samedi 27 décembre 2008

Sleepy Hollow




Ichabod Crane, policier new yorkais, se rend dans la petite bourgade de Sleepy Hollow où des meutres mystérieux ont été perpétrés. Les victimes ont été retrouvées la tête coupée...


Pour nous elle ne nous dit rien mais pour les Américains, la légende du cavalier sans tête est profondément ancrée dans les esprits au même titre que les contes des frères Grimm.

Déjà adaptée plusieurs fois à l'écran, la légende trouve son point d'orgue en croisant l'imagination de Tim Burton.

Le réalisateur apporte cette touche de folie macabre qui fait tout son génie.
Loin d'une simple adaptation de plus, "Sleepy Hollow" est une oeuvre d'art.
Puisant aussi bien dans le gothique que dans les anciens films d'horreur, Burton donne vie à l'un des plus beaux films jamais réalisé.

La photographie est fabuleuse. Elle crée une ambiance lugubre et effrayante qui rappelle les illustrations des contes de fées.
La plupart des scènes sont d'une parfaite sobriété visuelle : on a parfois l'impression que le film a été tourné en noir et blanc.

Jeux d'ombres et de lumières expressionnistes ou rouge sang flamboyant, l'utilisation des couleurs a bénéficié d'un soin tout particulier afin de rendre cette poésie propre aux vieux classiques d'épouvante.

Les décors (oscarisés) sont également de toute beauté. La ville de Sleepy Hollow existe réellement mais pour les besoins techniques du film, Burton a décidé de recréer entièrement une ville qui corresponde à sa vision. Tout un pâté de maison a donc été construit et chaque bâtiment porte la marque du cinéaste.
La ville est sombre, presque macabre. Un vrai village Burtonien!

Mais la ville n'est pas le seul décor du film. Un moulin et une fôret ont aussi leur part à jouer.
Hommage évident à Frankestein le moulin est impressionnant avec ses ailes à moitié déchirées mais ce n'est rien comparé à la forêt.

Entièrement créé en studio, le petit bois qui abrite le cavalier sans tête est la parfaite représentation de ceux que l'on a l'habitude de voir dans les dessins animés ou les contes pour enfants.

Les branches mortes enchevêtrées forment un parfait labyrinthe et les arbres donnent l'impression qu'ils vont nous agripper à tout moment.
Le sol est un tapis de feuille géant qui se soulève sous le galop des chevaux et le ciel est constamment caché par la brume.

Grand ami de Burton, Danny Elfman compose une fois de plus la musique.
Les tonalités sont sombres et inquiétantes et accompagnent idéalement l'action.
Des les premières notes, on est happé par l'ambiance.

Tout comme Spielberg ou Ridley Scott, Burton a l'habitude de travailler avec les mêmes personnes.
On retrouve donc une fois de plus le génial Johnny Depp dans le rôle principal.
Son personnage est intéressant car atypique. Il n'a rien d'un héros et bien qu'il fasse partie de la police, il passe son temps à s'évanouir...

La belle blonde à ses côtés est interprétée par la belle Christina Ricci.
Figure classique? Pas vraiment.

Surtout connue pour son rôle de petite fille psychopathe dans "la famille Adams", Ricci est une actrice gothique au sens propre. Son regard envoûtant et mystérieux lui donnent les qualités d'une actrice du muet.

En parlant de muet, il faut souligner la présence de Cristopher Walken (qui retrouve Burton après "Batman le défi") qui joue le cavalier.
L'acteur ne dit pas un mot de dialogue et n'apparaît que 3 minutes (!) dans tout le film.
Pourtant, impossible de l'oublier.
Lentilles de contact au bleu perçant et dents acérées comme des couteaux, son visage est effrayant au possible.

Enfin, Burton re dirige Jeffrey Jones (dans un petit rôle).
Jones est un habitué du fantastique puisqu'il a joué dans "Beetlejuice" et "Ed Wood".

Les rôles secondaires sont très bien choisis. Beaucoup d'acteurs renommés se sont prêtés au jeu à commencer par l'immense Christopher Lee. Il n'a qu'une scène mais c'est lui qui plante le décor et sa voix suave et grave rappelle qu'il reste Dracula incarné.

Parmi les habitants de Sleepy Hollow, on reconnaît Miranda Richardson, Casper Van Dien (Starship Troopers) et le formidable Ian Mc Diarmind ( le sénateur Palpatine quand même!).

Le cavalier est quant à lui une réussite.

Dénué d'expression ( sans tête ça va être dur...), il est poutant incroyable dans sa gestuelle et pendant les combats.
Normal quand on sait que Ray Park, qui endosse le costume, n'est autre que l'acteur/cascadeur qui interprète le sabreur à double lame le plus célèbre du cinéma : Dark Maul!

En maître d'armes confirmé, Park fait tourner ses lames avec une classe folle.
D'une allure imposante, une épée ou une hache dans chaque main, il tranche implacablement la tête de ses ennemis.

Les plans où il chevauche à bride abbatue, la lame hors du fourreau sont une pure vision de ce que peut offrir le cinéma fantastique!

Les combats sont visuellement impressionnants par leur violence mais aussi par leur chorégraphie.
Encore une fois c'est de Star Wars que vient le salut puisque c'est Nick Gillard (responsable des combats de la nouvelle trilogie) qui coordonne les duels.

La perfection des effets spéciaux permet des séquences d'une violence rare. Déjà, à la base un méchant dont le passe temps favori et de raccourcir son prochain au niveau des épaules, ça promet des scènes choquantes mais visuellement ce que Burton arrive à faire est juste bluffant.

Un réalisateur plus classique choisirait de couper le film au moment où la lame s'approche de la gorge des acteurs et montrerait une fausse tête tomber au sol, pas Burton.

Avec lui la caméra filme l'action dans son intégralité (sans aucun plan de coupe!) et il est pratiquement impossible de distinguer le vrai du faux. Un travail remarquable!

Mais bien plus qu'un simple film d'horreur, Sleepy Hollow est aussi une comédie. Pour détendre l'atmosphère, Burton distille par ci par là un humour très noir qui fait que l'on ne sait plus si l'on est censé avoir peur ou rire un bon coup.

Mais attention on n'est pas dans "Evil Dead", non plus.
Si l'humour est bien présent, "Sleepy Hollow" est avant tout un film d'épouvante et réserve son lot d'hémoglobine.

Encore une fois, Burton confirme qu'il est un créateur débordant d'imagination et sa patte si particulière fait tout le charme du film. Au final, un peu creux du point de vue scénario, il reste une véritable réussite artistique.

Note :***

Shrek 3




Shrek n'avait pas épousé Fiona pour devenir roi! C'est pourtant ce qui risque de lui arriver quand le père de cette dernière claque soudainement.
Il ne lui reste plus qu'à dénicher illico un roi de rechange : Arthur.


En 2001, une masse verte s'abattait sur les écrans sans prévenir. Flubber? Non Shrek!
Cet ogre repoussant et pétomane avait surgi de nulle part pour redresser les torts et tordre les redresseurs qui sévissaient dans les contes de fées de notre enfance.

Acclamé par le public et la critique, il avait ouvert la voie à toute une série de films d'animation qui revisitaient les contes de notre enfance en les passant à la moulinette de la parodie. ("Le vilain petit canard et moi", "la véritable histoire du petit chaperon rouge"...).

Puis vint Shrek 2. On avait peur que la suite soit inférieure au premier et que nenni, elle finit par se révéler encore meilleure!
Bref, Shrek avait de beaux jours devant lui.

Généralement dans une série, le troisième épisode, c'est celui de trop ("Alien 3", "Terminator 3", "Saw 3", "Le Parrain 3"...). Shrek y a t-il échappé?
J'ai le regret d'annoncer que non....

Pourtant le film démarre sur les chapeaux de roues.

Prince Charmant chevauche son fidèle destrier à travers une forêt majestueuse. Gros plan sur son visage, il a l'air du héros qui part au secours d'une princesse en détresse et soudain travelling arrière...
Il est en fait sur scène où il chevauche un balai à tête de cheval et le bruit des sabots est fait part un accessoiriste qui frappe des noix de cocos (hommage hilarant aux Monty Pythons!).

En une scène tout est dit : parodie des contes de fées et références cinématographiques, on retrouve tout ce qui faisait la saveur des deux premiers!
Puis vient une scène censée être triste (la mort du Roi Grenouille) où les mimiques du batracien sont à se tordre de rire.

Vraiment, ils ne respectent rien!

Mais par la suite, on déchante vite.
L'humour subtil et audacieux des précédents opus fait place à une série de gags lourdingues et de vannes foireuses.
Le flim pullule de références aux grands films comme "Le seigneur des anneaux", "Sleepy Hollow", "Terminator 2", "L'Exorciste", "Rosemary's Baby" ou encore "Kill Bill" mais leur emploi est beaucoup moins travaillé que dans les précédents.

Du côté des personnages on retrouve toute la smala des premiers à savoir Shrek, Fiona, L'âne, Le Chat Potté, Le Prince Charmant et les autres.
Mais deux nouvelles têtes font leur apparition : Arthur et Merlin.
Si le premier est un sale adolescent à problèmes, insupportable dès les premières images (Justin Timbelake en VO : et une opération marketing, une!), Merlin est la vraie surprise du film.

Le grand magicien est ici un prof retiré dans la cambrousse pour faire le point sur son moi intérieur.
Tout droit sorti d'une secte, c'est le parfait illuminé, bon pour la camisole de force.
Quand il intervient on retrouve immédiatement la loufoquerie irrévérencieuse des deux premiers films.

Hormis les passages avec Merlin, on admire ici et là l'imagination des scénaristes quand des arbres déploient leur feuillage en guise de parachute ou lors de la scène finale qui singe les comédies musicales.

Mais si le travail sur le textures est incroyable, tout le reste régresse d'un poil.

Le scénario d'abord.
Chaque film mettait Shrek face à une peur à surmonter.
Dans le premier, il avait peur de quitter son marais, dans le deuxième peur de ne pas convenir à sa belle famille et dans celui là, c'est l'idée d'être père qui le terrorise.
Mais si les deux premiers jouaient sur plusieurs niveaux de lecture, ici l'histoire est aussi linéaire que faible en rebondissements.

La bande son ensuite.

Les chansons sont beaucoup moins bien que dans les précédents et même le compositeur Harry Gregson Williams peine à retrouver le souffle épique qu'il insufflait à travers sa musique.

Peut être que tout cela est du au changement de réalisateur.
Andrew Adamson, responsable des deux premiers, trop occupé sur le tournage de son "Prince Caspian", a laissé la place à Chris Miller, pour qui c'est le premier film. Le changement ne pardonne pas.

Le film est loin d'être mauvais en lui même mais comparé aux deux autres, il ne fait pas un pli. Malgré la perfection visuelle de la 3D, il est constamment plombé par un humour "djeuns" et une mise en scène sans originalité.

Je l'ai vu en français et j'avoue qu'entendre les voix de John Cleese, Eric Idle, Eddy Murphy ou Ruppert Everet ne m'auraient pas déplu...

J'ai longuement hésité entre * et ** mais quand à la fin, à la place d'une baston homérique on nous assène un discours moralisateur de type bourrage de crâne, le couperet est sans appel !

Note : *

Je suis un cyborg




Internée, Young-goon est persuadée d'être un cyborg. Elle refuse de s'alimenter, préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques. II-Soon, lui, pense que ce n'est pas grave.
En tombant amoureux d'elle, il va tenter de la ramener à la réalité.


L'amour rend fou mais quand on l'est déjà, qu'est ce qu'on risque?

Depuis plusieurs années déjà, le cinéma corréen a fait une poussée en avant phénoménale grace à des polars passionnants et des films de science fiction originaux. Comparé au cinéma américain et européeen, on reconnait souvent un film corréen à son style visuel très spécial.

L'un des cinéastes les plus connus dans ce domaine est sûrement Park Chan Wook dont l'ultraviolent "Old Boy" avait défrayé la chronique au festival de Cannes.
Applaudi par Tarantino en personne, Chan Wook porte haut le cinéma corréen avec sa trilogie sur la vengeance.

Ses fans attendaient son nouveau film avec impatience en espérant une nouvelle série de scènes chocs, violentes et sadiques.
Oh combien ils ont du être déçus ceux là!
En effet, prenant tout le monde à contre courant, son film est une fable romantique qui se déroule dans un hopital psychiatrique.

Pas de poulpe avalé cru et pas d'arrachage de dents à coup de marteau cette fois, ceux qui attendaient un 4ème épisode sur le thème de la vengeance ont crié au scandale.
Pour les autres, ils ont eu la chance d'assister à un festival de créativité visuelle.

Le personnage principal est une jeune femme qui croit qu'elle est un cyborg.
Son comportement traduit donc ce ressenti : elle parle à la machine à café et aux néons et refuse de s'alimenter autrement qu'en suçant des piles.

Chan Wook joue habilement sur deux réalités.

L'une est celle de l'hopital avec ses traitements psychologiques de choc et son ambiance malsaine et délirante à la fois.
Si les malades sont loufoques à souhait ( entre celui qui marche à reculons, celle qui ne se regarde que dans un miroir et une autre qui cherche à défier la gravité...), l'hopital n'est pas un lieu inquiétant couvert de murs blancs et de longs couloirs.

Le réalisateur joue sur les teintes pour créer un décor coloré où les tables sont bleutées, les murs beiges aux motifs d'arbres à bulles, et les chambres d'internement, supposées étouffantes de froideur, sont d'un jaune pêtant qui traduit une autre sensation : celle du malaise.

Car le décor psychédélique très orienté culture pop n'empêche pas les électrochocs et autres traitements inhumains infligés aux patients.
"Vol au dessus d'un nid de coucous" à la sauce corréenne...


L'autre réalité c'est l'univers dans lequel Young-goon s'imagine.
Inutile de dire que lors de ces représentations oniriques, le réalisateur s'en donne à coeur joie.
Les ongles de pieds font office de barres de batterie pour voir si Young-goon est rechargée, ses chaussures cachent des réacteurs qui la font décoller et son corps translucide laisse apparaître les rouages et autres ampoules fantaisistes qui la font fonctionner.

Et que dire lorsque elle s'imagine en implacable machine à tuer ?

De ses doigts sortent des canons et sa bouche se mécanise. Les bras tendus, elle mitraille sans êtat d'âme le personnel de l'hopital dans des séquences bluffantes.

La caméra capte chaque coup tiré et les impacts s'écrasent artistiquement contre les murs, éclatent les ustensiles et font voler la paperasse tandis que les blouses immaculées des medecins se couvrent d'un rouge sang.

Rien que pour ça, Park Chan Wook confirme sa place de virtuose du cinéma!

Chan Wook est un esthète de l'image.
Ses plans prennent toujours en compte la profondeur de champ (il se passe toujours quelque chose en arrière plan) et la caméra virevolte dans les airs sans limites. La photographie est géniale : grace au travail effectué sur la lumière, les extérieurs deviennent de véritables tableaux d'artistes.


Mais en dehors du visuel, le scénario surprend également.
Si Young-goon est un cyborg, II-Soon, lui, est un voleur. Mais pas un voleur ordinaire...

Eternellement caché derrière un masque de lapin en carton, il a la capacité d'absorber un talent ou une sensation s'il arrive à suivre régulièrement une personne. Les situations qu'il déclenche sont excellentes : il arrive à s'accaparer la technique d'un joueur de ping pong, qui n'arrive plus à gagner un seul match, et la politesse maladive d'un jeune homme naif et timide qui, par la suite, ne pourra s'empêcher d'insulter le personnel...

Comprenant cela, Young-goon, lui demande de lui voler sa compassion pour qu'elle puisse aller libérer sa grand mère en tuant les docteurs qui la gardent.
Il va donc la suivre constamment et rapidement tomber amoureux d'elle.

Pour lui ce n'est pas grave si elle pense qu'elle est un cyborg mais la pauvre Young-goon n'arrive pas à s'alimenter normalement et risque de mourir.
Il va alors tout faire pour la ramener à la réalité.

Chan Wook signe des scènes aussi belles qu'émouvantes quand, II-Soon joue sur les deux tableaux faisant croire qu'elle peut vivre en étant ce qu'elle est.
Il fabrique un mécanisme qui lui permet de manger normalement et lui installe à l'intérieur du corps. Du moins, il feint de le faire...

Le film est tellement complet que je pourrais encore écrire des dizaines de lignes mais je risquerais de trop en dévoiler...

Park Chan Wook, mélange alègrement les situations oniriques, la fantaisie et l'humour adulte dans une oeuvre surprenante et colorée.
Un film novateur et dépaysant.

Note : ***

Hyper Tension




Le héros est piégé par un poison qui ralentit son rythme cardiaque.
Pour rester en vie il doit avoir recours aux émotions fortes par n'importe quels moyens.

J'aime bien les films au scénario « timbre poste » parce que le réalisateur sait que ce qu'il va raconter n'a que peu d'importance par rapport à comment il va le raconter.
Robert Rodriguez est passé maître dans ce genre de film ("Desperado" et "Une nuit en enfer" sont creux au possible mais visuellement, c'est juste du grand art!).

Que serait devenu Jason Staham si Guy Ritchie ne l'avait pas découvert dans la rue par hasard?
Après avoir été repéré dans son film « Arnaque, crime et botanique » il a été engagé par l'écurie Besson pour incarner un « Transporteur » où il a cassé la baraque.
Aussi doué dans le jeu d'acteur que dans la distribution de tatanes, il a déjà tenu tête à Wesley Snipes et Jet Li.

Désormais, on le voit partout: c'est le nouveau Van Damme, la superstar du film d'action.

Parfois, les journalistes demandent aux acteurs si un tournage a été épuisant, ici on peut se douter de la réponse. Statham passe son temps à crier, courir partout et à dérouiller du méchant sans jamais s'arrêter. Le titre suggère bien l'état dans lequel il se trouve mais le titre anglais (Crank : excentrique, détraqué) est encore plus significatif!
Ce type est un vrai malade, une vraie pile électrique sur pattes.

Conscient du vide abyssal de son script, le réalisateur s'est concentré sur les péripéties qui attendent le personnage principal.

Sex, drugs and rock and roll.
Tout est bon quand il s'agit de rester en vie.
Coke sniffée à même le sol, fellation durant une course poursuite ou encore une incroyable scène de sexe en pleine rue sous les yeux effarés (mais lubriques) des passants ; il faut avouer que le film bat des records dans la matière.

Maintenant qu'on a les « idées », il ne reste plus qu' à filmer tout ça.
On se rend compte que le réalisateur est plus doué dans les effets de caméra que dans les mouvements eux mêmes.

Lors des rares scènes de calme, on s'ennuie presque devant des dialogues fades filmés champ/contre champ sans aucune originalité.

Le reste du temps, le spectateur est constamment balloté par la caméra épileptique ( des travelling avants arrières dans le même plan, standard des série télé policières modernes), les images clippesques et le montage approximatif.

En revanche, le réalisateur multiplie les effets visuels avec inventivité.

Le film commence par un superbe plan séquence en vision subjective (on est le personnage, technique utilisée dans "Doom" ou "Halloween" par exemple) qui donne le ton.

Par la suite, il écrira à intervalle réguliers sur l'écran, fera des arrêts sur image, montrera des battements de coeur en 3D, jouera sur les éclairages dramatiques et les plans divisés ( à la De Palma).

La bande son est très réussie mélangeant avidemment des classiques du métal, du rock et même de la country créant un second degré constant qui sied parfaitement à l'ambiance délirante du film.
Mention spéciale à la scène où Statham essaie de faire un headbanging sur la musique « Don't kill my heart »alors qu' il est justement en train de mourir de sous tension...

Certaines scènes sont excellentes par leur démesure grotesque : la course poursuite dans le centre commercial (hommage aux "Blues Brothers"?) ou leur dimension burlesque : le héros abat deux bad guys en détournant l'attention de sa copine et se met debout sur une moto avant de prendre un vol magistral.

Par contre je m'attendais à un film d'action plus classique.
On frise souvent les limites du mauvais goût.

La violence, pas réaliste pour un sou, est particulièrement gore (bras coupé au hachoir, garde du corps qu'on plaque au sol sur une grenade...) et le film ne lésine pas sur les scènes choc (sexe dans la rue, utilisation d'un cadavre sur une chaise pour se protéger des balles...).

Voir le héros courir partout en chemise d'hôpital (accessoirement les fesses à l'air!) c'est très drôle mais quand un chauffeur de taxi se fait tabasser par des mamies parce que le même héros leur a fait croire qu'il était d'Al Kaida, je trouve ça déjà moins marrant...

Je passerai les détails invraisemblables sur les flics qui ne servent à rien même s'ils ont une arme (pas fichus de trouver quelqu'un qui se planque dans un placard!) et les portables qui captent où que l'on soit (même en chute libre!).

Et puis c'est quoi cette manie de toujours pointer son arme sur quelqu'un avant de lui parler en sachant qu'on ne va pas tirer et de frapper son portable contre les meubles quand on est énervé?
Ca coûte cher un portable...

En revanche, je trouve que les sponsors ne reculent devant rien pour placer leurs produits (4 plans successifs sur des canettes de Red Bull dont le héros boit plusieurs gorgées...).

Avec son grand n'importe quoi constant et l'absence de limites qui est donnée, le film risque vite de devenir culte. Pour ma part, le mauvais goût assumé et la réalisation prise de tête m'ont fait décrocher.

On rigole souvent, on est écoeuré (plus souvent) et on s'ennuie (moins souvent).
A voir, pour le fun.

Note : **

Wanted : choisis ton destin



A la mort de son père, un jeune homme découvre que ce dernier était un assassin professionnel. Il est alors recruté par son agence pour reprendre le flambeau.


Parmi les nouveaux réalisateurs talentueux qui soignent leur univers visuel (Len Wiseman, et le mexicain Guillermo del Toro), il faut désormais ajouter le russe Tibur Bekmambetov.

C'est déclaré : le renouveau du film d'action viendra du froid.
Remarqué avec "Night Watch", ambitieux film de vampires, le réalisateur est désormais aux commandes d'un blockbuster américain.

Le scénario parle d'une guilde d'assassins (je pense à "Hitman", incolore et indolore...) et la main des studios hollywoodiens peut s'abattre à tout moment sur le film en demandant des coupes décisives : j'ai peur.

L'incroyable vient de se produire!
Non seulement le film ne ressemble en rien à "Hitman" mais en plus le studio a laissé carte blanche au réalisateur qui multiplie les prouesses visuelles et ne lésine pas sur les litres de sang.

Encore mieux, le casting est excellent.

Angelina Jolie est comme toujours merveilleuse quand il s'agit de tout casser avec style et charme (ex Lara Croft et Mrs Smith quand même!), Morgan Freeman se la joue sobre mais son charisme reste intact.

Mais face à ces stars c'est le jeune James Mc Avoy qui crée la surprise.
Avec sa tête de M Tout le Monde, on n'a aucun mal à s'identifier à lui mais quand il s'énerve il est d'autant plus impressionnant qu'il reste crédible!

Un acteur de choix dont on risque sûrement d'entendre parler très prochainement...


Ce qui ont vu "Night Watch" et sa suite ont forcément été bluffés par la maîtrise visuelle des cascades et la fluidité des mouvements de caméra.
Dites vous bien qu'il ne s'agissait là que d'un brouillon pour ce film...

Wanted est l'un des films d'action les plus surprenants et les plus inventifs de cette dernière décennie!

Loin d'être une simple débauche d'effets spéciaux utilisés gratuitement pour le plaisir des yeux, le film possède aussi un scénario mâture et travaillé, aux rebondissements nombreux.

Grace à la perfection de la mise en scène et des effets visuels, le réalisateur parvient à nous faire croire que son univers existe réellement.

Son imagination est absolument sans limite.
Dès lors, les poursuites automobiles défiant la gravité, les personnages qui parviennent à dévier la trajectoire des balles par la pensée et les fusillades chorégraphiées à la "The Crow" ou "Equilibrium" ne nous étonnent même plus.

Je m'attendais à un film d'action basique entièrement dédié à la star Angelina Jolie mais j'ai pris mon pied comme rarement!
Laissez tomber les à prioris.
Bijou d'intensité et de violence graphique, "Wanted" va vous laisser sur le carreau!

Note : ***

Dark Blue



Printemps 1992, des émeutes raciales éclatent à Los Angeles.
L'Amérique est divisée par l'acquittement de policiers blancs, accusés d'avoir passé à tabac le jeune noir Rodney King. C'est dans ce climat de violence que le sergent Perry et la jeune recrue Bobby enquêtent sur une affaire de quadruple homicide.


Encore une fois, c'est pour Kurt Russel que j'ai voulu voir le film.

Une fois n'est pas coutume sa performance est excellente. Son personnage a beau être un ripoux de la pire espèce qui n'hésite pas à monter des fausses preuves pour faire accuser des innocents, Russel le rend malgré tout attachant. Flic corrompu et mauvais mari, il n'en reste pas moins drôle dans ses répliques et pitoyable dans sa vie privée. On ne peut que compatir à ce qui lui arrive.

Russel joue une âme tourmentée, tiraillée entre son sens du devoir et celui de la justice, qui à cause de toutes les magouilles qui se déroulent en haut lieu, sont rarement les mêmes.

Ses deux meilleures scènes dans le film sont celles avec sa femme et la fin où il reçoit son insigne.

A ses côtés les autres acteurs font pâle figure mais restent suffisamment crédibles.
Brendan Gleeson joue comme toujours de son physique et de sa voix imposants et Ving Rhames (les "Mission Impossible") reste très sobre dans son interprétation.
Quant au jeune Scott Speedman, on a au départ l'impression qu'il a juste été engagé pour son physique avenant mais il se révèle convaincant quand les scènes se font plus touchantes.
On ne m'otera pas l'idée qu'il joue mieux dans les "Underworld".

Le film est tiré d'une histoire de James Ellroy. Ellroy c'est le romancier dont la plupart des livres ont été adaptés à l'écran (Cop, LA Confidential, Black Dahlia...). C'est le spécialiste des enquêtes qui se déroulent dans un univers sombre et violent.
Chez lui, la corruption et les faux semblants jouent toujours un rôle aussi important que la psychologie torturée des personnages.

Dès le départ, le réalisateur introduit une certaine ironie narrative. C'est à dire que le spectateur en sait toujours plus que les personnages. Au bout de 20 minutes, on apprend qui sont les méchants.
S'il n'y a plus de suspense de ce côté, l'intérêt est de voir comment les héros vont mener leurs enquêtes. Et justement, sans le savoir tout le monde va espionner tout le monde.

Les petits secrets vont être révélés au grand jour et la vie privée de chacun va en prendre un coup.

Le scénario reste donc intéressant malgré tout ce que l'on connait dès le départ.

En revanche le gros reproche du film, c'est le manque de rythme.

La réalisation est plus que convenable avec une image à la fois léchée et jaunie artificiellement (par des filtres vert/brun qui rapellent Training Day) et un montage jamais trop rapide.

En revanche, le manque d'action se fait cruellement sentir. Hormis la tuerie du début, il faut bien attendre 1h30 pour voir Kurt Russel dégainer sa pétoire.
La scène est largement réussie de par les effets sonores d'abord mais aussi grâce à la course poursuite qui suit : lancé à fond dans sa voiture, Russel tombe au beau milieu d'une émeute...

Si l'action manque, la musique, elle, en fait trop. Du hip hop en veux tu en voilà pour représenter les quartiers chauds, ça passe encore mais lors des scènes « tragiques », le compositeur en rajoute une couche de trop dans le mélo.


Ron Shelton réussit un polar bien meilleur que son pathétique "Hollywood Homicide" (avec Harrison Ford pourtant!) mais qui reste bien trop sage pour retenir l'attention.
Heureusement, il y a Findus! ...euh Kurt Russel!

Note : **

Toy Story 2




Woody est kidnappé par un odieux collectionneur qui veut restituer la panoplie des jouets de la série « Western Woody ». Il apprend alors son glorieux passé tandis que Buzz et ses autres amis partent à sa recherche.

Toy Story 2 est un cas à part parmi les films de Pixar. Pourquoi? Parce que c'est une suite.
Il s'agit de la seule séquelle crée par le studio.

Au cinéma, quand on décide de faire la suite d'un film à succès c'est soit pour gagner plus d'argent soit parce qu'on a envie d'en dire plus sur les personnages.

Pixar n'est pas une machine à sous (même si tous leurs films sont des succès commerciaux indéniables) et quand on sait qu'ils ont mis quatre ans à réaliser Toy Story 2, ils ont intérêt à croire à ce qu'ils font...

Le réalisateur du premier Toy Story, John Lasseter, n'avait pas pu inclure toutes ses idées dans le premier film. C'est maintenant chose faite.
Il en profite pour inclure toute une gamme de nouveaux personnages et approfondir l'histoire des deux héros Buzz et Woody.
Ce dernier est en effet la vedette d'un vieux feuilleton où il fait régner la justice dans l'Ouest sauvage accompagné par la jolie écuyère Jessie, le ronchon Papi Pépite et son fidèle destrier Pile Poil.

Loin d'être juste une paire de nouvelles têtes, ces personnages sont essentiels à l'histoire car ils amènent Woody à réfléchir sur sa vraie valeur.

"Mieux vaut être aimé par un enfant en sachant qu'un jour il se lassera ou être adulé par des générations, mais à l'abri derrière une vitre de musée?"

Malgré l'humour, les scènes d'action et autres péripéties endiablées, cette problématique est réellement au coeur du film. Elle est d'ailleurs parfaitement illustrée par la chanson « when she loved me » interprétée par Sarah McLachlan (une voix incroyable!).
La chanson va droit au coeur.
Aux plus jeunes, elle rappelle qu'il faut grandir un jour et à nous, adultes, ce que l'on a perdu au fil des ans. Nostalgie et amertume se mèlent dans une mise en scène légère mais tellement explicite.
La maturité du scénario n'est plus à démontrer...

Mais bon arrêtons de broyer du noir et parlons d'autre chose!

Les héros du film sont des jouets et le film lui même n'est qu'une suite d'images en 3d, absolument rien de ce que l'on voit à l'écran n'est réel (comme tous les dessins animés vous me direz...) pourtant rarement un univers n'aura semblé si palpable. Les textures manquent parfois de finesse (les visages humains ont un arrière goût de plastique) mais qu'importe : l'essentiel ce sont les personnages.

Animés d'une main de maître, ils paraissent réels sans même posséder de voix. Mais une fois qu'ils en ont une alors c'est le bonheur!
Un immense bravo au casting.
Les acteurs qui s'occupent du doublage sont les mêmes que pour le premier film. On retrouve donc Tom Hanks et Tim Allen qui doublent respectivement Woody et Buzz, et toute la smala qui les accompagne (le cochon tirelire, le T Rex en plastique, le chien à ressort...) est également « jouée » par d'excellents comédiens.

Du côté des nouveaux, Joan Cusack (à ne pas confondre avec John...) prête sa voix à une écuyère quelque peu...enthousiaste et Wayne Knight joue le collectionneur sans scrupules.

Acteur cantonné aux seconds rôles (Dennis Nedry dans "Jurassic Park" est un de ses plus connus), il ajoute beaucoup au second degré du film. Cheveux gras, haleine de chacal et un bide à faire frémir les habitués du McDo, son personnage est génialement détestable mais Knight lui ajoute une voix speed et hésitante qui lui donne constamment l'air d'un abruti hystérique.

Chaque personnage a sa personnalité propre et de vrais sentiments.
Les animateurs et les doubleurs réalisent un travail brillant et nous font croire sans peine à leur existence.
Woody et Buzz se chamaillent sans arrêt et se crient dessus pour un rien mais ce sont les meilleurs copains du monde.
Ils ont leurs petites manies, ils sont bourrés de défauts bref ils sont humains(!) et on les aime.

Hormis la crédibilité des personnages, celle de leur environnement est également essentielle.
Si Toy Story premier du nom se déroulait essentiellement dans les mêmes décors, ici les jouets partent pour la grande aventure et il s'agit de retranscrire ça à l'écran.

Il n'y a rien n'a redire sur la mise en scène : inspirée et travaillée dans les moindres détails, elle permet de faire passer un message sans avoir recours à des dialogues explicatifs.

Si une image vaut plus que des mots, le son est tout aussi important et les ingénieurs du son ont accompli un travail remarquable.
Il n' y a qu'à « voir » la scène où les jouets traversent la route pour se rendre compte de la qualité des effets sonores.

Le son est d'ailleurs du à Gary Rydstorm, multi oscarisé pour des films comme "Terminator 2" ou "Jurrasic Park". Une pointure, quoi.

La musique n'est pas en reste.
Randy Newman compose des morceaux entraînants et des chansons émouvantes et Lasseter est même allé jusqu'à s'octroyer les services d'un groupe de country (les « Riders in the Sky ») pour créer le générique de la série télévisée dont Woody est le héros.

On connait Pixar pour son humour iconoclaste et décalé et le film ne faillit pas à la règle. Comme Shrek 2 (mais bien des années plus tard), les grands classiques du cinéma sont détournés pour le plaisir des cinéphiles (rapidement je citerais "Star Wars", "Jurrasic Park", "58 min pour vivre", "James Bond"...le reste je ne l'ai plus en tête).

Buzz se moque de lui même lorsque il se retrouve face à ses doubles et le globe terrestre apparaît en arrière plan lors de son discours patriotique.

Les personnages secondaires ne sont jamais à court de vannes : entre le T Rex pleurnichard qui lance un « Au moins on aura essayé » de dépit alors qu'ils doivent traverser la route et le cochon tirelire qui fait des commentaires sur la consommation de la voiture qu'ils sont en train de conduire; il y en a pour tous les goûts.
On sent que l'équipe du film s'est vraiment amusé à imaginer les répliques...

On note aussi une bonne dose d'autodérision lors d'une intro ridiculisant les grands succès de la SF et les références au merchandising et à la publicité.

Meilleur que le premier épisode? Le débat est ouvert.
En tout cas, le scénario n'est pas qu'un prétexte pour une suite mais bien une véritable histoire, avec ce qu'il faut d'aventure, d'humour et d'émotions pour captiver le public.
Encore une belle réussite signée Pixar (mais qui en doutait après tout?).

Note : ***