samedi 20 décembre 2008

Né un 4 Juillet




L'histoire du jeune Ron Kovic, un adolescent enthousiaste qui se porte volontaire pour la guerre du Vietnam et qui deviendra un vétéran paralysé et plein d'amertume.

Après Platoon, Oliver Stone revient sur la guerre du Vietnam.
Le Vietnam c'est deux guerres différentes. Celle qui se déroule sur place et celle qui se passe au coeur même des Etas Unis.
Si Platoon montrait les horreurs de la guerre elle même, Né un 4 juillet se focalise sur ses répercussions et les conséquences dramatiques qu'elle aura sur la vie d'un jeune idéaliste.


Le film est basé sur l'autobiographie de Ron Kovic.
Aussitôt commencé, le film met en scène une famille américaine typique des années 50. Kovic fait partie d'une famille catholique pratiquante, il joue au base-ball (le sport le plus connu aux USA) et cherche toujours à se dépasser (en sport comme en amour).

La réalisation aligne les clichés mais se restreint dans le mélo.
La scène où Kovic joue à la guerre avec ses copains devient une prémonition funeste de ce qui l'attend.

A l'époque, les garçons se doivent d'aller faire la guerre, comme leur père et grand père avant eux, et devenir des héros. Donner sa vie pour servir son pays, aucun honneur n'est plus grand.
C'est donc sans hésiter que Kovic décidera de s'enrôler.


Comme dans le « Voyage au bout de l'enfer » de Michael Cimino, la partie du film qui se déroule au Vietnam est aussi courte qu'intense.
A l'opposé de Platoon et de sa jungle verdoyante, le Vietnam est ici une région désertique où le soleil est aveuglant et où la poussière enraye les fusils.
Combinée à un montage saccadé et une luminosité chaude quasi étouffante, la scène est absolument choquante.
Les superbes plans de caméra à l'épaule, les effets sonores assourdis et la violence réaliste en font un passage aussi confus que traumatisant.

C'est à ce moment que Kovic prendra la décision qui changera sa vie à tout jamais. Touché au talon, il aurait pu rester à terre et attendre les secours mais la tête remplie d'idées préconçues, il va jouer les John Wayne héroique en se croyant invincible. Entre deux rafales, il hurle des insultes face à un ennemi invisible.
Son moment de gloire deviendra sa chute: une balle lui traverse la colonne le laissant paralysé à vie...

Pour les Américains, jamais une guerre n'aura été aussi controversée que celle du Vietnam (excepté peut être l'Irak). C'est ce que découvre Kovic en rentrant au pays.

Ce pays pour qui il a laissé la moitié de son corps, le traite comme un être inférieur.
Entre son ancien ami, qui ne s'est pas enrôlé, qui ne cherche qu'à faire fortune dans la restauration et qui se fiche de la guerre et les nouveaux « Peace and Love » qui militent pour le retour des GI à la maison, il va être confronté à l'indifférence et à l'hostilité de ses compatriotes.

Chez lui ce n'est pas mieux. Malgré son handicap, Kovic veut se persuader qu'il est toujours le même mais sa famille,comme les autres habitants de sa ville, se montre très réservée à son égard.
Ils le félicitent tous pour son retour avec des « T'as l'air en forme! » particulièrement déplacés vis à vis de son état...

Tout comme les autres le regardent avec un malaise non dissimulé, Kovic va découvrir son pays sous un nouvel angle. L'heure n'est plus à la glorification de la campagne militaire mais à son rejet pur et simple.

Les manifestations se multiplient et après avoir été chassé par sa famille (extraordinaire scène de « Pénis, Pénis! »), Kovic deviendra un militant convaincu. Subissant les coups de matraque des CRS et les insultes des politicards véreux dont la fortune repose sur la guerre, il finira par rejoindre un groupe de vétérans, paralysés eux aussi, et apprécier un mode de vie à la Carpe Diem.

Cette partie du film est probablement la plus sombre. Kovic sombre dans l'alcoolisme et la déchéance mais c'est aussi l'occasion d'apprécier la présence d'acteurs géniaux comme Willem Dafoe (Platoon) et Tom Sizemore (Tueurs Nés), qui ont tous les deux déjà travaillé pour Oliver Stone (voir parenthèses...).

La fin reste ambigüe. Enfin reconnu par les siens, Kovic devient le porte parole des « désenchantés ». Il est un héros mais différent de ce qu'il espérait avant de s'engager.

C'est Tom Cruise qui interprête Kovic. Il faut avouer qu'imaginer le beau héros de films patriotiques comme Top Gun en paraplégique désabusé pouvait laisser sceptique. C'était sans compter que Tom Cruise avait aussi joué dans Rain Man dans lequel il prouvait qu'il n'était pas qu'un simple acteur à midinettes.

Il se donne à fond et nous offre une interprétation inoubliable. Sa performance spectaculaire lui vaut d'ailleurs une nomination à l'oscar.

Ironiquement c'est un autre acteur qui joue un paraplégique qui remporte la statuette (Daniel Day Lewis dans My Left Foot).

Malgré tout, Ron Kovic reste probablement le rôle le plus décisif dans sa carrière.

Porté par la musique dramatique et solennelle de John Williams (Monsieur Star Wars, Indiana Jones, Jurassic Park, Harry Potter...) et réalisé d'une main de maître (oscar meilleur réalisateur et meilleur montage), le film n'est pas l'histoire d'un homme en fauteuil roulant mais celle d'un pays.

Kovic comme le spectateur est sans cesse à la recherche de la vérité : qui a raison, qui a tort ? Pourquoi contineur à se battre pour des mensonges?

Oliver Stone apporte une vision intimiste à l'ampleur d'un grand sujet et nous fait revivre 30 ans d'histoire des Etats Unis à travers le regard d'un Tom Cruise stupéfiant.

Note : ***

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