vendredi 7 novembre 2008

Time and Tide




Dans le polar d'action Hong Kongais, trois noms sortent du lot : John Woo, Johnny To et Tsui Hark.

Woo est le maître incontesté de la violence lyrique et To soigne le moindre de ses cadrages.

Tsui Hark, c'est un peu le batard du groupe (pas d'offense^^).
Il n'a pas vraiment de style propre et varie selon ses films.
Difficile, par exemple, de faire des comparaisons entre les Il était une fois en Chine et ce film.

Au début était le chaos, annonce une voix off.
On a du mal à saisir l'implicaton avec le scénario (que par ailleurs j'ai eu du mal à suivre) mais effectivement à l'écran c'est le chaos!

Dans le désordre, on croise :

des militaires pris en embuscade par des tireurs invisibles, des tueurs déguisés en serveurs de restaurant, un chien qui mange les billets de banque, une lesbienne enceinte, des chinois qui parlent espagnol, des adeptes de Yamakasi, une voiture qui roule en marche arrière, une descente en rappel façon Bruce Willis, des explosions en 3d, une blague sur les souris, un type qui se fait arracher l'oreille par une balle mais qui continue de se battre, un sniper qui se planque parmi des pigeons, un rasta qui s'amuse à faire griller des cafards avec sa loupe, un type qui se planque dans un frigo, un autre qui se ballade avec un sac en plastique sur la tête et qui rampe sous des sièges d'attente, une femme qui accouche pendant une fusillade et un skater qui passe au mauvais moment.

Avec tout ça, un réalisateur inexpérimenté pourrait se perdre dans l'esbrouffe visuelle et filmer en bougeant la caméra dans tous les sens pour qu'on est « l'impression d'y être ».

Et Tsui Hark créa l'ordre.
Car, oui, le chaos peut être maîtrisé.

La caméra est sous acide et nous plonge dans le bad trip le plus total : accélérés, ralentis, très gros plans,écrans scindés comme chez De Palma, flous artistiques, montage saccadé, arrêts sur image (comme chez John Woo ou Truffaut)...

Le film entraîne le spectateur dans une débauche d'effets visuels avec rotations de la caméra à 360° à la Matrix, passage de la caméra à travers la lunette d'un fusil, visite de l'intérieur d'un flingue, et traversée d'une explosion au ralenti.

La violence est palpable et terriblement esthétique.
Difficile de trouver les mots justes pour décrire l'intensité des fusillades mais la technique de la caméra à l'épaule associée à un montage complètement hystérique nous plonge directement au coeur de l'action.
La séquence de la ruelle est à tomber!

On peut ne pas aimer le film pour un tas de raison mais visuellement, il ne laissera personne insensible.
Malgré tout ce qui se passe à l'écran on ne se demande jamais qui fait quoi et qui tire sur qui.
Tsui Hark s'en tire avec brio! Chapeau bas...

Le film doit aussi beaucoup à ses acteurs dont un Nicolas Tse, qui hypnotise la caméra.



Time and Tide n'est pas parfait.

En dehors d'un scénario cahoteux, certaines idées manquent de punch (certains impacts de balle sont représentés paf un très bref écran rouge et le film abuse des ralentis flous) et d'autres ne sont pas suffisament crédibles (les explosions en 3d c'est bien mais pas quand elles sont aussi mal faites que dans Beowulf/ de Lambert...). Et les pigeons qui volent au ralenti (merci, John Woo^^), ça va bien cinq minutes...

Mais au final la virtuosité de la réalisation l'emporte sur ces quelques défauts.

Les vingt premières minutes ne m'ont pas vraiment emballé (scénario opaque et esbrouffe too much) mais après, les doigts crispés sur mon canapé, je n'ai pas pu quitter l'écran des yeux!
A voir absolument pour tous les fans d'action!

Note : ***

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