mercredi 17 septembre 2008

Qui veut la peau de Roger Rabbit?


Le duo gagnant Robert Zemeckis/Steven Spielberg de « Retour vers le futur » renouvelle son exploit en créant cette rencontre improbable du réel et du dessin animé.
Bien sûr, le procédé ne date pas d'hier.
Déjà dans les années 60, les acteurs de « Mary Poppins » donnaient la réplique à des pingouins-serveurs.
Mais le procédé mis au point par ILM (la société d'effets spéciaux crée par George Lucas, plusieurs fois récompensée aux oscars) permet d'animer chaque toon (personnage de cartoon) en fonction des mouvements des acteurs tout en leur donnant un aspect tridimensionnel. Le résultat est spectaculaire : les intéractions humains/toons/décor sont sidérantes (pour l'époque^^) de réalisme.
Mais, à l'opposé d'un « Space Jam » ou d'un « Looney Tunes:back in action » où la technique s'accapare la couverture au détriment d'un scénario famélique, le film est un mélange impropable entre la comédie pour enfant et le film policier.
Bien que l'on retrouve les personnages de Walt Disney et Tex Avery de notre enfance, le scénario est adulte et empreint d'une noirceur innatendue.
Le film suit l'enquête d'un détective privé, à moitié abruti par l' alcool, qui se retrouve avec un lapin toon, impliqué de meurtre, sur les bras.
Ce qui rend le film crédible c'est le traitement des personnages. Les toons habitent dans une ville et ils travaillent comme les humains. Le film regorge de scènes genre mise en abyme ou la réalité et la fiction se rejoignent. Par exemple, la première scène est modèle du genre : le film commence comme un dessin animé normal jusqu'à ce qu'on se rend compte qu'il est en train d'être tourné et que les toons sont en fait des acteurs!On croise Betty Boop dans un bar, toujours en noir en blanc, qui regrette de ne plus plaire autant qu'avant et les pingouins de « Mary Poppins » que j'ai évoqué plus haut sont toujours serveurs.
Habile clin d' oeil à l'avancée technologique^^
Jessica Rabbit dit qu'elle est juste dessinée comme elle est. Enfin, le paroxysme est atteint quand Roger regarde un film au ciné...
Les toons ont donc conscience de leur particularité et possèdent une vie propre.
Les acteurs ont réussi un tour de force en restant toujours crédibles à l'écran, vu qu'ils parlent dans le vide pendant le tournage. Bob Hoskins, acteur caméléon (plombier sympathique dans « Super Mario Bros », caid brutal dans « Danny the Dog », militaire sadique dans « Stalingrad ») incarne à merveille le détective Eddy Valiant. Il ne surjoue jamais et trouve là, un de ses meilleurs rôles!
Face à lui, le juge est habilement incarné par le toujours excellent Cristopher Lloyd.
Scientifique loufoque dans « Retour vers le futur, medecin zélé dans « Une journée de fous » ou «oncle déjanté dans « la famille Adams », l'acteur réussit là une composition remarquable de sadique psychopate. Son costume noir de la tête au pied et son haut de forme lui donnent un air de Jack L'éventreur, quant à sa personnalité, on pense au docteur Jekkyl et à son double maléfique.
Quant aux toons qui interviennent dans le film, ils sont tous excellents. De la bande de fouines, véritables caricatures de la mafia époque prohibition, en passant par la pulpeuse Jessica Rabbit, réplique de la « femme fatale » des films noirs, à l'incontournable lapin bondissant et hystérique du titre, chaque personnage a fait l'attention particulière des scénaristes.
L'humour habituellement bon enfant de ce genre de production est heureusement absent. Eh oui, le film n'est pas distribué par Disney mais par Touchstone.
Aucune insulte à l'horizon ni de langage cru, ce qui n'empêche pas les personnages de parler (implicitement, pour ne pas choquer les petits n'enfants) de sexe, d'alcool, de licenciement abusif et d'autres choses dont les adultes peuplent leurs conversations.
Le film est donc plus proche du polar, avec une superbe musique jazzy d'Alan Silvestri, que des cartoons du petit écran. En revanche, les courses poursuites sont complètement délirantes; au volant d'un taxi au franc parler, dans une usine désaffectée, dans un bar, le mobilier se brise, les murs explosent, les coups font voler les acteurs sur plusieurs mètres.
On est dans un cartoon live!
Les bonnes idées sont trop nombreuses pour pouvoir toutes les citer, de même que les répliques cinglantes, et toujours bourrées d'un humour décapant.
C'est ce traitement particulier de l'histoire, qui évite de tomber dans la facilité et surprend par ses rebondissements et son univers travaillé (j'adore le trou noir!!!), qui le rend appréciable à tout âge.
Lauréat de 4 oscars, énorme succès au box office et unanimement salué par la critique, que dire de plus de « Roger Rabbit », si ce n'est que c'est un film inoubliable et qu'on ne fera probablement jamais mieux en matière de scénario basé sur un monde de dessin animé...
That's all folks!^^
Note: ****

Aucun commentaire: