samedi 27 décembre 2008

Hyper Tension




Le héros est piégé par un poison qui ralentit son rythme cardiaque.
Pour rester en vie il doit avoir recours aux émotions fortes par n'importe quels moyens.

J'aime bien les films au scénario « timbre poste » parce que le réalisateur sait que ce qu'il va raconter n'a que peu d'importance par rapport à comment il va le raconter.
Robert Rodriguez est passé maître dans ce genre de film ("Desperado" et "Une nuit en enfer" sont creux au possible mais visuellement, c'est juste du grand art!).

Que serait devenu Jason Staham si Guy Ritchie ne l'avait pas découvert dans la rue par hasard?
Après avoir été repéré dans son film « Arnaque, crime et botanique » il a été engagé par l'écurie Besson pour incarner un « Transporteur » où il a cassé la baraque.
Aussi doué dans le jeu d'acteur que dans la distribution de tatanes, il a déjà tenu tête à Wesley Snipes et Jet Li.

Désormais, on le voit partout: c'est le nouveau Van Damme, la superstar du film d'action.

Parfois, les journalistes demandent aux acteurs si un tournage a été épuisant, ici on peut se douter de la réponse. Statham passe son temps à crier, courir partout et à dérouiller du méchant sans jamais s'arrêter. Le titre suggère bien l'état dans lequel il se trouve mais le titre anglais (Crank : excentrique, détraqué) est encore plus significatif!
Ce type est un vrai malade, une vraie pile électrique sur pattes.

Conscient du vide abyssal de son script, le réalisateur s'est concentré sur les péripéties qui attendent le personnage principal.

Sex, drugs and rock and roll.
Tout est bon quand il s'agit de rester en vie.
Coke sniffée à même le sol, fellation durant une course poursuite ou encore une incroyable scène de sexe en pleine rue sous les yeux effarés (mais lubriques) des passants ; il faut avouer que le film bat des records dans la matière.

Maintenant qu'on a les « idées », il ne reste plus qu' à filmer tout ça.
On se rend compte que le réalisateur est plus doué dans les effets de caméra que dans les mouvements eux mêmes.

Lors des rares scènes de calme, on s'ennuie presque devant des dialogues fades filmés champ/contre champ sans aucune originalité.

Le reste du temps, le spectateur est constamment balloté par la caméra épileptique ( des travelling avants arrières dans le même plan, standard des série télé policières modernes), les images clippesques et le montage approximatif.

En revanche, le réalisateur multiplie les effets visuels avec inventivité.

Le film commence par un superbe plan séquence en vision subjective (on est le personnage, technique utilisée dans "Doom" ou "Halloween" par exemple) qui donne le ton.

Par la suite, il écrira à intervalle réguliers sur l'écran, fera des arrêts sur image, montrera des battements de coeur en 3D, jouera sur les éclairages dramatiques et les plans divisés ( à la De Palma).

La bande son est très réussie mélangeant avidemment des classiques du métal, du rock et même de la country créant un second degré constant qui sied parfaitement à l'ambiance délirante du film.
Mention spéciale à la scène où Statham essaie de faire un headbanging sur la musique « Don't kill my heart »alors qu' il est justement en train de mourir de sous tension...

Certaines scènes sont excellentes par leur démesure grotesque : la course poursuite dans le centre commercial (hommage aux "Blues Brothers"?) ou leur dimension burlesque : le héros abat deux bad guys en détournant l'attention de sa copine et se met debout sur une moto avant de prendre un vol magistral.

Par contre je m'attendais à un film d'action plus classique.
On frise souvent les limites du mauvais goût.

La violence, pas réaliste pour un sou, est particulièrement gore (bras coupé au hachoir, garde du corps qu'on plaque au sol sur une grenade...) et le film ne lésine pas sur les scènes choc (sexe dans la rue, utilisation d'un cadavre sur une chaise pour se protéger des balles...).

Voir le héros courir partout en chemise d'hôpital (accessoirement les fesses à l'air!) c'est très drôle mais quand un chauffeur de taxi se fait tabasser par des mamies parce que le même héros leur a fait croire qu'il était d'Al Kaida, je trouve ça déjà moins marrant...

Je passerai les détails invraisemblables sur les flics qui ne servent à rien même s'ils ont une arme (pas fichus de trouver quelqu'un qui se planque dans un placard!) et les portables qui captent où que l'on soit (même en chute libre!).

Et puis c'est quoi cette manie de toujours pointer son arme sur quelqu'un avant de lui parler en sachant qu'on ne va pas tirer et de frapper son portable contre les meubles quand on est énervé?
Ca coûte cher un portable...

En revanche, je trouve que les sponsors ne reculent devant rien pour placer leurs produits (4 plans successifs sur des canettes de Red Bull dont le héros boit plusieurs gorgées...).

Avec son grand n'importe quoi constant et l'absence de limites qui est donnée, le film risque vite de devenir culte. Pour ma part, le mauvais goût assumé et la réalisation prise de tête m'ont fait décrocher.

On rigole souvent, on est écoeuré (plus souvent) et on s'ennuie (moins souvent).
A voir, pour le fun.

Note : **

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