jeudi 5 février 2009

La grande évasion




En 1943, les Allemands ont ouvert le Stalag Luft Nord, un camp de prisonniers de guerre à sécurité maximale conçu pour retenir les plus grands experts de l'évasion. Cette fine équipe va tenter la plus grande tentative d'évasion jamais réalisée...

La grande évasion est un classique du cinéma américain et un classique tout court (classé 86ème sur l'échelle de IMDB) mais est-il aussi bon que sa réputation le laisse entendre?

Ce n'est évidemment pas à moi d'en juger mais je vais porter un jugement malgré tout...Bon, c'est parti.

Si le film a eu un tel succès c'est avant tout grace à son fabuleux casting.

Un nombre impressionant de grands acteurs se retrouvent dans ce film dont James Coburn, Charles Bronson, Donald Pleasance et Richard Attemborough. Mais la star du film c'est sans aucun doute le génial Steve Mc Queen.

Avec James Dean, il est considéré comme l'acteur le plus cool de sa génération. Aujourd'hui encore, il reste l'une des icones les plus populaires du cinéma.

Sa performance dans le film est parfaite. Bien que n'étant pas souvent présent à l'image (il passe la moitié du film emprisonné), il crève l'écran à chaque apparition.
Belle gueule, casse cou et charismatique en diable, son personnage de dur à cuire reste certainement ce que l'on apprécie le plus dans tout le film.

Excellent acteur, il est aussi un pilote de moto émérite et il le prouve en réalisant lui même les cascades de la course poursuite finale (l'une des meilleures scènes du film).
Voir l'acteur et non une simple doublure traverser des champs à toute berzingue poursuivi par les SS donne un cachet évident à la crédibilité de la scène.

Etonnament, c'est lorsqu'il est prisonnier entre quatre murs que l'acteur révèle tout son charme attractif.
Si dans un film vous voyez quelqu'un assis dans un coin lancer une balle de baseball contre le mur pour qu'elle lui revienne dans la main, vous pouvez être sûr qu'il s'agit d'un hommage à "la Grande Evasion"...

Hormis la présence de Steve Mc Queen et du reste du casting, le film a plusieurs atouts incontestables dont la photographie et le montage.
Les plans sont éclairés par une lumière chaude qui illumine le visage des acteurs et fait ressortir la beauté des paysages, tandis que les scènes de nuit ont un rendu flou et laiteux qui les rendent presque oniriques.

Le travail effectué sur le montage (nominé à l'oscar) nous offre de belles scènes de tension et de suspense (les scènes dans le tunnel) mais aussi des moments moins dramatiques, agréables et convaincants, qui captivent réellement (la séquence du 4 juillet, les différentes préparations pour l'évasion) et qui créent une vraie complicité entre les personnages et les spectateurs.

Mais que ce serait le film sans la fameuse composition de Elmer Berstein?
Avec Mc Queen, elle est sans conteste le plus grand atout du film.
A la fois solennelle et guillerette, elle transmet littéralement l'âme du film.

La musique est particulièrement obsédante, et si à la fin on a oublié la moitié du film, on se surprend à siffloter gaiment le thème principal.

Bien que l'action se passe durant la seconde guerre mondiale, "la Grande Evasion" n'est pas pour ainsi dire un "film de guerre".

Pas de troufions qui se lancent dans un combat perdu d'avance, pas de murs de briques qui explosent à coups d'obus, pas de tanks, pas de.... bref le film est du genre plutôt calme et les trois quart se déroulent à l'intérieur du camp de prisonniers. On n'a donc pas de contact direct avec le front mais bien évidemment les miradors et les patrouilles allemandes rapellent constamment le contexte de l'histoire.

Pourtant, malgré le sérieux de la situation, le film est joué sur le ton léger de la comédie. On a rarement peur pour les personnages vu que ce qui les attend pour la plupart est un long séjour au cachot.
On est loin des tortures de "Furyo" de Nagisa Oshima pour faire une comparaison.

Et c'est d'autant plus surprenant que la fameuse évasion se révèle si dramatique en fin de compte comparée au reste du film.
Les personnages seront rattrapés par la dure réalité et se rendront compte que les Allemands n'étaient pas aussi idiots qu'ils croyaient.


John Sturges qui avait déjà collaboré avec certains acteurs et le compositeur sur son précédent film : "les 7 Mercenaires" réalise un film à grand spectacle qui comporte son lot de scènes aussi brillantes que rares.

En effet le problème du film c'est que visuellement il est assez plat.
La caméra bouge rarement, les acteurs sont le plus souvent assez statiques et la mise en scène pêche par le manque de rythme.
Si la musique de Berstein ne relevait pas le niveau, on s'endormirait presque.

De même pour la poursuite finale, les plans ont beau être superbes, il ne se passe pas grand chose. Mc Queen se "contente" de rouler vers la caméra ou vers le fond de l'écran. Il n' y a jamais de vrai moment haletant où l'action se surpasse (si l'on oublie le saut à moto).
Les soldats tirent rarement et si c'est le cas c'est souvent dans le décors (sol, troncs d'arbre) ou carrément hors champ.

Au final, je garde une impression mitigée.
Bien sûr certaines scènes sont formidables, bien sûr les acteurs effectuent un travail brillant mais le film ne tient pas sur la longueur.
Les 2h45 sont particulièrement inégales ce qui le rend de temps en temps bien ennuyeux.

Un bon film mais pas le chef d'oeuvre intemporel dont tout le monde parle.

Note : **

Aucun commentaire: