samedi 27 décembre 2008

Sleepy Hollow




Ichabod Crane, policier new yorkais, se rend dans la petite bourgade de Sleepy Hollow où des meutres mystérieux ont été perpétrés. Les victimes ont été retrouvées la tête coupée...


Pour nous elle ne nous dit rien mais pour les Américains, la légende du cavalier sans tête est profondément ancrée dans les esprits au même titre que les contes des frères Grimm.

Déjà adaptée plusieurs fois à l'écran, la légende trouve son point d'orgue en croisant l'imagination de Tim Burton.

Le réalisateur apporte cette touche de folie macabre qui fait tout son génie.
Loin d'une simple adaptation de plus, "Sleepy Hollow" est une oeuvre d'art.
Puisant aussi bien dans le gothique que dans les anciens films d'horreur, Burton donne vie à l'un des plus beaux films jamais réalisé.

La photographie est fabuleuse. Elle crée une ambiance lugubre et effrayante qui rappelle les illustrations des contes de fées.
La plupart des scènes sont d'une parfaite sobriété visuelle : on a parfois l'impression que le film a été tourné en noir et blanc.

Jeux d'ombres et de lumières expressionnistes ou rouge sang flamboyant, l'utilisation des couleurs a bénéficié d'un soin tout particulier afin de rendre cette poésie propre aux vieux classiques d'épouvante.

Les décors (oscarisés) sont également de toute beauté. La ville de Sleepy Hollow existe réellement mais pour les besoins techniques du film, Burton a décidé de recréer entièrement une ville qui corresponde à sa vision. Tout un pâté de maison a donc été construit et chaque bâtiment porte la marque du cinéaste.
La ville est sombre, presque macabre. Un vrai village Burtonien!

Mais la ville n'est pas le seul décor du film. Un moulin et une fôret ont aussi leur part à jouer.
Hommage évident à Frankestein le moulin est impressionnant avec ses ailes à moitié déchirées mais ce n'est rien comparé à la forêt.

Entièrement créé en studio, le petit bois qui abrite le cavalier sans tête est la parfaite représentation de ceux que l'on a l'habitude de voir dans les dessins animés ou les contes pour enfants.

Les branches mortes enchevêtrées forment un parfait labyrinthe et les arbres donnent l'impression qu'ils vont nous agripper à tout moment.
Le sol est un tapis de feuille géant qui se soulève sous le galop des chevaux et le ciel est constamment caché par la brume.

Grand ami de Burton, Danny Elfman compose une fois de plus la musique.
Les tonalités sont sombres et inquiétantes et accompagnent idéalement l'action.
Des les premières notes, on est happé par l'ambiance.

Tout comme Spielberg ou Ridley Scott, Burton a l'habitude de travailler avec les mêmes personnes.
On retrouve donc une fois de plus le génial Johnny Depp dans le rôle principal.
Son personnage est intéressant car atypique. Il n'a rien d'un héros et bien qu'il fasse partie de la police, il passe son temps à s'évanouir...

La belle blonde à ses côtés est interprétée par la belle Christina Ricci.
Figure classique? Pas vraiment.

Surtout connue pour son rôle de petite fille psychopathe dans "la famille Adams", Ricci est une actrice gothique au sens propre. Son regard envoûtant et mystérieux lui donnent les qualités d'une actrice du muet.

En parlant de muet, il faut souligner la présence de Cristopher Walken (qui retrouve Burton après "Batman le défi") qui joue le cavalier.
L'acteur ne dit pas un mot de dialogue et n'apparaît que 3 minutes (!) dans tout le film.
Pourtant, impossible de l'oublier.
Lentilles de contact au bleu perçant et dents acérées comme des couteaux, son visage est effrayant au possible.

Enfin, Burton re dirige Jeffrey Jones (dans un petit rôle).
Jones est un habitué du fantastique puisqu'il a joué dans "Beetlejuice" et "Ed Wood".

Les rôles secondaires sont très bien choisis. Beaucoup d'acteurs renommés se sont prêtés au jeu à commencer par l'immense Christopher Lee. Il n'a qu'une scène mais c'est lui qui plante le décor et sa voix suave et grave rappelle qu'il reste Dracula incarné.

Parmi les habitants de Sleepy Hollow, on reconnaît Miranda Richardson, Casper Van Dien (Starship Troopers) et le formidable Ian Mc Diarmind ( le sénateur Palpatine quand même!).

Le cavalier est quant à lui une réussite.

Dénué d'expression ( sans tête ça va être dur...), il est poutant incroyable dans sa gestuelle et pendant les combats.
Normal quand on sait que Ray Park, qui endosse le costume, n'est autre que l'acteur/cascadeur qui interprète le sabreur à double lame le plus célèbre du cinéma : Dark Maul!

En maître d'armes confirmé, Park fait tourner ses lames avec une classe folle.
D'une allure imposante, une épée ou une hache dans chaque main, il tranche implacablement la tête de ses ennemis.

Les plans où il chevauche à bride abbatue, la lame hors du fourreau sont une pure vision de ce que peut offrir le cinéma fantastique!

Les combats sont visuellement impressionnants par leur violence mais aussi par leur chorégraphie.
Encore une fois c'est de Star Wars que vient le salut puisque c'est Nick Gillard (responsable des combats de la nouvelle trilogie) qui coordonne les duels.

La perfection des effets spéciaux permet des séquences d'une violence rare. Déjà, à la base un méchant dont le passe temps favori et de raccourcir son prochain au niveau des épaules, ça promet des scènes choquantes mais visuellement ce que Burton arrive à faire est juste bluffant.

Un réalisateur plus classique choisirait de couper le film au moment où la lame s'approche de la gorge des acteurs et montrerait une fausse tête tomber au sol, pas Burton.

Avec lui la caméra filme l'action dans son intégralité (sans aucun plan de coupe!) et il est pratiquement impossible de distinguer le vrai du faux. Un travail remarquable!

Mais bien plus qu'un simple film d'horreur, Sleepy Hollow est aussi une comédie. Pour détendre l'atmosphère, Burton distille par ci par là un humour très noir qui fait que l'on ne sait plus si l'on est censé avoir peur ou rire un bon coup.

Mais attention on n'est pas dans "Evil Dead", non plus.
Si l'humour est bien présent, "Sleepy Hollow" est avant tout un film d'épouvante et réserve son lot d'hémoglobine.

Encore une fois, Burton confirme qu'il est un créateur débordant d'imagination et sa patte si particulière fait tout le charme du film. Au final, un peu creux du point de vue scénario, il reste une véritable réussite artistique.

Note :***

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