dimanche 21 juin 2009

28 semaines plus tard




Il y a six mois, un terrible virus a décimé l'Angleterre et a transformé presque toute la population en monstres sanguinaires.
Les forces américaines d'occupation ayant déclaré que l'infection a été définitivement vaincue, la reconstruction du pays peut maintenant commencer.
Don a survécu à ces atroces événements, mais il n'a pas réussi à sauver sa femme et la culpabilité le ronge. Lorsqu'il retrouve ses enfants, Andy et Tammy, qu'il n'avait pas revus depuis la catastrophe et qui reviennent à Londres avec la première vague de réfugiés, il leur apprend la mort de leur mère. Partagés entre la joie des retrouvailles et le chagrin, tous trois tentent de se reconstruire et de reprendre une vie normale dans la ville dirigée par l'armée américaine.




En 2003, Danny Boyle révolutionnait le film de zombis avec « 28 jours plus tard » en créant une atmosphère aux antipodes des films de Romero, le maître du genre.
Loin des morts vivants endormis, au regard vide et incapables de passer la seconde, et de l'humour noir et grand-gignolesque instauré par les films de Romero, Boyle mettait en scène des champions du 100 mètres assoiffés de sang dans une ambiance de fin du monde, avec rues désertes et véhicules en tout genre entassés à perte de vue.
En revanche, les deux réalisateurs affirmaient leur goût commun pour le pamphlet antimilitarise et la satire sociale.


En 2008, la suite de « 28 jours plus tard », sobrement appellée « 28 semaines plus tard », sort dans les salles alors que personne ne l'attend et la presse spécialisée se met à en chanter les louanges, clamant haut et fort qu'il s'agit certainement du « meilleur film du genre jamais réalisé ».
Rien que ça.



En tant que suite, le film conserve les caractéristiques de son prédecesseur.
En effet, le réalisateur reprend le système de « la caméra folle » instauré par Danny Boyle dans le premier film : Boyle voulait que lorsque les zombis, ou plutôt « les infectés » comme ils sont appelés, apparaissent à l'écran, la caméra devienne complètement folle comme si elle avait elle même contracté le virus.
Il en résultait des scènes montées de façon très abrupte et une alternance de plans extrêmement rapides. Le procédé en lui même est d'une efficacité redoutable mais selon le spectateur, il peut s'avérer pour le film un avantage aussi bien qu'un inconvénient : dans la pratique, on ne voit pas grand chose de ce qui se passe à l'écran...

Dans « 28 jours plus tard » ce n'est pas si dérangeant : Boyle est un as quand il s'agit de filmer! Mais dans « 28 semaines plus tard » c'est souvent pénible car en dépit de ses qualités, le réalisateur espagnol Juan Carlos Fresnadillo est beaucoup moins doué pour créer des images qui marquent alors il joue sur la surenchère.
Le succès de « Cloverfield » et de sa réalisation « film amateur » n'étant pas étrangers, on se trouve face à des scènes cauchemardesques,surtout pour les épileptiques , où l'on passe le plus clair de son temps à deviner ce qui s'y déroule.
Certains apprécieront. D'autres, non.


Toujours en comparaison ; avec quelques plans des rues de Londres complètement désertes, Boyle parvenait à créer un climat terriblement angoissant, climat que Fresnadillo peine à retrouver malgré une multitude de vues aériennes. Il faut dire qu'en matière de ville abandonnée « Je suis une légende » est déjà passé par là...
Bref, en dépit d'un budget bien plus important, la réalisation de « 28 semaines plus tard » ne risque pas de faire de l'ombre au film de Boyle.

Cependant la mise en scène ne manque pas de panache et réserve de très bons moments. Une fois que la caméra a fini sa crise, on profite de plans souvent superbes, tant au niveau du cadrage que de la photographie.
De plus, plusieurs trouvailles ingénieuses méritent à elles seules le coup d'oeil et font oublier les attaques des infectés (volontairement) filmées par un mixer.
Pour ne citer qu'elles : Londres en flamme, une utilisation originale d'un viseur de sniper et d'un hélicoptère (clin d'oeil à « Braindead »?), la scène dans le brouillard, et l'arrivée en métro commentée qui rappelle l'introduction du célèbre jeu vidéo « Half Life ».


Pour le reste, « 28 semaines plus tard » brasse le chaud et le froid.
Alors que le scénario est travaillé (quels salauds ces militaires!) et souvent imprévisible, les dialogues sont plats et cousus de fil blanc.
De même si l'interprétation de Robert Carlyle (« Full Monty », « Trainspotting ») est absolument éblouissante, le reste du casting demeure insignifiant.
Enfin, l'ambiance sonore est elle aussi plus ou moins réussie selon les cas : en reprenant la musique du premier film, le réalisateur accentue le lien entre les deux volets mais la passer en boucle à chaque événement important, tel le thème principal de « Requiem for a Dream », finit par lasser.
Quant aux scènes « de dialogue explicatif », elles sont tellement molles, comparées au reste du film, qu'il n'est pas rare d'esquisser un baillement..



Si « 28 semaines plus tard » est la digne suite du film culte de Danny Boyle, sa réputation est malgré tout surfaite. Le réalisateur n'invente rien (chaque grand moment a été piqué à droite à gauche), pas de grande frayeur à l'horizon (si le film est censé faire peur, c'est raté..) et si vous n'êtes pas amateur de la mode « caméra zig-zag » attendez vous à un beau mal au crâne, surtout sur un grand écran. Malgré plusieurs défauts assez handicapants, il n'en reste pas moins un film hors norme et bien particulier qui mérite l'attention.

Il oscille constamment entre ** et *** et il n'est pas rare qu'une scène excellente survienne juste après un passage peu intéressant.
Au final, il est tiré vers le haut par la performance bestiale de Robert Carlyle et par un scénario qui n'hésite pas à aller jusqu'au bout des choses...

Note : ***