vendredi 21 novembre 2008

L'Arnaque




A Chicago, dans les années 30, deux escrocs sont prêts à tout pour venger la mort d'un de leurs amis. Ils décident de monter une vaste escroquerie en tenant tête à un gangster new-yorkais, auteur du crime.

Après le succès de Butch Cassidy et le Kid, le réalisateur George Roy Hill retrouve Robert Redford et Paul Newman.

Redford est monté sur le devant de la scène avec Butch Cassidy et le Kid, avant il n'était pas très connu. Il interprête un filou charismatique et un peu trop sûr de lui.
Etonnament, il est aussi doué pour le jeu lui même que dans les scènes plus physiques : pris en chasse par des tireurs, il court comme le vent, bondit par dessus les ponts et les cages d'escaliers.
Pavant la voie à Kevin Costner, il interprête ses cascades et donne de sa personne lors des scènes de bagarre.
Il connaitra plus tard la gloire en tant qu'acteur (Out of Africa, les Hommes du Président) comme en tant que réalisateur (L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux).

Redford est aussi beau que bon acteur. Le film a littéralement lancé sa carrière et il reçoit une nomination à l'oscar pour son rôle.

Newman en avait lui même plaisanté.
« Ecrira-t-on sur ma pierre tombale : Ci-gît Paul Newman, mort en raté car ses yeux sont devenus bruns? »
Classé parmi les 50 hommes les plus beaux du monde par le magazine People dans les années 60/70, il aura toujours refusé de se laisser enfermer dans les emplois de beaux gosses sans saveur auxquels aurait pu le condamner son physique de jeune premier. Décédé récemment à la suite d'un cancer, il aura ouvert la voie à d'autres acteurs-metteurs en scène de talent.

Plutôt classe dans le film, il n'hésite pas à casser son image quand son rôle le demande.
En se mettant dans la peau d'un flambeur alcoolique, il jure et rote avec une joie non dissimulée.
La scène de poker est d'ailleurs un des meilleurs moments du film. Hill dira qu'il s'agit « d'un des plus grands moments de comédie. Je défie n'importe quel acteur de mieux la jouer! ».

Effectivement, la scène est remarquable en tout point.
Moi qui ne connais rien au poker, je n'ai pas quitté l'écran des yeux, captivé par la performance des acteurs.

Hill a un don pour transformer deux magouilleurs de la pire espèce en favoris du public. Les deux personnages principaux sont immédiatement attachants.
Newman et Redford se renvoient la balle avec plaisir et font preuve d'un esprit de camaraderie visible à l'écran.

Face à eux se dresse un Robert Shaw imposant. Surtout connu du grand public pour son rôle dans les Dents de la Mer, il incarne un dur à cuire extrêmement méfiant. Le personnage est exécrable, l'acteur est excellent. Il porte un lourd poids sur ses épaules puisque sans trop en dire il doit exprimer le danger qu'il représente pour les deux larrons.
Rien qu'en le voyant on comprend qu'il ne s'agit pas d'un benêt qu'on peut rouler à la première occasion.

Les autres acteurs sont moins connus mais tout aussi bons.
Chaque personnage a son petit rôle à jouer dans la grande arnaque qui se prépare.
Et ce qui est génial c'est que la plupart joue double jeu, on est donc constamment pris par surprise par ce que l'on imaginait mais qui se révèle être l'inverse.

Le film est bourré de rebondissements incroyables ; le scénario mérite vraiment son oscar!

La mise en scène de Hill est exemplaire.
Il recrée parfaitement les années 30 avec ses vieilles voitures rondelettes, ses ruelles à la fois colorées et sordides (oscar meilleurs décors), son ambiance film de gangsters et ses costumes d'époque.

Hill maîtrise la caméra à merveille et signe des travelling arrières vertigineux (gros plan sur un visage et soudain c'est toute une place qui s'offre à nos yeux) et des effets de reflets audacieux (un personnage regarde dans la rue à travers une vitre et par une mise au point de l'image on découvre qu'il est lui même observé depuis un batiment de l'autre côté de la rue).

Il est intéressant de noter que malgré la complexité du scénario, le film se déroule de façon totalement linéaire. L'intrigue se divise en plusieurs actes chacun annoncé par un carton intitulé.
On a l'impression qu'une vraie pièce de théâtre se déroule devant nous.
Pour accentuer le côté « je fais un film réaliste mais je montre que c'est bien un film », Hill change parfois de scène en utilisant des clapets qui brisent ou rétrécissent l'image (George Lucas le fait beaucoup dans les Star Wars, pour donner une idée).

Mais c'est surtout la musique qu'il faut saluer.
Hommage aux films muets, elle est aussi théâtrale que le reste de la réalisation.

Le compositeur Marvin Hamlisch (oscarisé) reprend l' air de piano obsédant de Scott Joplin et l'adapte au thème principal du film. Croyez moi, une fois qu'on a entendu ce morceau, c'est quasiment impossible de le sortir de la tête.
Il va vous hanter^^

Avec ses 7 oscars (film, réalisateur, costumes, décors, montage, musique et scénario) et ses 3 autres nominations (son, photographie et acteur pour Redford), L'Arnaque et un sommet de la comédie policière américaine.
Un grand classique du cinéma qui n'a pas pris une ride!

Note : ****

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