samedi 20 juin 2009

Une journée de fous



Quatre pensionnaires d'une clinique psychiatrique de New York sont emmenés en sortie, par leur médecin, pour voir un match de base ball.
Lorsque celui ci disparaît mystérieusement, ils se retrouvent livrés à eux mêmes...




Si le scénario de départ présageait une farce complètement barrée et loufoque, on se rend vite compte que le film tourne à la gentille comédie qui a du mal à se lâcher. L'intrigue reste donc au final très conventionnelle et manque de vrais retournements de situation.


« Une journée de fous » joue entièrement sur l'adaptation des personnages principaux dans un milieu hostile.
Lâchés en pleine ville, les quatre dingos ne peuvent compter sur personne pour leur venir en aide, ils vont donc faire preuve de jugeotte et de débrouillardise afin d'échapper à la police qui les recherche, récupérer leur psy et retourner à l'asile pour l'heure de la soupe.
Ce ne serait pas si compliqué si seulement parmi eux le seul témoin des évènements pouvait s'exprimer autrement que par des dialogues télévisés et que le seul capable de raisonner ne soit en réalité un mythomane chevronné...

Le scénario manque d'originalité, tout comme la mise en scène (en dépit d'une bande son agréable), ce qui fait malheureusement du tort au film car autrement les dialogues sont souvent bien écrits et les personnages sont particulièrement bien campés.

Certains films doivent leur succès à leur scénario, d'autres à la réalisation, « Une journée de fous » fonctionne avant tout grâce à son excellent casting.
Chacun de ces quatre joyeux huluberlus est en effet interprété par un vétéran de la comédie.

Michael Keaton, habitués aux rôles de schizophrènes (« Batman », « Mes Doubles, ma femme et moi ») ou de fous furieux excentriques (« Beetlejuice ») demeure égal à lui-même et s'amuse comme un fou (c'est le cas de le dire) à jouer ce romancier, un rien stressé, qui passe son temps à s'inventer un univers parallèle.

Dans la peau du maniaque qui se prend pour un psychiatre, on retrouve avec plaisir le brillant Christopher Lloyd (« Retour vers le futur », « Qui veut la peau de Roger Rabbit? »).
L'acteur prouve une fois l'étendue de son talent car en dépit du perfectionnisme irritant de son personnage, il parvient à le rendre réellement émouvant.

Stephen Furst, l'une des idoles de « Animal House », ( qui reste pour beaucoup LA comédie américaine culte pour ados) impressionne lui aussi. Bien que son seul moyen de communication passe par la répétition de commentaires sportifs et de répliques publicitaires, il réussit à donner une vraie présence à son personnage grace à ses expressions grotesques.

Mais parmi les quatre, celui qui tire le plus son épingle du jeu est sans conteste l'immense Peter Boyle (« Frankenstein Junior »).
Il y joue un publicitaire qui se prend pour le Christ avec une délectation évidente. A lui seul, il demeure une inépuisable source de gags.
Il transmet sa bonne humeur au reste du casting et chaque apparition de son illuminé de personnage est absolument tordante.



Mettez ces quatre là dans une pièce fermée et regardez les s'entre-dévorer...
Leurs personnalités antagonistes font qu'ils se haissent et passent leur temps à se mettre des bâtons dans les roues mais lorsqu'ils se retrouvent livrés à eux même, ils n'ont pas le choix que d'unir leurs forces. Sans pour autant oublier leurs petites querelles...

En dépit de leur talent, si les acteurs avaient interprété de simples stéréotypes vides et sans charisme, leurs efforts auraient été rapidement réduits à néant.
C'est justement la plus grande qualité du film que de mettre en scène des personnages complexes et plein de défauts, donc humains.
Chacun a sa petite histoire personnelle et le film recèle quelques moments touchants, sans pour autant que le réalisateur fasse couiner les violons pour un oui ou pour un non.
Personne ne fondra en larmes devant ce film mais il faut reconnaître que la mise en scène fait bien ressentir les sentiments des personnages, les rendant d'autant plus attachants.


« Une journée de fous » n'a rien d'un « Vol au dessus d'un nid de coucous » en extérieur.
Même si certains rebondissements ingénieux le rendent attrayant, le scénario fait dans la facilité et n'échappe pas aux incohérences.
En revanche, le film bénéficie d'un sacré quatuor d'acteurs, tous contents d'être là.
Ils débordent d'énergie et d'enthousiasme et on prend un réel plaisir à suivre les pérégrinations rocambolesques de ces individus hors de leur bocal.

« Une journée de fous » est une petite comédie sympathique trop méconnue qui mérite qu'on lui laisse sa chance.
Le film ne vaut que pour son casting, mais quel casting!

Note : **

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