samedi 28 mars 2009

La guerre des mondes



Été 1954. Une météorite s’écrase près de la petite localité de Linda Rosa en Californie provoquant un début de feu de forêt. Une fois l'incendie circonscrit, le shérif de la ville fait quérir le Dr Forrester, brillant astronome et physicien nucléaire qui passe ses vacances à 20 km de là, pour connaître son avis. Arrivé sur place, le scientifique constate que le corps céleste est encore trop chaud pour être examiné, et qu'il est de plus radioactif. Le shérif décide alors de renvoyer les badauds et ne laisse que trois hommes près du cratère pour prévenir tout nouvel incendie. Restées seules, les trois vigies se retrouvent bientôt confrontées à «l'œil mécanique» qui sort de la météorite. Comme ils tentent d'entrer en communication, ils sont désintégrés par un rayon mortel. L'invasion de la Terre a commencé...



Tout a commencé lorsqu'un animateur lit un passage du roman de l'écrivain HG Wells à la radio.
Les auditeurs entendent soudainement parler d'une invasion extraterrestre.
Il paraîtrait que des soucoupes volantes armées de rayons meurtriers ont déjà rasé plusieurs villes et ne laissent aucun survivant!

Je vous laisse imaginer la terreur dans laquelle ont été plongés des centaines de personnes avant de comprendre qu'il ne s'agissait d'un simple canular...

Cette anecdote est restée célèbre dans l'histoire et il n'en fallait pas plus pour que le livre devienne un film. C'est le producteur renommé George Pal, à qui on doit « Destination Moon » et « When worlds collide », qui en prend les commandes.
Doté d'un budget impressionnant, "La Guerre des Mondes" devient donc une superproduction grandiose dont le tournage s'étalera sur deux ans.

Pour bien apprécier la valeur du film il faut se replacer dans le contexte de l'époque.

Les années 50, c'est l'après guerre. Les Etats Unis sont à la tête de l'économie mondiale et Hollywood est une industrie florissante. Mais c'est aussi, l'époque du Maccarthysme et de la chasse aux communistes. En même temps que la société de consommation grandit à vue d'oeil, la méfiance vis à vis de son voisin fait de même.
C'est aussi le début de la guerre froide et des nouvelles avancées technologiques, comme la bombe atomique que tout le monde se met à craindre.

En temps qu'exutoire, le cinéma met en scène ces peurs pour mieux les exorciser.
Sur les écrans, le rêve américain n'est plus menacé par des communistes mais par des extraterrestres.

A l'époque on voit donc fleurir des dizaines de films sur des êtres venus d'une autre planète.
"La guerre des mondes" est un de ceux là.

L'histoire est on ne peut plus basique : une série de météores viennent s'écraser sur la Terre. Chacun contient des soucoupes volantes qui, une fois sorties, vont exterminer tout ce qui bouge. Face à la menace, les hommes s'organisent.

Fidèle à son époque, le film est bourré de stéréotypes.
Le héros est un homme intelligent et courageux et l'héroine est aussi belle qu' inutile. Son rôle se résume à tomber dans les bras du héros et à pousser des cris stridents assez désagréables. De plus, en bon film américain, le rapport à la religion est présent tout le long.

Et pour ne pas changer, une fois que le reste du monde a été annihilé, les Etats Unis sont les seuls à tenir encore le coup. C'est toujours eux les plus forts!
Bel élan patriotique...

Le film lui même joue beaucoup sur les peurs primaires des américains à cette époque : que faire quand l'armée et la religion demeurent inefficaces contre l'envahisseur?

Une des premières scènes de l'attaque des extraterrestres montre un prêtre qui marche vers une soucoupe avant de se faire désintégrer.
Quand l'armée devient inutile, le recours à la bombe A devient nécessaire.
Mais quand elle aussi reste sans effet, la panique est totale.

Imaginez le public de l'époque (beaucoup plus crédule et impressionnable qu'aujourd'hui) être confronté à un être inconnu que même l'arme la plus puissante du monde ne peut arrêter et vous comprendrez pourquoi le film a eu une telle réputation en son temps.


Il faut reconnaître que le film a beaucoup vieilli et qu'aujourd'hui certaines scènes font plus rire que frémir ( la scène où le Martien descend dans la maison..).
La faute à des maquettes un peu trop visibles et des effets de désintégration assez risibles.

Le plus gros reproche c'est sûrement ces images d'archives dont le réalisateur use et abuse quand il veut montrer un tank ou des canons en action.
Non seulement, elles sont trop facilement reconnaissables (la pellicule est abîmée à ces moments là) mais ce sont souvent les mêmes(!) qui repassent.

En revanche, la mise en scène est plutôt bien exploitée. Les explications scientifiques pullulent et sont tout à fait plausibles, les acteurs sont convaincants (le couple principal reste assez charismatique malgré tout) et le réalisateur sait créer une ambiance prenante.

Le prologue qui fait défiler des vidéos des deux guerres mondiales laisse place à des images de la Terre vue de l'espace et d'autres planètes.
Lorsque les extraterrestres lancent une attaque mondiale, les images de destruction et d'exodes se multiplient et sont intelligemment placées en fond alors que les soucoupes sont filmées au premier plan.

Même si l'effet reste facile, il ne perd rien de son efficacité.

Le design des soucoupes est légendaire. Quant à la photographie, elle ajoute énormément à la présence angoissante des Martiens.
Les lueurs spectrales, les lasers aveuglants, les éclairages colorés et la spectaculaire explosion atomique font partie du meilleur de ce que le Technicolor de l'époque pouvait offrir.

Mais c'est la fin qui retient le plus l'attention.
Le héros court dans des rues totalement désertes, des émeutes éclatent, les gens se battent et fuient dans tous les sens.
On se frappe sans retenue, on cherche désespéremment un véhicule pour fuir le plus rapidement.
Pendant ce temps, les soucoupes survolent la ville semant la destruction et le chaos.

A ce moment là, les maquettes sont moins visibles. Les bâtiments s'enflamment et tombent en morceaux. Les explosions impressionnent, magnifiées par des effets sonores assourdissants.
On a réellement l'impression d'assister à la fin du monde!

Plus de 50 après, ces images demeurent toujours aussi stupéfiantes et on comprend pourquoi le film a reçu l'oscar des meilleurs effets spéciaux.

Malgré son coup de vieux, le film mérite l'indulgence.
Il ne faut pas oublier qu'en 1952 l'homme n'avait pas encore mis le pied sur la Lune et que ni "2001" ni "Star Wars" n'existaient.
HG Wells et le réalisateur ne pouvaient donc se baser que sur des références extrêmement limitées.

La Guerre des Mondes est considéré comme l'un des plus fabuleux film de science-fiction de tous les temps.
On ne compte plus les films contemporains qui lui font encore référence ("Mars Attack" et "Independence Day" pour ne citer qu'eux).

Rien de plus normal qu'un des plus grands réalisateurs de notre temps ait décidé d'en faire un remake...

Note : ***

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