samedi 29 novembre 2008

L'Aventure c'est l'aventure





Bon Dieu! je vais avoir du mal à parler de ce film!
L'histoire est tellement riche que je ne sais pas par quoi commencer...

Pour bien comprendre le film, il est nécessaire de le replacer dans son contexte.
1968, la jeunesse sort dans la rue pour faire valoir ses droits. C'est le début d'une époque où règne l'anarchie.
Anarchie représentée dans le film par des braquages de banque et des voitures incendiées.

En 1972 (dans le film), Paris est le théâtre d'un festival de hold up, de crimes et de revendications. Même les prostituées se réunissent pour que l'on valorise leur profession. Elles déclenchent une grève générale pour leur indépendance.

Rien ne va plus dans le monde de la pègre. Si les banques restent faciles à piller, on n'y trouve plus d'argent. Jacques, Lino, Simon, Aldo et Charlot, des truands à la petite semaine, se réunissent pour trouver une solution.

Après discussions, la solution s'offre à eux. Ils sont démodés et doivent revoir leurs méthodes.
Ils décident alors de se lancer dans la politique...
Ca y est le mot est lâché mais entendons nous bien il ne s'agit pas d'un film politique mais d'un film d'aventure, une comédie burlesque dont les personnages seraient des cousins éloignés des Pieds nickelés, plus près des frères Marx que de l'autre Marx...

Dans une des meilleures scènes du film, le groupe se paye des leçons accélérées de politique et font défiler des représentants de tous les partis pour finalement arriver à une conclusion : ils n'ont rien compris!

« Et c'est justement parce que vous avez compris que vous n'avez rien compris que vous allez rester au dessus de cette confusion et gagner beaucoup de fric! » dit Simon.

En d'autres termes, pourquoi s'attacher à un parti alors qu'on peut choisir les services du plus offrant ?
Nantis de leur culture politique toute neuve, nos cinq zigotos vont donc rapidement passer aux travaux pratiques en multipliant les enlèvements, à commencer par une star du show biz : Johnny Hallyday.

Le chanteur joue son propre rôle et interprète la chanson titre.

Après ce coup fameux, ils partent ensuite pour l'Amérique du Sud où ils enlèvent le chef d'un groupe révolutionnaire pour l'échanger contre un gros tas de billets (pour chaque camp intéressé par sa capture) avant de prendre des vacances au soleil...

Bon voilà pour une partie du scénario. L'histoire est à la fois très linéaire et très compliquée puisque les personnages secondaires sont nombreux et que l'on change souvent de décor.

Techniquement le film est plutôt travaillé et Lelouch use et abuse des mouvements de caméra. Notamment des zooms arrières qui semblent être sa marque de fabrique. Il utilise souvent cette technique pour planter le décor. Par exemple, la première image de l'Amérique du Sud est un plat de pâtes... La caméra fixe le plat avant de reculer progressivement. On voit alors le groupe attablé en train de manger, puis la caméra recule encore et on découvre enfin qu'ils sont dans les ruines d'un ancien temple. En un seul plan, tout est dit.

En revanche, la majorité des scènes sont filmées en plans fixes ou plans continus.
Que ce soit des dialogues ou de l'action, notre attention est focalisée sur ce qui se passe comme si on était avec les personnages.

Je disais action car même si le film n'est pas un film d'action, de temps à autres, on assiste à des explosions ou des cascades de voitures.
Une fois encore, Lelouch filme en seul plan et c'est d'autant plus impressionnant de voir la cascade se dérouler directement sous nos yeux, sans effet de montage ou quoi que ce soit...

Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans les acteurs. Cette bande de joyeux drilles magouilleurs est interprétée entre autres par Aldo Maccionne, Charles Denner, Jacques Brel et surtout Lino Ventura.

Ce dernier est bien connu pour ses rôles de grosse brute au grand coeur, que ce soit dans un polar noir ou dans les films de Lautner (Les tontons flingueurs, Les Barbouzes). Ici, il n'échappe pas à la règle, Lino (oui son personnage s'apelle Lino et celui de Jacques Brel s'apelle Jacques...au moins c'est facile à retenir) est donc le bougon du groupe, celui qui marmone dans sa barbe ou vocifère à tout va pour montrer son mécontentement.

Lino c'est autant une présence qu'une voix. Habitué aux dialogues léchés, il articule chaque syllabe avec l'expression tordante qui va avec. Si les dialogues n'atteignent pas ceux d'Audiard, ils sont aussi drôles qu'intelligent.

Et, fait plutôt rare, ils marient le français avec d'autres langues, si bien que l'on peut entendre les acteurs s'exprimer français, italien, anglais (la scène est excellente) et même un peu espagnol.

Loin d'êtres mauvais, les autres acteurs ne lui arrivent pas à la cheville. Le seul qui peut lui tenir tête c'est Charles Denner. Son personnage remue les bras comme un chef d'orchestre et il prononce ses dialogues de façon parfaitement convaincante.


L'Aventure... est un vieux film français dans le bon sens du terme.
A savoir avec de bons dialogues et de bons acteurs. L'histoire est aussi farfelue qu'originale et la réalisation tient la route. D'un sujet plutôt sérieux (politique et anarchie), Lelouch propose une comédie passionnante doublée d'un bon film d'aventure.
C'est quoi, l'aventure? Ben, l'aventure c'est...l'aventure.

Note : ***

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