mardi 16 septembre 2008

Blade


Si Bram Stocker révolutionna la littérature en créant le vampire séducteur et si attractif que nous connaissons tous, le cinéma lui a donné ses lettres de noblesse et en a fait un mythe populaire capable de traverser les siècles.
Car, en constante évolution, le mythe du vampire s'est adapté en fonction de sa génération.
De Bela Lugosi au regard quasi hypnotique à Cristopher Lee, dont on dit qu'il symbolisait à lui seul l'angoisse et le mystère grace à ses compositions stupéfiantes de méchants et qui fera la joie des studios de la Hammer, le personnage de Dracula a harangué les foules durant des décennies apparaissant dans une bonne centaine de films (pour la plupart de gros navets).
Trop c'est trop et c'est justement cette surabondance qui détruit le mythe peu à peu. Si bien qu'au début des années 70, le vampirisme connait une période de trouble.
Loin des classiques de l'horreur, on assiste alors à un recul sur le genre sous la forme de la parodie; où excelle le « Bal des vampires » de Roman Polanski.
Le renouveau viendra d'un certain Francis Ford Coppola qui souhaite réhabiliter ce monstre sacré du cinéma fantastique qu'est Dracula. En 1992 sort donc sa version du mythe avec un Gary Oldman impeccable dans le rôle du buveur de sang solitaire.
Le compte n'est plus un cliché maladroit mais un homme accablé par sa condition et contraint de se repaître de ses congénères.
2 ans plus tard, « Entretien avec un vampire » de Neil Jordan arrive sur les écrans. Adapté d'un roman d'Anne Rice, le film fourmille de stars (Cruise, Pitt, Banderas, Slater, Dunst) mais surtout il pose les marques de ce qui deviendra le vampire moderne: les vampires sont désormais intégrés à notre société, ils sont un peuple avec des lois et des rang.
Avec ce film, l'inconscient collectif change de regard sur les vampires : si l'imagerie ail, crocs, allergie au soleil au soleil est toujours d'actualité, les vampires sont désormais une race à part, supérieure, située au dessus de nous dans la chaîne aliment aire.
A partir de là, les films n'ont eu de cesse de se conforter dans cette image, multipliant les manières de dézinguer un vampire (« Une nuit en enfer » de Rodriguez).
Une célèbre série verra même le jour (« Buffy », évidemment) qui apportera encore une autre nouvelle image du vampire, celle de celui qui recherche l'affection mais qui est prisonnier de sa condition.
Voilà, il fallait bien ce long prologue pour parler de Blade.
Comme la plupart des super héros, Le personnage de Blade provient des comics Marvel (bien qu'il ne soit que de passage). Mi vampire, mi homme, Blade est un guerrier chargé de traquer et d'exterminer ceux qui ont des canines plus longues que la moyenne.
Blade n'est pas à proprement parler un blockbuster hollywoodien vu que son budget n'est pas gigantesque et que les acteurs ne sont pas des stars. C'est sûrement pour ça que le réalisateur a pu échapper au contrôle de producteurs trop soucieux de choquer les petits n'enfants.
Et c'est une très bonne chose car loin de daubes comme Electra (sorti quasiment 10 ans plus tard), assassin de son métier mais qui s' éprend d'une famille, Blade est un film noir et violent. Le héros est une machine à tuer mais qui doit se droguer pour ne pas sombrer du côté vampirique de la balance.
La plupart des acteurs de films d'action ont connu leur heure de gloire dans des rôles de grosse brute qui parle peu et frappe fort (Rambo, Terminator, Universal Soldier, Pitch Black... les exemples ne manquent pas).
C'est donc peu dire que le bodybuildé Wesley Snipes est monolithique tant le role du bloc de marbre lui va comme un gant. Caché derrière ses lunettes de soleil, l'acteur ne laisse paraître aucune émotion mais éclate du vampire - au fusil à pompe, au pistolet mitrailleur, au sabre ou à mains nues (il reprend d'ailleurs le style de combat qui l'avait fait connaître dans passager 57... seule chose à sauver du film, au passage) avec une classe folle !
Que ce soit Dans le rôle du méchant, Sephen Dorff apporte un je-ne-sais-quoi de sadisme à son personnage qui le rend particulièrement attirant; tout comme Kris Kristofferson crédible à souhait en vieil acolyte.
Mais c'est surtout la technique qui mérite d'être appaudie.
Le montage est un modèle du genre, malgré la profusion de combats et d'effets spéciaux, on sait toujours ce qui se passe à l'écran. Quant à la photographie elle donne réellement un cachet particulier au film, notamment lors des scènes où le temps s'accélère et où la nuit vient recouvrir la ville ou au contraire lors de la scène ou Blade et l'infirmière roulent sur un pont dans une lumière quasi onirique.
La réalisation ne manque d'inventivité lors de certaines scènes de combat où les vampires se désintègrent littéralement sous les coups, quand le méchant évite des balles au ralenti (3 ans avant Matrix...) et ne lésine pas sur les effets gores (mention spéciale à la lampe à UV).
Mais surtout la plapart des bonnes idées provient de plans innatendus comme les mains des amoureux qui se serrent derrière un vampire carbonisé ou Blade qui bondit derrière l'infirmière sans qu'on entende le bruit de son saut, la moto qui surgit de nulle part, un pan de mur qui explose avant de tomber devant la caméra...
Le scénario est bateau : aidé d'un vieux boiteux et d'une infirmière en attente de mutation, il doit empêcher les vampires de régner sur le monde mais porté de bout en bout par une action violente et une noirceur assez innatendue.
Le scénariste David S Goyer, spécialiste en univers dark (« Batman Begins ») et en héros torturés (« Dark City ») n'hésite d'ailleurs jamais à en rajouter (Blade retrouve sa mère, qui le torture, avant de la tuer, Stephen Dorff arrache les canines d'un vampires avant son exhumation par le feu, Kristofferson préfère se suicider plutôt que de muter, Blade doit voler pour se payer son sérum.
On dit d'un film que les 10 dernières minutes sont les plus importantes car c'est ce que les spectateurs retiendront. De ce fait, on retient un avis mitigé sur Blade car lors de la grande scène finale, le film sombre dans la baston pure et le méchant gonfle pitoyablement avant d'éclater.
Le réalisateur Stephen Norrigton affiche clairement sa passsion pour les jeux video (on voit d'ailleurs un extrait du film « Mortal Kombat » chez les vampires.
Mais quand on voit (dans les bonus DVD) ce qu'était la fin originale (le méchant devient une espèce de gelée de sang géante et Blade brise le sérum avec son épée pour la détruire) on se dit que finalement ça aurait pu être pire!
Malgré tout, ce qui aurait pu n'être qu'une adaptation ratée de plus devient un divertissement de qualité porté par des scènes d'action de haut vol, des acteurs impeccables, un rythme soutenu et une volonté farouche de ne pas tomber dans la mièvrerie.
La suite de Guillermo del Toro mérite vraiment le coup d'oeil pour son action débridée proche du manga mais « Blade Trinity » réalisé par David S Goyer me conforte dans mon idée qu'il aurait du rester scénariste...
Note: ***

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