samedi 28 mars 2009

Arrête ou ma mère va tirer!




Le sergent de police de Los Angeles Joe Bomowski voit sa vie complètement chamboulée quand sa mère Tutti vient lui rendre une de ses rares visites.



Considéré pour beaucoup comme l'un des plus mauvais film jamais réalisé, "Arrête..." ne mérite pas sa réputation.

Le scénario a reçu le razzie award du plus mauvais.
Effectivement il demeure très basique et ne repose que sur une seule idée : les relations entre la mère et le fils.
Sur ce point, on s'aperçoit que Tutti est vraiment envahissante et qu'en plus de traiter son fils comme un gamin de 8 ans, elle ne se gène pas pour interférer dans sa vie sentimentale.

Pathétique, limite insupportable les dix premières minutes, le scénario devient plus intéressant lorsque Tutti se retrouve témoin d'un meurtre, et en prime avec la possession d'une arme à feu illégale ce qui lui permet de faire équipe avec son ronchon de fils.

Si l'on passe l'éponge sur le fait qu'aucun dealer d'armes ne serait assez idiot pour vendre une arme à feu à une vieille dame dans la rue, qu'on fait l'impasse sur des ficelles grosses comme des cordages de bateau (on reconnait quelqu'un à son éternuement!) et qu'on oublie le dénouement annoncé dès le départ par le titre, il ne reste pas grand chose certes. Et pourtant...

Comme le scénario, les deux acteurs principaux ont été récompensés en tant que plus mauvais acteur pour Stallone et plus mauvaise actrice pour Estelle Getty.

Habitué aux films d'action testotéronés, on pourrait croire que Stallone n'a pas sa place dans une comédie. Malgré tout, je le trouve plus crédible dans ce rôle de flic célibataire qui en pince secrètement pour son supérieur qu'en surhomme des montagnes dans le navrant "Cliffhanger".

On ne peut pas dire qu'il en fasse des tonnes à l'écran mais c'est justement son attitude, limite blasé et désespéré, face à la tornade ménagère qui lui sert de mère qui le rend drôle. Ses expressions et mimiques sont parfois tordantes.
Non, il ne mérite pas son razzie award!

De même Estelle Getty, pour qui c'est le premier rôle au cinéma, se révèle aussi charmante que faussement irritante dans la peau de Tutti.
A l'extrême opposé de Stallone, elle, elle en fait des tonnes.
Bardée d'un éternel sourire malicieux, elle se montre aussi prompte à faire l'éloge de son fils à la gente féminine qu'à envoyer ballader les gros malabars.

Physiquement comme intellectuellement, ces deux là ont autant de points communs qu'une armoire à glace et une table de coiffure. Et c'est justement ce qui les rend complémentaires.

A l'écran le duo fonctionne plutôt bien et nous offre de bons moments. Les situations sont inégales mais la plupart réservent leur lot de bonnes idées.

En revanche, l'acteur qui joue le gros biker et la jolie Jobeth Williams exceptés, les autres acteurs font peine à voir et le méchant du film est parfaitement insipide.

La réalisation plombe parfois le film à force d'insister sur des scènes pas drôles pour un sou mais se rattrape aisément lors des (rares) courses poursuites où les effets sonores et le montage font bon ménage. Et si le scénario parle d'armes illégales et de meurtres, l'ambiance est à la légèreté, ce qui sied parfaitement à cette comédie sans prétention.


Une comédie inégale, portée par un duo d'acteurs antagonistes et inattendus, qui mérite une meilleure chance que celle donnée par sa piètre réputation.

Note : **

Les 3 Royaumes




En 208 après J.-C., l'empereur Han règne sur la Chine pourtant divisée en trois royaumes rivaux. L'ambitieux Premier ministre Cao Cao rêve de s'installer sur le trône d'un empire unifié, et se sert de lui pour mener une guerre sans merci contre le Shu, le royaume du sud-ouest dirigé par Liu Bei.
Liu Bei dépêche Zhuge Liang, son conseiller militaire, comme émissaire au royaume de Wu pour tenter de convaincre le roi Sun Quan d'unir ses forces aux siennes. A Wu, Zhuge Liang rencontre le vice-roi Zhou Yu. Très vite, les deux hommes deviennent amis et concluent un pacte d'alliance.
Furieux d'apprendre que les deux royaumes se sont alliés, Cao Cao envoie une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser.
L'armée campe dans la Forêt du Corbeau, de l'autre côté du fleuve Yangtze qui borde la Falaise Rouge (Chi Bi) où sont installés les alliés. Face à l'écrasante supériorité logistique de Cao Cao, le combat semble joué d'avance, mais Zhou Yu et Zhuge Liang ne sont pas décidés à se laisser faire...
Dans un déluge de puissance et de génie tactique, la bataille de la Falaise Rouge va rester comme la plus célèbre de l'Histoire et changer le destin de la Chine pour toujours.




Autant vous le dire tout de suite, difficile pour moi d'être objectif sur ma chronique de ce film tant il me tient à cœur.
Je m'autorise donc à y mettre un peu de ma personne pour éclaircir les raisons de mon engouement et parce que j'en ai envie, d'abord.
Buckle up, we're going back in time :)

Tout commence au lycée où je découvre, par le plus grand des hasards et l'intermédiaire d'un ami, un jeu sur Playstation 2 nommé "Dynasty Warriors 2".
A première vue, il ne s'agissait que d'un vulgaire beat them all asiatique où l'on incarnait des personnages plus ou moins anguleux dans des champs de bataille plus ou moins désertiques. C'était les débuts de la console...

Malgré son principe extrêmement basique et répétitif (taper, taper, taper très fort!), je lui reconnaissais un côté attachant.
Taper d'accord mais quand on parvient à renverser le cours d'une bataille par la seule force de son personnage, ça vous fait tout de suite bomber le torse.
Et quand en plus les personnages débordent littéralement de charisme, c'est un vrai plaisir que de partir au combat!


Bref, un coup de cœur inattendu.

Quelques temps plus tard, je réussis à mettre la main sur l'opus suivant, intelligemment nommé "Dynasty Warriors 3".
Et là c'est l'éclair qui vous traverse la tête, l'épiphanie, la révélation!
Parmi les oeuvres cultes, la plupart des gamers hardcore ne tarissent pas d'éloges sur les "Final Fantasy" et autres "Starcraft" et "Warcraft".
Moi je suis bel et bien tombé amoureux des "Dynasty Warriors".

Pourtant, il fallait vraiment s'accrocher pour entrer dans le jeu ; les généraux chinois doublés par des joueurs de pétanque de la Cannebière ne facilitant pas les choses...

Mais voilà, avec sa multitude de personnages, ses attaques variées, ses combos jouissifs, ses dizaines de niveaux gigantesques et ses nouveaux graphismes hauts en couleurs, le jeu m'avait décidément tapé dans l'oeil.

En plus, il avait un côté jeu de rôle fort sympathique.
Si au départ on commençait comme paysan avec une vulgaire épée en bois, très vite on pouvait monter en grande et gagner de nouvelles armes et compétences.
Aux enchaînements de folies s'ajoutait alors la possibilité de traverser de vastes étendues à bride abattue, de dégommer vicieusement un général ennemi d'une flèche bien placée, d'entraîner ses propres gardes du corps ou encore de s'approprier des tonnes d'objets spéciaux pour booster ses capacités.

C'était vraiment gratifiant d'être félicité pour ses prouesses guerrières et de combattre aux côtés des plus grands.
Sans oublier que selon ses actions et si l'on suivait ou non les ordres, le cours de la bataille pouvait changer du tout au tout et la musique faisait de même, mettant en valeur l'aspect héroïque des combats.

Le jeu offrait de vrais moments d'anthologie (première rencontre avec un éléphant à Nanman, le chateau de Fan recouvert par les eaux ou simplement Lu Bu...) et des champs de bataille dantesques sur lesquels il n'était pas rare de guerroyer férocement pendant plus d'une heure jusqu'à en avoir mal aux pouces.

Mais ce que je trouvais absolument génial, c'était la possibilité de pouvoir faire les campagnes sous l'ordre de chaque armée et non pas une seule imposée.
Ainsi, on découvrait l'histoire de chaque personnage et les alliés d'aujourd'hui devenaient les ennemis de demain.
Un choix passionnant pour une absence totale de manichéisme.


Après le 3, vint le 4 puis le 5 sans oublier les innombrables extensions sorties uniquement dans le but de faire cracher ses derniers centimes aux pauvres fans en manque de sensations. Car il faut bien l'avouer, les jeux se suivaient et se ressemblaient beaucoup. A peine quelques nouveautés faisaient leur apparition ici et là pour tenter, par exemple, de dissimuler la pauvreté abyssale de l'IA ennemie...mais passons.
Comme on dit au pays du Soleil Levant : "Quand on nem, on ne compte pas" (désolé...).

Sans me la jouer tragédie grecque, je dois avouer que ce jeu a bouleversé mon existence. Après avoir passé des journées entières à admirer les superbes mouvements de lance de plusieurs personnages, je me suis même mis au combat au bâton. C'est pour dire.
Cherchez pas, y a des gens comme ça...


Mais pourquoi je raconte tout ça, moi?

Tout simplement parce que les jeux vidéo "Dynasty Warriors" font partie des incalculables adaptations (avec les mangas, les séries télé et autres bandes dessinées) de ce monument de la littérature chinoise qu'est "Les 3 Royaumes".

En effet, "Les 3 Royaumes" est un roman historique chinois dont l'histoire se déroule vers la fin de la dynastie Han et la période qui se situe aux alentours de 220-265.
Ecrit par Luo Guanzhong au 13ème siècle, d'après l'œuvre de Chen Shou, c'est avant tout 7 volumes de 300, 400 pages chacun.

Malgré son ancienneté, le roman reste certainement le plus populaire en Chine et son influence s'étend par delà les frontières (la preuve : je l'ai lu!).
Les 3 Royaumes sont donc...3 et sont : le Wei, le Shu et le Wu ou pour simplifier, dans le jeu comme dans le film, les bleus, les verts et les rouges.

Pourquoi cette passion pour une histoire vieille de plusieurs siècles (en même temps allez dire ça à ceux qui considèrent la Bible comme livre de chevet...)?

Simplement parce que derrière un roman historique d'apparence austère, se cache en réalité une œuvre complexe, d'une grande beauté et d'une richesse inouïe.
Mêlant réalisme et surnaturel (les pouvoirs de Zhuge Liang...), il réussi à créer une véritable mythologie dont les personnages font partie intégrante.
Ainsi, chaque héros, de par son nom, ses actes et son apparence acquiert rapidement une portée universelle.
Très vite, des noms tels que Guan Yu, Cao Cao, Dian Wei, Wei Yan, Lu Bu, Zhang Liao, Liu Bei, Sun Shang Xian...se rattachent à des faits héroïques et des batailles célèbres qui ont changé le cours de l'Histoire de la Chine. C'est pas rien.


Tout ça pour dire que pendant plusieurs années, l'histoire des 3 Royaumes chinois était devenue une vraie passion, solide et sincère, à laquelle j'ai consacré un temps fou.


Il y a quelques mois dans un magazine ciné, je tombe sur un article annonçant officiellement que John Woo était en train de tourner un film sur une bataille mettant en scène les 3 Royaumes précédemment cités.
Je peux vous assurer que j'en ai poussé des cris à faire pâlir une groupie Twilighteuse!

John Woo! Un de mes réalisateurs préférés qui fait un film sur une des plus belles histoires que je connaisse! Même dans mes rêves les plus tordus, je n'aurais jamais imaginé que cela se produise un jour! A deux doigts de la camisole que j'étais.

Et c'est ainsi qu'après des mois d'attente. Je vais voir LE film qui résume toute une époque de ma jeunesse. Et le jour de mon anniversaire, en plus!
Il y en a qui appellent ça le hasard, d'autres une coïncidence... moi j'appelle ça le destin!

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Ca y est vous pouvez revenir, j'ai fini ma séquence "diapos-souvenirs"....
Je vais enfin parler du film lui même.

John Woo. Dernier film en date : "Paycheck", en 2003.
Ca faisait un bail que le maestro n'avait rien tourné.
Après l'échec relatif (mais commercial) de "Windtalkers, Les messagers du vent" et le falot "Paycheck", on pressentait que Woo avait fait son temps.
Bridé par les studios hollywoodiens, il décide de faire "Volte/Face" et regagne enfin ses pénates sur sa terre natale.

Grand bien lui fasse : il va pouvoir prouver au monde qu'il n'a rien perdu de sa superbe et que le cinéma chinois peut tenir tête à n'importe quelle grosse machine Hollywoodienne!

Après 30 ans de gunfights acharnés, John Woo se refait une santé mode wu xa pian, genre qu'il n'avait pas abordé depuis "La dernière chevalerie" en 1979.
Les armes à feu sont ainsi remplacées par des lames de toute sorte, ce qui n'enlève en rien au côté spectaculaire du film pour autant.


Après la sortie de la trilogie du "Seigneur des Anneaux" de Peter Jackson j'étais persuadé que le cinéma en était à son point culminant, que les scènes de bataille ne seraient jamais dépassées, que tout ce qui viendrait par la suite serait forcément de qualité inférieure.
6 ans se sont écoulés depuis "Le Retour du Roi" et plusieurs fois déjà on m'a prouvé que j'avais tort.

"Les 3 Royaumes" réitère la démonstration avec bonheur.
Cinéaste de la violence lyrique, Woo dispose pour son film d'une logistique "A toute épreuve" et de moyens techniques à faire baver les frères Scott (mais non pas la série, les réalisateurs!).

Doté d'un budget colossal de 80 millions d'euros, il s'autorise tous les excès pour donner vie à l'une des plus importantes batailles du monde chinois.
Non seulement il engage un millier de figurants(!) mais il fait construire sur place la majorité des éléments nécessaires à la reconstitution de ladite bataille.
S'il se sert habilement des images de synthèse, ce que l'on voit à l'écran est tout sauf une armada de polygones pixellisés...
La folie des grandeurs?

Le plus gros risque du film aurait été de faire un copier-coller de tout ce qui a déjà été fait des dizaines de fois. Par chance, grâce aux stratégies renversantes mises en place par les différents généraux, les scènes de bataille se suivent mais ne se ressemblent pas.
Pluies de flèches, charges de cavalerie, bombardement à coups de catapultes... le film ne recule devant rien pour nous en mettre plein la vue et parvient à se renouveler constamment.

Filmées dans des décors majestueux, ces scènes surprennent par leur démesure.
Le genre qui vous laisse essoufflé, un stupide sourire béat aux lèvres.
En un film, John Woo va jusqu'à recréer Pearl Harbour et le Débarquement.
Sans oublier que les guerriers en sous-nombre mais dotés d'une force surhumaine font irrémédiablement penser à un "300" à la sauce chinoise.
Du grand spectacle, donc.

Si la mise en scène, recherchée et stylée, de John Woo compose des images inoubliables comme lui seul sait les faire, on remarque qu'il emploie moins les ralentis (véritable marque de fabrique du cinéaste) qu'auparavant.
Ce qui ne l'empêche pas de nous offrir des plans éblouissants comme la récupération des flèches et d'apporter un véritable souffle épique, comme avec la technique des 8 trigrammes.

Et surtout, il se fait plaisir avant tout, notamment avec cette colombe, sa signature(!), qui survole la flotte ennemie en un plan séquence virtuose.

De même, la musique du film est en tout point remarquable.
Généralement assourdissante lors des grandes manœuvres, elle sait se faire douce lors de scènes plus intimistes ou encore malicieuse pour souligner le côté mutin des ruses de Zhuge Liang (voir une fois de plus la scène "comment récupérer 100 000 flèches gratos?"). Elle souligne avec panache l'ampleur des escarmouches et met en valeur l'héroïsme exacerbé des combattants.

L'héroïsme est d'ailleurs l'un des thèmes de prédilection du réalisateur.
On lui attribue souvent les titres de "cinéaste de la violence" mais c'est oublier à quel point John Woo aime ses personnages. S'il magnifie à tel point la violence dans ses films, c'est paradoxalement pour la dénoncer.
Ceux qui connaissent ses œuvres savent parfaitement que John Woo est un grand romantique.
Ce qu'il aime c'est avant tout raconter de belles histoires. D'amour et d'amitié.

Amour. L'amour entre les êtres, voilà la philosophie de celui que l'on dénonce comme étant responsable de l'ultra-violence au cinéma.
Qui peut oser dire que les histoires d'amour dans ses films ne sont pas parmi les plus belles et les plus tragiques jamais mises en scène ("The Killer", à chaque fois j'ai la larme à l'oeil, damn' it!)? Comment ne pas être subjugué, dans "Les 3 Royaumes", lorsque l'espiègle Sun Shang Xian s'effeuille en laissant apparaître un croquis du camp adverse? Comment ne pas être hypnotisé par la beauté de la courtisane de Cao Cao (Zhen Jiiiiiiiiiii!!!!!)?
Comment ne pas esquisser un frisson lorsque Xiao Quiao se jette délibérément dans la gueule du loup pour tenter de sauver son peuple?

John Woo aime les femmes et ça se voit!

Amitié. Les amitiés viriles, la loyauté, le sens de l'honneur et du sacrifice.
Un refrain que l'on retrouve dans tous ses films.
Les liens affectifs sont très forts chez les personnages, qui n'hésitent pas à donner leur vie pour "A Better Tomorrow".
D'ailleurs les personnages sont, comme dans le roman éponyme et le jeu vidéo, ultra-charismatiques!

Ceux qui ne sont pas familiers avec les protagonistes risquent de décrocher face aux nombreuses têtes et noms qu'il faudra retenir pour comprendre les enjeux de la bataille. Pour les passionnés comme moi, c'est un bonheur indescriptible que de voir ses héros favoris prendre vie à l'écran.

Soyons honnêtes, certains prennent plus de place que d'autres mais quelle euphorie d'assister à leurs exploits grandioses (Zhao Yun qui sauve le fils de Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei qui combattent côte à côte, Huang Gai qui prépare l'attaque par le feu...). C'est juste magique.


On reconnait que même si John Woo a cherché à respecter le plus possible les faits historiques, il se laisse parfois aller à quelques digressions.
En revanche, il a le mérite d'avoir réussi à croquer (du verbe "faire un croquis") les personnages sans perdre de temps et de manière marquante. Chacun bénéficie d'une petite scène d'introduction qui met en valeur ses principales qualités.

Ainsi un grand guerrier martial comme Guan Yu surgit d'une rangée de boucliers avant d'anéantir à lui seul toute une escouade et de se pavaner avec l'étendard ennemi, un amateur de musique comme Zhou Yu est montré une flûte à la main, tandis que Zhang Fei, tout en force brute et barbe hirsute, va jusqu'à envoyer valser un cheval d'un coup d'épaule.

Au passage, les demeurés mous du bulbe ne manqueront de faire remarquer à leur entourage la ressemblance de Zhang Fei avec un certain Chabal...
A ceux là je lève mon majeur bien haut et je citerai un Gabin bien plus éloquent que moi :

"Qu'est-ce que vous êtes venus faire sur Terre, vous n'avez pas honte d'exister ? Affreux, je vous chasse de ma mémoire, je vous balaie."

Les scènes d'action sont d'ailleurs bien représentatives du mythe que John Woo cherche à faire perdurer.
Rien d'étonnant donc à ce que ces soldats d'élite à la force surhumaine soient capables de décimer une demi douzaine de soldats ennemis d'un seul coup de lance bien placé.

En parlant des personnages, un petit mot rapide sur le casting.
Si Chow Yun Fat brille hélas par son absence (mais il aurait joué qui?), on retrouve le formidable Tony Leung, qui en est à sa troisième collaboration avec John Woo, et Takeshi Kaneshiro que l'on a pu voir récemment dans "Les Seigneurs de la Guerre".

Si la présence de ce dernier ne fait pas l'unanimité parmi les puristes, pour ma part je le trouve très appréciable dans la peau d'un Zhuge Liang astucieux mais réservé.
Les acteurs restants me sont plus ou moins familiers mais ils s'acquittent tous, jusqu'au troufion de base, de leur rôle respectif avec talent et conviction.
Un sans faute.


Mais le film n'est pas qu'une succession incessante d'affrontements musclés et sanglants. John Woo prend également son temps pour installer des séquences plus contemplatives. Le calme avant la tempête.
Loin de n' être qu'un exutoire entre deux boucheries, ces scènes ont une importance capitale dans le déroulement de l'histoire.
La guerre se joue sur plusieurs niveaux et pas que sur le champ de bataille.

Un duel de cithare, un vol de colombe ou encore la cérémonie du thé, ces minutes de répit ne sont jamais innocents et cachent un dessein plus grand que ce que l'on croit aux premiers abords.
Une tortue, un rayon de soleil ou bien une simple flammèche suffisent à ce "Messager du vent" qu'est Zhuge Liang pour concocter une série de tactiques admirables...

Ces scènes sont aussi l'occasion d'en découvrir plus sur la personnalité et les motivations de chacun. En revanche, il est vrai que cette partie est parfois sous exploitée.
Mais n'oublions pas que le film a été emputé de moitié(!) pour parfaire aux exigences du public occidental, peu habitué aux fresques en chinois sous-titré d'une durée minimale de 4h...
Il est donc plausible que les personnages soient plus approfondis dans la version longue.

Qui satis expectat, prospera cuncta videt.


Par chance, le film n'a pas été massacré par des monteurs américains pour le marché mais bel et bien remanié par John Woo lui même, à l'aide de son monteur attitré et ami de longue date, David Wu.
David Wu, dont le talent n'est plus prouver (nominé une bonne dizaine de fois aux Hong Kong Awards), confère au film une tension fascinante et un rythme effréné. Passé un prologue un peu longuet, les deux heures trente passent à une vitesse folle.
Pour une fois que "version courte" n'est pas péjoratif, on ne va pas s'en plaindre!

Ceux qui ont foncé directement au bas de l'article pour découvrir la note en premier lieu seront sûrement étonnés de voir, qu'après tant d'éloges, je ne mette pas **** au film.

C'est simple, et là ce n'est plus le fan hystérique qui parle mais l'amateur de cinéma : "Les 3 Royaumes" est excellent en tout point mais ne renouvelle pas le genre.
Visuellement éblouissant et logistiquement ahurissant, il ne reste pas moins qu'il manque parfois de souffle épique et ne se distingue de la masse (dont le récent et tout aussi remarquable "Les Seigneurs de la Guerre") que par son budget phénoménal dont John Woo peut se permettre d'employer à bon escient.

Mais même sous la torture, jamais il ne me viendrait à l'idée de me plaindre du film. "Les 3 Royaumes" c’est un rêve de gosse, rien de moins !

Quand on voit ce que les ricains nous préparent avec "Dragon Ball" (y en a qui mériteraient "Une balle dans la tête"!), je ne peux que verser des larmes de joie quand "Les 3 Royaumes" est adapté à l'écran par un Chinois pure souche! Et pas n'importe lequel surtout!
On a échappé au pire et on se retrouve avec le meilleur, que demander de plus?


Héros charismatiques, réalisation époustouflante et mise en scène dantesque, John Woo fait son retour au pays en grandes pompes et se lance corps et âme dans cette adaptation flamboyante d'une épopée légendaire.
Après une série d'échecs relatifs, commerciaux ou artistiques, du côté de chez nous, il retrouve sa verve incomparable et nous prouve, à grands renforts d'images grandioses, qu'il reste bel et bien "The Killer" dans sa catégorie.

Sur ce je vous laisse, je vais me refaire une petite partie de "Dynasty Warriors"...

Note : ***
Note : **** pour les fans de "Dynasty Warriors" :)

La guerre des mondes



Été 1954. Une météorite s’écrase près de la petite localité de Linda Rosa en Californie provoquant un début de feu de forêt. Une fois l'incendie circonscrit, le shérif de la ville fait quérir le Dr Forrester, brillant astronome et physicien nucléaire qui passe ses vacances à 20 km de là, pour connaître son avis. Arrivé sur place, le scientifique constate que le corps céleste est encore trop chaud pour être examiné, et qu'il est de plus radioactif. Le shérif décide alors de renvoyer les badauds et ne laisse que trois hommes près du cratère pour prévenir tout nouvel incendie. Restées seules, les trois vigies se retrouvent bientôt confrontées à «l'œil mécanique» qui sort de la météorite. Comme ils tentent d'entrer en communication, ils sont désintégrés par un rayon mortel. L'invasion de la Terre a commencé...



Tout a commencé lorsqu'un animateur lit un passage du roman de l'écrivain HG Wells à la radio.
Les auditeurs entendent soudainement parler d'une invasion extraterrestre.
Il paraîtrait que des soucoupes volantes armées de rayons meurtriers ont déjà rasé plusieurs villes et ne laissent aucun survivant!

Je vous laisse imaginer la terreur dans laquelle ont été plongés des centaines de personnes avant de comprendre qu'il ne s'agissait d'un simple canular...

Cette anecdote est restée célèbre dans l'histoire et il n'en fallait pas plus pour que le livre devienne un film. C'est le producteur renommé George Pal, à qui on doit « Destination Moon » et « When worlds collide », qui en prend les commandes.
Doté d'un budget impressionnant, "La Guerre des Mondes" devient donc une superproduction grandiose dont le tournage s'étalera sur deux ans.

Pour bien apprécier la valeur du film il faut se replacer dans le contexte de l'époque.

Les années 50, c'est l'après guerre. Les Etats Unis sont à la tête de l'économie mondiale et Hollywood est une industrie florissante. Mais c'est aussi, l'époque du Maccarthysme et de la chasse aux communistes. En même temps que la société de consommation grandit à vue d'oeil, la méfiance vis à vis de son voisin fait de même.
C'est aussi le début de la guerre froide et des nouvelles avancées technologiques, comme la bombe atomique que tout le monde se met à craindre.

En temps qu'exutoire, le cinéma met en scène ces peurs pour mieux les exorciser.
Sur les écrans, le rêve américain n'est plus menacé par des communistes mais par des extraterrestres.

A l'époque on voit donc fleurir des dizaines de films sur des êtres venus d'une autre planète.
"La guerre des mondes" est un de ceux là.

L'histoire est on ne peut plus basique : une série de météores viennent s'écraser sur la Terre. Chacun contient des soucoupes volantes qui, une fois sorties, vont exterminer tout ce qui bouge. Face à la menace, les hommes s'organisent.

Fidèle à son époque, le film est bourré de stéréotypes.
Le héros est un homme intelligent et courageux et l'héroine est aussi belle qu' inutile. Son rôle se résume à tomber dans les bras du héros et à pousser des cris stridents assez désagréables. De plus, en bon film américain, le rapport à la religion est présent tout le long.

Et pour ne pas changer, une fois que le reste du monde a été annihilé, les Etats Unis sont les seuls à tenir encore le coup. C'est toujours eux les plus forts!
Bel élan patriotique...

Le film lui même joue beaucoup sur les peurs primaires des américains à cette époque : que faire quand l'armée et la religion demeurent inefficaces contre l'envahisseur?

Une des premières scènes de l'attaque des extraterrestres montre un prêtre qui marche vers une soucoupe avant de se faire désintégrer.
Quand l'armée devient inutile, le recours à la bombe A devient nécessaire.
Mais quand elle aussi reste sans effet, la panique est totale.

Imaginez le public de l'époque (beaucoup plus crédule et impressionnable qu'aujourd'hui) être confronté à un être inconnu que même l'arme la plus puissante du monde ne peut arrêter et vous comprendrez pourquoi le film a eu une telle réputation en son temps.


Il faut reconnaître que le film a beaucoup vieilli et qu'aujourd'hui certaines scènes font plus rire que frémir ( la scène où le Martien descend dans la maison..).
La faute à des maquettes un peu trop visibles et des effets de désintégration assez risibles.

Le plus gros reproche c'est sûrement ces images d'archives dont le réalisateur use et abuse quand il veut montrer un tank ou des canons en action.
Non seulement, elles sont trop facilement reconnaissables (la pellicule est abîmée à ces moments là) mais ce sont souvent les mêmes(!) qui repassent.

En revanche, la mise en scène est plutôt bien exploitée. Les explications scientifiques pullulent et sont tout à fait plausibles, les acteurs sont convaincants (le couple principal reste assez charismatique malgré tout) et le réalisateur sait créer une ambiance prenante.

Le prologue qui fait défiler des vidéos des deux guerres mondiales laisse place à des images de la Terre vue de l'espace et d'autres planètes.
Lorsque les extraterrestres lancent une attaque mondiale, les images de destruction et d'exodes se multiplient et sont intelligemment placées en fond alors que les soucoupes sont filmées au premier plan.

Même si l'effet reste facile, il ne perd rien de son efficacité.

Le design des soucoupes est légendaire. Quant à la photographie, elle ajoute énormément à la présence angoissante des Martiens.
Les lueurs spectrales, les lasers aveuglants, les éclairages colorés et la spectaculaire explosion atomique font partie du meilleur de ce que le Technicolor de l'époque pouvait offrir.

Mais c'est la fin qui retient le plus l'attention.
Le héros court dans des rues totalement désertes, des émeutes éclatent, les gens se battent et fuient dans tous les sens.
On se frappe sans retenue, on cherche désespéremment un véhicule pour fuir le plus rapidement.
Pendant ce temps, les soucoupes survolent la ville semant la destruction et le chaos.

A ce moment là, les maquettes sont moins visibles. Les bâtiments s'enflamment et tombent en morceaux. Les explosions impressionnent, magnifiées par des effets sonores assourdissants.
On a réellement l'impression d'assister à la fin du monde!

Plus de 50 après, ces images demeurent toujours aussi stupéfiantes et on comprend pourquoi le film a reçu l'oscar des meilleurs effets spéciaux.

Malgré son coup de vieux, le film mérite l'indulgence.
Il ne faut pas oublier qu'en 1952 l'homme n'avait pas encore mis le pied sur la Lune et que ni "2001" ni "Star Wars" n'existaient.
HG Wells et le réalisateur ne pouvaient donc se baser que sur des références extrêmement limitées.

La Guerre des Mondes est considéré comme l'un des plus fabuleux film de science-fiction de tous les temps.
On ne compte plus les films contemporains qui lui font encore référence ("Mars Attack" et "Independence Day" pour ne citer qu'eux).

Rien de plus normal qu'un des plus grands réalisateurs de notre temps ait décidé d'en faire un remake...

Note : ***

Silkwood




Karen Silkwood travaille dans un laboratoire de traitement nucléaire. Les cas de contaminations se multiplient et Karen tente de savoir quel danger réel représente la manipulation de plutonium.
Mais la direction de l'entreprise met tout en oeuvre pour l'empêcher de découvrir la vérité.



Inspiré de l'histoire vraie de Karen Silkwood, le film met en scène les dangers de la radioactivité sur le corps humain dont ses implications avec le cancer.
Karen est interprétée par Meryl Streep, qui livre une fois de plus une performance exceptionnelle.

A ses côtés on trouve le toujours impeccable Kurt Russel et la chanteuse Cher.
Si l'on ne s'étonne même plus du talent des deux premiers, Cher nous en met plein la vue.
Non pas qu'elle en fasse des tonnes, au contraire son personnage de lesbienne paumée est sidérante de crédibilité. Méconnaissable, jamais l'actrice n'aura paru aussi naturelle et authentique à l'écran.
Son interprétation lui vaudra une nomination à l'oscar du meilleur second rôle féminin et une victoire aux Golden Globes.

Les personnages sont aussi attachants que crédibles et, en prenant le parti de les montrer sous leur meilleur jour comme sous le pire, le réalisateur n'en fait pas des stéréotypes mais bien des êtres humains, qui rient, qui pleurent mais surtout qui souffrent...
On ne peut que s'identifier à ce qui leur arrive.


Si le film est bien tiré d'une histoire vraie, il fallait un scénariste et un réalisateur dignes de ce nom pour pouvoir porter l'histoire de Karen à l'écran.
Nora Ephron, scénariste renommée de « Quand Harry rencontre Sally » concentre autant le film sur le rôle de Karen au sein du syndicat et de l'usine que sur sa vie privée. L'un comme l'autre sont particulièrement mouvementés.

En devenant la porte parole des employés du laboratoire, elle se met le personnel à dos.
Si elle se préoccupe des dangers de la radioactivité sur leur santé, les employés sont inquiets qu'elle fasse fermer l'usine et qu'ils se retrouvent au chômage à cause d'elle.
L'ambiance de camaraderie du départ dégénère rapidement et l'atmosphère malsaine qui en découle entraîne directement une paranoïa compulsive.

Quant à sa vie privée, sa volonté d'aller jusqu'au bout va entraîner des tensions avec son petit copain et l'amie qu'elle héberge.

Mike Nichols (« Working Girl ») apporte un soin particulier à la réalisation qui en devient presque dangereuse pour le palpitant, tant le film est riche en émotions fortes.
Sa mise en scène impersonelle nous plonge directement dans un univers sombre et réaliste, relayé par des décors froids (les murs blancs du laboratoire).

L'absence quasi constante de musique et les rares indices dans la narration nous empêchent de prévoir ce qui va arriver et certaines scènes n'en sont que plus choquantes.
Lorsque Karen fait sonner l'alarme pour la première fois, la scène est presque étouffante autant pour l'actrice que pour le spectateur. Quant aux scènes de douche filmées en gros plans continus, elles sont absolument effroyables.
Impossible non plus d'oublier la séquence où une équipe en combinaison anti-radiations s'engouffre dans la maison de Karen avant de la vider entièrement (la maison, pas Karen...).


Nichols ne cherche jamais l'esbrouffe visuelle.
En se contentant de laisser tourner la caméra lorsque les acteurs sont à l'écran, il réduit les effets de montage au minimum et imprègne au film un côté aussi dur que poignant.

Nominé 5 fois aux oscars (meilleur actrice, meilleur second rôle, meilleur montage, meilleur scénario, le film est autant un pamphlet virulent contre les industries inconscientes et irresponsables face aux dangers, dus à la manipulation des énergies radioactives, qu'un thriller terrifiant interprété par un trio d'acteurs remarquables .
Malgré quelques longueurs, « Silkwood » est un film qui secoue, dans le bon sens du terme.

Note : ***

mardi 17 mars 2009

Infernal Affairs 2




Hong-Kong. 1991. Kwun, le parrain des parrains est assassiné.
A la surprise générale, son fils Hua décide de reprendre les affaires avec le soutien de Sam. Redoutant une guerre des gangs sanglant, l'inspecteur Wong se prépare à infiltrer la triade via Yan, un jeune policier.
Parallèlement, afin d'épier les forces de Wong, Sam infiltre la police au moyen de sa taupe Ming...



« Infernal Affairs 2 » est la suite d'un des plus grands succès du cinéma hong-kongais de tous les temps. Ou plutôt le préquel, car l'histoire qui s'y déroule est antérieure aux événements du premier film.

Malgré le carton mondial du premier opus, « Infernal Affairs 2 » se présageait sous les plus mauvais augures.

En racontant les débuts prometteurs des deux infiltrés, les scénaristes se heurtaient à un problème majeur. En effet, les personnages auraient eu beau se prendre des dizaines de balles, sauter du haut d'un immeuble avant de passer sous un camion, le suspense n'aurait pas évolué d'un iota.
La raison est simple : on sait qu'ils vont survivre...

De plus, l'absence de Andy Law et Tony Leug au casting ne présageait pas un aussi gros succès au box office que le précédent.

Ces inconvénients majeurs n'ont pourtant pas rebuté les créateurs de la saga puisque ce second volet se hisse aisément à la hauteur du premier. Mais dans une optique différente.

Les réalisateurs et scénaristes profitent de ce prologue pour, non seulement présenter la jeunesse des deux protagonistes principaux, mais aussi approfondir les seconds rôles.

Car si « Infernal Affairs » fut un aussi bon film, ce n'était pas seulement du aux deux acteurs principaux : les interprètes de Sam et de l'inspecteur Wong volaient parfois la vedette aux deux têtes d'affiche.

C'est donc avec plaisir qu'on retrouve Eric Tsang et Anthony Wong, superbes, dans de nombreuses séquences qui développent autant l'histoire d'amitié entre Sam et Wong que leur côté sombre.

Comme eux d'autres acteurs du premier film refont leur apparition de manière à assurer une continuité scénaristique mais plusieurs nouvelles têtes pointent le bout de leur nez, dont Edison Chen et Shawn Yue qui jouent respectivement les jeunes Ming et Yan.
Bien que le magnétisme des anciens acteurs se fasse parfois cruellement sentir, les petits nouveaux s'affirment en dignes successeurs.

Du côté de la réalisation, rien n'a changé. On retrouve les images au ton bleuté et la mise en scène incisive du premier qui confirment le talent visuel des réalisateurs.
De même la musique est toujours aussi riche : entre chansons chinoises de qualité et rythmes de batterie trépidant, le film soigne son ambiance sonore.

Certains morceaux lyriques sont carrément joués par un orchestre entier, donnant à l'histoire des accents de véritable tragédie grecque. Et ce n'est pas innocent vu l'ampleur et la noirceur du scénario.


En parlant du scénario, si le premier volet était un film d'espionnage marqué par les influences de Michael Mann (pour l'esthétique), le second s'apparente plus aux grandes fresques représentant la mafia.

« Infernal Affairs 2 » se focalise en effet sur les méthodes (expéditives) des gangsters pour s'imposer à la tête des Triades chinoises et leurs démêlés avec les autorités.

Le scénario fait appel à une large galerie de personnages mais, bien que définis en étant d'un côté ou de l'autre de la justice, personne n'est ni tout noir ni tout blanc.
« Mo Gan Doh »,le titre original, est en effet un lieu entre le Paradis et l'Enfer où il est impossible de distinguer ce qui est pur de ce qui ne l'est pas.
Les personnages sont donc ambigus ce qui les rend plus riches.
Et ce sont bien leurs relations complexes qui sont au cœur même du film.

Au niveau de l'imbrication des nombreuses intrigues, de son scénario qui s'étend sur plusieurs périodes et de ses pics de violence fulgurants, ce deuxième volet est à rapprocher du « Parrain 2 » de Coppola.

A cause de la multitude de personnages qui interviennent, le film paraît parfois assez confus si l'on ne reste pas concentré. Si le premier ne durait qu'une heure et demi et ne laissait aucun temps mort, les deux heures de celui ci montrent un relâchement de temps en temps, la faute peut être à un trop plein de dialogues.

Mais en même temps, ces dialogues sont nécessaires car la mise en scène subtile imposée par les réalisateurs ne perd pas son temps à expliquer ligne par ligne le déroulement de l'histoire.

Mieux vaut bien avoir le premier en tête pour saisir le rôle crucial des différents protagonistes et les nombreux éléments sous-jacents.

Note : ***

The Mist


Tandis qu'une brume étrange semble envelopper une petite ville du Maine, David Drayton et son jeune fils Billy se retrouvent pris au piège dans un supermarché, en compagnie d'autres habitants terrorisés. David ne tarde pas à s'apercevoir que le brouillard est peuplé d'inquiétantes créatures...




Attention, « The Mist » de Frank Darabont n'est pas à confondre avec « The Fog » de John Carpenter. Si tous les deux mettent en scène une espèce de brouillard meurtrier, la comparaison s'arrête là.

« The Mist » est la troisième rencontre entre le réalisateur Frank Darabont et le célèbre écrivain Stephen King, après « La Ligne Verte » et "Les Evadés".

Darabont a une manière assez particulière de raconter une histoire.
Pour certains, « La Ligne Verte » demeure la plus belle adaptation de Stephen King portée par des acteurs extraordinaires et pour d'autres ce n'est qu'un film dramatique un peu trop porté sur le mélo.

Il en est de même pour «The Mist » qui brasse le chaud et le froid.

Les premières scènes du film sont passionnantes car Darabont profite que tout le monde soit rassemblé dans le centre commercial pour en tirer un rapide portrait de chacun. Efficace et intelligent.

Mais une fois que le brouillard s'est installé, c'est le moment pour faire intervenir les gros ficelles.
Le héros entend un bruit suspect mais personne ne le croit, on commence à le prendre pour un fou et malgré le sérieux de la situation, certains veulent toujours mettre le pied dehors.

Tout le monde commence à se crier dessus et arrive la scène de la première attaque...
Le jeune employé, fougueux, soulève un store métallique et on se dit : « Tiens, il reste planté là en souriant et il y a juste la place pour que quelque chose l'attrape par la jambe ».
Et ça ne manque pas ; la scène est si prévisible.

Et bien sûr par la suite ceux qui n'ont pas assisté à la scène ne croient en rien à ce qu'on leur raconte. Pour tout le monde, ce n'est qu'une blague idiote et ils s'attendent à ce que le jeune homme réapparaisse d'un moment à l'autre.

Pire encore, si le héros, bon père de famille, passe par plusieurs phases émotionnelles, on se rend vite compte que la plupart des personnages ne sont que de grossiers stéréotypes : le redneck raciste et borné, la grenouille de bénitier, le biker hargneux...

Même le voisin qui paraissait raisonnable au départ se révèle être un sale type odieux qui refuse qu'on le prenne pour une bonne poire.

J'aimerais qu'un jour un film d'horreur mette en scène des personnages vraiment intelligents et raisonnables. Et pas que les premiers rôles.
Romero l'avait compris, lui, mais passons.

Donc, l'introduction originale du film laisse place à la déception de se trouver face à un énième film d'horreur sans personnalité. La première heure est d'ailleurs bien pénible et il faut se supporter des tonnes de dialogues déjà entendus des dizaines de fois.

Pourtant de la personnalité, « The Mist » en a une, et une sacrée!
En fait il ne ressemble à rien. Du moins, rien qui n'a déjà été fait dans le genre (à ma connaissance).


Darabont aligne les références. Un poster de « The Thing » dans le bureau du héros, un événement climatique inexpliqué comme dans « La Guerre des Mondes », un brouillard démoniaque (« The Fog »), un centre commercial qui devient un refuge (« Zombie »), des créatures qui pondent à l'intérieur de corps humains comme dans « Alien » et j'en oublie.

Mais malgré toutes ces allusions, le film possède une identité propre.

Visuellement d'abord.

Les créatures en images de synthèse manquent parfois de textures mais leur apparence Lovecraftienne les rend particulièrement effrayantes.

On peut regretter le manque d'inventivité dans la mise en scène de Darabont : il arrive bien plus facilement à nous faire peur avec une simple corde tendue qu'avec des ptérodactyles en 3D approximative.

Quelques scènes déclenchent l'hilarité malgré elles (le pauvre type qui trébuche sur un seau d'essence alors qu'il vient d'allumer une torche ou le héros qui continue à taper sur une créature morte depuis longtemps alors qu'on a besoin de lui) mais dans les effets gore le réalisateur met dans le mille.
Difficile de rester insensible aux effets produits par une piqure d'insecte ou par un jet d'acide qui s'enroule autour de la jambe!

Quant aux scènes dans le brouillard, elles sont d'une rare beauté.
A la fois, rêves et cauchemars, elles sont de plus remarquablement illustrées par la musique atmosphérique, quasi religieuse, de Mark Isham.

Scénaristiquement, ensuite.

En parlant de religion, rarement un film de ce genre se sera autant appuyé sur les effets de la religion sur les hommes.

Tout comme dans le film culte de Romero, Darabont transforme son centre commercial en un véritable microcosme de l'humanité. En ces temps de panique, la personnalité de chacun éclate au grand jour et les instincts primaires refont surface.

Une fanatique (Macia Gay Harden, hallucinée) va entrainer des divisions parmi le groupe et tourner les gens les uns contre les autres.
Si au début tout le monde reste sceptique par ses prophéties et sa « bonne parole », au fur et à mesure des évènements de plus en plus de fidèles vont se rallier à elle.

De ce côté là, le scénario se montre particulièrement habile puisqu'il n'explique jamais (disons pas avant les ¾ du film) d'où vient ce brouillard.
Même le spectateur finit presque par croire à un châtiment divin, au Jugement Dernier.

Et quand on voit, de quoi est capable la « nouvelle paroisse », on est en droit de se demander : « Qui sont les véritables monstres du film? ».

L'absence de star au casting permet au réalisateur de faire monter la tension d'un cran supplémentaire. Vu que tout le monde part sur un pied d'égalité, on ne sait jamais qui va être le prochain sur la liste.

Certains acteurs connus incarnent des seconds rôles plus ou moins importants ( Macia Gay Harden mais aussi William Sadler, encore plus antipathique que dans « 58 minutes pour vivre »).
Mais la « star » du film c'est le musculeux Thomas Jane.

Monolithique pour ne pas dire inexpressif dans «The Punisher », l'acteur surprend dans le bon sens du terme. Son jeu est très bon et il est bien plus crédible qu'on pourrait l'imaginer.
Sauf quand il doit exprimer la folie mais on ne peut pas tout avoir...

Le scénario semble caricatural vu de loin (les habitants d'une petite ville sont attaqués par des monstres apparus de nulle part) et aurait pu donner une petite série B mais on se trompe lourdement.

Le film se concentre plus sur les relations entre les différents personnages que par les attaques des créatures elles même.

La première heure pédale désespérément dans la choucroute pour nous sortir quelque chose de nouveau mais après, les scènes angoissantes se multiplient, l'histoire devient aussi sombre que pessimiste et la fin, psychologiquement parlant, est absolument impitoyable...

« The Mist » est tout sauf un film d'horreur ordinaire.
Ceux qui s'attendent à une déferlante de gore pure et simple seront déstabilisés et ceux qui attendaient le film comme le messie du film fantastique seront (peut être) déçus par les nombreuses séquences dominées par la frénésie aveugle invoquée au nom de Dieu.

Dans tous les cas, Darabont a réalisé une œuvre unique qui fera date.

Note : **

Watchmen


Lorsque l'un de ses anciens collègues est assassiné, Rorschach, un justicier masqué, reprend contact avec son ancienne légion de justiciers. Il entrevoit alors un complot inquiétant et de grande envergure lié à leur passé commun et qui aura des conséquences catastrophiques pour le futur.

Je ne connais pas le roman graphique originel dont est tiré le film, je fais donc ma critique vis à vis du film en tant que tel et non en tant qu'adaptation.


« Watchmen » n'est pas le premier roman graphique d'Alan Moore adapté au cinéma : « From Hell » et « La Ligue des Gentlemen Extraordinaires » ont déjà fait les frais d'un portage à l'écran plus ou moins réussi et fidèle à l'original (ceux qui se souviennent de la destruction de Venise dans « LXG » en rient encore...).

Néanmoins, le réalisateur de « Watchmen », Zack Snyder, n'est pas un petit nouveau dans ce domaine puisque c'est à lui qu'on doit l'hallucinant « 300 », adapté, lui, de l'oeuvre de Frank Miller.
Sa faculté à créer de belles images n'est donc plus à prouver.

Déjà avec « L'Armée des Morts », qui reste malgré tout nettement inférieur au « Zombie » de Romero, il montrait un talent rare pour les plans captivants (le plan séquence en hélicoptère au début du film).

Dans « Watchmen », on en prend souvent plein la vue avec des images d'une beauté quasi onirique, des ralentis saisissants et des effets spéciaux absolument parfaits. Ces derniers sont d'ailleurs utilisés avec une finesse et une efficacité surprenante.
Que ce soit au niveau du masque indéfinissable de Rorschach ou de la représentation de Dr Manhattan et de ses pouvoirs phénoménaux, force est d'avouer qu'ils impriment aux images une puissance visuelle hors du commun.

Mieux : ils finissent par se fondre directement dans l'histoire, sans jamais empiéter sur le scénario.

Et quel scénario! On a beau souvent accuser les comics et autres romans graphiques de ne mettre en scène que des personnages manichéens, ici la surprise est de taille pour ceux qui ne connaissent pas l'œuvre originale.
Trahisons, faux-semblants, vérités cachées...rarement le thème du masque n'aura été aussi développé.

Ces super-héros ne ressemblent en rien de ce que l'on connait et leur accoutrement extravagant n'est souvent qu'une façade pour cacher les sentiments les plus vils qui les animent. Le ton est donné, la noirceur est de mise.

Le scénario est rudement complexe et s'appuie sur de nombreuses connaissances historiques (Nixon, la guerre du Vietnam, les Sixties, la Guerre Froide...) qui nécessitent de la part du spectateur une connaissance minimale du sujet, sous peine de ne pas comprendre les enjeux de l'histoire.
De plus, si « Watchmen » se déroule effectivement durant les années Nixon, l'histoire prend pied dans une réalité alternative où les USA seraient sortis triomphants du Vietnam.
Il s'agit alors de comprendre les effets de cette nouvelle ère, tant au niveau politique que social.

Le film nous trimballe donc aux 4 coins du globe (et même plus loin...), à travers plus de 30 ans « d'Histoire », à coups de flash back, de voix off et de références culturelles flagrantes.

Reste plus qu'à mettre en scène tout ça.

Si « 300 » n'avait pas le problème de la narration, c'est que Snyder reprenait case par case les dialogues et cadrages du roman.
En revanche, pour « L'Armée des Morts », pas d'idées à piquer ou à reproduire et on voyait rapidement le manque d'originalité de la mise en scène.

« Watchmen » est un roman graphique mais c'est aussi un film de 2h30!
Et accrocher le spectateur sans discontinuer pendant tout ce temps relève de la gageure que Snyder n'a malheureusement pas su tenir.

Ce serait mentir de nier que certaines scènes sont d'une beauté à nous décoller la rétine. Elles se comptent hélas sur les doigts de la main. Bon une main à 11 ou 12 doigts, mais quand même...

Le nombre est satisfaisant pour une durée classique (1h30/2h) mais pour « Watchmen », c'est un peu juste.
D'autant qu'elles ne s'étendent rarement plus que quelques secondes (Dr Manhattan au Vietnam...).

Que reste-t-il alors? Des tunnels de dialogues.
Pour une fois qu'un film de ce genre ne sacrifie pas le scénario à l'action, j'ose me plaindre?
Au contraire, les dialogues sont très bien écrits et certaines répliques font dans le culte-instantané. Les monologues cyniques de Rorschach font partie des meilleurs moments du film, de même que les scènes avec Dr Manhattan ou le Comédien.

Mais pour les réciter ces dialogues, il faut des acteurs et dans le film, les acteurs eh ben ils sont pas tous très bons. Dans le tiroir « parfait », on peut d'ore et déjà ranger les interprètes de Rorschach et du Comédien et Billy Crudup s'en sort avec les honneurs dans la peau bleue translucide du Dr Manhattan, de même que celui qui joue Ozymandias.

En revanche le Hibou et sa copine, les personnages comme les interprètes, manquent sincèrement de charisme. Les acteurs ne sont pas foncièrement mauvais, ils sont justes...fades, inintéressants.
Et c'est dommage vu qu'ils monopolisent quasiment toute la seconde moitié du film.

Ainsi donc, entre un début en fanfare et un final pour le moins audacieux, on doit se taper les frasques érotico-amoureuses des deux tourtereaux en mal d'affection, dont le point d'orgue est atteint lors de la scène d'amour (volontairement?) grotesque mais hilarante, accompagnée du « Alléluia » de Leonard Cohen.

En parlant de musique on peut noter que « Watchmen », qui se déroule principalement dans les années 60/70, nous donne l'occasion de (re)découvrir de nombreux tubes de l'époque.
Le décalage constant entre la bande son rétro et la réalisation-on ne peut plus moderne-est une excellente surprise.
Snyder rythme son film à coup chansons de Bob Dylan et Leonard Cohen et va jusqu'à reprendre les célèbres Valkyries de Wagner (rapport à « Apocalypse Now ») pour le passage au Vietnam.

A l'opposé, les compositions brutales de Tyler Bates (« 300 ») parviennent rarement à insuffler le souffle nécessaire au visuel.
Percussions, riffs ravageurs, chœurs latins et autres sonorités électroniques se mettent en quatre pour nous faire exploser les tympans mais rien à faire : on ne retrouve pas cette symbiose entre la musique et les images qui faisait la qualité de « 300 ».

De même, malgré plusieurs couches de ralentis glorificateurs et d'effets stylistiques d'une violence marquante, la mise en scène de Snyder manque de punch lors des combats. Il faut vraiment attendre les scènes dans la prison pour avoir enfin droit à une baston digne de ce nom.



On pourra évidemment me rétorquer que « 300 » et « Watchmen » sont des oeuvres d'un auteur différent et se doivent donc d'être traitées différemment. L'argument est tout ce qu'il y a de plus évident : on ne peut pas filmer de la même façon la violence exacerbée des Thermopyles et leurs plaquettes de chocolat et l'histoire pessimiste des super-héros de « Watchmen », tout en collants et questions existentielles.

Pourtant, Snyder c'est avant tout « le mec qui a fait 300 » : sa réputation reste, qu'on le veuille ou non, basée sur ce film.
On est donc forcé de faire des comparaisons malgré tout et ça il ne pouvait pas y échapper.

Visuellement donc, « Watchmen » est beau, très beau même mais on est loin de la grosse claque annoncée. Peut être aussi qu'en tant que film « post 300 », il a perdu tout effet de surprise mais ce n'est pas le cas étant donné que certaines séquences touchent, quoi qu'on en dise, au sublime.
C'est juste que sur 2h30, les séquences « je t'arrache les globes oculaires et je te laisse la langue pendante d'admiration » se font rares.

Pour autant le film est tout sauf raté.
Scénario palpitant (bien qu'un peu confus), personnages ultra-charismatiques, effets spéciaux à tomber, répliques aux petits oignons et surtout ambiance unique, « Watchmen » est sans conteste l'œuvre d'un réalisateur visionnaire et certainement une des meilleures adaptations au cinéma de tous les temps... si l'on fait abstraction de quelques temps morts, de certains passages un peu maladroits et d'une mise en scène plus ou moins inventive.
Et de « 300 »!

Sans oublier que, comme « 300 », une fois redimensionné pour le petit écran, le film perdra la moitié de son potentiel.
Faut donc en profiter pour le voir tant qu'il est encore au cinéma.

Note : ***

dimanche 15 mars 2009

Kung Fu Panda



Passionné, costaud et quelque peu maladroit, Po est sans conteste le plus grand fan de kung fu. Serveur dans le restaurant de nouilles de son père, son habileté reste encore à prouver.
Elu pour accomplir une ancienne prophétie, Po rejoint le monde du kung fu afin d'apprendre les arts martiaux auprès de ses idoles, les légendaires Cinq Cyclones : Tigresse, Grue, Mante, Vipère et Singe, sous les ordres de leur professeur et entraîneur, Maître Shifu.
Mais Taï Lung, le léopard des neiges fourbe et animé d'un désir de vengeance, approche à grands pas, et c'est Po qui sera chargé de défendre la vallée face à cette menace grandissante.



Alors voilà donc le fameux dessin animé de Dreamworks dont tout le monde chante les louanges...

La première chose qui frappe quand on regarde « Kung Fu Panda » c'est à quel point il est beau.
Les couleurs sont absolument resplendissantes et les textures sont d'un réalisme à tomber.
Quand on pense qu'il y a à peine 15 ans, « Jumanji » portait à l'écran les premiers animaux virtuels à fourrure, on en a presque le vertige tant les mammifères de ce film sont convaincants et crédibles!

Une fois la grosse claque passée, c'est le moment de s'intéresser au film lui même.

A première vue, l'histoire fait dans le classique.
Hommage au genre, le film reproduit les principales caractéristiques du film asiatique d'arts martiaux.
Pour résumer : un looser se fait entrainer par les plus grands maîtres pour sauver le monde d'un vilain méchant qui veut le secret de la puissance suprême.
L'oscar du scénario ce sera pour une autre fois...


Pour un film sur le kung fu, on navigue en terrain connu.
Maître austère, élèves fougueux, vieux sage malicieux, prouesses physiques, entraînement drastique, combats au bâton, prophétie, cerisiers en fleurs...tous les clichés de ce genre de film sont passés en revue.

La vraie surprise c'est que les différents styles de kung fu sont représentés par leurs animaux correspondants : tigre, grue, serpent, singe, mante religieuse, panda. Panda?

Oui, le looser du film est un panda ; la créature la plus improbable pour sauver le monde de la terrible menace qui pèse sur lui.
Dans les vrais films de wu xa pian, le pauvre incapable du début finit par apprendre l'humilité et combat avec sagesse. En sachant reconnaître ses erreurs, le personnage devient plus attachant au cours du film.
Mais ce Panda, ne fait que s'apitoyer sur lui même et reste jusqu'à la fin ce gros lard pathétique dont la principale occupation est de s'empiffrer.
Difficile de s'attacher à lui, au final.

La manière dont il apprend le kung fu reste l'une des meilleures idées du film mais on n'y croit pas une seconde. Comment peut-il maîtriser toutes ces techniques en si peu de temps alors que les autres élèves s'entrainent depuis des années?
« C'est qu'un film! » me rétorquerez vous. D'accord, mais ça sent le laisser aller à la facilité.


Si la réalisation est surprenante, l'histoire l'est beaucoup moins.
Même s'il se veut fidèle au genre, le film n'offre que peu de réelles nouveautés.
Les personnages ont déjà été vu et revu des centaines de fois (la seule différence c'est qu'il s'agit d'animaux cette fois) et les scènes de combat n'ont rien de si innovant.

Au final on enchaîne des scènes prévisibles sans grande surprise en rigolant de temps en temps.
Comparé aux premiers « Shrek » et le récent « Les rois de la glisse » (aussi de Dreamworks), l'humour est étonnament plat et la plupart des gags sentent le réchauffé (le panda imite son maître qui bien évidemment se trouve derrière lui...).

Les grimaces insensées du panda et les coups de bâtons sur la tête sont légions mais un peu plus d'originalité dans les dialogues n'aurait pas fait de mal.
Il lui manque la dérision d'un Jackie Chan ou l'absurdité de Stephen Chow.

En revanche la qualité sonore est indéniable.

Poe le panda est doublé par un Jack Black survolté, Dustin Hoffman prête sa voix flegmatique au maître Shi Fu et on croise un bon nombre de stars plus ou moins bien exploitées (Angelina Jolie, Michael Clarke Duncan ont chacun droit à leur scène mais Lucy Liu et Jackie Chan sont malheureusement laissés en retrait).

Les effets sonores sont vraiment réussis, d'autant qu'avec les nombreux ralentis, le son est souvent assourdi. Du côté de la musique, Hans Zimmer et John Powell remplissent leur contrat sans faire d'étincelle. On apprécie les mélodies asiatiques traditionnelles et les rythmes héroiques plus « Zimmeriens » mais, encore une fois, rien de nouveau sous le soleil levant.

Si techniquement le nouveau Dreamworks est un éblouissement total, il déçoit du côté de son scnénario. Trop classique, trop prévisible. Trop gentillet.
En ce qui concerne les films d'art martiaux, les américains continuent désespéremment de se concentrer sur la forme et non sur le fond.

« Kung Fu Panda » demeure essentiellement pour les enfants et pour ceux qui veulent passer un bon moment sans se prendre la tête.
Dans le monde de l'animation, Pixar a toujours une longueur d'avance...

Note : **

Les 2 Sirènes




Charlotte est une adolescente déchirée entre ses sentiments pour le gardien d'un couvent et son désir de devenir nonne. Sa vie lui paraît bien compliquée entre ses émois, sa soeur, nageuse hors pair, et sa mère qui déménage avec sa petite famille à chaque fois qu'elle provoque un scandale. Ce qui arrive souvent...

Fan de Bob Hoskins devant l'éternel, j'avais vraiment envie de voir ce film méconnu.

Aussi à l'aise dans la comédie (« Super Mario Bros », « Roger Rabbit ») que dans des rôles plus sérieux (« Stalingrad »), l'acteur est un vrai passionné et se donne toujours au maximum.
A l'écran, il apporte une vraie présence et fait de son vendeur de chaussures, un grand garçon qui refuse de grandir, aussi sincère que charmant.

Le reste du casting est au diapason de ses capacités.

Pétillante et intimidante à la fois, la chanteuse Cher est parfaite dans la peau de cette mère sexy et anticonformiste qui se comporte parfois comme une enfant alors que sa fille Charlotte cherche à la rendre plus mâture.

Charlotte est interprétée avec talent par Winona Ryder et la petite dernière est jouée par Christina Ricci.
Les deux actrices ont quelque chose en commun puisqu'elles ont toutes deux jouée sous la houlette de Tim Burton, ce qui confirme leur talent.

Si Winona Ryder est le personnage principal il faut avouer que du haut de ses 8 ans, Ricci lui vole parfois la vedette. Malicieuse, craquante, adorable, les mots manquent pour définir son personnage.
Une chose est certaine : elle est une actrice née!

De cette famille monoparentale des années 60 où chacune essaie d'affirmer sa personnalité, le réalisateur en tire un scénario au final assez classique mais réussi.
Malgré toutes leurs différences, les filles et leur mère s'apercevront que rien, pas même la pire tragédie, ne peut briser les liens qui les unissent.

Basé sur le roman « Mermaids » de Patty Dann, le film est soigné en tous points. Visuellement d'abord, la photographie rend hommage aux magnifiques paysages automnales où se déroule l'histoire. L'ambiance sonore également, avec une bande son composée de tubes rythmés et entraînants dont le « The Shoop Shoop Song-It's in his kis », interprété par Cher elle même.

Si la deuxième moitié tombe parfois dans le mélo facile, le film trouve toujours le ton juste et les mots adéquats pour exprimer les ressentis des personnages. Hormis Michael Shoeffling en beau gosse insipide, les acteurs sont réellement attachants et leur complicité fait plaisir à voir.

Drôle et touchant à la fois, « Les 2 Sirènes » est une tragédi-comédie émouvante jouée avec une bonne humeur communicative.

Note : ***

samedi 7 mars 2009

Crève Smoochy, crève!




Rainbow Randolph, la vedette d'un spectacle TV populaire pour enfants, est renvoyé à la suite d'un scandale de pot-de-vin. Il est remplacé par Smoochy le rhinocéros. Alors que le show de Smoochy explose les indices d'écoute, Randolph prépare sa vengeance...

« Crève Smoochy Crève » est le nouveau film de Danny DeVito (« La Guerre des Roses », « Balance Maman hors du train »).

En plus d'être un excellent acteur, il prouve une fois de plus qu'il est aussi un réalisateur talentueux.

La mise en scène extravagante souligne le côté farfelu des personnages.
De Vito enchaîne les fondus enchaînés, les plans en accélérés et les angles biscornus sans pour autant tomber dans la surenchère. Ses plans sont beaux, précis et mettent en valeur une explosion de couleurs permanante.

Explosion de couleurs qui contraste avec la noirceur du scénario. Si on ne prendra pas le risque de comparer les films de DeVito à ceux de Paul Schrader (« Affliction », « Hardcore »), il faut reconnaître que c'est bien le dark side de l'âme humaine qui intéresse le plus le réalisateur.

Le film est une satire acerbe du monde du showbiz et en particulier celui de la télévision.
Les personnages ont beau présenter une émission pour les enfants, seul le pognon les intéresse.
Face à la caméra, tout le monde chante et danse mais ce n'est qu'un écran de fumée : les gros studios ne parlent que de merchandizing et les vedettes elles mêmes sont de vrais ordures sans états d'âme.

Alors quand un animateur intègre (Edward Norton) se met en travers de leur route, les requins de la finance montrent les dents.
S'ensuit une série de meutres qui implique entre autre un ancien boxer un peu bênet, des membres de la mafia irlandaise, un tueur à gage narcoleptique, un fou furieux avide de vengeance et un adepte de la culture bio...

Une série de personnages gratinés dont deVito en a fait sa spécialité.

Le casting est une vraie surprise.
Edward Norton, plus habitué aux personnages durs et violents (« Dragon Rouge », « Fight Club », "American History X"), surprend en incarnant ce joyeux huluberlu qui ne cherche qu'à faire le bien autour de lui.
Naïf, niais et débordant de gentillesse, l'acteur prend un malin plaisir à casser son image.

Dans le film, Catherine Keener ("Into the Wild") y est insolente, grossière et totalement décontractée. Une performance géniale qui ne laisse certainement pas indifférent et qui éclipse la plupart des autres acteurs, dont Robin Williams justement.

Robin Williams est connu pour ses talent comiques allant de la grosse farce (« Madame Doubtfire ») jusqu'à l'ironie poétique (« Le cercle des poètes disparus »).
Cette fois on penche pour le premier cas tant l'acteur surjoue. Il en fait des tonnes mais peine à rendre son personnage convaincant.
Néanmoins, on voit qu'il s'amuse à interpréter cet hystérique pervers et détestable et on ne lui en tiendra pas rigueur en se laissant porter par les dialogues savoureux.

Souvent vulgaires, les répliques n'en sont pas moins tordantes et les prises de becs entre Norton et Keener sont sans conteste les meilleurs moments du film!

En lui même, le film alterne les hauts et les bas mais se révèle bien supérieur à ce que sa mauvaise réputation laisse entendre.

Du point de vue artistique, DeVito livre des images impeccables et va même jusqu'à donner au film des allures de vieux polar.

Le scénario est intelligent mais surprend rarement, la mise en scène est originale sans conférer au génie, les acteurs sont bons en dépit d'un Robin Williams en roue libre.

Le film vaut surtout pour ses répliques « fleuries » et le changement de registre des acteurs.
Quant au couple Norton/Keener, il fait de parfaites étincelles!

Avec « Crève Smoochy crève » DeVito ne « changera pas le monde mais il peut y laisser une trace ». Alors, donnons lui une chance.

Note : **

Dejà Vu



Alors qu'il enquête sur l'explosion d'une bombe sur un ferry à la Nouvelle Orléans, l'agent Doug Carlin se voit enrôlé au sein d'une nouvelle cellule du FBI ayant accès à un appareil gouvernemental top secret permettant d'ouvrir une "fenêtre sur le temps", et ainsi de retrouver les preuves nécessaires à l'arrestation d'importants criminels.



Le jeu de mot n'est même pas drôle tant il est facile mais « Dejà Vu » a vraiment un air de déjà vu...

Les voyages dans le temps sont courants au cinéma comme en littérature, et ce depuis « La machine à remonter le temps » de H.G. Wells qui date déjà depuis un moment.

Quand au thème de la police temporelle, le film a un léger temps de retard.
Le problème de « Paycheck » (entre autres...) c'est d'arriver après le « Minority Report » de Spielberg.
Le problème de « Dejà Vu » c'est d'arriver BIEN après « Minority Report ».

Mais là où Spielberg nous plongeait dans un thriller palpitant et remarquablement réussi, tant sur le point visuel que scénaristique, « Deja Vu » ne se différencie en rien d'un énième blockbuster policier à l'américaine.

Visuellement d'abord le film baigne constamment dans une mer de couleurs saturées, véritable marque de fabrique des séries policières récentes qui envahissent le petit écran. On a l'impression de regarder un épisode des Experts.
Pas étonnant quand on sait que le film a été produit par Jerry Bruckheimer, également producteur des Experts.

Jerry qui?

Jerry Bruckheimer, le bulldozer du cinéma américain.
Chaque fois que vous voyez un film d'action bourré d'explosions spectaculaires, 9 fois sur 10, c'est lui. Comme Michael Bay, dont il a produit quasiment tous les films, le gars n'est pas reconnu pour sa finesse. Mais Jerry Bruckheimer c'est aussi le pif le plus impressionnant du box office : il a un don pour repérer les gros poissons, ceux sur qui le public va se ruer en masse.

A son tableau de chasse, il peut se vanter d'avoir des blockbusters en puissance tels que « Bad Boys », « Rock », « Pearl Harbor », « Benjamin Gates », « Le Roi Arthur », « Top Gun », « Le flic de Beverly Hills » et même « »Pirates des Caraibes » c'est lui. Respect!

Parmi ses petits protégés, on peut compter Michael Bay et Tony Scott , tous deux venants de la pub et du clip.

Tony Scott c'est l'homme que les épileptiques voient dans leurs cauchemars. Ses films ont toujours une esthétique très marquée par un défilement de plans assez voire très rapides et une caméra constamment en mouvement. Si au début de sa carrière, il ne faisait pas autant de vagues, depuis « Domino » et « Man on Fire » il s'essaie aux techniques visuelles les plus flashy et extravagantes possibles...souvent au détriment du scénario.

Imaginez un film tourné avec une caméra montée sur un marteau-piqueur en marche et vous aurez une bonne idée de à quoi ressemble « Dejà Vu »...

Bruckheimer et Scott, c'est déjà une histoire qui dure depuis « Top Gun ».
Ces deux là se connaissent bien et ensemble ils sont capables de bonnes choses : si vous cherchez un film d'action pas spécialement intelligent mais bien mené côté action, vous pouvez faire confiance au duo.

Donc voilà, « Dejà Vu » peut se résumer à un polar d'action très conventionnel, filmé sur un lit à ressorts.
Sauf que il y a l'histoire du voyage dans le temps. Et là les choses se gâtent...


En gros, les flics ont trouvé un moyen de voir les évènements qui se sont déjà déroulés mais ils ne peuvent rien changer.
Mouais, mon oeil! On parie combien que le héros (Denzel Washington) va trouver un moyen de remonter le temps, tuer le méchant et sauver la fille (dont il est évidemment tombé amoureux)?
En plus c'est son frigo qui lui dit de le faire (si, si)...

Les ficelles du film sont aussi énormes que les indices découverts par le personnage de Denzel sont minuscules : genre je regarde sous un pont et je trouve un truc gluant entre deux boulons...
C'est long un pont, quand même.
Et puis, quand il se prend une balle, il ne semble jamais ressentir le coup (il nettoie sa blessure, l'air de rien, comme une tâche sur sa chemise) et parvient à sortir d'une maison en flammes pile au moment où tout explose sans une égratignure. Vous avez dit « réalisme »?

Honnêtement les surprises du scénario n'en sont même pas vu que le film ne sort jamais des sentiers battus.
Non seulement le scénario, abracadabrantesque, est fumeux au possible et s'emmêle les pinceaux mais en plus, il accumule les idées les plus éculées.

Ma connaissance du sujet n'est pas exhaustive mais pour expliquer le principe du voyage dans le temps et ses conséquences, les « scénaristes » n'ont rien trouvé de plus original qu'une feuille pliée (principe que l'on retrouve dans plusieurs films, comme « The One ») et un schéma (exactement le même que dans les « Retour vers le futur », qui ont déjà plus de 20 ans)...
Et cerise sur le gateau, le film nous fait le coup du méchant patriote qui veut tout faire sauter pour qu'on lui reconnaisse ses droits.
Idée reprise directement de « Rock » de Michael Bay, produit par...Jerry Bruckheimer!

Comme quoi, malgré son budget de plusieurs millions de dollars, « Deja Vu » doit se rabattre sur des idées maintes fois exploitées pour rester un poil cohérent. Un comble.

Par contre avant que Denzel ne décide de faire un saut dans le temps, il s'est déroulé 1h30 de film!
1h30 où on voit des types qui regardent des écrans. Mais attention ils ne regardent pas n'importe quoi, hein! Ils font bien attention de choisir les plans où on voit la fille en sous vêtements, ou carrément sous la douche. Des scènes indispensables à l'enquête, faut avouer...

« Dejà Vu » c'est avant tout un film sur des types qui regardent un film, ça dure 2 heures et c'est ch...ennuyeux au possible!

Mais Bruckheimer oblige, le film possède aussi quelques scènes d'action plus ou moins bien foutues . Si Tony Scott filme joliment un tonneau de voiture depuis un bateau, l'explosion principale (le ferry) est vraiment moche : le montage est tellement réussi qu'on à l'impression de voir 3 fois le même type sauter dans l'eau...
Et j'en profite pour faire remarquer que lors de la scène du pont, le personnage de Denzel renverse plusieurs conducteurs innocents dans sa quête contre le mal.
Pour un type qui cherche à sauver des vies, c'est plutôt de mauvais goût!

Le plus drôle c'est que les scènes d'action n'ont rien d'exceptionnel mais la mise en scène de Tony Scott les amplifie considérablement. Par exemple, la scène du pont est filmée de façon tellement rapide qu'on croit revivre « French Connection ».
Pourtant dans les faits c'est juste un type qui roule sur un pont...

Et le film multiplie ces séquences fièvreuses où en réalité, il ne se passe rien.


S'ils ne dégage jamais un vrai charisme, Denzel Washington reste fidèle à lui même : très bon acteur. Jim Caviezel est parfois assez impressionnant mais le reste du casting est insignifiant.
Même le génial Val Kilmer surnage dans cette mer de mauvais acteurs. Il a grossi, joue le mec sérieux bien caché derrière ses lunettes et se contente de faire de la figuration. Dommage.

Même si l'idée de base était intéressante, « Deàa Vu » n' est qu'un nanar qui bénéficie d'un gros budget mal utilisé.
Il échappe de peu au zéro pointé grace à la présence de Denzel Washington, la réalisation frénétique de Tony Scott et la musique particulièrement rythmée de Harry Gregson Williams qui, bien loin d'être exceptionnelle, donne un vrai cachet aux scènes d'action.

Note : *

L'amour six pieds sous terre




Deux entrepreneurs de pompes funèbres se livrent une compétition acharnée.
L'un organise des enterrements très innovants tandis que l'autre prépare la fausse mort de la femme qu'il aime, pour la débarasser d'un mari volage.


Le principal atout du film, c'est son casting.

Alfred Molina (« Spiderman 2 ») interprête Plots, un croque mort qui rêve de devenir danseur. Depuis sa plus tendre enfance, il en pince pour Betty (étonnante Brenda Blethyn) mais à cause d'une timidité maladive il n'a jamais osé lui avoué son amour.

Betty s'est donc retrouvée mariée à un gros macho infidèle (Robert Pugh, génialement détestable), qui s'envoie en l'air avec sa secrétaire (Naomi Watts, plus sexy que jamais dans des tenues particulièrement affriolantes).

Enfin on croise de temps en temps un duo de croque morts joué par le toujours excellent Christopher Walken et Lee Evans.
L'un est un excentrique bourré d'idées farfelues, l'autre serait plus proche du singe descendu de l'arbre...qui aurait raté quelques branches.

Les deux acteurs avaient déjà travaillé ensemble sur « La Souris » de Gore Verbinski et ils prennent un plaisir communicatif à imaginer les idées les plus invraisemblables pour révolutionner les enterrements.
Si Evans en fait malheureusement un peu trop dans le comique forcé, leur duo extravagant reste la source de nombreuses scènes hilarantes, dont le point d'orgue reste la cérémonie où la défunte est grimée selon les traits de Spock dans Star Trek ( à pleurer de rire!).


La mort est un métier comme un autre.
On pourrait s'attendre à une satire très noire à l'humour corrosif mais c'est une comédie romantique doucement folle qui s'offre à nous.

Si les entrepreneurs essaient de se piquer les clients à la manière des personnages de Cauvin et Hardy dans la bande dessinée « Pierre Tombal », l'histoire d'amour est au coeur du film.

On s'intéresse donc aux (mé)saventures de Plots et Betty qui vont devoir redoubler de patience et d'inventivité pour pouvoir enfin finir ensemble et couler des jours heureux.
Parce que faire passer quelqu'un pour mort n'est pas de tout repos surtout quand la « défunte » attire la curiosité des habitants mal intentionnés.

Si humour noir il y a, il est surtout porté par le personnage de la secrétaire qui veut éliminer Betty par ses propres moyens.
Le reste oscille plus entre quiproquos et loufoqueries à l'humour « so british ».

Le réalisateur Nick Hurran soigne tout particulièrement l'image.
La très belle photographie rend hommage aux décors verdoyants du Pays de Galles, où est tourné le film. Les plans sont plutôt travaillés avec de jolies séquences musicales où les acteurs se lancent dans des numéros de danse endiablée.

Hurran n'oublie pas non plus de se distinguer de temps en temps.

Par exemple, et sans avoir une quelconque incidence sur le reste du film, dès qu'une personne âgée se trouve en arrière plan dans la rue, il faut toujours qu'il lui arrive une tuile. C'est gratuit mais c'est drôle.
Il se veut aussi attendrissant : quand il met en scène un garçon un peu naïf mais tellement gentil.

Et surtout, difficile d'oublier le final Burtonien qui parodie élégamment l'ambiance typique des films d'horreur.

On peut reprocher au film d'être très classique dans son déroulement et de manquer de vrais rebondissements mais à l'opposé d'un « Joyeuses Funérailles », beaucoup plus noir et trash, Nick Hurran ne souhaite pas faire une satire amère peuplée de sadiques ou de déjantés en tout genre.

Comme on nous l'indique clairement, « L'amour... » est une fable, une belle histoire romantique qui s'apparente à un conte de fée moderne.

Innovant et innatendu, le scénario fait la part belle aux scènes saugrenues et aux personnages un peu dingo. Une agréable comédie britannique portée par un casting de qualité.

Note : ***

Gran Torino


Walt Kowalski, vétéran de la guerre de Corée, est un homme inflexible, amer et pétri de préjugés. Il vit seul dans un quartier peuplé d'immigrés. Un jour, sous la pression d'un gang, un ado hmong tente de lui voler sa précieuse Ford Gran torino... Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la soeur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit du voisinage. c'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie.

Aux côtés de Sean Penn et Tommy Lee Jones, Clint Eastwood reste l'un des plus grands acteurs à ne pas avoir souffert de son changement de place vis à vis de la caméra.
Assis à la place du metteur en scène depuis un certain temps déjà, il nous a pondu chef d'oeuvre sur chef d'oeuvre et a déjà raflé une belle brouette d'oscars.
Depuis longtemps, l'homme n'a plus rien à prouver à personne en temps qu'acteur comme en tant que réalisateur.

En gagnant en maturité avec l'âge, il parvient pourtant à nous surprendre à chaque nouveau film et c'est, au même titre que pour Tim Burton ou Spielberg, que l'on attend chaque fois son prochain succès.
Et « Gran Torino » et le dernier en date.

Si la carrière d'acteur de Clint Eastwood est avant tout basée sur les grosses brutes, les policiers impitoyables et les cow boys avares en paroles mais pas en plomb, c'est toujours un étonnement de le voir choisir, en tant que réalisateur, des scénarios aux antipodes de celle-ci.

Eastwood se consacre désormais plus aux liens familiaux et aux destins brisés qu'à la castagne.
S'il fait un film c'est avant tout pour raconter une histoire qui le passionne et lui tient à coeur.

Coeur. Si l'on devait retenir quelque chose de ses films, c'est qu'ils sont faits avec le coeur.

Si « Gran Torino » traite du sujet resassé du vieux grincheux qui reprend goût à la vie en prenant en charge l'éducation d'un jeune garçon, on est loin d'un simple mélodrame famillal.
On y parle de racisme, de guerre des gangs, de l'impossibilité de s'adapter au milieu social...
Le sujet est triste, grave, voire sérieux et pourtant...

Et pourtant Eastwood ne sombre jamais dans les larmoiements faciles et ne cherche pas à ce qu'on s'appitoie sur le sort des personnages.
En aucun cas le film ne dégouline de bons sentiments.
Avec talent et habileté, il évite les clichés, comme les stéréotypes.
Pour pinailler, on peut dire qu'Eastwood force un peu trop sur les violons (lacrymaux) aux moments critiques mais c'est vraiment une broutille comparé aux nombreuses qualités du film.

Souvent on sent pointer les grosses ficelles du scénario mais il n'en est rien, le film nous émerveille constamment et parvient sans peine à nous prendre au dépourvu.

A la lourdeur et au pessimisme, Eastwood préfère afficher sans honte une légereté bienvenue.
La mise en scène se fait subtile sans pour autant perdre de son efficacité.
Sans emphase, Eastwood se contente de filmer des scènes de la vie quotidienne de manière réaliste en laissant la caméra se concentrer sur le jeu des acteurs.
Et quels acteurs!

Le casting est sans fausse note et les performances des jeunes comédiens sont exemplaires (surtout la jeune asiatique) mais « Gran Torino » c'est avant tout l'occasion pour Clint Eastwood de repasser devant la caméra.

Si depuis quelques temps Eastwood nous sort un nouveau film chaque année, ça faisait un bon moment qu'on ne l'avait plus vu à l'écran.
Dans « Gran Torino », il ramène donc enfin sa gueule cassée et sa voix rocailleuse et, une chose est sûre, l'âge ne lui a rien fait perdre de son charme!


Il y joue Walt Kowalski, un polonais veuf, vétéran de la guerre de Corée.
A première vue le personnage est aimable comme une porte de prison.
Il déteste tout le monde : les noirs, les jaunes, les jeunes, les vieux et même sa propre famille.
Sa compagnie il la trouve chez un coiffeur italien qu'il s'amuse à insulter dans les règles de l'art, ses vieux potes de bar à qui il raconte des blagues racistes, son chien fidèle et sa voiture, la Gran Torino du titre, qui si elle n'a que peu de place à l'écran, deviendra rapidement le lien central de l'histoire.

Dans la peau de Kowalski, Eastwood pioche dans son registre « sale gueule antipathique » et donne tout ce qu'il a sans sourciller.
Non seulement l'acteur bouffe littéralement l'écran de ses yeux, à la fois tendres et perçants, mais il crache chaque mot à la face des gens en serrant constamment des dents comme s'il mâchait des cailloux...

Déjà en peinture, il n'est pas beau à voir mais avec le son c'est pire : sans gêne aucune, il manie les sarcasmes comme une seconde nature et jure comme un charretier à qui veut l'entendre, ponctuant alègrement ses phrases de politesses telles que « niak », « bougnoul » « fâce de citron » ou encore « sale rital de merde ». Charmant.

Définitivement le genre de type avec qui on rêverait de bavarder...

Et pourtant.
Et pourtant, derrière ce visage buriné au marteau piqueur et cette bouche baveuse qui grogne se cache avant tout un homme. Un homme meurtri qui a vécu les horreurs de la guerre, qui souffre de la perte de sa femme et de sa solitude et qui se rend compte qu'il n'a jamais su prendre soin de sa famille.

Et c'est donc en se liant d'amitié avec ceux qu'il croyait être ses pires ennemis, qu'il va redonner un sens à sa vie.
Son front se déride, son sourire s'agrandit peu à peu et on découvre que sous ses airs de vieille armoire à glace normande rouillée, le Walt il a un bon fond.

Et là je me permets de faire un rapprochement avec le récent « Yes Man » car dans les deux cas, le héros reprend gôut à la vie en osant dire « oui ».
Dans « Yes Man », c'est assez explicite alors que dans "Gran Torino" ,on voit que petit à petit Walt réapprend à s'ouvrir aux autres en osant aller vers eux.

Mais là où le premier transformait un sujet en or en...plomb c'est un peu exagéré vu que le film a quand même quelques bons moments mais...en cuivre, tiens : un métal d'apparence assez joli, mais creux et qui rouille rapidement (comme l'humour du film, vieillot et réchauffé...), « Gran Torino », lui, pour le coup change le plomb (le sujet de départ) en or massif.

Et ce, grâce à un humour à la fois sarcastique et décapant.
Dans « Yes Man » les situations sont parfois drôles en elles mêmes mais les dialogues sont souvent affligeants de médiocrité entraînant une ambiance douce-amère alors qu'on devrait rire à pleines dents.

Ici Eastwood nous met à l'aise dès les premières minutes.
A cet enterrement qui se veut solemnel, une jeune fille joue à la console, les hommes parlent héritage et le reste de la foule fait semblant d'écouter le sermon du prêtre, attendant le buffet mortuaire pour se remplir la panse aux frais de la princesse...
Rapidement, on apprécie le regard franc, concret et surtout lucide qu' Eastwood porte sur notre société et il ne s'en prive pas pour le montrer.

Et pourtant.
Et pourtant, il ne cède jamais à la facilité, ne sort jamais l'artillerie lourde comme le film avec Jim Carrey. Cette fois, les dialogues sont finement écrits (les injures font d'ailleurs partie intégrale du plaisir communicatif du film) ), les personnages sont loin d'êtres de simples caricatures et surtout les situations portent en elles un comique indéniable.


Difficile de résiter aux frasques du Schtroumph grognon en prise avec toutes ces femmes qui viennent déposer de la nourriture sur son porche avant qu'il ne décide de les accepter ; parce que la nourriture asiatique ça plait aussi aux vieux ronchons.


Là où « Yes Man » parvenait à nous arracher un sourire de temps en temps, toute la première partie de « Gran Torino »nous donne l'occasion de nous esclaffer sans retenue.
La mise en scène légère du film et le langage ordurier, mais jamais gratuit, font souffler un vent de fraicheur irrésistible sur le cinéma américain souvent trop aseptisé (« Yes Man », toujours en ligne de mire).
Malgré toutes les apparences, « Gran Torino » est extrêmement drôle!

Alors, « Gran Torino » : « meilleure comédie de ce début d'année »?

Non, car comme la plupart des films d'Eastwood, « Gran Torino » subit lui aussi le double effet kiss cool : deux pour le prix d'un, comédie ET drame.
Alors qu'on est totalement épris des personnages et de leurs relations peu conventionnelles, on a oublié la trame principale qui nous ramène brutalement à la « réalité » comme l'a fait « Million Dollar Baby » en son temps...

Si la violence est rarement présente, elle est pourtant là, cachée en filigrane, n'attendant que le moment propice pour se dévoiler.

Et c'est là qu'on attend qu'Eastwood et son physique de bulldozer arme sa pétoire avant d'enfourcher la Gran Torino pour faire régner la justice dans l'Ouest de sa petite bourgade.
Et pourtant. Et pourtant...

Jusqu'au bout, on se laisse emporter par le film, qui ne se révèlera jamais comme on l'attendait.

Et alors que défile le générique de fin, on admire l'intelligence du réalisateur pour avoir remplacé l'écran noir conventionnel par ce plan fixe d'un bord de mer sans vague et d'un ciel, sans nuage, rempli d'espoir.
On laisse alors ce frisson, du à la chanson titre, nous envahir et on se laisse submerger par ce sentiment irrépressible de mélancolie en se remémorant les plus beaux passages du film...

« Gran Torino » est un film magnifique à tout point de vue.
Eastwood est aussi à l'aise derrière que devant la caméra dont il électrise le champ de sa présence.
Un langage cru et des émotions vraies. L'oeuvre d'un humaniste confirmé.
Du grand cinéma.

Note : ****