mardi 17 mars 2009

The Mist


Tandis qu'une brume étrange semble envelopper une petite ville du Maine, David Drayton et son jeune fils Billy se retrouvent pris au piège dans un supermarché, en compagnie d'autres habitants terrorisés. David ne tarde pas à s'apercevoir que le brouillard est peuplé d'inquiétantes créatures...




Attention, « The Mist » de Frank Darabont n'est pas à confondre avec « The Fog » de John Carpenter. Si tous les deux mettent en scène une espèce de brouillard meurtrier, la comparaison s'arrête là.

« The Mist » est la troisième rencontre entre le réalisateur Frank Darabont et le célèbre écrivain Stephen King, après « La Ligne Verte » et "Les Evadés".

Darabont a une manière assez particulière de raconter une histoire.
Pour certains, « La Ligne Verte » demeure la plus belle adaptation de Stephen King portée par des acteurs extraordinaires et pour d'autres ce n'est qu'un film dramatique un peu trop porté sur le mélo.

Il en est de même pour «The Mist » qui brasse le chaud et le froid.

Les premières scènes du film sont passionnantes car Darabont profite que tout le monde soit rassemblé dans le centre commercial pour en tirer un rapide portrait de chacun. Efficace et intelligent.

Mais une fois que le brouillard s'est installé, c'est le moment pour faire intervenir les gros ficelles.
Le héros entend un bruit suspect mais personne ne le croit, on commence à le prendre pour un fou et malgré le sérieux de la situation, certains veulent toujours mettre le pied dehors.

Tout le monde commence à se crier dessus et arrive la scène de la première attaque...
Le jeune employé, fougueux, soulève un store métallique et on se dit : « Tiens, il reste planté là en souriant et il y a juste la place pour que quelque chose l'attrape par la jambe ».
Et ça ne manque pas ; la scène est si prévisible.

Et bien sûr par la suite ceux qui n'ont pas assisté à la scène ne croient en rien à ce qu'on leur raconte. Pour tout le monde, ce n'est qu'une blague idiote et ils s'attendent à ce que le jeune homme réapparaisse d'un moment à l'autre.

Pire encore, si le héros, bon père de famille, passe par plusieurs phases émotionnelles, on se rend vite compte que la plupart des personnages ne sont que de grossiers stéréotypes : le redneck raciste et borné, la grenouille de bénitier, le biker hargneux...

Même le voisin qui paraissait raisonnable au départ se révèle être un sale type odieux qui refuse qu'on le prenne pour une bonne poire.

J'aimerais qu'un jour un film d'horreur mette en scène des personnages vraiment intelligents et raisonnables. Et pas que les premiers rôles.
Romero l'avait compris, lui, mais passons.

Donc, l'introduction originale du film laisse place à la déception de se trouver face à un énième film d'horreur sans personnalité. La première heure est d'ailleurs bien pénible et il faut se supporter des tonnes de dialogues déjà entendus des dizaines de fois.

Pourtant de la personnalité, « The Mist » en a une, et une sacrée!
En fait il ne ressemble à rien. Du moins, rien qui n'a déjà été fait dans le genre (à ma connaissance).


Darabont aligne les références. Un poster de « The Thing » dans le bureau du héros, un événement climatique inexpliqué comme dans « La Guerre des Mondes », un brouillard démoniaque (« The Fog »), un centre commercial qui devient un refuge (« Zombie »), des créatures qui pondent à l'intérieur de corps humains comme dans « Alien » et j'en oublie.

Mais malgré toutes ces allusions, le film possède une identité propre.

Visuellement d'abord.

Les créatures en images de synthèse manquent parfois de textures mais leur apparence Lovecraftienne les rend particulièrement effrayantes.

On peut regretter le manque d'inventivité dans la mise en scène de Darabont : il arrive bien plus facilement à nous faire peur avec une simple corde tendue qu'avec des ptérodactyles en 3D approximative.

Quelques scènes déclenchent l'hilarité malgré elles (le pauvre type qui trébuche sur un seau d'essence alors qu'il vient d'allumer une torche ou le héros qui continue à taper sur une créature morte depuis longtemps alors qu'on a besoin de lui) mais dans les effets gore le réalisateur met dans le mille.
Difficile de rester insensible aux effets produits par une piqure d'insecte ou par un jet d'acide qui s'enroule autour de la jambe!

Quant aux scènes dans le brouillard, elles sont d'une rare beauté.
A la fois, rêves et cauchemars, elles sont de plus remarquablement illustrées par la musique atmosphérique, quasi religieuse, de Mark Isham.

Scénaristiquement, ensuite.

En parlant de religion, rarement un film de ce genre se sera autant appuyé sur les effets de la religion sur les hommes.

Tout comme dans le film culte de Romero, Darabont transforme son centre commercial en un véritable microcosme de l'humanité. En ces temps de panique, la personnalité de chacun éclate au grand jour et les instincts primaires refont surface.

Une fanatique (Macia Gay Harden, hallucinée) va entrainer des divisions parmi le groupe et tourner les gens les uns contre les autres.
Si au début tout le monde reste sceptique par ses prophéties et sa « bonne parole », au fur et à mesure des évènements de plus en plus de fidèles vont se rallier à elle.

De ce côté là, le scénario se montre particulièrement habile puisqu'il n'explique jamais (disons pas avant les ¾ du film) d'où vient ce brouillard.
Même le spectateur finit presque par croire à un châtiment divin, au Jugement Dernier.

Et quand on voit, de quoi est capable la « nouvelle paroisse », on est en droit de se demander : « Qui sont les véritables monstres du film? ».

L'absence de star au casting permet au réalisateur de faire monter la tension d'un cran supplémentaire. Vu que tout le monde part sur un pied d'égalité, on ne sait jamais qui va être le prochain sur la liste.

Certains acteurs connus incarnent des seconds rôles plus ou moins importants ( Macia Gay Harden mais aussi William Sadler, encore plus antipathique que dans « 58 minutes pour vivre »).
Mais la « star » du film c'est le musculeux Thomas Jane.

Monolithique pour ne pas dire inexpressif dans «The Punisher », l'acteur surprend dans le bon sens du terme. Son jeu est très bon et il est bien plus crédible qu'on pourrait l'imaginer.
Sauf quand il doit exprimer la folie mais on ne peut pas tout avoir...

Le scénario semble caricatural vu de loin (les habitants d'une petite ville sont attaqués par des monstres apparus de nulle part) et aurait pu donner une petite série B mais on se trompe lourdement.

Le film se concentre plus sur les relations entre les différents personnages que par les attaques des créatures elles même.

La première heure pédale désespérément dans la choucroute pour nous sortir quelque chose de nouveau mais après, les scènes angoissantes se multiplient, l'histoire devient aussi sombre que pessimiste et la fin, psychologiquement parlant, est absolument impitoyable...

« The Mist » est tout sauf un film d'horreur ordinaire.
Ceux qui s'attendent à une déferlante de gore pure et simple seront déstabilisés et ceux qui attendaient le film comme le messie du film fantastique seront (peut être) déçus par les nombreuses séquences dominées par la frénésie aveugle invoquée au nom de Dieu.

Dans tous les cas, Darabont a réalisé une œuvre unique qui fera date.

Note : **

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