jeudi 5 février 2009

Les 7 Mercenaires




Pour se défendre des bandits impitoyables qui pillent leurs récoltes, des fermiers mexicains font appel à sept valeureux cow boys.


Le film est réalisé par John Sturges et la moitié du casting sera reprise dans "la Grande Evasion".
Pour moi, les deux films se ressemblent si bien qu'on peut leur citer les mêmes qualités et les mêmes défauts.

Le casting est un des points forts les plus évidents du film.
John Sturges a rassemblé des stars qui le sont déjà (Eli Wallach et Yul Brynner, qui vient d'avoir un oscar pour "Le Roi et Moi") et d'autres qui ne vont pas tarder à le devenir (Steve Mc Queen, Charles Bronson, James Coburn...).
Voir rassemblées ces têtes d'affiche lors de chevauchées paisibles dans des décors magnifiques ou au cours de fusillades spectaculaires est un vrai plaisir.

Chacun trouvera son personnage favori mais aucune fausse note n'est à chercher du côté des acteurs.

Le duo Brynner/Mc Queen fonctionne à merveille et il faut voir ce dernier essayer de voler la vedette en racontant des blagues débiles, jouer avec son chapeau et dégainer aussi rapide que l'éclair pour comprendre qu'il ne va pas tarder à devenir l'un des plus grands acteurs de sa génération.
Brynner est beaucoup plus calme dans son jeu, presque monolithique.
Vêtu de noir de la tête au pieds, il impose une présence impeccable et implacable à ce cow boy solitaire, qui regrette de l'être.

Bronson est une force de la nature et le montre fièrement en coupant du bois torse nu lors de sa scène de présentation et si James Coburn n'a pas beaucoup de dialogues, son simple visage buriné constamment renfrogné lui suffit pour imposer le respect.

Quant à Eli Wallach, son rôle de bandit est savoureux. Il n'a pas son pareil pour donner de l'importance au "simple méchant" de l'histoire.

Le titre original est "The Magnificent Seven", à savoir "les 7 magnifiques".
Mais vu l'importance du compositeur Elmer Bernstein, il aurait pu s'appeller "les 8 magnifiques"!

Bernstein est un compositeur reconnu, il a à son actif plus d'une centaine de bandes originales de films et une bonne dizaine de nominations aux oscars (dont une pour "les 7 Mercenaires").

C'est peu dire que la musique est l'essence même du film.
Le générique d'ouverture est accompagné par l'une des plus belles musiques de western de tous les temps.

Attention je parle de western américain et non de western spaghetti, je n'inclus donc pas les partitions de Ennio Morricone.

Le thème principal, grandiose, est connu de tous (même de ceux qui n'ont pas vu le film) et porte en lui l'aventure, l'action héroique et l'excitation du spectateur d'avoir à faire à un grand film.
Il symbolise à lui seul la pensée de l'époque que l'on se faisait des cow boys et de l'Ouest sauvage.


John Sturges est un des plus grands réalisateurs de western des années 50/60.
On ne peut nier ses qualités en tant que directeur d'acteur et l'importance que la musique occupe dans ses films.
En revanche, sa mise en scène n'atteint que rarement les espoirs que l'on place en elle.

La plupart des dialogues sont lents et sans réelle importance, les morts des personnages sont particulièrement théâtrales et au lieu des grandes chevauchées héroiques on ne voit qu'un groupe de personnes dont les chevaux trottent côte à côte.
Si les fusillades sont aussi brutales que soudaines, elles sont loin d'être nombreuses.

En fait si l'on y fait un peu attention, le dynamisme du film ne passe que par la musique.
C'est d'ailleurs surprenant de constater le décalage entre la lenteur de certaines scènes et le rythme procuré par les thèmes de Bernstein.
Même quand il ne se passe quasiment rien à l'écran, la musique est présente, toujours aussi épique et enlevée.
Si on l'enlèvait, le film perdrait plus de la moitié de son intérêt et on sombrerait probablement dans un ennui mortel...

La musique ayant généralement le rôle de souligner les pensées et les comportements des personnages, c'est justement lorsqu'elle s'arrête que le suspense parvient à être le plus efficace car ce sont les seuls moments où l'on ne sait pas à quoi s'attendre.

Parmi les westerns américains, "Les 7 Mercenaires" fait figure de grand classique mais c'est avant tout le remake évident du légendaire "Shishinin no Samurai" du non moins légendaire Akira Kurosawa.

Pour ceux qui connaissent les deux films, on peut dire que le réalisateur reste fidèle à l'oeuvre originale puisqu'il reprend les thèmes principaux et les scènes clés dont celles où les paysans se disputent entre eux pour savoir s'ils ont bien fait d'engager leurs protecteurs et surtout le fameux final, lorsque Yul Brynner énonce : "Ce sont les paysans qui ont gagné. Nous, on a perdu. On perd toujours".

En revanche les dialogues sont beaucoup moins passionnants que ceux du film de Kurosawa quant aux personnages, ils leur manquent le style et la dignité de leurs correspondants japonais.
Yul Brynner et Steve Mc Queen ont beau déborder de charisme, ils n'arriveront jamais au niveau de Toshiro Mifune.

Au fond "les 7 Mercenaires" c'est surtout un rassemblement de belles gueules et une musique exceptionnelle.
Parfois brillante, la patte de John Sturges est malheureusement souvent empreinte d'une sacrée lourdeur.
N'est pas John Ford qui veut...

Note : **

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