samedi 17 janvier 2009

Affliction



Wade Whitehouse est un officier de police dans une petite ville du New Hampshire.
Un jour un de ses amis est engagé pour emmener à la chasse un leader syndical.
Lorsqu'on apprend que ce dernier s'est tué accidentellement, les soupçons se mettent à germer dans l'esprit de Wade, qui décide de mener sa propre enquête.



En voyant la jaquette du film, j'ai tout de suite pensé au "Fargo" des frères Coehn et à "Un Plan Simple" de Sam Raimi.

Les polars qui se passent sous la neige sont souvent parodiques, empreints d'humour noir mais ici j'ai fait fausse route : le film est on ne peut plus sérieux.
Affliction : synonyme de misère et de désespoir.
Avec un titre pareil, on ne risque pas de rigoler beaucoup...

Le réalisateur, Paul Schrader, est connu pour son film "Hardcore" où un père entre dans un réseau de prostitution à la recherche de sa fille. Il est également responsable des scénario de "Taxi Driver" et "Raging Bull" de Scorsese. Autant dire que ce type n'est pas le mieux placé pour raconter une histoire où le soleil brille et où tout le monde il est gentil.

Le film n'est pas un film policier classique : pas de héros, pas de méchant, que des salauds...
Schrader s'intéresse plus au côté obscur des personnages qu'à l'action et s'acharne à montrer les tréfonds de l'âme humaine.

Ses héros sont des hommes ordinaires dont la vie se met soudainement à basculer.
Tout comme DeNiro dans "Taxi Driver", Wade est un homme bon par nature mais son passé tourmenté l'empêche de mener la vie qu'il souhaite.

Wade est joué par un Nick Nolte ("48 heures", "Clean") remarquable.
Ce père de famille divorcé et à côté de la plaque n'est pas une mauvaise personne.
Il a des problèmes comme l'on en a tous et n'aspire qu'à mener une vie simple et être heureux.
Mais on se rend compte qu'il vit dans l'illusion.
En la personne de Maggie (Sissy Spacek, inoubliable "Carrie") il pense avoir trouvé une femme avec qui se remarier et cherche désespéremment à faire réviser son divorce pour récupérer sa fille, sans comprendre qu'elle ne veut pas de lui...

L'acteur donne le meilleur de lui même (nomination à l'oscar). Le rôle du vieux grincheux au grand coeur lui va comme un gant mais il arrive à nous angoisser lorsque son personnage sombre peu à peu dans la folie.

Le pauvre homme est vraiment accablé mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
On apprend qu'enfant il se faisait battre par son père, alcoolique et pervers, et chaque coup dur le plonge un peu plus dans la peur de marcher sur ses traces.
Lorsque ce père indigne ressurgi dans sa vie c'est le début de la descente aux enfers pour cet homme en quête de rédemption...

Le personnage du père est joué par James Coburn.
Durant sa longue carrière, Coburn a excellé dans les rôles des brutes hargneuses et des soldats anarchistes ( "les 7 Mercenaires", "Croix de fer", "Il était une fois la révolution"...). Malheureusement, depuis que le western et le film de guerre sont tombés en désuétude, il est resté cantonné aux petits rôles ("Professeur Foldingue", "Hudson Hawk", "Sister Act 2"...).

Je l'ai toujours admiré et dans ce film il me bluffe une fois de plus.
Son personnage est détestable dès le premier plan. Vieil homme sadique élevé à la dure, il n'a de respect pour personne et se noie corps et âme dans l'alcool.


Pourtant aussi abominable qu'il soit on ne peux s'empêcher de se sentir triste pour lui. S'il est devenu comme ça, ce n'est pas sa faute mais c'est du à l'éducation sévère qu'il a du recevoir.
Bien qu'il n'apparaisse pas souvent à l'écran, sa présence est magnétique.
Lors des flash back maladroitement filmés à la caméra super 8 (comme s'il s'agissait d'un film de vacances), il se révèle aussi odieux qu'effrayant.

Une des plus belles interprétations qu'il n'ait jamais donné (oscar meilleur second rôle).

Si le film est avant tout une enquête policière, avec ses indices disséminés à droite à gauche, c'est cette relation père/fils qui est au coeur du film.
La violence à la fois omniprésente et implicite passe par les rapports qu'entretiennent Coburn et Nolte. Ils se détestent mais ils ont quelque chose en commun : les liens du sang.

Le premier regrette et rejette ce que son fils est devenu et ce dernier n'a que trop peur de finir comme lui. Le seul qui s'en sort bien dans l'affaire c'est le second fils joué par Willem Dafoe.

Remarqué dans "Platoon" ou "Mississippi Burning", il est révélé au grand public dans le "Spiderman" de Sam Raimi.
Très bon acteur, dans le film il est à la fois la voix de la raison (la voix off qui explique les événements qui se déroulent) et l'allumette qui mettra le feu aux poudres...

Paul Schrader réalise un film mélancolique et dur où la blancheur immaculée des paysages contraste avec la noirceur de l'âme des personnages.

Note : ***

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