mercredi 1 décembre 2010

Monster



Depuis déjà longtemps, Aileen erre sans but et se prostitue pour survivre. Lorsqu'un soir elle rencontre dans un bar la jeune Selby, c'est le coup de foudre. Pour protéger leur amour et leur permettre de subsister, Aileen continue de se vendre jusqu'à cette nuit où elle est agressée par un de ses clients et l'abat...



Les jolies filles et les oscars ont rarement fait bon ménage. Il semblerait même que pour recevoir la fameuse statuette, plus on est moche, plus on a de chances...Et cela ne date pas d'hier. Bette Davis nominée pour son rôle dans « What happened to Baby Jane? », ou Kathy Bates dans « Misery » pour ne citer qu'elles. Plus recemment Marion Cotillard fait sensation grimée à la Edith Piaf et la top model Charlize Theron enflamme la foule avec « Monster ».

Il faut bien l'avouer si l'actrice n'avait pas reçu les honneurs de la presse pour son interprétation, le film serait certainement passé inaperçu dans les salles. Ce film, glauque et violent, est en effet loin d'être commercial et aurait difficilement pu attirer autre qu'un public élitiste.

« Monster » raconte l'histoire vraie de Aileen Wuornos, prostituée depuis son plus jeune âge, qui devient la première tueuse en série d'Amérique. Cette femme meurtrie et ravagée tant physiquement que moralement, Charlize Theron l'interprète à la perfection. Largement aidée par un maquillage haut de gamme (masque en latex, lentilles, faux dentier...), sa transformation est saisissante. L'actrice réputée pour sa beauté n'a pas hésité à s'avilir physiquement pour coller le plus possible à son personnage. Finie les robes élégantes et les coiffures exotiques. Place aux haillons informes et aux cheveux gras et hirsutes. Adieu la taille de guêpe qui fait la couverture des magazines, bonjour aux 15 kilos en trop et à la peau d'orange qui font fuir.

Mais un personnage de cinéma, ce n'est pas seulement une apparence qui masque une enveloppe vide. Si la métamorphose de l'actrice est en tout point remarquable, c'est bel et bien son jeu qui laisse pantois. Pour composer le personnage d'Aileen, Theron s'est plongée dans d'innombrables recherches et a fréquenté de nombreuses personnes qui connaissaient la vraie Aileen, ce qui lui a permis de capter la véritable essence de cette femme hors du commun. On sent que l'actrice a été bouleversée par son histoire et elle nous fait ressentir ce traumatisme à travers des expressions criantes de vérité. Tout comme la fameuse scène du miroir brisé l'explicite, elle souligne à merveille la dualité de son personnage. En une scène, elle nous enchante avec un de ses sourires ravageurs dont elle a le secret avant d'hypnotiser la caméra par un regard sanguinaire à faire reculer une meute de loups. Lorsque on voit l'actrice à l'écran, ce n'est plus elle mais bien le personnage qu'elle incarne.
Oscar, Golden Globe ou n'importe quelle autre récompense reçue sont largement mérités!

Mais il serait injuste de résumer tout le film par la seule présence de l'actrice.
Tout d'abord, il n'y a pas une actrice mais deux. La deuxième c'est Christina Ricci qui est comme toujours magnifique et dont le jeu en retrait contraste admirablement avec celui terriblement physique de Charlize Theron. Les personnages d' Aileen et Selby n'ont rien en commun mais se complètent à merveille comme le font les deux comédiennes à l'écran: chaque scène où elles sont ensemble nous fait profiter du formidable talent des deux actrices, qui par ailleurs ne reculent devant rien pour donner corps à leur interprétation...

Mais « Monster » c'est aussi l'histoire poignante d'une personne qui sombre dans le mal en tentant de faire le bien. Le quotidient d'Aileen n'est que misère et indifférence. Selby devient alors sa lumière dans les ténèbres et quand elle la trouve elle ne cherche qu'à s'enfuir avec pour la garder précieusement. Plus que le récit sordide d'une tueuse en série, c'est avant tout une histoire d'amour impossible qui mène à la tragédie.

La réalisatrice Patty Jenkins a été profondément troublée par l'histoire de la vraie Aileen et ne cherche qu'à dévoiler la vérité sur sa vie. En aucun cas, elle ne se laisse aller à l'auto-censure, aux passages édulcorés et à la happy end hollywoodienne de rigueur. Non. Ici le manichéisme n'est pas de mise, les relations entre les personnages sont aussi complexes qu'ambigües et l'impression de vérité qui se dégage de leur relations n'en est que plus forte.

Cette impression de vérité est à la fois la force et la faiblesse du film. La force parce que les personnages sont incroyablement crédibles et que l'on entre tout de suite dans le film, la faiblesse parce que comme la réalisatrice se contente de raconter les faits sans donner de jugement, la mise en scène reste souvent très froide et quelques longueurs peuvent finir par rebuter.


« Monster » mérite avant tout d'être vu pour l'interprétation sensationnelle de Charlize Theron, pour le couple qu'elle forme avec Christina Ricci et pour le portrait sans détour qui est fait de cette prostituée aux abois. En revanche, son côté poisseux, sa noirceur très prononcée et quelques passages moins réussis que d'autres ne feront certainement pas l'unanimité.


Note : **

The Monster Squad


Dracula est en vie et il veut dominer le monde, pour cela il demande l'aide d'autres monstres légendaires. Cependant,un groupe d'adolescents fans de monstres et considérés comme des loosers, déjouent son plan machiavélique et préparent une contre-attaque.

En 2004, Stephen Sommers faisait la une de la presse spécialisée avec son « Van Helsing » en osant intégrer dans le même film trois figures célèbres des films d'horreur de la Hammer : Dracula, le monstre de Frankenstein et le loup-garou.

C'était oublier que, dans les années 80, un petit film pour enfants, « Monster Squad », s'offrait le luxe de réunir à l'écran à la fois Dracula, le monstre de Frankenstein, le loup-garou ET la momie ET l'homme poisson (« La créature du Lac Noir »). Autrement dit, il réussissait l'exploit de rassembler toutes les figures mythiques du cinéma fantastique des années 40! Chapeau.

Mais mettre en scène toutes ces créatures n'est pas chose aisée. Tant au niveau du scénario que de leur representation et de la place que chacun occupe dans le film.
La preuve avec « Van Helsing » qui manque de peu de ressembler à un vaste fouillis numérique...

Dans « Monster Squad » pas d'images de synthèse, ou si peu. Chaque monstre est incarné par un comédien en costume qui parvient aisément à donner du charme et de la personnalité a sa creature, même caché derrière une épaisse couche de latex. Et les costumes eux memes sont une vraie réussite; pas étonnant quand on sait que c'est le grand Stan Winston qui en est à l'origine. On ne présente plus ce génie incontesté des effets spéciaux multi-oscarisé qui a officié pour les plus grands, notamment sur les « Star Wars » et la plupart des films de Spielberg...

Et surtout, chaque monstre bénéficie de son moment de gloire. Même si Dracula vole évidemment la couverture, chacun possède un temps d'antenne raisonnable pour la durée du film. Leur présence est d'ailleurs si réjouissante qu'on est déçu lorsqu'on sait que l'un deux ne reviendra pas. C'est le comble des meilleures choses d'être toujours trop courtes...

Les effets spéciaux surprennent également, dans le bon sens du terme. Bien que datés, ils éblouissent par la qualité de leur utilisation. La métamorphose de Dracula en chauve souris se fait sans plan de coupe, la transformation du loup-garou rappelle celle vue dans le grand classique « Le loup garou de Londres » et enfin l'homme poisson nous ferait presque sursauter à toujours apparaître sans prévenir...

Au niveau du scénario, on reste dans le classique: à savoir, Dracula et ses potes sont à la recherche d'une amulette magique pour régner sur le monde. Un script caricatural mais qui laisse la part belle à nombreux rebondissements et une foule d'idées inattendues.

De plus, le film regorge de bonnes surprises; à commencer par cette ambiance décalée et cet humour enfantin mais jamais niais. Non seulement, le film fait appel - et détourne malicieusement - à tout l'attirail gothique que l'on connait (gousses d'aïl, pieu, balles en argent, reflets dans le miroir, pleine lune, maison hantée...) mais en plus les héros ont beau ne pas dépasser 12 ans, ils se révèlent tous terriblement attachants et crédibles, joués par des acteurs étonnament convaincants.

Dans « Monster Squad », les années 80 transparaissent à chaque plan par leur liberté de ton et la bonne humeur communicative. Les sous-entendus sont légions, les insultes et autres vulgarités jouissives et le film se révèle parfois bien plus violent qu'on ne l'imagine (avec explosions de corps et broyages de crâne à mains nues...), ne lésinant jamais sur le sang et oubliant qu'il ne s'agit que d'un film pour les plus jeunes.

Mais après tout, est-ce vraiment « un film pour les plus jeunes »? Peut être pas au final. Si certains gags sont vraiment mignons (surtout ceux avec le chien), les adultes y trouveront certainement leur compte parmi toutes les références aux grands classiques (le monstre de Frankenstein et la petite fille au bord de l'eau, Dracula et ses trois fiancées...) et apprécieront les mises en abyme (« les monstres c'est pour de faux, la science c'est réel », la discussion sur les slasher movies, la référence aux camps de concentration...) et se reconnaitront sans problème dans cette joyeuse bande d'aventuriers en culotte courte qui déborde d'imagination...

« Monster Squad » est donc un film pour les chasseurs de monstres en herbe et pour les grands nostalgiques qui rêvaient, minots, de sauver le monde des terribles forces du mal. Il bénéficie d'effets spéciaux exemplaires ( un peu vielliots mais utilisés avec talent), d'un humour à la fois bon enfant et décapant et d'une ambiance accrocheuse à mi-chemin entre « Evil Dead » et « Scoobydoo ». C'est une comédie familliale légère mais intelligente, remarquablement mise en scène par un réalisateur qui connait son affaire. Un fleuron des années 80, le genre de film qui vous maintient avec un sourire bêta du début à la fin... Une réussite totale!

Note : ***