samedi 9 mai 2009

L' Emprise des Ténèbres





Un anthropologue de l'université de Harvard est envoyé à Haïti pour récupérer une poudre étrange qui aurait le pouvoir de ressusciter les morts.




A première vue, on pourrait se dire : « oh non, encore un film de zombies! » et on aurait tort. « L'emprise des ténèbres » n'est pas un film de zombies, c'est un film sur le vaudou. Et le « sur » est important car le film se focalise réellement sur les procédés mystérieux et les rituels sanglants de cette pratique ancestrale.

Comparés à la déferlante zombiesque que l'on connait, rares sont les films qui abordent le thème du mort-vivant sous l'angle de la magie vaudou et encore plus rares sont ceux qui le mettent en scène de manière si réaliste.
En effet, bien loin du film d'horreur hollywoodien classique, « L'emprise des ténèbres » surprend par son approche quasi-documentaire.
Tiré du roman « The Serpent and the Rainbow » de Wade Davis, il s'inspire des faits réels vécus par l'auteur et tente de les retranscrire à l'écran de façon la plus authentique possible.

De ce fait, le film reste captivant et réussit à nous prendre souvent au dépourvu, nous plongeant dans une terreur sans nom, d'autant plus prenante qu'elle reste crédible.
« L'emprise des ténèbres » conserve toujours un pied dans le pragmatisme tout en s'enfonçant toujours plus dans le surnaturel.
Cette lutte acharnée entre science et magie, symbolisée par le héros, un Bill Pullman (« Casper », « Independence Day ») à deux doigts de la syncope, évite au film de sombrer dans le n'importe quoi, trop rapidement.
Aussi, si le film parle de zombie, on n'en verra pas plus de deux ou trois à l'écran, à contrario on en apprendra davantage sur le procédé de « zombification », ce qui est plutôt rare, il faut le reconnaître.


Le personnage de Bill Pullman oscille constamment entre le rêve et la réalité et aucun de ces domaines ne lui semble bienveillant. En ce qui concerne le « monde réel », il doit faire face à la forte oppression instaurée par le dictateur au pouvoir, sans oublier qu'il est le seul blanc dans une contrée où la peau d'ébène est de rigueur...

En rapport au monde onirique maintenant ; au cours de ses perégrinations, il devient rapidement victime de violentes crises d'hallucinations : les meubles se mettent à bouger, les morts se lèvent de leur tombe...
Mais est ce vraiment un rêve?
Souvent on est en droit de se le demander vu la manière réaliste dont ils sont mis en scène. Pas étonnant quand on sait que c'est Wes Craven qui tient la caméra.

Wes Craven ; le maître du slasher (la trilogie « Scream », « La colline a des yeux...) et le papa de Freddy Krueger.
Or comme avec l'homme au pull over le plus célèbre du cinéma fantastique, Craven prend un malin plaisir à ne pas montrer de différences, qu'il s'agisse de la réalité ou du rêve (ou plutôt du cauchemar). Ainsi, on ne se rend compte que l'on s'est fait avoir seulement au moment où le personnage se réveille en sueur.
Il est trop fort ce Wes!

Oui mais, le problème c'est que les deux, trois premières fois on marche, on tombe dans le panneau, mais au bout de la cinquième, ce n'est plus un cri que l'on pousse, c'est un baillement...
Mais à partir de là, le scénario prend une autre tournure et les cauchemars deviennent un élément clé du scénario. L'occasion de les découvrir sous un autre angle.

Comme toujours chez Craven, les effets spéciaux sont assez réussis et remarquablement bien employés, même si plus de 20 ans plus tard -1987- on distingue parfois un peu trop les masques en caoutchouc.
En revanche, on peut regretter une fin typiquement américaine qui sombre malheureusement dans la surenchère.


Pour autant, « L'emprise des ténèbres » demeure un film effrayant.
La réalisation joue sur l'authenticité et la bande son utilise à merveille les battements de coeur et les rythmes obsédants de Brad Fiedel (« Terminator »!).
Le mélange « géo-politique, magie noire et carthésianisme convaincu » crée une ambiance particulière et surtout inattendue pour un film de ce genre.


Certains films de Wes Craven ont installé la réputation du maître au détriment d'autres de ses oeuvres dont personne n'a entendu parler.
« L'emprise des ténèbres » est l'un de ces films méconnus mais qui méritent une seconde chance.
En dépit d'un rythme en dents de scie et d'une fin ringarde, le film passionne par son approche réaliste de la magie vaudou et par la qualité de sa mise en scène. Perturbant mais prenant!

Note : **

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