mercredi 17 septembre 2008

El Mariachi


« J'ai pas d'argent donc je ne peux pas faire un film! »Ne dites jamais ça...
Avant de connaître la consécration avec « Desperado », le réalisateur mexicain Robert Rodriguez était déjà l'auteur d'un film d'action au budget ridicule ( 7000$) dont « Desperado » n'est que le remake.
Le film met en scène 2 hommes qui débarquent dans un coin paumé du mexique. L'un pour chercher du travail, l'autre pour récupérer son fric à un parrain de la drogue. A l'aide de son arsenal dissimulé dans un étui à guitare, ce dernier va mettre la ville à feu et à sang. Manque de pot, l'autre type, guitariste de son métier, possède lui aussi un étui, c'est donc naturellement qu'il va se retrouver pourchassé par les sbires du parrain.
Petit budget ne rime pas forcément avec raté. Tous les grands réalisateurs ont commencé petit et ce qui fait la force de leurs films, c'est justement qu'on ne ressent pas le côté amateur.
C'est pas nouveau, si on n'a pas d'argent pour faire une scène, il faut trouver un moyen de la rendre moins coûteuse. Sur ce point, Rodriguez est passé maître dans l'art de la réduc. Il filme rapidement, dans des décors déjà existants ( autrement dit, qui n'ont pas été créés uniquement pour la scène), la moitié de ses acteurs ne sont pas des professionnels, il utilise un fauteuil roulant pour ses travellings, si un méchant meurt et qu'il en faut un autre pour la scène suivante, il prendra le même acteur mais lui donnera des lunettes de soleil.
Bref, même avec des fonds de tiroirs, rien ne va l'empêcher de faire son film.
A l'image du joueur de synthé dans le bar, Rodriguez est un homme orchestre : réalisateur, producteur, scénariste, musicien, éclairagiste... On n'est jamais mieux servi que par soi même et surtout ca coûte moins cher que d'engager du monde. Mais surtout, il regorge d'inventivité et ses scènes d'action n'ont rien à envier à un blockbuster hollywoodien.
Le fait à un montage excellent qui privilégie zooms, ralentis bien placés, et alternance entre plans rapprochés et plans TRES rapprochés au cours d'une même scène (qui donne au film un côté western spagguetti à la Sergio Leone).
Que ce soit pour les dialogues ou les fusillades, le spectateur est toujours au coeur de l'action.
Les acteurs sont plutôt convaincants et l'histoire ne se perd jamais en divagations secondaires (exception faite des rêves inexpliqués du mariachi).
Le ton en lui même est assez explosif : montage serré, musique de suspense répétitive à la Carpenter, tronches patibulaires, histoire de drogue et de vengeance.
A intervalles réguliers, quelques scènes de comédie font leur apparition mettant en valeur certains personnages secondaires ;comme ce gérant véreux qui fait semblant d'avoir son tiroir coincé et dont les appels téléphoniques sont passés en accéléré ou la scène de l'homme orchestre, filmée caméra au niveau de la taille dont on appréciera un craquement de mains en très gros plan. Ces scènes n'apportent rien à l'histoire mais donnent une sacrée pêche au film!
Rodriguez n'oublie pas non plus de glisser son lot de scènes romantiques (avec ballades espagnoles à la clé).
« El Mariachi » est donc assez complet en terme de narrativité et dire que c'est un simle film d'action serait vraiment réducteur.
Le film se prend rarement au sérieux, pourtant lors des scènes d'action le sang coule à flot et certaines morts, bien que sugggérées, sont presque dérangeantes; à l'image du mec qui se fait plomber la tête à la mitraillette dans le bar. On n'entend que la détonation mais on a mal pour lui...
Le héros, incapable de faire du mal à une mouche au début, finit par massacrer du méchant à tour de bras.Quant à la fin, elle est d'un sadisme inattendu...
J'ai déjà dit dans un test que les 10 dernières minutes d'un film sont les plus importantes car c'est celles là que le spectateur retiendra. On retient donc de « El Mariachi » que c'est un western urbain violent mais dont la noirceur finit par nuire à la comédie.
Le film est loin d'être inabouti et pour un si petit budget, il devient carrément une leçon de cinéma mais pour ma part je lui préfère son remake.
Note:**

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