homme qui n'a plus, pour se défendre, que le recours à la violence?
Est t'on toujours un héros si l'on devient aussi cruel que ses ennemis?

Voilà quelques unes des nombreuses questions que pose ce film.

Porté par des acteurs incroyables, "Chiens de Paille" offre des scènes d'une tension intense et une violence brutale rarement atteinte (et pas seulement pour l'époque). Interdit en Grande Bretagne lors de sa sortie, il est devenu un jalon important dans la longue interrogation de la violence au cinéma.

Note : ***

mercredi 7 janvier 2009

Ring




Une rumeur circule dans les cours d'école : une vidéo maudite provoquerait la mort pile une semaine après l'avoir regardée... Rumeur apparemment stupide mais non moins fondée puisqu'on lui impute déjà quatre morts. La tante d'une des victimes, journaliste de profession, décide de mener l'enquête qui la mènera à une histoire de fantôme et de malédiction.

A moins d'avoir fait un séjour prolongé sur Mars ses 10 dernières années ou de vivre en ermite coupé de toute civilisation, il est impossible d'être passé à côté de l'impact cinématographique de "Ring"...

"Ring" n'est pas qu'un simple film d'horreur japonais, il est, au même titre que "Scream" pour les occidentaux, un précurseur du genre.

Son succès phénoménal est à la base d'une vague de dizaines de films d'horreur japonais ancrés sur le même principe et le film lui même a fait l'objet de nombreuses suites et parodies.

Le réalisateur Hideo Nakata était loin de s'imaginer que son film produirait un tel engouement.

En combinant la tradition des "Yurei Eiga" (à savoir les films de fantômes japonais) des années 50-60 qui adaptaient les contes et légendes populaires des fantômes chinois (retranscrits par la suite en japonais) et un univers plus contemporain, Nakata a donné naissance à la silouhette mythique de Sadako.

Avec ses longs cheveux noirs qui cachent constamment son visage, sa robe blanche et sa démarche inhumaine, elle devient l'incarnation du stéréotype de l'horreur à la japonaise.

Le fantôme de Sadako à désormais sa place parmi les "monstres" les plus célèbres du cinéma aux côtés de Dark Vador, Terminator et le tueur de Scream.

Son apparence est instantanément reconnaissbale et il n'est pas rare de voir, en Asie, des collégiennes porter des cheveux extrêmement longs et marcher la tête penchée en avant.
Mais le film a eu un impact social tellement important qu' à cause de son implication horrifique, "jouer à Sadako" est devenu strictement interdit dans les écoles comme l'explique le réalisateur dans les bonus.

De mon côté, j'étais persuadé de connaître le film après avoir vu "Scary Movie 3" qui parodie l'histoire mais j'ai eu l'occasion de le voir malgré tout, donc...

Si le scénario est effectivement connu de tous, la mise en scène de Nakata mérite largement le coup d'oeil.

Contrairement à la plupart des films d'horreur hollywoodiens qui misent tout sur la surenchère d'effets gratuits et de gore grand guignolesque, Nakata installe une ambiance sordide et pesante qui définit l'horreur sous un nouveau jour.

Pour un spectateur nourri aux scènes téléphonées et qui à l'habitude de se laisser guider par la musique pour savoir quand le tueur va frapper, "Ring" surprend constamment en prenant totalement au dépourvu.

Si le scénario peut parfois prêter à sourire (d'où les parodies) tant il véhicule des concepts un peu inhabituels pour notre culture occidentale, la réalisation sérieuse et soignée de Nakata parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la fin.

Alors que les studios hollywoodiens dépensent parfois des millions en effets spéciaux et finissent par donner mal au crâne à force de multiplier les mouvements de caméra pour nous faire peur, Nakata s'en sort avec les honneurs avec un budget minimaliste.

Sa mise en scène épurée et glacée nous file instantanément les chocottes.
Même s'il ne se passe rien à l'écran, les angles de caméra biscornus et l'abscence de musique maintient une tension palpable qui ne nous lâche jamais.

En esthète de l'image, Nakata peaufine ses plans et crée une atmosphère troublante de chaque instant.
Il doit beaucoup à Kubrick dont il emprunte les plans fixes à la géométrie travaillée. La scène où le fils de l'héroine se promène à l'étage est d'ailleurs réminiscente de "Shining".
Tout au long du film, les personnages sont enfermés dans un cadre artificiel fait de paravents ou de couloirs étroits, symbole du destin funeste dont ils ne peuvent échapper...

De même la quasi-abscence de musique ne permet jamais de prévoir la suite des évènements et l'horreur en est d'autant plus présente.
Nakata a d'ailleurs saisi toute l'importance de l'ambiance sonore et s'en sert avec brio à son avantage...

En comprenant que la musique est quasiment le fil narratif d'un film de ce genre, il décide de l'utiliser au minimum afin de laisser le spectateur dans l'inconnu le plus total.

La musique de Kenji Kawai (spécialisé dans les films d'animation dont "Ghost In the Shell" de Mamoru Oshii") est donc plus un amas de bruitages plus ou moins reconnaissables qu'une vraie bande originale.

Ce travail sur les effets sonores vaut à lui seul son pesant de cacahuettes tant il nous met le trouillomètre à zéro!

Le film en lui même est aussi étonnant. Au lieu de plonger directement dans l'horreur, le réalisateur prend le temps d'installer ses personnages.
Le film se déroule dans une réalité palpable et la plus grande partie du film ressemble plus à une enquête policière ( la recherche minutieuse des indices, le décryptage de la K7 image par image...) qu'à un film d'horreur au sens où on l'entend.

Conscient que son scénario (une K7 tueuse...) risque d'avoir du mal à convaincre, il joue sur la crédibilité des situations et les fausses alertes.
On évite les éternelles portes qui claquent pour un rien et le chat qui bondit dans le champ de la caméra et surtout Nakata parvient à nous faire peur avec des objets du quotidien tels qu'un téléphone et un poste de télé...


Le film aurait pu s'appeler "7 jours pour mourir" et se résumer à une course éffrénée contre la montre mais...non.
Le film s'appelle "Ring" et "ring" c'est le bruit strident que fait un téléphone quand quelqu'un appelle.

Et le film porte bien son titre : le réalisateur y va très progressif dans l'horreur.
On suit les personnages dans leur petit quotidien quand soudain, Nakata nous balance une de ses images choc dont il a le secret! Et là inutile de dire que le film fait froid dans le dos!

Même si la scène mythique où Sadako sort de l'écran de télé n'est un secret pour personne, la manière dont elle est interprétée glace toujours le sang.

Au final, le film suggère plus qu'il ne montre et les images choc sont très rares par rapport à la durée du film.
Néanmoins leur exécution est parfaite en tout point et confirme au film son statut de culte.


Malgré les nombreuses suites et remakes qu'il a engendré, l'original reste une valeur sûre pour tous les fans d'horreur à la japonaise.
Hideo Nakata reste bel et bien The Lord of The Ring ! (facile...)

Note : ***

Avalon




Dans un futur indéterminé, le jeu vidéo "Avalon" constitue la seule alternative pour se soustraire à un climat lugubre et dictatorial. Ce jeu de guerre attire de nombreux citoyens qui, le temps d'une partie, se retrouvent dans son univers virtuel, où ils doivent accomplir des missions à haut risque pour espérer toucher une prime. Ash, ex membre des Wizards, une équipe de jeu, est la meilleure joueuse-guerrière d'Avalon. Un jour, elle découvre que Murphy, un ancien des Wizards, est devenu un "non-revenu" : il est resté pris au piège du jeu, et son corps gît inanimé dans un hôpital. Pour le sauver, Ash tente d'atteindre le niveau suprême, la " classe spéciale A ", où se trouverait l'âme des non-revenus.



Mamoru Oshii est l'auteur de nombreux animés cyberpunk dont "Patlabor" et les "Ghost in the Shell" dont le premier reste une des références incontournables du genre.

Si l'on a longtemps considéré le manga comme un réservoir de sexe et de violence sans âme, ni intelligence, il est impossible de dire la même chose de ses oeuvres.

Au même titre que Hayao Miyazaki et Isao Takahata, Oshii est toujours à la recherche de scénarios décalés et savamment empreints d'intelligence.

Ses films font la part belle aux discours philosophiques complexes, à la science fiction et aux débats métaphysiques dont l'éternel : "Qu'est ce que la réalité?", fil rouge de nombreuses de ses histoires.

Car la réalité chez Oshii n'est jamais ce qu'elle semble être.
Les humains sont réduits à des pantins sans âmes tandis que les créatures cybernétiques qui peuplent son monde ne cessent de se poser des questions existencielles sur leur vraie nature.

"Avalon" est son premier film "live" mais l'on retrouve tous les ingrédients de ses précédents animés.

Ce qui frappe le plus dans "Avalon" c'est son esthétique.
Une chose est sûre, visuellement le film marque les esprits.

Les 3/4 du film baignent dans un filtre sépia qui rappelle les vieilles photos jaunies de la seconde guerre mondiale.
Le film ayant en plus été tourné en Pologne, le monde d'Avalon ressemble à une société détruite, dominée par un pouvoir répressif.
Un choix surprenant mais qui donne au film une splendeur indescriptible.
Beau à se damner!

Le jeu vidéo dans lequel se déroule l'histoire est calqué sur les jeux de tir d'aujourd'hui dont la plupart des gamers (moi y compris) raffole.

Hélicoptères, tanks et autres machines de guerre sont les ennemis à abattre pour pouvoir terminer les missions du jeu. Plus que de simples véhicules, Oshii en fait des créatures robotiques. Non pas qu'ils puissent se transformer à volonté comme dans "Transformers" mais leur design est particulièrement soigné et rappelent ceux des précédents films de Oshii (l'hélicoptère pour "Patlabor" et le tank pour "Ghost In The Shell").

Comme dans ses autres films, le héros est une héroine. Ash de son prénom est une femme fière, indépendante mais seule et fragile (à l'image de Motoko Kusanagi).
Son seul lien avec la "réalité" est ce basset (personnage récurrent des films de Oshii) qu'elle nourrit mieux qu'elle même.
Sa vie se résume à se connecter au réseau pour pouvoir se lancer dans le jeu d' Avalon.

Elle rappelle fortement les "no-life", ces gens accros aux jeux en ligne qui, comme sous l'effet d'une drogue, ne parviennent plus à décrocher. Ils restent chez eux toute la journée, scotchés à l'écran, et en oublient peu à peu leur vie sociale. Oshii parvient à retranscrire ce sentiment d'enfermement lorsque la caméra arpente de longs couloirs qui plongent peu à peu dans les ténèbres.

Les salles où les joueurs se connectent ont de fortes ressemblances avec une prison ou un institut psychiatrique : grilles à l'entrée, cellules individuelles, casques et lits d'hôpital.

A l'opposé d'un lieu de fraternité et de plaisir, ces "salles de jeu" portent définitivement en elles quelque chose de malsain....

Même manger devient en quelque sorte un acte glauque et pervers. Le plan où la caméra fixe constamment la bouche qui engloutit les aliments est réminiscent de la fameuse scène du convoi dans "Il était une fois la révolution" de Sergio Leone ou du "Eraserhead" de David Lynch.
Bien que manger fasse partie des actes les plus naturels du monde, on est presque écoeuré de ce que l'on voit (notre propre réalité...).

Tout comme l'esthétique et le scénario, Oshii possède un style bien à lui.
De brefs passages violents suivis de longs temps morts composent la marque de fabrique du cinéaste.

L'action prend place lorsque Ash entre dans le jeu.
A ce moment, tirs et explosions fusent en tout sens. Mais comme toujours, Oshii cherche à se différencier de ses prédécesseurs et avec l'aide des effets spéciaux les plus perfectionnés du moment, stylise le moindre aspect de son film.

Les explosions se figent à l'image et la caméra passe à travers, dévoilant les différentes couches numériques qui les composent. De même, les corps des joueurs ou des ennemis éliminés ne tombent pas à terre, mais se séparent littéralement en plusieurs parties avant de se décomposer en une multitude de pixels.

Ralentis oniriques, plans inspirés, effets sonores travaillés, esthétique jeu vidéo (avec le score qui s'affiche à la fin des missions), tout concorde avec la mise en scène virtuose d' Oshii.
Ces passages sont de plus portés par la magnifique musique de Kenji Kawai, qui donne au film une poésie et un lyrisme indicible.

Ces séquences sont indéniablement spectaculaires mais rares.
Une fois l'introduction passée, il faudra attendre longtemps avant de pouvoir en reprendre plein la vue.


Pour autant on n'en reste pas moins émerveillé par la profondeur du scénario et le style sobre et épuré qu' Oshii emploie pour suggérer la solitude de l'héroine et son monde désincarné.
Les acteurs n'ont pas un mot plus haut que l'autre et sont souvent plats. Non pas qu'ils soient mauvais mais le manque d'expression sur leurs visages accentue le délaissement et l'isolation des personnages.

Comme tous les autres films d'Oshii, "Avalon" possède un rythme très lent et certaines scènes en deviennent presque soporifiques. Bien que le scénario et le diptyque monde réel/ monde virtuel fassent évidemment penser à "Matrix", les longs silences ininterrompus, les rares dialogues et les décors quasiment vides le rapprochent plus du "2001" de Kubrick.

Et avant que tout le monde ne sur rue sur Oshii pour plagiat éhonté, il est important de savoir que les frères Wachowski, réalisateurs de "Matrix", ne cachent pas leur admiration pour Oshii et c'est sans honte qu'ils lui ont emprunté son style visuel si particulier : le célèbre générique où les caractères verts défilent à l'écran est en réalité tiré du générique de "Ghost in the Shell".

Car oui, "Matrix" est directement inspiré de l'animation japonaise et des films de Oshii en général...et non le contraire.

Mais il semblerait qu'à son tour, Oshii ait rendu hommage aux Wachowski avec la scène de la fenêtre murée (clin d'oeil possible à "Matrix")

Quoi qu'il en soit, ce sont ces silences interminables qui risquent de diviser les foules car si la bande annonce du film faisait quasiment une apologie des scènes d'action, elles ne doivent pas durer plus de 10 minutes en tout.
Les amateurs seront forcément déçus.

De la part de Oshii, il faut toujours s'attendre à un scénario compliqué voire complexe. Entre les références mythologiques à Avalon (l'île de la légende du Roi Arthur), ce qui se passe à l'écran et ce qui est dit par les personnages, il faut compter sur plusieurs niveaux de lecture pour bien en saisir toutes les subtilités.

La fin est d'ailleurs sujet à de nombreuses interprétations tant elle s'avère surprenante en tous points.


"Avalon" est vraiment un film à part. Il commence comme un film d'action classique et finit en fable métaphorique sur le destin et le sens de la vie. C'est typiquement le genre de film qui divise car rien n'est fait à moitié.
Oshii a fait tout sauf un film commercial : "Avalon" est un film japonais tourné en polonais!

Il est certain que tout le monde n'appréciera pas et moi même j'ai vraiment eu du mal à ne pas m'endormir pendant la seconde moitié tant le rythme du film se fait apathique... De ce côté là je rapprocherais plus "Avalon" de "Innocence" que du premier "Ghost in the Shell" qui, lui, possédait l'équilibre parfait entre réflexion et action (même si le scénario de départ était de Masamune Shirow).


Considéré par les plus grands maîtres du cinéma de science fiction (dont James Cameron) comme un "réalisateur visionnaire", Mamoru Oshii a une fois de plus accompli une oeuvre d'art qui va marquer les esprits pour un bout de temps.

"Avalon" est un film absolument inclassable. Il est difficile d'y entrer mais il est encore plus dur d'en sortir. Et de la même manière qu'un film de Kubrick ou de David Lynch, il vous restera dans la tête longtemps après le générique.

J'aurais tant aimer élever "Avalon" au rang de chef d'oeuvre mais sa lenteur trop marquée m'en empêche. En tant que critique, j'ai du mal à noter le film pour tout ce qu'il représente vraiment.
Je continue à considérer "Ghost in the Shell" comme le meilleur film du cinéaste.

Note : **

Spartan




Membre des Forces Spéciales de l'armée américaine, Robert Scott est appelé d'urgence à Washington : Laura Newton ,la fille du président des Etas Unis, a été kidnappée...


Val Kilmer a commencé sa carrière avec le film "Top Secret", parodie rocambolesque des films d'espionnage, par les créateurs des Hot Shots. Il y incarnait un émule de Elvis Presley.
Sa voix magnifique et son physique de rockstar lui a ensuite permis d'incarner le leader des Doors dans le film éponyme d'Oliver Stone avant d'enchaîner les succès avec "Top Gun", "True Romance" et "Heat".

Depuis que je l'ai découvert dans "Willow" de Ron Howard, il reste un de mes acteurs favoris.
Mais, à cause du nombre d'échecs commerciaux ou artistiques à son actif ( "Le Saint", "Batman Forever", "Wonderland", "Salton Sea", "Planète Rouge", "Opération Profiler"...), on le voit de moins en moins à l'écran...

Il est récemment remonté dans mon estime avec "Kiss Kiss Bang Bang" mais depuis plus rien. Reviens, Val !

A ces côtés, dans le film, on trouve William H Macy (longtemps cantonné dans des seconds rôles marquants comme dans "Fargo" et "Boogie Nights",il est passé en tête d'affiche avec "Jurrasic Park 3") et Derek Luke, découvert dans "Antwone Fisher", succès public et critique de Denzel Washington.

Tous trois sont excellents dans le film. Crédibles de la tête aux pieds dans leurs rôles respectifs.

La fille du président a été kidnappée on envoie un super agent pour la récupérer.
Vu comme ça, le scénario est presque caricatural. On pourrait s'attendre à un film d'action bas de plafond avec Steven Seagal ou Dolph Lungren dans le rôle principal. Il n'en est rien.

Le réalisateur David Mamet est aussi scénariste. Il a notamment écrit pour "les Incorruptibles" de DePalma, "Ronin" de Frankenheimer et "des Hommes d'Influence" de Levinson pour lequel il a été nominé aux oscars.

Connaissant les films, on peut dire ses scénarios sont souvent très poussés, combinant intrigues policières et complots politiques. Il sait donner de l'importance à ses personnages, d'ailleurs la plupart des acteurs qui les ont interprété sont des stars renommées (Dustin Hoffman, Robert de Niro, Jean Reno, Kevin Costner, Andy Garcia, Sean Connery...).

Ses scripts ne sont donc pas à prendre à la légère.

Il est passé derrière la caméra avec "Braquages" et plus récemment avec "Spartan".

Il est quasiment impossible de voir que le film a été tourné en 2004.
Loin des blockbusters Hollywoodiens classiques, l'action est très réduite. Pas de course poursuite sur l'autoroute, pas d'explosions à tout bout de champ, les vitres ne s'écrasent pas sur le sol...
On échappe aux bastons chorégraphiées et il ne faut pas vider un chargeur pour abattre un ennemi.

Le réalisme est donc le maître mot.
La caméra se fait discrète lors des affrontements et les images plutôt sobres rapellent les thrillers des années 90.
La réalisation est maîtrisée et nous tient en haleine jusqu'à la fin grace à un suspense de plus en plus dense et une violence implacable.


Personne n'est invincible et la mort frappe souvent quand on ne s'y attend pas.
La quasi abscence de musique et la mise en scène modérée empêche de prévoir ce qui va se passer.
Quand on se rend compte qu'un tireur était embusqué, le coup est déjà parti...


Spartan ça signifie Spartiate. Il s'agit du nom donné aux guerriers de Sparte, connus pour être l'élite des combattants (regardez "300"...).
On raconte que lorsqu'il fallait envoyer de l'aide, le Roi Leonidas envoyait un seul Spartiate en renfort, c'est pour dire...

Val Kilmer c'est donc le guerrier gonflé aux stéroïdes qui va nettoyer la zone et sauver la demoiselle en détresse.
Eh ben non. Si le personnage est redoutable avec un pistolet, un couteau ou un fusil, il reste vulnérable. Même s'il frappe les accusés, homme ou femme, il n'est pas une brute sans âme.
Et si dur à cuire il est, obligé de travailler en équipe il doit.

Spartan est tout sauf le film d'action bourrin que son titre nous laisse présager.
Dommage que les personnages secondaires ne soient pas plus étoffés et que l'on n'échappe pas à la découverte d'indices qui font avancer le scénario quand l'enquête piétine (et surtout au monologue inutile du méchant...).

Ecrit et réalisé par un spécialiste du genre, Spartan est un thriller efficace à l'intrigue complexe.
Il marque le grand retour de Val Kilmer à l'écran et rien que pour ça, ça vaut le coup de le voir.

Note : ***

Fourmiz




On les balaie d'un souffle, on les écrase sans même sans s'en rendre compte.
Leur taille minuscule les rend insignifiantes à nos yeux pourtant les fourmis sont comme nous.

Elles vivent dans une société organisée où les aristocrates bien placés se la coulent douce dans leur palace de rêve tandis que la classe ouvrière travaille du matin au soir ou part à la guerre la fleur au fusil.
Le soir, on se retrouve au bar pour faire la fête ou noyer son chagrin dans l'alcool.

Comme nous, elles ne sont jamais contentes de leur sort.
Z est une simple fourmi ouvrière qui passe sa vie chez le psy parce qu'il se trouve inutile et Bala est la future reine de la fourmillière destinée à de hautes fonctions hiérarchiques qui la laissent de marbre.
L'un veut voir le monde d'en haut, l'autre veut voir celui d'en bas.
C'est Jasmine et Aladdin : bref ces deux là étaient fait pour se rencontrer...

L'histoire a déjà été abordée des dizaines de fois mais il faut voir le "monde d'en bas" prendre vie à l'écran.

Toy Story (1995) est le premier long métrage d'animation 3D sorti au cinéma.
En 3 ans, les progrès informatiques ont permis aux développeurs de paufiner leur technique.

Les personnages sont anguleux mais c'est plus par souci de personnalisation (une fourmi en vrai, ça fait plutôt peur!) que de réels problèmes d'animation.
Les expressions faciales sont très travailées et bien qu'elles n'atteignent pas la qualité que l'on a aujourd'hui, elles restent impressionnantes pour l'époque.

Sur certains plans, les fourmis se content par centaines et les différents éléments (eau, feu, roche...) sont remarquablements crédibles.

Visuellemment le film est très réussi...une fois habitué au design très spécial des personnages.

Un film d'animation se fabrique de A à Z.
Le moindre son doit donc être créé individuellement car à la base rien n'existe.
De ce côté là, rien à redire. Les ingénieurs du son, les doubleurs ou les musiciens ont tous effectué un travail fourmidable...

Les bruitages jouent un rôle très important dans la mise en scène car ils doivent souvent exprimer une grande envergure à ce qui ne l'est pas. En effet, une goutte de rosée qui tombe par terre ou un simple pas sont anodins pour nous mais pour un être de quelques millimètres d'épaisseur, c'est plus qu'il n'en faut pour devenir un danger mortel. Ce gigantisme se ressent parfaitement à travers les effets sonores.

La musique du film est composée par le duo Harry Gregson Williams et John Powell (Chicken Run, c'est eux) et produite par Hans Zimmer. On peut donc s'attendre à une bande son de qualité et s'en est une.
Elle n'atteint pas le niveau de Chicken Run mais les morceaux héroiques sont vraiment jolis et soulignent parfaitement l'action.

C'est du doublage que vient la surprise. Le casting est juste incroyable et fourmille (il fallait la faire...) de stars.
Woody Allen et Sharon Stone font un duo de choc atypique. Stallone joue les gros bras au grand coeur, Gene Hackman les méchants despotiques et Dan Aycroyd les aristo alcooliques. Sans oublier de citer Cristopher Walken, Danny Glover, Anne Bancroft et j'en passe...


La mise en scène regorge de surprises. Les plans sont généralement superbes et inspirés.

J'apprécie surtout la fin très « Men In Black » où, au fur et à mesure que la caméra s'éloigne, on se rend compte que les péripéties du film ne se sont déroulées que dans un espace extrêmement réduit et les conséquences n'ont aucune influence sur le reste du monde.

Bien plus orienté comédie que drame, il reste difficile de dire si le film est réellement destiné aux enfants.
Il l'est bien sûr mais quand on y réfléchit, le ton du film est vraiment sombre.

Le héros est un dépressif notoire qui déteste son travail. Il va se faire enrôler par méprise dans une guerre où les soldats sont envoyés à une mort préméditée ( la séquence est un bel hommage à "Starship Troopers"!) et n'en réchappera qu'en se terrant dans un trou.
Il sera ensuite nommé en héros avant d'être impitoyablement pourchassé et rencontrera un couple de bourgeois distingués. L'épouse sera tuée et le mari va sombrer dans l'alcoolisme.

Sans compter que le général de l'armée fourmi décide d'éliminer la « race inférieure » afin de bâtir une société plus belle et plus pure.
On sent la satire du nazisme et des régimes totalitaires à plein nez.

C'est la force des dessins animés que de faire passer un message violent et cruel à travers une vision simpliste et humoristique.

Les enfants y verront donc un divertissement haut en couleurs, les autres apprécieront l'humour second degré et la critique (explicite et amère) de notre société.

Note : ***