vendredi 10 avril 2009

LA Confidential




Dans un Los Angeles des années 50, trois flics s'associent, bon gré mal gré, pour une enquête périlleuse...


Tout débute par un prologue où une voix off nous présente la ville de Los Angeles.
Hollywood, les stars, les paillettes, la belle vie...les images sont plus stéréotypées les unes que les autres.
On rie sous cape face à ce débordement de guimauve et de clichés sur le rêve américain quand la voix off se met à faire de même. Cette voix est en effet non pas celle d'un guide touristique mais celle du rédacteur d'un journal à scandale qui se nourrit d' histoires croustillantes et traque les stars de l'écran aux moeurs douteuses.
La réalité ne semble pas ce qu'elle semble être...bienvenue à Los Angeles.

Derrière son image de rêve, se cache en fait un monde trouble où règnent le crime organisé, la violence policière, la corruption et les trafics en tous genres.


Le film est adapté d'un roman de James Ellroy, l'un des auteurs de romans policiers les plus célèbres du cinéma. Ont été adaptés, entre autres, ses romans "Cop" (avec James Wood) et "le Dalhia Noir", deux polars à l'intrigue sombre, dure et tortueuse. Ellroy ne ménage ni ses personnages, ni ses lecteurs et on le ressent à l'écran.
Le scénario, qui mèle avec talent personnages torturés, rebondissements dramatiques et scènes d'action efficaces, réussit sans mal à nous tenir en haleine (oscar meilleur scénario adapté).


Le film regorge de personnages importants. Flic honnête ou corruptible, grand ponte qui tire les ficelles, ou simples seconds couteaux, chacun à sa part à jouer et tout le monde finira par se croiser à un moment ou à un autre.
Pour maintenir l'attention et l'intérêt donnés à ces personnages, il fallait des acteurs dignes de ce nom pour les incarner. Mais pas non plus des superstars car il faut aussi pouvoir surprendre le public. Avec des acteurs trop connus, on s'intéresserait plus à comment ils jouent les personnages plutôt qu'aux personnages eux mêmes.
Et laissez moi vous dire qu'en prenant son temps pour dégoter des acteurs crédibles sans être trop connus, le réalisateur a réuni un casting trois étoiles!

A commencer par Russel Crowe, alias Bud White.
En 97 Crowe n'est pas encore Mister Gladiator ; il lui reste à prouver qu'il va le devenir.
Repéré par le réalisateur dans un rôle de nazi, il est superbe dans la peau d'un malabar brutal et violent mais qui refuse que l'on fasse du mal à la gent féminine.
Il ne lèverait jamais la main sur une femme mais n'hésite pas à trouer ses semblables et à fracasser le mobilier pour le bien de la justice. Un personnage antipathique qui pourtant se révèle attachant, à montrer ses faiblesses.

Ensuite, il y a Guy Pearce. Un jeune acteur méconnu mais excellent.
Explosif et farfelu dans "Priscilla folle du désert", énigmatique dans "Memento", ce gars là peut tout jouer. Ici, il incarne l'officier Exley, le blanc bec de service qui ne recule devant rien pour monter en grade.
Haï par ses collègues, il va vite se rendre compte que sa carrière ne fera pas de lui un homme intègre.

Le troisième larron c'est l'inspecteur Jack Vincennes. Corrompu jusqu' à la moelle, il n'hésite pas à jouer de ses relations et de son charme ravageur pour arriver à ses fins. Il fallait une vraie présence pour interpréter son personnage et c'est Kevin Spacey qui s'y colle.
Lui, par contre, était déjà connu (oscar second rôle pour "Usual Suspects") mais il n'en reste pas moins un acteur incroyable. Ironique à souhait, toujours un sourire au coin des lèvres, Don Juan à ses heures, il se prend vraiment pour une vedette du cinéma (ce qu'il est, après tout...).

On retrouve également James Cromwell (surtout connu pour son rôle dans "Babe" pour lequel il a été nominé à l'oscar) et le toujours impeccable Danny deVito.

Mais aussi étonnant que ce soit, parmi tous ces mâles, c'est la seule femme du film qui remporte une statuette (meilleur second rôle).
Sosie de l'actrice Véronica Lake dans le film, Kim Basinger minaude et roucoule comme elle sait si bien le faire ("Batman", "J'ai épousé un E.T."..).
Physiquement la transformance est impressionnante et les scènes entre elle et Russel Crowe possèdent certaines des meilleures répliques du film :
- You say « fuck » a lot
- You fuck for money

Une fois réunis dans le même plan, les deux comédiens font littéralement monter la tension d'un cran...


Le réalisateur, Curtis Hanson ayant eu la bonne idée d'ancrer son film dans une réalité palpable, "LA Confidential" tient parfaitement la route.

Visuellement, le film n'est pas un hommage aux films noirs des années 50/60.
Le responsable de la photographie, Dante Spinotti, évite tout jeu impressioniste sur les ombres et enveloppe le film dans une lumière réaliste, presque quotidienne.
On reconnaît parfois son travail sur les films de Michael Mann ("Heat" et "le dernier des Mohicans") lorsqu'il se met à utiliser des éclairages bleutés assez stylisés mais la plupart du temps la lumière reste très sobre.

Les décorateurs font de même. Hanson veut en effet recréer les années 50 sans que l'on se rende compte qu'il s'agisse des années 50. En d'autres termes, il ne faut pas que le public s'intéresse trop aux voitures, aux costumes d'époque et autres décors bariolés propre aux fifties.
Seul le personnage de Kim Basinger renvoie directement à cette époque...
Hanson parvient à donner l'impression que le film se passe à une époque révolue (par les vêtements, les coiffures et le travail sur la lumière) tout en lui donnant un aspect réaliste voire contemporain.

Musicalement c'est la même chose.
A la fois glauque et entrainante, la BO du film rappelle les bals de l'époque où les trompettes menaient la danse mais elle peut aussi se montrer effrayante quand l'action le demande (vibrations des cordes à l'extrême, effet garanti!).
N'oublions pas que Jerry Goldsmith a composé pour "Alien" et "Basic Instinct" : question ambiance à faire sursauter, il s'y connait...
La musique est rarement utilisée dans le film (Hanson privilégie les tubes de l'époque) mais quand elle intervient, elle rajoute énormément au suspense.



En dehors de ses deux oscars, "LA Confidential" a été nominé pour : meilleur réalisateur, meilleure musique, meilleur son, meilleur montage, meilleure photographie, meilleurs décors et meilleur film.
Encensé par la critique, il s'inscrit dans la tradition des polars purs et durs.

Note : ***

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