samedi 2 mai 2009

Le Monde Perdu



Quatre ans ont passé depuis le désastre de Jurassic Park. Sur Isla Sorna, une île déserte avoisinant celle d'Isla Nublar, vivent d'autres dinosaures. Afin de renflouer la compagnie InGen, Peter Ludlow, neveu de John Hammond et homme d'affaires cupide, projette de monter une expédition qui ramènerait des dinosaures herbivores. Ces derniers peupleraient un nouveau parc dans la ville de San Diégo. Soucieux de préserver l'île, Hammond, récemment démis de la présidence d'Ingen, sollicite Ian Malcolm, rescapé de Jurassic Park, pour qu'il prenne la tête d'une équipe qui étudierait le comportement des dinosaures dans leur environnement. Sur place, les deux groupes vont d'abord s'affronter avant de s'unir face au danger majeur que représente la faune de l'île...



1993, Steven Spielberg explose le box office en mettant en scène les dinosaures les plus réalistes jamais vus sur un écran.
1996, il remet le couvert!

« Le Monde Perdu » est donc la suite du film « Jurassic Park » mais c'est aussi l'adaptation du roman homonyme du célèbre écrivain Michael Crichton, lui même suite directe de son premier roman (toujours « Jurassic Park »)...vous suivez?


Soyons honnêtes, le premier film, brillantissime, se suffisait à lui même.
Le seul intérêt de cette séquelle est d'engranger un max de pognon avant que la série ne s'essouffle. Autant éviter tout suspense et couper court à la conclusion évidente qui s'impose : oui, « Le Monde Perdu » est inférieur au premier film. Voilà c'est dit.
Même le grand Spielberg ne peut pas toujours réussir son coup. Le film est-il mauvais pour autant? Loin de là!

Si « Jurassic Park » reste un modèle du genre aussi bien au niveau de la tension de certaines scènes, que de la maîtrise de la narration, « Le Monde Perdu » est plus une série B à gros budget qui s'assume.


Spielberg, qui n'a rien tourné depuis 3 ans, apprend donc que Crichton se lance dans la suite de son best seller et décide de travailler en coordination avec lui afin de le mettre en scène une fois terminé.
Il a conscience de l'attente grandissante du public et sait que chacun dans sa tête a déjà fait son propre film (c'est le cas de le dire).
Ne pouvant pas satisfaire tout le monde, il prend en compte de garder les ingrédients essentiels qui ont fait le succès du premier opus tout en intensifiant l'humour, l'action, les dinosaures...bref ce qui fait l'intérêt d'une suite.

On retrouve donc le personnage de Ian Malcolm, joué par le trop rare Jeff Goldblum, en route pour un second tour de manège, avec en prime sa petite amie ( rayonnante Julianne Moore), sa fille et deux ou trois autres casse-croûtes en sursis.
Parmi eux, on appréciera les débuts de Vince Vaugh, dans un registre plutôt inattendu.
Quand on pense que par la suite il deviendra le partenaire de Owen Wilson et Ben Stiller dans d'innombrables comédies...

Du côté des seconds rôles, on est aussi bien gâtés : si le riche excentrique John Hammond (Richard Attemborough) fait une amusante mais courte apparition, Peter Stormare et l'excellent Pete Postlewaite se prêtent admirablement à l'aventure. Postlewaite est vraiment charismatique et il arrive sans peine à voler la vedette aux plus connus. Quant à la fameuse scène avec Stormare elle met assez mal à l'aise : vous ne regarderez plus un poulet de la même façon...

Voilà tout ce petit monde lâché en pleine cambrousse avec plein de machoîres acérées qui leur en veulent. Et ce sera tout pour le scénario.
Si avec son roman de plusieurs centaines de pages, Crichton peut se permettre d'étoffer les situations, Spielberg n'a que deux heures devant lui et il doit remplir son cahier des charges, tant au niveau de l'action que des effets spéciaux. L'histoire vient donc au second plan : avec autant de personnages à l'écran, impossible de travailler la personnalité de chacun alors on dispose quelques signes distinctifs ici et là pour tenter de les différencier.



Mais trève de bavardage, les stars du film se sont les dinosaures non?
Si dans « Jurassic Park », ces derniers étaient incroyablement réalistes, ici on passe au cap supérieur. Non seulement les images de synthèses ou l'animatronique les rendent terriblement convaincants mais les effets sonores (leurs cris entre autres) leur crée une « personalité » unique. On est loin du gloubiboulga de synthèse de Peter Jackson ("King Kong") où tout le monde se ressemble plus ou moins...

Mais ce qui surprend le plus c'est leur intéraction avec le décor et les acteurs. L'équipe technique de Michael Lantieri, Stan Winston et Dennis Murren a accompli un boulot absolument stupéfiant.
« Le Monde Perdu » offre en plus une bonne dizaine de nouvelles espèces de « reptiles sauriens » : les Stegosaures, Triceratops et autres Compsognatus prennent littéralement vie devant nos yeux!

En parlant de l'équipe technique, il faut signaler que Spielberg travaille avec les mêmes personnes depuis un bout de temps. C'est donc sans surprise que l'on retrouve entre autres Janus Zaminski à la photographie, Michael Khan au montage, John Williams à la musique (qui nous gratifie d'une bien belle ambiance safari) et David Koepp au scénario.
On ne s'étonne même plus de l'impeccable travail effectué par la fine équipe, tant au niveau visuel que sonore. Seul le scénario pêche parfois par excès de zèle...



Pour parler du film lui même maintenant, pour l'apprécier il faut le prendre comme une grosse série B qui ne se prend pas au sérieux. « Le Monde Perdu » est en effet un savant mélange de frisson et d'humour qui n'a qu'un but (à part remporter le pactole) nous faire passer un bon moment.
Spielberg dit : « Ma grande priorité a toujours été le public. Pour « Le Monde Perdu » j'ai avant tout voulu plaire au public ».

Ian Malcolm devient donc un émule d'Indiana Jones et de ses fameuses « one-liners » (qu'on peut traduire par « répliques qui tuent »!). Malcolm est constamment en train de râler et de faire son cynique, il n'a qu'une envie c'est se tirer de là le plus vite possible et il le fait explicitement savoir.
Jeff Goldblum est visiblement ravi de retrouver son personnage et nous de rire aux éclats chaque fois qu'il lui arrive une tuile.


Parce que le suspense a beau être présent, voire pesant (la scène du ravin), on a rarement peur pour les héros vu qu'ils peuvent distancer un T-Rex à la course et traverser des fenêtres comme si elles étaient en sucre glace.
Et puis chaque fois qu'un type se fait croquer, la scène est toujours un poil comique (le type qui va pisser, celui qui reste collé sous la semelle du T-Rex, l'autre qui reste là à crier pendant qu'un Vélociraptor s'apprête à lui bondir dessus, l'idiot du village et son serpent...).

Le film joue d'ailleurs sur une ironie assez sadique dont le personnage d'Eddie Carr fait les frais : le pauvre type aura tous les malheurs su monde à sauver ses amis avant de se faire bouffer misérablement dans sa voiture (voiture-Carr, humour) sous prétexte que le minuscule bout qui dépasse de son fusil s'est coincé dans un filet et qu'il ne peut pas l'utiliser à bon escient. C'est vraiment pas de bol...

Bref, Spielberg prend bien soin de relâcher l'ambiance avant de rentrer dans le vif du sujet.



En revanche, il multiplie avec un bonheur non dissimulé les séquences d'action pure, comme la magnifique chasse dans la plaine ou l'attaque dans le camp où l'on apprend que les jeeps ça vole vachement plus haut qu'on pense...
Sans oublier la célèbre séquence à San Diego!

Là, Spielberg est dans tous ses états et multiplie les références faciles mais toujours réjouissantes : si le titre « « Le Monde Perdu » est certainement un hommage au roman de Sir Arthur Conan Doyle, le T-Rex qui hurle dans la nuit est un clin d'oeil évident à « King Kong ». Et que dire de ce plan où des hommes d'affaires japonais détalent dans les rues en criant face à la caméra comme dans les vieux « Godzilla »...
La scène avec le bus est géniale et Spielberg ne sauve même pas le chien à la fin!

Bref Spielberg, en grand enfant, s'amuse et ne cherche qu'à nous faire prendre notre pied.



Vu comme ça on pardonne les rares fautes de goût (LA scène de gymnastique et le coup de « Maman il y a un dinosaure dans le jardin ») et les incohérences dues à une mauvaise adaptation du roman par faute de temps ou de moyens
(dans le roman on comprend que les membres de l'équipage ont été tués par des raptors embarqués, dans le film on nous fait gober que le T-Rex, du haut de ses 6 mètres, s'est faufilé dans la cabine de contrôle, a croqué tout le monde en prenant bien soin de laisser une main accrochée bien en évidence au gouvernail avant de retourner tranquillement à l'arrière afin de mieux digérer...).



Si « Le Monde Perdu » ne satisfera pas toutes les attentes, il faut reconnaître qu'il est bien joué , souvent très bien filmé et qu'il bénéficie d'effets spéciaux hors pairs.
Site B, série B. C'est ce qu'il faut se dire. En comprenant ça, on voit le film sous un autre angle et on prend un vrai plaisir à suivre les aventures de Malcolm le cynique et de ses joyeux compagnons.

Note : ***

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