vendredi 21 novembre 2008

Stripes (les bleus)





Lorsque le même jour John Winger perd son emploi, sa voiture, son appartement et sa petite amie, il décide d'aller signer chez l'Oncle Sam
Sa mission : défendre le monde libre et surtout courir les filles!

Stripes est un film de Ivan Reitman mais c'est surtout un film de Bill Murray : l'immense comédien connu pour ses rôles inoubliables de Ghostbusters, Un jour sans fin, Lost in Translation...
Ivan Reitman aimait dire de lui qu'il est « l'acteur blanc le plus drôle du cinéma américain », je suis d'accord...

Murray est hilarant dans ce film. Il pratique l'insubordination comme d'autres savent chanter, le personnage lui vient naturellement.
Ses répliques comme ses mimiques sont vraiment excellentes et il est impossible de savoir ce qui était écrit dans le script et ce qu'il a improvisé.

Son comparse à l'écran c'est Harold Ramis. Ils sont amis depuis toujours.
Il a travaillé avec Bill Murray sur plusieurs films, soit en tant que réalisateur (Caddyshack, Un jour sans fin) soit en tant qu'acteur (Ghostbusters). En tant qu'acteur il est plutôt drôle. C'est l'intello du duo il a toujours des idées loufoques.
Physiquement sa coiffure affro des 70s le rend ridicule mais il n'hésite pas à prendre un air idiot pour en rajouter dans la comédie (la scène où il singe John Candy ou celle ou il parle à Reynolds dans la gare).
Cependant, il reste le plus souvent sobre, voire impassible ce qui contrebalance parfaitement avec les expressions délirantes de Bill Murray.
La mayonnaise prend directement une fois qu'on les voie ensemble.
Ils s'apprécient et leur amitié se ressent à l'écran.

Le reste du casting rassemble des vétérans de l'écran (Warren Oates) et des petits nouveaux qui feront rapidement leur chemin (John Candy, Judge Reinholds, John Laroquette..)

Oates joue le sévère sergent instructeur, personnage inhérent des films qui se déroulent dans les camps militaires. Tout comme les dans les Full Metal Jacket et autres Jarhead, il passe son temps à crier des ordres incompréhensibles et à se faire respecter par les nouvelles recrues. Warren Oates a joué dans de nombreux westerns dont La Horde Sauvage de Sam Peckinpah.
Autant dire qu'il a de la bouteille. Sa présence imposante et son charisme le font immediatement rentrer dans la peau du personnage.

Du côté des nouvelles recrues, j'ai eu le plaisir de découvrir un tout jeune Judge Reynholds, (Le flic de Beverly Hills) pour qui c'est la première apparition au cinéma, un étonnant John Laroquette (qui mate les jeunes filles sous la douche et joue au petit soldat dans son bureau) et surtout John Candy.

Candy etait un acteur formidable. C'était vraiment une personne adorable et chaque fois que je le vois à l'écran, j'ai le sourire. C'était quelqu'un de chaleureux, avec un grand sens de l'humour et un rire communicatif. La scène où il se bat dans la boue contre des strip teaseuses est un grand moment...

En parlant de strip tease, c'est intéressant de savoir qu'à l'époque où le film a été tourné, la nudité était moins censurée qu'aujourd'hui. Voilà, je crois que j'en ai dit assez...^^


L'humour du film est très difficile à définir. On rit, c'est sûr, mais on ne sait pas trop pourquoi.
En fait les scènes sont tellement déjantées qu'il est impossible de rester de marbre.
On ne s'étonne même plus quand Bill Murray fait semblant de faire cuire une jolie fille sur une cuisinière...technique de séduction plutôt inhabituelle...

L'histoire se déroule de façon très classique : découverte des personnages, entrée à l'armée, mésaventures et bien évidemment à la fin tout le monde est reçu.
Sauf que justement le film ne s'arrête pas là. Sans trop en dire, la suite de l'intrigue comprend une virée en Italie, l'armée Tchécoslovaque et surtout un van touristique aussi armé que la Batmobile!

Malgré le petit budget dont dispose le réalisateur, l'équipe technique fait un très bon boulot.
La musique signée Elmer Bernstein (la grande évasion, les 7 mercenaires) est aussi héroique que comique et la photographie, suffisament travaillée.

On peut regretter que la mise en scène soit un peu plate mais le film à tellement de bonnes idées qu'on n'y prête pas vraiment attention.
Dans un autre film, ça l'aurait descendu mais ici ce sont les acteurs qui mènent le jeu.
Bill Murray en tête...

Le film est à son effigie, imprévisible et empreint de ce grain de folie qui manque à la plupart des comédies d'aujourd'hui.

En 2h de film, de temps en temps on sent un ventre vide qui se présente mais on rit tellement dans la séquence suivante que c'est vite oublié.
Les 40 premières minutes possèdent des répliques parmi les plus drôles que j'ai entendu depuis longtemps!

Une comédie déjantée, un film culte.

Note : ***

Dick Tracy




Un détective tenace au coeur tendre lutte contre une bande de voyous sans scrupules.

Dans l'histoire du polar en bande dessinée adaptée au cinéma, Sin City a fait date pour sa photographie noir et blanc sublime et ses cadrages directement sortis de l'oeuvre de Frank Miller.

Avant lui, Qui veut la peau de Roger Rabbit mettait en scène de vrais acteurs avec des personnages de dessin animé dans des décors tout droits sortis de l'imaginaire de Chuck Jones.

Dick Tracy franchit une nouvelle étape dans la représentation d'une adaptation crédible à l'écran.

Warren Beatty adapte les aventures du célèbre détective Dick Tracy au cinéma.

Tracy c'est un peu le Judge Dredd des années 20, il incarne l'ordre et la justice et suit la loi à la lettre sans se préoccuper des conséquences.
Mais il est tiraillé entre son devoir et les sentiments qu'il éprouve pour son amie Tess (Glenne Headly, rayonnante). A chaque fois qu'il tente de lui faire sa déclaration, il est constamment interrompu par sa montre radio pour aller sauver la veuve et l'orphelin.

En parlant d'orphelin, il va en croiser un, Kid, avec qui il fera équipe malgré lui.
Joué par un tout jeune mais charismatique Charlie Cosmo (le fils de Robin Williams dans Hook), Kid est une sorte de gavroche des rues, débrouillard et assoiffé d'action.

Le reste du casting reprend les figures classiques du film de gangster à savoir la femme fatale et les fripouilles en tout genre qui essaient de mettre la main sur la ville.

Celle qui tente de pervertir le héros en montrant ses longues jambes athlétiques, c'est la chanteuse Madonna. En émule de Marylin Monroe elle joue (agréablement) de son corps pour éveiller les sens du mâle qui la repousse. Ses tenues aguicheuses et ses moues coquines l'élèvent en véritable fantasme de sensualité.
Et pour ne rien gâcher, elle chante.

Les airs de chansons de cabaret apportent beaucoup à l'ambiance du film.
Le montage utilise d'ailleurs habilement ces chansons pour faire passer un message à travers une série d'évènement sans autre son que la musique.
Musique de Danny Elfman, héroique et passionnée à souhait, qui rappelle souvent celle composée pour Batman.
Un excellent travail.

Quant aux méchants de l'histoire ils sont très originaux.
Pour accentuer le côté BD, Beatty a l'idée d'opposer Tracy à une série de bandits grotesques et difformes. Les maquillages portés par les acteurs sont très réussis et chaque personnage possède une particularité physique qui le distingue.

Mention spéciale à Dustin Hoffman qui interprête un truand qui s'exprime en marmonant des paroles incompréhensibles (un peu comme Benicio del Toro dans Usual Suspect, mais en moins classe...).



Le leader de cette bande d'affreux c'est Al Pacino alias Big Boy.
Ironiquement, Pacino avait déjà joué le même rôle dans les Parrains mais dans un registre beaucoup plus sérieux.
Ici il s'amuse. Il en fait des tonnes mais c'est pour que son personnage est l'air aussi niais que son visage nous le laisse suggérer.
Bien qu'on reconnaisse difficilement l'acteur sous son maquillage, sa performance est appréciable (il sera nominé aux ascars).


Maquillages comme costumes sont magnifiques. Les visages déformés, associés à des vêtements (très style « Les Incorruptibles ») aux couleurs éclatantes, assurent une crédibilité idéale à cette adaptation live.

Mais si le film regorge de personnages, le héros (ou plutôt l'héroine) du film c'est la ville.
Beatty doit nous convaincre que son film se passe dans une ville réaliste mais qui n'existe que dans les bandes dessinées. Dur.

L'action prend place dans une caricature du Chicago époque prohibition.
Les plus belles scènes se déroulent de nuit où l'immensité des décors prend toute son ampleur.

La technique du matte painting (procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor en y laissant des espaces vides, dans lesquels une ou plusieurs scènes filmées sont incorporées ce qui permet d'étendre à l'infini les arrières-plans sans avoir à construire des décors pharaoniques) fait des merveilles.Et un oscar, un!

Les immeubles gigantesques, éclairés par des néons de boîtes de cabaret, s'étendent à perte de vue, alors qu'au loin une lune, éternellement ronde, éclaire un port aux bateaux majestueux.
Chaque batiment a fait les frais d'une attention particulière et pas un pan de mur n'est laissé au hasard.
Loin des quartiers gris et poisseux que l'on retrouve dans les polars, la ville du film, resplendissante de couleurs chaudes, est sublimée par une photographie d'une splendeur inégalée.

Honnêtement les décors du film offrent des plans parmi les plus beaux jamais vus sur un écran!

Le film aurait gagné à rajouter un peu d'action (les fusillades sont remarquables, j'en veux plus!) et à écourter certains dialogues mais quelle importance...
Doté d'une esthétique incroyable qui combine avec brio les éléments classiques d'un polar noir et l'excentricité des comics américains, Dick Tracy est un grand spectacle à ne pas manquer.

Note : ***

Sunshine




En cette année 2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l'extinction de l'espèce humaine.

Le vaisseau spatial ICARUS II avec à son bord un équipage de 7 hommes et femmes dirigé par le Capitaine Kaneda est le dernier espoir de l'humanité. Leur mission : faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l'activité solaire.



Après s'être essayé à la comédie et au film d'horreur, Danny Boyle se lance dans la science fiction.

Aux premiers abords, l'histoire semble classique : on envoie un groupe d'astronautes dans l'espace pour sauver la planète.

Un erzats d'Armageddon?
Le film s'avère beaucoup plus crédible dans les situations et les comportements.
Il se focalise d'ailleurs plus sur les différents personnages que ne le fait Michael Bay.

Un petits meurtres entre amis dans l'espace, alors?
Si effectivement les thèmes de l'amitié et de la trahison sont au centre de l'intrigue, le film n'a rien de drôle.

Tout de même pas un nouveau 2001?
Certains plans de vols dans l'espace et les murs blancs immaculés rapellent effectivement le chef d'oeuvre de Kubrick mais le film est largement moins philosophique et profite des effets spéciaux dernière génération pour nous en mettre plein la vue.

Bon alors quoi? Un mélange entre 28 jours plus tard et Alien?
Boyle récupère le beau Cillian Murphy de son précédent film et en garde la même technique (gros plans angoissants, images quasi subliminales, montage alterné des explosions, caméra qui s'affole lors de certaines scènes) mais si monstre il y a, il n'est en aucun cas au coeur de l'histoire.

Et Michelle Yeoh, elle dérouille le monstre à coup de kung fu au moins?
Si Boyle a choisi l'actrice c'est plus pour son jeu que pour ses capacités martiales.
Il lui permet d' exprimer enfin son talent de comédienne.

Difficile donc de catégoriser le film de Boyle.

La réalisation est exemplaire, les acteurs sont bons et le scénario, brillamment exploité.
Film indépendant à budget réduit, il n'a rien d'un blockbuster.
Loin des stéréotypes hollywoodiens, les personnages sont profondément humains et n'agissent jamais de manière déraisonnée (personne ne va soudain décider de prendre le contrôle de la mission ou d'essayer de fuir comme un lâche...).
Ils ont un sens du sacrifice comme on l'a rarement vu dans ce type de film.

D'un profond pessimisme et pourtant rempli d'espoir, Sunshine et surprenant de bout en bout.
Le film n'est jamais ce que l'on croit et se réinvente à chaque scène.

Encore une belle réussite du réalisateur!
On se lève tous pour Danny!^^

Note : ***

L'Arnaque




A Chicago, dans les années 30, deux escrocs sont prêts à tout pour venger la mort d'un de leurs amis. Ils décident de monter une vaste escroquerie en tenant tête à un gangster new-yorkais, auteur du crime.

Après le succès de Butch Cassidy et le Kid, le réalisateur George Roy Hill retrouve Robert Redford et Paul Newman.

Redford est monté sur le devant de la scène avec Butch Cassidy et le Kid, avant il n'était pas très connu. Il interprête un filou charismatique et un peu trop sûr de lui.
Etonnament, il est aussi doué pour le jeu lui même que dans les scènes plus physiques : pris en chasse par des tireurs, il court comme le vent, bondit par dessus les ponts et les cages d'escaliers.
Pavant la voie à Kevin Costner, il interprête ses cascades et donne de sa personne lors des scènes de bagarre.
Il connaitra plus tard la gloire en tant qu'acteur (Out of Africa, les Hommes du Président) comme en tant que réalisateur (L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux).

Redford est aussi beau que bon acteur. Le film a littéralement lancé sa carrière et il reçoit une nomination à l'oscar pour son rôle.

Newman en avait lui même plaisanté.
« Ecrira-t-on sur ma pierre tombale : Ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus bruns? »
Classé parmi les 50 hommes les plus beaux du monde par le magazine People dans les années 60/70, il aura toujours refusé de se laisser enfermer dans les emplois de beaux gosses sans saveur auxquels aurait pu le condamner son physique de jeune premier. Décédé récemment à la suite d'un cancer, il aura ouvert la voie à d'autres acteurs-metteurs en scène de talent.

Plutôt classe dans le film, il n'hésite pas à casser son image quand son rôle le demande.
En se mettant dans la peau d'un flambeur alcoolique, il jure et rote avec une joie non dissimulée.
La scène de poker est d'ailleurs un des meilleurs moments du film. Hill dira qu'il s'agit « d'un des plus grands moments de comédie. Je défie n'importe quel acteur de mieux la jouer! ».

Effectivement, la scène est remarquable en tout point.
Moi qui ne connais rien au poker, je n'ai pas quitté l'écran des yeux, captivé par la performance des acteurs.

Hill a un don pour transformer deux magouilleurs de la pire espèce en favoris du public. Les deux personnages principaux sont immédiatement attachants.
Newman et Redford se renvoient la balle avec plaisir et font preuve d'un esprit de camaraderie visible à l'écran.

Face à eux se dresse un Robert Shaw imposant. Surtout connu du grand public pour son rôle dans les Dents de la Mer, il incarne un dur à cuire extrêmement méfiant. Le personnage est exécrable, l'acteur est excellent. Il porte un lourd poids sur ses épaules puisque sans trop en dire il doit exprimer le danger qu'il représente pour les deux larrons.
Rien qu'en le voyant on comprend qu'il ne s'agit pas d'un benêt qu'on peut rouler à la première occasion.

Les autres acteurs sont moins connus mais tout aussi bons.
Chaque personnage a son petit rôle à jouer dans la grande arnaque qui se prépare.
Et ce qui est génial c'est que la plupart joue double jeu, on est donc constamment pris par surprise par ce que l'on imaginait mais qui se révèle être l'inverse.

Le film est bourré de rebondissements incroyables ; le scénario mérite vraiment son oscar!

La mise en scène de Hill est exemplaire.
Il recrée parfaitement les années 30 avec ses vieilles voitures rondelettes, ses ruelles à la fois colorées et sordides (oscar meilleurs décors), son ambiance film de gangsters et ses costumes d'époque.

Hill maîtrise la caméra à merveille et signe des travelling arrières vertigineux (gros plan sur un visage et soudain c'est toute une place qui s'offre à nos yeux) et des effets de reflets audacieux (un personnage regarde dans la rue à travers une vitre et par une mise au point de l'image on découvre qu'il est lui même observé depuis un batiment de l'autre côté de la rue).

Il est intéressant de noter que malgré la complexité du scénario, le film se déroule de façon totalement linéaire. L'intrigue se divise en plusieurs actes chacun annoncé par un carton intitulé.
On a l'impression qu'une vraie pièce de théâtre se déroule devant nous.
Pour accentuer le côté « je fais un film réaliste mais je montre que c'est bien un film », Hill change parfois de scène en utilisant des clapets qui brisent ou rétrécissent l'image (George Lucas le fait beaucoup dans les Star Wars, pour donner une idée).

Mais c'est surtout la musique qu'il faut saluer.
Hommage aux films muets, elle est aussi théâtrale que le reste de la réalisation.

Le compositeur Marvin Hamlisch (oscarisé) reprend l' air de piano obsédant de Scott Joplin et l'adapte au thème principal du film. Croyez moi, une fois qu'on a entendu ce morceau, c'est quasiment impossible de le sortir de la tête.
Il va vous hanter^^

Avec ses 7 oscars (film, réalisateur, costumes, décors, montage, musique et scénario) et ses 3 autres nominations (son, photographie et acteur pour Redford), L'Arnaque et un sommet de la comédie policière américaine.
Un grand classique du cinéma qui n'a pas pris une ride!

Note : ****