vendredi 12 décembre 2008

Rain Man




Charlie Babbitt voit lui échapper un héritage de 3 millions de dollars au bénéfice d'un frère qu'il n'a jamais connu, pensionnaire d'un institut psychiatrique.
Il décide de l'enlever pour l'échanger contre la moitié de l'héritage...

Rain Man c'est avant tout Dustin Hoffman et son interprétation exceptionnelle d'un autiste surdoué. Son personnage est inspiré du savant Kim Peek, autiste de naissance, capable entre autres de mémoriser des livres entiers.
En incarnant le personnage de Raymond, Hoffman s'inscrit dans la grande tradition des rôles dits « de performance » : ses postures, ses regards, ses moindres expressions et mouvements sont le fruit d'un travail si précis que tout effort de composition semble disparaître. L'acteur, qui reçoit un oscar pour le rôle, est tellement convaincant qu' à la sortie du film de nombreux spectateurs ont vraiment cru qu'il était autiste.

Pas étonnant que le premier plan du film montre une voiture puisque Rain Man est un road movie.
Le road movie c'est ce voyage forcé que font des personnages que tout oppose mais qui vont au final se rapprocher les uns des autres.

Aux côtés de Hoffman on retrouve un Tom Cruise plutôt charismatique et crédible dans le costume flambant neuf du jeune cadre fonceur et trop sûr de lui.

Au début du film le personnage de Tom Cruise est l'égocentrique parfait.
Il ne pense qu'à lui et à la fortune qu'il peut amasser.
Les sentiments, il ne connait pas.
C'est un solitaire, il ne sait pas communiquer et sa copine (Valéria Golino, minoix mutin et charmant petit accent italien) a de plus en plus de mal à supporter son mutisme et son caractère infect.
Lorsqu'il apprend la mort de son père, c'est à peine s'il fronce un sourcil. Faut dire que son père et lui n'ont jamais été très proches.
En apprenant plus sur le passé de Charlie on comprend pourquoi il est devenu si distant avec les autres.

Ses premiers moments passés avec Raymond sont pires les uns que les autres.
Il croit que Raymond fait exprès d' être comme il est et qu'un tour chez le psy pourra le guérir. Ses manières l'insupportent et il n'est pas loin de craquer lorsqu'il doit traverser les Etats Unis en voiture pour pouvoir rentrer chez lui.
Pour cet homme fier et entreprenant, il est impossible de comprendre que le cerveau de Raymond est différent. Que son problème ne se règle pas en « passant quelques coups de téléphone ».

Mais si Raymond a un problème qui ne peut pas être résolu, lui en a qui peuvent l'être.

La peur de Raymond de prendre l'avion ou de rouler sur l'autoroute va obliger son frère à emprunter les petites routes, le voyage n'en sera que plus long, et se verra forcément initiatique.

Charlie passe son temps à demander aux autres s'ils l'écoutent mais c'est lui qui reste sourd à leurs conseils. Il se moque éperdumment de ce que pense sa petite amie et envoie balader medecins et autres psychologues. Pourtant pour s'adresser à Raymond il va apprendre à faire preuve de plus de patience et d'écoute ce qui lui permettra d'évoluer sur le plan psychologique.

D'après ce petit bout de scénario, le film semble très austère. On s'attend à un drame psychologique qui va nous faire vider la boîte de Kleenex mais il n'en est rien.


Très classique au cours de la première heure, le film prend ensuite des chemins innatendus.
Le Rain Man du titre fait son apparition et bouleverse complètement les relations entre les deux frères. De plus, Raymond a une faculté hors du commun pour compter et mémoriser n'importe quoi.
Ce don pourrait bien être utile à Charlie...

Du côté de la réalisation Barry Levinson soigne autant les cadrages que la lumière.
Le montage saisit parfaitement les émotions de Raymond et les liens qui unissent les deux frères.

Le film baigne dans une ambiance très colorée qui épouse élégamment le rythme de la musique.
Hans Zimmer livre une fois encore une bande son exemplaire où les chants africains se mèlent aux instruments les plus exotiques (la musique rappelle Beyond Rangoon).

Difficile de traiter le film comme une comédie car on ne rit pas souvent mais on ne pleure pas non plus. Le film joue sur la corde raide en évitant de tomber dans la caricature d'un côté et dans la facilité du pathos de l'autre.
Les émotions ressenties sont fortes mais sincères.

Même si Rain Man a des longueurs, l'intelligence du scénario et l'interprétation sans faille des acteurs le tire vers le haut. 4 oscars mérités.
Un beau film.

Note : ***

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