samedi 29 novembre 2008

20 000 lieus sous les mers



En 1868, plusieurs bateaux sont coulés par un monstre mystérieux, selon les témoignages de quelques rescapés, et les marins refusent maintenant d'embarquer. Bloqués à San Francisco, le professeur Arronax, spécialiste de la faune sous-marine, et son fidèle Conseil acceptent de participer à la mission d'enquête de l'armée américaine. Ils embarquent à bord du « Lincoln » en compagnie de Ned Land, un harponneur, afin d'élucider les mystérieuses disparitions et éventuellement tuer le monstre.

De la grande aventure avec des attaques de cannibales, des batailles de navires, des îles tropicales et des monstres marins. Sur le papier ça sonne bien. Normal, il s'agit de l'adaptation du célèbre livre de Jules Verne!

En revanche à l'écran, c'est moins bien...

D'abord la mise en scène de Richard Fleisher est très plate. Comparés à ses autres films (notamment Les Vikings), les plans sont rarement inspirés.
La caméra bouge rarement ce qui donne parfois l'impression de regarder un vieux téléfilm.
La musique de Paul Smith est beaucoup trop théâtrale est souligne rarement l'action comme il faudrait.

Lors des scènes d'action le montage est tel que les acteurs et le danger ne sont jamais dans le même plan!
Lors de la séquence où le requin attaque, seul un plan nous permet de le voir avec les scaphandriers (des cascadeurs vus de dos...) et quant à la scène des cannibales, Kirk Douglas et les indigènes ne sont jamais sur la même image...
Comment, dans ce cas, nous demander d'avoir peur pour les héros?

Passons aux acteurs maintenant.
James Mason joue un capitaine Nemo solitaire et torturé mais libre et au dessus des lois.
Pourtant hormis la scène du repas, on retrouve rarement cette fougue que l'acteur sait transmettre à ses personnages. Loin de l'interprétation enthousiasmante du professeur Lidenbrook dans Voyage au centre de la Terre (du même Jules Verne), il incarne un Nemo plus dépressif que passionné.

Peter Lorre joue un second rôle crispant de maniérisme.
Quant à Kirk Douglas, il incarne le personnage que le spectateur est censé apprécier pour s'identifier à lui.
Dès le départ où il se promène fièrement avec une femme à chaque bras et commence à faire le beau parleur dans la foule, il n'est pas très engageant.
Par la suite, il joue le parfait imbécile avec un manque total de savoir vivre. On est bien loin du fier Spartacus!

Sincèrement, le personnage que j'ai le plus apprécié de tout le film c'est Esméralda, l'otarie....

J'ai eu le regret de ne pouvoir voir le film qu'en version française et elle est désatreuse! Les dialogues vont de banal à insipides.
Les acteurs parlent souvent pour expliquer ce que l'on voit déjà à l'écran.
Bref, on regrette parfois le temps du muet.

En revanche, s'il y a bien une chose que le film a de réussi, c'est les effets spéciaux. 2 oscars, un pour les décors, un pour les effets eux mêmes.

Les décors d'abord c'est surtout le Nautilus. Le fameux sous marin de Nemo fut construit en grandeur nature (60 m de long sur 6 mètres de large).
L'intérieur est bardé d'engrenages et de passerelles métalliques mais aussi de somptueuses pièces de décoration.
C'est vraiment un enchantement que de voir l'énorme iris central s'entrouvrir pour laisser apparaître la faune sous marine.

Vu de l'extérieur, le Nautilus ressemble à un crustacé géant avec une carapace mais il faut voir les scènes où, lancé à toute vitesse à la surface de l'eau, il se jette contre un navire pour le faire exploser. L'avant est alors illuminé par une lueur spectrale qui lui donne l'air de venir d'un autre monde.
On a réellement l'impression qu'il s'agit d'un monstre des profondeurs sorti tout droit des récits d'un vieux marin.

En parlant de monstre marin, le film est célèbre pour la fameuse scène de l'attaque de la pieuvre géante.
C'est le spécialiste des effets spéciaux Ub Iwerks (on lui doit les scènes d'animation de Mary Poppins) qui dirigea l'animation de la pieuvre.
Elle fut entièrement constituée de caoutchouc monté sur des armatures d'acier à ressorts.

C'est incroyable, dès la seconde où elle apparaît à l'écran, le film change brutalement de style.
La mise en scène devient incroyablement prenante et la musique à elle seule rend la scène terrifiante.
Constamment filmée sous une pluie torrentielle, on subit un sentiment de claustrophobie puissant.
Le simple fait de voir une des tentacules pénétrer dans le sous marin accentue l'impression de n'être à l'abri nulle part.
Malgré son âge, la réalisation amène la scène au firmament des meilleures séquences où l'humain est confronté à un monstre géant.

Les quelques minutes que durent la scène sont absolument bluffantes! Rien que pour ce passage le film se doit d'être vu!
Malheureusement une fois la scène passée, le film redevient plat et ennuyeux...


Si par moments on est littéralement captivés par ce qui se passe à l'écran, les deux heures ne semblent jamais finir.
Enorme succès en son temps, le film a bien vieilli et ne tient pas la comparaison face à un pirate des Caraibes.
Honnêtement, c'est le genre de film sur lequel il mériterait qu'on s'attarde pour en faire un remake.

Note : *

Aladdin




L'histoire d'Aladdin et de la lampe merveilleuse a été adaptée des dizaines de fois, en papier comme à l'écran.
Qu'est ce qui rend le dessin animé unique comparé aux autres?

Après tout les personnages sont les stéréotypes évidents de ce type de conte de fée.
Le héros est naif mais courageux, la princesse est un modèle d'innocence et le méchant veut épouser la fille destinée au héros. Rien de bien nouveau de ce côté là.

On pourrait croire que la représentation simpliste du sultan change des grands monarques que l'on représente souvent régnant en maître sur leur cité mais au fond il est lui aussi très archétypal. Bedonnant et débonnaire, c'est un grand enfant.
Il rappelle le calife de Iznogoud dans la BD éponyme ou encore celui du Voleur de Bagdad ( la scène où il enfourche le tapis volant fait écho au cheval mécanique du film).

Si le dessin animé est aussi réussi je pense que c'est du avant tout au talent des animateurs de Disney.

Que l'on s'attache aux personnages principaux, rien de plus normal.
Aladdin est un beau garçon séduisant et charmeur et Jasmine est la douceur incarnée.
Son visage est juste parfait. On se noie dans ses grands yeux noisette et ses lèvres, sensuelles sans être charnues, encadrent un sourire ravageur mais innocent...

Habitués des Disney, les animaux sont aussi humanisés par leurs expressions ou sont doués du don de parole (Yago le perroquet). Pour eux aussi, on est pris d'affection.

Mais tous ces personnages, aussi différents soient-ils, ont au moins une chose en commun : un visage.
Comment pourrait-on transmettre des émotions (!) à un tapis (!!).
Impossible de transmettre des émotions à travers quelque chose sans visage? Pas pour Disney en tout cas!
Les mouvements du tapis magique sont inspirés des films muets, autrement dit ils parviennent à communiquer les sentiments de ce second couteau atypique sans avoir à utiliser les expressions du visage. Il faut le voir pour le croire!
C'est la même technique que Pixar utilisera bien plus tard avec le fameux logo de la lampe sautillante.

Tous les personnages sont excellents. Chacun à bénéficié d'une attention particulière et ils sont tout sauf ternes et ennuyeux ; mais la palme revient, comme tout le monde s'en doute, au génie.

Pied de nez aux 1001 nuits, l'histoire ne nous est pas comptée par un vieux sage ou une ravissante jeune femme mais par un charlatan qui essaie de vendre ses babioles au spectateur.
Il s'adresse à la caméra et intéragie même avec elle.
Dès le début, nous avons les indices que le film va se jouer des codes du genre.
L'aventure se révèlera plus burlesque que dramatique.
Et le personnage du génie se devait de confirmer cette voie.

Robin Williams prête sa voix multiforme à l'un des personnages Disney les plus incongrus et les plus extravagants de l'histoire du dessin animé. Ses scènes sont un enchantement visuel d'inventivé.
C'est un vrai plaisir que de le voir se dédoubler, se métamorphoser en n'importe quoi (de l'abeille au sous marin!) et de le voir prendre des visages différents à chaque expression.

La réalisation est brillante et très travaillée.
La caméra embarquée lors des scènes de vol fait son petit effet.
Mais c'est la bande son qu'il faut saluer. Dans les deux langues, les doublages sont parfaits.

Le film doit beaucoup à Alan Menken.
Compositeur pour de nombreux Disney, il est titulaire de nombreux oscars pour ses merveilleuses musiques et chansons et encore une fois, le charme opère.
Contrairement aux comédies musicales qui en font beaucoup trop, chez Disney on sait utiliser les chansons à bon escient, sans ralentir ou plomber le rythme.

Le talent de Menken s'exprime aussi à travers les paroles, romantiques sans être mièvres.
Menken nous offre une magnifique ballade au clair de lune (A whole new world/Ce rêve bleu) qui restera longtemps dans les mémoires et plusieurs morceaux très entraînants.
Participation de la foule pour la présentation d'Aladdin ou accents jazzy pour celle du génie, il sait exprimer la personnalité des héros à travers ses compositions.

Je tiens encore une fois à applaudir les traducteurs français qui ont le mérite de recomposer totalement les paroles des chansons (rimes obligent) tout en gardant le sens des originales.

Aladdin nous plonge dans un véritable conte, fait de magie et d'aventure où les trésors enfouis depuis des millénaires cotoient les sorciers maléfiques et où l'humour absurde se mêle aux personnages les plus excentriques.

Un formidable dessin animé pour toutes les générations.
C'est ça la magie Disney!

Note : ***

Jumanji



Jumanji est un mystérieux jeu de plateau où chaque lancer de dé peut être le dernier.
A chaque tour, des dangers de toutes sortes, directement sortis d'une jungle imaginaire, guettent les joueurs et le seul moyen de s'en sortir et de finir le jeu...

Grand succès commercial, Jumanji vaut avant tout pour ses effets spéciaux novateurs (pour l'époque).
Nous sommes en 1995 et les images de synthèse sont en plein essor.
Après le Terminator en métal liquide et les dinosaures grincheux, Jumanji tente de passer un cap et de recréer par ordinateur les premiers animaux à fourrure. A l'époque le film a fait sensation mais aujourd' hui il a pris un sérieux coup de vieux. Les singes sont crédibles mais pas très ressemblants et la peau des autres mammifères manque de texture.

Cependant, les effets spéciaux du film ne reposent pas que sur les images de synthèse.
Les plantes animatroniques et le tremblement de terre final sont absolument remarquables, tout comme le lion mécanique dont la tête est incroyablement réaliste.

Les images de synthèse ne sont pas parfaites mais leur intéraction avec le décor leur donne une sacrée crédibilité : un éléphant écrase une voiture, les singes dans la cuisine mettent un bazar pas possible et certains conduisent même une moto.

Bien que les effets spéciaux soient les stars du film, les acteurs ne se contentent pas de hurler devant un fond vert en faisant semblant d'avoir peur.

Les 4 personnages principaux sont tous attachants et bien interprétés.

Les enfants ne sont jamais insupportables et sont joués avec conviction, notamment par la toute jeune Kirsten Dunst (Spiderman, Virgin Suicides). Quant aux rôles plus adultes, ils sont menés par un Robin Williams survolté et une Bonnie Hunt rigolote et décalée.

L'alchimie entre eux est très réussie et Williams montre une fois de plus la diversité de son jeu d'acteur. Après avoir courru dans tous les sens vêtu comme un Robinson des îles, il parvient à être émouvant quand il part à la recherche de ses parents.

En second rôle burlesque, l'acteur David Alan Grier, qui joue l'officier de police malchanceux, est tout simplement excellent ( quand il hurle de peur, on a l'impression qu'il va pleurer! Je suis mort de rire à chaque fois.).

Techniquement la photographie et certains plans sont vraiment travaillés mais le montage est parfois trop approximatif.
La musique de James Horner est jolie sans être exceptionnelle.
Par à coups, on peut reconnaître les mélodies de Willow ou encore Braveheart.

Soyons clairs, Jumanji est avant tout destiné aux enfants.
Joe Johnston est un habitué des créatures de tous poils qui envahissent notre univers (les Gremlins) mais il laisse tomber l'humour noir de ses précédents films pour un comique de situation plus adapté aux plus petits.
Heureusement, le film baigne dans un second degré constant et certains gags restent hilarants, même pour les adultes.


Jumanji est donc une comédie familliale bien huilée, combinée à un film d'aventure passionnant que l'on apprecie plus ou moins selon son âge (mental?).

Note : **

Hana- Bi




Le policier Nishi abandonne sa mission et son coéquipier Horibe pour courir au chevet de sa femme condamnée par une grave maladie. Horibe blessé dans une fusillade, reste paralysé.
Rongé par la culpabilité, Nishi quitte la police et entreprend un voyage vers le mont Fuji avec sa femme. La sérénité de leur idylle va être perturbée par l’arrivée de yakusas vengeurs…


Le 7ème film de Kitano.
Takeshi de son prénom, Beat de son nom de scène, Kitano est un artiste accompli.
Acteur, humoriste, animateur télé, peintre, il est aussi réalisateur et l’une des figures les plus connues du Japon.

Je le trouve génial en tant qu’acteur ( Furyo, Battle Royale) mais je n’avais jamais eu l’occasion de voir un de ses films.

Il prend place devant et derrière la caméra, occupe les postes de scénariste, monteur et touche également à la direction artistique. Autant dire que ce film, c’est son bébé.
Aussi bon acteur que réalisateur, il soigne autant la direction de ses acteurs que le visuel du film.



Si je ne me trome pas, en japonais « Hana-bi » signifie feu d’artifice.

Le film est-il spectaculaire ? Pas au sens où on l’entend…

Le seul feu d’artifice du film est une parfaite métaphore du reste de l’œuvre.
L’attente évidente que quelque chose de magnifique va arriver est écartée par un évènement inattendu (la mèche s’éteint) avant de nous surprendre par son dénouement tragi-comique.

Le film est un enchantement visuel constant par la précision de ses cadrages et son montage audacieux (il passe du film à la peinture sans prévenir).

Au minimalisme de sa mise en scène, Kitano oppose la beauté des paysages (les cerisiers en fleurs, la plage vide de toute présence…) et un souci extrême du détail.
Son utilisation prononcée des couleurs rappelle le Paris Texas de Wim Venders.

Mais c’est à la palette d’émotions ressenties que l’on pourrait rapprocher le titre.

Kitano est un clown, un clown triste.
Son film navigue sur la corde raide entre rires et larmes sans jamais recourir à l’un ou l’autre.
On est passionné par ce qui se passe à l’écran mais on est trop choqué pour rire de bon cœur et bien qu’émouvantes, les séquences plus lacrymales sont compensées par une approche comique de la situation.

Malgré la noirceur du scénario, Kitano ne sombre jamais dans le mélodrame.
Les scènes entre sa femme et lui sont parmi les plus charmantes vues au cinéma. La maladie dont elle est atteinte l’emportera au bout du compte et ils le savent tous les deux.
Alors ils profitent de ces moments de sérénité partagée, des derniers rayons de soleil.

Ils sont fous amoureux l’un de l’autre, ça crève les yeux. Mais ils ne se parlent pas. Pas besoin d’en rajouter, la mise en scène se suffit à elle-même.

En parfait observateur des relations humaines, Kitano joue sur les silences gênés pour exprimer ce qui ne peut être dit.
Son personnage est un ancien policier traumatisé par la perte de sa fille et qui doit veiller sur sa femme gravement malade. Il ne parle pratiquement jamais mais son air d’éternel chien battu en dit long sur son passé.

Les phrases qu’il dit sont pour la plupart sans importance, leur seule utilité est de casser l’image de la simple présence qui erre. Le faire parler le rend plus humain, tout simplement.


Mais « Hana » signifie aussi fleur. Pourquoi une fleur ? Symbole de l’épanouissement des personnages, de la fin de la vie (les fleurs se fanent) ? De l’éclatement des couleurs ?

Pour ma part, il m’est difficile de saisir le sens métaphorique de leur utilisation mais impossible de nier la qualité artistique que cela apporte au film.

Les fleurs sont un élément essentiel à la compréhension du film.
Ce sont d’abord les représentations mentales d’un peintre handicapé.
Toutes ses émotions passent à travers ses œuvres :

De la renaissance professionnelle (les animaux à la tête fleurie), à la folie (les branches menaçantes qui encerclent un homme vu de dos) et ce jusqu’ au désespoir final ( un paysage morne et enneigé, silhouettes à peine visibles dans le fond et en gros « Suicide » écrit en rouge sang…).

Peints par Kitano lui-même, ces tableaux sont aussi enfantins dans leur représentation que lourds de sens.

C’est ensuite le parallèle entre deux histoires (la rédemption à travers le voyage ou à travers la peinture). C’est enfin le symbole poétique d’une vie qui se termine mais à laquelle on s’accroche tant bien que mal : la femme de Kitano donne de l’eau à des fleurs mortes…

Une image vaut tous les mots, Kitano l’a bien compris.


Imprévisible, voilà bien le mot qui définirait Kitano.

Impossible de prévoir la fin d’une scène et encore moins quelle sera la prochaine.
La mise en scène calme et épurée contraste avec l’ultra violence des scènes d’action.
Cette brutalité extrême a souvent catégorisé Kitano comme un réalisateur qui se complait dans la violence gratuite.
Pour Kitano, le monde balance entre le bien et le mal, il ne peut y avoir l’un sans l’autre.
La tendresse qui émane du film n’aurait pas le même impact si elle n’était opposée à ces fusillades horribles et sanglantes.

En parlant d’ultra violence, on pourrait rapprocher le film (de très loin) avec Pulp Fiction. Comme dans le film culte de Tarantino, l’intrigue ne suit pas un cours linéaire.

La chronologie des évènements n’est pas respectée et les scènes se mélangent constamment. Mais au lieu de donner des indices explicites au spectateur sur la temporalité, Kitano se contente de nous laisser réfléchir par nous même. C’est tout à son honneur car au lieu de nous perdre en route, il nous permet de faire le rapprochement des causes et de leurs terribles conséquences.
Le film n’en est que plus poignant!


En esthète de l’image, Kitano livre un portait tragique d’une vie brisée contrebalancée par un humour pince sans rire dont il a le secret.
Plus qu’un film, Hana-Bi est une œuvre d’art.
Lion d’or au festival de Venise 1997

Note : ***

L'Aventure c'est l'aventure





Bon Dieu! je vais avoir du mal à parler de ce film!
L'histoire est tellement riche que je ne sais pas par quoi commencer...

Pour bien comprendre le film, il est nécessaire de le replacer dans son contexte.
1968, la jeunesse sort dans la rue pour faire valoir ses droits. C'est le début d'une époque où règne l'anarchie.
Anarchie représentée dans le film par des braquages de banque et des voitures incendiées.

En 1972 (dans le film), Paris est le théâtre d'un festival de hold up, de crimes et de revendications. Même les prostituées se réunissent pour que l'on valorise leur profession. Elles déclenchent une grève générale pour leur indépendance.

Rien ne va plus dans le monde de la pègre. Si les banques restent faciles à piller, on n'y trouve plus d'argent. Jacques, Lino, Simon, Aldo et Charlot, des truands à la petite semaine, se réunissent pour trouver une solution.

Après discussions, la solution s'offre à eux. Ils sont démodés et doivent revoir leurs méthodes.
Ils décident alors de se lancer dans la politique...
Ca y est le mot est lâché mais entendons nous bien il ne s'agit pas d'un film politique mais d'un film d'aventure, une comédie burlesque dont les personnages seraient des cousins éloignés des Pieds nickelés, plus près des frères Marx que de l'autre Marx...

Dans une des meilleures scènes du film, le groupe se paye des leçons accélérées de politique et font défiler des représentants de tous les partis pour finalement arriver à une conclusion : ils n'ont rien compris!

« Et c'est justement parce que vous avez compris que vous n'avez rien compris que vous allez rester au dessus de cette confusion et gagner beaucoup de fric! » dit Simon.

En d'autres termes, pourquoi s'attacher à un parti alors qu'on peut choisir les services du plus offrant ?
Nantis de leur culture politique toute neuve, nos cinq zigotos vont donc rapidement passer aux travaux pratiques en multipliant les enlèvements, à commencer par une star du show biz : Johnny Hallyday.

Le chanteur joue son propre rôle et interprète la chanson titre.

Après ce coup fameux, ils partent ensuite pour l'Amérique du Sud où ils enlèvent le chef d'un groupe révolutionnaire pour l'échanger contre un gros tas de billets (pour chaque camp intéressé par sa capture) avant de prendre des vacances au soleil...

Bon voilà pour une partie du scénario. L'histoire est à la fois très linéaire et très compliquée puisque les personnages secondaires sont nombreux et que l'on change souvent de décor.

Techniquement le film est plutôt travaillé et Lelouch use et abuse des mouvements de caméra. Notamment des zooms arrières qui semblent être sa marque de fabrique. Il utilise souvent cette technique pour planter le décor. Par exemple, la première image de l'Amérique du Sud est un plat de pâtes... La caméra fixe le plat avant de reculer progressivement. On voit alors le groupe attablé en train de manger, puis la caméra recule encore et on découvre enfin qu'ils sont dans les ruines d'un ancien temple. En un seul plan, tout est dit.

En revanche, la majorité des scènes sont filmées en plans fixes ou plans continus.
Que ce soit des dialogues ou de l'action, notre attention est focalisée sur ce qui se passe comme si on était avec les personnages.

Je disais action car même si le film n'est pas un film d'action, de temps à autres, on assiste à des explosions ou des cascades de voitures.
Une fois encore, Lelouch filme en seul plan et c'est d'autant plus impressionnant de voir la cascade se dérouler directement sous nos yeux, sans effet de montage ou quoi que ce soit...

Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans les acteurs. Cette bande de joyeux drilles magouilleurs est interprétée entre autres par Aldo Maccionne, Charles Denner, Jacques Brel et surtout Lino Ventura.

Ce dernier est bien connu pour ses rôles de grosse brute au grand coeur, que ce soit dans un polar noir ou dans les films de Lautner (Les tontons flingueurs, Les Barbouzes). Ici, il n'échappe pas à la règle, Lino (oui son personnage s'apelle Lino et celui de Jacques Brel s'apelle Jacques...au moins c'est facile à retenir) est donc le bougon du groupe, celui qui marmone dans sa barbe ou vocifère à tout va pour montrer son mécontentement.

Lino c'est autant une présence qu'une voix. Habitué aux dialogues léchés, il articule chaque syllabe avec l'expression tordante qui va avec. Si les dialogues n'atteignent pas ceux d'Audiard, ils sont aussi drôles qu'intelligent.

Et, fait plutôt rare, ils marient le français avec d'autres langues, si bien que l'on peut entendre les acteurs s'exprimer français, italien, anglais (la scène est excellente) et même un peu espagnol.

Loin d'êtres mauvais, les autres acteurs ne lui arrivent pas à la cheville. Le seul qui peut lui tenir tête c'est Charles Denner. Son personnage remue les bras comme un chef d'orchestre et il prononce ses dialogues de façon parfaitement convaincante.


L'Aventure... est un vieux film français dans le bon sens du terme.
A savoir avec de bons dialogues et de bons acteurs. L'histoire est aussi farfelue qu'originale et la réalisation tient la route. D'un sujet plutôt sérieux (politique et anarchie), Lelouch propose une comédie passionnante doublée d'un bon film d'aventure.
C'est quoi, l'aventure? Ben, l'aventure c'est...l'aventure.

Note : ***

Breakdown



Jeff et Amy ont décidé de changer de vie et laissent Boston derrière eux pour aller s'installer à San Diego. Leur voiture tombe en panne, en plein désert. Par chance un camionneur propose à Amy de l'amener au restaurant le plus proche pour chercher du secours. Ayant finalement réussi à localiser la panne, Jeff pense retrouver sa femme dans ce bar au milieu de nulle part. Mais personne ne semble avoir vu ni Amy ni le mystérieux camion...


Difficile de parler plus longtemps du scénario sans rien dévoiler, je me contenterai donc de parler du film lui même.

La première moitié du film est une leçon de cinéma.
Tout en subtilité et sans artifice, Mostow fais monter la tension à son maximum en multipliant les fausses pistes jusqu'à la seconde partie où le film dévoile son scénario machiavélique et enchaîne des cascades dantesques dignes de Mad Max.

Tout comme avec U 571 (moins avec Terminator 3...), Mostow se montre en orfèvre du suspense étouffant!
Ce cauchemar routier nous emporte corps et âme et nous tient en haleine jusqu'à la dernière seconde. Le film dure à peine 1h30 et évite toute scène inutile.
Une fois le décor planté, plus question de prendre une bière au frigo ou d'aller aux toilettes.
Pour ma part, j'ai été scotché à l'écran tout le long!

Pas de tête connue au casting excepté le toujours génial Kurt Russel.
Russel joue les monsieur tout le monde. Son personnage est terriblement humain.
Il n'est pas l'invincible Snake Plissken qui fait tout pêter autour de lui et quand il doit s'armer avec ce qu'il trouve, aucune chance de le voir jouer les Jason Bourne.

Son comportement crédible et intelligent (on se dit souvent qu'on ferait la même chose à sa place) rend les situations d'autant plus effrayantes qu'il est facile de s'identifier à lui.

Malgré le petit budget dont il dispose, Mostow a su tirer profit du moindre centime pour porter sa vison à l'écran.
C'est bien connu : quand on n'a pas de sous, on a des idées. Et des idées, Mostow en regorge.
La photographie, les cadrages, la musique, les plans... tous confèrent au génie.
Moitié thriller moitié film d'action, le film bénéficie d'une réalisation exemplaire.

Breakdown se situe au croisement d'un Duel pour ses courses poursuites haletantes au milieu du désert et de Délivrance pour sa violence physique et psychologique sans concession.

Hormis quelques facilités scénaristiques dans sa seconde moitié, Mostow réalise son premier film avec une maîtrise rare.

Note : ***

Angles d’attaque




Espagne. Le président des Etats-Unis donne un discours sur une place importante.
La scène est filmée par une équipe de journalistes de CNN.
Depuis la régie, on s’occupe de contrôler les caméras qui passent à l’antenne.
Sur les écrans, les opérateurs remarquent un garde du corps qui avait montré son sens du sacrifice en prenant une balle pour sauver le président. Espérons que cela ne se reproduira pas. Pas de soucis, les tireurs sont en alerte et la sécurité contrôle le périmètre. Aucune chance que…
Coup de feu ! Le président est à terre ! La foule hurle et s’enfuie dans tous les sens.
Une journaliste en pleurs essaie de décrire le chaos qui règne désormais.
C’est à ce moment qu’une bombe explose… depuis le fourgon relai de CNN, on aperçoit le corps de la journaliste étendu parmi les débris…

Et là, on remonte le temps en passant la séquence en accéléré.
Il est tant de voir la scène à travers les yeux d’un nouveau personnage…

Autant le dire tout de suite. Le film ne vaut que pour cette originalité.
Evidemment, au fur et à mesure que le film avance, le spectateur en saura un peu plus sur l’intrigue, plus compliquée qu’il n’y paraît.
La « simple » tentative d’assassinat se muera en dangereux complot international.

L’histoire racontée à travers différents points de vue n’en est pas à son premier essai.
Rashômon de Kurosawa et Usual Suspects de Brian Singer avaient déjà brillé au firmament des classiques du cinéma en utilisant cette technique.
Mais, chacun possédait un excellent sens de la mise en scène et ne se contentait pas de se reposer sur un scénario décousu.

Ce que ne fait pas le réalisateur Pete Davis.
Je suis persuadé qu’il a commencé avec des séries télé. L’image est plus brouillonne qu’autre chose, les couleurs flashent sans rien apporter, les cadrages sont assez approximatifs et aucun plan n’est assez réussi pour retenir l’attention.
Balancer la caméra à droite à gauche et multiplier les plans d’une même scène n’est pas synonyme de mise en scène dynamique.

Quant aux fameux retours en arrières, ils sont toujours annoncés de la même façon :
une scène se déroule sans accroc quand brusquement un évènement inattendu perturbe la narration et paf, l’écran se fige et les images se mettent à défiler en arrière.
Le système est efficace puisqu’il entretient la tension mais il finit par devenir le leitmotiv du film.
Au final, on n’attend plus de savoir ce qui va se passer puisqu’on le sait mais comment les personnages vont réagir à la situation.

Cette succession de rebondissements qui donne envie au spectateur d’en savoir plus rappelle fortement l’écran noir des mangas qui entrecoupe une scène importante ou le « à suivre » des séries télé.
Mais là, c’est un film. Il doit être vu d’un bloc pas en saynètes.
Bref, la réalisation en fait trop et on a parfois l’impression de suivre un mauvais épisode de 24h Chrono…

A force d’essayer d’en faire le plus possible, le réalisateur s’empêtre dans une réalisation des plus banales.
A la rigueur si le film n’avait pas été si avare en action on aurait pu lui pardonner mais ce n’est pas le cas. On assiste à une dizaine d’explosions durant le film mais c’est toujours la même, vue sous des angles différents.
Filmée sans inventivité avec 15 caméras, la course poursuite finale n’arrive jamais au niveau de celles de Rock ou des Bad Boys. Même en France on est capable de faire mieux (Taxi, Le Boulet, Le Transporteur…)

Le scénario est plus intéressant que ce qu’il paraît mais repose sur l’éternelle attaque terroriste. Après l’attaque du 11 septembre, le cinéma Hollywoodien avait décrété qu’aucun rapport au désastre ne serait toléré sur les écrans. On efface donc les plans des tours jumelles filmés avant leur destruction (Spiderman perd la scène de l’hélicoptère coincé entre les 2 tours dans une toile géante) et on repousse les sorties des films de guerre (Echec au box office pour le Windtalkers de John Woo)…

Aujourd’hui, les films sur la guerre en Irak fleurissent et les méchants sont forcément du Maghreb ou du Moyen Orient. Le cinéma est le défouloir des nations, ce qui ne peut être fait en vrai, faisons le à l’écran ! Et donc encore une fois, c’est le type de peau basané qui va s’en prendre plein la tronche pour la glorification des Etats Unis.

Beaucoup de morts à l’écran mais pas de sang à l’horizon. Les taches rouges sur les chemises blanches, ça fait tache justement. Après tout c’est un divertissement, on n’est pas obligé de faire dans le réaliste.
Oui après tout pourquoi pas.

Pourquoi ne pas passer une heure à essayer de nous présenter une situation avec tous les détails pour qu’elle soit le plus crédible possible avant de sombrer dans le ridicule en suivant les péripéties de héros surhumains qui vont triompher sans mal des vilains terroristes.

Le flic espagnol se fait renverser par deux voitures sans interrompre sa course, le super agent parvient à neutraliser à lui tout seul une dizaine de gardes de la sécurité et même le badaud du coin n’hésite pas à se jeter sur la route pour sauver une petite fille.
Mais la palme revient au garde du corps qui après s’être fait écraser contre un mur, dans sa voiture, par un camion, casse le pare brise et repart comme en 40.
Et bien sûr prendre une balle dans l’épaule ne l’empêchera pas de vider son chargeur sur les derniers méchants du film (qui forcément visent comme des pieds)…

Ah, là, là, ils sont vraiment trop forts ces américains !

Malgré un très bon casting (Sigourney Weaver, Dennis Quaid, Forest Whitaker pour ne citer qu’eux !), les rôles ne sont que les stéréotypes évidents de ce genre de production aseptisée.

La réalisation combine ce qui se fait de plus pénible aujourd’hui (montage hachée, peu de travail visuel, beaucoup de bruit pour rien) et le scénario, qui aurait pu devenir un modèle du genre, reste au niveau des pâquerettes.

Les retours en arrière ne sauvent pas une mise en scène sans inventivité.
La première fois que l’on voit la scène principale, c’est impressionnant, au bout de 10 fois ça l’est moins.
Le film se regarde et s’oublie aussitôt. Encore quelques millions de dollars de budget partis en fumée. Quel gâchis !

Note : *