samedi 27 décembre 2008

Toy Story 2




Woody est kidnappé par un odieux collectionneur qui veut restituer la panoplie des jouets de la série « Western Woody ». Il apprend alors son glorieux passé tandis que Buzz et ses autres amis partent à sa recherche.

Toy Story 2 est un cas à part parmi les films de Pixar. Pourquoi? Parce que c'est une suite.
Il s'agit de la seule séquelle crée par le studio.

Au cinéma, quand on décide de faire la suite d'un film à succès c'est soit pour gagner plus d'argent soit parce qu'on a envie d'en dire plus sur les personnages.

Pixar n'est pas une machine à sous (même si tous leurs films sont des succès commerciaux indéniables) et quand on sait qu'ils ont mis quatre ans à réaliser Toy Story 2, ils ont intérêt à croire à ce qu'ils font...

Le réalisateur du premier Toy Story, John Lasseter, n'avait pas pu inclure toutes ses idées dans le premier film. C'est maintenant chose faite.
Il en profite pour inclure toute une gamme de nouveaux personnages et approfondir l'histoire des deux héros Buzz et Woody.
Ce dernier est en effet la vedette d'un vieux feuilleton où il fait régner la justice dans l'Ouest sauvage accompagné par la jolie écuyère Jessie, le ronchon Papi Pépite et son fidèle destrier Pile Poil.

Loin d'être juste une paire de nouvelles têtes, ces personnages sont essentiels à l'histoire car ils amènent Woody à réfléchir sur sa vraie valeur.

"Mieux vaut être aimé par un enfant en sachant qu'un jour il se lassera ou être adulé par des générations, mais à l'abri derrière une vitre de musée?"

Malgré l'humour, les scènes d'action et autres péripéties endiablées, cette problématique est réellement au coeur du film. Elle est d'ailleurs parfaitement illustrée par la chanson « when she loved me » interprétée par Sarah McLachlan (une voix incroyable!).
La chanson va droit au coeur.
Aux plus jeunes, elle rappelle qu'il faut grandir un jour et à nous, adultes, ce que l'on a perdu au fil des ans. Nostalgie et amertume se mèlent dans une mise en scène légère mais tellement explicite.
La maturité du scénario n'est plus à démontrer...

Mais bon arrêtons de broyer du noir et parlons d'autre chose!

Les héros du film sont des jouets et le film lui même n'est qu'une suite d'images en 3d, absolument rien de ce que l'on voit à l'écran n'est réel (comme tous les dessins animés vous me direz...) pourtant rarement un univers n'aura semblé si palpable. Les textures manquent parfois de finesse (les visages humains ont un arrière goût de plastique) mais qu'importe : l'essentiel ce sont les personnages.

Animés d'une main de maître, ils paraissent réels sans même posséder de voix. Mais une fois qu'ils en ont une alors c'est le bonheur!
Un immense bravo au casting.
Les acteurs qui s'occupent du doublage sont les mêmes que pour le premier film. On retrouve donc Tom Hanks et Tim Allen qui doublent respectivement Woody et Buzz, et toute la smala qui les accompagne (le cochon tirelire, le T Rex en plastique, le chien à ressort...) est également « jouée » par d'excellents comédiens.

Du côté des nouveaux, Joan Cusack (à ne pas confondre avec John...) prête sa voix à une écuyère quelque peu...enthousiaste et Wayne Knight joue le collectionneur sans scrupules.

Acteur cantonné aux seconds rôles (Dennis Nedry dans "Jurassic Park" est un de ses plus connus), il ajoute beaucoup au second degré du film. Cheveux gras, haleine de chacal et un bide à faire frémir les habitués du McDo, son personnage est génialement détestable mais Knight lui ajoute une voix speed et hésitante qui lui donne constamment l'air d'un abruti hystérique.

Chaque personnage a sa personnalité propre et de vrais sentiments.
Les animateurs et les doubleurs réalisent un travail brillant et nous font croire sans peine à leur existence.
Woody et Buzz se chamaillent sans arrêt et se crient dessus pour un rien mais ce sont les meilleurs copains du monde.
Ils ont leurs petites manies, ils sont bourrés de défauts bref ils sont humains(!) et on les aime.

Hormis la crédibilité des personnages, celle de leur environnement est également essentielle.
Si Toy Story premier du nom se déroulait essentiellement dans les mêmes décors, ici les jouets partent pour la grande aventure et il s'agit de retranscrire ça à l'écran.

Il n'y a rien n'a redire sur la mise en scène : inspirée et travaillée dans les moindres détails, elle permet de faire passer un message sans avoir recours à des dialogues explicatifs.

Si une image vaut plus que des mots, le son est tout aussi important et les ingénieurs du son ont accompli un travail remarquable.
Il n' y a qu'à « voir » la scène où les jouets traversent la route pour se rendre compte de la qualité des effets sonores.

Le son est d'ailleurs du à Gary Rydstorm, multi oscarisé pour des films comme "Terminator 2" ou "Jurrasic Park". Une pointure, quoi.

La musique n'est pas en reste.
Randy Newman compose des morceaux entraînants et des chansons émouvantes et Lasseter est même allé jusqu'à s'octroyer les services d'un groupe de country (les « Riders in the Sky ») pour créer le générique de la série télévisée dont Woody est le héros.

On connait Pixar pour son humour iconoclaste et décalé et le film ne faillit pas à la règle. Comme Shrek 2 (mais bien des années plus tard), les grands classiques du cinéma sont détournés pour le plaisir des cinéphiles (rapidement je citerais "Star Wars", "Jurrasic Park", "58 min pour vivre", "James Bond"...le reste je ne l'ai plus en tête).

Buzz se moque de lui même lorsque il se retrouve face à ses doubles et le globe terrestre apparaît en arrière plan lors de son discours patriotique.

Les personnages secondaires ne sont jamais à court de vannes : entre le T Rex pleurnichard qui lance un « Au moins on aura essayé » de dépit alors qu'ils doivent traverser la route et le cochon tirelire qui fait des commentaires sur la consommation de la voiture qu'ils sont en train de conduire; il y en a pour tous les goûts.
On sent que l'équipe du film s'est vraiment amusé à imaginer les répliques...

On note aussi une bonne dose d'autodérision lors d'une intro ridiculisant les grands succès de la SF et les références au merchandising et à la publicité.

Meilleur que le premier épisode? Le débat est ouvert.
En tout cas, le scénario n'est pas qu'un prétexte pour une suite mais bien une véritable histoire, avec ce qu'il faut d'aventure, d'humour et d'émotions pour captiver le public.
Encore une belle réussite signée Pixar (mais qui en doutait après tout?).

Note : ***

Aucun commentaire: