samedi 9 mai 2009

Pour un garçon




Séduisant trentenaire, Will est un dragueur oisif et heureux de l'être. Adepte des aventures sans lendemain, il trouve un nouveau moyen de multiplier ses conquêtes : fréquenter les réunions de mères célibataires en s'inventant un fils imaginaire. Ce qui va l'amener à rencontrer Marcus, un gamin de 12 ans un peu spécial...





Encore une comédie romantique avec Hugh Grant dans le rôle principal...

Chris et Paul Weitz, les réalisateurs et scénaristes du film, sont responsable de la comédie à succès American Pie.
Entre eux et l'acteur, la relation semble assez inquiétante aux premiers abords.
Que vont ils bien pouvoir nous concocter?
Entre un film drôle mais délibéremment terre à terre composé de blagues lourdingues et d'allusions sexuelles à tout bout de champ et un tombeur spécialisé dans les rôles de dragueur sans foi ni loi, le résultat est à craindre. Les deux univers ne semblent pas si évidents à relier...

Avec autant d'appréhension, on ne peut être que soulagé en voyant le résultat. Car non seulement, le film est réussi mais il s'embarque sur des sentiers battus dont on n' attendait rien.


Son succès vient avant tout d'un scénario aussi surprenant qu'intelligent. Le film est tiré du best seller de Nick Hornby qui raconte l'histoire de ce fringuant jeune coq londonien qui collectionne les conquêtes et qui, le reste du temps, ne glande rien.
On attendait Hugh Grant dans le rôle qui le suit depuis le début de sa carrière ( "4 marriages et 1 enterrement", "Le journal de Bridget Jones", "Coup de foudre à Notting Hill"...) : playboy de ses dames, irrésistible et narcissique.
Pourtant, il décide de casser le moule pour s'aventurer dans un genre qu'on ne lui connaissait pas : le type superficiel, l'enveloppe vide qui ne se soucie que de son petit confort personnel.
Bien évidemment il reste toujours aussi macho et séduisant, mais à son personnage de charmeur invétéré, il ajoute un air décontracté et des attitudes je-m'en-foutiste qui le rendent génialement détestable.

De plus, le ton profond de sa voix off « so british » nous accompagne tout le long du film reflétant ses pensées ironiques (il dit oui alors qu'il pense non), ses commentaires déplacés qu'il préfère garder pour lui et un cynisme à l'épreuve des balles.
De même pour la voix de Marcus, joué par le débutant Nicholas Hoult.

C'est toujours risqué de confier un premier rôle à un enfant surtout vu que le public doit le supporter jusqu'à la fin du film. Ni insupportable par ses gamineries, ni mauvais acteur, Hoult se révèle un excellent choix de casting. Il est totalement crédible dans la peau de ce pauvre gosse martyrisé à l'école, élevé seul par sa mère, sorte de hippie dépressive constamment au bord de la crise de nerfs (Toni Colette, remarquable).

Et si le titre s'appelle« Pour un garçon », il y a bien deux garçons dans le film.
En célibataire endurci et fier de l'être, Will n'est pas plus mature que Marcus, il n'a aucun sens des responsabilités.
N'ayant nul besoin de travailler, il passe son temps vautré sur le canapé à regarder « Des chiffres et des lettres », à jouer au billard et à mater des films en fumant un joint.
Ironiquement, c'est d'ailleurs en regardant "Frankenstein", qu'il va se rendre à quel point sa vie est plate et qu'il aurait bien besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer. C'est alors que Marcus débarque dans sa vie...

Il y a des gens qui adorent les gosses. Quand ils voient un petit bout de chou, ils accourent vers lui et lui font faire l'avion ou lui font des grimaces. Will, non.
Alors que faire quand Marcus décide inopinément de s'installer chez lui?
Sans trop en dire, les relations que ces deux là entretiennent sont du genre plutôt excentriques et tous deux vont mener un sacré numéro d'acteur.



Il n'y a qu'à observer la jaquette du DVD pour se rendre compte que le film a été vendu comme une énième comédie romantique, légère et sans prétention.
C'est le grand réalisateur/acteur comique Mel Brooks qui disait : « Les meilleures comédies sont toujours celles qui traitent des sujets les plus graves ». Et dans ce film, c'est le cas.
Bien que l'on rigole souvent, le scénario traite malgré tout de sujets très sérieux, comme le rejet social, la pauvreté, l'indifférence ou encore le suicide.
Chaque personnage dans le film traverse une mauvaise passe.

Ce genre de film est très difficile à réaliser car il faut constamment jongler entre la drôlerie et le pathétique. Le danger est justement d'en faire et trop et de tomber d'un coté ou de l'autre de la barrière.
Mais les frères Weitz s'en sortent avec une élégance dont on ne les savait pas capables. Le film est donc sincère et émouvant et certains moments sont réellement poignants. On peut même affirmer que la tristesse nous relie plus facilement aux personnages et permet de faire ressortir la comédie.

Moments de comédie, qui jouent autant sur les dialogues que sur la réalisation elle même. En tant que metteurs en scène expérimentés, les frères Weitz s'autorisent des arrêts sur images (pile aux moments opportuns) et des mouvements de caméra inattendus (renversés, tête en bas).


On pourra reprocher quelques longueurs ici et là mais le scénario réussit à fusionner des scènes d'un humour détonnant à une sensiblité touchante sans jamais sombrer dans l'excès.
Un regard nouveau, tendre et lucide sur la vie des célibataires.
Une belle surprise.


Note : ***

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