mercredi 7 janvier 2009

Fourmiz




On les balaie d'un souffle, on les écrase sans même sans s'en rendre compte.
Leur taille minuscule les rend insignifiantes à nos yeux pourtant les fourmis sont comme nous.

Elles vivent dans une société organisée où les aristocrates bien placés se la coulent douce dans leur palace de rêve tandis que la classe ouvrière travaille du matin au soir ou part à la guerre la fleur au fusil.
Le soir, on se retrouve au bar pour faire la fête ou noyer son chagrin dans l'alcool.

Comme nous, elles ne sont jamais contentes de leur sort.
Z est une simple fourmi ouvrière qui passe sa vie chez le psy parce qu'il se trouve inutile et Bala est la future reine de la fourmillière destinée à de hautes fonctions hiérarchiques qui la laissent de marbre.
L'un veut voir le monde d'en haut, l'autre veut voir celui d'en bas.
C'est Jasmine et Aladdin : bref ces deux là étaient fait pour se rencontrer...

L'histoire a déjà été abordée des dizaines de fois mais il faut voir le "monde d'en bas" prendre vie à l'écran.

Toy Story (1995) est le premier long métrage d'animation 3D sorti au cinéma.
En 3 ans, les progrès informatiques ont permis aux développeurs de paufiner leur technique.

Les personnages sont anguleux mais c'est plus par souci de personnalisation (une fourmi en vrai, ça fait plutôt peur!) que de réels problèmes d'animation.
Les expressions faciales sont très travailées et bien qu'elles n'atteignent pas la qualité que l'on a aujourd'hui, elles restent impressionnantes pour l'époque.

Sur certains plans, les fourmis se content par centaines et les différents éléments (eau, feu, roche...) sont remarquablements crédibles.

Visuellemment le film est très réussi...une fois habitué au design très spécial des personnages.

Un film d'animation se fabrique de A à Z.
Le moindre son doit donc être créé individuellement car à la base rien n'existe.
De ce côté là, rien à redire. Les ingénieurs du son, les doubleurs ou les musiciens ont tous effectué un travail fourmidable...

Les bruitages jouent un rôle très important dans la mise en scène car ils doivent souvent exprimer une grande envergure à ce qui ne l'est pas. En effet, une goutte de rosée qui tombe par terre ou un simple pas sont anodins pour nous mais pour un être de quelques millimètres d'épaisseur, c'est plus qu'il n'en faut pour devenir un danger mortel. Ce gigantisme se ressent parfaitement à travers les effets sonores.

La musique du film est composée par le duo Harry Gregson Williams et John Powell (Chicken Run, c'est eux) et produite par Hans Zimmer. On peut donc s'attendre à une bande son de qualité et s'en est une.
Elle n'atteint pas le niveau de Chicken Run mais les morceaux héroiques sont vraiment jolis et soulignent parfaitement l'action.

C'est du doublage que vient la surprise. Le casting est juste incroyable et fourmille (il fallait la faire...) de stars.
Woody Allen et Sharon Stone font un duo de choc atypique. Stallone joue les gros bras au grand coeur, Gene Hackman les méchants despotiques et Dan Aycroyd les aristo alcooliques. Sans oublier de citer Cristopher Walken, Danny Glover, Anne Bancroft et j'en passe...


La mise en scène regorge de surprises. Les plans sont généralement superbes et inspirés.

J'apprécie surtout la fin très « Men In Black » où, au fur et à mesure que la caméra s'éloigne, on se rend compte que les péripéties du film ne se sont déroulées que dans un espace extrêmement réduit et les conséquences n'ont aucune influence sur le reste du monde.

Bien plus orienté comédie que drame, il reste difficile de dire si le film est réellement destiné aux enfants.
Il l'est bien sûr mais quand on y réfléchit, le ton du film est vraiment sombre.

Le héros est un dépressif notoire qui déteste son travail. Il va se faire enrôler par méprise dans une guerre où les soldats sont envoyés à une mort préméditée ( la séquence est un bel hommage à "Starship Troopers"!) et n'en réchappera qu'en se terrant dans un trou.
Il sera ensuite nommé en héros avant d'être impitoyablement pourchassé et rencontrera un couple de bourgeois distingués. L'épouse sera tuée et le mari va sombrer dans l'alcoolisme.

Sans compter que le général de l'armée fourmi décide d'éliminer la « race inférieure » afin de bâtir une société plus belle et plus pure.
On sent la satire du nazisme et des régimes totalitaires à plein nez.

C'est la force des dessins animés que de faire passer un message violent et cruel à travers une vision simpliste et humoristique.

Les enfants y verront donc un divertissement haut en couleurs, les autres apprécieront l'humour second degré et la critique (explicite et amère) de notre société.

Note : ***

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