samedi 20 décembre 2008

Resurrection of the little match girl




Vous avez dans les mains le jeu vidéo le plus réel de tous les temps. Votre mission consiste à laisser mourir la petite fille aux allumettes en l'empêchant de vendre ses briquets. Il vous faudra aussi gagner son coeur pour qu'au moment de sa mort, sa dernière pensée soit pour vous. Mais attention, pour y arriver vous devrez affronter d'autres joueurs, dangereux et sans scupules.

Tout commence par une nuit enneigée. La petite fille aux allumettes tente de vendre ses briquets, comme dans le célèbre conte d'Andersen, mais personne n'en veux. Elle fini par mourir de froid dans la rue.

Le film présente ensuite le héros : un looser complet, doué aux bornes d'arcades mais qui ne sait rien faire d'autre de ses dix doigts. En bon gamer qui se respecte, il s'imagine en super héros qui sort des armes à feu quand il en a besoin pour régler leur compte aux personnes qui lui prennent la tête.

En acceptant de se connecter au jeu vidéo du film, tous ses rêves vont devenir réalité.
Il pourra désormais esquiver les balles au ralenti, utiliser des armes et des explosifs et devenir un pro des arts martiaux.
Ca vous rappelle quelque chose? Et oui, on peut affirmer que sans Matrix, le film n'existerait pas...

Le problème c'est qu'un scénario qui repose sur une confrontation réalité/monde virtuel ne date pas d'hier : Matrix, Ghost in the Shell, Avalon, Existenz pour les plus connus. Il fallait donc que le film ait un atout particulier pour pouvoir se différencier. En fait, il en a deux.

Le premier atout c'est l'intéraction constante entre le film et l'interface d'un jeu vidéo visuellement très réussie. Au cours du film, des informations apparaissent concernant l'identité des joueurs et leurs points de vie. Parfois on a droit a des dialogues mis en bulles comme dans les jeux de rôles et la force des personnages augmente en fonction de l'arme qu'ils ont en main.

Mais ce n'est pas fini, en éliminant ses adversaires, le joueur gagne des niveaux d'expérience et le film lui même est divisé en plusieurs stages de jeu (références aux jeux de tir en arcade comme «Time Crisis » ou « House of the Dead », dont le héros est friand).

Le second c'est les effets spéciaux. Sans être novateurs, ils sont travaillés et bien mis en scène.
Les tirs de l'arme du héros rapellent les fusils de « L'effaceur », les missiles traversent l'écran à une vitesse fulgurante et les balles laissent des vaguelettes sur leur passage (comme dans Matrix).
A un moment le héros se retrouve dans un long couloir sans fin où se matérialisent des soldats et même un hélicoptère, ce qui fait très jeu vidéo.
Mais le plus impressionnant, ce sont les effets des tirs de son arme qui désintègrent ses ennemis ou les carbonise instantanément (Half Life 2).

Visuellement donc le film foisonne de références videoludiques du plus bel effet. Malheureusement c'est bien un des seuls forts points forts du film.

Parce que le gros problème c'est la réalisation elle même.

Malgré l'abondance de scènes d'action plus inventives et spectaculaires les unes que les autres, l'ennui se fait vite sentir. La faute à une esthétique très particulière tant visuelle que sonore.

Aux antipodes de la sobriété des couleurs de Matrix et des images léchées d'Avalon, le film baigne dans une lumière très froide, aux couleurs saturées, qui est loin de rendre hommage aux cascades et autres fusillades. De plus, si le montage n'est pas trop rapide, les cadrages eux sont généralement mal choisis ne mettant que rarement l'action en valeur.


En tentant de recréer une esthétique de jeu vidéo, le réalisateur use et abuse des effets de caméra dont des accélérés fulgurants, parfois impressionnants (la fusillade du début ou celle dans le métro) et parfois complètement ridicules (la course poursuite avec la police).

Quant à la bande son, magnifique à de rares moments (la première fusillade et le passage de « Ave Maria »), elle est en général très en deça de ce que demande l'action. A un moment on a droit à un morceau en live qui gâche complètement la beauté de la scène du flash back et je ne parle pas de la chanson récurrente utilisée à chaque apparition du personnage de Lara, éternel « lalalalalalala » aussi moche que pénible à écouter.

L'actrice qui joue la petite fille aux allumettes est très belle.
Elle est aussi crédible dans son rôle d'innocente que lorsque sans état d'âme elle décharge son arme sur les passants qui refusent de lui acheter ses briquets. Oui parce que dans le film, les gens sont complètement idiots. Envoyer paître la pauvre fille qui vend ses briquets je peux comprendre, mais qu'ils continuent à le faire alors qu'elle les tient en joue avec un MP5, j'avoue qu'il faut avoir la tête creuse..

Et puis c'est quoi ce culte de la violence?
Une jeune fille abat des personnes dans la rue et soudain un groupe de fans hystériques se forme, avec pancartes, balcons et tout le tintouin???
D'autant qu'une fois que ce sont eux qui sont la proie des balles, ils changent vite d'opinion sur leur idole...

En revanche, à part elle, les autres personnages manquent vraiment de charisme.
Le héros, falot et agaçant, est bien loin de concurrencer le personnage de Néo, quant à Lara décrite par le jeu comme une « Lara Croft version lesbienne » (!) elle n'égale en rien son modèle.

Alors que Miss Croft s'habille en short moulant sexy, elle est vêtu de plusieurs couches de tissus qui lui donnent parfois des airs de bohémienne. Et bien qu'elle marie élégamment la souplesse de son corps et le maniement des armes à feu, sa technique de combat porte plus sur « Tigre et Dragon » que sur « Tomb Raider ».

Avec des héros si peu attachants, difficile d'apprécier leur aventures. Faute de pouvoir s'identifier à eux, les explosions et les cascades phénomènales deviennent moins prenantes et perdent de leur intérêt.

Certaines scènes, comme celle où la petite fille se débarasse de deux soldats, sont bluffantes mais d'autres tombent à plat.
Le morceau de bravoure est certainement l'attaque avec la jeep mais cette satané chanson revient une fois de plus pour tout gâcher!

Enfin le scénario ne tient jamais ses promesses et regorge de séquences totalement grotesques : l'arme la plus puissante du jeu ressemble à un jouet à piles et le héros soit apprendre à « pêcher avec son coeur » pour pouvoir l'utiliser, sans oublier cette bande d'idiots caricaturaux qui passent leur temps à tomber sur plus fort qu'eux et qui au final ne servent strictement à rien.

Les dialogues, eux, se révèlent souvent d'une platitude affligeante.


Le film est vraiment particulier et mérite une bonne dose d'indulgence pour pouvoir être apprécié. Ses qualités indéniables sont toutes sabotées par une réalisation aussi bizarre que mal appropriée.

Note : *

Le Parrain 2


Michael Corleone a succédé à son père Vito à la tête de la famille. Il dirige alors les affaires des Corleone d'une main implacable, en éliminant ses ennemis les uns après les autres. Mais en tentant en vain de ressembler à son père, il ne fera preuve que d'une autorité dévastatrice qui peu à peu l'éloignera des personnes qu'il aime.


La suite du chef d'oeuvre de Coppola était elle indispensable?

N'avait on pas tout raconté dans le premier film? Apparemment non.
Tout ce qui monte doit redescendre dit-on et puisque nous avons assisté à l'ascension de Michael Corleone, il est tant de découvrir sa chute...

On ne change pas une équipe qui gagne. Coppola retrouve les mêmes techniciens du film précédent. Inutile de dire une fois de plus que techniquement le film est un vrai joyau.
La photographie, la musique, les décors, les cadrages, le son...tout est fait dans les règles de l'art.

Tous les personnages ayant survécu au premier volet sont là et c'est déjà une réussite d'avoir pu réunir tous ces acteurs.

Difficile de donner un vrai résumé du scénario car l'histoire est complexe au possible.
Entre complots, trahisons et affaires de famille, il vaut mieux bien avoir le premier film en tête tant la saga regorge de personnages importants et de sous intrigues.
Les rebondissements sont nombreux et je doit avouer que parfois j'ai fini par oublier qui fait quoi.

Comme si cela ne suffisait pas, Coppola décide d'approfondir les origines de Vito Corleone par l'intermédiaire de flash backs.
On n'a donc pas qu'une histoire mais deux, qu'il faut suivre en parallèle.

Pour remplacer Marlon Brando et faire oublier son interprétation colossale, il fallait un sacré acteur. Et qui mieux que l'acteur fétiche de Scorsèse pouvait prendre le relais.

Robert de Niro est un des acteurs les plus connus et les plus admirés du cinéma mais malgré tous ses rôles, il a rarement été récompensé.
Ici, il remporte l'oscar du meilleur second rôle. Pourquoi? Parce que.

Parce que, apparaissant à peine un quart d'heure à l'écran et ne parlant qu'en italien, il parvient à donner une force extraordinaire à son personnage.
Tout en sourires forcés et regards froids, il livre une de ses plus belles performances à l'écran.
C'est dommage qu'il n'ait pas une plus grande place dans le film.

L'acteur principal c'est Al Pacino.

Le nouveau parrain est un type inquiétant par sa simple vision.
Non pas que Pacino ait une sale tête mais son manque flagrant d'expression et son calme constant ne sont jamais gratuits. Derrière son apparence glacée, il cogite constamment.
On sait qu'il prépare quelque chose, mais on ne sait jamais quoi. Il mêne en bateau aussi bien ses ennemis que le spectateur et il est impossible de prévoir son prochain coup (et sa prochaine victime).

Le film impressionne constamment par sa grandeur.
Visuellement, d'abord : scènes de bals, fête du nouvel an, rues bondées de marchands ou procès important, il n'est pas rare de voir des dizaines de figurants dans le cadre.

Les décors sont magnifiques et parfaitement mis en valeur et la reconstitution d'un New York du début du siècle (dernier) est absolument renversante.

Et scénaristiquement surtout. Comme je l'ai déjà dit, le film fait intervenir un grand nombre de personnages mais en plus Coppola place son histoire au centre de l'Histoire.
De nombreux événements politiques interviennent, dont la révolte de Cuba et l'arrivée d'immigrants à New York. Son Parrain devient alors un miroir social et plonge ses personnages dans une réalité historique où ils ont tous leur rôle à jouer.


De par la démesure du projet, Coppola aurait pu sombrer dans le n'importe quoi mais il n'en est rien.
Il réussit le tour de force de présenter les deux histoires séparément sans que l'une ne vienne empiéter sur l'autre car sa mise en scène est maîtrisée de bout en bout : il les annonce tour à tour par de subtiles transitions ou des fondus enchaînés.

Comme le premier film, le Parrain dure plus de 3h.
La violence, toujours aussi choquante par son réalisme, est encore moins présente que dans le premier opus.

L'intrigue et puissante et nous emporte dès le départ mais quand on y réfléchit, le film doit se dérouler sur 95% de dialogues.
Honnêtement j'ai parfois trouvé le temps long.

Mais le Parrain n'est pas le Seigneur des Anneaux.
Même s'ils sont longs tous les deux, ils se doivent d'avoir un style différent.

La mise en scène est très sobre et empreinte d'un certain classicisme, la lumière joue sur les zones d'ombre, la musique est toujours aussi lanscinante, les dialogues abondent mais c'est par eux que passe l'intrigue et c'est le seul moyen qu'ont les personnages pour dévoiler leurs sentiments.

Le Parrain n'est pas un film épique c'est un drame bouleversant qui prend place dans la réalité historique. Les acteurs qui y participent ne doivent pas en faire des tonnes, ils doivent rester posés et sérieux.

Et s'y je trouve le temps de m'ennuyer en voyant le film, c'est que ce n'est tout simplement pas mon genre de film ; ce qui ne m'empêche pas de reconnaître ses qualités.

Le Parrain 2 est une des plus belles suites jamais réalisée, peut être même supérieure à l'originale et indéniablement un grand film.
Et boum, 6 oscars de plus!

Note : ****

Le Parrain



En 1945, à New York, les Corleone sont une des cinq familles mafieuses de la ville. Don Vito Corleone est « le Parrain » de cette famille. Sollozzo, dit « le Turc », qui est protégé par « le Parrain » de la famille Tattaglia propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue, mais celui-ci refuse, car il risquerait d'y perdre ses appuis politiques pour des raisons morales. Sonny, un de ses fils, y est quant à lui favorable. Afin de traiter avec Sonny, Sollozzo tente de faire tuer Don Vito, mais celui-ci en réchappe. Michael, le frère benjamin de Sonny, recherche alors les commanditaires de l'attentat avec l'aide de toute la famille Corleone dont son frère Sonny. Commencent alors les représailles…


La première fois que j'ai vu le film (en français) j'ai failli m'endormir.
En effet les doubleurs étaient mous et ne parvenaient jamais à recréer l'accent italiano américain propre aux personnages du film.
En VO, la prestation des acteurs est remarquable et apporte énormément aux dialogues.

On associe souvent le chef d'oeuvre de Coppola à la performance mythique de Marlon Brando.
Bien qu'il n'apparaisse que dans peu de scènes, l'acteur électrise l'écran de sa présence.
Son incarnation oscarisée du patriarche Corleone est entrée dans l'histoire.
Certainement le rôle le plus marquant de sa carrière.

A ses côtés, les interprétations de Al Pacino, James Caan et Robert Duvall sont brillantes.
Leurs rôles les ont propulsés vers la gloire.

Le film est mis en scène de manière très classique (pas de grands travellings, de mouvements rapides ou de contre plongées inutiles). Coppola prend le temps d'installer ses personnages et de les faire évoluer.

On assiste souvent à une succession de dialogues interminables mais lorsque la violence survient, elle nous percute de plein fouet.
Réalistes et choquantes, les fusillades sont monnaie courante.

Coppola n' hésite pas à emprunter à ses prédécesseurs (la scène du péage est tirée de Bonny et Clyde d'Arthur Penn) mais le fait avec brio.

Le réalisateur s'est entouré des plus grands techniciens pour donner vie à sa fresque légendaire.

La photographie est splendide.
Les cadrages restent très classiques et les acteurs sont souvent filmés le visage à demi caché dans la pénombre.
Cette touche particulière donne tout son cachet au film, qui rappelle la grande époque des films noirs.

Il faut aussi saluer les ingénieurs et les monteurs sonores qui portent certaines scènes à une violence rarement atteinte.

Et que dire de la musique lanscinante de Nino Rota?

3 heures de film, ça peut paraître long mais Le Parrain surpasse élégamment l'épreuve du temps.
Virulent et sinistre, Coppola réussit le parfait équilibre entre l'intensité des liens familiaux et la cruauté des affaires criminelles.

On dit du Parrain qu'aucun film n'a mieux représenté l'univers de la mafia sicilienne.
Une chose est sûre la représentation romantisée de Coppola reste gravée dans les mémoires.
L'inquiétante ascension du clan Corleone est parsemée de scènes magistrales.

Véritable réussite, Le Parrain est un incontournable du 7ème art.
Difficile de croire que sa suite est encore meilleure!

Note : ***

Opération Shakespeare




Bill Rago, publiciste au chomâge fonce sur le seul travail qu'on lui présente : professeur dans l'armée des Etats Unis...

De la part de Penny Marshall, responsable de "Big" et "Jumping Jack Flash", on ne peut pas s'attendre à des miracles au niveau de la réalisation.
Les dix premières minutes font d'ailleurs présager le pire.

La mise en scène est plate et sans originalité. La moitié des gags tombe à plat et l'autre moitié reste prévisible.

Mais une fois que l'on entre dans l'univers de l'armée le film prend une autre tournure.

Bill n'a jamais fait son service militaire et il déteste obéir aux ordres. A lui les joies du réveil au clairon à quatre heures du mat, les bâtiments aux noms impossible à retenir et surtout le mépris vis à vis « des durs de durs » fiers de faire partie de l'élite de la nation.

Mais par dessus tout il n'a jamais enseigné de sa vie et une fois arrivé dans sa classe, les choses ne font que s'aggraver.
Le voilà jeté dans la gueule du loup face à une bande de jeunes recrues qui ne savent rien dire d'autre que « Sir, yes sir! » ou semer la pagaille. Et dire qu'il est censé en faire des « soldats intelligents » comme il le dit si bien en cherchant un exemple d'oxymore....

Avec une bande d'écervelés pareil, on sent la comédie bien lourde pointer son nez...or c'est tout le contraire qui arrive.

Que peut on bien apprendre à des militaires qui leur soit utile dans leur carrière? Hamlet!
Quel est le rapport? Aucun. Mais c'est par un truchement original dans le scénario que Bill va leur faire étudier la pièce...

Voilà donc cette joyeuse bande de laissés pour compte récitant du Shakespeare entre deux parcours du combattant sous le regard d'un petit huluberlu qui passe son temps à se demander ce qu'il fait là....

C'est le point de départ d'une histoire riche en rires et en émotions.
Le scénario fait la part belle à l'ironie et à la satire facile vis à vis du personnel militaire mais il est aussi très touchant au niveau des relations.

Loin d'être stéréotypés, chaque personnage a un passé et une personnalité qui lui est propre.
Si ces jeunes se sont engagés dans l'armée, ils l'ont tous fait pour une bonne raison. Chacun vient d'un milieu plus difficile qu'il n'y paraît et s'ils sont là c'est, pour la plupart, qu'ils n'ont pas d'autre endroit ou aller.

Considérés comme des cas sociaux, ils sont la risée de leur régiment mais bien qu'ils passent la journée à escalader des tours, à courir sous la pluie et à ramper dans la boue, ils ne sont pas démunis d'un cerveau.

Et malgré tout ce qu'on veut leur faire croire, ils peuvent s'en servir. Ils ont juste besoin d'un coup de pouce pour apprendre à le faire.

Bill non plus ne nage pas dans le bonheur. Il vient juste de perdre son boulot et se retrouve dans un environnement qu'il considère hostile et dégradant. Quant à ses relations familliales, il y a mieux : il est divorcé et entretient, avec sa fille, des relations plutôt houleuses (il ne croit pas en elle et considère ses passions comme une perte de temps).


Mais bien que ce soit lui le prof, c'est surtout lui qui va apprendre aux contact de ses « élèves ».
Ce professeur pas comme les autres et ces troufions de bas niveau vont parvenir à s'inspirer les uns les autres pour qu'à la fin tout le monde découvre ce dont il est réellement capable.

A travers ses recrues, Bill va découvrir que sa vie est fondée sur un tas de préjugés et va apprendre à s'ouvrir aux autres (notamment sa fille).

Quand aux autres, ils vont découvrir le plaisir de la poésie , de la culture et tous vont faire preuve d'une ouverture d'esprit, aussi grande qu'innatendue venant de leur part.

Le film est vraiment passionnant dans sa façon de présenter la pièce. Loin d'être pompeux et rébarbatifs, les cours sont vivants et enjouées. Les vers de Shakespeare sont lus au rythme de batterie ou chantés en version rap. Une idée subtile pour dépoussiérer le mythe.
Mais utiliser la pièce n'est pas un simple gadget. A travers Hamlet, chacun va apprendre à se construire, c'est ce qui permettra de rapprocher les personnages et de les faire évoluer.

Le film est parfois très drôle mais il est aussi souvent très triste, sans pour autant sombrer dans le mélodrame bon marché. On n'éclate pas en sanglots mais on ne peut s'empêcher d'être ému par la sincérité de certaines scènes. Surtout que les acteurs savent jouer sur la corde sensible avec talent.

Danny DeVito est aussi petit par la taille que grand par le talent. Il ne porte pas le film sur ses épaules mais son interprétation, à la fois sensible et amusante, force l'admiration. Il n'hésite pas à prendre des airs grotesques pour exprimer son irrespect de l'uniforme mais il sait se montrer plein de passion quand il s'adresse à ses étudiants.

D'ailleurs les étudiants eux mêmes sont tous formidables. Les acteurs qui les interprêtent ont beau ne pas être connus (hormis un Mark Wahlberg débutant), chacun réalise une bien belle performance.

Par leur comportement crédible et approprié, on s'attache rapidement à eux et on prend plaisir à les écouter raisonner sur des sujets censés les dépasser (encore une fois, les apparences sont trompeuses...).

On apprécie de les voir se chamailler comme des écoliers puis de se réconcilier dans la minute qui suit. Les liens de camaraderie qui les unit sont très forts et on le ressent dans le jeu des acteurs.

Comme je disais donc au départ, la mise en scène pêche par moments par quelques lourdeurs mais dans l'ensemble le film reste très agréable. La musique guillerette et entraînante du grand Hans Zimmer y étant sûrement pour quelque chose...

Mais c'est le scénario, beaucoup plus profond et intelligent qu'aux premiers abords, qui mérite d'être applaudi. Aussi plaisante que touchante, cette rencontre improbable et insolite entre deux mondes totalements opposés est une vraie leçon de vie, avec ses hauts et ses bas.

Le film lui même est extrêmement dur à trouver : je l'avais en K7 mais pour le voir en VO j'ai carrément du le commander en zone 1. On ne peut donc pas dire qu'il soit très connu.

Malgré quelques passages à vide dus au formalisme de la mise en scène, le film est une comédie dramatique remarquablement bien écrite et interprétée.

Sorte de « Cercle des poêtes disparus » chez les GI, Opération Shakespeare est un de ces rares film qui vous redonne le sourire. Comme les personnages à la fin du film, on en ressort grandi.
De Vito, l'anti stress!

Note : ***

Le Bon, la Brute et le Cinglé




Les années 30 en Mandchourie. Le Cinglé vole une carte au trésor à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s'il réussit à anéantir l'armée japonaise, les voyous chinois, les gangsters... et ses deux adversaires.
Le titre fait évidemment référence au film "le Bon, la Brute et le truand", légendaire western de Sergio Leone. Normal puisque ce film en est le remake non officiel.

Quand le réalisateur Ji Woon Kim (A bittersweet life) évoque son attachement aux westerns il parle du "vent du Nord qui souffle dans le désert, de l'homme au fusil qui marche seul, de la détonation soudaine d'une arme", bref des clichés recurrents de ce type de film.

Du film original, il reprend les trois personnages principaux, l'histoire du trésor enfoui et quelques scènes cultes comme le duel final. Le reste diffère totalement tout en gardant ses références indéniables.

Les grandes étendues du Mexique ou de l'Arizona sont remplacées par les plaines désertiques de la Mandchourie, la guerre civile devient un combat entre les Mandchous et les japonais, les six coups du western se changent en luger, fusils voire mitraillettes et les trois personnages principaux s'adaptent eux aussi à leur nouvel environnement.

Contrairement à l'original, ce n'est pas le Bon (Clint Eastwood à l'époque) qui est mis en avant mais le nouveau venu, à savoir le Cinglé On a donc un changement radical de point de vue par rapport au film de Leone.

Le film aurait très bien pu s'appeler : "la star, la star et la star"...
Woo Sung Jung (le Bon), Byung Hun Lee (la Brute) et Kang Ho Song (le Cinglé font partie des plus grands acteurs du cinéma corréen.
Le premier a été révélé par le film  "Musa, Princesse du désert". Il joue ici un chasseur de primes. Cow boy solitaire, très propre sur lui, il parle peu mais tire bien. Excellent cavalier, il manie le fusil à la perfection. Son long manteau ouvert par le bas et son visage constamment caché sous son chapeau nous remettent en tête les images de l'homme à l'harmonica de"Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio Leone.
Avec lui, on a droit aux chevauchés sur fond de soleil couchant, aux actions héroiques et aux acrobaties les plus invraisemblables.
La Brute est jouée par Byung Hun Lee qui avait déjà travaillé avec Ji Woon Kim sur A bittersweet life. Lui, c'est le tueur à gages. Cette fois aucune chance qu'il nous rappelle Lee Van Cleef! Vêtu de noir des pieds à la tête, il contraste parfaitement avec la blancheur des paysages. Véritable anachronisme vivant, sa frange qui lui barre le visage et ses boucles d'oreilles lui donnent l'air de sortir tout droit d'un manga.

Si Van Cleef jouait une ordure, et un tortionnaire de surcroît, la Brute reprend cette idée. Aussi adroit avec un pistolet qu'avec un couteau, il dégomme et taillade sans pitié tous ceux qui se dressent sur son chemin.

Et le petit nouveau c'est donc le Cinglé. Kang Ho Song est une légende vivante dans le cinéma corréen, il a participé à plusieurs grands succès comme Sympathy for Mister Vengeance de Park Chan Wook (Old Boy, Je suis un cyborg...), Memories of Murder et The Host, film de monstre absolument délirant.

Ho Song est un acteur extraordinaire qui sait passer de la comédie pure à un sérieux inébranlable en quelques secondes. Sa performance est vraiment formidable, sa tête d'ahuri et ses expressions loufoques participent grandement au plaisir que procure le film.
Le Cinglé c'est celui par qui tout arrive et qui va se mettre tout le monde à dos.

"Le Bon, la Brute et le Truand" n'est pas un western comme les autres, c'est ce qu'on apelle un western "spaghetti". Pourquoi spaghetti?
D'abord parce que le genre est avant tout italien et aussi parce que contrairement aux westens américains, les scènes sont largement arrosées de "ketchup".

Contrairement à son modèle US, le western spaguetti comporte une mise en scène beaucoup plus exacerbée, presque caricaturale. On a tous en tête les plans rapprochés à l'extrême, lors des duels, sur le regard ou sur une main prête à saisir un révolver. Plans qui contrastent avec les panoramiques grandioses des paysages alentours.

En bon élève attentif, le réalisateur s'empare de cette exagération de mise en scène pour s'en servir à sa manière.

Ici la caméra est un personnage à elle toute seule. Constamment en mouvement, aucun obstacle ne peut se mettre en travers de sa route. Elle virevolte dans les airs avec les personnages, les suit de près ou de loin lors des courses poursuites et des fusillades et va même jusqu'à se balader le long d'un train en marche.

Sincèrement, le travail effectué sur les plans et les cadrages est absolument exceptionnel. On a réellement l'impression qu'elle peut se faufiler partout. Il n' y a aucune limite à sa progression. Cette fluidité totale se ressent à l'écran et donne un sacré rythme au film.

Tout le monde connait les compositions d' Ennio Morriconne. Il a travaillé sur un grand nombre de western et il est surtout responsable de la BO de tous les films de Leone. Ici, la musique joue aussi un rôle important et accompagne l'action à merveille. Les sonorités typiquement asiatiques rejoignent des tempos plus contemporains pour un résultat fascinant.

La scène où le Cinglé est poursuivi par la cavalerie Mandchou, elle même bombardée par l'armée japonaise est juste ahurissante. Et quand en plus toute la séquence est marquée par le tempo de "Don't Let Me Be Misunderstood" (utilisée par Tarantino dans Kill Bill), on se trouve en face d'un vrai morceau d'anthologie!

Mais le plaisir ne s'arrête pas là...



Avec un budget avoisinant les 17 millions de dollars, le film est certainement le plus cher de l'histoire du cinéma sud-corréen.

Heureusement chaque centime se retrouve à l'écran et le film nous offre de formidables scènes d'action avec moult cascades, explosions, tirs en tous genres, dizaines de figurants ; le tout filmé de facon hautement spectaculaire dans des décors naturels magnifiques.

La photographie du film, dotée d'une palette de couleurs éclatantes, est superbe et amplifie considérablement la beauté de chaque scène.

Mais ce n'est pas fini (et non!)

Car en plus de toutes les qualités déjà citées, le film se permet d'innover de façon aussi ingénieuse qu'intelligente.

D'abord les fusillades sont particulièrement violentes (le sang va jusqu'à gicler sur l'objectif de la caméra) mais, et ça on l'attendait pas du tout, sont empreintes d'un humour noir ou absurde du plus bel effet.

Quelques exemples parmi tant d'autres :
Alors que la Brute s'apprête à découper le doigt d'un pauvre type plaqué au sol, il se met à râler parce que la pluie émousse sa lame.
Le Cinglé, mitraillé de tous les côtés, enfile un casque de scaphandrier pour se protéger des balles...

C'est de la folie pure!

Alors bien sûr le film n'est pas parfait. On peut reprocher, à de rares moments, que les plans soient trop rapides au niveau du montage (un problème récurrent dans le cinéma d'aujourd'hui) nous obligeant à deviner ce qui se passe à l'écran.

Certains trouveront aussi dommage que le scénario soit aussi sommaire, que les personnages ne soient pas plus approfondis mais, et il le montre souvent, le film se veut volontairement régressif et n'a que trois choses à nous offrir : du fun, du fun et du fun!


A la fin, la question de savoir si le film a dépassé son modèle ne se pose même pas. Le classique de Sergio Leone reste indétronable, point barre. Mais vu les différences entre les deux films, je pense que ce n'était même pas la volonté du réalisateur.

Le Bon, la Brute et le Cinglé est un pur divertissement ni plus, ni moins.
Loufoque, joyeux et complètement barré, le film place la barre très haut en matière de plaisir à offrir. On y retrouve tous les ingrédients classiques d'un bon western assaisonnés d'une sauce coréenne terriblement épicée. Chaud devant!

Excellemment filmé et interprêté il permet au spectateur de prendre son pied comme rarement, et ce jusqu'à la fin du générique!

Note : ****

Cliffhanger



Terrible accident d'avion dans les montagnes... Gabe, alpiniste chevronné, part au secours des survivants. Mais il s'agit en fait d'un commando de tueurs qui vont l'obliger à leur servir de guide...

J'ai l'impression que 58 minutes pour vivre est une exception dans la carrière de Renny Harlin.
Plus je regarde ses films, plus je suis déçu.
Meilleur que le récent Pacte du sang, Cliffhanger n'atteint jamais le niveau des aventures de John Mc Clane.

Inutiles de chercher une quelconque profondeur scénaristique dans le film.
La scène d'ouverture censée mener à un traumatisme chez le héros est au final bien inutile tant l'histoire et les personnages sont caricaturaux.
Les gentils sont très gentils et les méchants sont très méchants.

Les méchants, au nombre de 6 ou 7, ne possèdent pas de personnalité propre. Ils sont justes là pour se faire dégommer un à un par le héros, point barre.
Il y en a bien un qui aime le foot et apparement la bad girl du groupe sait faire les gâteaux mais on s'en fiche.

Stallone essaie de nous faire croire qu'il est un gentil alpiniste qui ne veut de mal à personne mais à l'écran ses muscles ressortent de partout, on sent qu'il est prêt pour la bagarre.
D'habitude plus crédible, il se la joue Steven Seagal (expression neutre et regard vide).
Les autres acteurs sont dans l'ensemble assez mauvais.
Le méchant joué par John Lithgow relève un peu le niveau mais la partenaire de Stallone est juste transparente.

L' histoire d'amour entre les deux héros est totalement artificielle. On n'y croit pas une seconde. Quant aux dialogues, ils sont assez pauvres et n'apportent rien.
C'est bien simple, on les enlèverai, le film resterai parfaitement compréhensible.
D'ailleurs les scènes les plus réussies émotionellement parlant (les personnages secondaires se font abattre) ne comportent aucun son, autre que la musique.

Techniquement, le film est aussi classique que son scénario.
Malgré les superbes décors, la photographie ne parvient pas à les mettre en valeur.
Le montage n'arrange pas les choses : hormis certains plans, les cadrages chosis sont soit trop rapprochés, soit trop éloignés et ratent la moitié de l'action.

La musique de Trevor Jones contient un magnifique thème principal (directement tiré du Dernier des Mohicans) mais le reste demeure trop fade et n'accompagne pas l'action comme il faudrait.

On l'a donc compris, c'est un film d'action basique dédié à Stallone.
Tel un Rambo des montagnes, l'acteur va donc déjouer les plans des méchants et sauver la demoiselle en détresse.

La question que l'on se pose est : est t-il réussi à ce niveau?
Réponse mitigée.

Les scènes d'action sont aussi jouissives qu'improbables.
Stallone est un surhomme, on le sait.
Pas de problème quand il s'agit d'escalader une montagne en T Shirt, de faire des sauts d'une dizaine de mètres ou de courir sur un pont de bois pour échapper à une explosion.

Difficile de choisir la scène qui m'a fait le plus rire mais j'ai un faible pour celle où il se retrouve dans l'eau glacée :

La glace craque et il tombe dans l'eau. Voyant qu'il sera plus a l'aise pour nager il se met torse nu et alors que le méchant va l'abattre, il sort un pistolet (de ses fesses?...) et tire à travers la glace. Son copain arrive, le sort de l'eau et lui donne un gilet (sans manches!) pour le réchauffer. Aah, ça va tout de suite mieux!

Un pur délire qui ne prend en compte ni le froid extérieur, ni la température de l'eau, ni le fait que le pistolet n'est pas censé être utilisable sous l'eau.

Le film est long et surtout mou. 2 heures, ça peut passer vite comme paraître interminable. Je me suis ennuyé ferme.
Vu que les méchants n'atteignent même pas la dizaine, les scènes d'action sont assez limitées.

D'autant que ceux ci sont particulièrement idiots.
L' un d'eux tire sur une avalanche au lieu de se mettre à l'abri, un autre tabasse Stallone alors qu'il pourrait utiliser son couteau et un autre encore sert carrément de luge au héros.
Ah et j'oubliais celui qui vide un chargeur sur un lapin parce qu'il est énervé!
De vrais professionnels...

S'il n'était pas aussi violent, le film pourrait être une parodie.
Mais justement, il lui manque le côté détaché tout en second degré de "58 minutes pour vivre" pour convaincre.
A se prendre trop au séreiux, le film perd de son intérêt.

Note : *

Né un 4 Juillet




L'histoire du jeune Ron Kovic, un adolescent enthousiaste qui se porte volontaire pour la guerre du Vietnam et qui deviendra un vétéran paralysé et plein d'amertume.

Après Platoon, Oliver Stone revient sur la guerre du Vietnam.
Le Vietnam c'est deux guerres différentes. Celle qui se déroule sur place et celle qui se passe au coeur même des Etas Unis.
Si Platoon montrait les horreurs de la guerre elle même, Né un 4 juillet se focalise sur ses répercussions et les conséquences dramatiques qu'elle aura sur la vie d'un jeune idéaliste.


Le film est basé sur l'autobiographie de Ron Kovic.
Aussitôt commencé, le film met en scène une famille américaine typique des années 50. Kovic fait partie d'une famille catholique pratiquante, il joue au base-ball (le sport le plus connu aux USA) et cherche toujours à se dépasser (en sport comme en amour).

La réalisation aligne les clichés mais se restreint dans le mélo.
La scène où Kovic joue à la guerre avec ses copains devient une prémonition funeste de ce qui l'attend.

A l'époque, les garçons se doivent d'aller faire la guerre, comme leur père et grand père avant eux, et devenir des héros. Donner sa vie pour servir son pays, aucun honneur n'est plus grand.
C'est donc sans hésiter que Kovic décidera de s'enrôler.


Comme dans le « Voyage au bout de l'enfer » de Michael Cimino, la partie du film qui se déroule au Vietnam est aussi courte qu'intense.
A l'opposé de Platoon et de sa jungle verdoyante, le Vietnam est ici une région désertique où le soleil est aveuglant et où la poussière enraye les fusils.
Combinée à un montage saccadé et une luminosité chaude quasi étouffante, la scène est absolument choquante.
Les superbes plans de caméra à l'épaule, les effets sonores assourdis et la violence réaliste en font un passage aussi confus que traumatisant.

C'est à ce moment que Kovic prendra la décision qui changera sa vie à tout jamais. Touché au talon, il aurait pu rester à terre et attendre les secours mais la tête remplie d'idées préconçues, il va jouer les John Wayne héroique en se croyant invincible. Entre deux rafales, il hurle des insultes face à un ennemi invisible.
Son moment de gloire deviendra sa chute: une balle lui traverse la colonne le laissant paralysé à vie...

Pour les Américains, jamais une guerre n'aura été aussi controversée que celle du Vietnam (excepté peut être l'Irak). C'est ce que découvre Kovic en rentrant au pays.

Ce pays pour qui il a laissé la moitié de son corps, le traite comme un être inférieur.
Entre son ancien ami, qui ne s'est pas enrôlé, qui ne cherche qu'à faire fortune dans la restauration et qui se fiche de la guerre et les nouveaux « Peace and Love » qui militent pour le retour des GI à la maison, il va être confronté à l'indifférence et à l'hostilité de ses compatriotes.

Chez lui ce n'est pas mieux. Malgré son handicap, Kovic veut se persuader qu'il est toujours le même mais sa famille,comme les autres habitants de sa ville, se montre très réservée à son égard.
Ils le félicitent tous pour son retour avec des « T'as l'air en forme! » particulièrement déplacés vis à vis de son état...

Tout comme les autres le regardent avec un malaise non dissimulé, Kovic va découvrir son pays sous un nouvel angle. L'heure n'est plus à la glorification de la campagne militaire mais à son rejet pur et simple.

Les manifestations se multiplient et après avoir été chassé par sa famille (extraordinaire scène de « Pénis, Pénis! »), Kovic deviendra un militant convaincu. Subissant les coups de matraque des CRS et les insultes des politicards véreux dont la fortune repose sur la guerre, il finira par rejoindre un groupe de vétérans, paralysés eux aussi, et apprécier un mode de vie à la Carpe Diem.

Cette partie du film est probablement la plus sombre. Kovic sombre dans l'alcoolisme et la déchéance mais c'est aussi l'occasion d'apprécier la présence d'acteurs géniaux comme Willem Dafoe (Platoon) et Tom Sizemore (Tueurs Nés), qui ont tous les deux déjà travaillé pour Oliver Stone (voir parenthèses...).

La fin reste ambigüe. Enfin reconnu par les siens, Kovic devient le porte parole des « désenchantés ». Il est un héros mais différent de ce qu'il espérait avant de s'engager.

C'est Tom Cruise qui interprête Kovic. Il faut avouer qu'imaginer le beau héros de films patriotiques comme Top Gun en paraplégique désabusé pouvait laisser sceptique. C'était sans compter que Tom Cruise avait aussi joué dans Rain Man dans lequel il prouvait qu'il n'était pas qu'un simple acteur à midinettes.

Il se donne à fond et nous offre une interprétation inoubliable. Sa performance spectaculaire lui vaut d'ailleurs une nomination à l'oscar.

Ironiquement c'est un autre acteur qui joue un paraplégique qui remporte la statuette (Daniel Day Lewis dans My Left Foot).

Malgré tout, Ron Kovic reste probablement le rôle le plus décisif dans sa carrière.

Porté par la musique dramatique et solennelle de John Williams (Monsieur Star Wars, Indiana Jones, Jurassic Park, Harry Potter...) et réalisé d'une main de maître (oscar meilleur réalisateur et meilleur montage), le film n'est pas l'histoire d'un homme en fauteuil roulant mais celle d'un pays.

Kovic comme le spectateur est sans cesse à la recherche de la vérité : qui a raison, qui a tort ? Pourquoi contineur à se battre pour des mensonges?

Oliver Stone apporte une vision intimiste à l'ampleur d'un grand sujet et nous fait revivre 30 ans d'histoire des Etats Unis à travers le regard d'un Tom Cruise stupéfiant.

Note : ***