vendredi 18 avril 2014

The Survivors

Sonny Paluso et Donald Quinelle, viennent tous les deux de perdre leur emploi. Alors, qu'ils se rencontrent dans un bar, ils parviennent à déjouer un braquage. Lorsque le criminel est relâché et cherche vengeance, Donald choisit de pratiquer un stage de survie intensif en montagne pour se préparer à l'affronter.   Qui s’est déjà risqué à regarder un petit film dont il ou elle n’a jamais entendu parler, simplement parce que le pitch a l’air original, et puis parce que le casting est sympa ? Il est vrai que le succès critique ou commercial d’une œuvre ne reflète pas toujours sa qualité. Mais soyons honnêtes, à l'heure où n'importe quelle information est disponible d'un simple clic, si un film méconnu à sa sortie reste toujours inconnu au bataillon, c’est plus souvent pour être une bouse immonde, qu’un sommet du 7ème art injustement sous-estimé. Néanmoins, dans le lot, flottant à la surface parmi tous les déchets, on tombe parfois sur un un divertissement pas piqué des hannetons, qui réveille les zygomatiques. Avant tout, « The Survivors » est un buddy movie où Walter Matthau et Robin Williams s'affrontent dans des joutes verbales de haute volée. Leurs caractères antagonistes se complètent à merveille. Matthau, calme et raisonné, joue les vieux grincheux au cœur d’or, tandis que Williams débite ses lignes à la vitesse d’une mitraillette, et nous fait du « Taxi Driver » sous stéroïdes, à des années lumières du politiquement correct de « Madame Doubtfire ». Du reste, on retiendra surtout Jerry Reed, dans la peau d’un assassin flegmatique, et Kristen Vigard, en jeune ado espiègle et malicieuse.  Mais sous couvert de son allure de comédie potache, « The Survivors » est aussi un commentaire social assez noir, limite dérangeant, qui traite ouvertement du licenciement abusif, de l’obsession des américains pour les armes à feu, et des dangers du capitalisme à tout prix. Le scénario surprend par un humour grinçant et des rebondissements de situations plus incongrus les uns que les autres. Cependant, à vouloir être à la fois une farce satirique mature et une comédie familiale, le film se prend parfois les pieds dans le tapis et déçoit dans son déroulement trop lisse pour être honnête. En revanche, malgré ses défauts de narration, inhérents à des changements de tons incohérents, on se rend compte aujourd'hui à quel point le film était en avance sur son temps. La relation d'amitié qui se crée entre Watthau et Williams, rassemblés par leur statut de victimes des temps modernes, fait écho au duo Martin/Candy dans « Un Ticket pour Deux » de John Hugues. Le cadre enneigé et le ton nihiliste rappellent étrangement le « Fargo » des frères Cohen. Enfin, face à une scène à l’arrière d’une voiture, qui implique un pistolet chargé pointé dans la mauvaise direction, il est impossible de ne pas penser à « Pulp Fiction » de Tarantino. Or, tous ces films ne sortiront que bien des années plus tard. Alors, simple coïncidence ou influence inavouée de la part de ces illustres réalisateurs ? Avec un script original et un casting de qualité, « The Survivors » aurait pu être bien meilleur. En l’état, le film reste un divertissement sans prétention, mais qui mérite de sortir de l'oubli. Ne serait ce que pour l’alchimie entre les deux zouaves Watthau et Williams, et surtout, pour une flopée de répliques jouissives.   Note : **

vendredi 28 mars 2014

Onibaba

Dans un Japon médiéval en pleine guerre civile, une mère et sa belle-fille vivent isolées dans un marécage, en attendent désespérément le retour de leur fils et mari, enrôlé de force dans l'armée. Quand un soldat de son bataillon se retrouve chez elles, c'est pour leur annoncer que ce dernier a péri dans une embuscade. Si la mère est effondrée par la nouvelle, la jeune veuve serait plutôt attirée par les avances de cet homme au regard lubrique, qui n'a que faire de la mort de son époux... Sorti dans les années 60, durant le développement des courants féministes, Onibaba porte un regard glauque sur la sexualité de la femme. Loin des héroïnes innocentes et virginales hollywoodiennes, la jeune femme en manque de passion charnelle, ira s'offrir d'elle même à son ravisseur. De même, si sa belle-mère va tout tenter pour éloigner les deux amants, c'est moins pour la protéger de cet homme libidineux, que pour la garder sous son contrôle. La vieille femme est consciente que le passage du temps ne l'a pas épargnée. Alors, jalouse de la jeune beauté, elle imagine un stratagème machiavélique pour s'assurer de la dominer, afin de pas finir pas ses jours à se languir dans la solitude. Malgré une prolifique carrière, cette fable horrifique est certainement l'œuvre maîtresse du cinéaste avant-garde japonais Kaneto Shindo. Au même titre que le sulfureux "Empire des Sens" de son confrère Nagisa Oshima, le film met en scène un jeune couple, qui n'existe que pour s'abandonner aux plaisirs de la chair, et qui évolue dans un univers dénué de valeur et de sens moral. Les deux femmes vivent cachées, au milieu d'un labyrinthe d'herbes hautes, à l'abri de la guerre civile qui fait rage alentour. Pour survivre, elles assassinent impunément les malheureux samouraïs qui s'égarent dans leur marais et échangent leurs armes et armures contre quelques sacs de riz. Dès l'ouverture, où les deux femmes dépouillent sans remords les cadavres de soldats qu'elle viennent de tuer, Shindo nous plonge dans le quotidien de personnages livrés à eux-même, sans espoir de rédemption, et qui n'accordent d'importance ni pour la religion, ni pour la mort. A l'opposée des scènes de sexe à la limite de la pornographie de l'Empire des Sens, la mise en scène épurée d'Onibaba fait froid dans le dos et reflète le caractère nihiliste du film. Shindo filme sans artifice, et sans jugement. L'objectif voyeuriste de la caméra, souvent placée en hauteur au dessus des personnage, apparaît comme le regard d'un dieu omniscient qui se contente d'observer ces pathétiques créatures déshumanisées, régies par leur seul instinct animal. A l'image de « Les Yeux sans Visage », un autre film d'horreur psychologique des années 60 sur le thème du masque et de la répression des émotions, la perte d'identité est au cœur du film. Les personnages se demandent sans cesse si leurs actes malfaisants ne vont pas les mener droit en enfer, et le masque de démon dont s'empare la vieille femme au cours du film, devient la manifestation physique de sa cruauté et de son sadisme. Contemplatif à l'extrême, le film n'en est pas moins gorgé de tension érotique. Tandis que la saturation de la lumière et des ombres souligne les émotions exacerbées des personnages, les battements de tambours qui rythment le film symbolisent la passion de leurs ébats. Enfin, les longs plans fixes sur des hautes herbes, qui oscillent au gré du vent, représentent à la fois la caresse sensuelle d'une main dans de longs cheveux, et le sentiment dérangeant qu'une présence maléfique pourrait surgir à tout instant. Le calme avant la tempête en quelque sorte... Onibaba dresse un portrait à la fois terrifiant et honnête de personnages méprisants, dont les actes ne sont dictés que par leur soif de contrôle et leur appétit sexuel. Son discours sur la libération sexuelle peut parfois porter à sourire pour un public contemporain, mais le film marque surtout par le jeu intense des comédiens, la force évocatrice des images, et par son atmosphère déprimante, qui se joue des tabous et donne envie de se pendre... Note : ***

samedi 15 mars 2014

Aguirre, la colère de Dieu

En 1560, une troupe de conquistadors espagnols descend de la montagne à la recherche de l'Eldorado. Quand l'équipée s'enlise dans les marais, une plus petite expédition est alors constituée, placée sous la conduite de Pedro de Ursua et de son second, Lope de Aguirre, qui devra reconnaître l'aval du fleuve sur des radeaux. Grace à un style quasi-documentaire, le film éblouit par une immersion de tous les instants. Qu'ils escaladent des montagnes impénétrables, s'engouffrent dans une jungle étouffante ou tentent de traverser une rivière tumultueuse sur des radeaux de fortune, on se contente bien souvent de suivre la troupe de soldats pas à pas, sans aucun artifice de mise en scène. La musique elle même est minimaliste et ne survient que rarement. Tout nous plonge immédiatement au cœur de l'enfer vert, peuplés de dangers invisibles et mortels, et nous laisse aussi perdus et démunis que les protagonistes. Indéniablement, cet aspect « pris sur le vif » est l'une des plus grandes qualités de l'oeuvre, mais à quel prix ? Il faut savoir que le réalisateur allemand Werner Herzog n'avait pas planifié les plans de son film à l'avance. En réalité, la plupart des scènes ont été improvisées lors du tournage. Et il est d'autant plus difficile de savoir quand les acteurs jouent leur rôle ou réagissent spontanément aux situations. Herzog se contente généralement de laisser tourner sa caméra et de capter l'essence du moment. On peut alors facilement imaginer les conditions épouvantables de tournage de cette maigre équipe de cinéma, partie au milieu de l'Amazonie avec des ressources limitées, suivant sans relâche un dictateur sans merci en guise de chef de troupe. Aguirre marque la première collaboration entre le cinéaste Werner Herzog et l'acteur Klaus Kinski. Une collaboration houleuse et destructrice qui durera de nombreuses années. Leurs colères ravageuses et leur comportement imprévisible et violent fera couler beaucoup d'encre et il est fort possible que les deux hommes se soient fascinés l'un l'autre. Aussi, on peut noter que Kinski interprète souvent des personnages malsains et cruels, à l'image même du cinéaste, devenant ainsi son double à l'écran. Ici, consciemment ou inconsciemment, Herzog se projette littéralement dans la peau de son personnage principal. Désireux de gloire et prêt à tous les sacrifices pour terminer son film, son comportement se reflète dans celui d'Aguirre – aveuglé par une ambition sans limites et n'hésitant pas à tuer ses propres soldats pour les empêcher de déserter. En effet, on raconte que Herzog aurait menacé d'abattre Kinski – avant de se suicider, lorsque ce dernier a décidé d'abandonner le film en plein tournage... Le film lui même est une représentation réaliste et cynique de la conquête de l'Amazonie par les soldats d'Espagne. Guidés par leur foi en Dieu et par l'attrait du pouvoir, les soldats partent à l'aventure, vêtus de costumes d'apparat et d'armures rutilantes. Mais la situation dégénère rapidement. Traqués par des indiens invisibles, aux prises avec les forces de la nature, ils perdent peu à peu leurs repères et leur moralité, et peinent à conserver leur humanité. Racisme et esclavage sont les mamelles de leur autorité sur les autres peuples. Ironiquement, s'ils instaurent un semblant de civilisation au milieu de la jungle, c'est pour juger et pendre un des leurs. Et quand le repas des troufions consiste en une poignée de grains, alors que le commandant se délecte d'un festin de roi, la mutinerie n'est pas loin. Enfin, confrontés à l'incompréhension des indigènes face à la toute puissance de la Bible, ils n'auront pas d'autre choix que de les passer au fil de l'épée. Si la narration est basée sur les récits d'un prêtre désireux de convertir les Indiens pour leur faire accéder à la vie éternelle, Aguirre est une réflexion déprimante sur la mortalité et la futilité de l'existence. Chez Herzog, la mort importe peu. Il filme les cadavres comme il filme le reste de la jungle. Froidement. Dans Aguirre, il n'y a pas de héros. Juste des hommes, rendus fous par la faim et la soif – de l'or. Et comme le dit le prêtre, les hommes meurent, et l'environnement où ils ont vécu, les oubliera vite... Aguirre est souvent considéré comme l'un des meilleurs films du monde. Et ce, à juste titre. Le style lugubre et documentaire du réalisateur Verner Herzog et son absence de jugement met à la fois en valeur la beauté formelle des paysages et nous laisse sans voix face au réalisme et à la cruauté des situations rencontrées. Le film sera une grande source d'inspiration pour de nombreux cinéastes (on retrouve des références narratives ou esthétiques dans Apocalypse Now de Coppola, ou encore Valhalla Rising de Nicholas Winding Refn). Autant fable accablante et alarmiste sur fond de récit historique que récit d'aventure intimiste et contemplatif, Aguirre est surtout marqué par l'interprétation sinistre et fiévreuse d'un Klaus Kinski débordant de rage contenue. Et quand on connait mieux l'envers du décor et comment s'est déroulé le tournage, le film prend alors une tournure encore plus effrayante... Note : ****

mercredi 25 décembre 2013

Gravity

Quand une pluie de débris détruit leur navette spatiale, deux astronautes, Ryan Stone et Matt Kowalski se retrouvent à la dérive dans l'espace... ‘Dans l’espace personne ne vous entendra crier. C’est pourtant pas faute d’avoir essayé.’ C’est ce qu’a du se dire Ryan (Sandra Bullock), une astronaute taciturne, indépendante et solitaire - mais non dépourvue de bravoure - et l’héroïne du nouveau film d’Alfonso Cuaron. Au même titre que ses confrères Guillermo del Toro et Robert Rodriguez, Cuaron est un des rares réalisateurs mexicains contemporains qui a réussi à Hollywood, mais en imposant son propre style. Rodriguez se complaît désormais dans la violence outrancière et le mauvais goût assumé avec des films bas de plafond, vite vus, vite oubliés. A l'opposé, Cuaron et Del Toro privilégient une écriture soignée et le travail de mise en scène pour créer des chefs d’oeuvre qui marquent le 7ème art (Le Labyrinthe de Pan pour l'un et Les Fils de l’Homme pour l'autre, pour ne citer qu’eux). Et Gravity est clairement le genre de film sorti de nulle part, mais dont vous allez entendre parler longtemps. L’aspect visuel est assurément un des points fort du film. Gravity n’est certes pas le premier film à suspense à mettre en scène des cosmonautes à la dérive, mais rares sont ceux avant lui à atteindre une telle perfection. La maîtrise du cadre et la photographie exceptionnelle mettent en valeur la perte de repère spatial d’une part – quand la planète entière n’est plus qu’un vertigineux tableau abstrait autour duquel on tourbillonne sans fin, en cherchant vainement une quelconque direction. Et d’autre part, elles accentuent la froideur oppressante de l'univers et la claustrophobie des différents habitacles visités. Sans oublier que Cuaron est un passionné d’astronomie. Tout jeune, il rêvait de devenir astronaute. Sa passion d’enfance transparaît à l’écran grâce à une connaissance fidèle de la technologie et des équipements utilisés dans le film. Bien que ces derniers restent inaccessibles au commun des mortels, la crédibilité demeure le maître mot. Gravity aurait pu être tourné dans un simple studio ou réellement dans l'espace, on ne saurait voir la différence. L’absence de gravité à elle seule est un effet visuel bluffant. Les personnages tournent constamment sur eux même, comme prisonniers d'une bulle invisible. Cuaron multiplie alors des plans séquence interminables et laisse sa camera flotter librement à leurs côtés, sans discontinuer, dans un style quasi documentaire. Selon le besoin, il colle littéralement au visage des comédiens, capturant ainsi leurs moindres émotions. Ou au contraire, il s’éloigne jusqu’à ce que les cosmonautes ne soient plus qu’une faible lueur, lentement avalée par les ténèbres. Cuaron parvient même à nous placer directement dans le scaphandre de l’héroïne, en vision subjective. Dans la peau de Ryan, on retient alors notre respiration, quand la sienne résonne dans son casque. Même lorsque l’action prend le dessus, Cuaron se fait l’anti Michael Bay par excellence. Alors qu'une station orbitale est réduite en charpie et qu'une multitude de débris métalliques traversent les cieux, la pyrotechnie brille par son absence, et le chaos à l’écran reste d’une clarté magistrale. Un silence de mort envahi l'écran - comme le son ne se propage pas dans le vide - tandis que des percussions fatalistes tentent de nous accabler émotionnellement. Rien que pour sa beauté plastique et son hyper-réalisme, Gravity mérite des louanges. Mais tous les effets spéciaux du monde ne sauraient remplacer un script solide et des acteurs dignes de ce nom. Dans un sens, Gravity s’apparente à un 127 heures dans les étoiles. En effet, les deux films se concentrent sur une personne aspirant à la solitude, qui se retrouve perdue au milieu de nulle part, dans des conditions extrêmes, sans moyen de communication et des ressources limitées. Par chance, Alfonso Cuaron et Danny Boyle partagent un indéniable talent de conteur et de directeur d’acteurs. Si James Franco a remporté une nomination comme Meilleur Acteur pour 127 heures, il est fort à parier que Sandra Bullock va suivre le même chemin. Déjà détentrice d’un Oscar (pour The Blind Side), ‘Miss Detective’ trouve ici le meilleur rôle de toute sa carrière et pourrait bien décrocher une seconde statuette. Suite à un passé traumatisant, Ryan n’est plus que l’ombre d’elle même. Une coquille vide dans laquelle elle se réfugie et refoule ses émotions. L'actrice nous offre une performance à fleur de peau, sincère et touchante, qui ne peut laisser indifférent. A ses côtés, George Clooney, qui joue les compagnons de fortune, parvient difficilement à nous faire oublier son statut de méga star. Là où Sandra Bullock s'efface littéralement derrière son personnage, on ne voit que Clooney en costume de cosmonaute. Néanmoins, il se glisse sans peine dans la peau de ce père protecteur au sourire ultra-bright. Sans trop en dévoiler, le scénario est particulièrement riche en rebondissements et fait la part belle aux poussées d'adrénaline pour nous tenir en haleine jusqu'au dénouement. Le sort s'acharne littéralement sur la pauvre Ryan qui se sort in-extremis d'un danger mortel pour tomber dans un autre. Grace à l'extraordinaire travail d'immersion du réalisateur, certaines scènes sont d'une tension viscérale à vous couper le souffle. Mais la brillance du script repose sur le fait que Ryan est un personnage féminin. En mettant l'accent sur sa vulnérabilité, le film nous permet d'éprouver pour elle un vrai sentiment d'empathie. Mais chaque épreuve surmontée est une victoire en elle même, où l'on se rend compte que c'est quand on est poussé dans nos derniers retranchements que l'on révèle tout notre potentiel. En ce sens, Gravity est une magnifique leçon d'optimisme et de courage face à l'adversité. On apprécie alors la double lecture symbolique du film quand il se mue subtilement en une ode poétique sur l'évolution - où la survie est aussi une renaissance. A ce sujet, certains plans hypnotiques, dignes du 2001 de Kubrick, resteront gravés dans votre mémoire bien après le générique de fin. Gravity est sans hésiter l'un des meilleurs films de 2013. On peut déjà prévoir une nomination dans les catégories Meilleur Réalisateur, Meilleure Actrice, Meilleur Son, Meilleurs Effets Visuels, Meilleure Musique et Meilleure Photographie. Gravity est une expérience sensorielle inédite, tour à tour épique et intime, intense et réfléchie, spectaculaire et épurée. Un film catastrophe haletant, doublé d'une extraordinaire aventure humaine. Sandra Bullock porte à elle seule le film sur ses épaules et incarne une femme à la fois forte et fragile, qui risque bien de devenir une icône du genre, aux côtés de Ripley de la saga Alien. On ressort du film comme il se doit - en apesanteur. Note : ****

lundi 23 décembre 2013

Santa's Slay

Un petit village de campagne est en proie à un père Noël sanguinaire qui sème la mort sur son passage Ah, Noël. Voici venu le temps de se retrouver en famille pour partager ce merveilleux jour de fête. Paix sur Terre et joie aux hommes de bonne volonté ! Et voici justement le Père Noël qui apporte ses présents aux enfants sages. Regardez le qui traverse le ciel sur son traîneau volant, tiré par son fidèle…euh… bison des montagnes. Selon une légende nordique, Santa Claus serait en réalité le fils de Satan, (« Santa », « Satan », on se demande où ils vont chercher tout ca…) un colosse viking, bâti comme un ours, qui prend un malin plaisir à torturer son prochain, et dont le passe temps favori est de pêcher sur la banquise avec les elfes – les pauvres elfes jouant bien sûr les hameçons réticents. Afin de stopper son règne de terreur, un ange envoyé par Dieu lui propose un pari. S’il perd, il sera forcé de distribuer des cadeaux chaque année à Noël pendant mille ans. Santa accepte, échoue et se voit contraint de jouer ce gros barbu débonnaire que nous connaissons bien, et dont le « ho ho ho » caverneux dessine un sourire sur le visage de tous les enfants. Mais les mille années touchent à leur fin et toutes ces années de travaux forcés ont rendu Santa un poil irritable. Cette fois, les douze coups de minuit sonneront l’heure de la vengeance. L’année dernière, Santa offrait les présents. Cette année, il distribue les marrons. Et quoi de plus approprié pour le fils du diable que de commencer sa tournée par cette petite bourgade si justement nommée « Hell Town » ? Un scénario grotesque, un réalisateur inexpérimenté et armé d’un budget dérisoire, et des comédiens habitués aux seconds rôles ou cantonnés au petit écran. Tout prédestinait Santa’s Slay à être rangé aux côtés de ces séries Z, aux acteurs au rabais, où les effets gore priment sur les qualités narratives et esthétiques. Il faut pourtant avouer que pour un premier long métrage, le cinéaste David Steiman s’en sort avec les honneurs. Les scènes d’action sont d’une qualité peu commune pour un petit budget. Le montage soigné et la maîtrise du cadre soulignent aussi bien le suspense que la comédie. Les effets visuels sont aussi discrets qu’efficaces. Et enfin, la bande son, ironiquement composée de chants de Noël festifs, contraste délicieusement avec la violence des situations. Fait rare également pour ce genre de production, les acteurs sont convaincants et incarnent des personnages à la fois crédibles et sympathiques auxquels on s’attache immédiatement. Mention spéciale au grand-père malicieux et excentrique, habile croisement entre Obi Wan Kenobi et Doc Brown de Retour vers le Futur. Quand au rôle de Santa, il va comme au gant au catcheur Bill Goldberg. En plus de rouler des mécaniques et d’exhiber des avant-bras comme des troncs d’arbre, Goldberg communique un plaisir de jouer évident à chaque instant. Notamment dans la scène du bar à strip tease, référence à la fois au Terminator et aux films de Jackie Chan, où il démonte les videurs et le mobilier, au milieu de danseuses à moitié nues. Santa’s Slay étonne constamment par ses répliques loufoques et son ton irrévérencieux. Malgré la stupidité du script, Steiman nous charme dès les premiers instants avec un ton décalé, mis en valeur par le soin apporté à la mise en scène. Mais Santa vole clairement la couverture à chacune de ses apparitions. L’introduction à elle seule vaut son pesant de cacahuètes: faisant irruption chez une famille de riches parvenus en plein repas de Noël - en défonçant littéralement leur cheminée - il envoie d'abord leur chien dans les pales d’un ventilateur avant de se jeter sur les convives pour les massacrer de la manière la plus jouissive possible. La scène met clairement en avant un humour noir et une créativité dans le meurtre qui rappelle les meilleurs moments de Freddy et de Jason. Et le reste du film ne fait que consolider cette impression pour le plus grand bonheur d’un public friand de violence cartoon. Quand il ne vous plante pas un sucre d’orge entre les deux yeux, vous poignarde avec une étoile de Noël, ou vous noie dans de la crème anglaise, Santa Claus peut tout simplement vous éparpiller façon puzzle avec les paquets explosifs du Schtroumph farceur. Les morts sont imaginatives et brutales, les personnages principaux sont charmants, le réalisateur contourne les limites du budget par une mise en scène travaillée et cherche avant tout à nous faire passer un bon moment. Cette course poursuite effrénée, bizarre mais hilarante, nous laisse avec un sourire idiot jusqu’à la fin. Une fin qui ne remplit hélas pas ses promesses et déçoit par son manque de bravoure. Une faute certainement due au manque de moyens. Mais on reste néanmoins avec un arrière goût d’en vouloir davantage. Quand on s’amuse, le temps passe toujours trop vite. Si pour Noël pour souhaitez échapper aux sempiternelles bluettes romantiques de fin d’année ou à l’inévitable production Disney pour toute la famille, et si vous êtes dans le bon état d’esprit pour un petit film d’horreur décomplexé, alors sortez la bûche et le popcorn. Amateurs de mauvais goût, de violence burlesque et de nudité gratuite, on ne pourrait vous faire de plus beau cadeau. Note : **

mercredi 18 décembre 2013

Pacific Rim

Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’une autre dimension ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes. Pour les combattre, l'armée a mis au point de gigantesques robots, contrôlés par des pilotes. Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots. Vous allez me dire qu'un film sur des robots hauts comme des immeubles qui se tapent dessus à grand renfort d’explosions, c'est juste un produit bassement commercial qui cherche à surfer sur la vague des Transformers. Et en un sens, vous n’auriez pas tort. Mais moi de vous répondre que si. Pacific Rim est le nouveau film du cinéaste mexicain Guillermo del Toro, un amoureux éperdu des univers fantastiques. Bercé aux comic books américains et à l’animation japonaise, Del Toro a su s’approprier les codes narratifs et esthétiques des deux genres. Rien d’étonnant alors à ce que les deux héros soient un américain casse-cou et une jolie japonaise aux yeux de biche - et aux cheveux colorés, notez bien. Et c’est également sans surprise que les pilotes des robots aient un passé tragique (les pilotes de méchas dans les mangas souffrent toujours d’un traumatisme). Ou encore que la douce japonaise soit aussi une machine de guerre meurtrière. Aussi bien au niveau du récit que du design de certains monstres, Del Toro démontre un intérêt certain pour la saga Neon Genesis Evangelion, le manga culte de Yoshiyuki Sadamoto. En matière d’action, Del Toro laisse s’exprimer son petit coeur de fanboy. Il puise dans le catalogue de séries et romans de sa jeunesse (en vrac, des références évidentes aux nombreux Godzilla, à King Kong, aux animés de méchas comme Patlabor/Gundam, ou encore aux monstres tentaculaires qui peuplent les romans de Lovecraft) pour nous offrir des affrontements dantesques, qui nous laissent avec un sourire béat d'admiration par leur démesure et leur inventivité. Le soin apporté aux cadrages et à la lumière est admirable. Chaque plan semble sorti tout droit d’une bande dessinée de notre enfance. Grace à une ambiance sonore de qualité et une mise en scène qui nous plonge au cœur de la baston, on reste sans voix face au potentiel destructeur des combattants. Quand il ne passent pas à travers des gratte-ciels comme on marche par inadvertance sur un château de sable, chaque coup de poing ou de griffe les envoie valser dans un fracas de rouages et de viscères. Lorsque le thème héroïque du film résonne soudain à nos oreilles alors qu'un robot haut de plusieurs dizaines d'étages traîne derrière lui un pétrolier qu’il s’apprête à fracasser sur le crâne d’une créature large comme un pâté de maisons, le terme "bad-ass" vient d’adopter une nouvelle définition. Mais Del Toro est aussi un prodige du maquillage et des effets spéciaux réalistes. Visuellement, Pacific Rim peut se vanter d’enterrer un bon nombre de productions récentes. Grace à un rendu des textures ultra-réaliste et une fluidité de tout instant, le film est d'une beauté à se damner. Depuis Avatar (2009 déjà), on n’aura pu contempler une peau reptilienne aussi palpable. Pacific Rim est garanti de repartir avec au moins une nomination aux Oscars pour ses effets visuels. Mais si le film regorge d’images de synthèse, ce n’est jamais au détriment de leur crédibilité. Lors des scènes d'action, la plupart des réalisateurs contemporains se repose essentiellement sur le "tout numérique" pour au final nous offrir ce qui ressemble plus à une cinématique de jeu vidéo qu’à une séquence digne d’un long métrage (le mollasson Man of Steel de Zack Snyder brandit fièrement un gros panneau ‘tout CGI’). Au contraire, le design de Pacific Rim est minutieusement travaillé. Que ce soit les mécanismes sophistiqués et l’armure rutilante des robots, ou l’aspect organique des créatures visqueuses, Del Toro s’impose une cohérence artistique au lieu de simplement jeter des idées sur le papier 'parce que ça ferait joli à l'écran' (Man of Steel, encore lui). En combinant habilement imagerie numérique et effets plus traditionnels, Del Toro rejoint les grands créateurs de mondes au même titre que James Cameron et George Lucas, en nous donnant la chance d’admirer un grand nombre de créatures, à la hauteur vertigineuse, parmi les plus crédibles jamais vues au cinéma. On pourra regretter cependant que le film n’exploite jamais l’univers fantasmagorique d’où proviennent tous ces monstres. Vu les possibilités infinies offertes par le scénario, on aurait bien aimé passer un peu plus de temps de l’autre côté du miroir… En plus d’être le réalisateur de films d’action nerveux et stylés comme Blade 2 ou Hellboy, Del Toro est aussi l’auteur maintes fois récompensé de l’Echine du Diable, Cronos ou du Labyrinthe de Pan. Des tragédies lyriques où la poésie de l’imaginaire s’associe à l’horreur de la réalité. Avec Pacific Rim, il fait rimer action avec émotion, et apocalyptique avec comique. D’une part, le script est basique et sans surprise, avec des raccourcis et des ficelles de narration à faire passer les films de Joel Schumacher pour du Bergman (quand on a pour assistant le scénariste du remake du Choc des Titans, faut pas trop en demander non plus…). Mais d'autre part, les personnages sont suffisamment attachants (malgré la pauvreté de certains dialogues). Comme dans Iron Man, ce n’est pas l’armure qui fait le héros, c’est l’homme à l’intérieur. Del Toro choisit judicieusement de mettre en valeur la vulnérabilité des pilotes et parviendrait même à nous arracher une larme lors des scènes les plus émouvantes. De même, la tragédie à grande échelle que dépeint le film est mise en scène avec un sérieux inébranlable. Ce qui n’empêche pas deux hurluberlus hystériques de monopoliser parfois l’attention pour détendre inutilement l'atmosphère (ce qui rappelle une fois de plus le duo navrant du Choc des Titans…). Et Ron Perlman – acteur fétiche de Del Toro – de faire l’andouille comme à son habitude. Bref, Pacific Rim a tout du gros nanar aux situations convenues et aux protagonistes vus mille fois. Mais avec le genre de nuances qui fait la différence entre un vulgaire film de monstres vendu à la douzaine et une bonne série B, généreuse et décomplexée. Aux commandes de cette méga-production, un réalisateur lambda ne cherchant qu’à grossir son portefeuille aurait plongé le film dans les abysses de la médiocrité. Il fallait bien un passionné de Japanimation et de comics avec une âme d’enfant - mais un talent de conteur grec - pour mettre en scène ces robots de 20 étages qui tapent joyeusement sur de gros lézards. Sorti cet été presque en même temps que Man of Steel, Pacific Rim fait partie de ces grosses machines hollywoodiennes qui cachent un scénario rachitique sous un déluge d’effets spéciaux. A ce jeu, Znack Snyder s'imagine réaliser une épopée grandiose et épique et se plante misérablement avec une version de Superman, aseptisée, ronflante, interminable et qui s’embourbe dans une esthétique de jeu vidéo. Del Toro, lui, nous offre un film idiot mais bourré d'énergie, auquel il apporte son talent artistique et sa verve narrative. Un plaisir coupable mais immédiat qui ne cherche pas à être davantage. On n’en ressort pas grandi, mais qu’est ce que ça défoule! Note: ***

mardi 29 octobre 2013

Interstate 60

Neal, un jeune homme inquiet pour son avenir, entreprend un voyage sur une route qui n'existe sur aucune carte. Robert Frost est un poète américain né dans les années 1870. L’un de ses plus fameux poèmes (« The Road Not Taken » se termine ainsi: Two roads diverged in a wood, and I_ I took the one less traveled by, And that has made all the difference. (Pour les non anglophones, cela donne) Deux routes divergeaient dans un bois, et moi, J'ai pris celle par laquelle on voyage le moins souvent, Et c'est cela qui a tout changé. D’un point de vue empirique, Frost résume ainsi l’essence même de la vie. La vie n’est ni plus ni moins que la somme de toutes nos expériences vécues, positives ou négatives. Ce sont bien nos propres expériences qui font de chacun de nous des êtres uniques, et qui nous différencient de notre prochain - tant au niveau de nos actes, que de notre mode de pensée. Et comme Frost nous dit, c’est parfois quand on choisit le chemin le moins emprunté que la route est la plus belle. Ces vers sont souvent emblématiques de l’esprit aventureux et idéaliste qui caractérise l’Amérique des années 60. Tous les Easy Rider et autres grands road movies de l’époque basés sur la contre-culture reflètent une volonté d’émancipation du carcan capitaliste – où le système décide pour vous - et arborent avec fierté leur admiration des grands espaces. Et de la route. Cette route sans fin, à la destination incertaine, symbole de liberté et d’éternité, métaphore de la vie, où chaque rencontre peut être l’objet du destin. Si un jour vous souhaitez visiter les Etats Unis, ne cherchez pas l’Interstate 60 sur la carte, elle n’existe pas. C’est pourtant sur cette route que Neal débute son périple à la recherche de réponses à son existence, et accessoirement à la recherche de la fille de ses rêves. C'est vrai que quand on y pense, quoi de plus évident que de s’engager sur une voie imaginaire quand on entame une quête intérieure? Si le film se déroule comme un road movie, c’est bien d’un voyage de l’esprit dont il est question. Chaque protagoniste que Neal croise sur son chemin incarne une vertu ou une faiblesse morale que Neal devra apprendre à reconnaître pour son propre salut. L’intrigue du film repose sur le thème de l'inéluctabilité et de nos choix de parcours. Chaque nouvelle rencontre est l’occasion d’aborder de nouvelles questions existentielles sur le sens du destin. Chaque question apporte son flot de réponses, qui entraînent à leur tour une discussion sur leurs conséquences. Mais loin d’être le discours pompeux et ronflant que l'on pourrait craindre, Interstate 60 est un petit bijou de réflexion philosophique sur fond de comédie délicieuse. A la manière de Lewis Carrol avec Alice au Pays des Merveilles, le film nous plonge dans un univers volontairement décalé et surréaliste où chaque rencontre rivalise d’absurdité (mention spéciale à la ville peuplée d’avocats où tout le monde se poursuit en justice). Avant tout, le film pose des questions pertinentes auxquelles nous pouvons tous être confrontés un jour (dois je poursuivre mon rêve en dépit des conséquences?, dois je suivre la voie tracée par mes parents?, dois-je faire confiance à mon instinct ou à ma raison?...), mais les réponses qu'il nous donne - aussi fascinantes soient elles - sont tournées en dérision de manière complètement farfelue. Même si le principe masque souvent la réalité tragique et grinçante des situations, on se laisse séduire par le ton léger et optimiste du film, impatients de découvrir la prochaine leçon de conduite qui se cache au tournant. Au cours de son périple, Neal sera donc sujet à de nombreuses introspections, dont nous-mêmes, nous ressortons grandi. Dans les mains d’un conducteur du dimanche qui enchaîne les leçons de morale bienfaisante comme on passe les vitesses, le film aurait vite fini en queue de poisson. Fort heureusement, le réalisateur et scénariste Gob Gale est un pilote hors pair. Il démarre son film sur les chapeaux de roue, conduit pied au plancher, tout en évitant les nids de poule. Mais sait prendre le temps de s’arrêter pour profiter du paysage. Arrêtons là les jeux de mots automobiles douteux pour s’attarder sur les qualités de notre chauffeur. En voiture, Simone ! Bob Gale n'est rien de moins que le scénariste de Retour vers le Futur, l’un des films les plus adorés de l'histoire du cinéma. Retour vers le futur est un de ces rares films à effets spéciaux où l’imagerie visuelle ne met pas en défaut la qualité de l’écriture. Autant que la virtuosité technique, ce sont bien les personnages et les dialogues inoubliables qui font de ce film un chef d’œuvre intemporel. Si le succès commercial des aventures de Marty McFly n’est pas à démontrer, il est surprenant de voir que Interstate 60 est sorti directement en DVD, dans le plus pur anonymat. C'est peut être du au fait qu’il s’agit du premier long métrage réalisé par Gale lui-même, mais le film n’a rien à envier aux véritables sorties en salle. On voit que passer du temps aux cotés de Zemeckis (le réalisateur oscarisé de Retour vers le Futur, Forrest Gump ou Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) a été bénéfique. Le film est sorti en 2002, mais Interstate 60 baigne dans une atmosphère à la fois ludique et insouciante propre aux années 80, et qui rappelle les débuts de Zemeckis. Le film brille également par son casting impeccable. Neal est incarné par un James Marsden (Cyclope dans X-Men) aussi crédible qu’attachant, à mi chemin entre Marty McFly et Ferris Bueller. Ses compagnons de route sont tous interprétés avec goût et justesse par une flopée de comédiens heureux d’être là – et de donner un coup de main à leur ami Gale. On retrouve avec plaisir les acteurs favoris du duo Gale/Zemeckis : Michael J. Fox et Christopher Lloyd, bien sûr, mais aussi un Kurt Russel à contre emploi, particulièrement inquiétant quand il vante les mérites de la dépendance des drogues dures sur le contrôle de la délinquance juvénile. On appréciera surtout les talents de caméléon de Gary Oldman, qui disparaît comme toujours derrière son personnage. Ici, un génie exauceur de souhaits, excentrique et malicieux – d’apparence inoffensif mais qui se délecte à manipuler ses victimes. Mais la palme revient à Chris Cooper, philosophe paranoïaque aussi imprévisible que dangereux, dont le passe temps favori se résume à relever les mensonges des médias – quand il ne menace pas de se faire sauter à la dynamite lorsqu’on refuse de lui obéir… Interstate 60 est une quête spirituelle déguisée en road movie, menée pied au plancher par un as du volant. Scénario soigné et inventif, personnages charmants, casting de rêve… il est triste de savoir qu’Interstate 60 n’a pu bénéficier d’une sortie en salles. Le film est une ode à la pensée créative et à l'individualisme et mérite amplement d'être découvert. Si des titres tels que « Stranger than Fiction », « Big Fish » et « Le Guerrier Pacifique » vous parlent, alors n'hésitez pas une seconde à choisir l'Interstate 60 pour votre prochaine destination. Note : ***