vendredi 12 décembre 2008

Les Tontons Flingueurs


Eh ben voilà 100 critiques ! Pour l'instant je tiens le rythme.
J'avais envie de marquer le coup avec un film qui me tient à coeur...

Alors qu'il est sur le point de casser sa pipe, un ancien truand, propriétaire de nombreux établissements, lègue tout ce qu'il possède à un vieux copain retiré des affaires. Mais en échange il lui confie la garde de sa fille...

Georges Lautner c'est le réalisateur de « Ne nous fachons pas », « Les Barbouzes », « Le cave se rebiffe ». Michel Audiard c'est des dialogues inoubliables tels que : « un intelligent assis va moins loin qu'un con qui marche », « Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner ».

Dans les Tontons Flingueurs c'est « Les cons ça ose tout c'est même à ça qu'on les reconnait ».

Et dans Les Tontons Flingueurs des cons y en a et c'est pour ça qu'on les aime!
Ces cons c'est une brochette d'acteurs formidables, comme on en voit rarement : Lino Ventura, Bernard Blier, Jean Lefebvre, Claude Rich, Francis Blanche, Robert Dalban...

Bref Les Tontons Flingueurs c'est la crème de la comédie française des années 60.

Le succès du film vient du décalage entre la mise en scène et les situations.
Georges Lautner filme comme s'il s'agissait d'un polar tout ce qu'il y a de sérieux.
Les cadrages et les plans où l'image est aussi nette au premier plan qu'au fond de l'écran rapellent le cinéma d'Orson Welles. L'ambiance film noir est accentuée par une photographie noir et blanc impeccable qui joue sur les fondus enchaînés et une utilisation intelligente des ombres et des lumières.

A première vue, rien ne distingue le film d'un vrai film policier. Et c'est justement grâce à ce sens du détail que le pastiche fonctionne.

Car en y regardant de plus près la musique loufoque est presque caricaturale (les mêmes notes reviennent sans arrêt), les cascades sont suggérées par des effets de montage, les décors en carton pâte s'effondrent lors des bagarres et je ne parle pas des bruitages des coups de feu rendus célèbres par une utilisation d'effets sonores aussi insolites que ridicules.

Les héros du film ce sont autant les acteurs que les dialogues.
La sacrée bande de vedettes réunies pour le film joue avec un sérieux inébranlable mais s'amuse assurément. Leur amitié et cette terrible envie de déconner ensemble transparait à l'écran.

Personne ne vole la couverture, chacun est extraordinaire avec son style propre.
Les stars de l'époque (Ventura, Blier) ne font même pas d'ombre aux petits nouveaux dont Sabine Sinjen, mignonne et malicieuse, et Claude Rich.
Rich parvient même à tenir tête à la présence imposante de Ventura ; sa démarche théâtrale et ses dialogues pompeux en font un personnage mémorable.

Au départ le scénario est tiré du roman d'Albert Simonin « Grisbi or not grisbi ».
L'histoire est assez noire et violente : les personnages principaux sont des tueurs professionnels ou des truands sans scrupules et certains meurent de façon plutôt choquante (brulés vifs ou abattus de sang froid).
Mais en fait, le scénario on s'en fiche. Contrairement aux vrais films policiers, on ne cherche pas à découvrir les responsables des meurtres. Tout ce qui nous interesse c'est de prendre du plaisir avec les acteurs.



Dans le cinéma français, Audiard est sans conteste le dialoguiste le plus (re)connu.
Il avait la faculté exceptionnelle de conférer une originalité surprenante à la moindre ligne de dialogue. Sous sa plume, la phrase la plus banale devenait une mine d'or pour les amateurs de mots d'esprits et d'expressions élaborées.
Il savait manier la langue française avec une maîtrise rare et ses répliques ciselées sont toutes devenues des classiques. Le film en regorge et chacun aura sa préférence.
Ma réplique favorite dans le film : « C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ».
J'éclate de rire à chaque fois!!!

Les acteurs s'en donnent à coeur joie avec les dialogues. Le décalage entre leur jeu sérieux et ce qui est réellement dit est un bonheur. Les faceties verbales s'adaptent parfaitement aux situations les plus incongrues et aux gags visuels. On frole carrément le burlesque lorsque le père d'Antoine débarque en plein milieu d'une fusillade sans s'en rendre compte.

La finesse et l'humour caustique des dialogues a engendré de véritables moments d'anthologie, le plus connu étant probablement la séquence de la cuisine. La complicité des acteurs semble évidente et chacun donne le meilleur de lui même. A ce moment là, ces monstres antipathiques (mais charismatiques en diable!) ne sont plus des caricatures de personnages mais deviennent des êtres humains avec un passé et des souvenirs.


Au temps de sa sortie, le film n'a pas été un grand succès et certains critiques l'ont même descendu. Presque 50 ans plus tard, les répliques sont devenues légendaires et certains sont capables de réciter par coeur des pans entiers de dialogues.
Au fil des ans Les Tontons Flingueurs a fait partie de notre patrimoine et s'est assuré une place d'intouchable au Panthéon du cinéma français.

Si je devais choisir 10 films à amener sur une île déserte, il en ferait incontestablement partie.


Note : ****

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