mercredi 17 septembre 2008

Destination Graceland


Parfois, je farfouille dans des boutiques de DVD et je tombe sur des films dont je n'ai jamais entendu parlé mais dont le casting m'interpelle. Par exemple, "Mad Dog and Glory" avec Bill Murray, Uma Thurman et Robert de Niro ou encore un film de Sydney Lumet avec pas moins que Dustin Hoffman, Sean Connery et Matthew Broderick devant la caméra.

Malheureusement, ces films s'avèrent souvent décevants, sacrifiant le scénario et la réalisation aux acteurs eux-mêmes.

C'est donc sans grandes espérances que j'achète ce "Destination Graceland". Un face à face entre Kurt Russell et Kevin Kostner, ça ne se refuse pas comme ça!
Quand en plus, Christian Slater (un acteur que j'apprécie beaucoup qui a joué dans des films d'action musclés :"Broken Arrow", des comédies noires : "Very Bad Things", ou des policiers décalés : "True Romance") et Courteney Cox, révélée par "Scream" et la série adulée : "Friends", jouent les seconds couteaux, on se dit que l'aventure mérite le coup d'œil!


Murphy (Costner), ex taulard et fan d'Elvis monte un braquage de casino avec son compagnon de cellule Michael (Russell) et 3 autres truands. Mais le casse vire au carnage et les gangsters n'ont plus l'intention de se partager le magot. Une course poursuite sanglante s'engage alors entre les anciens complices.

Le générique, où l'on assiste à un combat de scorpions en image de synthèse, monté avec les pieds me fait augurer du pire. Néanmoins, il me rappelle celui de "Doberman" de Ian Kounen, film d'action violent ultra stylisé, ce qui me laisse plus dans l'expectative que dans le rejet direct du film.

120 minutes plus tard, je me dis que j'ai bien fait. Le film est loin d'être un chef d'œuvre, personne ne dira le contraire, pourtant il tient la route.

Le réalisateur Demian Lichtenstein, pour ma part inconnu au bataillon, est énormément influencé par ses aînés. Oliver Stone d'une part chez qui il emprunte les couleurs flashy et les angles de caméra biscornus (qu'on retrouve dans "Tueurs Nés") et Tony Scott, dont il récupère le montage haché et les effets de caméra fulgurants (cf "Domino").

Son film est une comédie d'action pour adultes (interdite aux moins de 16 ans) comme je les aime ; qui enchaîne fusillades spectaculaires, personnages déjantés mais savoureux, et répliques teintées de sous entendus graveleux.

Malgré une disparition plus que rapide de la moitié du casting dont Christian Slater, qui ne faisait que passer, le trio de tête "Russell/Costner/Cox" assure le spectacle.

Face à un Kevin Costner, psychopathe sadique et violent, parfaitement à l'aise dans ce rôle à contre courant de ses habitudes (jouer le méchant, en gros^^), Kurt Russell fait ce qu'il sait faire de mieux : l'armoire à glace au grand cœur. Acteur fétiche de John Carpenter, Kurt Russell m'a toujours convaincu dans ses rôles : colonel suicidaire dans "Stargate" ou mari désemparé dans "Breakdown", il ne réduit jamais son jeu à son seul physique et parvient à rester crédible tout en déployant un humour au second degré dont il a le secret…

Quant à Couteney Cox, c'est une vraie pile électrique sur pattes. Elle joue l'hystérique paumée et amoureuse malgré elle avec un plaisir évident. Sans oublier de filer compagnie aux gros durs avec le fric quand ça l'arrange.

Le scénario, plutôt simpliste au départ, se complexifie rapidement et fait intervenir la palette de personnages secondaires indispensable au genre de la comédie policière. Murphy s'entiche donc d'une pouf durant son périple et Michael doit se coltiner Cox et son fils, pour le moins débrouillard mais véritable graine de AAA (Against All Authority^^).

Puis viennent les inévitables flics (dont un qui se la joue cow boy, ce qui donne une séquence de duel assez surréaliste…) et les sbires du méchant (avec une apparition de Ice T, véritable machine à tuer!)

Bien qu'un peu longuet parfois, le film enchaîne les retournements de situation, ce qui permet de ne jamais se lasser. Enfin, malgré un petit budget évident (le reste est passé dans le cachet des acteurs), le réalisateur se débrouille pour ne pas donner dans le déjà vu et la facilité, notamment en choisissant bien ses plans et en utilisant en montage travaillé.

Le film est particulièrement violent mais inhibé par son côté feu d'artifice permanent :
Des couleurs que ne renierait pas Baz Lhurman ("Romeo + Juliette"), des fusillades, qui empruntent autant à John Woo qu'à Tarantino, qui abusent des ralentis et où les victimes sont projetées sur plusieurs mètres, des explosions filmées sous quinze angles différents et des répliques cinglantes bourrées de noms d'oiseaux en tous genres

De la violence gratuite, oui, mais sans autre prétention que de divertir. La non crédibilité du film est totalement assumée comme lorsque deux balles se croisent lors d'un duel ou quand Costner dézingue de la voiture de flic à la mitrailleuse façon "Terminator 2".

Et même si le tempo ralentit lorsqu'un personnage important meurt (la musique s'efface et le son se fait lointain), la bande son décoiffe! Mélange de rap US de bonne qualité (pas la soupe qu'on nous balance sur les ondes), de métal bourrin et de chansons d'Elvis Presley (!), la musique apporte un punch non négligeable au film.

Bref, ce qui aurait pu donner un patchwork sans consistance, se révèle finalement agréable à l'écran. C'est donc plutôt une bonne surprise de voir que la présence des acteurs n'empêche pas le réalisateur de travailler l'esthétique de son film. En d'autres mains, il aurait pu tomber plus bas…

Note:**

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