vendredi 10 avril 2009

LA Confidential




Dans un Los Angeles des années 50, trois flics s'associent, bon gré mal gré, pour une enquête périlleuse...


Tout débute par un prologue où une voix off nous présente la ville de Los Angeles.
Hollywood, les stars, les paillettes, la belle vie...les images sont plus stéréotypées les unes que les autres.
On rie sous cape face à ce débordement de guimauve et de clichés sur le rêve américain quand la voix off se met à faire de même. Cette voix est en effet non pas celle d'un guide touristique mais celle du rédacteur d'un journal à scandale qui se nourrit d' histoires croustillantes et traque les stars de l'écran aux moeurs douteuses.
La réalité ne semble pas ce qu'elle semble être...bienvenue à Los Angeles.

Derrière son image de rêve, se cache en fait un monde trouble où règnent le crime organisé, la violence policière, la corruption et les trafics en tous genres.


Le film est adapté d'un roman de James Ellroy, l'un des auteurs de romans policiers les plus célèbres du cinéma. Ont été adaptés, entre autres, ses romans "Cop" (avec James Wood) et "le Dalhia Noir", deux polars à l'intrigue sombre, dure et tortueuse. Ellroy ne ménage ni ses personnages, ni ses lecteurs et on le ressent à l'écran.
Le scénario, qui mèle avec talent personnages torturés, rebondissements dramatiques et scènes d'action efficaces, réussit sans mal à nous tenir en haleine (oscar meilleur scénario adapté).


Le film regorge de personnages importants. Flic honnête ou corruptible, grand ponte qui tire les ficelles, ou simples seconds couteaux, chacun à sa part à jouer et tout le monde finira par se croiser à un moment ou à un autre.
Pour maintenir l'attention et l'intérêt donnés à ces personnages, il fallait des acteurs dignes de ce nom pour les incarner. Mais pas non plus des superstars car il faut aussi pouvoir surprendre le public. Avec des acteurs trop connus, on s'intéresserait plus à comment ils jouent les personnages plutôt qu'aux personnages eux mêmes.
Et laissez moi vous dire qu'en prenant son temps pour dégoter des acteurs crédibles sans être trop connus, le réalisateur a réuni un casting trois étoiles!

A commencer par Russel Crowe, alias Bud White.
En 97 Crowe n'est pas encore Mister Gladiator ; il lui reste à prouver qu'il va le devenir.
Repéré par le réalisateur dans un rôle de nazi, il est superbe dans la peau d'un malabar brutal et violent mais qui refuse que l'on fasse du mal à la gent féminine.
Il ne lèverait jamais la main sur une femme mais n'hésite pas à trouer ses semblables et à fracasser le mobilier pour le bien de la justice. Un personnage antipathique qui pourtant se révèle attachant, à montrer ses faiblesses.

Ensuite, il y a Guy Pearce. Un jeune acteur méconnu mais excellent.
Explosif et farfelu dans "Priscilla folle du désert", énigmatique dans "Memento", ce gars là peut tout jouer. Ici, il incarne l'officier Exley, le blanc bec de service qui ne recule devant rien pour monter en grade.
Haï par ses collègues, il va vite se rendre compte que sa carrière ne fera pas de lui un homme intègre.

Le troisième larron c'est l'inspecteur Jack Vincennes. Corrompu jusqu' à la moelle, il n'hésite pas à jouer de ses relations et de son charme ravageur pour arriver à ses fins. Il fallait une vraie présence pour interpréter son personnage et c'est Kevin Spacey qui s'y colle.
Lui, par contre, était déjà connu (oscar second rôle pour "Usual Suspects") mais il n'en reste pas moins un acteur incroyable. Ironique à souhait, toujours un sourire au coin des lèvres, Don Juan à ses heures, il se prend vraiment pour une vedette du cinéma (ce qu'il est, après tout...).

On retrouve également James Cromwell (surtout connu pour son rôle dans "Babe" pour lequel il a été nominé à l'oscar) et le toujours impeccable Danny deVito.

Mais aussi étonnant que ce soit, parmi tous ces mâles, c'est la seule femme du film qui remporte une statuette (meilleur second rôle).
Sosie de l'actrice Véronica Lake dans le film, Kim Basinger minaude et roucoule comme elle sait si bien le faire ("Batman", "J'ai épousé un E.T."..).
Physiquement la transformance est impressionnante et les scènes entre elle et Russel Crowe possèdent certaines des meilleures répliques du film :
- You say « fuck » a lot
- You fuck for money

Une fois réunis dans le même plan, les deux comédiens font littéralement monter la tension d'un cran...


Le réalisateur, Curtis Hanson ayant eu la bonne idée d'ancrer son film dans une réalité palpable, "LA Confidential" tient parfaitement la route.

Visuellement, le film n'est pas un hommage aux films noirs des années 50/60.
Le responsable de la photographie, Dante Spinotti, évite tout jeu impressioniste sur les ombres et enveloppe le film dans une lumière réaliste, presque quotidienne.
On reconnaît parfois son travail sur les films de Michael Mann ("Heat" et "le dernier des Mohicans") lorsqu'il se met à utiliser des éclairages bleutés assez stylisés mais la plupart du temps la lumière reste très sobre.

Les décorateurs font de même. Hanson veut en effet recréer les années 50 sans que l'on se rende compte qu'il s'agisse des années 50. En d'autres termes, il ne faut pas que le public s'intéresse trop aux voitures, aux costumes d'époque et autres décors bariolés propre aux fifties.
Seul le personnage de Kim Basinger renvoie directement à cette époque...
Hanson parvient à donner l'impression que le film se passe à une époque révolue (par les vêtements, les coiffures et le travail sur la lumière) tout en lui donnant un aspect réaliste voire contemporain.

Musicalement c'est la même chose.
A la fois glauque et entrainante, la BO du film rappelle les bals de l'époque où les trompettes menaient la danse mais elle peut aussi se montrer effrayante quand l'action le demande (vibrations des cordes à l'extrême, effet garanti!).
N'oublions pas que Jerry Goldsmith a composé pour "Alien" et "Basic Instinct" : question ambiance à faire sursauter, il s'y connait...
La musique est rarement utilisée dans le film (Hanson privilégie les tubes de l'époque) mais quand elle intervient, elle rajoute énormément au suspense.



En dehors de ses deux oscars, "LA Confidential" a été nominé pour : meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleur son, meilleur montage, meilleure photographie, meilleurs décors et meilleur film.
Encensé par la critique, il s'inscrit dans la tradition des polars purs et durs.

Note : ***

Ponyo sur la falaise



Une petite princesse poisson rouge appelée Ponyo veut désespérément devenir humaine. Dans sa quête, elle devient amie d'un garçon de cinq ans, Sosuke.



Si chaque film de Hayao Miyazaki est un événement, celui là l'est d'autant plus car après avoir annoncé, à la grande deception de nombreux fans, qu'il arrêtait définitivement le cinéma, le maître revient sur sa parole, et sur les écrans par la même occasion.

Et c'est vrai qu'il nous manquait tout de même.
Après un coup d'essai, dans l'eau, du fiston (Goro Miyazaki ; « Les contes de Terremer ») pour reprendre le flambeau, on ressentait un vrai manque chez le studio Ghibli.
Mais que cela ne tienne, l'un des plus grands génies de l'animation est enfin de retour!

Pourtant, il fallait bien un projet de grande envergure pour que Miyazaki décide de refaire surface.
Surnommé à tort, le Walt Disney japonais, il risque bien de s'attirer les foudres des Disneyiens fanatiques qui verront en « Ponyo sur la Falaise », une adaptation éhontée de « la Petite Sirène » : une histoire d'amour entre un jeune garçon et une fille de l'eau qui rêve de devenir humaine.

Néanmoins, la comparaison s'arrête là. Si Miyazaki s'inspire effectivement de « La Petite Sirène », c'est moins du dessin animé que du conte originel d'Andersen, qu'il transpose dans le Japon d'aujourd'hui.


Fasciné par la mer, Miyazaki en profite pour donner vie à l'une des faunes aquatiques les plus éblouissantes jamais vues dans un film d'animation. Bien loin de l'anthropomorphisme du « Monde de Némo », auquel on peut le rapprocher, le monde marin de Ponyo est constitué avant tout de créatures réelles et réalistes.
Mais à celles là s'ajoutent des êtres originaux et insolites, véritables représentants du folklore japonais, dont des vagues de poisson (au sens propre !), une déesse marine à la beauté irréelle, et bien entendu la Ponyo du titre.


En parlant de Ponyo, a t-on déjà vu une bestiole aussi craquante? Croisement improbable entre un poisson rouge et un Totoro des mers, Ponyo est absolument adorable !
Miyazaki le sait et n'hésite pas à en rajouter dans le kawaï à grands coups de mimiques angéliques et d'énormes sourires malicieux...
D'ailleurs quand on voit l'apparence de Ponyo, on est certain d'une chose : le film est destiné en priorité aux enfants.
Ainsi, dans son ambiance, « Ponyo sur la Falaise » se veut plus proche de « Mon voisin Totoro » que de « Princesse Mononoke » ou « Porco Rosso ».
Pour autant, les connaisseurs savent que chez Miyazaki, « enfant » n'est jamais synonyme d' « idiot »,et en ce sens le film s'adresse tout aussi bien aux adultes.


Les enfants seront émerveillés par l'univers enchanteur de Ponyo, apprécieront l'humour et la qualité du dessin et se prendront d'affection pour des personnages terriblement attachants.
Quant aux plus grands...eh bien, ce sera la même chose.
En réalité le film ne touchera peut être pas tout le monde de la même façon car il ne s'adresse pas réellement à nous, adultes, mais bien à l'enfant qui sommeille en nous et qui refuse de grandir.

Le classicisme du scénario peut surprendre d'autant que la plupart des scènes ne font que montrer les différentes attitudes de Ponyo face au monde des hommes. Et les choses les plus simples sont souvent les meilleures : elle découvre le plaisir de boire du lait chaud, de préparer des nouilles, d'allumer une bougie ou simplement de courir à droite à gauche.
Des actes qui nous paraissent évidents mais qui ont une grande importance pour quelqu'un qui vient de les apprendre.

Miyazaki fait ainsi le rapprochement entre Ponyo qui découvre l'utilisation de ses jambes et ces vieilles dames qui aimeraient retrouver l'usage des leurs.
De même, lorsque leur village disparaît sous les flots, la population ne cède pas à l'angoisse et aux lamentations mais s'organise pour s'aider mutuellement.
Ainsi, c'est avec un étonnement certain qu'on les voit débarquer, tout guillerets, dans un défilé de bateaux dignes d'une fête nationale...

Dans d'autres mains, le film serait naïf voire grotesque et pourrait même frôler le mauvais goût (on ne rigole pas avec les inondations en ce moment...). Mais pas avec Miyazaki : ces séquences de découverte possèdent autant d'importance pour les personages du film que pour les spectateurs, qui sont alors invités à regarder le monde avec un regard nouveau, un regard d'enfant...

Ainsi, il est nécessaire de faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit pour apprécier le film à sa juste valeur et de ne pas se montrer trop exigent.
Mais après tout, comment rester insensible face au trait sans faille de Miyazaki, qui sait donner à ses personnages à la fois du charme et un côté loufoque complètement tordant (bouches démesurées, yeux globuleux, démarche aléatoire...) et à ces couleurs éclantantes qui rappellent les estampes japonaises ?


Bien qu' absent des écrans depuis un bon moment déjà, Miyazaki nous prouve qu'il n'a rien perdu de sa superbe. Sa mise en scène est un ravissement de tous les instants. Aux couleurs épurées de la surface, il oppose un feu d'artifice visuel pour représenter son monde marin.
Que ce soit lors des scènes sous marines, des moments entre Ponyo et Sosuke, ou Ponyo et sa mère ou encore des rares scènes d'action, Miyazaki parvient à saisir l'équilibre parfait entre poésie, fantastique et intimité.

Quoi qu'il en soit, on n'est pas dépaysé par rapport au reste de sa filmographie. « Ponyo sur la Falaise » comporte en effet les principaux thèmes, chers au réalisateur : le regard sur l'écologie (la mer jonchée de détritus), l'histoire d'amour entre un humain et un être appartenant à un autre monde, l'équilibre entre les humains et les forces de la nature (les vagues rappellent la fin de « Princesse Mononoke »)...
Quant à ses personnages, ce sont les mêmes archétypes qu'il réutilise à sa guise : les retraités symbolisent la sagesse, Ponyo et Sosuke peuvent se comparer au couple du « Château dans le ciel », la mère de Sosuke est une femme forte et indépendante (comme dans tous ses films), enfin le père de Ponyo et ses cernes grosses comme des valises sortent tout droit du « Château Ambulant »...


Mais que serait un film de Miyazaki sans la participation de Joe Hisaishi ? Compositeur attitré de Miyazaki, Hisaishi est à ses films ce que Morricone est à ceux de Leone : une évidence !
L'un ne va pas sans l'autre et vice-versa. Avec eux, on ne sait jamais si c'est la musique qui s'adapte aux images ou bien le contraire tant la symbiose entre elles touche au divin. Une fois encore Hisaishi nous livre une partition exemplaire qui magnifie le dessin grandiose de Miyazaki.
Le prologue, tout en musique, est d'ailleurs réminiscent des meilleurs moments du « Fantasia », le fameux opéra animé de Disney.



Un grand moment de cinéma, une vraie cure de jouvence, 1h30 de romantisme fantastique et de poésie émouvante jusqu'à ce que la fin, abrupte, tombe et nous rappelle que non seulement le scénario était classique mais qu'en réalité il ne s'est pas passé grand chose comparé à l'envergure de l'histoire elle même (il paraît qu'on a frôlé la fin du monde. Pourquoi? Comment?) mais qu'en plus de nombreux éléments demeurent dans l'ombre, à jamais inexpliqués...


« Ponyo sur la Falaise » est le grand retour tant attendu de Hayao Miyazaki au cinéma. Une histoire passionante et universelle, des images et une mise en scène admirables et paradoxalement assez sobres, une musique magnifique, des personnages attachants et surtout la bouille impayable de Ponyo font de ce film un dessin animé superbe qui s'adresse, quoi qu'on en dise, à tous les âges et compensent aisément un scénario un peu trop proche du gruyère.
Si Miyazaki reste l'un des plus grands metteurs en scène de l'animation japonaise, elle est déjà loin l'époque des Totoros...

Note : ***

Des serpents dans l'avion




À Hawaï, le jeune Sean Jones a assisté au meurtre d'un homme, assassiné par le gangster Edward Kim. Poursuivi par ses hommes, Sean se doit de se faire protéger par l'agent du FBI Neville Flynn. Il doit retourner sur le continent américain pour témoigner contre Kim, et ils prennent l'avion en première classe. Mais Kim, voulant se débarrasser de Jones, fait embarquer dans la soute à bagages une caisse remplie de serpents venimeux dont la rage sera stimulée par les phéromones contenues dans les colliers de fleurs hawaiiens. Après l'ouverture programmée de la caisse en plein vol, les serpents vont semer la mort et la terreur dans l'avion survolant l'océan...




C'est étonnant comment certains films voient le jour. Autrefois certains scénaristes se penchaient sur un script pendant plusieurs mois, voire plusieurs années avant de le présenter.
Aujourd'hui il suffit de poster un sujet sur le net et de laisser faire le temps.

En proposant une idée de serpents venimeux envahissant un avion, les scénaristes ont entraîné un véritable buzz de la part des internautes. L'idée est tellement idiote qu'elle en devient prometteuse.
On pense rapidement à créer un hommage aux vieilles séries B et tout le monde soumet ses propres idées.
Et les scénaristes de récupérer les meilleures pour tenter de mettre en scène le film le plus aguicheur pour le public.

Voilà l'histoire extraordinaire de « Des serpents dans l'avion »...

Le film sera donc une série B assumée avec scénario timbre-poste, personnages volontairement décalés et action à gogo pour un max de plaisir. Une recette qui marche!

Malgré l'idée de départ saugrenue, les producteurs n'hésitent pas longtemps pour donner le feu vert.
Et encore plus impressionnant, ils ne regardent même pas à la dépense, persuadés qu'avec le buzz, le film est un carton annoncé.

On trouve donc David R. Ellis derrière la caméra (« Destination Finale 2 »), Trevor Rabin (« Torque », « Armageddon », « Bad Boys 2 ») aux claviers (à la musique, quoi) et le toujours aussi chauve Samuel L Jackson en déjeuner potentiel pour reptiles affamés. Le Jackson il s'est déjà fritté avec des dinosaures et des droïdes de combat, alors des serpents, pensez! Même pas peur!
Ca nous promet du film d'action bien crétin mais bien jouissif.


Alors le succès est-il au rendez vous?

Oui...et non.

Oui parce que les personnages sont effectivement crétins, oui parce que les serpents sont visuellement convaincants (pour des images de synthèse), oui parce que Trevor Rabin fait pêter les watts, oui parce qu'on a sa dose d'action et de frissons, oui parce que la mise en scène est parfois bien inspirée et oui parce que Samuel L. Jackson, na.

Le film assume son script minimaliste et le côté série B est loin d'être désagréable. La référence à « Gremlins » (le serpent dans le micro-onde) est sympa et ENFIN on se débarasse du chien!
Un bon point pour le scénario parce que la scène est vraiment drôle pour le coup.


Mais. Parce que il ya toujours un « mais ».

Mais si les personnages sont effectivement crétins, ils n'en sont pas moins assez lourdaux. Ce qu'on aime dans les séries B c'est le côté décomplexé et loufoque des personnages. Ici les acteurs sont fades, voire inexistants pour la plupart, Samuel Jackson excepté.

Les stéréotypes abondent (la blonde avec son chien, la star qui se la pête, le grincheux, les gosses, les hotesses lubriques et évidemment le beau gosse qui peut pas rester en place mais qui sauve tout le monde à la fin) mais le film se contente de les mettre en scène de façon très banale. On a rarement cet éclair de génie qui fait qu'on aime tel ou tel personnage : quand ils meurent, on se dit juste « un de moins »...
Et puis les dialogues série B c'est censé être marrant mais là ça vole assez bas. Heureusement il y a Jackson et son volontairement exagéré « I have had it of these motherfucking snakes on this motherfucking plane! ».



Ensuite les serpents sont assez impressionnants mais la mise en scène les met rarement en valeur.
En général ils bondissent sur la victime et sortent du cadre en sifflant. Voilà. Deux, trois fois ça va mais à force ça devient répétitif. Il ya bien quelques bonnes idées comme la vision subjective « je suis un serpent » qui rappelle « Predator » mais dans l'ensemble, la réalisation fait dans le classique.

La mise en scène est parfois bien inspirée comme dit précédemment (notamment la scène où le big serpent brise la glace) mais malgré tous ces serpents dans un espace aussi réduit, le réalisateur n'arrive jamais à rendre l'impression de claustrophobie. Un comble.

Non le vrai problème du film c'est qu'on ne sait jamais dans quel sens du poil il faut le prendre.
On pensait rire un bon coup mais il s'avère que ce n'est pas le cas.
Peut être que je n'ai pas la mentalité qui va avec le style du film mais j'avoue que les boursoufflements et autres gonflements de veines m'ont paru peu ragoûtantes.
Le film ne lésine pas sur les effets choc et se veut bien plus violent qu'il ne laisse croire.
En plus, la plupart des passagers meurent sans que la mise en scène en radoucisse l'effet par l'utilisation du second degré. C'est cru, horrible et même parfois terrifiant.

En soi ce n'est pas un défaut et ça prouve que le metteur en scène sait y faire mais alors qu'on pouvait rigoler de l'humour très noir de « Destination Finale 2 », cette fois c'est plus difficile.
Pour une série B c'est dommage.

Quoi qu'il en soit les blagues les plus courtes sont les meilleures et même 1h40 c'est long quand il s'agit de faire tenir une ligne de scénario.
Comme tout bon film américain qui se respecte, le film ne commence réellement qu'au bout d'une demi heure. Il reste donc un peu plus d'une heure aux serpents pour nous en mettre plein la vue. Une heure ça va vite et pourtant on a parfois le temps le trouver le film long.

Et malgré toutes les bonnes idées potentielles, la fin nous fait le coup des grosses ficelles hollywoodiennes avec un beau coup de pub pour Playstation au passage...


Pour une simple idée lancée en l'air, « Des serpents dans l'avion » retombe plutôt bien sur ses pieds.
Malheureusement il navigue entre deux eaux : trop flippant pour être une série B pour s'amuser et trop niais pour qu'on s'intéresse aux personnages ou à l'histoire.
Mais dans tous les cas, il reste un bon petit film qui se laisse regarder sans broncher.
Ceux qui ont « Anaconda » en horreur risquent bien de se réconcilier avec les reptiles venimeux au cinéma.

Note : **

The King of New York





Un homme sort de prison. Pas n'importe quel homme. C'est Frank White, le plus grand seigneur du crime de New York. Mais l'impitoyable Frank White rêve aussi de construire un hôpital pour les plus démunis. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde, y compris de flics prêts à tous les coups bas pour détruire son empire.



Ce qui frappe le plus dans ce film c'est avant tout la qualité de son casting.
Pas une fausse note à l'horizon et l'occasion de retrouver une floppée d'acteurs géniaux dont le toujours formidable Christopher Walken en tête d'affiche. Durant sa longue carrière, l'acteur a souvent été cantonné à des rôles assez particuliers. Entre le suicidaire de "Voyage au bout de l'enfer", le mafiosi de "True Romance" ou encore le tueur sanguinaire de "Sleepy Hollow" ses personnages sont paradoxalement aussi redoutables qu'attachants.

Attachants parce que Walken possède la faculté surprenante de s'approprier n'importe quel rôle et d'en faire un personnage que l'on admire.
C'est peut-être cette façon de passer de sa voix grave naturelle à une voix plus aigüe, limite féminine, quand il exprime sa surprise ou alors c'est son sourire désarmant qui lui donne toujours cette impression de s'amuser quelque soit la situation...

Quoi qu'il en soit, sa performance de caïd dans le film est irrésistible et accroche sans mal le spectateur dès les premières minutes.

A ses côtés on retrouve Laurence Fishburne (devenu une star grâce à son rôle de mentor dans "Matrix") qui incarne une racaille de la pire espèce.
A l'opposé totale du calme qui caractérisait son personnage de Morphéus, il pête littéralement les plombs dans ce film. On a l'impression qu'il est constamment défoncé à l'acide et sa performance n'en est que plus jouissive!

Avec Walken, il forment un duo de tête épatant que l'on est pas près d"oublier.
Comparé à d'autres oeuvres captivantes sur les parrains de la drogue, leurs personnages font presque office de clowns.
Si Tony Montana (Scarface) ou "Michael Corleone" ("le Parrain") imposaient à Al Pacino de garder son sang froid quoi qu'il arrive pour imposer le respect, lors de leurs retrouvailles Walken et Fishburne se mettent carrément à danser avant de se sauter dans les bras.

Je ne sais pas s'il régnait une bonne ambiance sur le plateau de tournage mais à l'écran les acteurs donnent le sentiment de vraiment bien s'amuser.


Le reste du casting repose ensuite essentiellement sur David Caruso (le roux des "Experts"), Steve Buscemi et Wesley Snipes.
Leurs présence respective à l'écran est plus ou moins importante mais il n'empêche qu'ils ajoutent de l'intérêt au film.



Abel Ferrara ou le cinéaste de la violence.

Dans la lignée des films de De Palma ou de Coppola, Ferrara dépeint une descente aux enfers qui s'achèvera dans un bain de sang.
Frank White veut désormais utiliser sa notoriété et son argent pour s'occuper des populations défavorisées mais pour cela il doit mettre la main sur la ville.
Malgré ses bonnes intentions, il va se frotter au refus des dealers l'accusant de profiter d'affaires interraciales. Quant aux flics, ils voient en lui un tyran favorisé par le système qui élimine ses ennemis sans concession.

White est donc condamné dès le départ et sa redemption n'empêchera pas le sang de couler. On n'échappe pas à ce qu'on est...

Contrairement aux réalisateurs cités plus haut, Ferrara possède un style visuel plus marqué et ses fusillades empruntent autant au lyrisme de John Woo qu' à l'esthétique de Michael Mann.
Les truands, un flingue dans chaque main, s'explosent les uns les autres dans des ralentis sublimes et le sang éclabousse les murs à chaque impact comme chez Woo. Mais contrairement au cinéaste Hong Kongais, les couleurs saturées (un bleu profond très marqué lors des séquences de nuit) plongent le spectateur dans un étrange malaise et font ressortir le réalisme choquant des scènes d'action.


Techniquement, le film est superbe.
Le réalisateur s'autorise des travellings en vue subjective (on est censé voir à travers les yeux du personnage) avant de faire entrer l'acteur dans le cadre, ce qui apporte un sentiment d'insécurité bienvenu : on ne sait jamais à quoi s'attendre même dans les passages les plus calmes. Cette insécurité se ressent à travers la multiplication des gros plans sur les visages, ce qui donne plus d'emphase aux personnages mais qui empêche surtout de voir ce qui se passe en arrière plan.

De plus lorsqu'il s'agit de faire intervenir la suspense, Ferrara s'en sort avec talent. La scène finale dans le métro est d'ailleurs un grand moment de tension à l'issue totalement incertaine.

L'univers des films de Ferrara est en général empreint d'une noirceur implacable et celui ci n'échappe pas à la règle. Le film se déroule soit dans des quartiers huppés soit dans des ruelles sordides et des bars crasseux mais la personnalité de chacun ne reflète en rien leur appartenance sociale.
Flic ou voyou, tout le monde est une ordure de première catégorie qui ne recule devant rien pour assouvir sa loi.

Au final, on est en droit de se poser la question : "qui est le gentil, qui est le méchant?".
Le film présente en effet un parrain de la drogue pour personnage principal et les flics, censés faire respecter la loi, fonctionnent autant sur le chantage et la violence gratuite que ceux qui se trouvent de l'autre côté de la barrière.


Malgré ses faiblesses scénaristiques (certains personnages sont laissés en retrait ce qui diminue l'impact de certaines séquences et toutes les questions ne sont pas résolues à la fin du film), "The King of New York" reste un film impressionnant.
Les dialogues sont remarquables et apportent beaucoup à l'excentricité des personnages, quant à l'ultraviolence controversée du film elle est inhérente à l'univers sombre et tragique que dépeint le réalisateur.

Au fil du temps, le film a acquéri son label de culte et reste l'un des meilleurs films de gangsters des années 90.

Note : ***