Chasse à l'homme

Un sans abris se retrouve pris en chasse par une bande de richous en manque de sensations fortes.

Très loin des Chasses du compte Zarroff, on est ici en présence d'un film d'action bourrin, violent et terriblement percutant. Rien de plus normal quand on sait que le réalisateur est le maître de l'action chorégraphiée: John Woo.

Faisant ses débuts à Hong Kong en tant qu'assistant du réalisateur Chang Cheh, les films de Woo se distinguent par leur violence exacerbée et les fusillades filmées comme des ballets. Mais ce serait réducteur de ne pas parler de son sens aigu de la moralité et de ses histoires d'amitié. En effet Woo se dit autant inspiré par Melville (Le Samourai), que par les Parapluies de Cherbourg, que par Truffaut (à qui il emprunte les plans qui se figent pour travailler son suspense).

Sa période Hong Kongaise sera ponctuée de chef d'oeuvres dont

-Une Balle dans la tête, film très dur sur la guerre du Vietnam

-The Killer, l'histoire d'un tueur à gages qui accepte un dernier contrat pour rendre la vue à une chanteuse dont il est amoureux et qu'il a blessé par accident.

Ce film renouvelle les règles du polar noir avec un lyrisme incomparable (j'adore la chanson titre!)

-A toute épreuve, un autre polar oû un flic infiltré dans la mafia doit coopérer avec un autre flic aux méthodes explosives. Un des meilleurs films d'action de cette époque!

Repoussant les limites du film d'action, Woo s'impose désormais comme l'un des plus grands réalisateurs de son temps et son style surréaliste; genre le coup de je-vide-5-chargeurs-au-ralenti-un-flingue-dans-chaque-main-sans-recharger va inspirer toute une flopée de petits jeunes qui débutent alors (Tarantino, les Wachowski Brothers,...).
Naturellement Woo décide alors de tenter sa chance à Hollywood où il réalise Chasse à l'homme avec JCVD (Van Damme pour les intimes).

Pour son premier film de l'autre coté du Pacifique, John Woo assure dans l'action sans concession et les néophytes qui découvreront le film seront impressionnés tant certains morceaux de bravoure sont jubilatoires. Rapidement je citerais:la scène du bar le coup du fusil à pompe à travers la vitre , le coup de pied de Van Damme qui stoppe net un motard, la pousuite dans le cimetière, la moto ejectée à travers la verrière, le duel avec Arnold Vosloo...

Bref les amateurs de film où on réfléchit pas en auront pour leur compte!^^Mais c'est justement là que le bas blesse... Car l'action a beau être bien filmée elle n'est pas toujours très inspirée (surtout vers la fin ou le massacre est plutot répétitif) et l'histoire tourne vite à vide.

Hormis quelques bonnes idées comme la vie des SDF (le cadis), le regard qu'on leur porte (le Black flingué en pleine ville) et l'idée de payer pour chasser une proie humaine, le scénario coule à pic et les ficelles pour tenter de combler les vides sont ENORMES!

Comme par hasard Van Damme trouve une plaque percée par une flèche et il en déduit tout un tas de trucs (la plaque fait 2cm sur 2, le tireur a vraiment pas eu de bol de tirer dessus), le mm Van Damme roule- debout - sur une moto (censée avoir gratter du bitume sur une dizaine de mètres) qui perd de l'essence tout en tirant sur la camionnette des méchants qui lui fonce droit dessus, tue le conducteur, s'écrase sur le parebrise et passe par dessus, atterit par terre et vide une dizaine de balle (toujours avec le mm chargeur) pour faire exploser le tout (oui les voitures ont une barre de vie comme dans les jeux video: au bout d'un certain nombre de balles encaisées, elles explosent. Vous saviez pas??).

Tout ca pour dire que la crédibilité n'est pas le point fort du film...le jeu des acteurs non plus d'ailleurs. Van Damme fait du Van Damme, Lance Henriksen est bcp moins charismatique que dans Aliens (James Cameron), et la fille fait partie des meubles. La surprise vient de l'oncle du héros, farfelu et loufoque et surtout d'Arnold Vosloo.

Révélé par la Momie (Stephen Sommers), l'acteur crève l'écran à chaque apparition par sa seule présence!

On est donc en face d'un bon film d'action (un des meilleurs Van Damme) pas prise de tête pour un sou mais qui fait pâle figure au coté de ses autres films (l'insipide Paychek mis à part).Si vous voulez voir un bon John Woo, zieutez plutot du coté de Volte Face ou de ceux avec Chow Yun Fat!

note:**