samedi 28 mars 2009

Silkwood




Karen Silkwood travaille dans un laboratoire de traitement nucléaire. Les cas de contaminations se multiplient et Karen tente de savoir quel danger réel représente la manipulation de plutonium.
Mais la direction de l'entreprise met tout en oeuvre pour l'empêcher de découvrir la vérité.



Inspiré de l'histoire vraie de Karen Silkwood, le film met en scène les dangers de la radioactivité sur le corps humain dont ses implications avec le cancer.
Karen est interprétée par Meryl Streep, qui livre une fois de plus une performance exceptionnelle.

A ses côtés on trouve le toujours impeccable Kurt Russel et la chanteuse Cher.
Si l'on ne s'étonne même plus du talent des deux premiers, Cher nous en met plein la vue.
Non pas qu'elle en fasse des tonnes, au contraire son personnage de lesbienne paumée est sidérante de crédibilité. Méconnaissable, jamais l'actrice n'aura paru aussi naturelle et authentique à l'écran.
Son interprétation lui vaudra une nomination à l'oscar du meilleur second rôle féminin et une victoire aux Golden Globes.

Les personnages sont aussi attachants que crédibles et, en prenant le parti de les montrer sous leur meilleur jour comme sous le pire, le réalisateur n'en fait pas des stéréotypes mais bien des êtres humains, qui rient, qui pleurent mais surtout qui souffrent...
On ne peut que s'identifier à ce qui leur arrive.


Si le film est bien tiré d'une histoire vraie, il fallait un scénariste et un réalisateur dignes de ce nom pour pouvoir porter l'histoire de Karen à l'écran.
Nora Ephron, scénariste renommée de « Quand Harry rencontre Sally » concentre autant le film sur le rôle de Karen au sein du syndicat et de l'usine que sur sa vie privée. L'un comme l'autre sont particulièrement mouvementés.

En devenant la porte parole des employés du laboratoire, elle se met le personnel à dos.
Si elle se préoccupe des dangers de la radioactivité sur leur santé, les employés sont inquiets qu'elle fasse fermer l'usine et qu'ils se retrouvent au chômage à cause d'elle.
L'ambiance de camaraderie du départ dégénère rapidement et l'atmosphère malsaine qui en découle entraîne directement une paranoïa compulsive.

Quant à sa vie privée, sa volonté d'aller jusqu'au bout va entraîner des tensions avec son petit copain et l'amie qu'elle héberge.

Mike Nichols (« Working Girl ») apporte un soin particulier à la réalisation qui en devient presque dangereuse pour le palpitant, tant le film est riche en émotions fortes.
Sa mise en scène impersonelle nous plonge directement dans un univers sombre et réaliste, relayé par des décors froids (les murs blancs du laboratoire).

L'absence quasi constante de musique et les rares indices dans la narration nous empêchent de prévoir ce qui va arriver et certaines scènes n'en sont que plus choquantes.
Lorsque Karen fait sonner l'alarme pour la première fois, la scène est presque étouffante autant pour l'actrice que pour le spectateur. Quant aux scènes de douche filmées en gros plans continus, elles sont absolument effroyables.
Impossible non plus d'oublier la séquence où une équipe en combinaison anti-radiations s'engouffre dans la maison de Karen avant de la vider entièrement (la maison, pas Karen...).


Nichols ne cherche jamais l'esbrouffe visuelle.
En se contentant de laisser tourner la caméra lorsque les acteurs sont à l'écran, il réduit les effets de montage au minimum et imprègne au film un côté aussi dur que poignant.

Nominé 5 fois aux oscars (meilleur actrice, meilleur second rôle, meilleur montage, meilleur scénario, le film est autant un pamphlet virulent contre les industries inconscientes et irresponsables face aux dangers, dus à la manipulation des énergies radioactives, qu'un thriller terrifiant interprété par un trio d'acteurs remarquables .
Malgré quelques longueurs, « Silkwood » est un film qui secoue, dans le bon sens du terme.

Note : ***

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