dimanche 1 février 2009

Smiley Face




Il est 9h du mat et Jane reste vautrée dans son canapé. Affamée, elle mange les gâteaux de son colocataire sans savoir qu'ils contiennent du cannabis...
Elle part alors pour un périple surréaliste pour rembourser son dealer, passer une audition et remplacer les fameux gâteaux.


"Smiley Face" est le film à idée unique du mois qui tente désespéremment de nous tenir éveillés jusqu'à la fin par tous les moyens possibles.

Gregg Araki vient de terminer "Mysterious Skin", un drame dur et choquant, et il a besoin de s'aérer l'esprit avec une comédie légère.
C'est ainsi que "Smiley Face" vint au monde.

Pour incarner Jane, une actrice paumée de 20 ans accro à la beuh qui considère son lit comme son bien le plus précieux, il voulait absolument Anna Faris.

Anna Faris, c'est bien sûr la star des "Scary Movie", comédies parodiques déjantées, mais c'est aussi une actrice sérieuse qui peut se targuer d'avoir joué dans "Le secret de Brokeback Mountain" et "Lost in Translation".
Bref, une valeur plus ou moins sûre pour un premier rôle...

Voilà, on a un réalisateur, une actrice et un semblant de scénario...le film peut commencer!

Les films sur la drogue, c'est pas ça qui manque.
De "Las Vegas Parano" à "Trainspotting" en passant par "Harvard Story", l'état second dans lequel on se trouve après avoir absorbé des substances pas très catholiques a déjà été représenté maintes fois à l'écran sous les formes les plus variées (hallucinations, déformations de la vision, flou artistique...).

Mais Araki a plus d'un tour dans son sac et se débrouille pour donner à son film un caractère hautement psychédélique. Les couleurs fluos nous éclatent littéralement au visage, les effets de caméra (ralentis, zooms soudains, accélérés, retours en arrière, fondu enchaînés) sont légion et les rares effets spéciaux (le smiley dans le ciel) apportent une jolie touche de poésie.
Le film développe même un côté conte de fée assez agréable par moments.

Le film ne se veut jamais aussi sombre que ses prédécesseurs. Le monde vu à travers le regard de Jane, est un univers coloré et enchanteur où les animaux se mettent à parler.
Mais il reste néanmoins le même quotidien pourri aux yeux de tous les autres.

C'est sur le décalage entre les différentes perceptions de réalité que joue le film.

Le réalisateur projette son héroine, naïve et innocente, dans un monde cruel et sans pitié. Tout au long du film, elle se fait aggresser par des personnages furieux et visiblement mal lunés et la pauvre ne sait jamais comment réagir.

Le problème c'est que nous on sait pourquoi ils réagissent ainsi envers elle : à enchaîner les bourdes sans même s'en rendre compte (forcément vu son état...) elle devient l'origine d'un grand nombre de catastrophes.

Doit on se marrer ou éprouver de la compassion envers elle?
Difficile de savoir, d'autant qu'il est dur de s'accrocher à cette feignasse qui ne sait rien faire d'autre que d'aller du canapé au frigo.

Au final, on compatit plus pour les pauvres hères qui ont le malheur de croiser sa route : son ami se fait piquer son portefeuille, son coloc se retrouve sans gâteaux et sans électricité, un professeur perd sa thèse d'économie (qui a du lui prendre des années!). Non honnêtement, les situations sont trop amères pour en rire et le ton léger employé par le réalisateur ne convient pas dans ce genre de scènes.
Ou alors c'est juste moi...

Anna Faris donne tout ce qu'elle a pour rendre l'héroine sympathique. Sans peur de se rendre ridicule, elle fait de Jane un vrai personnage de dessin animé qui déforme son visage et multiplie les expressions ahuries.
Elle se défonce (c'est le cas de le dire) et elle est sincère dans ce qu'elle fait mais elle n'arrive jamais à nous faire oublier la minceur du scénario.

Une idée unique, c'est bien joli, encore faut-t'il savoir la développer.
D'une maigreur abyssale, le script aligne les gags lourdingues, les situations pas drôles et les rebondissements incohérents.

Le film repose donc essentiellement sur une mise en scène élaborée et la performance (planante) de l'actrice en roue libre.


Peut être que je n'ai pas compris le message (la société est méchante et la drogue c'est pas bien), peut être que le film est plus complexe qu'il n'y parait (on y parle de Marxisme et de la politique Reagan), peut être qu'il faut être soi même complètement shooté pour apprécier les tentatives d'humour d'un scénario minimaliste...Peut être.

"Have a fun ride" comme dirait le type qui s'occupe de la grande roue.
"Smiley Face" est un pur produit de détente, une explosion d'images pop sans autre but que de faire passer un bon moment.
Il y en a qui apprécieront et d'autres comme moi qui auraient voulu aimer le film mais qui resteront hermétiques au scénario minimaliste qui fait la part belle à un humour ras les paquerettes.
Et les grimaces de Anna Faris n'y changeront rien.

Allez soyons beau joueur, une * pour le jeu de piste en alphabet et parce que ça fait toujours plaisir de revoir Danny Trejo, et puis faut avouer que l'allusion à Garfield est bien trippante!

Note : *

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