samedi 17 janvier 2009

Hollow Man




Que ce soit à travers la littérature ou le cinéma, le mythe de l'homme invisible a fait part à de nombreuses interprétations et représentations.
Même, John Carpenter, le maître du cinéma fantastique a essayé d'imposer sa vision.

L'An 2000 marque le retour du scientifique et de ses expériences extraordinaires sur les écrans. Et qui de mieux qu'un savant fou pour en diriger un autre?

Le cinéaste Paul Verhoven est connu de tous les amateurs de science fiction.
De "Starship Troopers" à "Total Recall", en passant par le légendaire "Robocop", il a donné vie à certains des meilleurs films du genre.

Mais Verhoven n'est pas n'importe quel réalisateur de commande. Le « Hollandais Violent » sature ses films d'ultraviolence sanglante et de sexualité crue.
Chacun de ses films, sujet à controverse, est une mine d'or pour la censure Hollywoodienne bien pensante!

Pour ce film il retrouve ses vieux copains, à savoir : le monteur Marc Goldblatt, le compositeur Jerry Goldsmith et le responsable de la photographie Jost Vacano.
Autant dire qu'avec un tel palmarès à leur actif, chacun connait le mode de fonctionnement de chacun. Autrement dit, rien à redire sur la musique, la lumière ou le montage. Un excellent travail.

Dans ce genre de film, les héros ne sont pas les acteurs mais les effets spéciaux.
Les images de synthèse modernes nous permettent d'aller bien au delà de la chemise qui flotte dans les airs et de la tasse à café qui se soulève suspendue à un fil de pêche.

Pour ceux qui suivent des cours d'anatomie, vous allez être ravis!
Voir Kevin Bacon disparaître progressivement suite à l'injection du sérum d'invisibilité donne lieu à des séquences extraordinaires de réalisme.
Elaborées au départ pour le film "La Momie" de Stephen Sommers, la technique de re création d'un corps humain étapes par étapes prend ici toute son ampleur.
La peau, les tissus, les organes, les nerfs, les os... tout est montré à l'image sans aucune retenue. S'en est presque écoeurant...

Comprenant que la technologie moderne lui autorise tous ses excès les plus fous, Verhoven n'hésite pas à mettre en scène sa créature à travers le plus d'éléments possibles (eau, fumée, sang, feu, vapeur...).
Et nous de prendre une claque visuelle à chaque fois!

Cependant, Verhoven ne se laisse pas aller dans le tout numérique sans faire l'effort de le mettre un minimum en valeur.

Il a très bien compris qu'un effet spécial n'est que plus crédible s'il est ajouté sans plan de coupe. Un plan on voit l'acteur, hop un autre on voit l'effet. Non, ça ne marche pas comme ça ici.
Les images de synthèses sont parfaitement intégrées dans la mise en scène.
Elles prennent la place de l'acteur sans que l'on s'en aperçoive réellement.

Un grand nombre de scènes montre Kevin Bacon sans visage recouvert d'un simple drap, ce qui lui donne une apparence fantomatique très esthétique.
En parlant d'esthétique, difficile de surpasser la scène où le latex liquide qu'on lui verse sur la tête prend peu à peu la forme de son visage...



L'effet pour l'effet n'a pas cours ici. Si le film contient plus de 500 plans avec effets spéciaux, ils sont tous utilisés pour le bien de l'histoire.

Le personnage joué par Kevin Bacon, Sebastian, est un génie de la génétique légèrement égocentrique.
Lorsque il dit « You're not God...I am », il s'amuse mais enivré par ses nouvelles facultés, il va vite découvrir que jouer à Dieu peut être au final très agréable...

« Que feriez vous si vous étiez invisibles? »
Chaque personnage à sa propre théorie, Sebastian, lui, est bien tenté de profiter des jolies filles sans défense.

Sa découverte des pouvoirs s'accompagne d'une montée en puissance de sa perversité latente. Et à partir de ce moment, on retrouve le Paul Verhoven des beaux jours.
Sexe, gore et violence forment un mélange délirant allant parfois jusqu'au malaise.

Le viol (suggéré) de la voisine (ravissante Rhona Mitra) sur laquelle Sebastian fantasme depuis toujours sera suivi de scènes de meutres plus terrifiantes les unes que les autres.

Le style éblouissant de Verhoven se conjugue parfaitement avec une bande son métal et la musique atmosphérique de Goldsmith. Lors de certaines scènes la caméra bouge comme s'il s'agissait du personnage et la musique suit ses mouvements comme pour exprimer ses pensées.

Mais si le film ne lésine pas sur le rouge, tout n'est pas rose au niveau du scénario.

Les effets spéciaux sont au top, en revanche le niveau des acteurs n'est pas aussi élevé.
Hormis un Kevin Bacon inquiétant à souhait, le reste du casting fait pâle figure.
Le duo de tête, composé de Elisabeth Shue (Jennifer dans "Retour vers le futur") et du body buildé Josh Brolin, ne parvient pas à réellement retenir l'attention.

Non pas que les acteurs soient mauvais mais leurs personnages manquent de personnalité.
Pareil pour le reste de l'équipe, réduits à quelques stéréotypes qui débitent des dialogues sans saveur.

Je regrette que le scénario n'est pas accordé plus d'attention à la crédibilité de certaines scènes. Comment ça se fait que les personnages principaux soient toujours aussi résistants quand la situation l'exige?
Qu'ils se prennent un coup de pied de biche dans l'estomac ou qu'ils se fassent déchirer l'épaule par un ascenseur, ils ne semblent jamais ressentir la douleur plus longtemps que le suspense le demande...

Ces incohérences ne gâchent heureusement pas un final typiquement Hollywoodien hautement spectaculaire. L'inévitable explosion finale est une des plus belles jamais vu au cinéma!

Après comparaison, les anciens films de Verhoven vont beaucoup plus loin en terme de violence ("Total Recall") et de sexe ("La chair et le sang", "Basic Instinct") mais les effets spéciaux valent à eux seuls le détour.

Avec des personnages et des dialogues plus fouillés, le film n'en aurait été que meilleur mais il contient son lot de scènes choc.

Hollow Man s'affirme comme une série B à gros budget et l'on prend plaisir à admirer cet étalage d'érotisme et de gore.
Un plaisir coupable...

Note : **

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