samedi 7 mars 2009

Crève Smoochy, crève!




Rainbow Randolph, la vedette d'un spectacle TV populaire pour enfants, est renvoyé à la suite d'un scandale de pot-de-vin. Il est remplacé par Smoochy le rhinocéros. Alors que le show de Smoochy explose les indices d'écoute, Randolph prépare sa vengeance...

« Crève Smoochy Crève » est le nouveau film de Danny DeVito (« La Guerre des Roses », « Balance Maman hors du train »).

En plus d'être un excellent acteur, il prouve une fois de plus qu'il est aussi un réalisateur talentueux.

La mise en scène extravagante souligne le côté farfelu des personnages.
De Vito enchaîne les fondus enchaînés, les plans en accélérés et les angles biscornus sans pour autant tomber dans la surenchère. Ses plans sont beaux, précis et mettent en valeur une explosion de couleurs permanante.

Explosion de couleurs qui contraste avec la noirceur du scénario. Si on ne prendra pas le risque de comparer les films de DeVito à ceux de Paul Schrader (« Affliction », « Hardcore »), il faut reconnaître que c'est bien le dark side de l'âme humaine qui intéresse le plus le réalisateur.

Le film est une satire acerbe du monde du showbiz et en particulier celui de la télévision.
Les personnages ont beau présenter une émission pour les enfants, seul le pognon les intéresse.
Face à la caméra, tout le monde chante et danse mais ce n'est qu'un écran de fumée : les gros studios ne parlent que de merchandizing et les vedettes elles mêmes sont de vrais ordures sans états d'âme.

Alors quand un animateur intègre (Edward Norton) se met en travers de leur route, les requins de la finance montrent les dents.
S'ensuit une série de meutres qui implique entre autre un ancien boxer un peu bênet, des membres de la mafia irlandaise, un tueur à gage narcoleptique, un fou furieux avide de vengeance et un adepte de la culture bio...

Une série de personnages gratinés dont deVito en a fait sa spécialité.

Le casting est une vraie surprise.
Edward Norton, plus habitué aux personnages durs et violents (« Dragon Rouge », « Fight Club », "American History X"), surprend en incarnant ce joyeux huluberlu qui ne cherche qu'à faire le bien autour de lui.
Naïf, niais et débordant de gentillesse, l'acteur prend un malin plaisir à casser son image.

Dans le film, Catherine Keener ("Into the Wild") y est insolente, grossière et totalement décontractée. Une performance géniale qui ne laisse certainement pas indifférent et qui éclipse la plupart des autres acteurs, dont Robin Williams justement.

Robin Williams est connu pour ses talent comiques allant de la grosse farce (« Madame Doubtfire ») jusqu'à l'ironie poétique (« Le cercle des poètes disparus »).
Cette fois on penche pour le premier cas tant l'acteur surjoue. Il en fait des tonnes mais peine à rendre son personnage convaincant.
Néanmoins, on voit qu'il s'amuse à interpréter cet hystérique pervers et détestable et on ne lui en tiendra pas rigueur en se laissant porter par les dialogues savoureux.

Souvent vulgaires, les répliques n'en sont pas moins tordantes et les prises de becs entre Norton et Keener sont sans conteste les meilleurs moments du film!

En lui même, le film alterne les hauts et les bas mais se révèle bien supérieur à ce que sa mauvaise réputation laisse entendre.

Du point de vue artistique, DeVito livre des images impeccables et va même jusqu'à donner au film des allures de vieux polar.

Le scénario est intelligent mais surprend rarement, la mise en scène est originale sans conférer au génie, les acteurs sont bons en dépit d'un Robin Williams en roue libre.

Le film vaut surtout pour ses répliques « fleuries » et le changement de registre des acteurs.
Quant au couple Norton/Keener, il fait de parfaites étincelles!

Avec « Crève Smoochy crève » DeVito ne « changera pas le monde mais il peut y laisser une trace ». Alors, donnons lui une chance.

Note : **

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