vendredi 10 avril 2009

The King of New York





Un homme sort de prison. Pas n'importe quel homme. C'est Frank White, le plus grand seigneur du crime de New York. Mais l'impitoyable Frank White rêve aussi de construire un hôpital pour les plus démunis. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde, y compris de flics prêts à tous les coups bas pour détruire son empire.



Ce qui frappe le plus dans ce film c'est avant tout la qualité de son casting.
Pas une fausse note à l'horizon et l'occasion de retrouver une floppée d'acteurs géniaux dont le toujours formidable Christopher Walken en tête d'affiche. Durant sa longue carrière, l'acteur a souvent été cantonné à des rôles assez particuliers. Entre le suicidaire de "Voyage au bout de l'enfer", le mafiosi de "True Romance" ou encore le tueur sanguinaire de "Sleepy Hollow" ses personnages sont paradoxalement aussi redoutables qu'attachants.

Attachants parce que Walken possède la faculté surprenante de s'approprier n'importe quel rôle et d'en faire un personnage que l'on admire.
C'est peut-être cette façon de passer de sa voix grave naturelle à une voix plus aigüe, limite féminine, quand il exprime sa surprise ou alors c'est son sourire désarmant qui lui donne toujours cette impression de s'amuser quelque soit la situation...

Quoi qu'il en soit, sa performance de caïd dans le film est irrésistible et accroche sans mal le spectateur dès les premières minutes.

A ses côtés on retrouve Laurence Fishburne (devenu une star grâce à son rôle de mentor dans "Matrix") qui incarne une racaille de la pire espèce.
A l'opposé totale du calme qui caractérisait son personnage de Morphéus, il pête littéralement les plombs dans ce film. On a l'impression qu'il est constamment défoncé à l'acide et sa performance n'en est que plus jouissive!

Avec Walken, il forment un duo de tête épatant que l'on est pas près d"oublier.
Comparé à d'autres oeuvres captivantes sur les parrains de la drogue, leurs personnages font presque office de clowns.
Si Tony Montana (Scarface) ou "Michael Corleone" ("le Parrain") imposaient à Al Pacino de garder son sang froid quoi qu'il arrive pour imposer le respect, lors de leurs retrouvailles Walken et Fishburne se mettent carrément à danser avant de se sauter dans les bras.

Je ne sais pas s'il régnait une bonne ambiance sur le plateau de tournage mais à l'écran les acteurs donnent le sentiment de vraiment bien s'amuser.


Le reste du casting repose ensuite essentiellement sur David Caruso (le roux des "Experts"), Steve Buscemi et Wesley Snipes.
Leurs présence respective à l'écran est plus ou moins importante mais il n'empêche qu'ils ajoutent de l'intérêt au film.



Abel Ferrara ou le cinéaste de la violence.

Dans la lignée des films de De Palma ou de Coppola, Ferrara dépeint une descente aux enfers qui s'achèvera dans un bain de sang.
Frank White veut désormais utiliser sa notoriété et son argent pour s'occuper des populations défavorisées mais pour cela il doit mettre la main sur la ville.
Malgré ses bonnes intentions, il va se frotter au refus des dealers l'accusant de profiter d'affaires interraciales. Quant aux flics, ils voient en lui un tyran favorisé par le système qui élimine ses ennemis sans concession.

White est donc condamné dès le départ et sa redemption n'empêchera pas le sang de couler. On n'échappe pas à ce qu'on est...

Contrairement aux réalisateurs cités plus haut, Ferrara possède un style visuel plus marqué et ses fusillades empruntent autant au lyrisme de John Woo qu' à l'esthétique de Michael Mann.
Les truands, un flingue dans chaque main, s'explosent les uns les autres dans des ralentis sublimes et le sang éclabousse les murs à chaque impact comme chez Woo. Mais contrairement au cinéaste Hong Kongais, les couleurs saturées (un bleu profond très marqué lors des séquences de nuit) plongent le spectateur dans un étrange malaise et font ressortir le réalisme choquant des scènes d'action.


Techniquement, le film est superbe.
Le réalisateur s'autorise des travellings en vue subjective (on est censé voir à travers les yeux du personnage) avant de faire entrer l'acteur dans le cadre, ce qui apporte un sentiment d'insécurité bienvenu : on ne sait jamais à quoi s'attendre même dans les passages les plus calmes. Cette insécurité se ressent à travers la multiplication des gros plans sur les visages, ce qui donne plus d'emphase aux personnages mais qui empêche surtout de voir ce qui se passe en arrière plan.

De plus lorsqu'il s'agit de faire intervenir la suspense, Ferrara s'en sort avec talent. La scène finale dans le métro est d'ailleurs un grand moment de tension à l'issue totalement incertaine.

L'univers des films de Ferrara est en général empreint d'une noirceur implacable et celui ci n'échappe pas à la règle. Le film se déroule soit dans des quartiers huppés soit dans des ruelles sordides et des bars crasseux mais la personnalité de chacun ne reflète en rien leur appartenance sociale.
Flic ou voyou, tout le monde est une ordure de première catégorie qui ne recule devant rien pour assouvir sa loi.

Au final, on est en droit de se poser la question : "qui est le gentil, qui est le méchant?".
Le film présente en effet un parrain de la drogue pour personnage principal et les flics, censés faire respecter la loi, fonctionnent autant sur le chantage et la violence gratuite que ceux qui se trouvent de l'autre côté de la barrière.


Malgré ses faiblesses scénaristiques (certains personnages sont laissés en retrait ce qui diminue l'impact de certaines séquences et toutes les questions ne sont pas résolues à la fin du film), "The King of New York" reste un film impressionnant.
Les dialogues sont remarquables et apportent beaucoup à l'excentricité des personnages, quant à l'ultraviolence controversée du film elle est inhérente à l'univers sombre et tragique que dépeint le réalisateur.

Au fil du temps, le film a acquéri son label de culte et reste l'un des meilleurs films de gangsters des années 90.

Note : ***

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