samedi 27 décembre 2008

Sleepy Hollow




Ichabod Crane, policier new yorkais, se rend dans la petite bourgade de Sleepy Hollow où des meutres mystérieux ont été perpétrés. Les victimes ont été retrouvées la tête coupée...


Pour nous elle ne nous dit rien mais pour les Américains, la légende du cavalier sans tête est profondément ancrée dans les esprits au même titre que les contes des frères Grimm.

Déjà adaptée plusieurs fois à l'écran, la légende trouve son point d'orgue en croisant l'imagination de Tim Burton.

Le réalisateur apporte cette touche de folie macabre qui fait tout son génie.
Loin d'une simple adaptation de plus, "Sleepy Hollow" est une oeuvre d'art.
Puisant aussi bien dans le gothique que dans les anciens films d'horreur, Burton donne vie à l'un des plus beaux films jamais réalisé.

La photographie est fabuleuse. Elle crée une ambiance lugubre et effrayante qui rappelle les illustrations des contes de fées.
La plupart des scènes sont d'une parfaite sobriété visuelle : on a parfois l'impression que le film a été tourné en noir et blanc.

Jeux d'ombres et de lumières expressionnistes ou rouge sang flamboyant, l'utilisation des couleurs a bénéficié d'un soin tout particulier afin de rendre cette poésie propre aux vieux classiques d'épouvante.

Les décors (oscarisés) sont également de toute beauté. La ville de Sleepy Hollow existe réellement mais pour les besoins techniques du film, Burton a décidé de recréer entièrement une ville qui corresponde à sa vision. Tout un pâté de maison a donc été construit et chaque bâtiment porte la marque du cinéaste.
La ville est sombre, presque macabre. Un vrai village Burtonien!

Mais la ville n'est pas le seul décor du film. Un moulin et une fôret ont aussi leur part à jouer.
Hommage évident à Frankestein le moulin est impressionnant avec ses ailes à moitié déchirées mais ce n'est rien comparé à la forêt.

Entièrement créé en studio, le petit bois qui abrite le cavalier sans tête est la parfaite représentation de ceux que l'on a l'habitude de voir dans les dessins animés ou les contes pour enfants.

Les branches mortes enchevêtrées forment un parfait labyrinthe et les arbres donnent l'impression qu'ils vont nous agripper à tout moment.
Le sol est un tapis de feuille géant qui se soulève sous le galop des chevaux et le ciel est constamment caché par la brume.

Grand ami de Burton, Danny Elfman compose une fois de plus la musique.
Les tonalités sont sombres et inquiétantes et accompagnent idéalement l'action.
Des les premières notes, on est happé par l'ambiance.

Tout comme Spielberg ou Ridley Scott, Burton a l'habitude de travailler avec les mêmes personnes.
On retrouve donc une fois de plus le génial Johnny Depp dans le rôle principal.
Son personnage est intéressant car atypique. Il n'a rien d'un héros et bien qu'il fasse partie de la police, il passe son temps à s'évanouir...

La belle blonde à ses côtés est interprétée par la belle Christina Ricci.
Figure classique? Pas vraiment.

Surtout connue pour son rôle de petite fille psychopathe dans "la famille Adams", Ricci est une actrice gothique au sens propre. Son regard envoûtant et mystérieux lui donnent les qualités d'une actrice du muet.

En parlant de muet, il faut souligner la présence de Cristopher Walken (qui retrouve Burton après "Batman le défi") qui joue le cavalier.
L'acteur ne dit pas un mot de dialogue et n'apparaît que 3 minutes (!) dans tout le film.
Pourtant, impossible de l'oublier.
Lentilles de contact au bleu perçant et dents acérées comme des couteaux, son visage est effrayant au possible.

Enfin, Burton re dirige Jeffrey Jones (dans un petit rôle).
Jones est un habitué du fantastique puisqu'il a joué dans "Beetlejuice" et "Ed Wood".

Les rôles secondaires sont très bien choisis. Beaucoup d'acteurs renommés se sont prêtés au jeu à commencer par l'immense Christopher Lee. Il n'a qu'une scène mais c'est lui qui plante le décor et sa voix suave et grave rappelle qu'il reste Dracula incarné.

Parmi les habitants de Sleepy Hollow, on reconnaît Miranda Richardson, Casper Van Dien (Starship Troopers) et le formidable Ian Mc Diarmind ( le sénateur Palpatine quand même!).

Le cavalier est quant à lui une réussite.

Dénué d'expression ( sans tête ça va être dur...), il est poutant incroyable dans sa gestuelle et pendant les combats.
Normal quand on sait que Ray Park, qui endosse le costume, n'est autre que l'acteur/cascadeur qui interprète le sabreur à double lame le plus célèbre du cinéma : Dark Maul!

En maître d'armes confirmé, Park fait tourner ses lames avec une classe folle.
D'une allure imposante, une épée ou une hache dans chaque main, il tranche implacablement la tête de ses ennemis.

Les plans où il chevauche à bride abbatue, la lame hors du fourreau sont une pure vision de ce que peut offrir le cinéma fantastique!

Les combats sont visuellement impressionnants par leur violence mais aussi par leur chorégraphie.
Encore une fois c'est de Star Wars que vient le salut puisque c'est Nick Gillard (responsable des combats de la nouvelle trilogie) qui coordonne les duels.

La perfection des effets spéciaux permet des séquences d'une violence rare. Déjà, à la base un méchant dont le passe temps favori et de raccourcir son prochain au niveau des épaules, ça promet des scènes choquantes mais visuellement ce que Burton arrive à faire est juste bluffant.

Un réalisateur plus classique choisirait de couper le film au moment où la lame s'approche de la gorge des acteurs et montrerait une fausse tête tomber au sol, pas Burton.

Avec lui la caméra filme l'action dans son intégralité (sans aucun plan de coupe!) et il est pratiquement impossible de distinguer le vrai du faux. Un travail remarquable!

Mais bien plus qu'un simple film d'horreur, Sleepy Hollow est aussi une comédie. Pour détendre l'atmosphère, Burton distille par ci par là un humour très noir qui fait que l'on ne sait plus si l'on est censé avoir peur ou rire un bon coup.

Mais attention on n'est pas dans "Evil Dead", non plus.
Si l'humour est bien présent, "Sleepy Hollow" est avant tout un film d'épouvante et réserve son lot d'hémoglobine.

Encore une fois, Burton confirme qu'il est un créateur débordant d'imagination et sa patte si particulière fait tout le charme du film. Au final, un peu creux du point de vue scénario, il reste une véritable réussite artistique.

Note :***

Shrek 3




Shrek n'avait pas épousé Fiona pour devenir roi! C'est pourtant ce qui risque de lui arriver quand le père de cette dernière claque soudainement.
Il ne lui reste plus qu'à dénicher illico un roi de rechange : Arthur.


En 2001, une masse verte s'abattait sur les écrans sans prévenir. Flubber? Non Shrek!
Cet ogre repoussant et pétomane avait surgi de nulle part pour redresser les torts et tordre les redresseurs qui sévissaient dans les contes de fées de notre enfance.

Acclamé par le public et la critique, il avait ouvert la voie à toute une série de films d'animation qui revisitaient les contes de notre enfance en les passant à la moulinette de la parodie. ("Le vilain petit canard et moi", "la véritable histoire du petit chaperon rouge"...).

Puis vint Shrek 2. On avait peur que la suite soit inférieure au premier et que nenni, elle finit par se révéler encore meilleure!
Bref, Shrek avait de beaux jours devant lui.

Généralement dans une série, le troisième épisode, c'est celui de trop ("Alien 3", "Terminator 3", "Saw 3", "Le Parrain 3"...). Shrek y a t-il échappé?
J'ai le regret d'annoncer que non....

Pourtant le film démarre sur les chapeaux de roues.

Prince Charmant chevauche son fidèle destrier à travers une forêt majestueuse. Gros plan sur son visage, il a l'air du héros qui part au secours d'une princesse en détresse et soudain travelling arrière...
Il est en fait sur scène où il chevauche un balai à tête de cheval et le bruit des sabots est fait part un accessoiriste qui frappe des noix de cocos (hommage hilarant aux Monty Pythons!).

En une scène tout est dit : parodie des contes de fées et références cinématographiques, on retrouve tout ce qui faisait la saveur des deux premiers!
Puis vient une scène censée être triste (la mort du Roi Grenouille) où les mimiques du batracien sont à se tordre de rire.

Vraiment, ils ne respectent rien!

Mais par la suite, on déchante vite.
L'humour subtil et audacieux des précédents opus fait place à une série de gags lourdingues et de vannes foireuses.
Le flim pullule de références aux grands films comme "Le seigneur des anneaux", "Sleepy Hollow", "Terminator 2", "L'Exorciste", "Rosemary's Baby" ou encore "Kill Bill" mais leur emploi est beaucoup moins travaillé que dans les précédents.

Du côté des personnages on retrouve toute la smala des premiers à savoir Shrek, Fiona, L'âne, Le Chat Potté, Le Prince Charmant et les autres.
Mais deux nouvelles têtes font leur apparition : Arthur et Merlin.
Si le premier est un sale adolescent à problèmes, insupportable dès les premières images (Justin Timbelake en VO : et une opération marketing, une!), Merlin est la vraie surprise du film.

Le grand magicien est ici un prof retiré dans la cambrousse pour faire le point sur son moi intérieur.
Tout droit sorti d'une secte, c'est le parfait illuminé, bon pour la camisole de force.
Quand il intervient on retrouve immédiatement la loufoquerie irrévérencieuse des deux premiers films.

Hormis les passages avec Merlin, on admire ici et là l'imagination des scénaristes quand des arbres déploient leur feuillage en guise de parachute ou lors de la scène finale qui singe les comédies musicales.

Mais si le travail sur le textures est incroyable, tout le reste régresse d'un poil.

Le scénario d'abord.
Chaque film mettait Shrek face à une peur à surmonter.
Dans le premier, il avait peur de quitter son marais, dans le deuxième peur de ne pas convenir à sa belle famille et dans celui là, c'est l'idée d'être père qui le terrorise.
Mais si les deux premiers jouaient sur plusieurs niveaux de lecture, ici l'histoire est aussi linéaire que faible en rebondissements.

La bande son ensuite.

Les chansons sont beaucoup moins bien que dans les précédents et même le compositeur Harry Gregson Williams peine à retrouver le souffle épique qu'il insufflait à travers sa musique.

Peut être que tout cela est du au changement de réalisateur.
Andrew Adamson, responsable des deux premiers, trop occupé sur le tournage de son "Prince Caspian", a laissé la place à Chris Miller, pour qui c'est le premier film. Le changement ne pardonne pas.

Le film est loin d'être mauvais en lui même mais comparé aux deux autres, il ne fait pas un pli. Malgré la perfection visuelle de la 3D, il est constamment plombé par un humour "djeuns" et une mise en scène sans originalité.

Je l'ai vu en français et j'avoue qu'entendre les voix de John Cleese, Eric Idle, Eddy Murphy ou Ruppert Everet ne m'auraient pas déplu...

J'ai longuement hésité entre * et ** mais quand à la fin, à la place d'une baston homérique on nous assène un discours moralisateur de type bourrage de crâne, le couperet est sans appel !

Note : *

Je suis un cyborg




Internée, Young-goon est persuadée d'être un cyborg. Elle refuse de s'alimenter, préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques. II-Soon, lui, pense que ce n'est pas grave.
En tombant amoureux d'elle, il va tenter de la ramener à la réalité.


L'amour rend fou mais quand on l'est déjà, qu'est ce qu'on risque?

Depuis plusieurs années déjà, le cinéma corréen a fait une poussée en avant phénoménale grace à des polars passionnants et des films de science fiction originaux. Comparé au cinéma américain et européeen, on reconnait souvent un film corréen à son style visuel très spécial.

L'un des cinéastes les plus connus dans ce domaine est sûrement Park Chan Wook dont l'ultraviolent "Old Boy" avait défrayé la chronique au festival de Cannes.
Applaudi par Tarantino en personne, Chan Wook porte haut le cinéma corréen avec sa trilogie sur la vengeance.

Ses fans attendaient son nouveau film avec impatience en espérant une nouvelle série de scènes chocs, violentes et sadiques.
Oh combien ils ont du être déçus ceux là!
En effet, prenant tout le monde à contre courant, son film est une fable romantique qui se déroule dans un hopital psychiatrique.

Pas de poulpe avalé cru et pas d'arrachage de dents à coup de marteau cette fois, ceux qui attendaient un 4ème épisode sur le thème de la vengeance ont crié au scandale.
Pour les autres, ils ont eu la chance d'assister à un festival de créativité visuelle.

Le personnage principal est une jeune femme qui croit qu'elle est un cyborg.
Son comportement traduit donc ce ressenti : elle parle à la machine à café et aux néons et refuse de s'alimenter autrement qu'en suçant des piles.

Chan Wook joue habilement sur deux réalités.

L'une est celle de l'hopital avec ses traitements psychologiques de choc et son ambiance malsaine et délirante à la fois.
Si les malades sont loufoques à souhait ( entre celui qui marche à reculons, celle qui ne se regarde que dans un miroir et une autre qui cherche à défier la gravité...), l'hopital n'est pas un lieu inquiétant couvert de murs blancs et de longs couloirs.

Le réalisateur joue sur les teintes pour créer un décor coloré où les tables sont bleutées, les murs beiges aux motifs d'arbres à bulles, et les chambres d'internement, supposées étouffantes de froideur, sont d'un jaune pêtant qui traduit une autre sensation : celle du malaise.

Car le décor psychédélique très orienté culture pop n'empêche pas les électrochocs et autres traitements inhumains infligés aux patients.
"Vol au dessus d'un nid de coucous" à la sauce corréenne...


L'autre réalité c'est l'univers dans lequel Young-goon s'imagine.
Inutile de dire que lors de ces représentations oniriques, le réalisateur s'en donne à coeur joie.
Les ongles de pieds font office de barres de batterie pour voir si Young-goon est rechargée, ses chaussures cachent des réacteurs qui la font décoller et son corps translucide laisse apparaître les rouages et autres ampoules fantaisistes qui la font fonctionner.

Et que dire lorsque elle s'imagine en implacable machine à tuer ?

De ses doigts sortent des canons et sa bouche se mécanise. Les bras tendus, elle mitraille sans êtat d'âme le personnel de l'hopital dans des séquences bluffantes.

La caméra capte chaque coup tiré et les impacts s'écrasent artistiquement contre les murs, éclatent les ustensiles et font voler la paperasse tandis que les blouses immaculées des medecins se couvrent d'un rouge sang.

Rien que pour ça, Park Chan Wook confirme sa place de virtuose du cinéma!

Chan Wook est un esthète de l'image.
Ses plans prennent toujours en compte la profondeur de champ (il se passe toujours quelque chose en arrière plan) et la caméra virevolte dans les airs sans limites. La photographie est géniale : grace au travail effectué sur la lumière, les extérieurs deviennent de véritables tableaux d'artistes.


Mais en dehors du visuel, le scénario surprend également.
Si Young-goon est un cyborg, II-Soon, lui, est un voleur. Mais pas un voleur ordinaire...

Eternellement caché derrière un masque de lapin en carton, il a la capacité d'absorber un talent ou une sensation s'il arrive à suivre régulièrement une personne. Les situations qu'il déclenche sont excellentes : il arrive à s'accaparer la technique d'un joueur de ping pong, qui n'arrive plus à gagner un seul match, et la politesse maladive d'un jeune homme naif et timide qui, par la suite, ne pourra s'empêcher d'insulter le personnel...

Comprenant cela, Young-goon, lui demande de lui voler sa compassion pour qu'elle puisse aller libérer sa grand mère en tuant les docteurs qui la gardent.
Il va donc la suivre constamment et rapidement tomber amoureux d'elle.

Pour lui ce n'est pas grave si elle pense qu'elle est un cyborg mais la pauvre Young-goon n'arrive pas à s'alimenter normalement et risque de mourir.
Il va alors tout faire pour la ramener à la réalité.

Chan Wook signe des scènes aussi belles qu'émouvantes quand, II-Soon joue sur les deux tableaux faisant croire qu'elle peut vivre en étant ce qu'elle est.
Il fabrique un mécanisme qui lui permet de manger normalement et lui installe à l'intérieur du corps. Du moins, il feint de le faire...

Le film est tellement complet que je pourrais encore écrire des dizaines de lignes mais je risquerais de trop en dévoiler...

Park Chan Wook, mélange alègrement les situations oniriques, la fantaisie et l'humour adulte dans une oeuvre surprenante et colorée.
Un film novateur et dépaysant.

Note : ***

Hyper Tension




Le héros est piégé par un poison qui ralentit son rythme cardiaque.
Pour rester en vie il doit avoir recours aux émotions fortes par n'importe quels moyens.

J'aime bien les films au scénario « timbre poste » parce que le réalisateur sait que ce qu'il va raconter n'a que peu d'importance par rapport à comment il va le raconter.
Robert Rodriguez est passé maître dans ce genre de film ("Desperado" et "Une nuit en enfer" sont creux au possible mais visuellement, c'est juste du grand art!).

Que serait devenu Jason Staham si Guy Ritchie ne l'avait pas découvert dans la rue par hasard?
Après avoir été repéré dans son film « Arnaque, crime et botanique » il a été engagé par l'écurie Besson pour incarner un « Transporteur » où il a cassé la baraque.
Aussi doué dans le jeu d'acteur que dans la distribution de tatanes, il a déjà tenu tête à Wesley Snipes et Jet Li.

Désormais, on le voit partout: c'est le nouveau Van Damme, la superstar du film d'action.

Parfois, les journalistes demandent aux acteurs si un tournage a été épuisant, ici on peut se douter de la réponse. Statham passe son temps à crier, courir partout et à dérouiller du méchant sans jamais s'arrêter. Le titre suggère bien l'état dans lequel il se trouve mais le titre anglais (Crank : excentrique, détraqué) est encore plus significatif!
Ce type est un vrai malade, une vraie pile électrique sur pattes.

Conscient du vide abyssal de son script, le réalisateur s'est concentré sur les péripéties qui attendent le personnage principal.

Sex, drugs and rock and roll.
Tout est bon quand il s'agit de rester en vie.
Coke sniffée à même le sol, fellation durant une course poursuite ou encore une incroyable scène de sexe en pleine rue sous les yeux effarés (mais lubriques) des passants ; il faut avouer que le film bat des records dans la matière.

Maintenant qu'on a les « idées », il ne reste plus qu' à filmer tout ça.
On se rend compte que le réalisateur est plus doué dans les effets de caméra que dans les mouvements eux mêmes.

Lors des rares scènes de calme, on s'ennuie presque devant des dialogues fades filmés champ/contre champ sans aucune originalité.

Le reste du temps, le spectateur est constamment balloté par la caméra épileptique ( des travelling avants arrières dans le même plan, standard des série télé policières modernes), les images clippesques et le montage approximatif.

En revanche, le réalisateur multiplie les effets visuels avec inventivité.

Le film commence par un superbe plan séquence en vision subjective (on est le personnage, technique utilisée dans "Doom" ou "Halloween" par exemple) qui donne le ton.

Par la suite, il écrira à intervalle réguliers sur l'écran, fera des arrêts sur image, montrera des battements de coeur en 3D, jouera sur les éclairages dramatiques et les plans divisés ( à la De Palma).

La bande son est très réussie mélangeant avidemment des classiques du métal, du rock et même de la country créant un second degré constant qui sied parfaitement à l'ambiance délirante du film.
Mention spéciale à la scène où Statham essaie de faire un headbanging sur la musique « Don't kill my heart »alors qu' il est justement en train de mourir de sous tension...

Certaines scènes sont excellentes par leur démesure grotesque : la course poursuite dans le centre commercial (hommage aux "Blues Brothers"?) ou leur dimension burlesque : le héros abat deux bad guys en détournant l'attention de sa copine et se met debout sur une moto avant de prendre un vol magistral.

Par contre je m'attendais à un film d'action plus classique.
On frise souvent les limites du mauvais goût.

La violence, pas réaliste pour un sou, est particulièrement gore (bras coupé au hachoir, garde du corps qu'on plaque au sol sur une grenade...) et le film ne lésine pas sur les scènes choc (sexe dans la rue, utilisation d'un cadavre sur une chaise pour se protéger des balles...).

Voir le héros courir partout en chemise d'hôpital (accessoirement les fesses à l'air!) c'est très drôle mais quand un chauffeur de taxi se fait tabasser par des mamies parce que le même héros leur a fait croire qu'il était d'Al Kaida, je trouve ça déjà moins marrant...

Je passerai les détails invraisemblables sur les flics qui ne servent à rien même s'ils ont une arme (pas fichus de trouver quelqu'un qui se planque dans un placard!) et les portables qui captent où que l'on soit (même en chute libre!).

Et puis c'est quoi cette manie de toujours pointer son arme sur quelqu'un avant de lui parler en sachant qu'on ne va pas tirer et de frapper son portable contre les meubles quand on est énervé?
Ca coûte cher un portable...

En revanche, je trouve que les sponsors ne reculent devant rien pour placer leurs produits (4 plans successifs sur des canettes de Red Bull dont le héros boit plusieurs gorgées...).

Avec son grand n'importe quoi constant et l'absence de limites qui est donnée, le film risque vite de devenir culte. Pour ma part, le mauvais goût assumé et la réalisation prise de tête m'ont fait décrocher.

On rigole souvent, on est écoeuré (plus souvent) et on s'ennuie (moins souvent).
A voir, pour le fun.

Note : **

Wanted : choisis ton destin



A la mort de son père, un jeune homme découvre que ce dernier était un assassin professionnel. Il est alors recruté par son agence pour reprendre le flambeau.


Parmi les nouveaux réalisateurs talentueux qui soignent leur univers visuel (Len Wiseman, et le mexicain Guillermo del Toro), il faut désormais ajouter le russe Tibur Bekmambetov.

C'est déclaré : le renouveau du film d'action viendra du froid.
Remarqué avec "Night Watch", ambitieux film de vampires, le réalisateur est désormais aux commandes d'un blockbuster américain.

Le scénario parle d'une guilde d'assassins (je pense à "Hitman", incolore et indolore...) et la main des studios hollywoodiens peut s'abattre à tout moment sur le film en demandant des coupes décisives : j'ai peur.

L'incroyable vient de se produire!
Non seulement le film ne ressemble en rien à "Hitman" mais en plus le studio a laissé carte blanche au réalisateur qui multiplie les prouesses visuelles et ne lésine pas sur les litres de sang.

Encore mieux, le casting est excellent.

Angelina Jolie est comme toujours merveilleuse quand il s'agit de tout casser avec style et charme (ex Lara Croft et Mrs Smith quand même!), Morgan Freeman se la joue sobre mais son charisme reste intact.

Mais face à ces stars c'est le jeune James Mc Avoy qui crée la surprise.
Avec sa tête de M Tout le Monde, on n'a aucun mal à s'identifier à lui mais quand il s'énerve il est d'autant plus impressionnant qu'il reste crédible!

Un acteur de choix dont on risque sûrement d'entendre parler très prochainement...


Ce qui ont vu "Night Watch" et sa suite ont forcément été bluffés par la maîtrise visuelle des cascades et la fluidité des mouvements de caméra.
Dites vous bien qu'il ne s'agissait là que d'un brouillon pour ce film...

Wanted est l'un des films d'action les plus surprenants et les plus inventifs de cette dernière décennie!

Loin d'être une simple débauche d'effets spéciaux utilisés gratuitement pour le plaisir des yeux, le film possède aussi un scénario mâture et travaillé, aux rebondissements nombreux.

Grace à la perfection de la mise en scène et des effets visuels, le réalisateur parvient à nous faire croire que son univers existe réellement.

Son imagination est absolument sans limite.
Dès lors, les poursuites automobiles défiant la gravité, les personnages qui parviennent à dévier la trajectoire des balles par la pensée et les fusillades chorégraphiées à la "The Crow" ou "Equilibrium" ne nous étonnent même plus.

Je m'attendais à un film d'action basique entièrement dédié à la star Angelina Jolie mais j'ai pris mon pied comme rarement!
Laissez tomber les à prioris.
Bijou d'intensité et de violence graphique, "Wanted" va vous laisser sur le carreau!

Note : ***

Dark Blue



Printemps 1992, des émeutes raciales éclatent à Los Angeles.
L'Amérique est divisée par l'acquittement de policiers blancs, accusés d'avoir passé à tabac le jeune noir Rodney King. C'est dans ce climat de violence que le sergent Perry et la jeune recrue Bobby enquêtent sur une affaire de quadruple homicide.


Encore une fois, c'est pour Kurt Russel que j'ai voulu voir le film.

Une fois n'est pas coutume sa performance est excellente. Son personnage a beau être un ripoux de la pire espèce qui n'hésite pas à monter des fausses preuves pour faire accuser des innocents, Russel le rend malgré tout attachant. Flic corrompu et mauvais mari, il n'en reste pas moins drôle dans ses répliques et pitoyable dans sa vie privée. On ne peut que compatir à ce qui lui arrive.

Russel joue une âme tourmentée, tiraillée entre son sens du devoir et celui de la justice, qui à cause de toutes les magouilles qui se déroulent en haut lieu, sont rarement les mêmes.

Ses deux meilleures scènes dans le film sont celles avec sa femme et la fin où il reçoit son insigne.

A ses côtés les autres acteurs font pâle figure mais restent suffisamment crédibles.
Brendan Gleeson joue comme toujours de son physique et de sa voix imposants et Ving Rhames (les "Mission Impossible") reste très sobre dans son interprétation.
Quant au jeune Scott Speedman, on a au départ l'impression qu'il a juste été engagé pour son physique avenant mais il se révèle convaincant quand les scènes se font plus touchantes.
On ne m'otera pas l'idée qu'il joue mieux dans les "Underworld".

Le film est tiré d'une histoire de James Ellroy. Ellroy c'est le romancier dont la plupart des livres ont été adaptés à l'écran (Cop, LA Confidential, Black Dahlia...). C'est le spécialiste des enquêtes qui se déroulent dans un univers sombre et violent.
Chez lui, la corruption et les faux semblants jouent toujours un rôle aussi important que la psychologie torturée des personnages.

Dès le départ, le réalisateur introduit une certaine ironie narrative. C'est à dire que le spectateur en sait toujours plus que les personnages. Au bout de 20 minutes, on apprend qui sont les méchants.
S'il n'y a plus de suspense de ce côté, l'intérêt est de voir comment les héros vont mener leurs enquêtes. Et justement, sans le savoir tout le monde va espionner tout le monde.

Les petits secrets vont être révélés au grand jour et la vie privée de chacun va en prendre un coup.

Le scénario reste donc intéressant malgré tout ce que l'on connait dès le départ.

En revanche le gros reproche du film, c'est le manque de rythme.

La réalisation est plus que convenable avec une image à la fois léchée et jaunie artificiellement (par des filtres vert/brun qui rapellent Training Day) et un montage jamais trop rapide.

En revanche, le manque d'action se fait cruellement sentir. Hormis la tuerie du début, il faut bien attendre 1h30 pour voir Kurt Russel dégainer sa pétoire.
La scène est largement réussie de par les effets sonores d'abord mais aussi grâce à la course poursuite qui suit : lancé à fond dans sa voiture, Russel tombe au beau milieu d'une émeute...

Si l'action manque, la musique, elle, en fait trop. Du hip hop en veux tu en voilà pour représenter les quartiers chauds, ça passe encore mais lors des scènes « tragiques », le compositeur en rajoute une couche de trop dans le mélo.


Ron Shelton réussit un polar bien meilleur que son pathétique "Hollywood Homicide" (avec Harrison Ford pourtant!) mais qui reste bien trop sage pour retenir l'attention.
Heureusement, il y a Findus! ...euh Kurt Russel!

Note : **

Toy Story 2




Woody est kidnappé par un odieux collectionneur qui veut restituer la panoplie des jouets de la série « Western Woody ». Il apprend alors son glorieux passé tandis que Buzz et ses autres amis partent à sa recherche.

Toy Story 2 est un cas à part parmi les films de Pixar. Pourquoi? Parce que c'est une suite.
Il s'agit de la seule séquelle crée par le studio.

Au cinéma, quand on décide de faire la suite d'un film à succès c'est soit pour gagner plus d'argent soit parce qu'on a envie d'en dire plus sur les personnages.

Pixar n'est pas une machine à sous (même si tous leurs films sont des succès commerciaux indéniables) et quand on sait qu'ils ont mis quatre ans à réaliser Toy Story 2, ils ont intérêt à croire à ce qu'ils font...

Le réalisateur du premier Toy Story, John Lasseter, n'avait pas pu inclure toutes ses idées dans le premier film. C'est maintenant chose faite.
Il en profite pour inclure toute une gamme de nouveaux personnages et approfondir l'histoire des deux héros Buzz et Woody.
Ce dernier est en effet la vedette d'un vieux feuilleton où il fait régner la justice dans l'Ouest sauvage accompagné par la jolie écuyère Jessie, le ronchon Papi Pépite et son fidèle destrier Pile Poil.

Loin d'être juste une paire de nouvelles têtes, ces personnages sont essentiels à l'histoire car ils amènent Woody à réfléchir sur sa vraie valeur.

"Mieux vaut être aimé par un enfant en sachant qu'un jour il se lassera ou être adulé par des générations, mais à l'abri derrière une vitre de musée?"

Malgré l'humour, les scènes d'action et autres péripéties endiablées, cette problématique est réellement au coeur du film. Elle est d'ailleurs parfaitement illustrée par la chanson « when she loved me » interprétée par Sarah McLachlan (une voix incroyable!).
La chanson va droit au coeur.
Aux plus jeunes, elle rappelle qu'il faut grandir un jour et à nous, adultes, ce que l'on a perdu au fil des ans. Nostalgie et amertume se mèlent dans une mise en scène légère mais tellement explicite.
La maturité du scénario n'est plus à démontrer...

Mais bon arrêtons de broyer du noir et parlons d'autre chose!

Les héros du film sont des jouets et le film lui même n'est qu'une suite d'images en 3d, absolument rien de ce que l'on voit à l'écran n'est réel (comme tous les dessins animés vous me direz...) pourtant rarement un univers n'aura semblé si palpable. Les textures manquent parfois de finesse (les visages humains ont un arrière goût de plastique) mais qu'importe : l'essentiel ce sont les personnages.

Animés d'une main de maître, ils paraissent réels sans même posséder de voix. Mais une fois qu'ils en ont une alors c'est le bonheur!
Un immense bravo au casting.
Les acteurs qui s'occupent du doublage sont les mêmes que pour le premier film. On retrouve donc Tom Hanks et Tim Allen qui doublent respectivement Woody et Buzz, et toute la smala qui les accompagne (le cochon tirelire, le T Rex en plastique, le chien à ressort...) est également « jouée » par d'excellents comédiens.

Du côté des nouveaux, Joan Cusack (à ne pas confondre avec John...) prête sa voix à une écuyère quelque peu...enthousiaste et Wayne Knight joue le collectionneur sans scrupules.

Acteur cantonné aux seconds rôles (Dennis Nedry dans "Jurassic Park" est un de ses plus connus), il ajoute beaucoup au second degré du film. Cheveux gras, haleine de chacal et un bide à faire frémir les habitués du McDo, son personnage est génialement détestable mais Knight lui ajoute une voix speed et hésitante qui lui donne constamment l'air d'un abruti hystérique.

Chaque personnage a sa personnalité propre et de vrais sentiments.
Les animateurs et les doubleurs réalisent un travail brillant et nous font croire sans peine à leur existence.
Woody et Buzz se chamaillent sans arrêt et se crient dessus pour un rien mais ce sont les meilleurs copains du monde.
Ils ont leurs petites manies, ils sont bourrés de défauts bref ils sont humains(!) et on les aime.

Hormis la crédibilité des personnages, celle de leur environnement est également essentielle.
Si Toy Story premier du nom se déroulait essentiellement dans les mêmes décors, ici les jouets partent pour la grande aventure et il s'agit de retranscrire ça à l'écran.

Il n'y a rien n'a redire sur la mise en scène : inspirée et travaillée dans les moindres détails, elle permet de faire passer un message sans avoir recours à des dialogues explicatifs.

Si une image vaut plus que des mots, le son est tout aussi important et les ingénieurs du son ont accompli un travail remarquable.
Il n' y a qu'à « voir » la scène où les jouets traversent la route pour se rendre compte de la qualité des effets sonores.

Le son est d'ailleurs du à Gary Rydstorm, multi oscarisé pour des films comme "Terminator 2" ou "Jurrasic Park". Une pointure, quoi.

La musique n'est pas en reste.
Randy Newman compose des morceaux entraînants et des chansons émouvantes et Lasseter est même allé jusqu'à s'octroyer les services d'un groupe de country (les « Riders in the Sky ») pour créer le générique de la série télévisée dont Woody est le héros.

On connait Pixar pour son humour iconoclaste et décalé et le film ne faillit pas à la règle. Comme Shrek 2 (mais bien des années plus tard), les grands classiques du cinéma sont détournés pour le plaisir des cinéphiles (rapidement je citerais "Star Wars", "Jurrasic Park", "58 min pour vivre", "James Bond"...le reste je ne l'ai plus en tête).

Buzz se moque de lui même lorsque il se retrouve face à ses doubles et le globe terrestre apparaît en arrière plan lors de son discours patriotique.

Les personnages secondaires ne sont jamais à court de vannes : entre le T Rex pleurnichard qui lance un « Au moins on aura essayé » de dépit alors qu'ils doivent traverser la route et le cochon tirelire qui fait des commentaires sur la consommation de la voiture qu'ils sont en train de conduire; il y en a pour tous les goûts.
On sent que l'équipe du film s'est vraiment amusé à imaginer les répliques...

On note aussi une bonne dose d'autodérision lors d'une intro ridiculisant les grands succès de la SF et les références au merchandising et à la publicité.

Meilleur que le premier épisode? Le débat est ouvert.
En tout cas, le scénario n'est pas qu'un prétexte pour une suite mais bien une véritable histoire, avec ce qu'il faut d'aventure, d'humour et d'émotions pour captiver le public.
Encore une belle réussite signée Pixar (mais qui en doutait après tout?).

Note : ***

samedi 20 décembre 2008

Resurrection of the little match girl




Vous avez dans les mains le jeu vidéo le plus réel de tous les temps. Votre mission consiste à laisser mourir la petite fille aux allumettes en l'empêchant de vendre ses briquets. Il vous faudra aussi gagner son coeur pour qu'au moment de sa mort, sa dernière pensée soit pour vous. Mais attention, pour y arriver vous devrez affronter d'autres joueurs, dangereux et sans scupules.

Tout commence par une nuit enneigée. La petite fille aux allumettes tente de vendre ses briquets, comme dans le célèbre conte d'Andersen, mais personne n'en veux. Elle fini par mourir de froid dans la rue.

Le film présente ensuite le héros : un looser complet, doué aux bornes d'arcades mais qui ne sait rien faire d'autre de ses dix doigts. En bon gamer qui se respecte, il s'imagine en super héros qui sort des armes à feu quand il en a besoin pour régler leur compte aux personnes qui lui prennent la tête.

En acceptant de se connecter au jeu vidéo du film, tous ses rêves vont devenir réalité.
Il pourra désormais esquiver les balles au ralenti, utiliser des armes et des explosifs et devenir un pro des arts martiaux.
Ca vous rappelle quelque chose? Et oui, on peut affirmer que sans Matrix, le film n'existerait pas...

Le problème c'est qu'un scénario qui repose sur une confrontation réalité/monde virtuel ne date pas d'hier : Matrix, Ghost in the Shell, Avalon, Existenz pour les plus connus. Il fallait donc que le film ait un atout particulier pour pouvoir se différencier. En fait, il en a deux.

Le premier atout c'est l'intéraction constante entre le film et l'interface d'un jeu vidéo visuellement très réussie. Au cours du film, des informations apparaissent concernant l'identité des joueurs et leurs points de vie. Parfois on a droit a des dialogues mis en bulles comme dans les jeux de rôles et la force des personnages augmente en fonction de l'arme qu'ils ont en main.

Mais ce n'est pas fini, en éliminant ses adversaires, le joueur gagne des niveaux d'expérience et le film lui même est divisé en plusieurs stages de jeu (références aux jeux de tir en arcade comme «Time Crisis » ou « House of the Dead », dont le héros est friand).

Le second c'est les effets spéciaux. Sans être novateurs, ils sont travaillés et bien mis en scène.
Les tirs de l'arme du héros rapellent les fusils de « L'effaceur », les missiles traversent l'écran à une vitesse fulgurante et les balles laissent des vaguelettes sur leur passage (comme dans Matrix).
A un moment le héros se retrouve dans un long couloir sans fin où se matérialisent des soldats et même un hélicoptère, ce qui fait très jeu vidéo.
Mais le plus impressionnant, ce sont les effets des tirs de son arme qui désintègrent ses ennemis ou les carbonise instantanément (Half Life 2).

Visuellement donc le film foisonne de références videoludiques du plus bel effet. Malheureusement c'est bien un des seuls forts points forts du film.

Parce que le gros problème c'est la réalisation elle même.

Malgré l'abondance de scènes d'action plus inventives et spectaculaires les unes que les autres, l'ennui se fait vite sentir. La faute à une esthétique très particulière tant visuelle que sonore.

Aux antipodes de la sobriété des couleurs de Matrix et des images léchées d'Avalon, le film baigne dans une lumière très froide, aux couleurs saturées, qui est loin de rendre hommage aux cascades et autres fusillades. De plus, si le montage n'est pas trop rapide, les cadrages eux sont généralement mal choisis ne mettant que rarement l'action en valeur.


En tentant de recréer une esthétique de jeu vidéo, le réalisateur use et abuse des effets de caméra dont des accélérés fulgurants, parfois impressionnants (la fusillade du début ou celle dans le métro) et parfois complètement ridicules (la course poursuite avec la police).

Quant à la bande son, magnifique à de rares moments (la première fusillade et le passage de « Ave Maria »), elle est en général très en deça de ce que demande l'action. A un moment on a droit à un morceau en live qui gâche complètement la beauté de la scène du flash back et je ne parle pas de la chanson récurrente utilisée à chaque apparition du personnage de Lara, éternel « lalalalalalala » aussi moche que pénible à écouter.

L'actrice qui joue la petite fille aux allumettes est très belle.
Elle est aussi crédible dans son rôle d'innocente que lorsque sans état d'âme elle décharge son arme sur les passants qui refusent de lui acheter ses briquets. Oui parce que dans le film, les gens sont complètement idiots. Envoyer paître la pauvre fille qui vend ses briquets je peux comprendre, mais qu'ils continuent à le faire alors qu'elle les tient en joue avec un MP5, j'avoue qu'il faut avoir la tête creuse..

Et puis c'est quoi ce culte de la violence?
Une jeune fille abat des personnes dans la rue et soudain un groupe de fans hystériques se forme, avec pancartes, balcons et tout le tintouin???
D'autant qu'une fois que ce sont eux qui sont la proie des balles, ils changent vite d'opinion sur leur idole...

En revanche, à part elle, les autres personnages manquent vraiment de charisme.
Le héros, falot et agaçant, est bien loin de concurrencer le personnage de Néo, quant à Lara décrite par le jeu comme une « Lara Croft version lesbienne » (!) elle n'égale en rien son modèle.

Alors que Miss Croft s'habille en short moulant sexy, elle est vêtu de plusieurs couches de tissus qui lui donnent parfois des airs de bohémienne. Et bien qu'elle marie élégamment la souplesse de son corps et le maniement des armes à feu, sa technique de combat porte plus sur « Tigre et Dragon » que sur « Tomb Raider ».

Avec des héros si peu attachants, difficile d'apprécier leur aventures. Faute de pouvoir s'identifier à eux, les explosions et les cascades phénomènales deviennent moins prenantes et perdent de leur intérêt.

Certaines scènes, comme celle où la petite fille se débarasse de deux soldats, sont bluffantes mais d'autres tombent à plat.
Le morceau de bravoure est certainement l'attaque avec la jeep mais cette satané chanson revient une fois de plus pour tout gâcher!

Enfin le scénario ne tient jamais ses promesses et regorge de séquences totalement grotesques : l'arme la plus puissante du jeu ressemble à un jouet à piles et le héros soit apprendre à « pêcher avec son coeur » pour pouvoir l'utiliser, sans oublier cette bande d'idiots caricaturaux qui passent leur temps à tomber sur plus fort qu'eux et qui au final ne servent strictement à rien.

Les dialogues, eux, se révèlent souvent d'une platitude affligeante.


Le film est vraiment particulier et mérite une bonne dose d'indulgence pour pouvoir être apprécié. Ses qualités indéniables sont toutes sabotées par une réalisation aussi bizarre que mal appropriée.

Note : *

Le Parrain 2


Michael Corleone a succédé à son père Vito à la tête de la famille. Il dirige alors les affaires des Corleone d'une main implacable, en éliminant ses ennemis les uns après les autres. Mais en tentant en vain de ressembler à son père, il ne fera preuve que d'une autorité dévastatrice qui peu à peu l'éloignera des personnes qu'il aime.


La suite du chef d'oeuvre de Coppola était elle indispensable?

N'avait on pas tout raconté dans le premier film? Apparemment non.
Tout ce qui monte doit redescendre dit-on et puisque nous avons assisté à l'ascension de Michael Corleone, il est tant de découvrir sa chute...

On ne change pas une équipe qui gagne. Coppola retrouve les mêmes techniciens du film précédent. Inutile de dire une fois de plus que techniquement le film est un vrai joyau.
La photographie, la musique, les décors, les cadrages, le son...tout est fait dans les règles de l'art.

Tous les personnages ayant survécu au premier volet sont là et c'est déjà une réussite d'avoir pu réunir tous ces acteurs.

Difficile de donner un vrai résumé du scénario car l'histoire est complexe au possible.
Entre complots, trahisons et affaires de famille, il vaut mieux bien avoir le premier film en tête tant la saga regorge de personnages importants et de sous intrigues.
Les rebondissements sont nombreux et je doit avouer que parfois j'ai fini par oublier qui fait quoi.

Comme si cela ne suffisait pas, Coppola décide d'approfondir les origines de Vito Corleone par l'intermédiaire de flash backs.
On n'a donc pas qu'une histoire mais deux, qu'il faut suivre en parallèle.

Pour remplacer Marlon Brando et faire oublier son interprétation colossale, il fallait un sacré acteur. Et qui mieux que l'acteur fétiche de Scorsèse pouvait prendre le relais.

Robert de Niro est un des acteurs les plus connus et les plus admirés du cinéma mais malgré tous ses rôles, il a rarement été récompensé.
Ici, il remporte l'oscar du meilleur second rôle. Pourquoi? Parce que.

Parce que, apparaissant à peine un quart d'heure à l'écran et ne parlant qu'en italien, il parvient à donner une force extraordinaire à son personnage.
Tout en sourires forcés et regards froids, il livre une de ses plus belles performances à l'écran.
C'est dommage qu'il n'ait pas une plus grande place dans le film.

L'acteur principal c'est Al Pacino.

Le nouveau parrain est un type inquiétant par sa simple vision.
Non pas que Pacino ait une sale tête mais son manque flagrant d'expression et son calme constant ne sont jamais gratuits. Derrière son apparence glacée, il cogite constamment.
On sait qu'il prépare quelque chose, mais on ne sait jamais quoi. Il mêne en bateau aussi bien ses ennemis que le spectateur et il est impossible de prévoir son prochain coup (et sa prochaine victime).

Le film impressionne constamment par sa grandeur.
Visuellement, d'abord : scènes de bals, fête du nouvel an, rues bondées de marchands ou procès important, il n'est pas rare de voir des dizaines de figurants dans le cadre.

Les décors sont magnifiques et parfaitement mis en valeur et la reconstitution d'un New York du début du siècle (dernier) est absolument renversante.

Et scénaristiquement surtout. Comme je l'ai déjà dit, le film fait intervenir un grand nombre de personnages mais en plus Coppola place son histoire au centre de l'Histoire.
De nombreux événements politiques interviennent, dont la révolte de Cuba et l'arrivée d'immigrants à New York. Son Parrain devient alors un miroir social et plonge ses personnages dans une réalité historique où ils ont tous leur rôle à jouer.


De par la démesure du projet, Coppola aurait pu sombrer dans le n'importe quoi mais il n'en est rien.
Il réussit le tour de force de présenter les deux histoires séparément sans que l'une ne vienne empiéter sur l'autre car sa mise en scène est maîtrisée de bout en bout : il les annonce tour à tour par de subtiles transitions ou des fondus enchaînés.

Comme le premier film, le Parrain dure plus de 3h.
La violence, toujours aussi choquante par son réalisme, est encore moins présente que dans le premier opus.

L'intrigue et puissante et nous emporte dès le départ mais quand on y réfléchit, le film doit se dérouler sur 95% de dialogues.
Honnêtement j'ai parfois trouvé le temps long.

Mais le Parrain n'est pas le Seigneur des Anneaux.
Même s'ils sont longs tous les deux, ils se doivent d'avoir un style différent.

La mise en scène est très sobre et empreinte d'un certain classicisme, la lumière joue sur les zones d'ombre, la musique est toujours aussi lanscinante, les dialogues abondent mais c'est par eux que passe l'intrigue et c'est le seul moyen qu'ont les personnages pour dévoiler leurs sentiments.

Le Parrain n'est pas un film épique c'est un drame bouleversant qui prend place dans la réalité historique. Les acteurs qui y participent ne doivent pas en faire des tonnes, ils doivent rester posés et sérieux.

Et s'y je trouve le temps de m'ennuyer en voyant le film, c'est que ce n'est tout simplement pas mon genre de film ; ce qui ne m'empêche pas de reconnaître ses qualités.

Le Parrain 2 est une des plus belles suites jamais réalisée, peut être même supérieure à l'originale et indéniablement un grand film.
Et boum, 6 oscars de plus!

Note : ****

Le Parrain



En 1945, à New York, les Corleone sont une des cinq familles mafieuses de la ville. Don Vito Corleone est « le Parrain » de cette famille. Sollozzo, dit « le Turc », qui est protégé par « le Parrain » de la famille Tattaglia propose à Don Vito une association dans le trafic de drogue, mais celui-ci refuse, car il risquerait d'y perdre ses appuis politiques pour des raisons morales. Sonny, un de ses fils, y est quant à lui favorable. Afin de traiter avec Sonny, Sollozzo tente de faire tuer Don Vito, mais celui-ci en réchappe. Michael, le frère benjamin de Sonny, recherche alors les commanditaires de l'attentat avec l'aide de toute la famille Corleone dont son frère Sonny. Commencent alors les représailles…


La première fois que j'ai vu le film (en français) j'ai failli m'endormir.
En effet les doubleurs étaient mous et ne parvenaient jamais à recréer l'accent italiano américain propre aux personnages du film.
En VO, la prestation des acteurs est remarquable et apporte énormément aux dialogues.

On associe souvent le chef d'oeuvre de Coppola à la performance mythique de Marlon Brando.
Bien qu'il n'apparaisse que dans peu de scènes, l'acteur électrise l'écran de sa présence.
Son incarnation oscarisée du patriarche Corleone est entrée dans l'histoire.
Certainement le rôle le plus marquant de sa carrière.

A ses côtés, les interprétations de Al Pacino, James Caan et Robert Duvall sont brillantes.
Leurs rôles les ont propulsés vers la gloire.

Le film est mis en scène de manière très classique (pas de grands travellings, de mouvements rapides ou de contre plongées inutiles). Coppola prend le temps d'installer ses personnages et de les faire évoluer.

On assiste souvent à une succession de dialogues interminables mais lorsque la violence survient, elle nous percute de plein fouet.
Réalistes et choquantes, les fusillades sont monnaie courante.

Coppola n' hésite pas à emprunter à ses prédécesseurs (la scène du péage est tirée de Bonny et Clyde d'Arthur Penn) mais le fait avec brio.

Le réalisateur s'est entouré des plus grands techniciens pour donner vie à sa fresque légendaire.

La photographie est splendide.
Les cadrages restent très classiques et les acteurs sont souvent filmés le visage à demi caché dans la pénombre.
Cette touche particulière donne tout son cachet au film, qui rappelle la grande époque des films noirs.

Il faut aussi saluer les ingénieurs et les monteurs sonores qui portent certaines scènes à une violence rarement atteinte.

Et que dire de la musique lanscinante de Nino Rota?

3 heures de film, ça peut paraître long mais Le Parrain surpasse élégamment l'épreuve du temps.
Virulent et sinistre, Coppola réussit le parfait équilibre entre l'intensité des liens familiaux et la cruauté des affaires criminelles.

On dit du Parrain qu'aucun film n'a mieux représenté l'univers de la mafia sicilienne.
Une chose est sûre la représentation romantisée de Coppola reste gravée dans les mémoires.
L'inquiétante ascension du clan Corleone est parsemée de scènes magistrales.

Véritable réussite, Le Parrain est un incontournable du 7ème art.
Difficile de croire que sa suite est encore meilleure!

Note : ***

Opération Shakespeare




Bill Rago, publiciste au chomâge fonce sur le seul travail qu'on lui présente : professeur dans l'armée des Etats Unis...

De la part de Penny Marshall, responsable de "Big" et "Jumping Jack Flash", on ne peut pas s'attendre à des miracles au niveau de la réalisation.
Les dix premières minutes font d'ailleurs présager le pire.

La mise en scène est plate et sans originalité. La moitié des gags tombe à plat et l'autre moitié reste prévisible.

Mais une fois que l'on entre dans l'univers de l'armée le film prend une autre tournure.

Bill n'a jamais fait son service militaire et il déteste obéir aux ordres. A lui les joies du réveil au clairon à quatre heures du mat, les bâtiments aux noms impossible à retenir et surtout le mépris vis à vis « des durs de durs » fiers de faire partie de l'élite de la nation.

Mais par dessus tout il n'a jamais enseigné de sa vie et une fois arrivé dans sa classe, les choses ne font que s'aggraver.
Le voilà jeté dans la gueule du loup face à une bande de jeunes recrues qui ne savent rien dire d'autre que « Sir, yes sir! » ou semer la pagaille. Et dire qu'il est censé en faire des « soldats intelligents » comme il le dit si bien en cherchant un exemple d'oxymore....

Avec une bande d'écervelés pareil, on sent la comédie bien lourde pointer son nez...or c'est tout le contraire qui arrive.

Que peut on bien apprendre à des militaires qui leur soit utile dans leur carrière? Hamlet!
Quel est le rapport? Aucun. Mais c'est par un truchement original dans le scénario que Bill va leur faire étudier la pièce...

Voilà donc cette joyeuse bande de laissés pour compte récitant du Shakespeare entre deux parcours du combattant sous le regard d'un petit huluberlu qui passe son temps à se demander ce qu'il fait là....

C'est le point de départ d'une histoire riche en rires et en émotions.
Le scénario fait la part belle à l'ironie et à la satire facile vis à vis du personnel militaire mais il est aussi très touchant au niveau des relations.

Loin d'être stéréotypés, chaque personnage a un passé et une personnalité qui lui est propre.
Si ces jeunes se sont engagés dans l'armée, ils l'ont tous fait pour une bonne raison. Chacun vient d'un milieu plus difficile qu'il n'y paraît et s'ils sont là c'est, pour la plupart, qu'ils n'ont pas d'autre endroit ou aller.

Considérés comme des cas sociaux, ils sont la risée de leur régiment mais bien qu'ils passent la journée à escalader des tours, à courir sous la pluie et à ramper dans la boue, ils ne sont pas démunis d'un cerveau.

Et malgré tout ce qu'on veut leur faire croire, ils peuvent s'en servir. Ils ont juste besoin d'un coup de pouce pour apprendre à le faire.

Bill non plus ne nage pas dans le bonheur. Il vient juste de perdre son boulot et se retrouve dans un environnement qu'il considère hostile et dégradant. Quant à ses relations familliales, il y a mieux : il est divorcé et entretient, avec sa fille, des relations plutôt houleuses (il ne croit pas en elle et considère ses passions comme une perte de temps).


Mais bien que ce soit lui le prof, c'est surtout lui qui va apprendre aux contact de ses « élèves ».
Ce professeur pas comme les autres et ces troufions de bas niveau vont parvenir à s'inspirer les uns les autres pour qu'à la fin tout le monde découvre ce dont il est réellement capable.

A travers ses recrues, Bill va découvrir que sa vie est fondée sur un tas de préjugés et va apprendre à s'ouvrir aux autres (notamment sa fille).

Quand aux autres, ils vont découvrir le plaisir de la poésie , de la culture et tous vont faire preuve d'une ouverture d'esprit, aussi grande qu'innatendue venant de leur part.

Le film est vraiment passionnant dans sa façon de présenter la pièce. Loin d'être pompeux et rébarbatifs, les cours sont vivants et enjouées. Les vers de Shakespeare sont lus au rythme de batterie ou chantés en version rap. Une idée subtile pour dépoussiérer le mythe.
Mais utiliser la pièce n'est pas un simple gadget. A travers Hamlet, chacun va apprendre à se construire, c'est ce qui permettra de rapprocher les personnages et de les faire évoluer.

Le film est parfois très drôle mais il est aussi souvent très triste, sans pour autant sombrer dans le mélodrame bon marché. On n'éclate pas en sanglots mais on ne peut s'empêcher d'être ému par la sincérité de certaines scènes. Surtout que les acteurs savent jouer sur la corde sensible avec talent.

Danny DeVito est aussi petit par la taille que grand par le talent. Il ne porte pas le film sur ses épaules mais son interprétation, à la fois sensible et amusante, force l'admiration. Il n'hésite pas à prendre des airs grotesques pour exprimer son irrespect de l'uniforme mais il sait se montrer plein de passion quand il s'adresse à ses étudiants.

D'ailleurs les étudiants eux mêmes sont tous formidables. Les acteurs qui les interprêtent ont beau ne pas être connus (hormis un Mark Wahlberg débutant), chacun réalise une bien belle performance.

Par leur comportement crédible et approprié, on s'attache rapidement à eux et on prend plaisir à les écouter raisonner sur des sujets censés les dépasser (encore une fois, les apparences sont trompeuses...).

On apprécie de les voir se chamailler comme des écoliers puis de se réconcilier dans la minute qui suit. Les liens de camaraderie qui les unit sont très forts et on le ressent dans le jeu des acteurs.

Comme je disais donc au départ, la mise en scène pêche par moments par quelques lourdeurs mais dans l'ensemble le film reste très agréable. La musique guillerette et entraînante du grand Hans Zimmer y étant sûrement pour quelque chose...

Mais c'est le scénario, beaucoup plus profond et intelligent qu'aux premiers abords, qui mérite d'être applaudi. Aussi plaisante que touchante, cette rencontre improbable et insolite entre deux mondes totalements opposés est une vraie leçon de vie, avec ses hauts et ses bas.

Le film lui même est extrêmement dur à trouver : je l'avais en K7 mais pour le voir en VO j'ai carrément du le commander en zone 1. On ne peut donc pas dire qu'il soit très connu.

Malgré quelques passages à vide dus au formalisme de la mise en scène, le film est une comédie dramatique remarquablement bien écrite et interprétée.

Sorte de « Cercle des poêtes disparus » chez les GI, Opération Shakespeare est un de ces rares film qui vous redonne le sourire. Comme les personnages à la fin du film, on en ressort grandi.
De Vito, l'anti stress!

Note : ***

Le Bon, la Brute et le Cinglé




Les années 30 en Mandchourie. Le Cinglé vole une carte au trésor à un haut dignitaire japonais. La Brute, tueur à gages, est payé pour récupérer cette carte. Le Bon veut retrouver le détenteur de la carte pour empocher la prime. Un seul parviendra à ses fins, s'il réussit à anéantir l'armée japonaise, les voyous chinois, les gangsters... et ses deux adversaires.
Le titre fait évidemment référence au film "le Bon, la Brute et le truand", légendaire western de Sergio Leone. Normal puisque ce film en est le remake non officiel.

Quand le réalisateur Ji Woon Kim (A bittersweet life) évoque son attachement aux westerns il parle du "vent du Nord qui souffle dans le désert, de l'homme au fusil qui marche seul, de la détonation soudaine d'une arme", bref des clichés recurrents de ce type de film.

Du film original, il reprend les trois personnages principaux, l'histoire du trésor enfoui et quelques scènes cultes comme le duel final. Le reste diffère totalement tout en gardant ses références indéniables.

Les grandes étendues du Mexique ou de l'Arizona sont remplacées par les plaines désertiques de la Mandchourie, la guerre civile devient un combat entre les Mandchous et les japonais, les six coups du western se changent en luger, fusils voire mitraillettes et les trois personnages principaux s'adaptent eux aussi à leur nouvel environnement.

Contrairement à l'original, ce n'est pas le Bon (Clint Eastwood à l'époque) qui est mis en avant mais le nouveau venu, à savoir le Cinglé On a donc un changement radical de point de vue par rapport au film de Leone.

Le film aurait très bien pu s'appeler : "la star, la star et la star"...
Woo Sung Jung (le Bon), Byung Hun Lee (la Brute) et Kang Ho Song (le Cinglé font partie des plus grands acteurs du cinéma corréen.
Le premier a été révélé par le film  "Musa, Princesse du désert". Il joue ici un chasseur de primes. Cow boy solitaire, très propre sur lui, il parle peu mais tire bien. Excellent cavalier, il manie le fusil à la perfection. Son long manteau ouvert par le bas et son visage constamment caché sous son chapeau nous remettent en tête les images de l'homme à l'harmonica de"Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio Leone.
Avec lui, on a droit aux chevauchés sur fond de soleil couchant, aux actions héroiques et aux acrobaties les plus invraisemblables.
La Brute est jouée par Byung Hun Lee qui avait déjà travaillé avec Ji Woon Kim sur A bittersweet life. Lui, c'est le tueur à gages. Cette fois aucune chance qu'il nous rappelle Lee Van Cleef! Vêtu de noir des pieds à la tête, il contraste parfaitement avec la blancheur des paysages. Véritable anachronisme vivant, sa frange qui lui barre le visage et ses boucles d'oreilles lui donnent l'air de sortir tout droit d'un manga.

Si Van Cleef jouait une ordure, et un tortionnaire de surcroît, la Brute reprend cette idée. Aussi adroit avec un pistolet qu'avec un couteau, il dégomme et taillade sans pitié tous ceux qui se dressent sur son chemin.

Et le petit nouveau c'est donc le Cinglé. Kang Ho Song est une légende vivante dans le cinéma corréen, il a participé à plusieurs grands succès comme Sympathy for Mister Vengeance de Park Chan Wook (Old Boy, Je suis un cyborg...), Memories of Murder et The Host, film de monstre absolument délirant.

Ho Song est un acteur extraordinaire qui sait passer de la comédie pure à un sérieux inébranlable en quelques secondes. Sa performance est vraiment formidable, sa tête d'ahuri et ses expressions loufoques participent grandement au plaisir que procure le film.
Le Cinglé c'est celui par qui tout arrive et qui va se mettre tout le monde à dos.

"Le Bon, la Brute et le Truand" n'est pas un western comme les autres, c'est ce qu'on apelle un western "spaghetti". Pourquoi spaghetti?
D'abord parce que le genre est avant tout italien et aussi parce que contrairement aux westens américains, les scènes sont largement arrosées de "ketchup".

Contrairement à son modèle US, le western spaguetti comporte une mise en scène beaucoup plus exacerbée, presque caricaturale. On a tous en tête les plans rapprochés à l'extrême, lors des duels, sur le regard ou sur une main prête à saisir un révolver. Plans qui contrastent avec les panoramiques grandioses des paysages alentours.

En bon élève attentif, le réalisateur s'empare de cette exagération de mise en scène pour s'en servir à sa manière.

Ici la caméra est un personnage à elle toute seule. Constamment en mouvement, aucun obstacle ne peut se mettre en travers de sa route. Elle virevolte dans les airs avec les personnages, les suit de près ou de loin lors des courses poursuites et des fusillades et va même jusqu'à se balader le long d'un train en marche.

Sincèrement, le travail effectué sur les plans et les cadrages est absolument exceptionnel. On a réellement l'impression qu'elle peut se faufiler partout. Il n' y a aucune limite à sa progression. Cette fluidité totale se ressent à l'écran et donne un sacré rythme au film.

Tout le monde connait les compositions d' Ennio Morriconne. Il a travaillé sur un grand nombre de western et il est surtout responsable de la BO de tous les films de Leone. Ici, la musique joue aussi un rôle important et accompagne l'action à merveille. Les sonorités typiquement asiatiques rejoignent des tempos plus contemporains pour un résultat fascinant.

La scène où le Cinglé est poursuivi par la cavalerie Mandchou, elle même bombardée par l'armée japonaise est juste ahurissante. Et quand en plus toute la séquence est marquée par le tempo de "Don't Let Me Be Misunderstood" (utilisée par Tarantino dans Kill Bill), on se trouve en face d'un vrai morceau d'anthologie!

Mais le plaisir ne s'arrête pas là...



Avec un budget avoisinant les 17 millions de dollars, le film est certainement le plus cher de l'histoire du cinéma sud-corréen.

Heureusement chaque centime se retrouve à l'écran et le film nous offre de formidables scènes d'action avec moult cascades, explosions, tirs en tous genres, dizaines de figurants ; le tout filmé de facon hautement spectaculaire dans des décors naturels magnifiques.

La photographie du film, dotée d'une palette de couleurs éclatantes, est superbe et amplifie considérablement la beauté de chaque scène.

Mais ce n'est pas fini (et non!)

Car en plus de toutes les qualités déjà citées, le film se permet d'innover de façon aussi ingénieuse qu'intelligente.

D'abord les fusillades sont particulièrement violentes (le sang va jusqu'à gicler sur l'objectif de la caméra) mais, et ça on l'attendait pas du tout, sont empreintes d'un humour noir ou absurde du plus bel effet.

Quelques exemples parmi tant d'autres :
Alors que la Brute s'apprête à découper le doigt d'un pauvre type plaqué au sol, il se met à râler parce que la pluie émousse sa lame.
Le Cinglé, mitraillé de tous les côtés, enfile un casque de scaphandrier pour se protéger des balles...

C'est de la folie pure!

Alors bien sûr le film n'est pas parfait. On peut reprocher, à de rares moments, que les plans soient trop rapides au niveau du montage (un problème récurrent dans le cinéma d'aujourd'hui) nous obligeant à deviner ce qui se passe à l'écran.

Certains trouveront aussi dommage que le scénario soit aussi sommaire, que les personnages ne soient pas plus approfondis mais, et il le montre souvent, le film se veut volontairement régressif et n'a que trois choses à nous offrir : du fun, du fun et du fun!


A la fin, la question de savoir si le film a dépassé son modèle ne se pose même pas. Le classique de Sergio Leone reste indétronable, point barre. Mais vu les différences entre les deux films, je pense que ce n'était même pas la volonté du réalisateur.

Le Bon, la Brute et le Cinglé est un pur divertissement ni plus, ni moins.
Loufoque, joyeux et complètement barré, le film place la barre très haut en matière de plaisir à offrir. On y retrouve tous les ingrédients classiques d'un bon western assaisonnés d'une sauce coréenne terriblement épicée. Chaud devant!

Excellemment filmé et interprêté il permet au spectateur de prendre son pied comme rarement, et ce jusqu'à la fin du générique!

Note : ****

Cliffhanger



Terrible accident d'avion dans les montagnes... Gabe, alpiniste chevronné, part au secours des survivants. Mais il s'agit en fait d'un commando de tueurs qui vont l'obliger à leur servir de guide...

J'ai l'impression que 58 minutes pour vivre est une exception dans la carrière de Renny Harlin.
Plus je regarde ses films, plus je suis déçu.
Meilleur que le récent Pacte du sang, Cliffhanger n'atteint jamais le niveau des aventures de John Mc Clane.

Inutiles de chercher une quelconque profondeur scénaristique dans le film.
La scène d'ouverture censée mener à un traumatisme chez le héros est au final bien inutile tant l'histoire et les personnages sont caricaturaux.
Les gentils sont très gentils et les méchants sont très méchants.

Les méchants, au nombre de 6 ou 7, ne possèdent pas de personnalité propre. Ils sont justes là pour se faire dégommer un à un par le héros, point barre.
Il y en a bien un qui aime le foot et apparement la bad girl du groupe sait faire les gâteaux mais on s'en fiche.

Stallone essaie de nous faire croire qu'il est un gentil alpiniste qui ne veut de mal à personne mais à l'écran ses muscles ressortent de partout, on sent qu'il est prêt pour la bagarre.
D'habitude plus crédible, il se la joue Steven Seagal (expression neutre et regard vide).
Les autres acteurs sont dans l'ensemble assez mauvais.
Le méchant joué par John Lithgow relève un peu le niveau mais la partenaire de Stallone est juste transparente.

L' histoire d'amour entre les deux héros est totalement artificielle. On n'y croit pas une seconde. Quant aux dialogues, ils sont assez pauvres et n'apportent rien.
C'est bien simple, on les enlèverai, le film resterai parfaitement compréhensible.
D'ailleurs les scènes les plus réussies émotionellement parlant (les personnages secondaires se font abattre) ne comportent aucun son, autre que la musique.

Techniquement, le film est aussi classique que son scénario.
Malgré les superbes décors, la photographie ne parvient pas à les mettre en valeur.
Le montage n'arrange pas les choses : hormis certains plans, les cadrages chosis sont soit trop rapprochés, soit trop éloignés et ratent la moitié de l'action.

La musique de Trevor Jones contient un magnifique thème principal (directement tiré du Dernier des Mohicans) mais le reste demeure trop fade et n'accompagne pas l'action comme il faudrait.

On l'a donc compris, c'est un film d'action basique dédié à Stallone.
Tel un Rambo des montagnes, l'acteur va donc déjouer les plans des méchants et sauver la demoiselle en détresse.

La question que l'on se pose est : est t-il réussi à ce niveau?
Réponse mitigée.

Les scènes d'action sont aussi jouissives qu'improbables.
Stallone est un surhomme, on le sait.
Pas de problème quand il s'agit d'escalader une montagne en T Shirt, de faire des sauts d'une dizaine de mètres ou de courir sur un pont de bois pour échapper à une explosion.

Difficile de choisir la scène qui m'a fait le plus rire mais j'ai un faible pour celle où il se retrouve dans l'eau glacée :

La glace craque et il tombe dans l'eau. Voyant qu'il sera plus a l'aise pour nager il se met torse nu et alors que le méchant va l'abattre, il sort un pistolet (de ses fesses?...) et tire à travers la glace. Son copain arrive, le sort de l'eau et lui donne un gilet (sans manches!) pour le réchauffer. Aah, ça va tout de suite mieux!

Un pur délire qui ne prend en compte ni le froid extérieur, ni la température de l'eau, ni le fait que le pistolet n'est pas censé être utilisable sous l'eau.

Le film est long et surtout mou. 2 heures, ça peut passer vite comme paraître interminable. Je me suis ennuyé ferme.
Vu que les méchants n'atteignent même pas la dizaine, les scènes d'action sont assez limitées.

D'autant que ceux ci sont particulièrement idiots.
L' un d'eux tire sur une avalanche au lieu de se mettre à l'abri, un autre tabasse Stallone alors qu'il pourrait utiliser son couteau et un autre encore sert carrément de luge au héros.
Ah et j'oubliais celui qui vide un chargeur sur un lapin parce qu'il est énervé!
De vrais professionnels...

S'il n'était pas aussi violent, le film pourrait être une parodie.
Mais justement, il lui manque le côté détaché tout en second degré de "58 minutes pour vivre" pour convaincre.
A se prendre trop au séreiux, le film perd de son intérêt.

Note : *

Né un 4 Juillet




L'histoire du jeune Ron Kovic, un adolescent enthousiaste qui se porte volontaire pour la guerre du Vietnam et qui deviendra un vétéran paralysé et plein d'amertume.

Après Platoon, Oliver Stone revient sur la guerre du Vietnam.
Le Vietnam c'est deux guerres différentes. Celle qui se déroule sur place et celle qui se passe au coeur même des Etas Unis.
Si Platoon montrait les horreurs de la guerre elle même, Né un 4 juillet se focalise sur ses répercussions et les conséquences dramatiques qu'elle aura sur la vie d'un jeune idéaliste.


Le film est basé sur l'autobiographie de Ron Kovic.
Aussitôt commencé, le film met en scène une famille américaine typique des années 50. Kovic fait partie d'une famille catholique pratiquante, il joue au base-ball (le sport le plus connu aux USA) et cherche toujours à se dépasser (en sport comme en amour).

La réalisation aligne les clichés mais se restreint dans le mélo.
La scène où Kovic joue à la guerre avec ses copains devient une prémonition funeste de ce qui l'attend.

A l'époque, les garçons se doivent d'aller faire la guerre, comme leur père et grand père avant eux, et devenir des héros. Donner sa vie pour servir son pays, aucun honneur n'est plus grand.
C'est donc sans hésiter que Kovic décidera de s'enrôler.


Comme dans le « Voyage au bout de l'enfer » de Michael Cimino, la partie du film qui se déroule au Vietnam est aussi courte qu'intense.
A l'opposé de Platoon et de sa jungle verdoyante, le Vietnam est ici une région désertique où le soleil est aveuglant et où la poussière enraye les fusils.
Combinée à un montage saccadé et une luminosité chaude quasi étouffante, la scène est absolument choquante.
Les superbes plans de caméra à l'épaule, les effets sonores assourdis et la violence réaliste en font un passage aussi confus que traumatisant.

C'est à ce moment que Kovic prendra la décision qui changera sa vie à tout jamais. Touché au talon, il aurait pu rester à terre et attendre les secours mais la tête remplie d'idées préconçues, il va jouer les John Wayne héroique en se croyant invincible. Entre deux rafales, il hurle des insultes face à un ennemi invisible.
Son moment de gloire deviendra sa chute: une balle lui traverse la colonne le laissant paralysé à vie...

Pour les Américains, jamais une guerre n'aura été aussi controversée que celle du Vietnam (excepté peut être l'Irak). C'est ce que découvre Kovic en rentrant au pays.

Ce pays pour qui il a laissé la moitié de son corps, le traite comme un être inférieur.
Entre son ancien ami, qui ne s'est pas enrôlé, qui ne cherche qu'à faire fortune dans la restauration et qui se fiche de la guerre et les nouveaux « Peace and Love » qui militent pour le retour des GI à la maison, il va être confronté à l'indifférence et à l'hostilité de ses compatriotes.

Chez lui ce n'est pas mieux. Malgré son handicap, Kovic veut se persuader qu'il est toujours le même mais sa famille,comme les autres habitants de sa ville, se montre très réservée à son égard.
Ils le félicitent tous pour son retour avec des « T'as l'air en forme! » particulièrement déplacés vis à vis de son état...

Tout comme les autres le regardent avec un malaise non dissimulé, Kovic va découvrir son pays sous un nouvel angle. L'heure n'est plus à la glorification de la campagne militaire mais à son rejet pur et simple.

Les manifestations se multiplient et après avoir été chassé par sa famille (extraordinaire scène de « Pénis, Pénis! »), Kovic deviendra un militant convaincu. Subissant les coups de matraque des CRS et les insultes des politicards véreux dont la fortune repose sur la guerre, il finira par rejoindre un groupe de vétérans, paralysés eux aussi, et apprécier un mode de vie à la Carpe Diem.

Cette partie du film est probablement la plus sombre. Kovic sombre dans l'alcoolisme et la déchéance mais c'est aussi l'occasion d'apprécier la présence d'acteurs géniaux comme Willem Dafoe (Platoon) et Tom Sizemore (Tueurs Nés), qui ont tous les deux déjà travaillé pour Oliver Stone (voir parenthèses...).

La fin reste ambigüe. Enfin reconnu par les siens, Kovic devient le porte parole des « désenchantés ». Il est un héros mais différent de ce qu'il espérait avant de s'engager.

C'est Tom Cruise qui interprête Kovic. Il faut avouer qu'imaginer le beau héros de films patriotiques comme Top Gun en paraplégique désabusé pouvait laisser sceptique. C'était sans compter que Tom Cruise avait aussi joué dans Rain Man dans lequel il prouvait qu'il n'était pas qu'un simple acteur à midinettes.

Il se donne à fond et nous offre une interprétation inoubliable. Sa performance spectaculaire lui vaut d'ailleurs une nomination à l'oscar.

Ironiquement c'est un autre acteur qui joue un paraplégique qui remporte la statuette (Daniel Day Lewis dans My Left Foot).

Malgré tout, Ron Kovic reste probablement le rôle le plus décisif dans sa carrière.

Porté par la musique dramatique et solennelle de John Williams (Monsieur Star Wars, Indiana Jones, Jurassic Park, Harry Potter...) et réalisé d'une main de maître (oscar meilleur réalisateur et meilleur montage), le film n'est pas l'histoire d'un homme en fauteuil roulant mais celle d'un pays.

Kovic comme le spectateur est sans cesse à la recherche de la vérité : qui a raison, qui a tort ? Pourquoi contineur à se battre pour des mensonges?

Oliver Stone apporte une vision intimiste à l'ampleur d'un grand sujet et nous fait revivre 30 ans d'histoire des Etats Unis à travers le regard d'un Tom Cruise stupéfiant.

Note : ***

vendredi 12 décembre 2008

Used Cars



Deux freres vendeurs de voitures d'occasion se detestent.
Pourtant quand l'un d'eux disparait l'autre se met a enqueter.

Un film peu connu (je ne sais même pas s'il est sorti en France) mais à voir absolument!

Avant de connaître la célébrité avec Roger Rabbit et la trilogie des Retour vers le futur, Robert Zemeckis avait déjà réalisé quelques films peu connus.

Used Cars présente la bataille loufoque de vendeurs de voitures d'occasion concurrents.
L'un est propriétaire d'une casse miteuse et son frère est patron d'une grande société.
Afin d'hériter de la casse de son frère, le grand manitou de la finance va l'éliminer (carrément!).
Mais c'est sans compter sur les employés qui vont cacher le corps et reprendre l'affaire sans attirer l'attention.

Pour attirer le pigeon, tous les moyens sont bons.
Striptiseuses aguicheuses, billet accroché à une canne à pêche ou publicités caricaturales où l'on abat les prix (au sens propre) diffusées durant un discours présidentiel, ces escrocs de bas étage ne reculent devant rien pour se faire de la pub.

Visuellement c'est du très bon boulot.
La photographie est belle, les couleurs chatoyantes flattent la rétine et les cadrages sont très bien choisis.
Rien à redire sur le montage : Michael Khan est le monteur attitré de Spielberg depuis un bout de temps et connaît son travail.

Le film est un petit budget mais Zemeckis peut compter sur ses amis Spielberg et Milius pour fournir le nécessaire à sa vision déjantée du monde automobile.

Le casting est mené par le toujours impeccable Kurt Russel.
Tout en tchatche et sourire bright, il n'a pas son pareil pour se mettre les clients dans la poche.
Aidé de ses acolytes (un noir bagarreur et un flambeur superstitieux), il va tout mettre en oeuvre pour conserver son pauvre terrain vague.

Le scénario est écrit par Bob Gale et Zemeckis lui même, le duo responsable de Retour vers le futur.
D'apparence simpliste, il regorge de rebondissements et d'humour.
Comique de situation, gags visuels, cascades burlesques, humour noir ou coquin, les scénaristes s'amusent à inventer des situations impossibles à résoudre pour leurs personnages et à imaginer comment ils vont s'en dépêtrer.

Le final est hallucinant.
Je n'avais pas vu un tel rassemblement de voitures dans le même plan depuis les Blues Brothers!

Commercialement, le film n'a pas été un succès.
Probablement à cause de dialogues remplis de « fuck », qui aux USA interdisent automatiquement une sortie tout public, et à un humour souvent assez osé.

C'est bien connu, les plus grands génies sont souvent incompris.
Le film a donc été pris pour ce qu'il n'est pas, à savoir une comédie familliale classique.
Mix entre cartoon live, comédie noire et grand spectacle, Used Cars est bien plus que ça!

Note : ***

Dodgeball



Une petite salle de gym est menacée de fermeture. Pour éviter ce sort, les gérants vont devoir affronter ceux d'un grand centre de fitness dans un tournoi de balle au prisonnier.

Ne cherchez pas une once de réalisme dans ce film!
L'histoire est complètement invraisemblable et à vrai dire on n'y croit pas une seconde.
Totalement dépourvu de complexité, le film est juste là pour nous faire passer un bon moment.

Les acteurs sont plutôt bons. Vince Vaughn est charismatique en leader pantouflard et Ben Stiller fait un véritable rôle de composition dans la peau de ce type odieux, bouffi d'égocentrisme et dont la cervelle aurait fondu dans les muscles.
Dans les rôles secondaires, Justin Long (Die Hard 4, Admis à tout prix) montre une fois de plus qu'il sait jouer la comédie et Alan Tudyk est tout simplement parfait en pirate.

La réalisation manque parfois de panache mais les situations farfelues et les dialogues vulgaires au possible font que l'on rit souvent.
Certaines répliques sentent bon le culte ( « You can dodge the wrench, you can dodge the ball! ».

Conscient de l'aspect autocaricatural du scénario, le réalisateur n'hésite pas à pousser le bouchon jusqu' à faire intervenir de vrais célébrités à des moments clés , dont Lance Armstrong et surtout l'innénarable Chuck Norris !!

Je regrette que les matchs n'aient pas reçu plus d'attention.

Passé les séances d'entraînement loufoques à souhait, le film tourne un peu à vide.
Malgré le plaisir de voir s'affronter des équipes accoutrées le plus ridiculement possible (les SM, les bucherons, les girl scout...) la majorité des matchs sont expédiés en quelques secondes montre en main, si bien qu'on a l'impression qu'ils sont justes pour rallonger artificiellement la durée du film..
Un peu plus d'imagination aurait été la bienvenue même si la fin se rattrappe avec un clin d'oeil appuyé à Star Wars...


Heureusement c'est moins sur les matchs que sur les relations entre les membres de l'équipe que repose le coeur du film.
Leur amitié transpire à l'écran et chacun a ses petites manies.
On s'attache facilement à cette bande de loosers parce qu'au fond, ils nous ressemblent.


Au final, on se retrouve avec une comédie américaine basique que les fans de Ben Stiller (Starsky et Hutch, Une nuit au musée ; moi j'accroche pas mais je sais que certains se fendent la poire...) iront probablement jusqu'à vénérer mais qui se détache du lot par ses séquences absurdes, ses héros attachants et ses dialogues surréalistes.

Note : **

Aniki mon frère



Fuyant Tokyo, Yamamoto va à Los Angeles. Il retrouve son demi frère et prend la tête d'un gang. En imposant le code d'honneur des Yakuzas, il supprime les bandes rivales et étend son territoire.
Mais en refusant de traiter avec la mafia, il déclenche un affrontement meurtrier...

Le 9ème film de Takeshi Kitano.
Oui c'est important de le dire parce que comme Tarantino, Kitano n'est pas un réalisateur prolifique mais chacun de ses films est un événement.

Après Hana-Bi, je découvre donc un nouveau film de Kitano. Fait intéressant, c'est son premier film sur le territoire américain. Mais ce n'est pas pour autant que le film n'est qu'en anglais.
Le personnage joué par Kitano arrive du Japon et ne parle pas un mot d'anglais (c'est Lost in Translation à l'envers). Sa langue de prédilection reste donc le japonais.
C'est donc une bonne nouvelle pour les amateurs des deux langues et surtout ça renforce le réalisme.

Tout comme les langues, le film combine deux mondes différents.
Il associe des jeunes dealers de la rue, livrés à eux mêmes, aux anciennes traditions et à la discipline des Yakusas. Entre l'univers des petites frappes sans avenir qui vendent de la drogue pour survivre et celui où le fait de se suicider pour sauver son honneur n'est qu'une formalité, on assiste à un véritable choc des cultures.

Kitano c'est un acteur mais c'est surtout une présence. Son visage, marqué par un accident, est très expressif. Son personnage est d'un sérieux imperturbable mais qui peut se déchaîner à tout instant.
Peu loquace, c'est le genre de type qu'on ne regarde pas droit dans les yeux à moins d'avoir fait son testament.

A ses côtés, on trouve Omar Epps. Inconnu au bataillon mais plutôt bon acteur.
Sa première apparition le présente comme une racaille qui cherche les ennuis mais on se rend compte par la suite que c'est en réalité un brave type qui n'a juste pas bénéficié de l'éducation qu'il méritait.
Entre son personnage et celui de Kitano, c'est à la vie à la mort.
Bien qu'il se ramasse un tesson de bouteille dans l'oeil en guise de présentation (!), il est attiré par cet homme mystérieux qui ne connait pas la peur.
Leur amitié va se renforcer tout au long du film à tel point qu'ils deviendront frères spirituels.

Yamamoto est condamné à mort dans son pays mais il préfère aller finir ses jours ailleurs.

Un homme qui connait son destin ne connait pas la peur.
N' ayant plus rien à perdre, il va se jeter dans un carnage impitoyable pour se prouver qu'il vaut encore quelque chose.
Au fur et à mesure que les cadavres s'amoncellent, la notoriété de son gang s'accroît mais comme toujours, le pouvoir amène l'arrogance et les jeunes vendeurs de drogues jouent les Parrains.
Du haut de leur empire, ils se croient intouchables. Les vrais parrains du coin ne vont pas apprécier et ce sera la chute sanglante jusqu'au final, inattendu mais tellement évident.

Le film présente une guerre ouverte entre Yakusas, gangs black et Chicanos, autant dire que de l'action il y en a. Un réalisateur américain basique aurait sûrement choisi de glorifier les scènes d'action mais pas Kitano.



Ecoeuré par la violence exaggérée des films d'action modernes (vitres qui dégringolent sous les coups de feu, fusillades au ralenti, héros qui ne se font pas toucher, explosions gigantesques...), il s'éloigne des standards hollywoodiens en proposant une violence réaliste qui impressionne autant qu'elle choque. « Je veux que les scènes violentes fassent vraiment mal » dit-il. Voeu exaucé!

Pas de demi mesure ici, les tirs dans la tête entraînent une énorme giclée de sang sur les murs et certaines scènes de torture laissent un goût amer dans la bouche (les baguettes dans le nez, aïe!).
Sans parler des Hara Kiri et autres amputations du petit doigt, pratique visiblement très appréciée chez les Yakusas...


Les coups de feu sont imprévisibles et chaque balle tirée laisse un impact sur les corps.
Il faut voir Kitano se débarasser de 3 tueurs dans une voiture pour saisir la qualité de sa mise en scène. Entouré par deux mafieux et tenu en joue, il dévie brusquement l'arme vers le conducteur dont la cervelle vient s'étaler sur le pare brise. Il abat ensuite un des autres avec le pistolet qu'il cachait dans sa veste. La voiture continue en ligne droite jusqu' à percuter violemment une barrière. Le troisième tueur sort du véhicule en courant et essaie d'escalader un grillage avant que Kitano ne l'abatte sans prendre la peine de bouger de son siège. Le tueur est étalé, une main encore accrochée au grillage.

Séquence brutale parmi tant d'autres où l'absence de musique accentue un réalisme choquant...

La musique est d'ailleurs composée comme d'habitude par le talenteux Joe Hisaishi (tous les Hayao Miyazaki et de nombreux Kitano)et restitue bien l'ambiance film de gangsters en combinant influences jazzy et mélodies plus douces.


Doté d'un scénario noir et pessimiste, le film bénéficie d'une mise en scène radicale et efficace. Salué par la critique et servi par un duo d'acteur excellent, ce choc des cultures va laisser une trace .
Homme orchestre, Kitano assure devant et derrière la caméra et même au niveau du montage.
Il prouve une fois de plus qu'il est un des cinéastes les plus importants de sa génération.

Note : ***

Princesse Mononoké




Blessé par un sanglier géant transformé en démon, le jeune guerrier Ashitaka doit quitter les siens et partir à la recherche du dieu-cerf qui, seul, pourra défaire le sortilège. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, une sacrée femme à la tête d'une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre les animaux de la forêt et une fille sauvage appelée la «Princesse Mononoké »...


Dans le milieu de l'animation japonaise, Hayao Miyazaki est une référence.
Avec son confrère Isao Takahata, il est le fondateur du célèbre studio Ghibli.

Miyasaki est souvent considéré comme le Walt Disney japonais. Honnêtement, cela peut signifier n'importe quoi mais c'est surtout une manière de dire que ses dessins animés atteignent un niveau de qualité rarement atteint.


Si au Japon Miyazaki était connu depuis longtemps, Princesse Mononoké est une de ses premières oeuvres qui a atteri chez nous.
Je me souviens encore de la première fois que j'ai vu le film. C'était dans un cinéma d'art et d'essai. Jamais un animé japonais ne m'avait marqué aussi profondément; il était vraiment différent de tout ce que j'avais pu voir auparavant.

A l'époque, la plupart des critiques ont dénigré le film pour sa violence extravagante. Le film a alimenté l'idée selon laquelle le cinéma d'animation japonais se complaisait dans la violence gratuite, ce qui pouvait nuire à nos chères petites têtes blondes.

Il est vrai que le film est violent, c'est d'ailleurs le plus violent de tous les Miyazaki mais si les critiques n'ont pas vu le message du film alors c'est qu'ils ont manqué le plus important.

Princesse Mononoké raconte le combat incessant que mène les animaux et les dieux pour protéger leur forêt des hommes et de leur folie destructrice. Chaque nuit les animaux replantent les arbres déracinés par les hommes pour alimenter le feu de la forge mais en ont plus qu'assez et veulent en finir. Les habitants de la forge doivent donc lutter contre ces créatures mais aussi se battre contre une armée venus prendre contrôle de la forge.

Princesse Mononoké est indubitablement le film le plus sombre de Miyazaki.
Oui les bras sont arrachés, oui les têtes volent dans les airs, oui le sang coule à flot mais la violence n'est jamais gratuite, elle apporte un réel plus à l'histoire. Avec un univers aussi cruel et réaliste, faire un film tout public n'aurait fait que dénaturer l'oeuvre.

En fervant écologiste, ses films sont tous empreints d'une sagesse et d'un respect de la nature comme on en voit peu.
Depuis son premier long métrage, Nausicaa de la vallée du vent, la relation qu'entretient l'homme avec son environnement joue une place primordiale.

Traumatisé par les attaques de Nagasaki et d'Hiroshima, Miyasaki n'hésite pas à placer des références aux horreurs qui en découlent.
De même que l'arbre géant de « Mon voisin Totoro » rappelle une explosion nucléaire, les sylvains, petits êtres difformes, sont réminiscents des enfants nés après la guerre, sujets aux radiations.
Il représente le dieu de la mort comme une gigantesque marée noire qui s'abat sur la terre.



Contrairement à la plupart des productions de l'époque que l'on pouvait « admirer » en suivant le Club Dorothée, personne n'est tout noir ou tout blanc. Il est impossible de distinguer gentils et méchants dans le film. Se voulant réaliste Miyazaki évite tout manichéisme primaire et met en scène des personnages eminament complexes, humains quoi.

Les hommes déracinent les arbres et détruisent la montagne pour pouvoir faire fonctionner les forges. Forges dont ils se servent pour faire fondre l'acier et ainsi fabriquer des arquebuses.
Quand à la haine qui transforme les dieux animaux en démons, ce sont eux qui en sont responsables.
Mais ces mêmes humains fabriquent ces armes pour pouvoir survivre.
Lady Eboshi, «la méchante du film » veut tuer le Dieu cerf seulement pour répondre à la volonté de l'Empereur. De plus, elle enrôle des femmes de petite vertu que tout le monde maltraite et prend soin de lépreux. Elle n'est donc pas mauvaise.

Ashitaka lui même, bien que héros de l'histoire, se laisse parfois envahir par la haine et tue de sang froid plusieurs samouraïs.

Chacun révèle a un moment ou un autre le côté sombre de sa personnalité et même les personnages les plus antipathiques ont de bonnes raisons de se battre.


De même, les femmes chez Miyazaki ne sont pas les demoiselles en détresse prises aux griffes des méchants ou les femmes fatales responsables de la chute du héros. Les femmes de la forge sont fortes et ont du caractère à revendre. Elle se révèlent aussi courageuses au combat que les hommes et refusent de se laisser marcher sur les pieds.
Pour autant, Miyazaki n'en fait pas des mâles avec un soutien gorge.
Elles gardent leur fémininité lorsqu'elles papotent entre elles et elles font même des avances à Ashitaka.

Et si Mononoké est une guerrière, elle n'en est pas pour autant femme. Il est impossible d'oublier son apparition bestiale lorsque, la bouche couverte de sang, elle suce la plaie d'un loup pour en extirper le poison mais sa douceur ressort instinctivement lorsqu'elle doit soigner Ashitaka.

La relation qui la lie avec lui est elle aussi moins évidente qu' à l'accoutumée.
Leur premier baiser est réellement touchant car ce n'en est pas vraiment un...

Aussi complexe que les personnages est la réalisation. Miyazaki est un esthète.
Chaque pierre, chaque arbuste a été dessiné puis peint avec un soin du détail impressionnant. La nature est sublimée à chaque plan par un choix méticuleux des couleurs et de la mise en scène.
Il suffit de voir un début de pluie à l'écran pour s'en rendre compte. Un plan fixe sur sur quelques roches montre progressivement des gouttes de pluie arroser le sol jusqu'à ce qu'une averse assombrisse brutalement le décor. Une vraie pluie n'aurait pas été plus crédible à l'écran.

La mise en scène elle même est une vraie surprise. Si la plupart du temps les plans restent fixes, l'animation prend parfois des aspects stuféfiants d'originalité. Le combat entre Mononoké et Dame Eboshi est filmé comme si l'on était l'un des deux combattants. Chacun frappe vers le spectateur à tour de rôle avec une authenticité dans les mouvements qui atteint des sommets.

Sans trop en dévoiler, la fin est un moment d'anthologie. Alors que la majorité des réalisateurs aurait fait intervenir un Deus Ex Machina pour sauver la situation, Miyazaki choisit de ne pas tomber dans la facilité et va jusqu'au bout de ses convictions en présentant une scène totalement cauchemardesque à laquelle personne ne s'attend...

Il faut aussi souligner l'efficacité des effets sonores.
Pour un film d'animation, ils sont aussi convaincants qu'intelligemment utilisés. Lors des combats les lames de métal se croisent avec rage mais c'est lorsqu'une flèche est décochée qu'on ressent tout le travail effectué à ce niveau. Et quand le dieu de la forêt apparaît à l'écran, le son disparaît totalement, lui donnant une allure mystique saisissante.

La musique de Joe Hisaishi, responsable des BO de tous les Miyazaki depuis ses débuts, est une fois de plus grandiose. Soulignant l'action à merveille elle sait se faire effrayante quand une scène l'exige. Elle est parfois tellement belle qu'elle en donne des frissons!

Magnifique histoire d'amour et de haine dans un Japon féodal habité par des démons et autres créatures du folklore japonais, Princesse Mononoké est aussi une fable écologique superbe.
Un film inmanquable pour tous les fans d'animation japonaise.

Note : ****