vendredi 10 avril 2009

Des serpents dans l'avion




À Hawaï, le jeune Sean Jones a assisté au meurtre d'un homme, assassiné par le gangster Edward Kim. Poursuivi par ses hommes, Sean se doit de se faire protéger par l'agent du FBI Neville Flynn. Il doit retourner sur le continent américain pour témoigner contre Kim, et ils prennent l'avion en première classe. Mais Kim, voulant se débarrasser de Jones, fait embarquer dans la soute à bagages une caisse remplie de serpents venimeux dont la rage sera stimulée par les phéromones contenues dans les colliers de fleurs hawaiiens. Après l'ouverture programmée de la caisse en plein vol, les serpents vont semer la mort et la terreur dans l'avion survolant l'océan...




C'est étonnant comment certains films voient le jour. Autrefois certains scénaristes se penchaient sur un script pendant plusieurs mois, voire plusieurs années avant de le présenter.
Aujourd'hui il suffit de poster un sujet sur le net et de laisser faire le temps.

En proposant une idée de serpents venimeux envahissant un avion, les scénaristes ont entraîné un véritable buzz de la part des internautes. L'idée est tellement idiote qu'elle en devient prometteuse.
On pense rapidement à créer un hommage aux vieilles séries B et tout le monde soumet ses propres idées.
Et les scénaristes de récupérer les meilleures pour tenter de mettre en scène le film le plus aguicheur pour le public.

Voilà l'histoire extraordinaire de « Des serpents dans l'avion »...

Le film sera donc une série B assumée avec scénario timbre-poste, personnages volontairement décalés et action à gogo pour un max de plaisir. Une recette qui marche!

Malgré l'idée de départ saugrenue, les producteurs n'hésitent pas longtemps pour donner le feu vert.
Et encore plus impressionnant, ils ne regardent même pas à la dépense, persuadés qu'avec le buzz, le film est un carton annoncé.

On trouve donc David R. Ellis derrière la caméra (« Destination Finale 2 »), Trevor Rabin (« Torque », « Armageddon », « Bad Boys 2 ») aux claviers (à la musique, quoi) et le toujours aussi chauve Samuel L Jackson en déjeuner potentiel pour reptiles affamés. Le Jackson il s'est déjà fritté avec des dinosaures et des droïdes de combat, alors des serpents, pensez! Même pas peur!
Ca nous promet du film d'action bien crétin mais bien jouissif.


Alors le succès est-il au rendez vous?

Oui...et non.

Oui parce que les personnages sont effectivement crétins, oui parce que les serpents sont visuellement convaincants (pour des images de synthèse), oui parce que Trevor Rabin fait pêter les watts, oui parce qu'on a sa dose d'action et de frissons, oui parce que la mise en scène est parfois bien inspirée et oui parce que Samuel L. Jackson, na.

Le film assume son script minimaliste et le côté série B est loin d'être désagréable. La référence à « Gremlins » (le serpent dans le micro-onde) est sympa et ENFIN on se débarasse du chien!
Un bon point pour le scénario parce que la scène est vraiment drôle pour le coup.


Mais. Parce que il ya toujours un « mais ».

Mais si les personnages sont effectivement crétins, ils n'en sont pas moins assez lourdaux. Ce qu'on aime dans les séries B c'est le côté décomplexé et loufoque des personnages. Ici les acteurs sont fades, voire inexistants pour la plupart, Samuel Jackson excepté.

Les stéréotypes abondent (la blonde avec son chien, la star qui se la pête, le grincheux, les gosses, les hotesses lubriques et évidemment le beau gosse qui peut pas rester en place mais qui sauve tout le monde à la fin) mais le film se contente de les mettre en scène de façon très banale. On a rarement cet éclair de génie qui fait qu'on aime tel ou tel personnage : quand ils meurent, on se dit juste « un de moins »...
Et puis les dialogues série B c'est censé être marrant mais là ça vole assez bas. Heureusement il y a Jackson et son volontairement exagéré « I have had it of these motherfucking snakes on this motherfucking plane! ».



Ensuite les serpents sont assez impressionnants mais la mise en scène les met rarement en valeur.
En général ils bondissent sur la victime et sortent du cadre en sifflant. Voilà. Deux, trois fois ça va mais à force ça devient répétitif. Il ya bien quelques bonnes idées comme la vision subjective « je suis un serpent » qui rappelle « Predator » mais dans l'ensemble, la réalisation fait dans le classique.

La mise en scène est parfois bien inspirée comme dit précédemment (notamment la scène où le big serpent brise la glace) mais malgré tous ces serpents dans un espace aussi réduit, le réalisateur n'arrive jamais à rendre l'impression de claustrophobie. Un comble.

Non le vrai problème du film c'est qu'on ne sait jamais dans quel sens du poil il faut le prendre.
On pensait rire un bon coup mais il s'avère que ce n'est pas le cas.
Peut être que je n'ai pas la mentalité qui va avec le style du film mais j'avoue que les boursoufflements et autres gonflements de veines m'ont paru peu ragoûtantes.
Le film ne lésine pas sur les effets choc et se veut bien plus violent qu'il ne laisse croire.
En plus, la plupart des passagers meurent sans que la mise en scène en radoucisse l'effet par l'utilisation du second degré. C'est cru, horrible et même parfois terrifiant.

En soi ce n'est pas un défaut et ça prouve que le metteur en scène sait y faire mais alors qu'on pouvait rigoler de l'humour très noir de « Destination Finale 2 », cette fois c'est plus difficile.
Pour une série B c'est dommage.

Quoi qu'il en soit les blagues les plus courtes sont les meilleures et même 1h40 c'est long quand il s'agit de faire tenir une ligne de scénario.
Comme tout bon film américain qui se respecte, le film ne commence réellement qu'au bout d'une demi heure. Il reste donc un peu plus d'une heure aux serpents pour nous en mettre plein la vue. Une heure ça va vite et pourtant on a parfois le temps le trouver le film long.

Et malgré toutes les bonnes idées potentielles, la fin nous fait le coup des grosses ficelles hollywoodiennes avec un beau coup de pub pour Playstation au passage...


Pour une simple idée lancée en l'air, « Des serpents dans l'avion » retombe plutôt bien sur ses pieds.
Malheureusement il navigue entre deux eaux : trop flippant pour être une série B pour s'amuser et trop niais pour qu'on s'intéresse aux personnages ou à l'histoire.
Mais dans tous les cas, il reste un bon petit film qui se laisse regarder sans broncher.
Ceux qui ont « Anaconda » en horreur risquent bien de se réconcilier avec les reptiles venimeux au cinéma.

Note : **

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