mercredi 17 septembre 2008

Another Day in Paradise



"Encore un jour au paradis", difficile de faire plus ironique comme titre!
Tiré d'un roman écrit par un ex-détenu (Eddie Little), le film dépeint le quotidien de Bobbie, un ado à la dérive vivant avec sa copine Rosie, qui se laisse embarquer dans un coup fumant par Mel (James Wood), un truand et dealer charismatique.
Argent facile, drogue à volonté, risques limités et tous frais payés, comment un jeune délinquant pourrait-il passer à côté?
Prisonniers d'une vie faite de casses et de seringues, les personnages vivent au jour le jour jusqu' au jugement final (la mort ou la taule). Malgré eux, Mel et sa compagne Sid (Mélanie Griffith) jouent les parents que Bobbie et Rosie n'ont jamais eu. Et ces deux derniers deviennent les enfants que le couple ne peut pas avoir.
Mais comme dans toutes les familles, il faut bien qu'un jour les oisillons s'envolent du nid…ce qui ne plait pas à Mel qui considère malgré tout plus Bobbie comme un associé que comme un fils.
Sexe, drogue et Rock an' Roll.
L'ancien photographe réputé, Larry Clark, est devenu un cinéaste à scandale avec "Kids", n'hésitant pas à montrer à l'écran ce que beaucoup considèrent comme de la pornographie.Mais ce serait dommage de résumer ses œuvres, à cette seule idée, partiellement fausse d'ailleurs.
Tout d'abord, le passé de Clark en tant que photographe se ressent dans chaque scène.
Les plans sont léchés et les couleurs ressortent idéalement grâce à un magnifique contraste. Ensuite, il filme de façon quasi documentaire sans jamais avoir à faire à des effets de caméra.
Par exemple, le film ne possède aucun ralenti! Et c'est ce style quasi particulier, qui ancre le film dans une réalité palpable à tout moment. Notamment, lorsque les armes à feu se déchargent à l'écran.
Ca tombe bien que j'ai regardé "Destination Graceland" juste avant pour pouvoir comparer un film à la violence spectacle assumée et un autre beaucoup moins impressionnant mais paradoxalement plus choquant.
Car, ici, les balles ne fusent pas dans tous les sens lors de fusillades endiablées avec maints effets sonores à la clé ; chaque tir est mortel et le fait d'utiliser la caméra à l'épaule nous remue les tripes. Il n'y a qu'à voir la scène où Mel bute un couple froidement pour comprendre ce que je dis...
Quant aux scènes, soit disant porno, elles sont présentes mais jamais gratuites. Si deux personnages font l'amour, c'est que la scène est importante dans leur relation. Que les images soient crues, c'est une chose mais le film est aux antipodes de ce que peut proposer un "American Pie" en termes de crédibilité sexuelle. Car, chez Clark, ces scènes représentent une partie de la vie et ne pas les montrer serait de l'hypocrisie pure et simple.
Il faut ajouter aussi qu'à l'aide d'une photographie magnifique ses scènes n'ont rien à voir à celles d'un vrai porno.Que celui qui trouve celles de "Ken Park" excitantes aille consulter un psy sans attendre!

Mais Larry Clark est aussi un excellent directeur d'acteur. Il les pousse véritablement à bout pour obtenir d'eux des performances incroyables.
Mélanie Griffith est transfigurée dans ce rôle de junkie qui manie le fusil à pompe tel Patricia Arquette dans "True Romance". Les deux adolescents sont incroyables, tant Vincent Kartheiser, entraîné malgré lui dans cette descente aux enfers, que Natasha Gresson Wagner, vraiment mignonne dans son rôle de séductrice coquine qui essaietant bien que mal de suivre Bobbie mais qui se rend compte qu'elle ne tiendra pas le coup.
Mais celui qui crève l'écran, c'est bien sûr James Wood.
Habitué aux rôles à double facette : le traître de "Il était une fois en Amérique" ou le flic porté sur le sexe de "Cop", il réalise ici une performance époustouflante qui fait que malgré ses excès de colère, son intérêt pour la bouteille et son caractère parfois pervers (la boîte gay), son personnage reste toujours attachant.
Au passage, j'ai apprécié la présence (bien que fugace) de Peter Saasgard; l'excellent acteur de "Jarhead" et "Garden State".
Les dialogues sont aussi très travaillés, notamment quand ils remettent en question les personnages. "Tu joues les durs avec Mel, mais quand il s'agit de prendre des responsabilités tu redeviens un garçon immature!" dixit Rosie à Bobbie lorsque elle lui apprend qu'elle veut garder le bébé.
Ils sont aussi crus que les images : j’ai noté un nombre incommensurable de "…fucking…" et appellent une chatte une chatte (du moins pour la VO) mais c'est ce qui leur donnent ce côté quasi improvisé. Bref, ça sonne vrai!
Pour finir, la bande son est composée de tubes rock et pop assez calmes qui donnent au film une impression de légèreté, comme si l'on planait nous aussi sous l'emprise d'une substance hallucinogène…
Bien que parfois comique, lorsqu'un prêtre s'établit comme vendeur d'armes (la religion comme self défense!^^), le film est souvent difficile à supporter. L'existence désespérément vide des personnages (rappelée par l'écran de télé qui grésille) est en effet marquée par des séquences brèves mais marquantes.
Un film coup de poing qui secoue l'estomac et met parfois mal à l'aise mais dirigé d'une main de maître par un orfèvre du cinéma indépendant qui ne recule devant rien. Le film n'est pas destiné à tous les publics.
Pour ma part, élevé au film d'action qui se finit indubitablement par une fusillade rédemptrice, j'ai été surpris (et un peu déçu) par la fin. Mais bon, c'est juste ma façon de voir les choses qui influe sur la note.
Drame pessimiste de très grande qualité, porté par des acteurs convaincants, le film mérite vraiment le coup d'œil. Si vous êtes assez matures pour voir ses films, Larry Clark est un cinéaste que vous auriez tort de bouder!
Au passage, le film a reçu le grand prix au festival du film policier Cognac, en 1999.
Note:**

Destination Graceland


Parfois, je farfouille dans des boutiques de DVD et je tombe sur des films dont je n'ai jamais entendu parlé mais dont le casting m'interpelle. Par exemple, "Mad Dog and Glory" avec Bill Murray, Uma Thurman et Robert de Niro ou encore un film de Sydney Lumet avec pas moins que Dustin Hoffman, Sean Connery et Matthew Broderick devant la caméra.

Malheureusement, ces films s'avèrent souvent décevants, sacrifiant le scénario et la réalisation aux acteurs eux-mêmes.

C'est donc sans grandes espérances que j'achète ce "Destination Graceland". Un face à face entre Kurt Russell et Kevin Kostner, ça ne se refuse pas comme ça!
Quand en plus, Christian Slater (un acteur que j'apprécie beaucoup qui a joué dans des films d'action musclés :"Broken Arrow", des comédies noires : "Very Bad Things", ou des policiers décalés : "True Romance") et Courteney Cox, révélée par "Scream" et la série adulée : "Friends", jouent les seconds couteaux, on se dit que l'aventure mérite le coup d'œil!


Murphy (Costner), ex taulard et fan d'Elvis monte un braquage de casino avec son compagnon de cellule Michael (Russell) et 3 autres truands. Mais le casse vire au carnage et les gangsters n'ont plus l'intention de se partager le magot. Une course poursuite sanglante s'engage alors entre les anciens complices.

Le générique, où l'on assiste à un combat de scorpions en image de synthèse, monté avec les pieds me fait augurer du pire. Néanmoins, il me rappelle celui de "Doberman" de Ian Kounen, film d'action violent ultra stylisé, ce qui me laisse plus dans l'expectative que dans le rejet direct du film.

120 minutes plus tard, je me dis que j'ai bien fait. Le film est loin d'être un chef d'œuvre, personne ne dira le contraire, pourtant il tient la route.

Le réalisateur Demian Lichtenstein, pour ma part inconnu au bataillon, est énormément influencé par ses aînés. Oliver Stone d'une part chez qui il emprunte les couleurs flashy et les angles de caméra biscornus (qu'on retrouve dans "Tueurs Nés") et Tony Scott, dont il récupère le montage haché et les effets de caméra fulgurants (cf "Domino").

Son film est une comédie d'action pour adultes (interdite aux moins de 16 ans) comme je les aime ; qui enchaîne fusillades spectaculaires, personnages déjantés mais savoureux, et répliques teintées de sous entendus graveleux.

Malgré une disparition plus que rapide de la moitié du casting dont Christian Slater, qui ne faisait que passer, le trio de tête "Russell/Costner/Cox" assure le spectacle.

Face à un Kevin Costner, psychopathe sadique et violent, parfaitement à l'aise dans ce rôle à contre courant de ses habitudes (jouer le méchant, en gros^^), Kurt Russell fait ce qu'il sait faire de mieux : l'armoire à glace au grand cœur. Acteur fétiche de John Carpenter, Kurt Russell m'a toujours convaincu dans ses rôles : colonel suicidaire dans "Stargate" ou mari désemparé dans "Breakdown", il ne réduit jamais son jeu à son seul physique et parvient à rester crédible tout en déployant un humour au second degré dont il a le secret…

Quant à Couteney Cox, c'est une vraie pile électrique sur pattes. Elle joue l'hystérique paumée et amoureuse malgré elle avec un plaisir évident. Sans oublier de filer compagnie aux gros durs avec le fric quand ça l'arrange.

Le scénario, plutôt simpliste au départ, se complexifie rapidement et fait intervenir la palette de personnages secondaires indispensable au genre de la comédie policière. Murphy s'entiche donc d'une pouf durant son périple et Michael doit se coltiner Cox et son fils, pour le moins débrouillard mais véritable graine de AAA (Against All Authority^^).

Puis viennent les inévitables flics (dont un qui se la joue cow boy, ce qui donne une séquence de duel assez surréaliste…) et les sbires du méchant (avec une apparition de Ice T, véritable machine à tuer!)

Bien qu'un peu longuet parfois, le film enchaîne les retournements de situation, ce qui permet de ne jamais se lasser. Enfin, malgré un petit budget évident (le reste est passé dans le cachet des acteurs), le réalisateur se débrouille pour ne pas donner dans le déjà vu et la facilité, notamment en choisissant bien ses plans et en utilisant en montage travaillé.

Le film est particulièrement violent mais inhibé par son côté feu d'artifice permanent :
Des couleurs que ne renierait pas Baz Lhurman ("Romeo + Juliette"), des fusillades, qui empruntent autant à John Woo qu'à Tarantino, qui abusent des ralentis et où les victimes sont projetées sur plusieurs mètres, des explosions filmées sous quinze angles différents et des répliques cinglantes bourrées de noms d'oiseaux en tous genres

De la violence gratuite, oui, mais sans autre prétention que de divertir. La non crédibilité du film est totalement assumée comme lorsque deux balles se croisent lors d'un duel ou quand Costner dézingue de la voiture de flic à la mitrailleuse façon "Terminator 2".

Et même si le tempo ralentit lorsqu'un personnage important meurt (la musique s'efface et le son se fait lointain), la bande son décoiffe! Mélange de rap US de bonne qualité (pas la soupe qu'on nous balance sur les ondes), de métal bourrin et de chansons d'Elvis Presley (!), la musique apporte un punch non négligeable au film.

Bref, ce qui aurait pu donner un patchwork sans consistance, se révèle finalement agréable à l'écran. C'est donc plutôt une bonne surprise de voir que la présence des acteurs n'empêche pas le réalisateur de travailler l'esthétique de son film. En d'autres mains, il aurait pu tomber plus bas…

Note:**

Shrek 2


Il était une fois, il n' y a pas fort longtemps, au pays des sociétés de films d'animation 3D, vivait le roi Pixar. C'était la société la plus rentable. Son talent était tel qu'il réussissait là où ses potentiels concurrents s'y cassaient les dents. Nul ne lui arrivait à la cheville.
Mais un beau jour, surgie d'on ne sait où, une petite société du nom de Dreamworks allait changer la donne.
Loin de bouleverser les codes du film d'animation, elle allait en revanche s'attaquer à la racine même de Pixar. Car Pixar était possédé par Disney, qui s'était fait un nom en adaptant des contes pour enfants.
C'est alors qu'un scénariste de génie décide de remettre ces contes au goût du jour mais en les tournant en dérision. Aussitôt dit, aussitôt fait, Dreamworks s'attelle à la tâche et façonne ce qui deviendra l'égérie du studio : un ogre vert et pétomane de surcroît…
Loin de toucher à sa fin, le règne des personnages de Pixar allait désormais devoir se partager avec celui de Shrek.
Car le film est un carton planétaire et permettra même aux scénaristes-en panne d'inspiration- de lancer la mode du conte de fées revisité : ("la véritable histoire du petit chaperon rouge", "le vilain petit canard et moi"…).
Quoi de plus naturel alors qu'un "Shrek 2" débarque sur nos écrans?
C'est peu dire que le film était attendu avec impatience mais après avoir parodié autant de contes dans le premier on pouvait craindre à un "on prend les mêmes et on recommence".
Et c'est une excellente surprise de voir que le film ne se contente pas de parodier les contes une fois de plus mais se permet des reprises savoureuses des grands films Hollywoodiens.
Grosse parodie qui tache ou simple clin d'œil, les scénaristes s'en sont donnés à cœur joie.
En vrac, on reconnaît "Le seigneur des anneaux", "Spiderman", "La petite sirène", 'les Blues Brothers", "King Kong", "Garfield", "Peter Pan", "Zorro", "Cendrillon", "Hansel et Gretel", "Pinocchio", "Mission Impossible", "les 3 petits cochons" … Un rêve pour tout cinéphile!
Alors le film ne serait qu'une banale compil de détournements sans véritable lien scénaristique?
Eh bien non! Il peut même se targuer de non seulement posséder un excellent scénario, riche en rebondissements et aux personnages travaillés mais en plus de nous faire passer du rire aux larmes (bon les larmes, faut pas exagérer non plus^^) avec une grande facilité (la scène du repas avec les parents reste le meilleur exemple) sans avoir recours à des artifices et des grincements de violons.
Cela est dû à des personnages attachants et plus complexes qu'ils n'y paraissent.
Chacun à sa personnalité et se révèle parfaitement crédible dans ses actes et ses agissements.
Sans oublier une direction artistique de la plus haute qualité.
Visuellement, le film est de toute beauté; les couleurs chatoyantes flattent la rétine et la fluidité est impeccable.
Mais le côté sonore n'est pas en reste non plus…
Tout comme le premier "Shrek", le film possède une bande son très riche et entraînante. Et même si les chansons n'atteignent pas le niveau de "All Stars", "I'm a believer" et "Bad Reputation" (pour ne citer que celles là) que l'on trouvait dans le 1, celle de la poursuite dans la fabrique de potions et "I need a hero" mettent l'ambiance!
De même, on a plaisir à retrouver la magnifique symphonie enregistrée pour le premier.
On doit cette partition, digne d'un vrai film d'aventure, à Harry Gregson Williams qui avait œuvré sur l'inoubliable musique du jeu vidéo "Metal Gear Solid" et plus récemment sur celle toute aussi réussie de "Sinbad, la légende des 7 mers".
Enfin, le film ne serait pas ce qu'il est sans son doublage impeccable.
Que ce soit en VO ou en VF, les acteurs ont accompli un travail formidable.
Ne tergiversons pas des heures, "Shrek 2" est une petite merveille de l'animation portée par un humour iconoclaste et irrévérencieux qui ne tombe jamais à plat (et la chose est suffisamment rare pour être signalée!), des comédiens en osmose totale avec leur représentation à l'écran et un scénario qui malgré son univers féerique, ne sombre jamais dans les enfantillages et la facilité.
Note:***

Le flic de Beverly Hills 3


A de rares exceptions prêt, les suites se révèlent souvent inférieures à l'original.
Le détective Axel Foley est de retour, et il n'est pas content : au cours d'une embuscade, son chef Todd se fait descendre. Axel va alors tout mettre en oeuvre pour retrouver l'assassin qui se trouve être le chef de la sécurité d'un parc d'attraction.
Comme d'habitude, il va faire équipe avec son ami, Billy Roswood, ridiculiser ses ennemis et rendre fous ses supérieurs hiérarchiques.
J
e ne parlerai pas du 2 car j'en ai qu'un vague souvenir. En revanche, comparé au premier film, le 3 fait vraiment pâle figure!
Là où Martin Brest faisait mouche avec un budget ridicule mais des bonnes idées en pagaille, John Landis se plante complètement.
Pourtant, le réalisateur des « Blues Brothers » et de « un fauteuil pour 2 » (avec Eddy Murphy d'ailleurs) a prouvé qu'il savait y faire en matière de comédie. Et son « Loup garou de Londres » est parfaitement crédible dans la noirceur et la violence. Alors, qu'est ce qui a foiré?
Tout d'abord, le premier comportait peu de scènes d'action mais elles étaient originales (la poursuite en camion au début), portées par une musique entraînante et une mise en scène qui privilégiait la comédie (même si le film avait ses moments forts comme l'assassinat de Mickey). Ensuite, Eddy Murphy était souvent secondé par le duo génial Judge Reinhold/John Ashton.
Et le tout baignait dans une ambiance adulte (club de strip tease, histoire de drogue) qui évitait les gags vaseux ou la violence gratuite. Bref, le film possédait une pêche incroyable!
Parlons du 3, maintenant.
Le film est bourré de scènes d'action, oui, mais elles sont plus affligeantes les une que les autres.
Début du film: un groupe de faux garagistes se fait descendre après avoir dansé sur un morceau de Diana Ross. On est censé en rire? Surtout que leur danse est loufoque alors que la violence qui suit est presque choquante (la scène du gars dans la voiture dont le pare brise est criblé de balles en moins d'1 seconde).
Juste après on repasse à la comédie, quand Axel et son équipe se planquent derrière une vraie passoire. Puis on continue dans l'action comédie où Axel poursuit le fourgon en tirant depuis une voiture bonne pour la casse, sans jamais recharger son flingue.
Voilà, le film oscille entre sérieux et comédie sans jamais garder la moindre crédibilité.
Question manque de crédibilité, la fin est digne de figurer dans les records! Axel, muni d'une arme multifonctions cherche à tirer mais à chaque fois il se trompe de bouton, se cache derrière un banc pour éviter les balles puis surgit en essayant un autre bouton. Les tireurs continuent de mitrailler le banc sans jamais prendre d'initiative plus intelligente... comme contourner le banc.
Et alors que l'un d'eux se fait descendre par une rafale, son acolyte reste raide comme un piquet sans même chercher à se mettre à l'abri... Affligeant! On se croirait dans un jeu vidéo! XD
C'est incroyable comme les balles suivent une trajectoire différentes quand il s'agit d'un gentil ou d'un méchant qui appuie sur la détente...
Un méchant tire sur un gentil et la balle va toujours se loger dans le bras ou la jambe (sauf quand le gentil doit mourir pour le scénario). Un garde tire sur l'équipier de Roswood depuis une nacelle (autrement dit vers le bas) mais ne parvient même pas à le toucher alors que l'autre ramasse une arme et dégomme le tireur du premier coup en tirant en l'air. Déjà que le tireur est assez éloigné et protégé par le métal de la nacelle, le film zappe complètement l'effet de recul des armes. Ca devient lamentable!
L'autre morceau de bravoure du film, c'est la scène de la grande roue. Evidemment, qui dit parc d'attraction dit inévitables gamins en détresse à sauver. Eddy bondit donc de nacelle en nacelle avent de se laissser glisser le long d'une corde. Essayer de faire ça sans porter de gant, vous allez voir , ça chauffe! Mais bon...
Quant à la musique, Harold Fatelmeyer laisse sa place à Nile Rodgers qui récupère heureusement le célèbre thème que tout le monde connait maintenant (à cause d'une certaine grenouille bleue...) mais nous livre une partition pitoyable : une espèce de mix entre beat techno et quelques notes prises au hasard.
La musique n'a absolument aucune envergure, aucun style et les scènes de baston perdent tout leur charme pour ressembler à celles d'un téléfilm touné pour M6.
Le duo Billy/Tagart ne refait pas surface, John Ashton ayant eu le nez fin en lachant l'affaire. Judge Reinhold se démène donc comme il peut pour éviter de faire de la figuration, surtout lors d'un déploiement de flic (qui rappelle celui des « Blues Brothers », toutes proportions gardées..^^) mais le film est avant tout un Eddy Murphy 's show.
Enfin l'ambiance adulte est restée en retrait. Déguisé en éléphant, Axel subit les assauts de sales
gamins, danse avec les vedettes du parc et une employée tombe immédiatement amoureuse de lui.
Parfois le film frôle même le mauvais goût, comme quand Axel se sert d'un cadavre pour indiquer une fausse direction ou pour la pub sur l'arme d'autodéfense.
Malgré tout, le tableau n'est pas totalement noir. Quelques scènes rattrappent le niveau : Axel qui clame devant une salle entière qu'il va faire la peau à De Wald sans que personne ne comprenne, un méchant au nez cassé qui entrouve une porte avant de se prendre un bourre pif (cf « la chèvre » avec Pierre Richard), un airbag qui se déclenche pendant une course poursuite, des policiers qui font irruption avant de se vautrer sur un cadavre (aussi de mauvais goût certes, mais le burlesque l'emporte sur le choquant), Serge qui vend des armes comme s'il s'agissait de produits de beauté et 2 ou 3 passages que j'ai déjà oublié...
Bref, le film est à l'image du parc : une attraction où l'on se gave de pop corn. Mais trop violent pour les enfants, trop chiant pour les autres, le film se destine en priorité aux fans d'Eddy et aux amateurs d'action pas trop regardants sur la qualité.
Note: *

Qui veut la peau de Roger Rabbit?


Le duo gagnant Robert Zemeckis/Steven Spielberg de « Retour vers le futur » renouvelle son exploit en créant cette rencontre improbable du réel et du dessin animé.
Bien sûr, le procédé ne date pas d'hier.
Déjà dans les années 60, les acteurs de « Mary Poppins » donnaient la réplique à des pingouins-serveurs.
Mais le procédé mis au point par ILM (la société d'effets spéciaux crée par George Lucas, plusieurs fois récompensée aux oscars) permet d'animer chaque toon (personnage de cartoon) en fonction des mouvements des acteurs tout en leur donnant un aspect tridimensionnel. Le résultat est spectaculaire : les intéractions humains/toons/décor sont sidérantes (pour l'époque^^) de réalisme.
Mais, à l'opposé d'un « Space Jam » ou d'un « Looney Tunes:back in action » où la technique s'accapare la couverture au détriment d'un scénario famélique, le film est un mélange impropable entre la comédie pour enfant et le film policier.
Bien que l'on retrouve les personnages de Walt Disney et Tex Avery de notre enfance, le scénario est adulte et empreint d'une noirceur innatendue.
Le film suit l'enquête d'un détective privé, à moitié abruti par l' alcool, qui se retrouve avec un lapin toon, impliqué de meurtre, sur les bras.
Ce qui rend le film crédible c'est le traitement des personnages. Les toons habitent dans une ville et ils travaillent comme les humains. Le film regorge de scènes genre mise en abyme ou la réalité et la fiction se rejoignent. Par exemple, la première scène est modèle du genre : le film commence comme un dessin animé normal jusqu'à ce qu'on se rend compte qu'il est en train d'être tourné et que les toons sont en fait des acteurs!On croise Betty Boop dans un bar, toujours en noir en blanc, qui regrette de ne plus plaire autant qu'avant et les pingouins de « Mary Poppins » que j'ai évoqué plus haut sont toujours serveurs.
Habile clin d' oeil à l'avancée technologique^^
Jessica Rabbit dit qu'elle est juste dessinée comme elle est. Enfin, le paroxysme est atteint quand Roger regarde un film au ciné...
Les toons ont donc conscience de leur particularité et possèdent une vie propre.
Les acteurs ont réussi un tour de force en restant toujours crédibles à l'écran, vu qu'ils parlent dans le vide pendant le tournage. Bob Hoskins, acteur caméléon (plombier sympathique dans « Super Mario Bros », caid brutal dans « Danny the Dog », militaire sadique dans « Stalingrad ») incarne à merveille le détective Eddy Valiant. Il ne surjoue jamais et trouve là, un de ses meilleurs rôles!
Face à lui, le juge est habilement incarné par le toujours excellent Cristopher Lloyd.
Scientifique loufoque dans « Retour vers le futur, medecin zélé dans « Une journée de fous » ou «oncle déjanté dans « la famille Adams », l'acteur réussit là une composition remarquable de sadique psychopate. Son costume noir de la tête au pied et son haut de forme lui donnent un air de Jack L'éventreur, quant à sa personnalité, on pense au docteur Jekkyl et à son double maléfique.
Quant aux toons qui interviennent dans le film, ils sont tous excellents. De la bande de fouines, véritables caricatures de la mafia époque prohibition, en passant par la pulpeuse Jessica Rabbit, réplique de la « femme fatale » des films noirs, à l'incontournable lapin bondissant et hystérique du titre, chaque personnage a fait l'attention particulière des scénaristes.
L'humour habituellement bon enfant de ce genre de production est heureusement absent. Eh oui, le film n'est pas distribué par Disney mais par Touchstone.
Aucune insulte à l'horizon ni de langage cru, ce qui n'empêche pas les personnages de parler (implicitement, pour ne pas choquer les petits n'enfants) de sexe, d'alcool, de licenciement abusif et d'autres choses dont les adultes peuplent leurs conversations.
Le film est donc plus proche du polar, avec une superbe musique jazzy d'Alan Silvestri, que des cartoons du petit écran. En revanche, les courses poursuites sont complètement délirantes; au volant d'un taxi au franc parler, dans une usine désaffectée, dans un bar, le mobilier se brise, les murs explosent, les coups font voler les acteurs sur plusieurs mètres.
On est dans un cartoon live!
Les bonnes idées sont trop nombreuses pour pouvoir toutes les citer, de même que les répliques cinglantes, et toujours bourrées d'un humour décapant.
C'est ce traitement particulier de l'histoire, qui évite de tomber dans la facilité et surprend par ses rebondissements et son univers travaillé (j'adore le trou noir!!!), qui le rend appréciable à tout âge.
Lauréat de 4 oscars, énorme succès au box office et unanimement salué par la critique, que dire de plus de « Roger Rabbit », si ce n'est que c'est un film inoubliable et qu'on ne fera probablement jamais mieux en matière de scénario basé sur un monde de dessin animé...
That's all folks!^^
Note: ****

Robocop


«Robocop »... quel titre de film idiot! Pas étonnant qu'aucun réalisateur ne voulait lire le script...Même Paul Verhoeven, qui venait de terminer son remarqué « la chair et le sang » jeta le scénar par terre en refusant d'être associé à ce qui se prédisait comme une grosse bouse science fictionnesque. C'est sa femme qui, après avoir lu le scénario, plus profond qu'il n'y paraît à première vue, qui le persuade de s'attaquer au projet.
N 'étant pas un grand amateur de SF mais limité dans ses choix professionnels, Paul Verhoeven est malgré tout séduit par la violence indissociable du film et décide de le réaliser.
Sorti peu de temps après « Terminator », le film ne souffre pourtant d'aucune comparaison et ramasse le paquet au box offixe, comme quoi l'intuition féminine, ça a du bon^^!
Pour les rares qui ne connaissent pas le film, il s'agit d'un flic (Peter Weller) transformé en cyborg inexpressif suite à une série de blessures mortelles et qui va faire régner l'ordre sur la ville. Mais les souvenirs vont reprendre le dessus...
Dans la lignée directe de « Blade Runner », le film dépeint une vision assez terrifiante de l'avenir où les criminels règnent sur une ville tentaculaire et oppressante. Les hauts dirigeants bien planqués en haut de leurs immeubles imprenables se la coulent douce alors que l'insécurité grandissante s'abat dans les rues.
Robocop est donc le messie tant attendu qui va nettoyer la ville à coups de balles redemptrices. On pense évidemment à « Judge Dredd » lorsque le héros débarque dans un entrepôt de drogues en liquidant ses ennemis un par un sans broncher.

Doté d'une esthétique à mi chemin entre le comic (pour l'ambiance quasi cyberpunk et l'ultraviolence) et le manga (le design des robots), le film développe une esthétique remarquable porté par une photographie et un montage impeccables. Rien à redire sur le découpage des scènes! Plans séquences, caméra qui figure le visage de Robocop ou fusillades rapides, Verhoeven maîtrise son oeuvre de bout en bout!
Mais que serait le film sans son robot?
La conception du costume demanda à Rob Bottin (le créateur de « la chose » de Carpenter) et à son équipe 6 mois de travail pour aboutir à un robot musclé et gracieux loin du concept « statue vivante ».
De plus Peter Weller a du subir une longue préparationde mime pour se mettre dans sa peau.Le résultat est indéniable: Robocop est parfaitement crédible tout en laissant l'acteur libre de ses mouvements.
Quant à la machinede guerre ED 209, on la doit au responsable des effets spéciaux Phil Tippett.
Dans le monde de l'animation, Phil Tippett est une légende. S'inspirant du travail de Ray Harryhausen (« le 7ème voyage de Sinbad », « le choc des titans ») et de Willis O' Brien (King Kong), nommé la rétroprojection, il a effectué une transition incroyable entre les techniques traditionnelles image par image et les images de synthèse.
Il a notamment contribué à « Jurassik Park », « Starship Troopers » ou encore « l'Empire contre attaque » (les AT AT c'était lui..).
Bref le talent de l'animateur est évident dans le film; mention spéciale à la scène où le ED 209 tombe dans l'escalier et trépigne comme un bébé colérique!
Porté par une musique puissante, le film prend parfois l'allure d'une épopée fantasy et Robocop devient une espèce de guerrier assoiffé de vengeance. Rien de plus normal quand on sait qu'avant de devenir le compositeur attitré de Verhoeven, Basil Poledouris avait oeuvré sur la magnifique musique de « Conan le barbare ».
Plus concrètement, le film est partagé entre une violence exacerbée et une virulente critique de la société américaine.
Ultraviolence à la fois ludique; où les méchants meurent au ralenti, criblés de balles, où les explosions et cascades en tous genres sont légion. Difficile de ne pas esquisser un sourire quand un braqueur de superette prend un vol plané avant de s'encastrer dans une vitre de surgelés, difficile aussi de ne pas apprécier la virtuosité de la fusillade dans l'entrepôt de drogue où Robocop dégomme ses ennemis en avançant inexorablement avant de faire traverser un méchant à travers 3 vitres à la suite sans palabrer.
Mais aussi ultraviolence choquante. Là, Je pense à 2 scènes marquantes. La première est évidemment la mort de Murphy. D'un coup de fusil à bout portant, il se fait arracher une main avant d'être criblé de balles et d'en prendre une dans la cafetière. Cette mort horrible à même fait s'abattre la censure sur le film. Cette scène est due au souhait du réalisateur qui en guise de préambule à la résurrection de son personnage sous forme de cyborg, voulait montrer l'une des scènes les plus violentes de l'histoire du Cinéma; sorte d'analogie avec la crucifixion.
La seconde est celle de la mort d' Emil. Complètement liquéfié par un produit chimique, il se fait écraser par une voiture. L' immonde maquillage et la violence de l'impact accompagnés par un montage serré et des bruitages suggetifs (on n'a aucun mal à imaginer la chair coller au pare brise...) en font une séquence totalement répugnante.
Accroc de la provoc, les films de Verhoeven sont des modèles de subversion. « Robocop » est parcouru d'infos télévisés et de messages publicitaires où les erreurs de contrôle d'un rayon satellite entraînent un incendie gigantesque et où les familles jouent à la guerre nucléaire sur jeu de plateau.
Les personnages ne sont pas épargnés non plus. Les hauts dirigeants sont tous corrompus et une erreur qui se traduit par la mort d'un membre du conseil est vite étouffée. Personne n'est irremplaçable...Le héros est un jeune blanc bec arrogant qui confond la réalité et la télévision ( faire tournoyer son révolver ne le rendra pas invincible)
Si Robocop ne se souvient pas de son nom, c'est parce qu'il n'est qu'un simple produit industriel or le film se passe à Détroit, capitale de l'industrie automobile américaine...
Cette perte puis recherche d'identité est l'un des thèmes principaux du film.
Parcourant sa maison vide mais riche en souvenirs, il n'aboutira au but de sa quête qu' à la fin du film où il lance sa réplique « je suis Murphy » riche de sens. Ou quand l'homme prend le dessus sur la machine.
Bien qu'un peu daté dans le domaine des effets spéciaux, Robocop est un chef d'oeuvre des années 80. Film d'action noir et violent mais également empreint d'émotion, porté par des acteurs convaincants, une BO superbe et une réalisation épatante, c'est aussi un brûlot anti conservateur et anti capitaliste. Un film culte et incontournable.
Note ****

Le fantôme de Barbe Noire



Steve, entraîneur, arrive dans la petite bourgade paumée de Godolphin pour s'occuper de l'équipe d'athlètes du collège. Enfin, athlètes c'est un bien grand mot quand on voit que le spécialiste du lancer de poids n'est pas fichu de soulever le capot d'une voiture...

Fatigué du voyage, il décide de se rendre à son hôtel, bicoque en ruine fait de bric et de broc avec des épaves de bateaux et tenue par une bande de vieilles femmes un peu farfelues qui organisent une vente de charité pour éviter que leur baraque tombe entre de mauvaises mains; en l'occurence celles d'un proprio de casinos véreux.
Tout ne va pas spécialement fort pour Steve quand en plus, par une astuce scénaristique, il se
retrouve en face du fantôme de Barbe Noire.

Alors qu'on aurait pu s'attendre (en toute logique) à un féroce pirate sanguinaire, ce fantôme est un ivrogne pleurnichard incapable d'avoir la plus petite étincelle de gentillesse. Et c'est justement ce qu'il lui faudra pour retourner au pays des morts...

Personnages loufoques mais bien interprétés, humour bon enfant, cascades originales, effets spéciaux banals mais bien utilisés, bagarres où les protagonistes détruisent un décor en carton pâte... le film est une comédie Disney à l'ancienne comme on n' en fait plus.

Devant la caméra, Dean Jones est fidèle à lui même dans le rôle du personnage sûr de lui mais qui perd vite ses repères face à une situation qui lui échappe.

Vétéran de la comédie Disneyienne (« 4 bassets pour un danois », « Bethoveen », « un amour de coccinelle »...), l'acteur arrive à faire croire à la présence du fantôme et a le mérite de passer du célèbre flegme britannique à l'hystérie complète au cours de la même scène. Ces exagérations sont souvent typiques de la comédie de situation.

Barbe postiche, sabre à la ceinture et bouteille à la main, le fameux pirate est campé par un Peter Ustinov au mieux de sa forme. Loin des personnages dramatiques de « Mort sur le Nil » ou « Spartacus », il prête sa bonne humeur et sa bonhommie à ce personnage, au final plus attachant qu 'il en a l'air.

Les 2 acteurs se donnent la réplique avec une complicité évidente et poussent même la chansonnette vers la fin.

Mais hormis l'interprétation, le pricipal (si ce n'est le seul) intérêt du film réside dans le fait que seul Steve a conscience de son acolyte : pour les autres, il est invisible. Le film accumule donc les scènes où les objets volent dans les airs (crayon, bouteille, carnet de PV,...) et où les acteurs parlent dans le vide, font semblant de trébucher ou de se prendre des coups.

Comme souvent dans ce cas là, le film accumule les bonnes idées sur le papier (plus ou moin bien retranscrites à l'écran) mais sa réalisation vieillote (la voiture filmée au ralenti; et donc vue en accéléré; fait pâle figure, les couleurs sont assez fades, la musique se fait rare et le montage manque de panache) nous plonge souvent dans l'ennui.

Heureusement, à la fin du film, les scénaristes se réveillent et la dernière partie réserve son lot de bonnes surprises. Le fantôme va à lui seul faire gagner une équipe d'athlétisme en usant de son invisibilité et par la suite rouster les gardes du corps du casino. Dans ces moments là, les effets spéciaux judicieusement utilisés et quelques bruitages suggestifs suffisent pour nous faire oublier les 60 minutes précédentes où le scénario tournait en rond.

Et puis malgré le label Disney, le film évite de s'embourber dans la guimauve et les bons sentiments pour donner dans l'humour irrévérencieux mais toujours bon enfant. Le fantôme est un ivrogne, les acteurs se glissent 2 ou 3 allusions sexuelles durant le film, on se moque du flic de service, l'héroine entre en transe à force de gagner aux jeux... on est loin de la petite maison dans la prairie!

Hormis un coup de vieux évident, le film mérite donc le coup d'oeil.

Note: *

La course au jouet


A l'heure où le monde entier attendait un «Terminator 3» ou un éventuel « I am a legend » de Ridley Scott, Schwarzie surprend (et déçoit) tout le monde en se fourvoyant dans un genre qui ne lui réussit PAS : la comédie familiale.
Crédible comme jamais dans les rôles du gros bill de service, il se révèle souvent assez ridicule dans la peau de monsieur-tout-le-monde...
Cette fois, il endosse le rôle d'Howard (non, pas le canard..), un père de famille tout ce qu'il y a de plus normal : obsédé par son boulot et qui laisse sa famille de côté. Multipliant les promesses qu'il ne tient jamais, Howard perd peu à peu la confiance de son fils.
C'est bien connu, Noël est la période de l'année où l'on peut se racheter et voilà papa partit à la recherche d'un cadeau spécial pour son fils : un robot tiré d'un erzats des Power Rangers.
Fidèle à lui même, Howard décide de s'y prendre la veille de Noël pour acheter le jouet, qui se trouve alors en rupture de stock...
Brian Levant, réalisateur de « Bethoveen » est un spécialiste de la comédie familiale particulièrement barrée et n'hésite pas à rajouter des tonnes d'embûches sur le chemin de croix du pauvre homme.
Mais pourquoi prendre Arnold pour le rôle principal si le film n'a pas ses scènes de bourrre pif?
Et des baffes, l'acteur en distribue à la pelle notamment au cours d'une des meilleures séquences du film; le repaire des faux pères Noël. Mano à mano ou à coup de sucre d'orge géant, notre Conan en imper s'en donne à coeur joie.
Howard n'est pas le seul à chercher son jouet, il se frottera souvent à son ennemi juré: un facteur.Les scènes où les deux acteurs se font face ne transcendent pas le genre mais ont le mérite d'être plutôt rhytmées et riches en cascades.
Du coté positif, la réalisation est plus qu'honnête et Brian Levant sait faire passer un message avec originalité, avec notamment de jolis fondus sur des enseignes de jouets, ou une roue de voiture qui se transforme en écran d'horloge. La bande son est quant à elle excellente avec une vraie compil des chansons de Noël américaines.
Les meilleures scènes du film sont d'ailleurs celles qui se déroulent sans dialogue ( les commerçants morts de rire, Arnold qui poursuit une balle dans un escalier, la parade finale...).
Certains acteurs tirent leur épingle du jeu comme ce policier malchanceux qui deviendra rapidement un personnage récurrent, une paire de vendeurs au rire particulier et même le petit Jake Lloyd (Anakin Skywalker !)qui se débrouille plutôt bien pour son âge.
Par contre l'autre côté de la balance est assez chargé...
D'abord Arnold ne se lâche jamais vraiment dans la folie malgré tout ce qui lui arrive, il reste même assez réservé. La scène finale où il se retrouve dans le costume de Turboman, censée être une parodie (Arnold incarnant un robot...) en devient presque affligeante à cause de son jeu...
Par contre, un qui ne l'est pas (réservé), c'est bien Sinbad, le facteur. Ce type est une vraie pile électrique quand il parle, il frôle parfois la crise d'hystérie.
Mais surtout, malgré l'accumulation de bonnes idées le film dégouline de bons sentiments. Personne n'est vraiment méchant, la bombe qui explose ne fait aucun dégât et le combat final est assez avare sur l'action elle même.S'il n'y avait pas ce voisin profiteur pour mettre un peu de piquant, toute cette guimauve rendrait le film trop fade.
Produit par Chris Colombus (Maman j'ai raté l'avion), le film avait tout pour devenir une critique acerbe de la société de consommation : parodie de série télé, manipulation des médias, contrebandiers de jouets qui se la jouent dealers, voisin trop entreprenant...
Mais en raison d'un manque flagrant d'ironie et de second degré, le film n'est juste qu'une comédie familiale comme celles qui sortent à cette époque de l'année : totalement formatée et qui ne choquera personne (ah si, un bras d'honneur du facteur à la fin du film, mais comme il porte le costume du méchant, on peut lui pardonner...).
En tout cas si le film a profité à quelqu'un, c'est bien à Jake Lloyd.
Jouer avec Schwarzie alors qu'on frôle les 10 ans c'est pas rien mais quand en plus on est ensuite repéré par des producteurs pour incarner l'une des ( la?) figures les plus emblématiques du cinéma de science fiction, on prie pour que personne nous pince de peur de se réveiller.
Jake Lloyd a donc débuté sa carrière avec l'un acteurs les plus connus du monde dans « la course au jouet » et maintenant tout le monde le connait car il est Anakin Skywalker...avec un jouet à son effigie! La boucle est bouclée...^^
Note: *

El Mariachi


« J'ai pas d'argent donc je ne peux pas faire un film! »Ne dites jamais ça...
Avant de connaître la consécration avec « Desperado », le réalisateur mexicain Robert Rodriguez était déjà l'auteur d'un film d'action au budget ridicule ( 7000$) dont « Desperado » n'est que le remake.
Le film met en scène 2 hommes qui débarquent dans un coin paumé du mexique. L'un pour chercher du travail, l'autre pour récupérer son fric à un parrain de la drogue. A l'aide de son arsenal dissimulé dans un étui à guitare, ce dernier va mettre la ville à feu et à sang. Manque de pot, l'autre type, guitariste de son métier, possède lui aussi un étui, c'est donc naturellement qu'il va se retrouver pourchassé par les sbires du parrain.
Petit budget ne rime pas forcément avec raté. Tous les grands réalisateurs ont commencé petit et ce qui fait la force de leurs films, c'est justement qu'on ne ressent pas le côté amateur.
C'est pas nouveau, si on n'a pas d'argent pour faire une scène, il faut trouver un moyen de la rendre moins coûteuse. Sur ce point, Rodriguez est passé maître dans l'art de la réduc. Il filme rapidement, dans des décors déjà existants ( autrement dit, qui n'ont pas été créés uniquement pour la scène), la moitié de ses acteurs ne sont pas des professionnels, il utilise un fauteuil roulant pour ses travellings, si un méchant meurt et qu'il en faut un autre pour la scène suivante, il prendra le même acteur mais lui donnera des lunettes de soleil.
Bref, même avec des fonds de tiroirs, rien ne va l'empêcher de faire son film.
A l'image du joueur de synthé dans le bar, Rodriguez est un homme orchestre : réalisateur, producteur, scénariste, musicien, éclairagiste... On n'est jamais mieux servi que par soi même et surtout ca coûte moins cher que d'engager du monde. Mais surtout, il regorge d'inventivité et ses scènes d'action n'ont rien à envier à un blockbuster hollywoodien.
Le fait à un montage excellent qui privilégie zooms, ralentis bien placés, et alternance entre plans rapprochés et plans TRES rapprochés au cours d'une même scène (qui donne au film un côté western spagguetti à la Sergio Leone).
Que ce soit pour les dialogues ou les fusillades, le spectateur est toujours au coeur de l'action.
Les acteurs sont plutôt convaincants et l'histoire ne se perd jamais en divagations secondaires (exception faite des rêves inexpliqués du mariachi).
Le ton en lui même est assez explosif : montage serré, musique de suspense répétitive à la Carpenter, tronches patibulaires, histoire de drogue et de vengeance.
A intervalles réguliers, quelques scènes de comédie font leur apparition mettant en valeur certains personnages secondaires ;comme ce gérant véreux qui fait semblant d'avoir son tiroir coincé et dont les appels téléphoniques sont passés en accéléré ou la scène de l'homme orchestre, filmée caméra au niveau de la taille dont on appréciera un craquement de mains en très gros plan. Ces scènes n'apportent rien à l'histoire mais donnent une sacrée pêche au film!
Rodriguez n'oublie pas non plus de glisser son lot de scènes romantiques (avec ballades espagnoles à la clé).
« El Mariachi » est donc assez complet en terme de narrativité et dire que c'est un simle film d'action serait vraiment réducteur.
Le film se prend rarement au sérieux, pourtant lors des scènes d'action le sang coule à flot et certaines morts, bien que sugggérées, sont presque dérangeantes; à l'image du mec qui se fait plomber la tête à la mitraillette dans le bar. On n'entend que la détonation mais on a mal pour lui...
Le héros, incapable de faire du mal à une mouche au début, finit par massacrer du méchant à tour de bras.Quant à la fin, elle est d'un sadisme inattendu...
J'ai déjà dit dans un test que les 10 dernières minutes d'un film sont les plus importantes car c'est celles là que le spectateur retiendra. On retient donc de « El Mariachi » que c'est un western urbain violent mais dont la noirceur finit par nuire à la comédie.
Le film est loin d'être inabouti et pour un si petit budget, il devient carrément une leçon de cinéma mais pour ma part je lui préfère son remake.
Note:**

H2G2 le guide du voyageur intergalactique




A l'origine, le guide du voyageur est un petit chef d'oeuvre d'humour absurde, devenu l'un des plus grands best-sellers anglais, qui fourmille d'idées complètement loufoques mais surtout difficilement descriptibles. C'est dire si le fait de le porter à l'écran était une mince affaire...

Pour Arthur Dent, la journée commence mal : alors que sa maison est sur le point d'être rasée pour faire de la place pour une autoroute, il apprend que son meilleur ami est en fait un extraterrestre et que la Terre va être détruite car elle se trouve sur le tracé d'une future voie express intergalactique.

Son unique chance de survivre est d'être pris en stop par un vaisseau spatial.

Dans l'espace, il rencontrera des bureaucrates baveux amateurs de poésie, des tapettes inhibitrices de pensées, un robot dépressif, un livre qui a raison à tout, un président à deux têtes et même son ex...

Avec ses héros qui se transforment en canapés, son cachalot volant, ses souris vicieuses et tous ses personnages délirants, le film a tout pour devenir un classique de l'humour surréaliste.


D'autant que les moyens sont à la hauteur du projet ; des images de synthèse magnifiques pour simuler un atelier de construction d'univers, des marionnettes impressionnantes de réalisme, des effets spéciaux toujours bien utilisés, du matte painting en veux tu, en voilà.
Bref visuellement, c'est impeccable et la photographie est particulièrement léchée (la recréation du monde, mélange d'images de synthèses et d'archives est excellente).

En ce qui concerne le scénario, les bonnes idées affluent et les différentes races sont vraiment travaillées. La plus représentative est sans conteste celle des Vogons. Cette race est une pure caricature de l'administration avec ses bureaucrates incapables de prendre la moindre décision sans un formulaire rempli en 3 exemplaires (« les 12 travaux d'Asterix », vous connaissez?^^), ce qui donne quelques scènes complètement délirantes où une prisonnière est libérée par simple autorisation signée ou encore des soldats qui se retrouvent bloqués par une cloture de bois fermée du côté opposé.

Mais la meilleure idée c'est que leur monde est entouré de tapettes géantes qui frappent quiconque avoir une idée...je crois qu'on peut difficilement aller plus loin dans la caricature!

La plupart des autres races ont plus ou moins apparence humaine (ce qui fait une économie sur les maquillages et les effets spéciaux) mais n'en n'ont pas moins un comportement singulier, à l'image de cette secte qui vénère un mouchoir géant...

Mais pour ma part, les personnages sans expression sont les plus réussis. Je veux parler du robot qui passer son temps à broyer du noir. Son regard désespérément figé vers le bas et sa voix suave mais désespérée -qu'on doit à Alan Rickman- le rendent vraiment pathétique (et donc attachant).


Le second, c'est le crabe. Petite créature typique des films de science fiction (rien que dans chaque Star Wars, une mignonne bestiole se fait malmenée par plus gros qu'elle), sa voix aigüe,son caractère enthousiaste et surtout sa durée de vie très courte sont un véritable hommage aux Tex Avery.

Le problème, c'est qu'à force de voir grand, le réalisateur perd un peu les pédales à décrire n'importe quoi sans prendre de l'utiliser correctement par la suite.

Le film est donc partagé entre d'excellentes scènes (le cachalot qui médite sur son existence, le parallélisme entre la destruction de la maison et de la Terre, les diverses transformations dues à l'hyperespace, l'ordinateur de bord qui pête le feu, la scène des souris, celle où Arthur tente de plonger dans le portail dimensionnel et qui s'écrase dans la neige- excellente prise de vue, au passage...)

A noter, les passages où intervient le fameux guide, tout en couleurs pastels et dessins rudimentaires, sont des merveilles de kitch assumé et méritent à elles seules le détour.

Quant à d'autres, elles perdent carrément le spectateur en cours de route tant elles soumettent des questions sans réponse : Pourquoi emporter une serviette?, pourquoi boire beaucoup et prendre du sel avant de faire de l'auto stop?,Pourquoi 42? A quoi sert le personnage de John Malkovich? A quoi ça nous sert de savoir que les habitants ont 50 bras si c'est pour les voir de dos, la nuit?Et j'en passe...

Quant aux acteurs, ils sont en roue libre... Sam Rockwell en fait des tonnes mais ses répliques manquent de punch, Zooey Deschanel est plutôt mignonne mais trop réservée par rapport au personnage qu'elle incarne, Bill Nighty (Underworld, Shaun of the dead) devient gonflant à bégayer sans raison, le héros Martin Freeman est convaincant en looser à peine sorti du lit (au propre comme au figuré^^) mais sa performance ne casse pas des briques et ne parlons pas de Mos Def. S


oit sa voix est d'une platitude abyssale soit d'une hystérie horripilante! Quel acteur!


Le seul à vraiment tirer son épingle du jeu, c'est Warwick Davis, grand acteur nain (si j'ose dire...), qui parvient à donner une âme au robot Marvin, si bien que la scène de sa « mort » est vraiment triste.

Cet émule de R2D2 ( joué par un autre nain, Kenny Baker) au visage immobile devient donc l'un des meilleurs personnages du film.

Ceux qui n'auront pas lu le livre se sentiront donc un peu largués dans ce charivari sans queue ni tête mais passeront tout de même un bon moment à condition d'apprécier l'humour particulier du film.

Note: **