vendredi 5 décembre 2008

La mouche




En ce moment à Bordeaux, on passe des films en rapport avec la science et la technologie.
Ca me donne l'occasion de revoir des grands classiques dans une salle de cinéma!

Adaptation d'un classique de l'horreur des années 50 ,« la mouche noire », La mouche est le film le plus connu de Cronenberg.

L'histoire d'un scientifique qui, à la suite d'une expérience malencontreuse, se transforme peu à peu en une créature horrible aurait pu donner un film de série B où la créature s'échappe, attaque et dévore des adolescents stéréotypés.
Avec Cronenberg, c'est le total opposé.

Le fim se concentre sur ses 3 personnages principaux et leurs relations(ambigues).
Loin d'être stéréotypés, ils évoluent constamment.
Seth Brundle n'est pas un savant fou comme on se les imagine. Il est loufoque mais timide et surtout il est doué d'un grand sens de l'humour (« Cheeseburger! » ).
On s'attache vraiment à lui.

Lors d'une interview pour son film Independance Day, Roland Emmerich disait de Jeff Goldblum qu'il était idéal pour interpréter un scientifique car il avait le don de rendre simpliste les équations les plus compliquées.
Effectivement malgré le fort potentiel « prise de tête scientifique » du film (on y parle de téléportation, de données informatiques, de bases ADN, de reconstruction moléculaire...), Goldblum ne nous perd jamais dans des explications foireuses à bases de calculs niveau prépa et de schémas-labyrinthes...
Avec lui la fusion moléculaire devient aussi simple que sucrer son café !

Face à lui, pas n'importe quelle bimbo ecervelée.
Geena Davis est une habituée des rôles complexes (Beetlejuice, Thelma et Louise, Au revoir à jamais). Elle rend son personnage parfaitement crédible.

La crédibilité est justement la grande force du film.

Il faut reconnaître que le film a vielli mais 20 après certains effets spéciaux font toujours autant sensation.

Mais c'est autant les effets eux mêmes que leur utilisation qui est impressionante. Cronenberg connait son boulot et ne cherche pas à nous étouffer en accumulant les scènes, choc mais gratuites.

Méthodique et minucieux, il prend le temps d'installer le suspense.
Chaque transformation est dévoilée au compte goutte pour un maximum d'efficacité jusqu'à la scène finale qui n'a pas fini de nous hanter!
On croyait avoir tout vu mais Cronenberg sait nous prendre par surprise en ne cédant jamais à la surenchère.

Il s'amuse même avec nous en nous faisant croire qu'il va y céder justement lors de la scène de l'avortement : la musique se fait tonitruante, la caméra est braquée sur les regards effrayés des medecins avant le plan final peu ragoûtant mais attendu.
Hors, fausse alerte il ne s'agit que d'un rêve.
La réalité (le cauchemar!) se révèlera bien plus monstrueuse.



La mise en scène est très inspirée et certains plans sont tout simplements parfaits (la scène chez le gyneco/ joué par Cronenberg justement, la découverte de la nouvelle musculature de Brundle et sa faculté de se déplacer sur les murs).


La photographie très froide met rapidement mal à l'aise et on savoure les rares environnements aux couleurs chaudes (le Mcdo). Quant à la musique, elle est grandiose.
Avant d'être triplement oscarisé pour son travail sur la trilogie de Peter Jackson, Howard Shore affirmait déjà depuis longtemps son talent chez Cronemberg.

Mais ce qui me marque c'est la qualité du maquillage (oscarisé!).
Les transformations successives de Brundle donnent lieu à des effets à la limite de l'écoeurement! Mais le maquillage n'est rien sans l'acteur qui le porte.
En 1986, Goldblum n'avait fait que des petits rôles (Silverado) et il était prêt à tout pour se faire connaître.
Pas de problème donc à supporter 6h de maquillage par jour pour le tournage...
Et pourtant, métamorphosé, défiguré à l'extrême, enseveli sous des tonnes de latex, l'acteur reste toujours aussi crédible!



Comme souvent chez Cronenberg, chaque plan compte. On entre dans le vif du sujet et on arrête quand il faut. Pas de longue introduction, pas d'épilogue.

Jusque dans son dénouement le film échappe aux poncifs et aux clichés. Evidemment le monstre meurt mais la fin est tragique. On est loin de la happy end conventionnelle.


Appartenant à la fois au genre de la science fiction et du film d'horreur, la mouche est incontournable...
Un film culte qui révéla de grands acteurs et un immense réalisateur.

Note : ***

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